Blog parlant d'économie vue sous une orientation souverainiste et protectionniste.
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La panique s'installe progressivement en occident face à la montée en puissance de la Chine et de ses avantages de plus en plus grands sur le plan technologique et organisationnel. Elle vient de lancer deux bombes sur le commerce international profitant de ses avantages massifs construit depuis 20 ans progressivement, et bien aidé par l'extrême stupidité et rapacité du capitalisme néolibéral qui a détruit progressivement l'industrie occidentale. La première bombe c'est comme vous le savez sûrement la limitation de l'exportation de terre rare dont elle détient un quasi-monopole. Les entreprises voulant utiliser des terres rares provenant de chine devront désormais obtenir un permis d'exploitation. Un permis qui ne sera pas accessible pour les applications militaires, ce qui va fortement limiter les délires militaristes de Washington et ses sbires. Il s'agit là véritablement d'une leçon de gestion d'un pays à long terme que donne la Chine aux crétins néolibéraux qui ont dirigé l'occident depuis les années 70.
Car les terres rares ne sont pas rares du tout, on en trouve un peu partout, encore faut-il savoir les exploiter. Ce que, figurez-vous, la France savait parfaitement faire avec Rhône-Poulenc dans les années 80. La France était d'ailleurs l'un des seuls pays au monde à maîtriser toute la chaîne de production. En 1980 la France produisait à elle seule la moitié des terres rares produites sur terre. Mais voilà, le néolibéralisme est arrivé, on a dérégulé, privatisé, ouvert les capitaux aux étrangers, mis fin au commissariat au plan et à l'organisation structurée de l'économie pour laisser le marché faire, et aujourd'hui toutes ces connaissances techniques et scientifiques servent au monopole mondial du parti communiste chinois. On applaudit à la très grande vision des élites néolibérales, car nous n'avons plus que nos yeux pour pleurer maintenant. Et vous pouvez être sûr que la Chine gardera son avantage sans jamais rien faire pour nous laisser remonter la pente. C'est quand même un pays qui a gardé le secret de la soie pendant des siècles en punissant d'une peine de mort toute personne essayant de sortir un ver à soie du pays.
Une économie fonctionnelle ne peut pas sortir d'une collection d'intérêts contradictoires formés par l'appât du gain à court terme. Nous le savions instinctivement en France, car le libéralisme économique y a toujours levé quelques doutes, mais aujourd'hui on en a une démonstration dramatique pour nos pays. Sans un état stratège contraignant les activités économiques et limitant l'égoïsme des entreprises capitalistiques, le système s'effondre et ne tient pas le choc face des sociétés organisées différemment. Il faut parfois maintenir des activités peu lucratives quand leur rôle est fondamental dans une chaîne de production, tout ne peut pas être régulé sous la simple loi de l'offre et de la demande et du calcul du profit le plus élevé possible. C'est d'ailleurs à mon avis cet élément de mentalité qui va empêcher fondamentalement les USA de réussir leur réindustrialisation. On ne peut pas comprendre la réussite chinoise et l'échec patent de l'occident si l'on ne comprend pas que d'un côté on a une société basée sur un principe de solidarité nationale, qui crée une organisation presque organique d'interaction collective positive, et de l'autre on a une structure atomisée, individualiste, dont le seul motif d'action est l'intérêt personnel à court terme. La France et les pays européens en général était beaucoup plus proche du modèle chinois autrefois, mais la vague néolibérale, et l'UE ont fini par tout emporter malheureusement.
La Chine préfère maintenir certaines activités non rentables plutôt que de dépendre de l'étranger et de payer moins cher. C'est ce type de capacité qui fait aujourd'hui cruellement défaut en France et en occident en général. ON va même dire que ce type de comportement est devenu simplement inimaginable dans la France de Macron ou même les industries indispensables et très rentables passent sous pavillons étrangers et particulièrement américains en quantité industrielle. Mais revenons à la Chine, je disais qu'elle avait envoyé deux bombes sur l'occident. Si le premier coup concerne la question des terres rares qui sont fondamentales dans tout un tas de technologies en particulier dans les semi-conducteurs et sur les aimants à grande capacité, elle s'est attaquée également au système économique américain.
Elle ne l'a pas fait directement, mais en faisant comme Donald Trump, c'est-à-dire en s'attaquant aux pays sous influence américaine. En l'espèce, c'est l'Australie qui vient de prendre une balle perdue. En effet, la Chine refuse désormais d'être payée en dollar américain pour l'achat du minerai de fer. Car comme vous le savez sûrement déjà depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le dollar est devenu la monnaie internationale. Et les matières premières font partie des achats qui s'effectuent en général dans la monnaie internationale. On pense souvent au pétrole pour ce qui est de l'avantage monétaire américain, mais en réalité cela concerne tous les produits de base qui sont négociés en dollar. Cela avantage les USA, car la valeur de leur monnaie n'est plus du tout le reflet de leur économie ce qui leur a permis (ou condamné, tout dépend du point de vue) de vivre à crédit en accumulant d'immenses déficits de la balance des paiements depuis l'époque où Richard Nixon décrocha le dollar de l'or en 1971.
Comme la Chine est le plus gros consommateur mondial de fer, l'Australie se retrouve prise en étau dans le conflit qui oppose les USA à l'Empire du Milieu. Le problème pour les Australiens c'est qu’eux aussi se sont suicidés par le truchement du néolibéralisme spécialisant leur économie dans l'exportation de matières premières et les services pour occuper la population. Le pays ne produit plus grand-chose lui-même et comme la Chine est de très loin leur premier client ils sont dans une impasse. C'est d'ailleurs que ce que nous avions vu ensemble dans ce texte qui était consacré à ce pays. Si culturellement et historiquement l'Australie est plus proche des USA et de la Grande-Bretagne que de la Chine économiquement elle dépend beaucoup plus de cette dernière que ce soit sur le plan des exportations ou des importations. Encore une fois, tout ceci ne découle pas d'un phénomène naturel, mais du choix du libre-échange et du laissez-faire économique. L'Australie comme la France, ou les USA, ne pensait plus l'économie d'un point de vue politique et géopolitique, le réveil va malheureusement être assez violent. Le président de Ford a semble-t-il pris peur en voyant le niveau d'automatisation des usines en Chine.
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En obligeant l'Australie à vendre son fer en yuan, la Chine commence à faire glisser la corde autour du cou de Trump et des USA. C'est d'autant plus vrai que la bulle de l'IA, qui a aspiré absurdement une grande part du capital américain pourrait crever bien plus vite qu'on ne le croit, entraînant alors les USA dans une spirale de crises qui fera probablement largement oublier celle de 1929 ou de la crise des subprimes. Un économiste a récemment prévenu que l'IA représente 92% de la croissance du PIB aux USA masquant la stagnation du reste de l'économie. Mais surtout rien n'indique de retombé réel à long terme. On est en plein mécanisme spéculatif. Comme je l'ai déjà écrit, je pense même que cette course à l'IA est une stratégie de la Chine pour faire chuter les USA dans des investissements dispendieux et inutiles alors qu'ils seraient bien mieux employés ailleurs. Le retard industriel américain est massif et pas seulement par rapport à la Chine. En cas de crise massive, les USA ne pourront plus compter sur le reste de l'économie mondiale, car cette fois le dollar perdrait probablement son statut. Quoiqu'il en soit, on ne peut qu'admirer l'extraordinaire défaite du néolibéralisme qui n'a pas été vaincu comme le fut le communisme par une autre idéologie, mais bien par la réalité. Il est drôle cependant que ce soit une société officiellement communiste, même si elle ne l'est plus totalement, qui exécute la peine de mort de l'idéologie néolibérale. L'histoire est vraiment facétieuse.