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17 mai 2010 1 17 /05 /mai /2010 23:00

Mon collègue blogueur RST vient d'écrire un texte proposant des œuvres à lire pour mieux comprendre l'étendue de la pensée gaulliste. Du coup j'ai eu envi de regarder quelques vidéos du général sur le toujours excellent site de l'INA et je suis tombé sur le discours de De Gaulle datant de 1958. Date important puisque c'est à cause des problèmes en Algérie que le général fut rappelé au pouvoir pour une longue période de dix ans. La situation économique française était alors difficile comme pour tout pays traversant une période de conflit. Et le général va mettre en place une politique de redressement qui va avoir des effets tout à fait spectaculaire sur le long terme.

 

Ceux qui auront regardé mon texte précédent auront sans doute remarqué  le pic inflationniste de 1958 qui correspond à la politique d'électrochoc que vont pratiquer Pinay et le gouvernement d'alors. Le plan va d'ailleurs s'appeler le plan Pinay-Rueff. Ce dernier va consister en parti à créer un nouveau franc dont la valeur sera de 100 fois l'ancien franc, c'était une stratégie très intelligente visant à cacher la dévaluation vis à vis de l'extérieure. De Gaulle dans ce discours ménage d'ailleurs la chèvre et le chou annonçant un franc plus "fort" d'un coté et admettant deux phrases plus loin une véritable dévaluation ce qui signifiait un affaiblissement du franc par rapport aux devises étrangères. Bien sure une monnaie forte n'a en soit aucun sens, et le général le savait parfaitement bien, une monnaie doit être adaptée à la balance des paiements d'un pays, cependant il n'ignorait pas les effets sur la croyance populaire de l'annonce d'une dévaluation.  Dans le même genre il conspue l'inflation tout en annonçant sa présence nécessaire, momentanément du moins.

 

Ce que l'on apprend également dans ce discours c'est le réalisme incroyable de cet homme, alliant réforme de l'état avec des économies nécessaires en cette période difficile, tout en ayant une vraie politique sociale. C'était un équilibre assez inimaginable de nos jours entre une politique de l'offre et de la demande, pour employer les termes des économistes moderne, à la fois sociale et libérale. L'autre apprentissage est toujours cette volonté d'investir dans l'avenir, dans le futur, De Gaulle fait d'ailleurs référence à cette jeunesse nombreuse nait depuis la guerre. Bien loin du pessimisme actuel et du malthusianisme délirant de certain, on avait là un homme qui préparait le futur et qui se donnait les outils pour atteindre son objectif. Il orientait tout les efforts d'investissement vers la sphère industrielle et n'hésitait pas à dévaluer s'il le fallait. On reteindra également son optimisme pour le marché commun, il faut d'ailleurs rappeler qu'au début la communauté européenne était protégée de l'extérieur par des tarifs à l'importation. La baisse des droits de douanes que De Gaulle annonce ne prenait tout leur sens que dans ce cadre d'une Europe protéger. On commerçait librement entre pays socialement civilisées et ayant des niveaux de vie très proche. C'est un schéma économique dont l'Europe aurait été  bien inspirait de ne jamais s'écarter comme la crise actuelle nous le montre. L'Europe de l'époque de De Gaulle c'était le libre-échange tel qu'imaginé par Friedrich List un libre commerce entre nations égales et faisant des politiques coopératives entre elles. Ce rappel historique donne le vertige quant on  compare cette époque à notre présent où l'Europe prend un malin plaisir à se suicider économiquement au travers un libre-échange débridé et une absence totale de politiques industrielles ou de coordination inter-étatique.

 

 

retrouver ce média sur www.ina.fr

 

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commentaires

B
<br /> <br /> Merci pour tes réponses, Yann.<br /> <br /> <br /> N'empeche que, malgré  toutes les tares qui l'accablent, si l'Euro n'existait pas, le drachme, après sa 56eme dévaluation, vaudrait aujourd'hui un millionième de Mark, la Grèce subirait une<br /> inflation galopante de 50% et aurait revendu l'Acropole à Disney.<br /> <br /> <br /> Alors certes, la croissance serait de 5%, alors qu'elle est actuellement de... Et bien... 5%, en fait.<br /> <br /> <br /> J'ai beau essayer, je n'arrive pas à me convaincre du caractère irrémédiablement satanique de l'Euro. (Et pourtant, j'avais voté non à Maastricht en son temps).<br /> <br /> <br /> Désolé pour avoir dérivé le sujet de De Gaulle.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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O
<br /> <br /> Stochocratie, je sais pas, pas assez réfléchit à ce propos. De Gaulle n'aurait pas apprécié me semble t il.<br /> <br /> <br /> Pour anecdocte, puisque ton billet lui est consacré :<br /> <br /> <br /> J'ai connu un fidèle de De Gaulle, depuis mon enfance je le considérai comme un oncle.<br /> <br /> <br /> A l'époque il avait le crâne rasé. Il était militaire et avait fait plusieurs tentatives d'évasions des prisons allemandes lors de la dernière guerre mondiale. A tel point qu'un officier allemand<br /> excédé l'avait averti que si il persévérait "il serait fusillé sérieusement", ce qui faisait rire quand il racontait ça. Ca ne l'a pas empêché de s'évader en se déguisant d'un uniforme allemand<br /> confectionné avec en partie du papier maché et de rejoindre les troupes libres en Afrique et d'avoir fait la campagne d'Afrique du Nord dans les troupes de Leclerc, puis le débarquement en tant<br /> que capitaine des blindés. Il a perdu la moitié de son audition lorsque en jeep, innovation de sa part pour faire l'éclaireur, devant un blindé allemand un obus lui est passé à quelques<br /> centimètres de l'oreille.<br /> <br /> <br /> Quelques mois plus tard, il investissait Berchtesgaden, le nid d'Hitler.<br /> <br /> <br /> Par la suite, il est devenu Général d'armée et a connu les politiques comme Mesmer lors de missions diplomatiques en orient, d'où bien des anecdotes qu'il m'a racontées.<br /> <br /> <br /> Il m'avait confié, au moment d'un repas bien arrosé, que le pouvoir rend fou.<br /> <br /> <br /> Il avait conservé chez lui le piano à queue de Hitler, sorte de trophée, et sur lequel j'ai essayé de jouer 2 ou 3 trucs. Mais bon, jouer sur le piano de Hitler, ça bloque un peu...<br /> <br /> <br /> Toujours est il, que le moindre bémol émis sur la politique de De Gaulle le mettait hors de lui.<br /> <br /> <br /> Enfin, il est décédé, mais je garde un excellent souvenir de lui. Personnage haut en couleurs.<br /> <br /> <br /> Il avait une voix incroyable de clairon militaire, sans doute en raison de sa surdité partielle.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> @Olaf<br /> <br /> <br /> Je crois surtout que De Gaulle fut le fruit de l'histoire, il n'est pas le fruit de notre système politique et il est le révélateur finalement de la tare des régimes politiques occidentaux. Là je<br /> reviens au problème du système démocratique et au vote qui produit une aristocratie sur le long terme. De Gaulle a constamment critiqué le régime des partis et la 5ème république fut une réponse<br /> au système politicien, mais il faut bien admettre que le système des partis à vite repris le dessus quand le Grand est mort.  Je crois que l'occident et pas seulement la France s'est planté<br /> en instaurant des régimes électifs et que Montesquieu et Rousseau avaient bien raison de préférer la stochocratie à la démocratie électorale.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> La crise actuelle montre bien que nos systèmes prétendument démocratiques ne fonctionnent pas, et ce n'est pas juste une affaire de corruption ou de liens incestueux entre la sphère politique et<br /> la sphère économique. Seul les guerre et les révoltes ont permis momentanément de rebattre les cartes et de mettre les bonnes personnes aux bons endroits, un système politique qui a besoin de<br /> crises massives pour changer d'orientation ne peut pas avoir la prétention de s'ériger en modèle.<br /> <br /> <br /> <br />
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O
<br /> <br /> RST,<br /> <br /> <br /> Oui, attendre un homme providentiel c'est un peu court, on s'en rend compte avec l'ersatz Sakozy élu presque triomphalement, qui déçoit ce type d'attente, forme de pédagogie de la déception.<br /> D'ailleurs, De Gaulle devenu providentiel à postériori, n'était attendu de personne<br /> <br /> <br /> dans bien des cas au moment des évènements.<br /> <br /> <br /> Yann,<br /> <br /> <br /> Le Général, comme disent les gens de cette époque, on disait le Maréchal concernant Pétain même si ce n'est pas la même histoire, a fait ce qu'il a pu pour faire les raccords, comme il l'a fait<br /> avant en 14-18 ou 39-45. Il ne s'agit pas de tout lui mettre sur le dos, mais de voir que ça a été très sanglant<br /> <br /> <br /> en raison de pas mal de malentendus et de préjugés de l'époque dont il se serait bien passé, vue la difficulté du problème.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br /> @ Olaf<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Même si le texte donné en référence était évidemment outrancier, j’y ai quand même trouvé un intérêt car il pose une question qui me parait intéressante et nouvelle pour moi.<br /> <br /> <br /> En gros pour simplifier : la France et les Français méritaient-ils De Gaulle ? Ce dernier a permis que nous soyons rangés un peu artificiellement du coté des vainqueurs, contrairement à la<br /> Pologne par exemple, dont le destin était relativement semblable. Certes, comme me l’a fait remarqué Laurent, De Gaulle s’est largement appuyé sur l’empire colonial (que n’avait pas la Pologne).<br /> Néanmoins, la question mérite d’être posée car elle met en avant le fait que nous n’avons peut-être pas réellement subis, comme d’autres, toutes les conséquences de la défaite et que nous n’avons<br /> pas assez fait d’efforts pour mériter notre place. Nous serions ainsi comme des enfants gâtés incapables encore aujourd’hui de trouver les ressources pour nous sortir de la mouise, faute d’avoir<br /> un homme providentiel.   <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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