Mon collègue blogueur RST vient d'écrire un texte proposant des œuvres à lire pour mieux comprendre l'étendue de la pensée gaulliste. Du coup j'ai eu envi de regarder quelques vidéos du général sur le toujours excellent site de l'INA et je suis tombé sur le discours de De Gaulle datant de 1958. Date important puisque c'est à cause des problèmes en Algérie que le général fut rappelé au pouvoir pour une longue période de dix ans. La situation économique française était alors difficile comme pour tout pays traversant une période de conflit. Et le général va mettre en place une politique de redressement qui va avoir des effets tout à fait spectaculaire sur le long terme.
Ceux qui auront regardé mon texte précédent auront sans doute remarqué le pic inflationniste de 1958 qui correspond à la politique d'électrochoc que vont pratiquer Pinay et le gouvernement d'alors. Le plan va d'ailleurs s'appeler le plan Pinay-Rueff. Ce dernier va consister en parti à créer un nouveau franc dont la valeur sera de 100 fois l'ancien franc, c'était une stratégie très intelligente visant à cacher la dévaluation vis à vis de l'extérieure. De Gaulle dans ce discours ménage d'ailleurs la chèvre et le chou annonçant un franc plus "fort" d'un coté et admettant deux phrases plus loin une véritable dévaluation ce qui signifiait un affaiblissement du franc par rapport aux devises étrangères. Bien sure une monnaie forte n'a en soit aucun sens, et le général le savait parfaitement bien, une monnaie doit être adaptée à la balance des paiements d'un pays, cependant il n'ignorait pas les effets sur la croyance populaire de l'annonce d'une dévaluation. Dans le même genre il conspue l'inflation tout en annonçant sa présence nécessaire, momentanément du moins.
Ce que l'on apprend également dans ce discours c'est le réalisme incroyable de cet homme, alliant réforme de l'état avec des économies nécessaires en cette période difficile, tout en ayant une vraie politique sociale. C'était un équilibre assez inimaginable de nos jours entre une politique de l'offre et de la demande, pour employer les termes des économistes moderne, à la fois sociale et libérale. L'autre apprentissage est toujours cette volonté d'investir dans l'avenir, dans le futur, De Gaulle fait d'ailleurs référence à cette jeunesse nombreuse nait depuis la guerre. Bien loin du pessimisme actuel et du malthusianisme délirant de certain, on avait là un homme qui préparait le futur et qui se donnait les outils pour atteindre son objectif. Il orientait tout les efforts d'investissement vers la sphère industrielle et n'hésitait pas à dévaluer s'il le fallait. On reteindra également son optimisme pour le marché commun, il faut d'ailleurs rappeler qu'au début la communauté européenne était protégée de l'extérieur par des tarifs à l'importation. La baisse des droits de douanes que De Gaulle annonce ne prenait tout leur sens que dans ce cadre d'une Europe protéger. On commerçait librement entre pays socialement civilisées et ayant des niveaux de vie très proche. C'est un schéma économique dont l'Europe aurait été bien inspirait de ne jamais s'écarter comme la crise actuelle nous le montre. L'Europe de l'époque de De Gaulle c'était le libre-échange tel qu'imaginé par Friedrich List un libre commerce entre nations égales et faisant des politiques coopératives entre elles. Ce rappel historique donne le vertige quant on compare cette époque à notre présent où l'Europe prend un malin plaisir à se suicider économiquement au travers un libre-échange débridé et une absence totale de politiques industrielles ou de coordination inter-étatique.