Notre prophète préféré vient encore une fois de faire un coup d'éclat médiatique ce matin à France Inter en réactualisant son discours sur les concepts zombis. En gros pour Emmanuel Todd s'il y a bien un homme qui a une mauvaise image de la droite c'est Nicolas Sarkozy, car pour lui les électeurs de droite sont soit des racistes, soit des riches. Interprétation du vote de droite pour les élites de l'UMP qui explique en grande partie les erreurs de stratégie électorale employées. Emmanuel Todd trouve également que le vrai moteur du FN est à rechercher dans son programme économique, le FN n'ayant plus besoin de produire un discours sur l'immigration parce que l'UMP et son activisme, essentiellement verbal sur la question, auraient déjà mis sur orbite le parti de Marine Le Pen.
Sinon je remarque que Emmanuel Todd semble de moins en moins confiant dans la possibilité d'un éventuel protectionnisme européen. Il me semble qu'il a changé d'avis quant à la probabilité d'un tel évènement. Je pense que le comportement de l'Allemagne pendant la gestion de la crise a dû lui faire changer d'avis. Même s'il maintient que le protectionnisme européen est la meilleure solution, son application politique devient pratiquement impossible en regard des intérêts à court terme de la puissance germanique. Il craint à juste titre que le FN ne se présente en étant le seul grand parti avec un programme de sortie de l'euro et d'un retour au protectionnisme. J'aurai par contre une seule critique sur les propos de Todd, je crois qu'il va un peu loin en disant que le protectionnisme et la fin de l'euro sont aujourd'hui sérieusement envisagés par la majorité de la population. Pour les classes moyennes aisées je crois que le travail de déconditionnement idéologique reste à faire, quand on voit encore un type comme Copé dire que la sortie de l'euro est un extrémisme, il y a encore beaucoup d'explications à donner pour convaindre. Et il n'est pas le seul à penser cela. Dans les millieux encore épargnés par la mondialisation et la contraction économique, l'euro reste un tabou intouchable. Sans parler des peurs quasi millénaristes concernant l'inflation qui était totalement diabolisée par trente ans de discours monétariste.