Les élections municipale et européenne approchant les Français sont encore appelées à légitimer un pouvoir dont on sait pertinemment qu'il n'a plus aucune influence réelle sur les événements en cours.Les politiciens français n'ayant cessé, depuis quarante ans, de déplacer tous les leviers de pouvoir vers des lieux le plus éloignés possible de l'influence des électeurs et des citoyens. L'illusion démocratique aura cependant duré plus d'une génération. Et l'on peut dire sans trop se tromper que la démocratie française est morte dans l'opinion publique en 2005 avec la non-prise en compte du rejet du TCE par les élites politiques du pays. Depuis lors, nous faisons tous semblant de vivre en démocratie. On parle toujours de journaux et non d'organisme de propagande. On parle d'intérêt général là ou il n'y a qu'un amoncellement d'intérêts mafieux. On parle encore de débats lorsque l'on invite que des gens qui sont d'accord sur tous et surtout de la nécessité de ne rien changer au non de l'intérêt supérieur de la rente et de la finance. Le président Sarkozy puis Hollande ont fait semblant de réformer le système bancaire, comme ils ont fait semblant de lutter contre le chômage et la misère qui s'étend. Tout comme Montebourg fait semblant de lutter pour l'industrie du pays. La novlangue qui sert aujourd'hui de verbiage à nos élites aurait d'ailleurs de quoi éblouir ce pauvre Orwell. La réalité dépassant largement la fiction.
Au fur et à mesure, les Français semblent cependant enfin se rendre compte que leur démocratie n'est plus qu'une coquille vide. Enfin pour les moins dépolitisés d'entre eux. Une voiture qui s'élance à deux cents kilomètres-heure sur l'autoroute avec un mur en face et un conducteur qui s’échine à régler l'orientation du rétroviseur au lieu de freiner des quatre fers. Et au milieu de cette désespérance collective, l'on continue à appeler les gens à voter pour des pouvoirs fantoches. C'est dans ce contexte que l'on trouve de plus en plus de gens pour prôner l'abstention. C'est ainsi que la gauche la moins bête, celle du MPEP dirigé par Jaques Nikonoff, prône l'abstention massive aux prochaines élections européennes. Tout comme Emmanuel Todd qui appelait lui aussi dans Marianne à l'abstention aux Européennes pour délégitimer ces élections. Soit. Mais devrait-on ici rappeler que le parlement européen n'a guère de pouvoir ? La dernière affaire des OGM où la commission a contredit de force l'avis de ce parlement fantoche ayant largement démontré où se situer le pouvoir. Je ne vois pas en quoi délégitimer l'Europe antidémocratique pourra en quoi que ce soit changer les choses. Les élites se fichent de l'avis du peuple et la commission européenne n'est que l'incarnation de la vague oligarchique qui traverse tout l'occident. Par ailleurs d'un point de vue purement pragmatique je constate que l'abstentionnisme aux USA n'a guère fait progresser la démocratie locale et les intérêts des plus pauvres. Je pense même que nos élites n'attendent que ça pour revenir au suffrage censitaire et à l'abrogation du suffrage universel qui les embête tant.
Bref loin de nous sortir de l'ornière de la dérive ploutocratique et oligarchique de l'occident l'abstention ne fait qu'accentuer les choses. D'ailleurs, une bonne part du problème de nos sociétés tient au faible intérêt de nos citoyens vis-à-vis de la politique. Que ce soit sur internet ou dans la vie quotidienne, peut-on réellement affirmer que nos citoyens remplissent leur rôle? Ils sont où les révolutionnaires potentiels et les activistes du changement démocratique ? Je revois ces pauvres militants du FG sur la place de la Comédie dans ma pauvre ville de Montpellier s’affairant à distribuer des tracts sur le traité transatlantique avec des passants qui n'en avait tout simplement rien à foutre pour parler crûment. Ils me firent pitié et pourtant je ne porte guère dans mon cœur le parti de Jean Luc Mélenchon dont la béatitude européiste schizophrène est emblématique de la génération politique issue de l'époque Mitterrand. Le fait est que le désintérêt pour la politique n'est pas uniquement le fait de quarante ans de n'importe quoi macro-économique. En vérité, je crois que l'on inverse la cause et l'effet. C'est plutôt le désintérêt pour la chose publique et la politique qui a conduit la France et l'occident à avoir des dirigeants de plus en plus médiocre et corrompu. De cette simple intuition, j'en déduis que l'absentéisme n'est pas seulement dû au fait que nos votes n'ont plus d'influence. Mais que l'individu idéologiquement libéral ne s’intéresse plus à la destinée collective. L'on se renferme de plus en plus dans nos jardins privés où la vie se résume à soi et à ses proches. Ce qui correspond au comportement de l'homoéconomicus qui n'agit que dans son intérêt propre. Même si cela conduit la civilisation au désastre. C'est une victoire libérale à la Pyrrhus en quelque sorte.
L'inéluctable chemin de l’extrémisme
De ce fait, il me semble éminemment dangereux de décourager les quelques citoyens qui se comportent encore comme tel prônant l'abstention volontaire. Alors que nous aurions tellement besoin qu'ils se multiplient, qu'ils fassent éloge de la cause commune de la nation et de l'intérêt général. Prenant acte de l'inutilité du vote alors que devons-nous faire si ce n'est favoriser les groupes politiques, les partis et les hommes qui tranchent d'avec la consanguinité intellectuelle qui s'est emparée de notre pays ? J'écarte ici la révolution. En effet comment peut-on espérer une révolution avec un peuple qui traîne déjà des pattes pour voter et s'intéresser à autre chose qu'à la consommation et aux faits divers ? Tout juste aura-t-on des mouvements de violence sporadique qui n'accouchera d'aucune forme d'action politique . Une révolution dans un pays aussi dépolitisé fera vraisemblablement plus de mal que de bien. Les idées les plus simplistes pouvant intéressées rapidement dans le discours public pour peu qu'il corresponde à un fantasme un tant soit peu populaire. C'est plutôt par le réveil de l'intérêt pour la politique que l'action doit se faire. Et pour cela il faut réintroduire le lien qui tient l'individu dans le collectif. Il faut rappeler des idées qui pourtant devraient être des évidences. Que l'individu n'est rien par lui même. Que le choix collectif est le seul qui en soit réellement un. Car nous avons en réalité bien peu de liberté. Nous sommes contraints par la nature, par les lois de la physique, par le temps, par nos liens familiaux. La vie politique est la seule chose dans laquelle nous pouvons choisir librement les contraintes. C'est la politique qui fait de nous des individus libres par les choix que nous faisons collectivement.
Pour ce faire, nous devons faire bouger les lignes et pour ce faire, avoir un esprit pragmatique qui s'occupe de toujours faire reculer l'ennemie. En l’occurrence l'ennemie c'est le pouvoir libéral et oligarchique qui s'emploie à dépolitiser la masse. Qui fait pleuvoir sur elle un torrent de propagande en lui faisant croire que rien n'est possible, que tout est inéluctable, que la politique est une chose trop sérieuse pour être confié aux citoyens. Face à cela nous sommes trop peu nombreux et trop faibles pour faire la fine bouche sur nos alliés. Et de ce fait loin de rejeter le FN nous devrions au contraire l'utiliser comme il a été utilisé par le pouvoir pour discréditer la nation. L'on peut sans nul doute regretter que nous en soyons aujourd'hui réduits à cela, mais le fait est que le FN est aujourd'hui le seul parti dont la masse est suffisante pour faire trembler le pouvoir et bousculer en partie les fondations du néolibéralisme européiste. Il faut à mon sens pour toutes les élections avoir une règle simple, et c'est en tous cas la mienne. Il faut faire barrage au front antinational. Ce front antinational est composé de toute force politique, économique ou autre, prônant l'UE,l'euro, le libre-échange ou le laissez-faire économique. Je décide personnellement de voter pour tous parti ou groupe rejetant ces idées, quelles que soient les idées défendues par ailleurs par ce parti politique. De fait, il s'agit ici d'une lutte à mort, et tout manquement, tout recule, pour des écueils moraux ou idéologiques, ne feront que renforcer le camp d'en face. Il n'est plus temps aujourd'hui de tergiverser. Alors que l'oligarchie européenne produit misère et amoncellement de crimes, il n'est plus temps de discuter sur le sexe des anges. Le général de Gaulle n'avait pas fait la fine bouche à Londres faisant alliance avec des royalistes, des communistes ou des nationalistes pur jus.
Il existe des moments dans la vie où l'on sait pertinemment ce qu'il ne faut pas faire. Et ce qu'il ne faut pas faire aujourd'hui, c'est permettre la continuation de l'ignoble. Permettre la destruction de millions de vies au nom d'une idéologie absurde. La Grèce meurt, l'Espagne s'enfonce, l'Italie boit la tasse et la France coule. L'UE met le feu partout pour éviter que son évidente folie collective ne paraisse trop évidente. La voilà maintenant qui met le feu en Ukraine pour le plus grand plaisir de l'empire américain qui veut se débarrasser de la dernière grande puissance européenne autonome. Quitte à provoquer une guerre dont nul ne sait sur quoi elle déboucherait. Les USA font en Europe ce qu'ils ont fait en Amérique du Sud et au Moyen-Orient, ils se débarrassent des régimes qui les gênent de façon plus voyante qu'à l'époque de mai 68. Ils ne se contentent plus de soudoyer les régimes et corrompre les élites, ils vont carrément provoquer des conflits militaires au cœur du continent. Il est plus que temps de sortir de l'UE et de rompre avec les USA. Et si l'on doit s'allier au FN pour cela, alors tant pis. Votez donc aux prochaines élections, l'abstention serait un crime. Mais votez contre le Front antinational, faisons barrage à l’extrémisme des élites.