Blog parlant d'économie vue sous une orientation souverainiste et protectionniste.
Les dernières mesures proposées par le gouvernement pour lutter contre la pollution à l'intérieure des villes commencent à faire du bruit. Et pour cause, les mesures envisagées, si elles peuvent à première vu paraître de bon sens, s'avèrent en réalité s'appuyer sur une vision inégalitaire de la société. Et ce n'est pas la première fois que les politiques dites écologiques tournent à une nouvelle version de la lutte des classes. En effet, bon nombre d'aides pour des améliorations de type écologique se font le plus souvent sous la forme de baisses d'impôts, preuve que le gouvernement a une vision très bourgeoise de l'écologie. Comme la moitié des français ne paient pas d'impôt, ils sont ipso facto exclus de ce genre d'aide et en plus pour ceux qui en paient, seules les tranches les plus élevées y trouvent vraiment leur compte. Mais là c'est la cerise sur le gâteau, puisqu'il s'avère que les dernières dispositions interdiraient aux véhicules d'un certain âge ou ne correspondant pas aux critères écologiques en place, d'entrer dans les centres-ville. Avec une telle mesure, n'en doutons pas, les bobos pourront se retrouver entre gens de bonne compagnie. Voilà bien une mesure qui ne pourra qu'agraver à terme le vieillissement et l'embourgeoisement qui caractérisent déjà la plupart des centres-ville en France. La prolophobie prend ici le visage de l'écologie, mais qu'attendre d'autre de gens aussi déconnecté du pays. Des gens qui ne semblent pas voir que si le parc automobile français vieillit, c'est surtout parce que les salaires ne permettent plus à la plupart des gens d'acheter des véhicules neufs. Les dirigeants doivent sûrement croire que les français sont d'affreux collectionneur de bagnoles pourries réfractaires aux véhicules économes.
Et d'ailleurs les derniers chiffres du crédit à la consommation montrent un sérieux coup de frein sur le dernier ressort de la demande française. Ainsi les jeunes de moins de 30ans ont compris que leur avenir est plutôt sombre, du moins à court terme, ils ont donc décidé de se passer de crédit autant qu'ils le peuvent. On est ainsi en France passé de 40% des personnes de cette tranche d'âge qui avaient un crédit en 2005, à seulement 33.5% en 2010. La France connaît actuellement son taux de crédit à la consommation le plus bas depuis que les statistiques sur cette question sont mesurées, c'est tout un symbole. Alors certes les gens sont peut-être plus responsables, mais c'est surtout la vision de leur avenir personnel qui doit les pousser à agir de la sorte. Pas d'emploi stable, un chômage qui gonfle, et une croissance qui ne redémarre pas ne sont pas vraiment des indicateurs qui inspirent confiance en l'avenir. Alors, pourquoi s'endetter? Cette situation rendra la décision sur les véhicules propres d'autant plus frustrante que les jeunes par exemple ne pourront tout simplement pas s'adapter à ces nouveaux critères écologiques. Le gouvernement vient de trouver un bon moyen d'accroître encore les frustrations des plus jeunes.
Dans une société où les inégalités économiques ne cessent de croître, faire une politique écologique qui ne prend pas ce facteur en compte c'est manifestement stupide. Et cela montre que c'est bien la seconde hypothèse Toddienne qui est la bonne les élites ne sont pas connes, enfin pas totalement, elles sont surtout complètement indifférentes aux problèmes d'une partie écrasante de la population. D'ailleurs il n'aurait pas était très difficile de remplacer cette proposition par une plus égalitaire, et en plus nettement plus écologique. En effet quitte à réduire drastiquement la pollution en ville que l'on interdise progressivement la circulation de tout les véhicules, hormis les transports et les services, dans les centres-ville des grandes agglomérations. Pour l'occasion on aurait pu engager des crédits publics pour le développement des transports en commun, ainsi que dans le but de densifier progressivement les villes pour réduire les distances entre les lieux d'habitation et les lieux de travail. Des politiques qui seront de toute façon nécessaires à long terme pour sortir du pétrole. Au moins là tout le monde aurait été logé à la même enseigne, les gens auraient gueulé certainement, mais pas pour les mêmes raisons. De plus la population a bien conscience que le pétrole s'épuise et qu'il faudra apprendre à s'en passer, c'était donc une bonne occasion justement de faire en sorte que tout le monde participe à l'effort équitablement. Bien évidement, cela aurait aussi embêté les ministres et leurs petits amis des centres-ville bourgeois. Alors non, la meilleure solution c'était de taxer ces vilains véhicules des pauvres qui polluent. En bref c'est toujours les mêmes qui sont lésés et cela commence sérieusement à énerver le populo qui n'est pas complètement con, quoiqu'en pensent nos dirigeants. Le faite ce que je dis, pas ce que je fais, a des limites. Non seulement cette politique est inégalitaire et peu écologique comme je l'expliquerais par la suite, mais en plus elle va accroître encore le fossé déjà béant séparant les classes aisées du reste de la population. Alors qu'il faudrait au contraire les rassembler pour lutter ensemble et s'adapter à une évolution énergétique que l'on sait pourtant inéluctable.
Une mesure pas vraiment écologique
L'effort écologique doit être partagé équitablement pour être accepté. Et l'on ne voit pas pourquoi seuls les plus pauvres de la population devraient se voir rejeter en dehors des villes avec leurs véhicules, pendant que les gens suffisamment aisés pourront continuer à rouler avec leurs véhicules pseudo-écolo qui consomment quand même du pétrole. On peut d'ailleurs rajouter à cette argumentation que le renouvellement du parc automobile est en soit un acte fortement polluant. Parce que ces véhicules moins polluants que l'on doit vendre aux français, on doit d'abord les produire, et donc utiliser des matières premières pour les fabriquer, ainsi que de l'énergie. J'ai donc une question à poser ici. Combien de temps faudra-t-il pour que le gain en terme de pollution dû à l'usage de ces véhicules moins polluants, équilibre la pollution engendrée par le renouvellement du parc auto? Non, parce que l'acte le moins polluant en général c'est de ne pas consommer ou de consommer moins, pas de consommer plus. Vous me direz, c'est pas grave de toute façon ces véhicules seront produits pour la plupart à l'étranger, délocalisation oblige, donc les poumons de nos amis bobo-écolos pourront rester propres.
On voit ici l'hypocrisie qui tient lieu de moteur aux décisions politiques, car on peut vraiment se demander s'il s'agit bien de mesures à vocation écologique ou tout simplement d'un moyen commode pour relancer le marché automobile français qui chancelle. En l'occurrence s'il s'agit de ça, alors effectivement il est normale que la mesure soit inégalitaire. En effet lorsque l'on connaît l'évolution du crédit à la consommation et l'évolution salariale en France, on sait que les pauvres et les classes sociales les moins riches ne pourront pas renouveler leurs automobiles. Dans ce cas autant cibler les classes sociales aisées en mettant en avant un dispositif inégalitaire qui favorise les véhicules les plus coûteux pour la circulation en ville. Loin d'être une décision écologique, il est donc probable que la première motivation soit la relance du marché automobile en poussant des gens qui en ont les moyens à renouveler leur voiture même neuve. Or il s'agit là d'un acte anti-écologique par nature puisque c'est manifestement du gaspillage.
Le rationnement à la place du marché libre
Maintenant que peut-on proposer pour faire apprendre progressivement à nos villes à se passer de voiture sans pour autant prendre des mesures inégalitaires? La réponse est assez simple, il faut des mesures qui ne puissent être non contraignantes pour les gens aisés. Il faut simplement faire en sorte que l'argent ne soit pas un moyen d'échapper à l'effort nécessairement collectif de la sortie progressive du pétrole. Il ne faut donc pas se fier à des mécanismes de marchés ou à des méthodes du type baisse d'impôt pour investissement écologique. A la rigueur on subventionne directement les techniques propres pour en réduire le prix d'achat. Pour ce qui est de la consommation de pétrole en elle même pourquoi ne pas faire comme nos prédécesseurs au sortir de la guerre. En période de pénurie l'histoire nous montre que ce n'est pas vers le marché que les nations se dirigent, mais vers le rationnement quantitatif et la planification collective de la consommation, seuls véritables moyens de faire des économies sans pour autant créer de fortes inégalités.
On pourrait très bien mettre un quota d'utilisation annuel ou mensuel de pétrole à ne pas dépasser. Les matériels informatiques d'aujourd'hui rendent cela assez simple à mettre en pratique. Chaque personne recevrait une carte à puce avec une quantité pétrole à utiliser annuellement sous forme de crédit pétrolier à consommer. A la station de service un appareil débiterait progressivement votre carte en fonction de la quantité de carburant consommé, et une fois le plafond atteint plus possible d'acheter du pétrole même si vous avez l'argent pour le faire. Un tel dispositif engendrerait un meilleur comportement et une limitation de la consommation et de l'usage des voitures de façon égalitaire, le prix du pétrole restant le même pas d'augmentation des taxes. Ensuite on pourrait même favoriser la moindre consommation en faisant en sorte que l'état rachète les points non utiliser de consommation de pétrole. Ainsi, moins une personne utiliserait de pétrole et plus d'argent elle pourrait toucher au moment du renouvellement de ses points. De quoi favoriser un comportement civique je pense. L'autre avantage c'est que l'on pourrait fixer une quantité de pétrole maximum que la France s'autoriserait à consommer annuellement, ce qui est impossible à faire si l'on reste dans la logique du marché. On pourrait ainsi planifier une sortie à plus ou moins long terme du pétrole en fonction des évolutions technologiques et des comportements de la population.
Au final vous voyez que l'écologie n'est pas forcement inégalitaire, elle l'est en France parce que ceux qui nous dirigent n'ont aucun souci du bien commun. Seul compte en fait leur petit confort et celui de leurs proches sociologiquement parlant. J'espère quand même que ces mesures inégalitaires ne dégoûteront pas définitivement les français de l'écologie, car il y a bien urgence en la matière. Il ne faut plus laisser l'écologie aux couches sociales aisées, car c'est le meilleur moyen pour que rien de change concrètement.