Blog parlant d'économie vue sous une orientation souverainiste et protectionniste.
Elle semble tellement naturelle quelle est de loin la "loi" économique la plus connue. Répétée indéfiniment par tout adepte du marché libre et non-faussée, elle est le socle de la pensée concurrentielle, elle en est même en partie le fondement de base justificatrice. En effet puisque les prix varient en fonction de ce que demande les consommateurs et de se que peuvent produire les fabriquant, il faut laisser le marché libre et sans entrave déployer sa formidable capacité de calcul fondée sur l'offre et la demande.
Si vous produisez plus de véhicule qu'il n'en faut leur prix vont baisser, à l'inverse si vous n'en produisez pas assez les prix vont augmenter. Ainsi donc nos amis libéraux et leur patron originale avaient-ils cru avoir trouvé la pierre philosophale de l'économie celle qui permettrait de fabriquer le meilleur des mondes celui de la rationalité pure et parfaite où il n'y aurait plus d'arbitraire et d'injustice, car la raison ne sauraient être injuste. Cette obsession de la lutte contre l'arbitraire, contre l'humain et ses mauvaises manies, nous en avions déjà parlé lors de mon texte sur le libéralisme. Il s'agit d'une noble cause en vérité, mais il serait bon de se demander, sous le regard critique de la science véritable et de l'esprit positif, celui qui mesure la vérité d'une théorie par l'expérimentation pratique, si cette loi et ses conséquences mènent bien à l'objectif désiré. Car si la loi de l'offre et de la demande ne fonctionne pas, il devient peu évident que la concurrence et le marché soient bien capables d'apporter la raison dans les affaires humaines. Au contraire on peut même penser qu'en tel cas la raison apparente se mettrait à servir les plus grandes lubies et fantasmes cachés derrière l'apparente rationalité du marché. Nos amis libéraux sans le savoir, auraient alors permis aux plus grandes horreurs de l'esprit humain de s'implanter dans la société sans jamais être vue pour ce quelles étaient.En cachant les rapports de force sociaux derrière la loi de l'offre et de la demande, les libéraux économiques n'auraient pas vaincu l'arbitraire, mais juste changé sa justification d'existence.
1-Exemples de non-fonctionnement de la loi de l'offre et de la demande
Il faut nous appuyer sur la mesure pratique pour voir si l'idéale libérale est fonctionnel ou juste une croyance. On va prendre l'exemple de la variation à long terme d'une matière première essentielle le cuivre. On va examiner l'offre et la demande, ainsi que le cours du cuivre historique sur une longue période et voir si effectivement l'offre et la demande font varier les prix de la façon attendue par les libéraux. Je parle du cours du cuivre parce que l'on peut facilement trouver les variations historiques sur ce site consacré aux minéraux, cela facilité grandement le travail.
Les deux graphiques précédents sont assez explicites sans qu'il soit besoin de trop en rajouter. Les variations des prix ne peuvent en aucun cas être entièrement expliqué par l'offre et la demande. On peut d'ailleurs bien dégager deux périodes celle qui précède la dérégulation mondiale où les prix sont à peu près stable tout comme l'évolution offre/demande, et une deuxième période qui commence dans les années 70 où les fameux cycle commencent à apparaitre la dernière période montrant un découplage complet entre l'évolution de l'offre et la demande d'une part et les prix d'autre part. La différence est bien sure largement lié à l'explosion de la spéculation sur les matières premières.
Car certes les prix augmentent quand la production est insuffisante, ce qui n'est quand même pas arrivé souvent ces 50 dernières années (voir la courbe verte quand elle est négative c'est que la production est insuffisante), mais les réactions du marché jadis mesurées, sont devenue littéralement disproportionnelles, c'est le moins que l'on puisse dire. On remarque d'ailleurs que le retour à l'équilibre offre-demande en 2006 n'a pas pour autant provoqué de baisse des prix en 2007 au contraire la hausse déjà énorme a continué. Est-ce du à l'inondation de dollars à travers le système de décrochage du dollars et de l'or en 71 qui a provoqué ces déséquilibres? Ou encore est-ce la dérégulation totale prôné par les néolibéraux? Quoiqu'il en soit il faut être bien malhonnête pour donner au marché une rationalité en matière de production de prix, du moins au marché dérégulé tel qu'il est pratiqué de nos jours.
On peut prendre un autre exemple de non fonctionnement dans le marché qui a le plus stimulé l'économie virtuelle occidentale ces 15 dernières années, à savoir le prix du logement. S'il y a bien un domaine où la loi de l'offre et de la demande est dysfonctionel c'est bien celui de l'immobilier. Je ne vais pas faire un long commentaire à ce sujet il existe des blogs spécialisé dans l'immobilier qui en dise bien plus comme celui de Patrick Reymond, ancien blogueur du blog immobilier et qui raconte de long en large la bêtise de la croyance en l'enrichissement grâce à la hausse de prix du logement. Le crack actuel aux USA, celui des fameux subprime qui aujourd'hui s'étant à l'ensemble de l'immobilier commerciale suffit à invalider l'hypothèse d'une autorégulation grâce à l'offre et à la demande. D'aucun diront que les crack sont une forme de régulation en plaisantant mais nous serions alors bien avisé de chercher des mode de régulation moins brutaux.
En pleine bulle immobilière en France on notait des millions de logement vide. Les propriétaires préféraient ne pas louer plutôt que de baisser les prix, le résultat de la dérégulation dans la sphère de l'habitation est impitoyable comme nous l'apprend ce texte issu du Credoc par contreinfo.
On admire là encore l'extraordinaire capacité de régulation de la loi de l'offre et de la demande, comme dans le cas du cuivre ce principe permet surtout d'énormes transfères de richesse vers les rentes, quelles soient financières ou immobilière. Bien loin de lutter contre l'arbitraire force est de constater que la loi de l'offre et de la demande sert surtout à le favoriser. Il aurait fallut mettre ici l'évolution salariale pour voir la déconnexion complète de variation du cout du logement pas rapport au niveau de vie réel des individus. On peut ne ici que soutenir l'hypothèse de Todd décrivant la hausse des loyers et des prix du logement comme une nouvelle forme d'inflation favorisant les riches et les rentiers.
Quand le néolibéralisme détruit la loi de l'offre et de la demande
Nous pouvons donc rejoindre ici des économistes comme Paul Jorion qui voient dans le marché un déséquilibre si des spéculateurs de tout poil s'en mêlent. Seule ceux qui ont réellement besoin de cuivre ou de logement devraient pouvoir en acheter, sans quoi la fameuse loi de l'offre et de la demande devient inapplicable. On peut ainsi dire que la loi de l'offre et de la demande est un idéal, mais quelle nécessite des conditions d'application pour être validé dans le monde réel. En dérégulant, les néolibéraux ont paradoxalement nui à leur théorie préférée. L'absence de régulation optimise la non application de la loi de l'offre et de la demande et c'est cela qu'il faut vraiment faire comprendre.
2-Le marxisme et la loi de l'offre et de la demande
Maintenant que nous avons vue qu'en pratique la loi de l'offre et de la demande n'étaient pas toujours fonctionnelles, et quelles essayaient de cacher l'arbitraire plutôt que de l'empêcher, est-ce que pour autant il faut en nier l'existence? C'est le cas des théories marxistes qui finalement sont l'exacte inverse des thèses libérales classiques. En effet contrairement aux libéraux Marx avaient bien conscience de la réalité pratique de l'économie et du rapport de force sociale qui se cachait derrière la concurrence et la loi de l'offre et de la demande. Il introduisit même la notion de rapport sociale dans la formation du prix. Sa théorie de la valeur met en avant le partage de la valeur ajouté mettant clairement le doigt sur le fait que le possesseur de l'outil de production s'accaparait une part déraisonnable des gains produits par le travail salarié. Ainsi pour Marx la valeur d'un produit dépend essentiellement du prix des matières premières nécessaires à sa fabrication, du coût salariale et du coût de la rente versée au possesseur de l'outil de production, le capitaliste.
Cette vision des choses est comme celle des libéraux, partielle et partiale, car sans le savoir Marx ne fait pas de la science mais de la morale. En effet en disant que le cout d'un objet ne dépend que de la quantité de travail nécessaire à sa production, Marx ignore parfaitement la contrainte exercée par le besoin des consommateurs. En effet si vous produisez des choses dont personne n'a besoin vous travaillez en pure perte, si le marché à besoin de 10000 véhicule en produire 15000 ne pourra que nuire à vos marges. C'est un élément que Marx aurait du inclure dans son raisonnement au lieu de seulement parler du rapport sociale. Tout comme les libéraux auraient du inclure la chose sociale, et les rapports sociaux dans leur mode d'analyse du marché.
Les libéraux et les marxistes ont donc raison et tort à la fois, et ils ont en fait des théories qui se complètent. IL eut fallu que ces messieurs emploi un peu plus le conditionnel dans leur théories cela aurait probablement évité au politiques de faire de nombreuses erreurs de gestion.
On peut donc résumé la loi de l'offre et de la demande est un objectif à atteindre et non une mécanique naturelle au marché. Sans action collective de l'état pour réglementer et éviter que n'importe qui, achète n'importe quoi, n'importe quand cette loi est non valide pour décrire l'évolution du marché. Ce dernier devient producteur de bulle et favorise des mécanisme de rente. Ces rentes produisent mécaniquement une mauvaise répartition des richesses qui casse finalement la société ce qui finit par produire des éclatements de bulle pour rétablir l'équilibre. D'un autre coté il est illusoire de vouloir créer un système entièrement planifié par l'état comme ce fut le cas chez les états communiste. Car les principes qui les a produits fabrique inexorablement une inadéquation entre l'offre et la demande. L'URSS avait des surproduction dans bon nombre de domaines et une sous-production dans d'autre. Quand il y a autant de secteur d'activité une planification totale devient illusoire et dangereuse, le marxisme n'est donc pas non plus la solution.
La seule chose à faire n'est pas de mettre fin au marché, mais d'y remettre des lois organisatrices. Après guerre la plupart des marchés était libre mais contenu et séparé. En séparant au maximum les activités, les banques etc.., en faisant en sorte que seul ceux qui ont besoin de cuivre, par exemple, puissent en acheter, vous réduisez considérablement les déséquilibres tout en ayant pas besoin de tout centraliser et de créer des usines à gaz bureaucratiques. Le marché n'est pas naturellement rationnel c'est à la puissance publique de faire en sorte qu'il le soit. De la même manière si l'on veut rationaliser les marchés, il est important de réduire l'activité des agents de ces marchés de tel sortes que chacun soit à sa place. C'était par exemple tout le sens des séparations d'activités entre banques de dépôts et banques commerciales, il faudrait le faire dans tout les domaines d'activité économique. Les prix de l'immobilier auraient-ils à ce point étaient déconnectés des salaires, si l'on avait limité, par exemple, la quantité de logements que peut posséder une famille. On aurait pu émettre une loi qui limite l'achat de logement à un usage personnel, usufruitier. Ce faisant vous empêchiez le logement de devenir une source de revenue et seul ceux désirant acheter un logement pour eux même et leur famille en auraient fait l'achat. Le logement étant un bien d'usage cela collerait d'ailleurs bien mieux à sa nature propre.