Les socialistes néolibéraux sont passés maîtres dans l'usage des bons sentiments pour réaliser les œuvres les plus basses en toute discrétion au nom de la « morale ». La réforme des allocations familiales en est une nouvelle preuve. En effet comme il est à l'accoutumée de le faire chez les gauchistes, l'on présente une déconstruction libérale comme une réforme socialement juste. Ainsi, faire des familles de la classe moyenne-aisée des gens qui profitent du système familial trop généreux, permet en fait de faire avaler la pilule d'un recule des prestations sociales. Au passage l'on divise la société entre les différentes couches sociales productives et l'on oublie comme d'habitude de taper sur les rentes des 5 % d'en haut. N'en doutez pas, il ne s'agit là que du premier pas vers la déconstruction générale du système de prestation familiale. En effet l'on est toujours le plus injustement favorisé d'un système. Bientôt les revenues à 4000€ seront trop fort pour avoir des prestations, puis ceux à 3000€, puis les smicards. Et dans quelques années l'on se sera habitué à ne réserver les aides qu'aux plus miséreux, quand, alors, un poujadiste du cru UMP voudra en finir avec les prestations sociales qui seront alors présentées comme une prime de poule pondeuse pour pauvres et immigré, oubliant qu'il n'y a pas si longtemps tout le monde en bénéficiait quel que soit son niveau de revenu. C'est ainsi que progresse le néolibéralisme par petit pas. C'est la méthode de la grenouille qui s'ébouillante parce que la température monte progressivement ce qui l'empêche de réagir à temps.
Tout ceci se fait évidemment au nom de la lutte contre la dette parce qu'économiser 700millions d'euros va certainement nous permettre d'effacer la dette accumuler au nom de la privatisation de l'instrument monétaire de ces quarante dernières années. Rappelons quand même comme le fait régulièrement André Jacques Holbecq que la dette actuelle n'est pas le fruit de la gabegie de l'état, mais bien le produit naturel des intérêts composés. Une dette qui n'existerait pas si l'état ne s'était pas infligé l'obligation d'emprunt sur les marchés financiers en 1973 en lieu et place du crédit public classique que nous avions pourtant pratiqué durant toute la période d'après-guerre sans grand problème. Je rappellerai également que l'inflation a décollé après et non avant le début de ces politiques. Elle ne fut donc pas vraiment mise en place en réponse à l'inflation, mais bien par idéologie. On peut remercier Giscard pour son succès. Il est probablement l'homme qui a le plus œuvré pour la destruction de la nation française par ses politiques.
Une politique familiale n'est pas une politique de redistribution
Il faut également rappeler que la politique familiale en France est une vieille affaire. Et pour cause. La France connaît un malthusianisme délirant depuis la révolution. Le pays n'a pas connu l’expansion démographique durant le 19e et c'était un pays qui vieillissait fortement au point que beaucoup ont attribué l'affaiblissement du pays face à l'Allemagne au déclin démographique. Il suffit de regarder la croissance comparative des nations européennes entre le 19e et le 20e siècle pour s’apercevoir de la divergence. Le déclin de la France depuis la révolution n'est pas un déclin scientifique culturel ou intellectuel, il est surtout démographique.
Evolution comparative de la démographie française, anglaise et allemande (100 = année1800) (source wikipedia)
Face à cette réalité, le pays a réfléchi et a produit tout un tas de politiques visant à dynamiser sa démographie pour endiguer le déclin. Il va d'ailleurs falloir que les autres nations du monde se penchent sur l'histoire démographique de la Grande nation parce que vraisemblablement la France n'a fait que préfigurer une évolution aujourd'hui planétaire. C'est ainsi qu'est née en 1946 l'INED sous l'impulsion du Général de Gaulle avec comme précieux penseur et intellectuel à sa tête le célèbre Alfred Sauvy. Avant cela le gouvernement Vichy avait déjà créé une institution visant à relancer la natalité. Preuve de l'intelligence des dirigeants de l'époque, le bébé ne fut ne pas évacué avec l'eau du bain, sous la pression de la vengeance post-occupation. Les dirigeants de l'Ined vont croiser les compétences pour trouver des solutions originales pour relancer la natalité.
L'un des principes fondamentaux de la tactique d'Alfred Sauvy était de s'attaquer au cout de l'enfantement. Parce que le démographe avait remarqué grâce aux observations que si l'on ne peut pousser les gens à avoir des enfants l'on peut par contre faire en sorte que tous les obstacles pratiques et économiques pour en avoir soient minimes. Ainsi la principale raison du non-enfantement tient au changement de statut social du couple. Avoir un enfant signifie en quelque sorte changer ses habitudes de vie pour cause de contrainte économique. C'est sortir en partie de son milieu social. De cette constatation est née l'allocation familiale sans condition de ressource. Car le but n'était pas la redistribution des richesses, mais le non-découragement des naissances. En réduisant l'impact de l'arrivée d'un enfant, les familles ne changeaient pas leurs habitudes sociales. La redistribution des richesses passant par l'impôt, celle-ci n'était pas vue comme un frein à l'enfantement. Cette politique s'accompagnait de la gratuité scolaire et du soutien sous toutes ses formes des familles. Mais la déconstruction de la politique familiale si réussie puisque la France pour la première fois depuis plus d'un siècle avait enfin relancé sa natalité fut rapidement déconstruite. La période de la plus grande régression fut celle de Giscard qui accompagna la déconstruction de la politique familiale de celle du regroupement familial des étrangers. C'est une drôle de conception de l'intérêt national que celle qui consiste à s'inquiéter du sort des étrangers, pendant que l'on déconstruit en même temps le soutien aux familles françaises. De fait la déconstruction actuelle n'est que la continuation de la destruction de cette œuvre géniale qu'était la politique familiale française et qui avait pour la première fois permise à la France d'inverse son funeste destin.
L'on remarquera ensuite que cette politique familiale intelligente a produit une démographie équilibrée. En effet contrairement à des pays comme les USA ou la Grande-Bretagne les pauvres ne font pas plus d'enfants que les classes moyennes et aisées. La politique familiale n'étant pas fixée sur les plus pauvres tout le monde fait les enfants qu'il souhaite.
La réduction des aides familiale contribue à la contraction de la demande
À cette question centrale de la politique démographique s'ajoute par ailleurs la question du timing économique. Est-ce vraiment intelligent de réduire encore la consommation des ménages au moment même où la déflation et la récession nous guettent ? Poser la question c'est déjà y répondre. Non seulement le gouvernement socialo-libéral s'acharne à détruire le maigre avantage de la France qui est sa moins mauvaise natalité. Mais en plus sa politique va accroître encore la baisse de la demande et donc in fine accroitre le taux de chômage et la récession. On ne saurait mieux décrire ce type que de politique autrement qu'en la qualifiant de « débile ».
D'autant plus que si l'on se fit aux derniers chiffres la natalité française est déjà en baisse comme dans tous les pays occidentaux touchés par la crise. Le pays avait résisté jusqu'à présent, mais le coup de boutoir que vient de donner le gouvernement va très certainement accélérer notre déclin. On remarquera que peut-être les élites françaises qui fantasment sur l'imitation de l'Allemagne se sont dit que s'il était impossible de s'aligner économiquement sur ce pays il nous serait au moins possible de le faire sur le plan démographique. Auquel cas la politique débile du gouvernement prend du sens. S'il y a bien une période où il faut soutenir les familles, ce sont les périodes de récession. Les familles sont au cœur du pays, c'est elles qui permettent à la nation d'exister puisque ce sont elles qui reproduisent la société. La négligence avec laquelle nos pays traitent la démographie et la natalité en dit long sur degré de décadence et sur leur faible vision à long terme.