La période électorale approche et il est temps de parler plus sérieusement des propositions faites par les différents partis en lice. Bien évidemment j'éviterai de parler des programmes du PS de l'UMP ou du MODEM étant donné que ces partis ont des propositions assez similaires toutes les pratiques néolibérales de ces 30 dernières années. Il n'y a aucun intérêt à reparler de ce type de politique enfermé dans le cadre de la pensée unique. Et ce ne sont pas les tentatives de mirage de François Hollande sur la question de l'impôt sur le revenu qui y changeront quoi que ce soit. Les partis du centre sont en quelque sorte des ultras conservateurs qui ne veulent rien changer ni à la mondialisation, ni à l'UE ni à fortiori à l'euro. Il ne faut donc guère chercher d'alternatives chez eux. Leur élection ne fera qu'allonger la durée de l'agonie économique française. Il est déjà plus intéressant de parler des partis qui se présentent comme alternatifs et de voir ce qui peut éventuellement être de bonnes idées dans leur programme. Cependant je dois le dire tout de suite, aucun parti à l'heure actuelle n'a un programme à la hauteur des enjeux économiques, même DLR présente un programme bien timide sur des points essentiels. Mais commençons par la nouvelle star des sondages Jean Luc Mélenchon et son parti le PG.
Je dois bien avouer que je ne porte guère monsieur Mélenchon dans mon cœur pour plusieurs raisons. Je trouve cet homme insupportable dans son comportement et maladivement brutal avec ceux qui pensent différemment de lui. Je trouve étrange, en ce sens, la divergence entre les attaques fréquentes que le système médiatique porte sur le FN à cause du comportement peu démocratique de ses membres et l'incroyable mansuétude dont bénéficie le PG à cet égard. À croire qu'on a le droit d'être extrémiste tant qu'on ne défend pas la nation. J'avoue qu'ici l’argument est plus de l'ordre de l'impression personnelle que de la réflexion rationnelle. Je n'aime pas non plus Mélenchon parce que je n'ai aucune confiance en lui et pour plusieurs raisons. En premier lieu, je trouve étrange qu'un type qui a défendu Maastricht, l'UE, l'euro et qui a été sénateur socialiste pendant des années se découvre subitement opposant au système à l'heure de la retraite. Je sais bien qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, mais lorsque l'on entend ses discours sur les frontières ou la nation j'ai comme l'impression qu'il n'a pas beaucoup changé quant à son tréfonds post-nationaliste. On en reparlera avec la question du programme du PG. D'autre part c'est un homme qui refuse en réalité le débat de fond et qui ménage la chèvre et le chou pour maximiser son potentiel électoral sans se soucier de la cohérence de la politique qu'il propose. En ce sens, il est bien un enfant du Mittérandisme, le fond on s'en fout tant qu'on peut se faire élire. Le problème c'est qu'il semble que les Français soient toujours aussi naïfs quand il s'agit de la « gôôche.. », que l'on prononce le mot révolution et voilà nos concitoyens qui retombent en enfance. Ils se sont pourtant fait avoir de nombreuses fois ces trente dernières années. On aurait pu croire que ces expériences leur auraient servi, il n'en est, rien pourtant.
Un programme démagogique dans son ensemble
Je dois dire que je n'aime guère en général employer le terme démagogique. On l'a tellement employé contre les partisans du protectionnisme ou contre les eurosceptiques que cela rend son usage particulièrement délicat. Mais je n'ai pas trouvé d'autres termes plus appropriés pour décrire rapidement le programme du PG. C'est simplement un programme invraisemblable. Ce n'est pas tant les propositions en elles-mêmes qui posent problème. Certaines devraient d'ailleurs être reprises ailleurs comme la nécessaire hausse des salaires. C'est le fait que soient toujours ignorés les effets commerciaux et macroéconomiques de ces politiques. Que l'on veuille augmenter les salaires, je suis pour, et même deux fois pour, à condition de bien prendre conscience des contraintes que cela engage vis-à-vis de l'extérieur. Or de cela le PG ne parle pas. Ce parti parle correctement de l'augmentation des inégalités et de leur incroyable déchainement ces vingt dernières années, mais il omet volontaire de parler du lien avec l'euro, l’Europe et le libre-échange. Bien évidemment sur ce blog nous savons pertinemment pourquoi le PG n'en parle pas.
Parler de la critique de la mondialisation en dehors de mots creux c'est remettre en cause l'abandon des frontières, or, l'abandon des frontières Mélenchon est profondément pour. J'ai même envie de dire qu'en tant qu'ancien trotskiste, il est même culturellement post-nationaliste. D'ailleurs, l'idée même d'une identité nationale le révulse et pour lui tous les êtres humains sont interchangeables. Quels que soient leur lieu de naissance et leur culture d'origine. Je rappelle ici que les libéraux ont ceci de commun avec les marxistes qu'ils résument l'humanité, son histoire et son comportement à un pur calcul d'intérêt économique. Les uns s’appuyant sur le comportement du marché les autres sur les comportements d'intérêt de classe. Pour ma part je pense humblement que l'économie n'explique pas grand-chose en elle même et qu'elle est surtout la résultante d'autres évolutions bien éloignées du calcul économique. La meilleure preuve étant le suicide actuel des classes sociales dominantes européennes qui par dogmatisme idéologique font tomber leurs nations les unes après les autres. L'euro était un non-sens économique qui a couté fort cher y compris aux riches Européens qui ont perdu du poids à l'échelle mondiale. On ne peut pas tout expliquer par les questions économiques.
Pour en revenir au programme du PG voici les premières mesures économiques:
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le Smic à 1 700 euros
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un salaire maximum dans les entreprises publiques et privées. De l'ordre de 1 à 20
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les 35 heures effectives,
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le droit à la retraite à 60 ans à taux plein
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Aucun revenu ne pourra être fixé sous le seuil de pauvreté
À première vue comme, je vous l'avais dit, ces mesures je pourrais moi aussi les donner, sauf peut-être les 35heures ou encore la retraite à 60 ans à taux plein. Il est irresponsable en regard de l'évolution démographique de prôner cela alors même que l'on va en plus du vieillissement devoir affronter le changement énergétique provoqué par le pic pétrolier. Pour ce qui est de l'évolution salariale, je pense qu'il faut une hausse d'au moins 30% sur deux ou trois ans. Cependant, il n'est fait nulle part mention des effets de ces relances salariales sur les importations. Or sans dévaluation et sans protectionnisme, la hausse des salaires ne fera qu'enfler un peu plus notre déficit commercial. Si Mélenchon pratique sa hausse salariale sans prendre de précaution il relancera surtout l'emploi en Allemagne et en Chine.
J'éviterai de trop parler du côté incroyablement centralisateur et administrativement abusif des propositions de Mélenchon comme par exemple interdire les licenciements boursiers. Ce genre de proposition est tout simplement ridicule, car on voit mal comment en pratique on pourra différencier un licenciement boursier d'un autre. Encore une fois faute de s'attaquer aux causes des problèmes comme la libre circulation des capitaux, des hommes et des marchandises le PG invente des usines à gaz administratives. C'est une vieille tradition de la gauche depuis 1983 et l'ouverture de la page libérale-libertaire de la gauche française. On pourra saluer par contre l’insistance du PG visant à combattre les lois de libération stupide comme le travail le dimanche. Effectivement, toutes ces « libérations » ne sont que des attrape-nigauds réduisant la qualité de vie globale de nos concitoyens sans pour autant améliorer la situation de l'emploi bien au contraire. La flexibilité et l'instabilité des contrats de travail ne font que réduire la propension à consommer et ne font donc que diminuer la demande globale et donc l'investissement des entreprises.
On constate la même prétention à la surlégifération dans la question du logement. Vouloir faire en sorte que tout le monde puisse se loger c'est très bien, mais il faut aussi voir le monde tel qu'il est. D'une part si le logement manque en France aujourd'hui ce n'est pas vrai partout et uniformément sur tout le territoire. Dans beaucoup de villes, la bulle va rapidement se dégonfler et ce ne sera pas une mauvaise chose. Ailleurs la pression au logement est liée à deux facteurs, en premier le célibat. On vit de plus en plus seul, or, quand on vit seul on occupe un logement qui autrefois aurait fait cohabiter plusieurs personnes. Il est difficile de mesurer l'impact des célibataires sur le marché du logement, mais il s'agit d'une explication assez rationnelle à cette pénurie de logements. Car la France n'a plus une démographie dynamique, on sait qu'à l'heure actuelle 9 millions de personnes vivent seules dans leur logement. On a affaire à un changement culturel qui produit un effet sur le marché immobilier. Le deuxième facteur que Mélenchon laisse en suspens c'est la question migratoire, ce n'est pas un hasard si Francis Bouygues était un fervent partisan de l'immigration massive, il savait très bien l'impact que cela aurait sur le marché immobilier et sur ses bénéfices. C'est mathématique. L’augmentation continue de la population produit une hausse de la demande qui conduit à une hausse des prix lorsque la production ne peut pas suivre. Or dans certaines régions françaises comme à Paris il y a saturation de l'espace et la création de logement ne suit donc pas la demande provoquée par ces nouveaux venus. De cela, non plus, le PG ne parle pas. Sur les propositions il faut aussi rappeler que les meilleures intentions du monde peuvent parfois avoir des effets contraires à l'effet rechercher. Un seul exemple le PG propose :
"Nous revaloriserons l’APL en supprimant le mois de carence de son attribution, son caractère rétroactif, et en indexant le forfait charges sur l’évolution réelle de celles-ci. Pour favoriser l’accès au logement dans le parc privé, nous supprimerons la caution."
Que se passerait-il si l'on augmentait l'APL ? Et bien c'est simple, on alimenterait la hausse des loyers. Le PG qui se veut révolutionnaire ne fait en fait qu'accompagner le marché sans jamais en affronter sa légitimité. Pourtant on pourrait ici dire que le marché immobilier est une preuve par l'absurde de l'inefficacité de la logique du marché dans certains domaines économiques. En effet pour qu'il y ait une telle déconnexion entre l'offre et la demande dans certains endroits c'est que le marché fonctionne très mal quand il est livré à lui même. Pourtant que propose le PG ? D'augmenter les APL, APL qui ont été inventé par monsieur Barre dans les années 70 et cela dans le but inavoué de favoriser la hausse du prix du m². Pourquoi ne pas geler simplement les loyers sur une période de dix ans puis indexer leur évolution sur le taux d'inflation ? Ne serait-ce pas plus efficace que cette nouvelle usine à gaz que le PG nous sort ? Je vous renvoie au texte du programme. Quant à la construction de logement, il faut bien comprendre que si les gens ont souvent du mal à se loger c'est surtout parce qu'ils ont du mal à avoir un emploi stable. Régler la question de l'emploi c'est aussi régler la question du logement.
Passons aux choses sérieuses.
Sur la finance le PG continue ses propositions évasives et floues. Ainsi on a certes droit à une critique de la libre circulation des capitaux, mais on ne voit nulle part le retour au contrôle des frontières sur les capitaux sauf à l'échelle européenne irréaliste. Là encore, face à la dure réalité, nos amis d'extrême gauche inventent une usine à gaz pour éviter d'affronter ce qui leur fait si peur « La frontière ». On a droit à ces mesures :
« Adoption d’une loi portant sur la création d’un pôle public financier transformant notamment la politique et les critères du crédit.
Placement sous contrôle social des banques privées qui ne respecteraient pas la nouvelle réglementation en matière de lutte contre la spéculation et la financiarisation de notre économie (Usine à Gaz)
Blocage des échanges de capitaux avec les paradis fiscaux (quelle est la définition d'un paradis fiscal pour le PG ? Il suffit qu'un impôt soit légèrement plus bas dans le pays voisin pour que les capitaux aillent s'y installer. )
Réforme de la fiscalité : suppression du bouclier fiscal, augmentation de l’ISF et de l’impôt sur les revenus du capital, taxation des revenus financiers des entreprises, mise en place du principe de modulation de l’impôt sur les sociétés et du taux des cotisations sociales patronales en fonction des objectifs d’emploi, de formation et de salaires de l’entreprise Suppression des exonérations de cotisations sociales patronales qui ont montré leur inefficacité.
Création d’un Fonds national et de fonds régionaux pour l’emploi et la formation. »
« Transformation des missions, de la politique monétaire et de la gouvernance de la Banque centrale européenne (BCE) (On fait comment en pratique???)et de la Banque de France et création d’un Fonds européen de développement social, écologique et solidaire pour
l’expansion des services publics, de l’emploi et des qualifications.
Création de pouvoirs nouveaux pour les salariés et leurs représentants dans la gestion de leur entreprise, ainsi que des citoyens dans les institutions bancaires et les collectivités territoriales. »( De quels pouvoirs parlent-ils??)
Comme vous pouvez le voir, ces propositions sont très floues et elles n'abordent aucunement le cœur du problème qui a pourtant été évoqué puisque le texte du PG critique la libre circulation des capitaux. J'aime autant vous dire que taxer simplement, ou limiter les montants en entrée et en sortie du territoire national, c'est infiniment plus simple et moins couteux que de faire ce que propose le PG. Et en plus c'est faisable sur le plan purement national. Transformer la BCE c'est un mensonge éhonté. Jamais les Allemands ne l'accepteront auquel cas le plan de Mélenchon tombe à l'eau. Quant à sa logique d'interdiction de travailler avec les paradis fiscaux elle est purement démagogique. D'une part, elle ne respecte pas la souveraineté des autres nations qui n'ont pas à adopter nos traditions fiscales, ensuite elle est trop floue sur la définition d'un paradis fiscal. Encore une fois, il n'y a que deux possibilités pour résoudre le problème de la fuite fiscale. Soit on impose à la planète entière le même taux d'imposition et l'on viole alors la souveraineté des nations. Soit on contrôle aux frontières l'entrée et la sortie des capitaux en les taxant ou en les limitant quantitativement. Chose que l'on faisait couramment jusqu'aux années 70-80 sans que cela ne pose alors de problèmes.
L'argent et les entreprises selon le PG
C'est en lisant la partie qui parle du financement des entreprises que l'on constate le caractère erroné du diagnostic du PG quant à l'origine de la désindustrialisation du pays.
« Nous proposerons des mesures précises pour désintoxiquer les entreprises de la finance et pour mettre fin à la déstructuration du marché du travail et à la désindustrialisation du pays. »
On voit ici l'influence d'un Jacques Généreux et de certains économistes marxistes membre d'ATTAC. Pour eux c'est la finance qui est à l'origine du problème, comme pour notre économiste gourou du Web Paul Jorion. Pour moi et pour tous ceux qui parlent de protectionnisme commercial, la finance n'est qu'un effet secondaire à la question du commerce. Même si le financement des entreprises est loin d'être un facteur négligeable, ce n'est pas le cœur du problème.
Et encore une fois pour éviter de parler de protectionnisme on sort l'usine à gaz. Je vous laisse juger par vous même :
« Nous modulerons l’impôt sur les sociétés et le taux des cotisations sociales afin d’inciter les entreprises à développer la valeur ajoutée, les formations, les salaires et l’emploi, en pénalisant les entreprises qui délocalisent, développent leurs placements financiers, ou se servent des nouvelles technologies pour supprimer des emplois et dégrader les
conditions de travail. » (C'est pourtant tellement plus simple de taxer les produits importés , de mettre des quotas ou de dévaluer!)
Décidément la troupe de Mélenchon a vraiment décidé d'inverser la théorie du rasoir d'Ockham. Plus c'est compliqué, mieux c'est. Ils ont quand même réussi à dire qu'il faut mettre fin aux délocalisations sans sortir le mot qui fâche.
Il faut dire que le PG aime quand même quelques frontières. Celles de l'UE lui paraissent acceptables. Il parle donc de contrôle des capitaux aux frontières de l'UE, c'est loin c'est irréalisable, ils le savent donc ils en parlent sans vraiment être sérieux. Il est étonnant de voir à quel point les gens de gauche prônent uniquement dans le lointain des politiques qu'ils pourraient pourtant réaliser ici même à l'échelle de la France. Et c'est là d'ailleurs que l'on passe dans le surréaliste.
« possibilité que les banques centrales contribuent directement au financement des biens et des services publics ; obligation de détention de titres de la dette publique par les institutions financières ; abrogation du Pacte de stabilité et du Pacte pour l’Euro+ pour ouvrir la voie à un nouveau Pacte européen de progrès social et de codéveloppement. »
Là on se rit en pensant à Mélenchon exhortant les Allemands à supprimer le pacte de stabilité. On notera que dans le document il n'est fait nulle part mention d'un plan B en cas d'échec des négociations. Échec qui a pourtant 99% de chance de se produire. Mélenchon est-il croyant pour être aveugle à ce point à la réalité? On trouve d'ailleurs d'autres absurdités sur l'UE vers la fin des propositions. Avec un passage édifiant qui nous dit que l'Europe doit être laïque ! Et pourquoi pas Française tant qu'on y est. La laïcité est un concept français qui correspond à notre histoire, mais pas à celle de nos voisins. Défendre son identité nationale c'est bien. Vouloir l'imposer aux autres ça l'est beaucoup moins. On voit ici le caractère dangereux de l'universalisme produit de l'esprit égalitariste de certains Français. On fait de grands discours sur la différence et on passe son temps à vouloir la détruire.
Autre proposition, toujours sur la BCE :
« Nous agirons en même temps pour changer les traités européens, afin de mettre un terme à l’indépendance de la BCE vis-à-vis des instances démocratiques nationales et européennes, et pour que sa mission, sa politique monétaire et de crédit donnent la priorité à l’emploi et au développement humain durable. »
Une petite remarque il n'y a pas vraiment d'instance démocratique européenne puisqu'il n'y a pas de peuple européen et encore moins d'intérêt convergent. Mais quelle direction la BCE devra-t-elle prendre ? Si l'Allemagne est en situation de plein emploi et que la France a un énorme chômage. Quelle politique la BCE devra-t-elle suivre ? Une politique inflationniste, mais créatrice d'emploi au détriment du pouvoir d'achat des Allemands ? Ou une politique de réduction de l'inflation visant à maintenir une masse monétaire à une faible croissance. Et ainsi produire une aggravation du chômage en France. Mélenchon et son parti n'ont pas compris la nature définitivement mortelle de l'euro pour notre continent. À cause de leur égalitarisme latent, ils sont incapables de voir que les peuples d'Europe divergent et ne sont donc pas capables de partager la même monnaie.
Les relocalisations
Dernières parties de cette critique, la question des relocalisations. On notera au préalable qu'il n'y a aucune construction logique dans le programme du PG, c'est un assemblage de proposition sans ligne directrice apparente à l'image de ce que font les partis du centre. Ainsi on ne fait jamais prendre conscience au lecteur des contraintes macroéconomiques, et commerciales, s’astreignant à nous. On fait croire que l'on peut augmenter comme çà les salaires sans se soucier de la balance des paiements. C'est prendre vraiment les électeurs pour des imbéciles, mais passons.
Pour éviter de parler de protectionnisme Mélenchons agite la taxe kilométrique.
« des prélèvements nationaux concertés sur les réimportations en Europe de productions délocalisées, une taxe « kilométrique » de manière à réduire les transports de marchandises évitables. »
Les gens qui ont fait cette proposition n'imaginent pas la complexité de fabrication des appareils actuels et la difficulté qu'il y aurait à mettre en place une telle taxe. Le diable est dans les détails et il est nettement plus simple encore une fois de taxer les produits entrant sur le territoire national ou d'en limiter les quantités en volume. Il faut arrêter de faire des propositions en évitant de parler des contraintes d'applications des politiques proposées.
Plus généralement le PG a mis un cache-sexe vert pomme à son protectionnisme. Sous la couleur verte, le protectionnisme c'est plus vendable, se disent surement les types qui ont conçu le programme du PG. Sauf que les propositions faites sont insuffisantes et difficilement applicables telles quelles. Elles sont en plus noyées derrière d'autres considérations et elles ne sont pas mises en avant. On voit parler d'une forme de protectionnisme commerciale à la 15e page d'un texte de proposition qui en contient 38, c'est dire si le protectionnisme commercial et la relocalisation sont une priorité du PG. Avec l'urgence du déficit commercial, un homme politique responsable devrait au contraire centrer ses propositions autour du protectionnisme commercial. Et non en faire quelque chose de secondaire. Ce choix révèle à mon humble avis les vraies priorités du PG .
Autre point, le PG semble lui aussi croire à la montée en gamme technologique. La fameuse chimère de l'économie post-industrielle. Pour sa politique industrielle, le PG semble avoir une vision totalement centralisatrice de l'économie. À les écouter, il suffirait de créer des usines grâce à l'état pour mettre en place une industrie. Comme si celle-ci pouvait être concurrentielle sans protectionnisme aux frontières. En vérité, la simple annonce d'une mise en place progressive de barrière douanière et de quotas suffira à relancer l'investissement industriel sur notre territoire. Nul besoin de réinventer le Gosplan.
Vers une gauche gagnante et un nouveau 1981-83 ?
Nous nous dirigeons probablement vers la victoire de la gauche pour 2012, mais nous ne savons pas encore quel sera le tiercé gagnant. Le rêve de Mélenchon est probablement de jouer le rôle du PCF en 1981, avec Hollande dans le rôle de Mitterrand . Je crains malheureusement que l'expérience ne se termine très mal pour la France comme en 83 et que le PG dans une telle configuration et avec un tel programme ne condamne à long terme toute véritable politique alternative. En effet, quoi de mieux pour discréditer des politiques de relance et de protectionnisme qu'un programme incohérent truffé de mesures contradictoires pour persuader définitivement les Français que décidément il n'y a rien en dehors du néolibéralisme. En définitive puisque le FN ne peut en aucun cas gagner ou aller au pouvoir je crois que le PG est actuellement le parti le plus dangereux pour l'avenir de la France. Sa participation au pouvoir et l'application de ses idées provoqueraient un blocage peut-être définitif de la politique économique en France. Cela tuerait toute véritable alternative à l'avenir.
Remarque :
Je n'ai pas parlé de l'immigration. Le texte était déjà trop long. Il faut savoir que la PG est un parti pro-immigration comme explicitement dit dans ce court passage :
« Nous rétablirons la carte unique de 10 ans et le droit au regroupement familial, conditions d’une vie digne. Nous abrogerons les lois successives sur l’immigration adoptées par la droite depuis 2002 et nous procéderons à une refonte du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (Ceseda). Nous régulariserons les sans-papiers dont le nombre a augmenté du seul fait des réformes de la droite. Nous décriminaliserons le séjour irrégulier,nous fermerons les centres de rétention, nous rétablirons le droit au séjour pour raison médicale. »
Il s'agit là de propositions totalement irresponsables et en contradiction avec les multiples propositions visant à améliorer la situation de l'emploi ou le logement. Le patronat va finir par voter PG.
*Vous pouvez lire la totalité du programme sur cette adresse: LE PG