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2 juillet 2012 1 02 /07 /juillet /2012 22:02

 

Nous l'avions vu le Todd s'extasiant sur Hollande pendant la campagne. Son manque de retenue et de discernement m'avait personnellement consterné. Puisqu'il est allé jusqu'à présenter François Hollande comme un homme capable de rupture avec le système. Sortant une comparaison grotesque et pour le moins insultante avec l'ancien président américain Franklin Delano Roosvelt.  Il semblerait que Todd sente le vent tourner, même s'il présente encore notre nouveau président comme un homme compétent. Et pour cause c'est bien vers un 1983 à l'endroit que l'on se dirige pour la rentrée de septembre et non vers une rupture avec l'eurolibéralisme. Une accumulation de décisions va dans ce sens depuis l'arrivée du nouveau pouvoir et l'illusion n'aura pas dépassé le mois. Le dernier traité européen stoppant définitivement toute ambition réelle si tant est que les socialistes en eussent vraiment eu. Le poulain de Todd, Montebourg va se faire désintégrer dans un ministère totalement incapable de réaliser ses ambitions faute de réel pouvoir. On voit mal en effet le pauvre Montebourg faire des politiques d'amélioration de la productivité avec des dépenses qui doivent chuter, un euro toujours aussi fort et un protectionnisme toujours réduit à l'énonciation purement verbale.

 

Le petit interview qui suit n'est guère instructif sur l'évolution d'Emmanuel Todd. Cependant, il me semble que la tonalité des propos de mon intellectuel préféré, malgré ses défauts, diverge d'avec son assurance lors de l'élection. J'aurai tout de même aimé qu'il parle de l'initiative récente de Nicolas Dupont Aignan, qui, accompagné d'économistes alternatifs, a fait une longue proposition de plan B et de rupture avec l'ordre néolibéral européen. Je m'attendais à une réaction surtout parce que parmi les participants il y avait deux grandes connaissances de Todd, Jacques Nikonoff et Jacques Sapir.

 

 

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20 mai 2012 7 20 /05 /mai /2012 00:02

 

parti-socialiste.jpgJe n'ai guère écrit sur mon blog ces derniers temps, et puis je me suis remis à lire, il faut que je finisse le livre d'Erik S.Reinert « Comment les pays riches sont devenus riches. Pourquoi les pays pauvres restent pauvres ? ». Parallèlement, je relis l'un de mes auteurs de jeunesse préférés, H.P. Lovecraft. Auteur, il est vrai, bien peu prolifique en matière d'optimisme. Pas vraiment de quoi me remonter le moral. Il faut dire que l'actualité n'avait rien de réjouissant. Seuls quelques illuminés de gauche pouvaient réellement s'enthousiasmer du retour de la gauche bidon au pouvoir. Certes le zouave libéral nain est parti, mais son remplaçant ne vaut guère mieux. Les premiers choix de ministre en disant d'ailleurs plus sur les intentions libérales que tous les sermons sur la méchante finance. Certes on nous objectera que s'il y a un Moscovici au ministère de l'Économie il y a aussi un Montebourg. Sauf que la politique étant ce qu'elle est, et le PS devant sauver les apparences il fallait bien meubler avec les quelques critiques du libéralisme encore présent au sein du PS. On nous ressortira encore les arguments toddiens sur le fait qu'il faudra bien qu'ils rompent avec le libre-échange s'ils veulent y rester au pouvoir et ne pas être pris dans les mêmes contradictions que ces mêmes socialistes en 1983. C'est le fameux argument du 1983 à l'envers, mais encore une fois un tel raisonnement est valable pour toutes les gauches européennes. Et pourtant que voit-on ? Ce sont bien les partis de gauche en Grèce qui ont aggravé la crise et produisent une effarante politique d'épuration économique de leur propre peuple. Supputer que la raison finira par revenir au pouvoir, c'est de facto imaginer que celle-ci à quelque chose avoir avec les décisions politiques prises dans nos pays pseudo-démocratiques. C'est en réalité rarement le cas, la politique est avant tout une affaire de pouvoir et de relation médiatiques. Surtout dans nos temps de surmédiatisation. L'important n'est plus d'arranger la situation, mais de maintenir l'apparence du maintien de la situation.

 

De la Grèce aux USA en passant par la Grande-Bretagne et l'Espagne on ne voit nulle part un courant porteur d'espoir capable d'accéder au pouvoir avec des idées de régulation commerciale et d'opposition frontale avec la décadence libérale. Tout juste a-t-on quelques restes de verve marxisto-écologiste mal digérée mélangée à des vociférations libertaires qui sert d'opposition médiatique. Il serait temps de regarder la réalité en face et d'arrêter de croire que parce qu'il y a des solutions raisonnables celles-ci finiront bien par être appliquées. Tout ça parce qu'on n’aurait pas le choix. L'histoire est pleine de civilisations s'autodétruisant non parce qu'il n'y avait aucun moyen de les sauver, mais parce que la possibilité de sauvegarde était exclue par le système politique en place. Car en raisonnant ainsi un Todd du 15e siècle à Byzance aurait tout aussi bien pu déclarer que les Byzantins aller se ressaisir face aux Turcs et cesser leurs luttes intestines parce qu'ils n'avaient pas le choix. Et pourtant le si puissant Empire byzantin a bien disparu, il y a bien dû y en avoir des sages de l'époque pour prévenir du destin funeste de cette grande civilisation. De fait, ce n'est que rarement la raison qui guide les politiques. Celle-ci n'arrive au pouvoir qu'en de rares occasions. C'est d'ailleurs tout à fait ce qu'affirmait Todd lui même dans « Après l'empire ».

 

Nous sommes dans ce type de configuration dramatique, les choix politiques à l'heure actuelle ne sont pas guidés par la raison, mais par les dogmes qui sont au sein de l’intelligentsia dominante. Les élites des pays occidentaux sont totalement immunisées à la souffrance de leurs propres populations, et d'ailleurs il n'est pas certain que ces mêmes populations aient pleinement conscience de l'origine de leur souffrance. L'individualisme libéral a peut-être réussi là où avait échoué le communisme à créer un homme nouveau selon ses propres paradigmes. La crise est peut-être le résultat de l'arrivée à maturation de l'homoéconomicus calculateur et égoïste incapable de penser à autre chose qu'à son intérêt personnel. Si tel est le cas, l'histoire est effectivement finie pour l'occident.

 

Le protectionnisme et la régulation économique nécessitent des notions comme la solidarité nationale, les frontières et une identité collective forte. Sans un patriotisme minimal donnant conscience d'un intérêt partagé entre les individus membres de la nation. On ne voit guère comment ces mêmes individus en viendraient à mettre au pouvoir des hommes politiques défendant ce type d'orientation économique. De fait, le résultat des élections est le fruit de l'addition des intérêts catégoriels et individuels et comme dans le cas du fonctionnement du triste marché ce type de fonctionnement n'accouche jamais d'un quelconque intérêt général. Le programme du PS ainsi que ce nouveau gouvernement attestent des intérêts contradictoires qui façonnent la mécanique électorale des peuples soi-disant modernes mue par l'intérêt égoïste. À cette triste réalité d'une somme d'individus tristement isolés dans leurs têtes du reste de la nation qui les nourrit pourtant s'ajoute la mécanique implacable de la domination médiatique moderne. Mécanique totalement ignorée des intellectuels de salon français et qui semblent continuer à imaginer l'individu citoyen français apte à ne jamais être influencé par ces mêmes médias. Si l'on se fit pourtant à l'ouvrage de Michel Desmurget il y a bien un problème et un effet de la télévision et des médias sur la masse de la population. Pour le coup, c'est scientifiquement prouvé et la légèreté avec laquelle certains comme Todd ignorent cette réalité en dit long sur l'image déformée qu'ils ont de la population en générale. Oui les médias façonnent l'opinion aussi sûrement que l'eau érode le calcaire par petite touche pour finalement creuser sur une longue période de grandes crevasses.

 

C'est bien par la télévision et les médias de masse que le néolibéralisme a conquis les têtes et les cœurs. On trouve aujourd'hui raisonnables des politiques qui auraient assez largement désemparé nos ancêtres tant elles sont absurdes et choc le simple bon sens. Du libre-échange total, aux délires sur le marché qui gère tout mieux comme par magie, en passant par ce stupide euro. Rien de tout ceci n'aurait paru normal il y a 50 ans seulement. Avant d'avoir à convaincre les élites, il faudrait déjà au préalable convaincre la population qui va élire ces mêmes élites. Et ça risque d'être très compliqué eu égard aux déséquilibres de la puissance médiatique. Vous m'objecterez alors « Oui, mais dans les sondages les Français sont pour le protectionnisme ». Et c'est vrai, mais cela ne se traduit par aucune résultante électorale. Qui plus est cette situation n'empêche pas les Français d'être encore largement favorables au maintien de l'euro. C'est la preuve d'ailleurs qu'ils ne comprennent pas vraiment tous les tenants et les aboutissants. À moins que cette contradiction provienne de la schizophrénie naturelle produite par l'existence simultanée en chacun de nous du consommateur et du travailleur. L'homoéconomicus moderne ayant ici beaucoup de mal à interpréter les données pour vraiment agir dans son intérêt selon les principes de saint Smith. Tels les robots positroniques d'Asimov*, l'homoéconomicus plante dès qu'il y a une contradiction dans son algorithme de programmation libéral. Quel est mon intérêt : favoriser mon revenu en validant les thèses protectionnistes, ou favoriser les prix bas et mon pouvoir d'achat à court terme avec le libre-échange quitte à être au chômage ? S'il avait eu un paramètre axiomatique et par conséquent arbitraire de patriotisme minimal, le plantage n'aurait pas eu lieu.

 

 

Les trois étapes du déclin du Hollandisme :

 

Dans ce cadre général de grand blocage intellectuel dans les idées dominantes chez nos compatriotes on voit mal pourquoi le nouveau président de la République pourrait faire un choix clair. Nous ne sommes pourtant pas dans une situation où une politique molle et « équilibrée » ménageant la chèvre et le chou pourrait fonctionner. Il va falloir choisir entre la baisse réelle du niveau de vie à travers la contraction des salaires, des dépenses publiques et les politiques des relances nécessairement protectionnistes. Or ce choix de par son électorat et ses propres traditions intellectuelles et sociologiques Hollande ne pourra pas le faire. On va donc passer par trois étapes qui mèneront Hollande au même niveau de popularité que son prédécesseur.

 

1- Le changement c'est maintenant

 

La première étape nous la vivons actuellement. C’est celle de l'état de grâce. Elle est produite par la nouveauté du produit Hollande qui lave plus blanc comme dans les pubs pour lessive. Après tout, l'homoéconomicus a été éduqué par la publicité, ce type de comportement infantile qui consiste à s'enthousiasmer pour la nouveauté, non pour son contenu, mais parce qu'elle est la « nouveauté » est une des caractéristiques de l'homme nouveau. Il est donc normal de voir ce mécanisme dans la politique. Il y a bien un autre facteur, évidemment qui explique cet état de grâce. À l'heure actuelle, et tant que l'on n’est pas dans la politique concrète, les contradictions des politiques prônées par Hollande n'apparaissent pas encore. Tout comme les contradictions des discours de Sarkozy n'apparaissaient pas dans les premiers temps de son quinquennat il y a 5 ans. Ce n'est que dans le comportement concret que l'on s’apercevra rapidement de la supercherie ou de l'amateurisme des politiques des socialistes.

 

2- Le changement c'est pour bientôt

 

L'étape la plus intéressante est la suivante. C'est celle qui nous fera passer à l'étape deux, celle du début de la déception chez les fidèles qui y croyaient. À ce stade il faut éviter les rires parce qu'il y a vraiment des gens pour croire à cet éventuel changement et pas seulement Todd. Cette étape pourrait avoir une durée variable suivant les conditions politiques. En effet, tout dépendra du degré de rapport qu'a François Hollande avec son propre discours et les politiques qu'il propose.

 

Si c'est un cynique comme je le crois alors cette période sera courte et nous passerons rapidement à la phase rejet qui est l'étape trois. En effet dès les premières mesures la population sera clairement avisée des intentions du nouveau président. Après quelques victoires verbales face à l'Allemagne on commencera doucement les violentes réformes libérales visant à casser les derniers restes de l'état keynésien. La suppression du SMIC pourrait être le signal de ce revirement, même s'il sera présenté comme une nécessité de la raison tautologique libérale. Dans ce cas de figure, il ne faudra que quelques mois pour s'apercevoir de la contre-révolution que représente l'élection d'un socialiste à la tête du pays. À l'heure actuelle, je dirai que c'est le scénario le plus probablement les non-libéraux au parti socialiste ne représentant en fait que peu de chose.

 

La seconde hypothèse nous amènerait vers une décadence plus longue. Dans cette hypothèse les socialistes se mettent en tête de faire vraiment une politique de relance économique. Bien évidemment l'absence d'intérêt pour les questions commerciales et pour les frontières du pays les amèneront à rééditer les mêmes erreurs qu'en 1983. Cependant l'échelle de cette erreur pourrait cette fois être différente. Il se pourrait effectivement que les socialistes français entraînent leurs confrères européens vers une politique de relance continentale. Il est effectivement vrai que les politiques de contritions ont échoué en Grèce, en Espagne et en Grande-Bretagne. Cet état de fait pourrait aider les socialistes à convaincre pour notre plus grand malheur les autres à les suivre dans une politique à l'américaine. Je dis pour notre malheur parce que ces pauvres socialistes n'ont jamais rien compris aux politiques de relance keynésiennes. Ils en ont juste retenu les déficits publics alors qu'il fallait surtout s'intéresser à l'équilibre des balances commerciales comme contrainte.

 

Un plan de relance européen ne pourra pas relancer la croissance !

 

En fait, l'Europe tout entière est dans la même situation que la France de 1983, on a juste élargi l’impossibilité de relance. Les USA montrent par l'absurde où mènent des politiques contracycliques sans dévaluation et sans protectionnisme. Cela mène vers des relances à faible impact sur la croissance et aggravant considérablement les déficits extérieurs. Quand le plan de relance aura échoué les socialistes prôneront-ils le financement par la planche à billets indéfinie à l'image des USA pour couvrir leur déficit commercial ? Jusqu'où descendrons-nous ? Pas très loin probablement les Allemands mettant rapidement un frein à ce type de politique si elle ne marche pas. La relance économique à l'échelle européenne relance la croissance de la planète entière, mais certainement pas la nôtre. Elle accélérera l'emploi dans les domaines du commerce et très peu dans l'industrie faute de compétitivité locale suffisante. Exactement comme les relances américaines ou la relance française de 1983.

 

Autre problème lié à l'euro: les effets de la relance seront très différents d'un pays à l'autre. C'est essentiellement l'aile excédentaire de la zone euro qui tirera profit de la hausse momentanée de la demande artificiellement relancée. En clair, la relance des socialistes à l'échelle de l'Europe sera surtout bonne pour l'Allemagne qui en profitera pour encore accroître ses excédants intra-européens. Paradoxalement, un plan de relance européen est peut-être le mécanisme accélérateur idéal de la crise de l'euro. C'est encore une ruse de l'histoire. On imagine déjà les tensions avec une Allemagne excédentaire avec 4 ou 5% de croissance pendant que l'Espagne et la Grèce resteraient en récession et la France tournerait à 1% avec un déficit commercial qui plonge. L’exception pourrait être la GB qui grâce à sa monnaie indépendante profiterait un peu de la relance suicidaire des Européens en compagnie de l'Allemagne. Vous trouvez l'Allemagne arrogante à l'heure actuelle, alors imaginez-la dans une telle situation.

 

Et le protectionnisme européen alors ?

 

Et bien même en cas bien peu probable d'un protectionnisme européen nous ne serions pas à l’abri d'un tel scénario. Évidemment dans le cas d'un protectionnisme européen les effets sur les déficits extérieurs seraient moindres. Cependant, il faut rappeler que le premier déficit bilatéral de la France n'est pas avec la Chine, mais bien avec l'Allemagne. Étant donné que les rythmes sociaux et démographiques diffèrent et continueront à différer dans les prochaines années l'accélération de la croissance en France restera plus inflationniste qu'en Allemagne ce qui continuera à aggraver notre déficit extérieur continûment même sans la Chine.

 

Pour être bien compris, et voir à quel point il est illusoire d'attendre quoique ce soit de ce nouveau gouvernement. Même en prenant l'hypothèse la plus favorable d'un protectionnisme Européen concourant à une relance, elle aussi Européenne, les écarts commerciaux intra-européens continueront de se creuser reformant inlassablement des dettes extérieures faiseuses de crises. Ce problème est inhérent à la nature même de l'euro qui est une monnaie sans peuple et donc sans état. Les besoins d'accroissement de la masse monétaire étant non homogène sur tout le territoire européen, et les transferts budgétaires d'échelle significative étant impossibles, on se retrouverait avec des « bons » et des « mauvais » élèves. Il n'y a que deux manières pour mettre fin à cette incohérence. Soit on renonce au libre-échange entre les états membres et l'on met des protections nationales visant l'équilibre des balances des paiements y compris entre pays membres de la zone euro. Soit on met fin à l'expérience européiste. Étant moi même un adepte de la théorie du rasoir d’Ockham je choisis la solution la plus simple consistant à mettre fin à l'euro.

 

3- Le changement ? Mais quel changement ?

 

On arrive maintenant à la dernière étape qui consacrera la fin des socialistes au pouvoir. Elle devrait être la période la plus longue sur le quinquennat, car même dans le meilleur des hypothèses l'étape précédente durera deux ans le temps que les plans de relance échouent lamentablement et aggravent la situation du continent en le coupant littéralement en deux. C'est d'autant plus vrai que l'homoéconomicus se lasse vite de ses nouveaux grigris, surtout quand le packaging n’est pas terrible. Obama avait au moins son sourire ultrabrite pour annoncer les échecs de ses politiques. Et puis il est noir, on ne peut pas être trop violent contre lui sinon on se ferait traiter de raciste. Hollande n'est ni beau, ni une femme, ni un black, ni un homo. Il est comme Sarkozy un coupable idéal à tous les maux de la terre qui n'aura aucune excuse s'il échoue, et il échouera. C'est que l'homoéconomicus ne risque pas de se remettre en cause lui-même. Pensez-vous ? On n’est pas responsable d'élire des types avec des programmes incohérents, et puis les programmes on ne les lit pas, c'est chiant. Et puis de toute façon l'élection elle était pliée. C’est les sondages qui le disaient. À partir de cette troisième étape, les Français commenceront à chercher un remplaçant à leur président. Et les sondages dans leur grande sagesse nous indiqueront vers fin 2015 l’irrésistible poussée de Jean François Copé ou de n'importe quel autre clone libéral de l'UMP et la boucle est bouclée. En attendant, on s’habituera aux bidons-ville, aux famines, au chômage à 30 ou 40%, aux guérillas urbaines , à l'augmentation de la mortalité sous toutes ses formes. Il est finalement vrai le slogan de Hollande : le changement c'est maintenant.

 

* Les trois lois de la robotique étant ici remplacées par la sainte loi de l'intérêt purement économique de l'individu primant sur toute autre considération. Oui l'homoéconomicus est encore plus con que les robots positroniques. Eux avaient même une éthique...

 

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29 avril 2012 7 29 /04 /avril /2012 17:11

 20120307-sarkozy-hollande-info2telePuisqu'il faut bien en parler, parlons-en. Une semaine d'écart après le scrutin permet généralement d'éliminer les émotions et les illusions produites par les raisonnements à court terme et menées sous le feu de l'action. Disons le tout net si ce premier tour des élections présidentielles est une déception tant sur la qualité du débat que sur son résultat, il n'est en aucun cas une surprise. À vrai dire la seule surprise fut le score relativement élevé de Nicolas Sarkozy si l'on met celui-ci en parallèle avec son bilan directionnel. Nicolas Sarkozy est sans conteste le pire dirigeant que la France a pu avoir sous son régime démocratique. À dire vrai je crois même que peu de nos rois ont été aussi inaptes à la direction des affaires. Et pourtant il réussit à mobiliser 27% des électeurs avec un taux de participation raisonnable. Ce score est en réalité bien plus surprenant que le score du FN qui était prévisible eu égard à la crise et au fait que ce parti bénéficie désormais du vote « utile »  des partisans du protectionnisme et des eurosceptiques de plus en plus nombreux.



L'autre leçon de cette élection c'est l'échec cuisant des alternatifs protectionnistes en l’occurrence celle de Nicolas Dupont Aignan. Il faut regarder les choses en face. Pour le grand public le protectionnisme c'est Marine Le Pen, même chose pour la critique de l'euro. Il sera malheureusement très difficile pour NDA de renverser cette tendance, et ce d'autant plus que son parti ne tient que grâce à lui. Sans un développement de sa base militante et une diversification des têtes représentatives dans les médias, DLR aura peu de chance de s'imposer face à son concurrent. Le FN est en passe de réussir son monopole sur les sujets essentiels et c'est tout le drame de la situation politique de la France, car Marine Le Pen n’accédera jamais à la présidence du pays. Quoiqu'en pensent certains de ces partisans, on ne voit pas comment le FN pourrait gagner un deuxième tour des présidentielles, le cordon sanitaire autour de lui est probablement inviolable. De fait, le Fn stérilise plus que jamais les solutions alternatives à la crise. Le FN fait à l'insu de son plein grès parti du système, il est son troisième pied comme je l'avais écrit l'année dernière. Ce parti même s'il changeait profondément, et même si ses dirigeants étaient honnêtes et bien intentionnés, ce dont on peut franchement douter, ne parviendra jamais à briser son plafond de verre, comme a appelé très justement mon collègue Laurent Pinsolle cette limite électorale. Quand bien même le FN ferait 35% au premier tour, le second serait une défaite.



Les élections à notre époque sont un jeu naturellement truqué



S'il y a un gagnant dans ce premier tour, c'est bien le système en place. Toutes les portes de sortie sont bloquées et comme prévu ce ne sont pas les élections qui changeront quoi que ce soit à l'évolution dramatique que ce pays va subir dans les mois et les années qui viennent. Les médias et leurs sbires sondagier ont réussi à annihiler toute véritable opposition. Le vote « utile » est une nouvelle méthode pour bloquer tout aventurisme programmatique hors des clous de la pensée unique. Il ne faut pas pour autant en vouloir à nos concitoyens, ils croient voter de façon raisonnable en anticipant le futur gagnant des élections à travers les sondages. Comme je l'avais déjà expliqué sur ce blog, le raisonnement par anticipation donne un pouvoir incroyable aux sondages et aux médias. En effet si les gens ne votent pas suivant leurs aspirations intérieures, mais uniquement par stratégie électorale visant à faire un vote utile, alors il suffit d'imposer un sondage favorable à tel ou tel parti pour définitivement faire pencher la balance. De fait, les élections sont en fait truquées par les sondages. Comme en physique quantique l'observateur modifie l'élément observé.



Comme dans le cadre du marché financier si bien décrit par Keynes et son célèbre exemple sur les concours de beauté, les gens en raisonnant rationnellement en fonction d'anticipation ne votent pas pour leur choix, mais uniquement pour ce qu'il considère comme le choix possible de la masse. C'est le fameux effet moutonnier, ou effet de foule. Il conduit l'être humain à se comporter non comme un individu rationnel agissant en fonction de tel ou tel critère, dans le cadre des élections en regardant et en comparant les programmes. Mais en mouton suivant la masse et anticipant le mouvement de celle-ci. On ne vote pas pour ses croyances ou ses préférences, mais en fonction des préférences de la masse telle qu'elles ressortent des « prévisions ». De fait, celui qui le premier fait des prévisions modifie volontairement ou non les futures élections, et ce dans des proportions inimaginables. Je pourrai ici faire le pari que le résultat des élections aurait été bien différent sans l'intervention des sondages et des manipulateurs d'opinion.



Cependant, il faut ici prendre garde à ne pas traiter bêtement et trop rapidement l'électeur français moyen d'imbécile ou de mouton, même si son comportement électoral est de fait moutonnier. Le paradoxe est qu'il est au contraire parfaitement rationnel de se comporter en mouton et de voter en fonction des prévisions de ce que l'on croit être l'opinion publique. Le drame c'est que de la même manière que le comportement collectivement irrationnel des marchés est le fruit de la rationalité des individus, le marché électoral irrationnel est le fruit de la rationalité individuel des électeurs. On peut remettre indéfiniment les mêmes politiques au pouvoir même s'ils échouent lamentablement depuis 40ans simplement parce qu'il est stratégiquement suicidaire, du point de vue individuel, de voter pour des partis qui n'ont aucune chance raisonnable d'être élu si l'on suit les sondages. Autant voter pour le moins mauvais des candidats potentiellement éligibles. Le ver qui ronge notre régime politique est en fait le fruit de la nature même de notre système électoral, il est structurellement conservateur. C'est d'ailleurs pour la même raison que l'on voit des maires rester plusieurs décennies à la tête des villes, même avec des bilans catastrophiques et des affaires de corruptions aux fesses. Les gens ne sont pas idiots, mais suivent l'apparent courant d'air de l'opinion publique.



Le deuxième tour des élections est maintenant en marche, ce prélude n'ayant que conforté l'idée de mort clinique du système pseudodémocratique français et occidental. L'élection n'est pas démocratique en ce sens qu'elle ne met pas au pouvoir des représentants du peuple, mais des oligarques favorisés par le système ou héritier de celui-ci. Plus que jamais ce que l'on appelle la démocratie électorale est en réalité le contraire de la véritable représentation démocratique. Ce deuxième tour n'a aucun intérêt. À titre personnel je m'abstiendrai même si je comprendrais que ceux qui veulent se débarrasser de Sarkozy votent pour son clone de gauche. À dire vrai j'aimerai l'élection de François Hollande. Ne serait-ce que pour voir la tête des gens de gauche et d'Emmanuel Todd lorsque le gouvernement socialiste se mettra à démolir le système social français au nom de la dette et de nos futurs petits enfants. Je sais, on se réconforte comme on peut. La France n'évitera pas une purge néolibérale, aussi stupide soit-elle. On peut en espérer finalement une rupture électorale en se disant qu'à force de souffrir les gens finiront par voter contre le système. Cependant, il s'agit là d'un mince espoir, car les exemples grecs ou espagnols, pays où la situation est désastreuse, n'ont pas entamé la solidité du système de domination local. Pendant la crise des années trente, les systèmes de domination médiatiques et sondagier n'existaient pas, nous sommes dans des conditions très différentes d'alors et il est possible que le système de domination se maintienne même avec d'énormes souffrances sociales. D'ailleurs des peuples ont vécu des siècles avec des systèmes fortement inégalitaires sans remise en cause de la structure politique. Il ne faut pas croire que l'histoire à un sens unique vers l'égalité. Nous sommes peut-être entrés dans un système permanent de néoféodalisme. La télévision, les médias de masse et le système pseudodémocratique servant de socle à cette nouvelle civilisation comme le clergé et le droit divin autrefois.



L'important c'est le troisième tour des élections

 

Quoi qu'il en soit, l'important ce n'est pas le deuxième tour des présidentielles. Ni même les législatives. C'est l'accélération de la crise économique qui pointe. Il existe de nombreuses portes de sortie à cette crise, mais celle qui sera prise sera nécessairement celle qui garantit la pérennité des intérêts dominants. De ce fait, il y a peu de chance pour que le système se dirige vers une sortie par le haut et par le protectionnisme et la relance des salaires. Car ces dernières sont indubitablement contraires à l'intérêt d'une partie importante de l'intelligentsia européenne et française. L'endettement supplémentaire n'est plus possible à cause des contradictions fondamentales du système libre-échangiste qui veut maintenir une demande forte alors même qu'il contracte les salaires par la mise en concurrence de nations fortement inégalitaires sur le plan salarial et monétaire. Cet équilibre précaire maintenu pendant trente ans est aujourd'hui rompu pour des raisons que j'ai déjà largement abordées sur ce blog. Il faut aller vers un nouvel équilibre, mais la nature de cet équilibre diffèrera suivant que l'on emprunte la voie keynésienne et protectionniste ou la voie libre-échangiste. Malheureusement pour nous l'Europe est bien partie pour emprunter le pire chemin. La stabilité ne sera donc retrouvée que lorsque les salaires et le niveau de vie des Européens et des Français seront suffisamment bas pour rééquilibrer les balances des paiements.

 

Cet amoindrissement salarial devra être obtenu non seulement par la destruction des lois sociales locales et des diverses solidarités mises en place à l'époque keynésienne, mais aussi par une mise en concurrence féroce sur leur propre sol par des populations non européennes plus aptes à accepter de bas salaires. C'est ainsi qu'en Allemagne alors que la population commence à demander des rehaussements de salaires après dix ans de contrition des  « rapports » tombent sur la nécessité pour le pays de faire venir plusieurs millions d’immigrés. Ceci n'est évidemment pas un hasard. On notera qu'en France la gauche est la mieux placée pour faire ce type de politique « généreuse ». C'est d'autant plus vrai que l'on constate chez les gens d'origine immigrés une forte tendance à soutenir la gauche. Et cela quel que soit le niveau social, prouvant ainsi l'échec cuisant de l'intégration à la française. On pourrait même dans quelques années se retrouver à ce rythme avec une ethnocratie, les couleurs politiques s'affichant pour ainsi dire sur le visage des électeurs de France. On retombe ici sur le cynisme lucide de la fondation Terra Nova qui prônait une vaste politique d'immigration pour favoriser la gauche française aux élections à la manière de ce qu'a fait le Labour en Grande-Bretagne. Que le pays explose, on s'en fiche. Tant qu'on est au pouvoir en quelque sorte. Ce scénario horrible est malheureusement le plus probable étant donné le blocage politique français exprimé en haut de ce texte. Le pire n'est pas certain, mais il est maintenant hautement probable.

 

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10 avril 2012 2 10 /04 /avril /2012 00:46

 

mauvais-genie-melenchon-L-KBYXDG.jpegLa période électorale approche et il est temps de parler plus sérieusement des propositions faites par les différents partis en lice. Bien évidemment j'éviterai de parler des programmes du PS de l'UMP ou du MODEM étant donné que ces partis ont des propositions assez similaires toutes les pratiques néolibérales de ces 30 dernières années. Il n'y a aucun intérêt à reparler de ce type de politique enfermé dans le cadre de la pensée unique. Et ce ne sont pas les tentatives de mirage de François Hollande sur la question de l'impôt sur le revenu qui y changeront quoi que ce soit. Les partis du centre sont en quelque sorte des ultras conservateurs qui ne veulent rien changer ni à la mondialisation, ni à l'UE ni à fortiori à l'euro. Il ne faut donc guère chercher d'alternatives chez eux. Leur élection ne fera qu'allonger la durée de l'agonie économique française. Il est déjà plus intéressant de parler des partis qui se présentent comme alternatifs et de voir ce qui peut éventuellement être de bonnes idées dans leur programme. Cependant je dois le dire tout de suite, aucun parti à l'heure actuelle n'a un programme à la hauteur des enjeux économiques, même DLR présente un programme bien timide sur des points essentiels. Mais commençons par la nouvelle star des sondages Jean Luc Mélenchon et son parti le PG.

 

Je dois bien avouer que je ne porte guère monsieur Mélenchon dans mon cœur pour plusieurs raisons. Je trouve cet homme insupportable dans son comportement et maladivement brutal avec ceux qui pensent différemment de lui. Je trouve étrange, en ce sens, la divergence entre les attaques fréquentes que le système médiatique porte sur le FN à cause du comportement peu démocratique de ses membres et   l'incroyable mansuétude dont bénéficie le PG à cet égard. À croire qu'on a le droit d'être extrémiste tant qu'on ne défend pas la nation. J'avoue qu'ici l’argument est plus de l'ordre de l'impression personnelle que de la réflexion rationnelle. Je n'aime pas non plus Mélenchon parce que je n'ai aucune confiance en lui et pour plusieurs raisons. En premier lieu, je trouve étrange qu'un type qui a défendu Maastricht, l'UE, l'euro et qui a été sénateur socialiste pendant des années se découvre subitement opposant au système à l'heure de la retraite. Je sais bien qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, mais lorsque l'on entend ses discours sur les frontières ou  la nation j'ai comme l'impression qu'il n'a pas beaucoup changé quant à son tréfonds post-nationaliste. On en reparlera avec la question du programme du PG. D'autre part c'est un homme qui refuse en réalité le débat de fond et qui ménage la chèvre et le chou pour maximiser son potentiel électoral sans se soucier de la cohérence de la politique qu'il propose. En ce sens, il est bien un enfant du Mittérandisme, le fond on s'en fout tant qu'on peut se faire élire. Le problème c'est qu'il semble que les Français soient toujours aussi naïfs quand il s'agit de la « gôôche.. », que l'on prononce le mot révolution et voilà nos concitoyens qui retombent en enfance. Ils se sont pourtant fait avoir de nombreuses fois ces trente dernières années. On aurait pu croire que ces expériences leur auraient servi, il n'en est, rien pourtant.

 

Un programme démagogique dans son ensemble

 

Je dois dire que je n'aime guère en général employer le terme démagogique. On l'a tellement employé contre les partisans du protectionnisme ou contre les eurosceptiques que cela rend son usage particulièrement délicat. Mais je n'ai pas trouvé d'autres termes plus appropriés pour décrire rapidement le programme du PG. C'est simplement un programme invraisemblable. Ce n'est pas tant les propositions en elles-mêmes qui posent problème. Certaines devraient d'ailleurs être reprises ailleurs comme la nécessaire hausse des salaires. C'est le fait que soient toujours ignorés les effets commerciaux et macroéconomiques de ces politiques. Que l'on veuille augmenter les salaires, je suis pour, et même deux fois pour, à condition de bien prendre conscience des contraintes que cela engage vis-à-vis de l'extérieur. Or de cela le PG ne parle pas. Ce parti parle correctement de l'augmentation des inégalités et de leur incroyable déchainement ces vingt dernières années, mais il omet volontaire de parler du lien avec l'euro, l’Europe et le libre-échange. Bien évidemment sur ce blog nous savons pertinemment pourquoi le PG n'en parle pas.

Parler de la critique de la mondialisation en dehors de mots creux c'est remettre en cause l'abandon des frontières, or, l'abandon des frontières Mélenchon est profondément pour. J'ai même envie de dire qu'en tant qu'ancien trotskiste, il est même culturellement post-nationaliste. D'ailleurs, l'idée même d'une identité nationale le révulse et pour lui tous les êtres humains sont interchangeables. Quels que soient leur lieu de naissance et leur culture d'origine. Je rappelle ici que les libéraux ont ceci de commun avec les marxistes qu'ils résument l'humanité, son histoire et son comportement à un pur calcul d'intérêt économique. Les uns s’appuyant sur le comportement du marché les autres sur les comportements d'intérêt de classe. Pour ma part je pense humblement que l'économie n'explique pas grand-chose en elle même et qu'elle est surtout la résultante d'autres évolutions bien éloignées du calcul économique. La meilleure preuve étant le suicide actuel des classes sociales dominantes européennes qui par dogmatisme idéologique font tomber leurs nations les unes après les autres. L'euro était un non-sens économique qui a couté fort cher y compris aux riches Européens qui ont perdu du poids à l'échelle mondiale. On ne peut pas tout expliquer par les questions économiques.



Pour en revenir au programme du PG voici les premières mesures économiques:

  • le Smic à 1 700 euros

  • un salaire maximum dans les entreprises publiques et privées. De l'ordre de 1 à 20

  • les 35 heures effectives,

  • le droit à la retraite à 60 ans à taux plein

  • Aucun revenu ne pourra être fixé sous le seuil de pauvreté

 

À première vue comme, je vous l'avais dit, ces mesures je pourrais moi aussi les donner, sauf peut-être les 35heures ou encore la retraite à 60 ans à taux plein. Il est irresponsable en regard de l'évolution démographique de prôner cela alors même que l'on va en plus du vieillissement devoir affronter le changement énergétique provoqué par le pic pétrolier. Pour ce qui est de l'évolution salariale, je pense qu'il faut une hausse d'au moins 30% sur deux ou trois ans. Cependant, il n'est fait nulle part mention des effets de ces relances salariales sur les importations. Or sans dévaluation et sans protectionnisme, la hausse des salaires ne fera qu'enfler un peu plus notre déficit commercial. Si Mélenchon pratique sa hausse salariale sans prendre de précaution il relancera surtout l'emploi en Allemagne et en Chine.

 

J'éviterai de trop parler du côté incroyablement centralisateur et administrativement abusif des propositions de Mélenchon comme par exemple interdire les licenciements boursiers. Ce genre de proposition est tout simplement ridicule, car on voit mal comment en pratique on pourra différencier un licenciement boursier d'un autre. Encore une fois faute de s'attaquer aux causes des problèmes comme la libre circulation des capitaux, des hommes et des marchandises le PG invente des usines à gaz administratives. C'est une vieille tradition de la gauche depuis 1983 et l'ouverture de la page libérale-libertaire de la gauche française. On pourra saluer par contre l’insistance du PG visant à combattre les lois de libération stupide comme le travail le dimanche. Effectivement, toutes ces « libérations » ne sont que des attrape-nigauds réduisant la qualité de vie globale de nos concitoyens sans pour autant améliorer la situation de l'emploi bien au contraire. La flexibilité et l'instabilité des contrats de travail ne font que réduire la propension à consommer et ne font donc que diminuer la demande globale et donc l'investissement des entreprises.

 

On constate la même prétention à la surlégifération dans la question du logement. Vouloir faire en sorte que tout le monde puisse se loger c'est très bien, mais il faut aussi voir le monde tel qu'il est. D'une part si le logement manque en France aujourd'hui ce n'est pas vrai partout et uniformément sur tout le territoire. Dans beaucoup de villes, la bulle va rapidement se dégonfler et ce ne sera pas une mauvaise chose. Ailleurs la pression au logement est liée à deux facteurs, en premier le célibat. On vit de plus en plus seul, or, quand on vit seul on occupe un logement qui autrefois aurait fait cohabiter plusieurs personnes. Il est difficile de mesurer l'impact des célibataires sur le marché du logement, mais il s'agit d'une explication assez rationnelle à cette pénurie de logements. Car la France n'a plus une démographie dynamique, on sait qu'à l'heure actuelle 9 millions de personnes vivent seules dans leur logement. On a affaire à un changement culturel qui produit un effet sur le marché immobilier. Le deuxième facteur que Mélenchon laisse en suspens c'est la question migratoire, ce n'est pas un hasard si Francis Bouygues était un fervent partisan de l'immigration massive, il savait très bien l'impact que cela aurait sur le marché immobilier et sur ses bénéfices. C'est mathématique. L’augmentation continue de la population produit une hausse de la demande qui conduit à une hausse des prix lorsque la production ne peut pas suivre. Or dans certaines régions françaises comme à Paris il y a saturation de l'espace et la création de logement ne suit donc pas la demande provoquée par ces nouveaux venus. De cela, non plus, le PG ne parle pas. Sur les propositions il faut aussi rappeler que les meilleures intentions du monde peuvent parfois avoir des effets contraires à l'effet rechercher. Un seul exemple le PG propose :

 

"Nous revaloriserons l’APL en supprimant le mois de carence de son attribution, son caractère rétroactif, et en indexant le forfait charges sur l’évolution réelle de celles-ci. Pour favoriser l’accès au logement dans le parc privé, nous supprimerons la caution."

 

Que se passerait-il si l'on augmentait l'APL ? Et bien c'est simple, on alimenterait la hausse des loyers. Le PG qui se veut révolutionnaire ne fait en fait qu'accompagner le marché sans jamais en affronter sa légitimité. Pourtant on pourrait ici dire que le marché immobilier est une preuve par l'absurde de l'inefficacité de la logique du marché dans certains domaines économiques. En effet pour qu'il y ait une telle déconnexion entre l'offre et la demande dans certains endroits c'est que le marché fonctionne très mal quand il est livré à lui même. Pourtant que propose le PG ? D'augmenter les APL, APL qui ont été inventé par monsieur Barre dans les années 70 et cela dans le but inavoué de favoriser la hausse du prix du m². Pourquoi ne pas geler simplement les loyers sur une période de dix ans puis indexer leur évolution sur le taux d'inflation ? Ne serait-ce pas plus efficace que cette nouvelle usine à gaz que le PG nous sort ? Je vous renvoie au texte du programme. Quant à la construction de logement, il faut bien comprendre que si les gens ont souvent du mal à se loger c'est surtout parce qu'ils ont du mal à avoir un emploi stable. Régler la question de l'emploi c'est aussi régler la question du logement.

 

Passons aux choses sérieuses.

 

Sur la finance le PG continue ses propositions évasives et floues. Ainsi on a certes droit à une critique de la libre circulation des capitaux, mais on ne voit nulle part le retour au contrôle des frontières sur les capitaux sauf à l'échelle européenne irréaliste. Là encore, face à la dure réalité, nos amis d'extrême gauche inventent une usine à gaz pour éviter d'affronter ce qui leur fait si peur « La frontière ». On a droit à ces mesures :

 

« Adoption d’une loi portant sur la création d’un pôle public financier transformant notamment la politique et les critères du crédit.

Placement sous contrôle social des banques privées qui ne respecteraient pas la nouvelle réglementation en matière de lutte contre la spéculation et la financiarisation de notre économie (Usine à Gaz)

Blocage des échanges de capitaux avec les paradis fiscaux (quelle est la définition d'un paradis fiscal pour le PG ? Il suffit qu'un impôt soit légèrement plus bas dans le pays voisin pour que les capitaux aillent s'y installer. )

Réforme de la fiscalité : suppression du bouclier fiscal, augmentation de l’ISF et de l’impôt sur les revenus du capital, taxation des revenus financiers des entreprises, mise en place du principe de modulation de l’impôt sur les sociétés et du taux des cotisations sociales patronales en fonction des objectifs d’emploi, de formation et de salaires de l’entreprise Suppression des exonérations de cotisations sociales patronales qui ont montré leur inefficacité.

Création d’un Fonds national et de fonds régionaux pour l’emploi et la formation. »

 

« Transformation des missions, de la politique monétaire et de la gouvernance de la Banque centrale européenne (BCE) (On fait comment en pratique???)et de la Banque de France et création d’un Fonds européen de développement social, écologique et solidaire pour

l’expansion des services publics, de l’emploi et des qualifications.

Création de pouvoirs nouveaux pour les salariés et leurs représentants dans la gestion de leur entreprise, ainsi que des citoyens dans les institutions bancaires et les collectivités territoriales. »( De quels pouvoirs parlent-ils??) 

 

 

Comme vous pouvez le voir, ces propositions sont très floues et elles n'abordent aucunement le cœur du problème qui a pourtant été évoqué puisque le texte du PG critique la libre circulation des capitaux. J'aime autant vous dire que taxer simplement, ou limiter les montants en entrée et en sortie du territoire national, c'est infiniment plus simple et moins couteux que de faire ce que propose le PG. Et en plus c'est faisable sur le plan purement national. Transformer la BCE c'est un mensonge éhonté. Jamais les Allemands ne l'accepteront auquel cas le plan de Mélenchon tombe à l'eau. Quant à sa logique d'interdiction de travailler avec les paradis fiscaux elle est purement démagogique. D'une part, elle ne respecte pas la souveraineté des autres nations qui n'ont pas à adopter nos traditions fiscales, ensuite elle est trop floue sur la définition d'un paradis fiscal. Encore une fois, il n'y a que deux possibilités pour résoudre le problème de la fuite fiscale. Soit on impose à la planète entière le même taux d'imposition et l'on viole alors la souveraineté des nations. Soit on contrôle aux frontières l'entrée et la sortie des capitaux en les taxant ou en les limitant quantitativement. Chose que l'on faisait couramment jusqu'aux années 70-80 sans que cela ne pose alors de problèmes.

 

L'argent et les entreprises selon le PG

 

C'est en lisant la partie qui parle du financement des entreprises que l'on constate le caractère erroné du diagnostic du PG quant à l'origine de la désindustrialisation du pays.

 

« Nous proposerons des mesures précises pour désintoxiquer les entreprises de la finance et pour mettre fin à la déstructuration du marché du travail et à la désindustrialisation du pays. » 

 

On voit ici l'influence d'un Jacques Généreux et de certains économistes marxistes membre d'ATTAC. Pour eux c'est la finance qui est à l'origine du problème, comme pour notre économiste gourou du Web Paul Jorion. Pour moi et pour tous ceux qui parlent de protectionnisme commercial, la finance n'est qu'un effet secondaire à la question du commerce. Même si le financement des entreprises est loin d'être un facteur négligeable, ce n'est pas le cœur du problème.

 

Et encore une fois pour éviter de parler de protectionnisme on sort l'usine à gaz. Je vous laisse juger par vous même :

 

« Nous modulerons l’impôt sur les sociétés et le taux des cotisations sociales afin d’inciter les entreprises à développer la valeur ajoutée, les formations, les salaires et l’emploi, en pénalisant les entreprises qui délocalisent, développent leurs placements financiers, ou se servent des nouvelles technologies pour supprimer des emplois et dégrader les

conditions de travail. » (C'est pourtant tellement plus simple de taxer les produits importés , de mettre des quotas ou de dévaluer!)

 

Décidément la troupe de Mélenchon a vraiment décidé d'inverser la théorie du rasoir d'Ockham. Plus c'est compliqué, mieux c'est. Ils ont quand même réussi à dire qu'il faut mettre fin aux délocalisations sans sortir le mot qui fâche.

 

Il faut dire que le PG aime quand même quelques frontières. Celles de l'UE lui paraissent acceptables. Il parle donc de contrôle des capitaux aux frontières de l'UE, c'est loin c'est irréalisable, ils le savent donc ils en parlent sans vraiment être sérieux. Il est étonnant de voir à quel point les gens de gauche prônent uniquement dans le lointain des politiques qu'ils pourraient pourtant réaliser ici même à l'échelle de la France. Et c'est là d'ailleurs que l'on passe dans le surréaliste.

 

«  possibilité que les banques centrales contribuent directement au financement des biens et des services publics ; obligation de détention de titres de la dette publique par les institutions financières ; abrogation du Pacte de stabilité et du Pacte pour l’Euro+ pour ouvrir la voie à un nouveau Pacte européen de progrès social et de codéveloppement. »

 

Là on se rit en pensant à Mélenchon exhortant les Allemands à supprimer le pacte de stabilité. On notera que dans le document il n'est fait nulle part mention d'un plan B en cas d'échec des négociations. Échec qui a pourtant 99% de chance de se produire. Mélenchon est-il croyant pour être aveugle à ce point à la réalité? On trouve d'ailleurs d'autres absurdités sur l'UE vers la fin des propositions. Avec un passage édifiant qui nous dit que l'Europe doit être laïque ! Et pourquoi pas Française tant qu'on y est. La laïcité est un concept français qui correspond à notre histoire, mais pas à celle de nos voisins. Défendre son identité nationale c'est bien. Vouloir l'imposer aux autres ça l'est beaucoup moins. On voit ici le caractère dangereux de l'universalisme produit de l'esprit égalitariste de certains Français. On fait de grands discours sur la différence et on passe son temps à vouloir la détruire.

 

Autre proposition, toujours sur la BCE :

 

« Nous agirons en même temps pour changer les traités européens, afin de mettre un terme à l’indépendance de la BCE vis-à-vis des instances démocratiques nationales et européennes, et pour que sa mission, sa politique monétaire et de crédit donnent la priorité à l’emploi et au développement humain durable. »

 

Une petite remarque il n'y a pas vraiment d'instance démocratique européenne puisqu'il n'y a pas de peuple européen et encore moins d'intérêt convergent. Mais quelle direction la BCE devra-t-elle prendre ? Si l'Allemagne est en situation de plein emploi et que la France a un énorme chômage. Quelle politique la BCE devra-t-elle suivre ? Une politique inflationniste, mais créatrice d'emploi au détriment du pouvoir d'achat des Allemands ? Ou une politique de réduction de l'inflation visant à maintenir une masse monétaire à une faible croissance. Et ainsi produire une aggravation du chômage en France. Mélenchon et son parti n'ont pas compris la nature définitivement mortelle de l'euro pour notre continent. À cause de leur égalitarisme latent, ils sont incapables de voir que les peuples d'Europe divergent et ne sont donc pas capables de partager la même monnaie.

 

 

Les relocalisations

 

Dernières parties de cette critique, la question des relocalisations. On notera au préalable qu'il n'y a aucune construction logique dans le programme du PG, c'est un assemblage de proposition sans ligne directrice apparente à l'image de ce que font les partis du centre. Ainsi on ne fait jamais prendre conscience au lecteur des contraintes macroéconomiques, et commerciales, s’astreignant à nous. On fait croire que l'on peut augmenter comme çà les salaires sans se soucier de la balance des paiements. C'est prendre vraiment les électeurs pour des imbéciles, mais passons.

 

Pour éviter de parler de protectionnisme Mélenchons agite la taxe kilométrique.

 

« des prélèvements nationaux concertés sur les réimportations en Europe de productions délocalisées, une taxe « kilométrique » de manière à réduire les transports de marchandises évitables. »

Les gens qui ont fait cette proposition n'imaginent pas la complexité de fabrication des appareils actuels et la difficulté qu'il y aurait à mettre en place une telle taxe. Le diable est dans les détails et il est nettement plus simple encore une fois de taxer les produits entrant sur le territoire national ou d'en limiter les quantités en volume. Il faut arrêter de faire des propositions en évitant de parler des contraintes d'applications des politiques proposées.

 

Plus généralement le PG a mis un cache-sexe vert pomme à son protectionnisme. Sous la couleur verte, le protectionnisme c'est plus vendable, se disent surement les types qui ont conçu le programme du PG. Sauf que les propositions faites sont insuffisantes et difficilement applicables telles quelles. Elles sont en plus noyées derrière d'autres considérations et elles ne sont pas mises en avant. On voit parler d'une forme de protectionnisme commerciale à la 15e page d'un texte de proposition qui en contient 38, c'est dire si le protectionnisme commercial et la relocalisation sont une priorité du PG. Avec l'urgence du déficit commercial, un homme politique responsable devrait au contraire centrer ses propositions autour du protectionnisme commercial. Et non en faire quelque chose de secondaire. Ce choix révèle à mon humble avis les vraies priorités du PG .

 

Autre point, le PG semble lui aussi croire à la montée en gamme technologique. La fameuse chimère de l'économie post-industrielle. Pour sa politique industrielle, le PG semble avoir une vision totalement centralisatrice de l'économie. À les écouter, il suffirait de créer des usines grâce à l'état pour mettre en place une industrie. Comme si celle-ci pouvait être concurrentielle sans protectionnisme aux frontières. En vérité, la simple annonce d'une mise en place progressive de barrière douanière et de quotas suffira à relancer l'investissement industriel sur notre territoire. Nul besoin de réinventer le Gosplan.

 

Vers une gauche gagnante et un nouveau 1981-83 ?

 

Nous nous dirigeons probablement vers la victoire de la gauche pour 2012, mais nous ne savons pas encore quel sera le tiercé gagnant. Le rêve de Mélenchon est probablement de jouer le rôle du PCF en 1981, avec Hollande dans le rôle de Mitterrand . Je crains malheureusement que l'expérience ne se termine très mal pour la France comme en 83 et que le PG dans une telle configuration et avec un tel programme ne condamne à long terme toute véritable politique alternative. En effet, quoi de mieux pour discréditer des politiques de relance et de protectionnisme qu'un programme incohérent truffé de mesures contradictoires pour persuader définitivement les Français que décidément il n'y a rien en dehors du néolibéralisme. En définitive puisque le FN ne peut en aucun cas gagner ou aller au pouvoir je crois que le PG est actuellement le parti le plus dangereux pour l'avenir de la France. Sa participation au pouvoir et l'application de ses idées provoqueraient un blocage peut-être définitif de la politique économique en France. Cela tuerait toute véritable alternative à l'avenir.

 


Remarque :

 

Je n'ai pas parlé de l'immigration. Le texte était déjà trop long. Il faut savoir que la PG est un parti pro-immigration comme explicitement dit dans ce court passage :

 

« Nous rétablirons la carte unique de 10 ans et le droit au regroupement familial, conditions d’une vie digne. Nous abrogerons les lois successives sur l’immigration adoptées par la droite depuis 2002 et nous procéderons à une refonte du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (Ceseda). Nous régulariserons les sans-papiers dont le nombre a augmenté du seul fait des réformes de la droite. Nous décriminaliserons le séjour irrégulier,nous fermerons les centres de rétention, nous rétablirons le droit au séjour pour raison médicale. »

 

Il s'agit là de propositions totalement irresponsables et en contradiction avec les multiples propositions visant à améliorer la situation de l'emploi ou le logement. Le patronat va finir par voter PG.

 *Vous pouvez lire la totalité du programme sur cette adresse: LE PG

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22 décembre 2011 4 22 /12 /décembre /2011 23:00

 

default.jpegLes centristes sont à nouveau les stars de la politique française si l'on se fit aux sondages médiatiques. Bayrou, Villepin, Hollande, Joly, que des centristes en vérité qui cherche par tous les moyens à mélanger la chèvre et le chou. C'est une étrange chose que de voir des politiques se disputer un électorat qui en réalité est en phase d'éclatement. Car en période de crise ce n'est généralement pas vers le centre que les populations se tournent. Le centre c'est bien lorsque le conservatisme ne semble pas poser problème. Lorsqu'il n'y a pas à réfléchir plus avant. Et lorsque les remèdes économiques et politiques « magiques », car non issu d'une réelle réflexion analytique, semblent pourvoir aux besoins courants de la société. En réalité les centristes sont probablement les plus mal armés pour affronter la prochaine élection tant leurs contradictions apparaissent de façon limpide au regard des événements qui se jouent actuellement. Je fais une petite précision cependant. Pour moi les centristes ne se résument pas à l'ex-UDF. Le centrisme va du Modem au PS en passant par les verts ou le pseudo-gaulliste Villepin. Le centrisme c'est pour moi, avant tout, l'idée très germanique que tout peut se régler sans conflit, que l'on peut trouver toujours un juste milieu et que l'on n’a alors pas besoin de trancher réellement les problèmes. Le centriste c'est le type qui pense raisonnable le fait de croire qu'il est possible de réconcilier capital et travail sans heurt. Un type pour qui le conflit est la pire des choses qui soit. En réalité et sans le savoir, nos amis centristes n'ont rien compris à la démocratie. Celle-ci ne prône pas le consensus, mais elle rend civilisé l'affrontement des intérêts divergents au sein de la société. La démocratie polit les affrontements, elle ne les supprime pas.

 

En refusant par nature le conflit de classe qui est pourtant une triste réalité de notre monde, les centristes se font le plus souvent les alliés des puissants et des intérêts installés.   Ce n'est donc pas très étonnant de voir le rôle énorme qu'ont joué des centristes dans la construction européenne. Une construction qui elle aussi quelque part cherche le consensus absolu et la négation de l'affrontement des intérêts pourtant divergents entre les puissances européennes. C'est donc assez étrange de voir les centristes se présenter comme des outsiders dans les médias alors même que nous sortons d'un monde totalement dominer par la non-politique et l'eurobéatitude des centristes qui ont intellectuellement dominé le continent depuis 40 ans. Voir Bayrou en superman pourfendant la dette avec son discours qui se résume à dire « Je vous avais prévenu du danger de la dette » est une provocation involontaire au mieux, une sinistre farce au pire. Allons donc! Bayrou a-t-il oublié le discours d'un certain Raymond Barre, premier ministre centriste. Raymond Barre qui parlait déjà de la dette dans les années 70 et qui fustigeait la dépense publique responsable de tous les maux sans jamais voir ce qui la produisait réellement. Promettant aux Français une sortie de tunnel après les purges. Une sortie que les Français attendent toujours, mais des Français qui connaissent bien les parois du tunnel depuis trente ans. Il fut le premier ministre d'un certain président centriste qui est à l'origine à la fois de la privatisation de l'émission monétaire et qui est également l'homme qui a conçu le fameux TCE rejeté par les Français. Monsieur Bayrou a-t-il oublié par quel parti politique les idées néolibérales et le consensus de Washington se sont introduits en France ? Et Jacques Delors qui fut le plus centriste des socialistes n'est-il pas le papa de l'euro et de toutes ces stupidités qui ont conduit notre peuple à ce niveau de déchéance ? Un peu de pudeur ne ferait pas de mal à certains. Bayrou et compagnie ferait mieux d'arrêter de faire perdre leur temps aux électeurs. Non-monsieur Bayrou la dette n'est pas le fruit de l'excès de dépense publique, cela n'a rigoureusement jamais été le cas en France. Elle est le fruit de la privatisation monétaire organisé par vos maîtres à penser, ainsi que le résultat de trente ans de politique de rigueur et de monnaie forte.

 

Il faut sauver l'Europe, tel est leur credo

 

Le pire dans tout cela c'est que les pauvres n'ont toujours rien compris à la crise actuelle. Car les pauvres centristes motivés par leur croisade contre le mal, pardon contre la dette, n'ont pas encore fait le lien entre l'euro, la dette, le libre-échange et les délocalisations. On peut faire un grand discours sur la nécessité de réduire la dette, tout en prônant une politique de croissance et de réindustrialisation, tout en continuant à prôner l'euro fort qui nous protège et en s'opposant au protectionnisme. Comprenne qui pourra. À la question « Comment réindustrialiser ? » vous pouvez être certain de recevoir un discours visqueux visant à noyer le poisson, la contradiction du propos étant patente. Mais que voulez-vous, il est bien difficile de trouver un juste milieu entre des intérêts qui s'opposent ceux de la rente et ceux des salariés. Puisque la réalité s'oppose à l'objectif de réconciliation des intérêts que recherchent les centristes, ils vont nier cette réalité dans leur discours et tenir des propos contradictoires et illogiques. C'est ici clairement leur plus grave faiblesse en plus de leur nombre protubérant.

 

Oui, car l'autre problème de nos amis centristes c'est leur nombre. Tout se passe comme si le PS, le Modem, Europe Écologie et Villepin se disputaient l'électorat rétréci qui compose le centre. Un électorat qui accroit son attractivité politique inversement à l'évolution de son poids réel dans l'électorat. Plus la crise s'aggrave, moins la population recherche des solutions centristes et plus il semble que les dirigeants luttent pour le centre laissant le gros de l'électorat aux mains des quelques partis plus couillus. Il s'agit là d'un énième exemple de la non-rationalité des individus, il faut croire. Les rares sondages demandant aux Français s'ils sont pour le protectionnisme étant pourtant largement favorable à ces thèses on ne voit pourtant guère d'élite du centre, en dehors de quelques exceptions, en faire l'apologie. Si les élus n'étaient réellement mus que par la notion d'intérêt électoral, ils devraient pourtant en toute logique courir vers les propositions protectionnistes. Ce n'est pourtant pas le cas. On voit même poindre un discours snob qui contredit systématiquement les croyances ou les désirs populaires.

 

L'anti-populisme primaire, un fondement du centrisme et de nos élites

 

C'est que chez les centristes on est tout de même des gens « sérieux ». Du moins le croit-on. Et comment juge-t-on du sérieux des politiques chez les centristes ? De l'éloignement du discours envers les propos dits populistes qu'en d'autres temps nous aurions appelé populaire. En vérité, je crois que les centristes et la classe politique française plus généralement ont construit leurs analyses politiques sur deux concepts. Le premier est qu'il faut toujours partir du principe que la population est bête et qu'elle a toujours tort. Deuxièmement qu'une politique doit toujours se fonder sur l'inversion de la théorie du rasoir d’Occam. En clair que la solution la plus compliquée, celle qui est la plus alambiquée, sera celle qui correspondra le plus à la vérité. De fait le libre-échange responsable du déclin industriel c'est trop simple pour être vrai, la réalité est forcément plus complexe que cela. On pourrait appeler ce principe la théorie de la pilosité d'Occam pour plaisanter, mais il semble sérieusement que pour les centristes, et plus généralement pour nos élites une thèse trop simple ne peut en aucun cas être la vérité. Un peu comme si la simplicité était un concept opposé à la raison , ce qui est absurde puisqu'en réalité ce qui se comprend aisément s'énonce simplement. De cet état esprit l'on peut expliquer la préférence de nos élites pour la complexité des explications, voire pour l'ésotérisme et les raisonnements boiteux, mais riches en contenus.

 

Le fondement de cette préférence pour la complexité à une autre source c'est celle de l'adoration pour l'élitisme. Un élitisme qui confine à l’exception, seuls les érudits peuvent comprendre, les savants doivent agir au nom de la masse incapable de comprendre la profondeur de ses raisonnements. Le sérieux d'un propos n'est plus jugé sur sa pertinence et sa validité face aux faits mesurables et quantifiables, mais uniquement en fonction de sa complexité et de son niveau d'obscurité et d'abstraction apparente. Dans ce contexte l'on comprend mieux le succès des délires libéraux complètement faux quand on les compare aux données réelles, mais tellement capables d'élucubration mathématiques et de concepts complexes qu'ils devaient forcément paraître « sérieux » aux yeux de nos élites et de nos centristes adorés. Cependant cette préférence pour les raisonnements complexes et mal bâtit, provient plus certainement d'un mépris pour la masse que d'une réelle passion pour la rhétorique verbale.

 

De fait, il n'est guère étonnant de voir la passion de nos élites et particulièrement celle des centristes pour la cause européenne. L'Europe étant elle même la quintessence absolue du deuxième concept que je viens d'énoncer. Hélas pour eux la démocratie s'est justement construite contre les clercs et les sachant. Leur Europe, faite de technocrates pseudo-savant, est en complète contradiction avec l'idée même de la démocratie. Et de cela, les peuples d’Europe commencent enfin à s'en rendre compte. Mais on comprendra tout l'attachement d'un Bayrou ou d'un Hollande à la bouée européenne, car si elle coule c'est tout le sérieux des apparences de nos élites qui coule avec elle. Le problème, c'est que, comme nous l'avons vu souvent sur ce blog, nos élites sont prêtes à tout pour parvenir à maintenir leur illusion de sérieux. Et si elles doivent nous tuer, je crois que malheureusement elles n'hésiteront pas longtemps pour le faire.

 

Et les élections alors ?

 

Pour en revenir à la question de base je ne crois pas un instant à la présence d'un Bayrou ou d'un Villepin au deuxième tour des élections. Je crois au contraire que les gens « raisonnables » ont déjà choisi leurs camps, c'est celui du PS et de François Hollande. Mais la prochaine élection ne se jouera pas sur cet électorat en perdition, mais bien plutôt sur cette masse croissante de désespérées et sur sa réaction aux prochaines élections. Il y a deux types de réaction possible. La première est une réaction de rejet de l’intelligentsia qui l'a amplement mérité. Malheureusement pour nous il semble bien que ce soit vers le FN que l'énergie de ce rejet risque d'aller. Ce qui n'aura comme seule conséquence que de permettre la réélection assez large d'un apparatchik du système au deuxième tour des élections. En effet, le FN parti des contestataires n'aura jamais la capacité de rassembler suffisamment d'électeurs pour gagner un deuxième tour d'élection présidentielle. Ou bien la deuxième possibilité est tout simplement un abandon de la politique et une poussée abstentionniste comme on n’en a jamais vu dans ce pays aux élections présidentielles. Il existe une troisième hypothèse bien sûr celle qui verrait un parti alternatif bénéficier du vote de contestation pour faire son trou, mais j'ai de sérieux doutes quant à la vraisemblance de cette hypothèse. Quoi qu'il en soit ce retour des centristes dans le débat politique n'est qu'une illusion comme on le verra lors de l'élection. J'ai d'ailleurs déjà dit en 2007 que le modem s'effondrerait une fois l'élection passée, je ne me suis guère trompé à l'époque. Bayrou 2007 avait bénéficié de l'effet rejet des deux autres zigotos. Il n'y avait pas d'attachement aux idées de Bayrou. Cette fois ce sera encore plus dur puisque ce sont les croyances mêmes de Bayrou et de son parti qui sont en cause avec la crise. Je le vois donc mal grimper en haut de l'échelle avec des discours libéraux européistes aux prochaines élections. Quant à ses propos sur la nécessaire réindustrialisation, c'est une proposition en complète opposition avec les politiques macroéconomiques qu'il donne. Les Français ne sont pas nécessairement aussi bêtes qu'il le pense.

 

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