Blog parlant d'économie vue sous une orientation souverainiste et protectionniste.
La campagne des Européennes a donc commencé. On remarque tout de suite l'explosion des discours tous plus grotesques, et irréalistes, les uns que les autres. Peu de candidats veulent rompre avec la construction européenne alors que c'est la seule solution pour sauver le pays. Mais les médias étant ce qu'ils sont, c'est à dire inféodé aux classes sociales dominantes, c'est de nouveau la vieille lune de l'autre Europe qui remplit les discours de nos candidats à commencer par ceux prétendument de gauche. Pour ceux qui ne le sauraient pas, ou qui auraient une mémoire de poisson rouge, l'autre Europe c'était déjà le discours des socialistes dans les années 70-80 . C'est dire si la méthode est éculée. Mais c'est assez symptomatique de la démission générale des prétendus élites qui dirigent, ou plutôt font semblant de diriger ce pays. Ils veulent véritablement la mort de la France en tant qu'entité politique. Ce n'est jamais dit ainsi directement, mais tout montre dans leur comportement cette volonté en particulier chez monsieur Macron qui ne manque aucune occasion pour rabaisser le pays. On notera d'ailleurs le grand silence général sur la volonté de supprimer les droits de veto des états membres, une volonté de transformer l'UE en un état fédéral sans peuple, une première dans l'histoire.
Nous en avons une nouvelle preuve de cette volonté d'abaissement du pays en ce moment même, puisque Macron en bon vassal qu'il est, a voulu faire venir la pathétique Von der Leyen lors de sa rencontre avec le dirigeant chinois. Cela jure un petit peu avec la visite du chancelier allemand en Chine dernièrement où il n'y avait aucun dignitaire européen, ni même un seul drapeau européen . C'est que les élites allemandes n'ont visiblement pas envie de dissoudre leur pays dans l'UE et c'est très vraisemblablement le cas de la plupart des pays membres. Cet acharnement à vouloir aller contre les intérêts du pays de la part de ceux qui sont censés le représenter est vraiment très curieux. Sûrement un des effets du nihilisme dont parlait Emmanuel Todd. Mais il atteint en France un niveau extrêmement préoccupant pour l'avenir du pays. Même aux USA il reste quelque bribe de notion de défense de l'intérêt nationale. Je dis bien quelques bribes, car c'est plus verbal qu'autre chose. En France on peut être ouvertement antifrançais, contre les intérêts de la nation et êtres candidat aux Européennes ou à la présidentielle. À l'image de monsieur Gluksmann qui se sent plus chez lui à New York ou à Berlin qu'en Picardie. On se demande bien pourquoi il est candidat chez nous du coup. C'est assez symptomatique du problème de la France qui est géré depuis des décennies par une population qui n'a plus aucune attache avec notre nation. Il ne faut donc guère attendre autre chose que des discours ignorant parfaitement l'intérêt supérieur de la nation.
Cependant, cette situation ne serait pas possible si les Français en général avaient globalement gardé une colonne vertébrale nationale. En un sens le vide des élites c'est aussi la résultante du vide patriotique qui touche la population française persuadée que la nation et les frontières c'est le mal absolu. Et la poussée du RN ne signifie pas automatiquement un réveil du patriotisme français. Tout juste peut-on noter une réaction épidermique face aux conséquences du néolibéralisme et de la construction européenne sans une véritable prise de conscience de la nécessité d'un patriotisme minimal. Nous devons avoir en tête les gilets jaunes qui furent incapables d’articuler une pensée collective cohérente sur ces sujets à part leur slogan inlassable sur le RIC. Cette jacquerie moderne a en un sens montré l'état mental de la population française fatigué par 50 ans de libre-échange et de dérégulation économique, mais qui n'est plus capable d'avoir des projets collectifs parce que l'esprit patriotique est en lambeau.
L'UE est un outil des élites contre la population française
Et cette absence d'esprit collectif extrêmement fort dans notre pays se traduit par ces postures électorales ridicules. Ainsi tous les candidats ou presque veulent maintenant protéger les Français et l'industrie. Il faut dire que les chiffres du commerce extérieur sont tellement catastrophiques qu'il devient difficile de les camoufler. Rendez-vous compte, la France arrive même à avoir des déficits commerciaux avec les USA, chose rarissime sur terre. Il s'agit ici probablement d'un des effets du suicide collectifs consistant à importer du gaz naturel liquéfié US beaucoup plus chers que son équivalent russe. On notera d'ailleurs que cette stratégie à court terme d'importation est d'autant plus absurde que la production de gaz aux USA vient d'atteindre son plafond et qu'elle risque de vite descendre dans les années qui viennent. Le gaz de schiste étant en grande partie une très coûteuse aventure sur le plan environnemental à la durée de vie très limitée. Du reste, la France qui a renoncé à 'exploiter son sol avec les techniques de fracturation au nom des questions écologistes ne semble pas très cohérente en important ce même type de gaz, mais exploité ailleurs. Mais bon les modernes montrent très largement que les incohérences sont comme une marque de fabrique qui les caractérise.
Cette accumulation de déficits qu'ils soient commerciaux ou publics. Ainsi que la crise économique profonde dans laquelle nous sommes entrés avec un PIB qui maintenant n'aura plus de croissance, et qui probablement va décroître dans les années qui viennent poussent les candidats aux élections à des réactions au moins verbales face aux électeurs. Seulement voilà, les problèmes que la France accumule ne sont pas le fruit du hasard, mais d'un choix structurel lié à la construction européenne. Chose qu'aucun grand candidat ne dira ou n'assumera, car la rupture avec l'UE et l'euro signifie en grande partie la mort sociale, médiatique et politique en France. On a régulièrement parlé de la construction européenne sur ce blog, je n'ai jamais caché mon hostilité à cette structure qui est une nuisance absolue pour notre pays, mais aussi pour l'ensemble du continent. Et si les USA ont été en grande partie les instigateurs de la construction européenne à leur profit il ne faut pas non plus oublier le rôle très important qu'ont tenu les élites françaises dans la construction de cette superstructure. On pense bien sûr ici à Robert Schuman et à Jean Monnet. Mais dès la disparition du général de Gaulle, c'est toute la France d'en haut qui se jette sur la construction européenne en plein milieu de la crise inflationniste des années 70, et ce n'est pas un hasard.
En effet à l'époque, ce qu'avait prédit Keynes était en train de se réaliser. L'inflation allait tuer la rente. La contre-révolution néolibérale fut la réaction des possédants à cette mécanique qui était sur le point d'assassiner le club des super-riches occidentaux. Leurs réactions furent la dérégulation financière et commerciale à partir du milieu des années 70. Cependant si ces politiques ont été faciles à mettre en œuvre aux USA et en Grande-Bretagne, en Europe et particulièrement en France c'était autrement plus compliqué. Nous avions encore des partis communistes puissants et de Gaulle avait laissé à droite un héritage patriotique important sur le plan politique. Il fallait donc une stratégie pour faire la révolution néolibérale sans vraiment l'assumer. L'Europe a été l'outil que les élites françaises ont utilisé. De manière assez affirmée sous Giscard et de manières plus camouflées sous Mitterrand. Ceux qui vous parlent aujourd'hui de l'Europe qui protège oublient qu'en réalité c'est par l'Union européenne que le libre-échange et la dérégulation financière sont rentrés en France pour le plus grand plaisir des rentiers et des milliardaires locaux.
L'Europe qui protège c'était la CEE, celle des six pays fondateurs d'avant l'entrée de la Grande-Bretagne, quand il y avait encore un tarif extérieur commun et que le marché unique n'existait pas. Autant dire qu'elle n'existe plus depuis longtemps. Le marché européen est aujourd'hui extrêmement hétérogène et engendre d'immenses déformations de concurrence interne, spécialisant chaque état dans certaines activités et produisant d'immenses souffrances sociales et économiques. Les gens qui parlent de protectionnisme européen pour sauver l'industrie française se foutent vraiment des Français. Si la Chine est effectivement le pays qui a les plus gros excédents avec la France, il ne faut pas oublier que notre pays a des déficits commerciaux avec la plupart de ses « partenaires » européens. Un petit coup d’œil sur les statistiques de l'INSEE montre l'inanité du protectionnisme européen pour la France. On pourrait se dire que cela réduirait au moins notre déficit avec la Chine, mais il est très probable qu'en réalité on réduirait nos importations chinoises pour accroître nos importations de République tchèque d'Allemagne ou de Pologne à la place. Parce que dans le système européen la France n'a aucun avantage comparatif, elle n'a même plus son électricité moins chère grâce au marché européen de l'énergie.
La construction européenne est une structure qui a été utilisée pour favoriser les intérêts des actionnaires et des rentiers en France. Telle fut la réelle motivation des décideurs et des couches sociales dominantes. Vous ne pouvez donc pas réclamer à ces mêmes couches sociales qu'elles abandonnent ce qui leur permet de vivre comme des nababs en France. C'est pour cela que tout le discours européiste sur l'Europe qui protège est à mes yeux un oxymore, pour ne pas dire une insulte à l'intelligence. L'UE fut l'instrument de notre asservissement, de la destruction des couches populaires et des classes moyennes. Elle a ruiné l'industrie du pays, mais produit d'immenses fortunes peu sujettes à l'impôt grâce à la libre circulation des capitaux européens. Il n'y a donc strictement rien à attendre de la construction européenne sur ces sujets. Quant au protectionnisme européen même s'il advenait, ce qui est très peu probable, il ne peut en aucun cas résoudre la situation industrielle de notre pays qui continuerait à être détruite par la concurrence des autres pays de la zone euro.