Alors que les politiciens se disputent maintenant pour savoir qui doit former le gouvernement avec un Emmanuel Macron en extase devant les conséquences de sa dissolution. La situation de la France continue de ses détériorés sur le plan économique. Le pays connaît en ce moment une quantité de faillites équivalent à celui de la crise de 2008-09. L'explosion du prix de l'électricité semble avoir un effet absolument dévastateur sur la production nationale. Il faut dire que dans le système européen avec la monnaie unique chaque pays s'est spécialisé en fonction de ses avantages. J'en vais longuement parler dans ce texte sur la zone euro et ses conséquences. De fait, la France n'avait aucun avantage comparatif réel lorsque l'on a fait l'euro. Nous n'avons pas la meilleure position géographique, nous n'avions pas la base industrielle la plus large et contrairement à l'Allemagne nous n'avions pas de pays pauvres pouvant servir de machine à abaisser les coûts de production sous la main comme les pays de l'Est. La France avait bien un avantage cependant, c'était celui de la production électrique nucléaire qui permettait aux entreprises du pays d'avoir accès à une électricité moins chère que chez nos voisins.
Malheureusement comme vous le savez déjà, les prix de l'électricité française sont maintenant très élevés grâce à vingt de déconstruction de notre système de production électrique, d'EDF et grâce au grotesque marché européen de l'énergie. La France se retrouve donc à poil, si je puis dire, sans plus aucun avantage réel. Le résultat, on le connaît, c'est la hausse vertigineuse de notre déficit commercial qui n'est plus à l'équilibre depuis plus de vingt ans maintenant. En effet, il faut remonter à 2004-2005 pour voir une balance à l'équilibre. Étrangement, la question du déficit commercial et de la désindustrialisation du pays n'a pas du tout été abordée lors des deux élections qui viennent de se tenir. La dette publique on en parle, mais la balance commerciale qui est bien plus importante ce fut le silence radio. La gauche a gagné en ignorant totalement la question parlant de hausse des salaires et de la demande intérieure et ignorant parfaitement la question des grands équilibres. Comme si cela n'avait aucune importance. À droite ce n'est guère mieux le RN n'avait que des propositions relativement superficielles sur la question. Quant au centre, n'en parlons pas puisque Macron et son gouvernement prétendent avoir un bon bilan économique. Il est pourtant assez désastreux. Emmanuel Macron est l'homme qui a fait le plus augmenter la dette du pays sans effets pour la production nationale. Car c'est bien là qu'il faut insister. L'endettement en lui-même n'est pas nécessairement un problème. Si cet endettement permet de développer des capacités de production et d'accroissement des richesses nationales produites.
Le vrai problème c'est que Macron a endetté le pays sans aucun effet sur la production nationale. Si cet endettement avait servi à augmenter notre production nationale et à réduire nos besoins d'importations, nous ne serions pas dans une situation aussi dramatique. Malheureusement, il n'en est rien et cette question n'a même pas été abordée pendant les débats nationaux. Comme l'a très bien dit Emmanuel Todd, la France tout comme la plupart des pays occidentaux est devenue un pays de consommateurs. Nous ne produisons plus grand-chose et la situation commerciale s'en ressent. Les hommes politiques, surtout de gauche, n'ont, semble-t-il, toujours pas compris le problème. Pourtant on aurait pu espérer qu'après la crise du Covid et la guerre en Ukraine, la question de la production nationale, et de la nécessité de réindustrialiser, devienne la question prioritaire, ce n'est pourtant pas le cas. Car avant de relancer la demande, il faut bien évidemment s'occuper de l'offre. La question ne se poserait évidemment pas si nous étions dans la situation de la Chine ou de l'Allemagne, mais ce n'est pas le cas.
Politique de relance et réindustrialisation
Alors est-ce que pour autant il faut une politique de contrition économique et de réduction de la dépense publique ? La réponse est évidemment non. Malheureusement, la France va probablement être condamnée pour déficit excessif. Là encore il n'y a eu aucun débat pendant les élections qui se sont déroulées comme si la France était encore un état indépendant avec sa monnaie et le contrôle de ses frontières alors qu'elle n'est qu'une petite région de l'UE comme l'on voulut nos élites de droite comme de gauche. Je crois que ce qui m'agace le plus dans notre situation est l'hypocrisie générale des politiciens qui n'assument jamais vraiment leur choix. L'Europe est une contrainte que tous ceux qui se disputent aujourd'hui les postes au gouvernement ont voulue, pourtant aucun d'entre eux n'en tire de conclusion réaliste quant aux politiques possibles. L'UE obsédée par les déficits publics, inscrits dans le marbre avec la ridicule loi sur les 3% de Maastricht (chiffre complètement arbitraire sorti de nulle part à l'époque), va très certainement contraindre le prochain gouvernement français à une purge à la grecque. En effet, selon les estimations c'est près de 100 milliards d'euros de réduction budgétaire que l'état français devrait faire dans les années qui viennent. Un choc asymétrique qui provoquera inéluctablement une très forte récession et une très forte baisse des rentrées fiscales comme à chaque fois que ce type de « remède » est employé.
Mais ces politiques découlent de la structure même de la construction européenne. Il est impossible dans ce cadre de faire réellement autre chose que des politiques de contritions et c'est bien pour cela que notre pays se retrouve dans une telle situation. Seul membre de la zone euro a avoir maintenu une demande soutenue grâce à l'endettement croissant, nous croulons sous les dettes tout en maintenant quelque par la demande à l'intérieur de la zone euro. En effet, les déficits commerciaux français ont été en quelque sorte en partie la bouée de sauvetage du commerce de nos voisins. Et même si la France n'est plus que le second partenaire économique de l'Allemagne c'est indirectement la demande française qui tirait la croissance dans ce pays. L'Italie qui a choisi la voix de la contrition de la demande depuis longtemps n'a par exemple plus du tout de croissance depuis vingt ans. On peut déjà prévoir la panne économique que provoquera la chute de la demande française en Europe, surtout dans une situation déjà assez mauvaise chez nos voisins. Le modèle allemand mercantiliste souffrant fortement de la hausse du prix de l'énergie et de la montée en gamme très rapide de la Chine. Alors est-ce que la politique européenne qui va bientôt nous être imposée aura quand même quelques effets bénéfiques ? Probablement pas même sur le commerce extérieur, il est douteux que ce genre de politique ait un effet positif en l'état.
En effet, si l'effondrement de la demande intérieure entraîne forcément une baisse de la consommation et donc des importations cela aura aussi comme effet une très forte baisse des investissements des entreprises. La demande locale pilote quand même en grande partie les investissements des entreprises dans un pays comme la France. Il n'est donc même pas certain que la très forte baisse de la demande intérieure française ne produise un rééquilibrage de la balance commerciale. La Grèce qui a subi ce remède digne de Diafoirus n'a pas retrouvé une balance commerciale positive malgré la violence de la baisse du PIB. Elle replonge même depuis 2022. Le choix de la réduction des dépenses est donc hautement discutable, mais c'est malheureusement bien vers cette direction que nous nous dirigeons. Alors qu'elle serait la solution ? La politique prônée par l'extrême gauche visant à relancer la demande intérieure n'a de sens que si elle est accompagnée d'une politique protectionniste et d'une dévaluation pour maximiser ses effets sur la demande de produits nationaux.
Il est intéressant ici de comparer la situation de la Grèce, notre destin, avec celui de l'Islande. En effet, l'Islande tout comme la Grèce a subi un très gros choc économique entre 2008 et 2010 provoqué indirectement par la crise de subprime. Mais l'Islande qui n'était pas dans l'euro et l'UE a pu faire une politique indépendante. Contrairement à la Grèce, l'Islande n'a pas gardé une monnaie surévaluée, sa monnaie s'est fortement dépréciée, augmentant l'inflation certes, mais n’abîmant pas la balance commerciale du pays. La principale différence de résultat entre ces deux orientations macroéconomique fut que l'Islande connut une forte inflation de 2008 à 2010 alors que la Grèce tomba en déflation. Le résultat à long terme se passe de commentaire avec la comparaison de l'évolution des niveaux de vie entre 2010 et aujourd’hui. L'Islande a un niveau de vie désormais largement plus élevé que celui de la Grèce, l'écart s'est fortement accru sur la durée. Il s'agit là d'une preuve irréfutable de la supériorité des solutions basées sur l'inflation-dévaluation plutôt que de la déflation-contrition à l'européenne.
Pour sauver la France, réduire les déficits commerciaux tout en maintenant un peu de demande intérieure, la solution la plus rationnelle est donc plutôt celle qui consiste à dévaluer. Cela permettrait de réduire la demande de produits étrangers tout en rendant nos productions plus compétitives. On peut même imaginer des hausses de salaire en dévaluant, c'était d'ailleurs généralement ce que faisait la France autrefois. Quand la situation sociale devenait impossible, on lâchait du lest sur les salaires le dimanche et on dévaluait le Lundi ce qui réduisait les conséquences sur le plan du commerce extérieur. Dans un pays où il n'y a pas d’institution syndicale forte ou le citoyen est directement en prise avec l'état la seule façon de fonctionner n'est pas de négocier, mais d'employer ce type de méthode. Essayer de faire comme l'Allemagne sans avoir sa structure politique et sa culture familiale c'est du suicide qui pousse à la paralysie et à guerre sociale. Malheureusement ces politiques nécessiteraient une sortie de l'UE et de l'euro au préalable. Et c'est bien pour ça qu'on en parle si peu.