Blog parlant d'économie vue sous une orientation souverainiste et protectionniste.
Nous avons souvent parlé de la situation économique du pays et même parlé des solutions pour les nombreux problèmes qu'accumule le pays. Mais l'on peut réfléchir sur les décisions politiques immédiates que devrait prendre un gouvernement cherchant à réellement redresser la situation. L'histoire s'accélérant, il n'est pas impossible que la France soit d'ailleurs confrontée plus vite qu'on ne le croit à des changements majeurs dans son environnement immédiat. Les médias français n'en parlent guère, ils préfèrent se soumettre toujours plus aux USA en nous imposant maintenant aussi leurs sports à l'image du Superbowl, mais il y a une élection fédérale en Allemagne le 23 février prochain. Et si l'Allemagne est habituellement un pays d'une très grande stabilité politique, trop grande même si l'on prend en compte l'état du pays. Il n'en demeure pas moins que cette fois l'on pourrait avoir un véritable séisme politique dans ce pays.
En effet, l'AFD ne cesse de monter dans les intentions de vote et l'alliance potentielle avec la CDU pour lui faire accéder au pouvoir même si elle devra pour cela modérer ses positions. Rappelons que l'AFD à l'heure actuelle est comme le disent les médias très dure avec l'immigration. Mais c'est aussi un parti ouvertement anti-européen qui réclame la sortie pure et simple de l'UE. Les sondages pour l'instant montrent que l'AFD progresse et les tristes derniers événements terroristes ne risquent pas d'arranger les choses. Donc la France pourrait bientôt être confrontée à une Allemagne voulant reprendre son indépendance et mettre fin à la construction européenne. Car il faut être réaliste, l'UE ne survivrait pas à la sortie de l'Allemagne pas plus que l'euro d'ailleurs. J'avais toujours imaginé que l'hypothèse la plus probable pour la fin de l'UE soit une sortie de l'Allemagne. Cela peut paraître paradoxal que ce soit le principal bénéficiaire de l'euro et de l'UE qui y mette fin et non les deux grandes victimes que furent la France et l'Italie. Mais la mentalité allemande se prête mieux à de violentes ruptures, les Allemands étant un peuple avec un plus grand patriotisme en réalité. La famille souche donnant un plus grand attachement à la nation que la famille nucléaire égalitaire du bassin parisien.
Alors rien ne dit que la prochaine élection allemande mettra fin à l'UE immédiatement. La CDU pourrait simplement paralyser l'AFD. Mais il faut bien prendre conscience que l'économie allemande va très mal et que cette situation rend possible même l'impensable. Le pays est en récession pour la seconde année consécutive et cela a des conséquences sociales et politiques dramatiques. Dans ce contexte, on pourrait même dire que la montée de l'AFD ou du BSW, le parti d'extrême gauche, qui lui aussi veut la fin de l'UE, est relativement modéré par rapport à la vitesse à laquelle l'économie coule. Le maintien des Grünen, le parti écologiste allemand, qui est en grande partie responsable de la situation économique du pays à cause de ses délires énergétiques, reste pour l'instant à un niveau assez stable électoralement. Alors qu'en toute logique les électeurs auraient déjà dû enterrer ce parti. Donc oui l'extrême droite progresse, mais pas si vite que cela si l'on prend en compte la vitesse de dégradation de l'économie allemande. On voit probablement ici les effets du vieillissement de la population, tout va beaucoup moins vite politiquement parlant.
Quoiqu'il en soit, il n'est donc pas si impossible que cela de voir la situation européenne changer radicalement. L'UE pourrait disparaître plus rapidement qu'on ne le croit à l'image de l'URSS qui finalement disparut en quelques années seulement alors qu'elle avait dirigé l'Europe de l'Est pendant plusieurs décennies. Si le continent donne actuellement cette impression de marasme et de stagnation, c'est en grande partie d'ailleurs à cause du maintien de cette construction artificielle qui a de plus en plus de mal à justifier sa propre existence se lançant dans des divagations délirantes sur la nécessité d'une défense « européenne » tout en obligeant les états membres à acheter du matériel militaire américain. De l'autre côté, l’establishment américain devenu un peu fou semble vouloir se débarrasser de sa propre création. Les Américains voient bien que l'UE détruit l'économie du continent. Or ils ont besoin d'alliés, ou plutôt de vassaux un peu plus dynamiques que les actuels pays mourants du continent européen. Le problème c'est que la fin de l'UE représente en réalité une boîte de pandore pour eux. L'UE met au pas les Européens. Il n'est pas certain que l'OTAN à lui seul permette de maintenir ce contrôle. Le soutien d'Elon Musk à l'AFD montre d'ailleurs toute l'incohérence américaine en Europe, car si l'AFD veut la fin de l'UE elle veut aussi un rapprochement avec la Russie. Les USA y gagneraient-ils vraiment quelque chose, je n'en suis pas certains.
Les premières mesures pour redresser la France
Quoiqu'il en soit que cela soit par l'entremise d'un mouvement externe ou d'une volonté nationale que devrait donc faire un gouvernement français face au retour de l'indépendance nationale ? Et quelques mesures, un gouvernement français, devrait-il prendre pour redresser l'économie du pays à court terme ? Entendons-nous bien, redresser l'économie du pays ne signifie pas que les Français vont tous rouler sur l'or immédiatement. On ne va pas redresser 50 ans d'erreurs économiques graves en seulement quelques années. Il faudra une décennie voir plus pour réellement faire redémarrer le pays. Cependant, les diverses couches sociales ne seront pas touchées de la même manière par la rupture. Ce sont les couches sociales dominantes qui prendront sur elles le gros de l'effort en réalité même si cela ne se verra pas forcément ouvertement. Après tout, ce sont ces couches sociales qui sont les seules à avoir réellement gagné dans la politique globaliste. Un retour à une économie plus nationale ne pourra que réduire leur train de vie. Ce qui explique leur peu d'enthousiasme pour la réindustrialisation, ou pour le patriotisme économique d'ailleurs.
1- La première mesure à prendre dès qu'un gouvernement bien intentionné arrivera au pouvoir c'est la sortie immédiate du marché européen de l'énergie. Nous devons rompre avec l'idéologie néolibérale européenne qui veut réduire toutes les activités à des activités de marché et revenir au bon sens du CNR d'après guerre. À savoir que certains secteurs sont naturellement monopolistiques et que dans ces cas-là ils doivent être publics. L'énergie fait partie de ces monopoles naturels particulièrement lorsque l'on utilise le nucléaire civil pour produire son électricité. L'état doit admettre l'échec du marché énergétique et revenir à une électricité nationale publique en redonnant à EDF son rôle historique. Nous reviendrons ainsi rapidement à un prix de l'électricité correspondant à nos coûts de production, soit une division par deux du prix pour le consommateur. De quoi participer à la réindustrialisation du pays par la même occasion puisque la France aurait alors un avantage comparatif certain par rapport à ses voisins avec une l'électricité bien moins cher. Ce n'est pas hasard si l'Allemagne a fait autant d'effort pour nuire notre secteur nucléaire. Les Français ont un avantage énergétique, il est temps de le faire fructifier.
2- Mise en place d'un contrôle plus ou moins durable sur la circulation des capitaux. L'une des grandes erreurs de ces 50 dernières années a été de croire que la libre circulation des capitaux était forcément bénéfique. La réalité c'est qu'elle sert surtout à la spéculation financière et qu'elle favorise l'extension des crises économiques. On l'a passablement vu lors de la crise des subprimes. Une crise hypothécaire aux USA n'aurait jamais dû faire couler des banques européennes et pourtant cela s'est produit. Parce que trop de capital européen et français est impliqué dans l'économie US. La finance doit redevenir nationale et uniquement nationale. On n'a pas besoin de capitaux étrangers pour faire fonctionner l'économie en dehors du financement des importations, mais c'est un autre problème. À plus court terme, il est nécessaire de contrôler la circulation des capitaux durant le temps de passage de la fin de la monnaie unique pour éviter les fuites et les éventuelles spéculations sur les monnaies.
3- Sortie de l'Euro et dévaluation. La troisième mesure qui dépendra du contexte sera bien évidemment la rupture avec la construction européenne. Et bien évidemment le retour du franc en tant que monnaie nationale. Comme le rappelle souvent Jacques Sapir, les dettes seront bien évidemment traduites en franc et ne pourront pas rester libellées en euro. On peut donner un certain laps de temps pour que les agents changent cela bien évidemment avec un taux de change de un franc pour un euro pendant environ un mois par exemple. Le temps que tout le monde s'adapte au changement monétaire. La banque de France sera à nouveau soumise à l'état, il n'y aura plus d'indépendance de la banque de France. On aura aussi à l'occasion la possibilité de reconstruire le circuit du trésor pour permettre le financement de projet public par l'emprunt à la banque de France et plus sur les marchés financiers. Chose que nous faisions de 1945 à 1967. Évidemment au bout d'un certain temps, le franc sera décroché de l'euro et vivra à nouveau sa vie. Il est très vraisemblable que le franc subira une dévaluation plus ou moins volontaire vis-à-vis de l'euro si ce dernier existe encore. Quoiqu'il en soit la monnaie utilisée par les Allemands s’appréciera par rapport à la nôtre, ou alors la nôtre se dépréciera, mais le taux de change fixe totalement artificielle, que nos élites ont imposé depuis 1987 avec la monnaie allemande, cessera d'exister.
4- Mise en place d'une régulation commerciale progressive. La France doit réduire sa dépendance aux importations. Ce sera d'autant plus important que nous ne pourrons plus vivre en faisant semblant d'être riche en endettant le pays en euro. À l'heure actuelle seuls, 38% des biens consommés en France y sont produits. Nous devrons réduire ce taux pour revenir à des niveaux plus raisonnables 70% par exemple. Pour ce faire nous devons dévaluer, mais aussi mettre en place des taxes et des quotas. Mais doucement, il ne s'agit pas de brutaliser l'économie. Je pense qu'une taxe à 10% sur tous les produits importés après la dévaluation sera un bon début. Il est à noter que rien que 10% de droit de douane rapporterait dans le cadre actuel 75Md d'euros, de quoi réduire les déficits publics tout en favorisant les producteurs locaux. Mais on pourrait se fixer comme objectif 30% de droit de douane qui serait atteint sur une période de 5 ans progressivement. L'objectif étant de pousser les industriels à relocaliser ou à localiser leur production vendue en France sur notre sol. Tout en limitant les effets sur les prix même si les prix augmenteront de toute manière, il ne faut pas se faire d'illusion. Contrairement au protectionnisme américain, il ne s'agit pas de viser des pays en particulier, mais de réindustrialiser et d'équilibrer notre balance commerciale. Le protectionnisme doit donc se faire aussi par secteur, avec une certaine coordination et donc une véritable planification. Elle doit donc s'accompagner de la création d'un véritable nouveau commissariat au plan, pas la planque salariale qui paya Bayrou ces dernières années.
5- La dette étant devenu insoutenable, il faut en monétiser une partie. Pendant un temps, payons les intérêts par de la monétisation à travers la banque de France et remboursons une partie de la dette pendant quatre à cinq ans en la monétisant. Cela produira certainement de l'inflation, mais c'est plus facile à gérer que de fortes hausses d’impôts ou ce genre de chose. Au pire, et au risque de choquer, on peut toujours considérer la dette comme grandement illégale et faire défaut.
Voilà donc quelques pistes pour commencer à redresser le pays. Bien évidement les politiques possibles dépendront du contexte, mais ce se seront les premières mesures à prendre pour réellement commencer à redécoller. Bien évidemment tout ceci sera accompagné d'une forte hausse de l'inflation. L'expérience montre que l'inflation suivra de toute façon la dévaluation. On pourrait y voir cela comme un inconvénient, je dirais plutôt que ce serait une aubaine. En effet, l'inflation est un outil pratique pour réduire les inégalités si on l'utilise bien. En indexant les salaires sur l'inflation, et en maintenant des taux inférieurs à l'inflation, il y a matière à ronger les rentes qui se sont trop développées dans le pays. De quoi redonner en réalité du pouvoir d'achat aux plus jeunes et réduire le poids économique des vieux sans avoir à le crier trop fort.