Blog parlant d'économie vue sous une orientation souverainiste et protectionniste.
Nous venons d'apprendre que Donald Tusk, le premier ministre polonais vient de perdre l'élection présidentielle en Pologne le mettant dans une situation assez similaire à celle de notre propre président. À la différence près qu'il y a une majorité d'oppositions là où la France se retrouve prisonnière d'un jeu d'alliance entre des formations très minoritaire sur le plan électoral. Une situation de cohabitation qui n'est en définitive qu'un des effets délétères de la construction européenne qui partout divise les pays plus qu'elle n'unifie le continent. Le nouveau président polonais se retrouve donc un peu dans une position inverse de la position français avec un gouvernement centriste et européiste de type macroniste devant faire face à un président contestataire et eurosceptique. Même si en France le RN lui a pour l'instant été bloquée par le système pour accéder au pouvoir, enfin jusqu'à présent. On peut effectivement conjecturer, comme le pense Emmanuel Todd, que l'action qui a été perpétrée contre Marine Le Pen risque surtout de faire monter le RN au pouvoir, qui que soit son représentant aux prochaines élections.
Le nouveau président polonais est un peu une énigme pour nos journalistes qui semblent ne pas comprendre comment il est possible d'être à la fois anti-russe, pas vraiment intéressé par le conflit ukrainien, et anti-UE. Le simple fait qu'il soit nationaliste revendiqué devrait pourtant leur indiquer la solution à ces contradictions apparentes, mais il est vrai que la question du patriotisme et du nationalisme étant devenue extrêmement rare en France, il est possible que nos élites n'en comprennent simplement plus le concept. Après tout, nous vivons dans un pays dont les élites pensent maintenant que la souveraineté nationale est un concept d'extrême droite. Même si le principe est pourtant écrit sur notre constitution et que les révolutionnaires français se prévalaient de la souveraineté de la nation et du peuple français. Alors un nationaliste polonais, quoi de plus étrange comme espèce pour nos bobos parisiens. Il est vrai que la Pologne fait un peu penser à la France des années 60 entre la croissance économique et le traditionalisme encore très présent même s'il ne faut pas se cacher le fait que là-bas aussi la « modernité » américainiste fait son œuvre de destruction.
Alors il est évident que certains ici prennent cette élection comme un nouveau coup contre l'UE et le renforcement du camp Trump aux USA puisque le nouveau président polonais semble plus proche de la vision Trumpiste. En rappelant tout de même comme l'a fait récemment Emmanuel Todd que l'internationale des patriotes et nationaliste sera par définition très courte. En effet par nature, chaque groupe nationaliste ou souverainiste n'aura à cœur que les intérêts de sa propre nation. Donc ces alliances de circonstance entrent le mouvement trumpiste et les divers courants souverainistes en Europe ou ailleurs ne pourront durer que tant que les intérêts convergeront. En cas contraire les retournements de veste seront très rapides. Rappelons la célèbre formule de de Gaulle, les nations n'ont pas d'amis, elles n'ont que des intérêts. Il n'y a que les idéologues déconnectés des réalités pour croire qu'on peut créer un système transnational qui puisse fonctionner dans l'intérêt de tous. Dans le monde réel, il n'y a pas d'intérêt général qui soit commun aux différentes nations. Et les systèmes postnationaux ou globalistes finissent toujours par favoriser en réalité l'intérêt de certaines nations, au détriment d'autres. C'est ainsi que l'UE s'est transformée en 4e Reich dans l'intérêt allemand ou que la globalisation a bénéficié surtout à la finance américaine et à l'industrie chinoise et de quelques autres nations mercantilistes.
Alors faut-il pour autant croire que la lumière viendra de l'Est comme certains l'espèrent. Quand je parle de la lumière, je parle bien évidemment de la fin de l'UE et de l'euro. Au passage on apprend également qu'il y a de nombreuses manifestations en Bulgarie contre l'entrée de ce pays dans l'euro. Il faut dire que l'expérience récente de la Croatie est plus que douloureuse pour la population locale. Pour la Bulgarie ce serait certainement extrêmement mauvais, c'est un pays à faible niveau de vie qui se retrouverait, certes avantagé au sein de la zone euro par ses bas salaires, mais qui aurait aussi une monnaie surévaluée par rapport à l'extérieur de la zone euro. S'il y a effectivement une réalité intéressante à l'Est, c'est que l'UE est de moins en moins vue comme un avantage, mais bien plus comme un boulet. Cependant, il faut bien comprendre qu'en France par exemple ce rejet de l'UE est maintenant ancien et cela n'a pas empêché pour autant la bourgeoisie de continuer à vers avancer son projet totalitaire européen depuis des décennies. Mais nous n'allons pas reparler ici du rejet du TCE en 2005 et de la forfaiture de 2008.
De fait même si les populations de l'Est rejettent de plus en plus l'UE, leurs élites continueront probablement leur travail de sape. C'est d'autant plus vrai que les pays de l'Est en réalité bénéficient de l'UE sur de nombreux points. Ils ont en réalité beaucoup moins de raison de se plaindre de la construction européenne que les Français ou les Italiens. Pour revenir à la Pologne par exemple, ce pays a bénéficié de centaines de milliards d'aides, alors même que la Pologne a bénéficié aussi du pillage de l'industrie de l'ouest. D'ailleurs, le fait que ce pays ait gardé sa propre monnaie, le Zloty, explique en partie sa réussite récente en matière économique. Il suffit de regarder l'évolution du change entre l'euro et le zloty pour voir que les ajustements économiques se sont faits surtout par des variations monétaires contrairement aux autres pays prisonniers de l'euro comme la France, la Grèce ou l'Italie qui sont enfermées dans les éternelles réformes structurelles qui ne résolvent jamais rien. L'UE a donc été pour les pays de l'Est un moyen pratique d'accélérer leur développement. Du moins, c'est l'apparence des choses, car je suis certain que ces pays auraient eu un développement encore plus rapide et plus équilibré sans elle. Mais en pratique l'UE a créé une forme de dépendance entre ces pays et l'institution européenne par le biais des fonds structurels européens.
C'est sans doute pour cela qu'on assiste à des comportements étranges dans ces pays. Regardez Viktor Orban par exemple. Ce type est détesté par l'UE et par une bonne partie des « élites » dirigeantes de l'ouest. Lui-même est assez anti-européen et passe son temps à réfuter les décisions de Bruxelles. La logique voudrait qu'il cherche à simplement faire sortir la Hongrie de l'UE. Au passage, la Hongrie tout comme la Pologne a conservé sa monnaie, montrant encore une fois le caractère de passagers clandestins qu'ont la plupart des pays de l'Est avec l'UE . On est dedans, mais pas trop. Pourtant Orban reste dans l'UE et ne semble pas décidé à sortir de celle-ci. Et c'est bien en raison de cette stratégie ambivalente de pillage de l'ouest produit par les transferts européens. La grande question c'est de savoir pourquoi les pays de l'Ouest, en particulier la France et l'Italie, ont accepté de subventionner leur propre désindustrialisation, mais ça, c'est une autre débat.
Ce que je veux dire ici c'est que même si ces pays se retrouvaient avec des dirigeants fortement anti-européens au pouvoir ces derniers ne voudront pas y mettre fin, car en réalité s'ils n'aiment pas le catéchisme européiste libéral libertaire sur le plan des mœurs, intégrationniste, et ordolibéral sur le plan économique, ils bénéficient franchement de l'UE. Et, tant que cela durera, il n'y aura aucun mouvement réel de ces pays pour mettre fin à l'appartenance à l'UE. Il est donc totalement vain d'attendre quoi que ce soit de ces pays sur ce plan. C'est d'autant plus vrai que comme je l'avais souligné dans un texte consacré à l'économie des pays de l'Est. Ces derniers suivent le modèle allemand de mercantilisme agressif. Et l'UE est d'une grande aide pour eux dans cette stratégie en particulier le fait qu'il y ait l'euro alors qu'eux gardent leurs propres monnaies. Ils seraient en fait assez embêtés par l'implosion de l'euro et le retour du franc ou de la lire italienne. À plus long terme, ils ne seront pas plus une aide puisque leur démographie est absolument catastrophique. On apprend par exemple que la Pologne pourrait être le premier pays du continent à passer sous la barre d’un enfant par femme rejoignant ainsi la Corée du Sud dans le rang des pays en voie d'extinction rapide. Et cela ne va pas mieux dans les autres pays de l'Est. Malgré des politiques natalistes, la Hongrie connaît de nouvelles baisses de la natalité. Comme quoi le traditionalisme affiché ne peut rien contre des changements anthropologiques de fond. Ou peut-être que leur modèle d'exportateur à bas salaire condamne justement leur démographie. Mais c'est un autre débat.