Blog parlant d'économie vue sous une orientation souverainiste et protectionniste.
Les journaux ont donc à nouveau rempli leur espace de temps disponible par un fait divers. Un fait divers atroce certes avec le meurtre d'une surveillante par un gamin de 14 ans. Mais comme à chaque fois ces faits divers déforment assez largement le débat public et sont utilisés à droite comme à gauche pour faire avancer des agendas politiques et bien souvent des idées préconçues. La question de la délinquance est une question qui revient régulièrement sur les plateaux télé parce qu'ils font de l'audience pour l'essentiel et que ces sujets permettent bien souvent de camoufler d'autres problèmes bien plus réels et importants. Je précise tout de suite que je ne suis pas du tout adepte de la théorie de l'excuse, et je me considère d'ailleurs plutôt comme un homme de droite surtout sur le plan des valeurs. Mais les chiffres réels ne montrent absolument pas l'explosion de violence que l'image des médias français donne du pays.
Si les crimes et délits ont effectivement augmenté dans les années 70 – 80 ce qui coïncide comme par hasard avec les politiques néolibérales, la crise économique et le chômage de masse. On ne voit pas de hausse de ces crimes depuis 20 ans. À la limite, l'on pourrait interpréter cette hausse interprétative comme une hausse relative par tête. Je m'explique, si le nombre de cas de crimes et délit est relativement constant, on peut quand même dire que ce n'est pas normal pour un pays qui vieillit. En claire il n'y a pas en apparence une hausse de la délinquance, et en volume elle n'a pas augmenté, on ne peut pas dire le contraire. Cependant étant donné que les délinquants sont quand même en général dans les tranches d'âge basse, on commence rarement une carrière de criminel à 70 ans, sur la période des vingt dernières années nous aurions dû connaître une forte baisse de la délinquance, mais elle s'est maintenue. Nous avons donc effectivement une jeunesse qui est beaucoup moins nombreuse qu'avant, mais qui produit tout autant de délinquance que celle des années 70-80. Là est sans doute l'imbroglio paradoxal jamais expliqué par nos médias entre cette impression de hausse de la délinquance et ces chiffres qui montrent une stagnation. Nous pouvons ici renvoyer dos à dos les deux camps de la gauche angélique et de la droite catastrophiste. Les deux ont tort en réalité.
La violence n'augmente pas en quantité, mais elle est aussi beaucoup plus forte qu'avant chez les jeunes générations beaucoup moins nombreuse. Au passage, le nombre de meurtres a aussi baissé, c'est indéniable. Même s'il remonte dernièrement. Cela ne dit rien bien évidemment de l'effet de l'immigration sur la délinquance et la violence. Même si à titre personnel je m'oppose à l'immigration pour des raisons qui ne sont ni économiques ni sures l'insécurité. Le lien entre les deux aujourd'hui est assez évident, les populations d'origine étrangère étant assez surreprésentées dans nos prisons. Pour ce qui est des blessures volontaires, elles sont aussi en baisse. Ainsi en 1980 il y avait en France 18 morts par blessure volontaire pour 100000 habitants, on est aujourd'hui à 11. Encore une fois, cela ne veut pas dire que le sentiment d'insécurité n'a pas de fond comme je l'ai expliqué précédemment. Mais on ne peut pas dire que la France se dirige vers le niveau de violence des pays d'Amérique du Sud, ni même vers celui des USA, infiniment plus criminogènes que notre pays.
L'éducation
Voilà pour ce tour rapide de la question de la violence et de la délinquance en France. Lorsque l'on regarde les médias, on n'obtient pourtant pas du tout la même image. C'est à la limite si le pays n'est pas déjà à feu et à sang. J'avais déjà longuement parlé des effets catastrophiques des médias sur le fonctionnement de notre démocratie, je n'y reviens pas. Mais on a là effectivement une déformation assez massive de la réalité, tout aussi massive que sur les questions économiques de la réindustrialisation imaginaire, ou du plein emploi tout aussi imaginaire. Et ne parlons pas de la guerre en Ukraine. Et bien les médias parlent de la même manière de la délinquance ou de l'éducation nationale, ce n'est guère étonnant en fait. Et évidemment les hommes politiques se sentent obligés de répondre à ce cadre complètement faux construit par les médias tout comme ils se sentent obligés pour leur réélection de répondre à ces problèmes de façon absurde. Ainsi cette affaire d'un gamin probablement déséquilibré psychiquement devient-elle rapidement la condamnation de l'éducation nationale. On a vite droit aux toutologues télévisuelles, qui donnent leur avis absurde sur la question avec autant d'entrain, d'impression et de ramassis d'idées reçues, qu'ils le font pour d'autres sujets.
Alors cela veut-il dire qu'il n'y a rien à faire puisque c'est un fait divers. Et bien la réponse est peut-être que oui. Entendons-nous bien, l'éducation nationale a de graves problèmes, mais en l'occurrence ici nous avons plus affaire à un véritable fait divers qu'à quelque chose qui nous indiquerait quoi que ce soit sur la réalité de l'école française. Les trafics de drogue. Les écoles qui deviennent des champs de bataille entre gangs, là oui, c'est important. Le déplacement d'une école pour cause de trafic de drogue, c'est un indicateur du recul de l'état. L'affaire a pourtant fait assez peu de bruit. Mais un psychotique qui tue une surveillante, c'est un drame évidemment, mais qui n'est pas structurel ou structurant d'une réalité. À la limite on peut critiquer le manque de moyen pour la médecine scolaire et le manque d'accompagnement psychiatrique. Mais malheureusement le manque de médecin est général dans ce pays et ils manquent dans l'enseignement comme ailleurs.
Plus globalement, le principal problème de l'éducation nationale c'est la baisse du niveau général aujourd'hui largement documenté et connu. Cependant, ne nous leurrons pas non plus sur la question. Nous vivons plus globalement dans une société qui ne valorise plus le savoir ou le travail sérieux. On vient d'en avoir un exemple avec les stupidités médiatiques sur les faits divers. Les jeunes globalement comprennent comment fonctionne une société et ils ont bien compris que la réussite n'était pas vraiment associée aux efforts ou au sérieux. Quand dans un pays on paie au lance-pierre des infirmières ou des enseignants pendant que des youtubeurs ou des footballeurs gagnent des millions en faisant des trucs complètement inutiles pour la société, comment voulez-vous qu'ils adhèrent aux valeurs de la civilisation ? La question de l'effondrement de notre éducation nationale est à relier à l'effondrement général des valeurs qui font vivre notre société dans son ensemble. Tout se passe comme si la globalisation et le néolibéralisme avaient démoli les fondements mêmes de la société et les valeurs les plus importantes de celle-ci en valorisant le fric facile et en méprisant les gens qui font des choses réellement importantes comme les agriculteurs ou l'industrie.
L'effondrement de l'instruction et du comportement des plus jeunes n'est pas juste le produit d'une mauvaise éducation, de problèmes psychiatriques, ou de notre ministère de l'Éducation nationale, c'est aussi le produit d'un système économique fondé sur la rente et l'exploitation, plutôt que sur le travail et l'investissement. Une société oisive qui vit de ses rentes et qui se plaint que les jeunes ne veuillent plus s'investir dans un travail qui de toute manière ne leur permettra jamais d'accès à une hausse de leur niveau de vie, ni au strict minimum, comme se loger et fonder une famille. Et que dire des voyous qui dirigent ce pays tout en parlant sans arrêt du problème de l'autorité ? On a des gens au pouvoir qui ont violé depuis 20 ans tous les principes démocratiques et qui ne respectent absolument pas l'autorité du peuple qu'ils sont censés représenter. Je ne dirais qu'une chose au final. La France n'a que la jeunesse qu'elle mérite.