Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
28 mai 2010 5 28 /05 /mai /2010 19:11

309.jpegL'émission de Frédérique Taddei de jeudi soir qui avait pour sujet les retraites et avec Emmanuel Todd en guest star a tourné à la farce intellectuelle. Le ministre Luc Ferry n'a pas compris la nature de ses propres propos et refuse le qualificatif pessimiste lorsque, pourtant, il fait un plaidoyer pitoyable sur l'impuissance dont serait frappé la France et le politique. Nous sommes trop petit nous ne pouvons rien faire. Argument répété depuis l'époque du Général De Gaulle avec constance dans les milieux pro-américains de l'intelligentsia parisienne. Ces propos de l'ancien ministre de la recherche sont démonstratif de ce dont je parlais précédemment dans mon texte sur la peur du futur. Ces arguments d'autorité qui ne reposent sur rien de concret, mais qui affirment qu'il y a des barrières qui seraient infranchissables pour le politique servent en fait à maintenir l'impuissance et le maintient de la situation actuelle.  C'est un discours métaphysique qui ne repose sur rien de réel mais sur des croyances quasi religieux en l'impossibilité de l'action dans le présent et qui reporte ailleurs les responsabilités.

 

    La France va dans le mur mais ce n'est pas la faute à Sarko parce que la France est trop petite et que le pouvoir est ailleurs. Ici l'esprit rationnel devrait alors se demander, mais diable pourquoi le pouvoir est ailleurs? Et de quel pouvoir parle-t-on en fait? Car monsieur Ferry mélange absolument tout, comme son faux opposant de plateau le décroissant de service Paul Ariès parfait représentant de la secte de la fin du monde des décroissant compulsifs.

 

Concernant ces derniers j'ai déjà expliqué longuement en quoi la décroissance est une idiotie intellectuelle qui condamnerait l'humanité à une espèce d'holocauste démographique.   Idiotie qui a pourtant quelque chose de commun avec le discours pessimiste de Luc Ferry c'est cette impuissance dont serait frappé l'humanité. Dans le discours décroissant c'est l'impuissance dont serait frappé la technique qui est au centre de l'analyse et non l'impuissance politique puisque ces derniers seraient presque favorables à la dictature des justes décroissants contre les monstrueux consommateurs pollueurs.  En partant de l'impuissance de la technique et de l'esprit humain, ils déduisent que nos modes de vie sont condamnés et qu'il faudra gérer la décroissance de façon sympa et bien ordonné. Il faut pourtant prendre conscience de l'irréalité de la chose, la décroissance conduira en réalité à la catastrophe et à l'effondrement de l'économie et des systèmes sociaux et non à un monde festif peuplé de gens bien veillant et roulant en bicyclettes. La simple stagnation en Europe est déjà en train de faire exploser nos sociétés alors la contraction...

 

  Dans les deux analyses celle de monsieur Ferry et celle de Paul Ariès c'est l'impuissance comme axiome de départ qui valide la suite des raisonnements or cet axiome est hautement discutable.  D'abord dans le cadre de la prétendue impuissance technicienne, il est faux de croire qu'il n'y a aucune alternative au pétrole de même qu'il est faux de croire que l'homme est incapable d'adapté ses techniques aux contraintes du moment l'histoire nous prouve le contraire. Il ne faut pas juger de l'évolution futur des sciences et techniques. Il est plus que prétentieux de dire que l'on SAIT le futur de la science . Et l'age de pierre ne s'est pas terminé par manque de caillou.  Les alternatives au pétrole sont d'ailleurs déjà là, encore faudrait-il user des moyens financiers publiques à leur développement plutôt qu'au renflouement des banques. Que le mode de vie tel qu'il est ne soit pas viable certes mais sa transformation ne signifie pas que nous allons demain revenir au mode de vie d'avant hier. Les matériaux de construction changeront, nos liquide de propulsion changeront mais je ne crois pas un instant à l'apocalypse selon Saint Cochet.

 

  Quand à  la prétendue impuissance  dont seraient frappé le politique c'est tout aussi absurde que l'impuissance technique. Que la France ne puisse imposer quelque chose à la Chine est-il en soit un signe d'impuissance générale? D'après monsieur Ferry seul les grandes puissances sont libre d'agir sur leur propre destin mais quel bêtise que cette croyance. La Chine était le centre du monde au moyen-age nos rois auraient ils du se plier au bon vouloir de Pékin? Et en quoi la taille d'une nation influence-t-elle sa capacité à contrôler ses frontières commerciales. Comment monsieur Ferry voit il donc le monde? Pense-t-il que les marchandises sont téléportées directement sur le sol français? Non elles passent par les ports, elles traversent nos frontières grâce à des navires ou des trains qui ne passent pas vraiment inaperçu. L'impuissance en matière de contrôle au frontières est une escroquerie intellectuelle, rien n'est plus facile que de contrôler les marchandises qui rentrent ou qui sortent. Et je rappellerais qu'il y a des contrôles sanitaires qui sont pratiqué couramment rien n'interdit donc la taxation des marchandises importées, ni d'ailleurs une politique de quota. Monsieur Ferry n'a visiblement pas trop les idées claires sur ce type de sujet, ou alors il a passé trop de temps à faire de la métaphysique au lieu de se plonger dans le monde réel.

 

L'état a bien était capable d'imposer la traçabilité de la viande en France parce qu'il en a eu la volonté. Quand l'état a vue les banques faire faillite, il a bien su débloquer des milliards pour boucher bêtement les trous. Mais là pour agir dans l'intérêt collectif et pour défendre son tissu industriel il est impuissant? Mais quel argument bidon et je pèse mes mots. Non les politiques ne sont impuissant que lorsqu'ils veulent bien l'être et le discours de l'impuissance est d'ailleurs tout autant pratiqué outre-atlantique dans la nation centre du monde. Que c'est pratique quand on est dirigeant de se dire impuissant pour prendre des décisions qui nous déplaisent. La vérité c'est qu'ils ne sont pas impuissants mais irresponsables et lâches. Irresponsables parce qu'ils ne veulent pas voir les conséquences pratiques  de leurs choix idéologiques, et lâches parce qu'ils ne veulent jamais assumer leurs idées. Plutôt que de dire qu'ils veulent supprimer l'état providence pour instaurer le marché "libre et non-faussé" qu'ils croient parfait, nos politiques préfèrent se cacher derrière leur impuissance. Tout comme les voyous de banlieue cachent  leurs ignominies derrière leur misère. Qu'ils continuent leur impuissances et ils verront comment une masse désespérée leur rappellera qui est vraiment puissant.

Partager cet article
Repost0

commentaires

E
<br /> <br /> Je m'excuse pour le surlignage. Je ne sais pas d'où il vient...<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
E
<br /> <br /> L'émission comptait aussi deux autres intervenants intéressants : Pierre Nora et Marcel Gauchet, qui a fort peu parlé, mais pour dire des choses<br /> intelligentes. Je signale que ce dernier avait écrit l'année dernière un excellent article sur la crise universitaire, qui s'intitulait "vers une société de l'ignorance" dans Le Débat, mais vous<br /> le connaissez peut-être. La rencontre Todd-Gauchet était surtout pour moi excitante, puisque le dernier bouquin de Todd comporte des attaques assez violentes contre certaines idées de Gauchet,<br /> notamment sur celle faisant du christianisme, la religion de la sortie de la religion. Il me semblait que Todd simplifiait outrageusement la pensée de Gauchet (et notamment sur ce que Gauchet<br /> appelle religion), d'un autre côté, avec un aspect schématique évident et un peu agaçant, il mettait le doigt sur point central. Et comme Gauchet ne manque pas d'influence, les réproches un<br /> peu injustes de Todd à son égard pouvaient assez bien s'appliquer à certains de ses lecteurs. J'aurais fort aimé savoir aussi ce que Gauchet retenait de la pensée de Todd, qu'il a invité à<br /> intervenir dans sa revue à plusieurs reprises, ses conclusions n'étant en rien contradictoires, dans l'émission du moins, avec celles de Todd. Bref la confrontation entre ces deux types<br /> d'envergure supérieure avait de quoi intéresser. Malheureusement ce n'était pas le sujet de l'émission, un poil décevante et bien bêtement parasitée, il faut le dire, par des<br /> intervenants très subalternes dont d'ailleurs personne ne se souciait de retenir quoi que ce soit. Quelqu'un a-t-il des lumières sur les suites ou les échos de cette polémique<br /> Gauchet-Todd?<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
A
<br /> <br /> @ Mister Jacquot<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> J'en deviendrais PRESQUE monarchiste. Faut pas déconner non plus. Quoique...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Sur Todd: je n'ai pas la chance de le connaître, donc je ne parle que de mes lectures et de ses interventions diverses. Disons qu'en plus de l'intelligence de son propos, j'apprécie son style:<br /> humour, voire capaciter à "déconner" sur certains sujets en maintenant la justesse du propos. J'ajoute que pour quelqu'un qui parle de politique, ces qualités sont rares.<br /> <br /> <br /> Quand je lis les critiques d'Elizabeth Lévy, je ne sais pas, mais je me dis qu'il est normal qu'après les remarques fort pertinentes et assassines d'Après la démocratie, il est normal que les<br /> nationaux-républicains l'aient mauvaise. Le terme "angélisme" signale de toute façon, pour moi, la présence d'un lieu commun au lieu d'une pensée.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Sur la crise, comme je suis moi aussi un peu largué (franchement, qui ne l'est pas?), je ne vais pas dire que ce que disaient Allais, Gréau, Todd, Sapir il y a encore quelques mois est<br /> complètement dépasé. Mais encore une fois, j'ai peut-être tort.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Sur Ferry, j'ai dû passer pour un abominable snob lorsque j'ai dit à un ami philosophe que, quelle que soit la thèse défendue, je ne pouvais lire un livre du style "L'Homme-Dieu machin chouette"<br /> ou "Qu'est-ce qu'une vie blablabla". Sur la "demande philosophique" et ses ambiguïtés, Jacques Bouveresse a dit des choses qui me paraissent décisives. Je ne peux lire un auteur qui s'adapte trop<br /> parfaitement à cette demande.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
A
<br /> <br /> @Rose Blanche<br /> <br /> <br /> Rendons à Malakine ce qui lui appartient. Il me semble qu'il défend plutôt Luc Ferry. :-)<br /> <br /> <br /> Mais je ne suis pas très bien placé pour interpréter le pensée malakinienne. :-)<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
M
<br /> <br /> @ Rose Blanche<br /> <br /> <br /> Chez Yann c'est le nouveau spot à la mode! Patron une tournée!<br /> <br /> <br /> @ Archibald<br /> <br /> <br /> Je constate que Bertrand Renouvin et la NAR ont de plus en plus d'adeptes, parfois à juste titre... d'ailleurs l'aire d'influence d'une monarchie bourbonne correspond peu ou prou à l'Union Latine<br /> de Malakine!<br /> <br /> <br /> Pour ce qui est de Todd, je précise que je ne l'ai pas vu mais j'ai eu de mauvais échos par d'autres personnes. La réflexion de Todd sur la crise est de plus en plus mauvaise, je lui préfère ses<br /> envolées sur la démographie et le vieillissement.<br /> <br /> <br /> Luc Ferry est un libéral qui fait des croisières philo à 10 000 euros, après ce n'est pas le pire.<br /> <br /> <br /> @ Tous<br /> <br /> <br /> http://www.marianne2.fr/J-Sapir-l-Allemagne-est-en-position-de-faiblesse_a193560.html<br /> <br /> <br /> Sapir parle de l'Allemagne. Vous savez quoi? Je pense que les oligarques vont laisser pourrir la situation pendant 5 ans, heureusement... la France est à l'abri, grâce à l'euro 2016!<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre