Et si l'humanité disparaissait par les berceaux? Hypothèse farfelue en ces temps où l'on s'inquiète inversement de la surpopulation mondiale et des effets dramatiques de la malnutrition ou de l'épuisement des ressources. C'est pourtant bien la direction que semble prendre l'humanité, celle-ci navigant de déséquilibre en déséquilibre à cause de changements techniques et sociaux trop rapides. La révolution tunisienne s'est fait par exemple sur fond d'un changement radicale dans les pratiques familiales, la natalité s'étant effondré dans ce pays. Comme Emmanuel Todd nous l'a si souvent dit, l'expérience historique montre que la baisse du taux de natalité est le fruit de la hausse naturelle du niveau scolaire, et cette hausse produit par la suite des mouvements politiques de fonds et des remises en cause de l'ordre politique et économique en place. Les mouvements démocratiques en Europe on été le produit de cette hausse du niveau scolaire. C'est la même chose qui se produit aujourd'hui chez nos voisins du sud. Très vraisemblablement le continent noir sera la dernière région du monde à produire des révolutions et des conflits politiques de grande ampleur, une fois sa transition démographique terminer d'ici deux ou trois décennies suivant les pays.
En ce sens la baisse de la natalité mondiale est réjouissante car elle traduit un élévation du niveau culturel général et une certaine démocratisation. Elle s'accompagne également d'une poussé de l'individualisme parfois jusqu'à l'excès, comme dans nos pays qui auraient bien besoin d'un peu d'esprit collectif s'ils veulent survivre à terme. Mais il y a un fait relativement inquiétant à l'heure actuelle et que nos démographes ne semblent pas prendre en compte, c'est qu'aucun pays ayant traversé la transition démographique n'est pour l'instant arrivé à l'équilibre. Même des pays comme la France ou les USA, c'est à dire les pays les mieux placés en terme de natalité parmi les pays développés, sont légèrement en dessous du seuil de reproduction et c'est sans compter sur le fait que les immigrés ne sont pas pour rien dans la démographie correct de ces pays. Surtout dans le cas des USA où l'on connaît le poids des immigrés mexicains dans la natalité globale. La démographie relativement équilibrée de ces deux pays ne compense absolument pas les déséquilibres monstrueux atteint dans des pays comme l'Allemagne, le Japon ou la Corée du Sud. Cette dernière est par exemple tombée à 1.1 enfants par femme un taux tout à fait incroyable et qui condamnera à terme l'économie de cette nation.
La France premier pays de la transition démographique
Jusqu'à présent l'effondrement démographique dans les pays avancés n'a jamais vraiment inquiété les pouvoirs publics, du moins dans la majorité des pays développés. Aux USA par exemple cette question n'existe tout simplement pas, les USA font des prévisions démographiques en compensant la disparition des locaux par une importation toujours plus massive d'immigrés. Ainsi il semble que les américains continuent de penser qu'il feront venir toujours plus d'immigrés d'Amérique du Sud alors même que la natalité de cette région du monde est en chute libre. Le Mexique, par exemple, principal fournisseur de main d'oeuvre pour les USA est tombé à 2.3 enfants par femme alors qu'il était encore à 3 en 1995, le Brésil est à 2.2 . Ces pays n'auront pas de quoi fournir longtemps les immigrés nécessaires à la compensation du vieillissement de l'oncle Sam d'autant que rien d'indique qu'ils continuront longtemps à être moins riches que les USA. Mais les américains pensent la démographie comme ils pensent l'économie et la société en général, c'est à dire sans tenir compte des limites physiques du monde dans lequel ils évoluent. Ils continuent à imaginer pouvoir importer indéfiniment des immigrés sans se demander si la corne d'abondance ne viendra pas à s'épuiser un jour, tout comme ils importent du pétrole et d'autres matières premières sans se soucier d'un assèchement pourtant bien prévisible. La mentalité américaine consiste toujours à aller plus loin dans l'exploitation de ce qui existe sans se soucier du renouvellement. Et malheureusement à cause de leur poids chez les pays développés les USA ont largement influencé les élites du restes des pays d'occidents en matière de mentalité. La vielle Europe pense aujourd'hui de façon identique à l'empire des obèses, sans voir à quel point cette facon de voir est dangereuse pour son propre avenir.
Ainsi l'on voit aujourd'hui fleurir des théories aussi folles qu'elles sont irréalistes sur le besoin d'immigrés sans cesse croissant du continent européen et maintenant d'Asie, tout çà à cause de cette influence néfaste de la puissance américaine sur les instances internationales. Les propositions de migration massive ne se souciant visiblement ni du développement des pays du tiers-monde, ni du fait que ces pays aussi passent actuellement la transition démographique et qu'ils ne pourront pas à la fin fournir les immigrés nécessaire au maintient démographique de l'Europe puis de l'Asie. A ce titre le géant chinois est lui même dans une mauvaise posture avec un taux de natalité à 1.5 en moyenne nationale, dans les grandes ville ils sont mêmes tombés à un. J'imagine dans trente ans nos fous de l'ONU proposant que la Chine fasse venir 200 ou 300 millions d'immigrés pour compenser les pertes. Mais où est-ce qu'ils iront les chercher??? Et je ne parle même pas des problèmes inhérent à l'intégration de ces populations qui finiraient avec de tels niveaux d'immigration par devenir majoritaire dans certains pays. Peut-on croire réellement qu'en peuplant l'Allemagne de turcs celle-ci resterait pour autant l'Allemagne? Il y a un niveau de proportion au delà du quel l'immigration devient purement et simplement une colonisation, car il faut appeler un chat un chat même au risque de choquer les cardiaques du politiquement correcte. Vue les taux de natalité germanique il faudrait littéralement remplacer la population allemande d'ici la fin du siècle pour maintenir le niveau d'habitant actuel de l'Allemagne. L'immigration n'est donc pas une solution, à moins de vouloir provoquer des conflits ethniques ou pire encore.
Bref tout çà pour dire que l'on essaie de résoudre la question démographique avec des solutions qui n'en sont pas. La France est assez exemplaire en la matière, notre pays a été le premier à passer la transition démographique, or pour nous en sortir nous n'avons fait que boucher les trous depuis deux siècles. Et malgré l'immigration nous n'avons fait qu'un surplace entre 1800 et 1900, le seul moment où le pays a réellement grossi fut la période où la natalité a gonflé après guerre. L'immigration peut agir à la marge pour rééquilibrer une pyramide des âges légèrement étroite, mais disons qu'en dessous de 1.8 enfants par femme l'immigration n'est plus une solution suffisante. Et la France a pu corriger sa démographie durant ce laps de temps parce qu'elle était la seule à avoir une démographie négative, mais demain c'est une large majorité de pays du monde qui seront dans ce cas. Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité la civilisation urbaine règne sans partage, or à chaque fois que des civilisations se sont éteinte par les berceaux elle furent remplacées ou régénérées par des peuples qui n'étaient pas encore au même stade de développement. On peut penser ici aux romains dont la démographie chancelante permis l'invasion des barbares germaniques et autres. La forte concentration de la population dans les villes et l'homogénéisation des modes de vies et des désirs grace aux médias, ainsi que la hausse des niveaux scolaires, font que maintenant la planètes entière va sombrer dans le spleen démographique et le vieillissement. Il n'y a plus de dehors, il n'y a plus de barbare pour régénérer la démographie mondiale si elle s'effondre toute entière.
L'humanité s'éteindra par les berceaux
L'effondrement de la natalité mondiale sera le problème numéro un de la planète dans les années 2030-40, çà l'est déjà dans certaines régions du monde comme la notre. Mais l'expansion démographique mondiale continue, par inertie, à donne des illusions à nos élites comme elle en a donné aux élites françaises durant deux siècles. Bien sûr il y aura toujours quelques écologistes pour se réjouir d'une telle évolution,mais c'est oublier bien vite que pour changer des formes d'organisation il faut du sang neuf, plus les sociétés vieillissent et moins elles sont aptes aux changements. Or pour sortir du pétrole il faudra de gros changements. De plus l'effondrement de la production pétrolière pourrait aggraver la crise démographique mondiale, en effet l'explosion du coût des hydrocarbures fera exploser le prix de l'alimentation et risque de réduire considérablement le niveau de vie de la planète. On pourrait assister avec la fin du pétrole à une hausse de la mortalité mondiale qui aggraverait les effets de la baisse de la natalité en produisant une baisse rapide de la population. En effet le seuil de reproduction ne dépend pas que de la natalité, mais aussi du niveau de mortalité infantile, si celle-ci augmente alors le seuil de reproduction devient plus élevé. Deux enfants par femme c'est suffisant pour reproduire la démographie d'un pays développé à faible mortalité infantile, mais si le pétrole vient à manquer il en faudra peut-être à nouveau 2.5 ou 3. C'est bien sûr un peu exagéré comme position, on peut imaginer une sortie du pétrole qui ne soit pas aussi catastrophique cependant c'est un scénario tout à fait envisageable.
Mais même en supposant que l'on résolve le problème pétrolier, si la natalité mondiale tombe durablement à 1.5 enfants par femme ou moins, l'on peut dire que l'humanité s'éteindra un jour. A l'image du japon qui en 2100 ne fera plus que 60 millions d'habitants si sa démographie reste ce qu'elle est aujourd'hui. Ainsi on verrait la population mondiale diminuer de génération en génération jusqu'à ce qu'elle soit totalement éteinte dans quelques siècles. Une extinction en douceur de quoi réjouir les plus nihilistes des amis de la nature. On aime imaginer la fin du monde dans une orgie de guerre et de missiles nucléaires ou dans une grande catastrophe de type biblique, il se pourrait pourtant que la fin de l'humanité soit beaucoup plus tranquille. Nous disparaîtront peut-être simplement parce que nous ne désirons plus procréer.