On s'y attendait et c'est fait, la banque centrale américaine recommence à user du Quantitative Easing, c'est à dire du rachat des bonds du trésors émis par l'état américains par la banque centrale US. La mécanique consiste à acheter de la dette par l'émission de monnaie ex-nihilo, on pourrait appeler cela simplement monétisation de la dette publique et de la dette extérieure. On voit déjà bon nombre de critiques s'élever contre cette pratique, ainsi le chouchou du web économique Paul Jorion, affirme-t-il que les USA abusent de leur droit monétaire international. Appelant la Chine a montrer que le roi est nu, c'est à dire que le dollars ne vaut strictement rien et que les grandes nations feraient bien de se débarrasser de leurs avoirs en dollars. Jouant la traditionnelle critique sur le rôle néfaste des USA et de leur vilaine habitude de faire payer aux autres leurs propres excès. Je dois bien avouer que pendant longtemps se fut ma position, sous l'influence notable d'Emmanuel Todd et de son excellent "Après l'Empire". Mais j'ai finalement acquis une position plus équilibré en regardant comment l'économie réelle fonctionne.
L'idée que les USA exportent leur inflation au travers leur dévaluation et leur émission monétaire est passablement injuste à bien y regarder. Voilà une nation dont l'industrie s'est évaporée, dont les déficits commerciaux qui en résultent ne cesse de gonfler et dont on a appris récemment que les infrastructures étaient dignes du tiers-monde. Et pourtant nous entendons sans cesse que les USA profitent et ont profité injustement du monde et se sont enrichi, étrange non?Et si les vrais profiteurs n'étaient pas ceux qu'on croit, et si finalement le roi nu ce n'était pas les USA qui essaient de s'en sortir comme ils peuvent, mais ces nations qui font leur prospérité en démolissant celles des autres. Et si finalement les rois c'était le Japon, l'Allemagne, la Corée ou la Chine, ces gentils pays excédentaires qui attendent bien tranquillement que les USA, ou d'autres, relancent leur croissance par je ne sais qu'elle miracle d'endettement, pour en absorber les effets, avant ensuite de donner des leçons de morales à la planète entière. La vérité c'est que sans la boulimie tant décrier des USA la croissance du monde serait bien faible , la course au néant ce sont les pays excédentaires qui la font pas ceux qui ont des déficits. On confond bourreaux et victimes.
Bien sûr je ne dédouane pas pour autant les actions américaines, le budget militaire excessif, la stupidité des baisses d'impôts pour les riches, les manques d'investissements dans ce qui compte réellement comme l'éducation etc.. L'Amérique a fait beaucoup d'erreurs, mais étrangement je ne vois pas la monétisation de sa dette extérieure comme une mauvaise action, au contraire même. Voilà qui met les pays excédentaires devant la stupidité de leur propre logique, accumuler des excédents ne sert à rien puisque au final vous conduisez vos clients soit à la faillite, soit à répudiation de dette. Le fait que les USA , au contraire de la Grèce, aient choisi la répudiation de dette prouve un plus grand bon sens en Amérique qu'en Europe. Il est au contraire bien malheureux que les Européens ne pensent pas à répudier ou à monétiser leur propre dette d'autant que dans leur cas il s'agit surtout de dettes intérieures et non extérieurs comme dans le cas des USA. En effet ces derniers peuvent manger leur dette extérieure parce qu'elle est exprimé en dollars, ce n'est pas possible en France ou en Grande-Bretagne. Les dettes extérieures contractées dans des monnaies étrangères ne peuvent pas être effacés par la monétisation. Seule l'Amérique a ce pouvoir exorbitant. Cependant monétiser, dans notre, cas la dette intérieure est par contre tout à fait possible, enfin si nous retrouvions notre liberté monétaire au préalable bien sûr.
Excédents et parasites.
Accuser les USA d'effacer leur dette par émission monétaire est donc passablement malhonnête, j'ai d'ailleurs une grande méfiance vis à vis des gens qui présentent la Chine comme un quasi modèle à imiter. La prospérité chinoise n'est en aucun cas un modèle exportatble, c'est un parasite économique qui use des stratégies les plus basses pour arriver à ses fins.Si tout les pays faisaient comme elle, il ne resterait pas grande chose comme consommateurs sur terre. Le modèle chinois n'existe que parce qu'il y a en face des pays déficitaires. Que l'occident et les USA en particulier, aient été de parfaits crétins en libéralisant les échanges c'est certain, mais de là à faire l'apologie d'une nation esclavagiste et ultra-inégalitaire, il y un pas que je ne franchirai jamais. Même chose, mais dans une moindre mesure pour l'Allemagne, cette nation devenue la star de l'Europe pour ses excédents alors même qu'ils sont le fruit du moins disant salarial et de la contraction démographique du pays. Il est étrange de voir des gens de gauche, en théorie, comme monsieur Jorion faire l'apologie de nations exploitatrices de la misère leurs propres peuples. Enfin, j'imagine que la gauche français en mal de pays phare puisque la France révolutionnaire, l'URSS ou les USA multiculturelle ne sont plus là, il lui fallait bien combler le vide avec le géant chinois. La réalité d'aujourd'hui c'est que tout les pays du monde font partie du même mécanisme mondial déséquilibré. Il n'y a pas une mauvaise Amérique et une bonne Chine, une mauvaise France et une bonne Allemagne, il y a un système qui n'équilibre pas les balances des paiements de chaque pays. Provoquant ainsi des dettes extérieures et des croissances en stop and go. La croissance est là tant que les clients peuvent s'endetter, dès que la bulle éclate la demande s'effondre et les exportations des pays excédentaires avec. Les pays endettés ne pouvant pas payer font défauts, dans le cas des USA l'ardoise est régulièrement remise à des niveaux raisonnables grâce au QE.
Alors la question bien sûr, c'est est-ce que la monnaie américaines peut plonger? C'est possible, c'est même certain diront les apôtres de l'or qui n'attendent que çà pour faire des profits. Mais est-ce que cette chute serait si dommageable aux USA? Tout dépend le rythme et surtout tout dépend de la capacité de la Chine à continuer son vampirisme monétaire. Car n'oublions pas que la Chine a une monnaie collée à celle des USA, une baisse de 20% du dollars et le Yuan suit. Jusqu'à présent cela n'a pas gêner la Chine qui préférait voir ses importations énergétiques et de matières premières augmenter avec la dévaluation plutôt que de perdre le marché américains par une réévaluation face au dollars. Mais grâce à sa nouvelle victime, l'Europe, le parasite chinois pourrait bien changer de corps maintenant que la première bête est mourante. D'autant que la bête Européen est encore plus idiote que la première. La stratégie chinoise est simple, nous vous donnons un niveau de vie supérieur momentanément à ce que vous auriez si vous produisiez vous même ce que vous consommez, et en échange nous détruisons vos capacités de productions à long terme. C'est ce qui explique la société dite de service, qui n'était qu'une absolue hérésie intellectuelle si l'on y réfléchit bien, aient pu durer si longtemps sans accrocs apparents. L'Amérique paye durement aujourd'hui sa hausse artificielle de niveau de vie des années 80-90. La Chine pourrait ne plus avoir besoin d'elle à l'avenir, maintenant qu'elle a ce qu'elle voulait les savoir-faire industriels. Cependant les USA ont encore la possibilité de faire évaporer leur dette extérieure et ils ont bien raison de le faire puisqu'il ne leur reste que cela.
Maintenant plutôt que d'effacer les dettes extérieures avec la planche à billet, l'Amérique ferait finalement mieux de se préparer à l'après dollars. Si Obama voulait vraiment être un nouveau Roosvelt, il ferait mieux d'investir dans l'industrie et dans l'achat de capacités de production pour l'avenir. Investir massivement dans les alternatives au pétrole tant qu'il est temps, plutôt que de continuer à gaspiller l'énergie du pays dans des guerres de contrôle face à une Chine qui pour l'instant à le vent en poupe. Il est finalement dommage que cette monétisation ne serve que l'improductive finance internationale et c'est bien là la critique qu'il faut faire de cette méthode économique. Que la Chine perde ses devises accumulés à coups d'excédents commerciaux et de délocalisations ne me fera franchement pas tirer une larme de pleur mais plutôt de rire. Pauvres chinois, mais il leur restera quand même les magnifiques usines que nous leur avons construit et les innombrables avancés techniques qu'ils nous ont insidieusement volés grâce au stratégie de sou-traitance, ce n'est pas rien n'est-ce pas?