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10 mars 2010 3 10 /03 /mars /2010 00:08

    Je ne vais pas faire un grand discours ici juste mettre un lien et une vidéo qui résume la problématique bien connu des défenseurs du protectionnisme. Alors que l'on condamne la Grèce et probablement la plupart des pays européens à terme, à une contrition des salaires et des dépensent publiques. Certains intellectuels, même dans l'establishment, commencent à se poser la question fatale "Mais ou va-t-on exporter si tout le monde réduit les salaires?". C'est bien évidement la question que les obtus du libre-échange ne se pose jamais, car dans leur façon d'analyser la réalité économique, le problème est pour eux insoluble.

 

Alors pour présenter le problème il y a la façon intellectuelle avec un texte tiré de contreinfo, il est en anglais. Ou alors vous demandez directement aux victimes de la mondialisation, c'est ce qu'a fait Michael Moore en 1997 dans "The Big One" dont cet extrait  est tiré. En trois minutes cela explique l'impossibilité de fonctionnement de la mondialisation. Un pauvre ouvrier licencier probablement Bac moins 3 vous expliquera mille fois mieux que des surdiplomés en économie dont on voit aujourd'hui l'incroyable incompétence intellectuelle.

 

 


La connerie du commerce global expliquée en trois minutes


PS: Je ne suis pas un grand fan de Michael Moore mais il met parfois le doigt là ou c'est nécessaire. Son style pamphlétaire peu énerver mais il est américain et use de méthodes couramment employées dans la politique US les plus caricaturaux étant en générale les républicains et les néoconcervateurs. 

 

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8 mars 2010 1 08 /03 /mars /2010 10:23

Chiemgauer-FcherLa crise économique planétaire commence à produire des effets sur les idées en vogue dans le domaine économique. La doxa dominante du néolibéralisme a montré l'impasse dans laquelle elle entrainait l'humanité. Le chômage de masse, les délocalisations, les déséquilibres commerciaux, ou encore l'explosion des inégalités ont fini par produire un discrédit total à l'encontre des économistes et surtout de la vision de l'économie dominante. Bien sure les clercs du néolibéralismes continuent à prodiguer leurs poisons pseudo-scientifique comme remède, mais ils produisent ainsi des aggravations constantes ne faisant que déplacer les problèmes tout en les amplifiants de façon grotesque.

 

 On a déjà longuement parlé sur ce blog des politiques alternatives en matière de commerce ou de contrôle des changes. Le texte de Jacques Sapir fait d'ailleurs un bon résumé de ce qu'il faudrait faire dans le cadre de la société et de l'organisation économique tel que nous l'entendons. Mais a plus long terme et en réfléchissant sur la nature de la monnaie et la relation globale qu'il y a entre l'économie et la vie en société en générale, on peut élaborer des projets et des idées finalement beaucoup plus révolutionnaire que ce à quoi on aurait pu penser de prime abord. Je vais parler ici brièvement de deux formes de monnaie qui peuvent d'ailleurs se conjuguer, et pourraient, en quelque sorte, former une nouvelle forme d'organisation économique structurellement résistante aux délires que l'économie mondiale a pu connaitre ces trente dernières années. Je veux parler de la monnaie fondante et du système de monnaie locale.

 

1-Les monnaies locales

 

  L'idée de monnaie locale peut sembler loquace à l'heure de la mondialisation, de l'euro et d'Attali qui veut une monnaie mondiale. Sauf que justement comme nous l'avons vue dans un texte précédent l'euro de part sa nature est incapable de survivre car il ne forme pas une zone monétaire optimale. Les différents états de la zone euro sont trop disparates pour pouvoir avoir une monnaie unique. Certains comme mon collègue Laurent Pinsolle, tout comme son dirigeant de parti Nicolas Dupont Aignan proposent intelligemment de transformer l'euro en monnaie commune. La différence entre la monnaie unique et la monnaie commune est bien sure plus que sémantique, elle est considérable. Dans la monnaie commune l'euro serait une monnaie de réserve ce qui éviterait les attaques spéculatives que l'on a pu connaitre dans les années 90. Il y aurait donc les avantages de l'euro mais les états utiliseraient leurs monnaies nationale pour commercer celle-ci serait réévaluaient en fonction des balances commerciales.

 

Ces réflexions sur la monnaie et sur la nécessité qu'il y est une bonne adéquation entre la valeur de cette monnaie et la balance  d'un pays pourrait pourtant être poussé plus loin. En effet la zone euro n'est pas homogène mais la France est elle réellement optimale, est-ce qu'il n'y a pas à l'intérieur même de notre territoire des inégalités grotesques. Et est-ce que finalement la forme de notre nation qui a un cœur économique, la région parisienne, qui pompe à lui seul un tiers des richesses du pays n'est pas le résultat d'une mauvaise unification monétaire faite par le passé?

 

L'unification monétaire allemande

 

L'Allemagne nous montre historiquement ce qu'une unité monétaire peut produire lorsqu'elle est bien faite ou non. En premier lieu l'unité monétaire de l'Allemagne s'est faite après l'unification politique contrairement à la zone euro par exemple. Mais surtout le niveau de vie globale des lander était équivalent, dés lors l'unification monétaire des différents lander n'a pas entrainer une divergence macro-économique comme actuellement la zone euro.Il n'y a pas eu de concentration de richesse. Et l'Allemagne a ainsi la particularité d'avoir plusieurs pôles économiques et aucun centre protubérant comme la région parisienne, Londres ou Tokyo. Certains y voit une nuisance pour la compétitivité mais l'extraordinaire capacité industrielle de l'Allemagne semble infirmer cet avis. Après tout est-il logique que sur un territoire comme la France la population et les richesses se concentre uniquement en région parisienne.

 

  La bon répartition territoriale des richesses allemandes fut en réalité le fruit d'une bonne politique d'unification monétaire. C'est bien parce que l'unification s'est faite entre régions équivalentes que le territoire allemand fut si homogène. Cette particularité allemande fut d'ailleurs très bien vue par le père du protectionnisme allemand Friedrich List , qui notait d'ailleurs déjà à son époque que la France était malade de Paris car la ville lumière avait pompé toute les potentialités créatrices des autre régions de France appauvrissant globalement la nation.

 

L'erreur est-allemande

 

Mais si l'Allemagne de Bismark et Friedrich List fut intelligente dans son unification monétaire on ne peut pas en dire autant de l'Allemagne d'Helmut kohl. En effet alors que le mur de Berlin tomba en 1989 les autorités allemandes furent prise d'un élan excessif ne réalisant pas l'écart énorme de niveau de développement entre la RDA et la RFA. En unifiant brutalement les deux pays l'Allemagne mis des contraintes commerciales et macroéconomiques fatal à l'industrie de l'est. En quelques années l'est s'est dépeuplé et a perdu la totalité de son industrie, contrairement au autres pays de l'ex bloc de l'est, ils ne pouvaient pas dévalué et avait une monnaie beaucoup trop forte par rapport à leur capacité de production. Cet échec est d'autant plus remarquable que l'Allemagne fut d'une générosité sans nom, des centaines de milliards de marks furent dépensés. L'état allemand fit un véritable plan Marshall pour ses territoires sinistrés, mais rien n'y a fait et aujourd'hui l'est de l'Allemagne est vidé d'une grande partie de sa substance.

 

 Cet exemple montre la puissance d'une politique monétaire vous pouvez littéralement tuer un pays avec une monnaie surévaluer. D'autre part il montre que la redistribution directe ne peut pas compenser un mauvais fonctionnement monétaire. Plus une monnaie est locale plus elle a de chance de correspondre à une zone monétaire optimale, plus elle homogénéise la répartition spatiale des richesses. L'ère des mégalopole surpeuplé ne serait qu'une erreur monétaire planétaire et non une évolution lié à un mécanisme naturel l'être humain aimant s'entasser dans des immeubles puant ou des bidons-villes. Voilà une explication séduisante à l'étrange concentration de la population mondiale dans quelques petits lieu et ce d'autant plus à une période ou les communications longues distances permettraient d'imaginer un moins grand besoin de concentration justement.

 

Pourquoi pas plusieurs monnaies pour la France et ses régions?

 

  Ces exemples allemands montrent qu'il n'est pas forcement très intelligent d'avoir une seule monnaie dans un pays où les inégalités territoriales sont trop fortes. J'aurais pu aussi prendre exemple sur les USA qui eux même possédait , avant le dollars, une myriade de monnaies locales, à cette époque la richesse était d'ailleurs mieux répartie entre les différents états US. Mais au-delà de la curiosité intellectuelle ces exemples peuvent aussi nous montrer une voie alternative à la redistribution tel que l'état jacobin français l'a conçu depuis la révolution. Car le franc fut  peut-être un euro qui a perduré détruisant les économies locales et concentrant toute les richesses dans quelques lieux étriqués.

 

  Dans les années 80 François Mitterrand et les socialistes se sont lancé dans l'idée qu'il fallait déconcentrer les richesses en France et qu'il fallait développer plusieurs pôles de dynamisme dans le pays, l'exemple allemand qui obsédait Mitterrand n'y était probablement pas pour rien.  Pour ce faire, ils ont développé la politique dite de décentralisation qui consistât en de multiples actions de redistribution en faveur de communes et des régions. On a décentralisé des grandes écoles, on a fait des grands travaux , bref on a fait du Jacobinisme à but Girondin...  Et c'est en grande partie un échec on assiste toujours à une désertion dans nombre de régions et si certaines réussissent, la majorité restes de simples lieu touristiques en déclin. Et Paris pèse toujours autant sans que la France ne se soit le moins du monde rapproché du modèle Allemand.

 

  C'est ici que les monnaies locales pourraient servir de mécanisme puissant de déconcentration. Tout d'abord je me place ici dans la perspective d'un retour du franc et d'une éventuelle monnaie commune européenne, à savoir l'hypothèse optimiste de Laurent Pinsolle. Une fois prise cette hypothèse on peut imaginer un découpage territoriale de la France de façon à obtenir des régions à peu près homogène en terme de niveau de vie. Bien sure les régions ne seront jamais complètement homogènes puisque dans les villes même vous avez des inégalités territoriales, mais on peut obtenir quelque chose de plus probant par rapport aux régions historiques.  L'astuce ensuite consisterait à donner à chaque région sa propre monnaie et la valeur des monnaies régionales vis à vis du francs serait proportionnelles à un indice composite lié au niveau de vie locale, à la capacité de production et au taux de chômage.

 

  On pourrait ainsi imaginer que le franc parisien vaudrait 1,5 francs nationale, tandis que le franc Nord-pas  de calais n'en vaudrait que 0.75. L'effet serait immédiat les régions les plus désavantagés par l'histoire, la géographie ou la démographie se verraient d'un seul coup plus attractives et de nouveaux pôles apparaitraient naturellement sans avoir besoin de politiques complexes et centralisées telle qu'elles furent conçu jusqu'à présent. En quelques décennies il serait probablement possible de voir les richesses bien mieux réparties sur le territoire. Notre démocratie en sortirait renforcé car l'élite ne serait plus consanguine, si je puis dire, et il y aurait plusieurs pôles intellectuels qui naitraient dans la foulé. Fini le parisianisme qui montre ses multiples inconvénient surtout à la lueur de la crise actuelle.

 

2-Les monnaies fondantes

 

  Après vous avoir présenté mes divagations sur les monnaies locales et leur intérêt dans la répartition spatiale des richesses, je voulez vous parler d'une autre problème monétaire. La monnaie est censé échanger le travail des êtres humains, enfin on échange des marchandises et ces marchandises ou ces services sont fait avec du travail humain et ce quelque soit le service ou la marchandise en question. Or il se trouve qu'il y a une différence fondamentale entre le travail et la monnaie, la monnaie peut s'accumuler dans le temps pas le travail. Le travail humain est comme l'électricité il ne se stock pas contrairement à la monnaie.

 

  De cette différence va naitre nos crises modernes liées à une non utilisation d'un capital monétaire ou à une sur-utilisation. L'épargne ou l'accumulation créé des distorsions entre le travail humain qui est une force instantanée et la demande qui s'adresse à ce même travail humain qui va varier en fonction des vues futures des consommateurs ou des entreprises. Comme le disait Keynes la monnaie est un lien vers le futur, un mécanisme qui peut nous pousser à imaginer nos besoins futurs. De ce fait nous nous mettons à agir dans le présent en anticipant ce que nous ferons dans le futur et ce futur imaginaire à donc un impact sur notre présent.

 

  L'autre problème lié à cette différence tient à l'accumulation en elle même, si l'accumulation produit une compression de la masse monétaire en circulation, elle produit aussi le phénomène de concentration des richesses par le truchement des taux d'intérêts. Seule la purge régulière par l'inflation, la guerre ou la répudiation de dette permet aux sociétés capitalistes à monnaie classique de remettre de temps en temps les pendules à zéros. L'occident devrai d'ailleurs bientôt devoir être mis devant ce genre de nécessité pour survivre.

 

Un économiste Silvio Gesell, s'est  demandé en regardant ce problème si la résolution des crises à répétition ne pourrait pas se faire en rapprochant la nature de la monnaie de celle du travail. En faisant en en sorte que la monnaie ne puissent être indéfiniment conservé par exemple. Plutôt que de résoudre les problèmes à postériori comme Keynes par l'inflation, les impôts de redistribution et les taxes sur le capital, pourquoi ne pas les prévenir en empêchant l'accumulation. Pour ce faire il suffit que chaque billet perde une partie de sa valeur au furent et à mesure que le temps passe. Ou alors on pourrait retirer de la circulation des billets au bout d'un certains temps ceci n'ayant plus aucune valeur.

 

  Cette nouvelle monnaie dite fondante à la particularité de rapprocher l'échange monétaire de l'échange par le troc, en effet dans le troc il n'y avait pas d'accumulation possible et  donc l'inégalité produite par l'accumulation monétaire n'était pas possible. Bien sure l'inégalité pourrait toujours prendre d'autre forme mais les inégalités délirantes actuelles seraient impossible.  Il n'y aurait plus ces immenses flux se concentrant toujours plus haut dans la pyramide des revenues à cause du mécanisme d'intérêt.

 

Mais avec ce système se pose évidement la question du financement de projets massifs. En effet si l'épargne n'existe plus comment alors financer des projets qui nécessitent des moyens supérieurs de très loin aux flux de revenues moyens des entreprises ou des individus. On pourrait imaginer des banques publics d'investissement qui seraient autorisé à frapper monnaie, les entreprises devrait remboursé ensuite les sommes suivant leur situation financière exactement comme le système actuelle sauf que les intérêts disparaitraient car le financement ne se ferais plus par des dettes avec des intérêts à payer. De plus avec une monnaie fondante le risque d'inflation est moindre puisque la monnaie perd de sa valeur au fil du temps, de plus la vitesse de circulation est nettement plus élevé puisque chacun à intérêt à ne pas garder trop longtemps ses billets à durée de vie limité.

 

Dernier point la monnaie fondante favorise le don en effet ceux qui ne savent quoi faire de leur monnaie restante seront plus en clin à faire des dons à leurs proches ou à ceux qui connaissent des difficultés, on peu dire qu'en quelque sorte la monnaie fondante favorise la générosité alors que les monnaie classiques favorisent l'avarice.

 

Il y a tout de même un gros problème au monnaies fondantes c'est l'articulation entre diverses monnaie fondantes. En effet on a supposé ici qu'il n'y avait qu'une seul monnaie le problème c'est que dans le monde réel il y a plusieurs monnaie en circulation. Le fait d'avoir plusieurs monnaie qui aurait des variations importantes de leur valeurs dans le temps rendrait trés difficile les échanges internationaux dans ces mêmes monnaies. Elles ne peuvent donc pas servir à l'échange à grande échelle entre pays par exemple. Il nécessairement une monnaie qui elle réponde aux critères d'exigences internationaux, et ce d'autant plus qu'il y a peu de chance de réaliser des monnaies fondantes sur toute la planète en même temps c'est politiquement peu réaliste.

 

Pour conclure sur les monnaies fondantes et les monnaies locales, on peut dire que ces types de monnaie luttent par leur nature contre l'accumulation et la rente. En effet la monnaie locale permet de lutter contre la rente territoriale celle qui fait que les individus ou les entreprises n'auront pas la même chance de succès suivant qu'ils naissent dans une région pauvre ou prospère.  De l'autre coté la monnaie fondante permet de lutter contre la rente temporelle celle qui est le fruit pourrit du capitalisme, de l'intérêt et de l'héritage, elle élimine la transmission temporelle de la richesse.

 

3-L'exemple Allemand du Chiemgauer


En conclusion de  cette petite présentation nous allons passé à la pratique puisque on a la chance d'avoir un exemple de monnaie qui est à la fois fondante et locale.Une fois encore nous allons parler de l'Allemagne. En effet cette nation semble propice à l'expérimentation monétaire et je voulez vous parler d'une expérience récente d'une monnaie usant des deux concepts précédemment cité.


Le Chiemgauer est une monnaie à la fois locale et fondante qui a été mis en place en 2003. Un document en PDF malheureusement en anglais, il n'y a pas de version française,  pourra vous en dire plus que ces propos succincts. Le Chiemgauer est une monnaie qui perd 2% de sa valeur tout les trois mois sa particularité supplémentaire c'est que ces pertes sont reversé à un tronc commun permettant des investissements publics. Sa vitesse de circulation semble en pratique trois fois plus rapide que celle de l'euro. 


Le documentaire qui suit est assez précis sur la nature du Chiemgauer même si Arte le présente comme un instrument infâme de protectionnisme. C'est vrai qu'en plus en favorisant l'échange locale il permet de lutter contre le dumping sociale et les délocalisations. Cela semble être également un instrument particulièrement efficace d'un point de vue écologique puisque il pousse les gens à consommer des produits fait à proximité de la même manière qu'une bonne politique protectionniste. A la fin du petit documentaire vous pourrez également apprécier les remarques d'un économiste orthodoxe, d'obédience néolibérale probablement, dont la critique se résume à "c'est mauvais pour la concurrence les gens vont devenir paresseux.... ". 


 


Chiemgauer auf franz�sisch auf ARTE

 

 

 

 

 

 

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2 mars 2010 2 02 /03 /mars /2010 20:35

  greau-jean-luc-photo-c-helie-gallimard-coul-11.jpgLe dernier interview donné par Pascale Fourrier avait comme invité l'excellent Jean Luc Gréau qui comme à son habitude s'est concentré sur l'essentiel. Il décrit et défend depuis longtemps un protectionnisme pour revitaliser le tissu industriel européen et français profondément malade. Mais dans cet interview il décrit également le risque grave auquel s'expose les puissances européennes, un risque dont elles ne soupçonnent même pas l'existence. Ce risque c'est celui du déclin absolu, et non relatif.

 

  Le déclin absolu s'est déjà produit à de grandes échelles on pense à la civilisation musulmane, à l'empire romain, à l'Espagne du 16ème siècle qui ne sait jamais vraiment remise de la fausse richesse créées par ses mines d'or et ses pillages en Amérique du sud. Mais on oublie souvent des déclins plus proches de nous historiquement qui sont pourtant exemplaire de ce qui pourrait se produire si les puissances européennes ne prennent pas enfin leurs problèmes économiques au sérieux. L'empire Ottoman et l'Inde sont des exemples pratiques de ce que le libre-échange maintenu par idéologie, stupidité ou colonialisme dans le cas de l'Inde peut provoquer sur une longue période.

 


   Le déclin et le commerce

 

Le libre-échange pratiqué constamment à toujours conduit au déclin absolu

 

  L'exemple de l'empire Ottoman est le plus frappant son poids ne va cesser de diminuer au cours du 19ème siècle avant de disparaître à la fin de la grande boucherie de 1914-18. Ce déclin est le fruit en grande partie de la destruction de l'artisanat et de l'industrie locale face à la concurrence occidentale, mais il faut bien voir qu'avant la révolution industriel l'Europe n'était pas plus riche que l'empire Ottoman. Ce dernier était même une menace constante pour les puissances d'Europe et notamment pour l'empire Austro-hongrois. .Le déclin de cette puissance est bien le fait d'une rupture lié à la non industrialisation de l'empire. Cette non-industrialisation est évidemment du au fait que l'industrie locale n'a pas été protégé et encouragé à produire des produits aptes à concurrencer les marchandises européenne, et surtout britannique.

 

D'ailleurs il faut savoir que l'empire Ottoman était la coqueluche des libre-échangistes au 19ème. Paul Bairoch l'économiste suisse, a même fait cette citation incroyable d'un partisan du libre-échange intégrale J.R. McCullock qui dit dans son « dictionnaire du commerce »: « Il est assez étrange de constater que, dans le domaine des échanges commerciaux, nous ne pouvons qu'adresser nos louanges au gouvernement turc, qu'il est agit intentionnellement ou par négligence. ». En effet comme le note Bairoch les importations n'étaient pas taxé à plus de 3% soit quantité négligeable. Comme je l'avais noté dans mon texte sur la concurrence, celle-ci n'a de sens qu'entre égaux en cas contraire elle produit une destruction massive de l'industrie la plus faible ou la moins avantagé. L'empire Ottoman ne s'en est jamais remis, l'une des civilisations les plus puissante de la planète s'est écroulé pour cause de non politique commerciale.

 

  Un autre cas de démolition par libre-échange intégral est l'Inde, là encore il s'agissait d'un pays riche et prospère avec une grande variété de productions artisanales. Mais les colonisateurs britanniques n'ont vue dans l'Inde qu'un marché pour leurs exportations, le déséquilibre commerciale constant qui s'établit entre la Grande-Bretagne et son immense colonie va condamné celle-ci à un déclin dont elle ne fait que se sortir aujourd'hui. On pourrait d'ailleurs ironiser sur le fait qu'aujourd'hui la situation s'est inversé.

 

  On pourrait multiplier les exemples et je ne peux que vous conseiller encore une fois la lecture des travaux de Paul Bairoch en la matière. Tous les pays sous-développé actuelle son d'ancien libre-échangistes ce n'est pas une théorie bancale comme celle de la théorie des avantages comparatifs,non, ce sont des faits historiques issus de l'expérience commerciale du 19ème et 20ème siècle. Or dans la science ce sont les fait qui comptent et non les théories aussi plaisantent et reposantes soient elles pour l'esprit.

 

Le contre exemple historique américain

 

  L'ascension surprenante des USA coïncidence avec une fermeture commerciale sans équivalent dans le monde. Contrairement à la légende qu'ils se sont eux mêmes forgés les USA ne se sont pas construit sur le libre-échange bien au contraire. Ce graphique va vous le montrer jusqu'à la deuxième guerre mondiale les USA taxait très fortement les importations, ce n'est qu'après la mise en place de leur domination militaire et politique qu'ils devinrent des libre-échangistes, non sans arrières pensés bien évidement. Comme leur prédécesseur anglais, ils pensaient que leur avance était telle que nul ne pourrait jamais les rattraper, mais comme à chaque fois le libre-échange s'est retourné contre ses promoteurs. Ce qui n'était qu'une stratégie de domination à court terme se transformera en principes naturels qui finalement conduiront au déclin macro-économique et à l'effondrement impérial.

DroiUSARGU

 

  Vous remarquerez que les droits de douanes furent augmentés au lendemain de la guerre de sécession. Car oui contrairement à la légende, là encore, les USA n'ont pas fait la guerre pour libérer les esclaves, la durée de la ségrégation le montre d'ailleurs, les noirs étant restés des habitants de seconde zone longtemps après Lincoln, mais pour des intérêts purement économiques. Ainsi le nord industriel ne pouvait pas se développer à cause de la concurrence britannique féroce, le nord était donc pour le protectionnisme commercial, et pour l'abolition de l'esclavage comme caution morale. Le sud lui était pour le libre-échange car l'esclavage lui donnait une AVANTAGE COMPARATIF... vis à vis de l'étranger en matière agricole en plus de ses avantages naturelles en terre vastes et riches. Avec la défaite du sud l'Amérique est devenu largement protectionniste et a réussi son industrialisation, le sud lui a décliné.

 

Avec la domination de l'empire américain les entreprises américaines se sont mis à rêver d'exporter le made in america partout dans le monde et particulièrement dans l'Europe dévastée. Les intérêts industriels ont alors oublié leur protectionnisme qui les avaient avantagé si longtemps et se sont mis à prôner le libre-échange ce qui produira des changements puissant dans l'économie US. Tout comme l'abrogation des "Corn laws " et la mis en place du libre-échange l'ont fait pour la grande-Bretagne un siècle avant, l'abolition des mesures de contrôle commerciale va progressivement devenir un dogme et faire décliner l'industrie US.

 

  Déclin relatif ou absolu

 

 La différence entre les deux est assez simple à comprendre, la France du 19ème siècle est un exemple de déclin relatif . Notre pays a du son déclin en terme de poids essentiellement à une raison démographique, alors que la France était quatre fois plus peuplé que la Grande-Bretagne en 1800 la population de cette dernière était plus élevé en 1900. Notre pays a connue une stagnation démographique d'un siècle au moment même ou le reste de l'Europe puis de la planète connaissaient un boom sans précédent de leur population. Cependant la France s'est industrialisé elle est resté une grande puissance, en déclin certes mais continuant à faire partie de l'histoire et des pays avancé. Le niveau de vie français a continué à grimper et nous avions une industrie, une agriculture et des capacités militaire toujours croissante. La France a su protéger son industrie et quelques expérience de libre-échange furent rapidement abandonné, comme quoi nos élites d'alors avaient un peu plus de plomb dans la cervelle.

 

A l'inverse le déclin absolu entraine une baisse du niveau de vie général de la population, une perte de souveraineté et une faiblesse qui peut au final carrément détruire des institutions et des pays qui avait pourtant vécu des siècles durant. L'empire Ottomans existait depuis 1299 il a pourtant été détruit en l'espace de quelques générations son déclin économique ayant nourrit des séparatisme locaux il éclata en 1922. De la même manière des peuples créatifs et intelligents contraints au libre-échange comme l'Inde perdirent tout une partie de leur savoir faire et s'enfoncèrent dans la misère. On peut rajouter l'exemple sud américain. Le fait que l'Amérique du Sud soit resté en régime de libre-échange explique en grande partie la différence d'évolution avec l'Amérique du Nord.



Notre avenir


L'Europe et l'occident ne peuvent que décliner à court terme

 

La situation française du 19ème s'est aujourd'hui étendu à toute l'Europe, la grande Europe incluant la Russie représentait 25% de la population mondiale en 1920, elle ne fait plus que 12% aujourd'hui probablement moins de 7% en 2050. Même si le niveau de vie s'accroit au rythme planétaire le poids relatif ne peu que diminuer. Donc quoique ne nous fassions nous ne pèserons plus jamais comme nous l'avons fait par le passé.

 

De plus au début du 18ème siècle le niveau de vie de la planète était partout à peu près équivalent. L'industrialisation d'une partie du monde va enclencher un déséquilibre historique de grande ampleur qui va favoriser les peuples d'occidents ce qui va leur permettre, momentanément, de peser bien plus lourd que leur poids démographique. C'est cette période que nous enterrerons aujourd'hui avec le retour de la Chine en attendant l'Inde, l'Amérique du sud et l'Afrique.

 

Mais comme je l'ai expliqué précédemment il y a une différence importante entre déclin relatif et absolu et ce que nous faisons aujourd'hui en matière économique déterminera ce qu'il adviendra de notre pays et de notre continent. Voulons nous nous effondrer comme l'empire Ottomans en maintenant le libre-échange tout en croyant toujours être les plus intelligents et les plus avancés? Puis disparaitre des pages d'histoires, laissant nos éventuels descendants sur une terre dominer peut-être par des puissances étrangères. Ou allons nous accepter notre déclin et nous y préparer en protégeant ce qui peut l'être, en maintenant une industrie et un potentiel  de création et de production sur notre sol. Et pourquoi pas en relançant la natalité pour qu'a moyen terme notre continent reste un poids important dans le monde.

 

Demain la science viendra d'Asie

 

Il faut définitivement tordre le cou à l'idée que nous nous spécialiserons dans les sciences c'est une escroquerie intellectuelle un argument bidon issu d'une théorie qui s'est révélé fausse et nuisible à l'essai, celle des avantages comparatifs. Comme le fait remarquer Jean luc Gréau dans son deuxième interview rien que la Corée du Sud produit plus d'ingénieurs que les USA, or la Corée du Sud ne fait que 49 millions d'habitants! Imaginez la Chine puis l'Inde, près de trois milliards d'habitants à eux deux, il faut être cinglé pour croire qu'ils ne vont pas être le cœur de la science de demain. Notre adaptation au monde de demain devra donc se faire en maximisant les scientifiques aptes à parler les langues asiatiques par exemples et à copier ce qui se fera la-bas (thèses, brevets, nouveau concepts). Croire que nous tiendrons à la course est chimérique, nous seront derrière un peu comme nous l'étions avec les USA, ou comme avec le Japon actuel. Le protectionnisme permettra  l'installation d'entreprises asiatiques intéressées par nos marchés, sur notre sol. Elle transfèrerons ainsi des savoir-faire acquis dans le nouveau centre du monde.

 

Je sais que la perspective d'être à la périphérie des grandes civilisations fait mal au cœur des occidentalo-centriste mais sur les 2000 dernières années l'histoire du monde s'est surtout faite en Asie. La Chine a toujours était la première puissance du monde, et même à son apogée l'empire Romain n'aurait pas pu rivaliser avec les armés chinoises . Deux siècle de domination occidental ce n'est finalement pas grand chose. Pourtant cela n'a pas empêché nos ancêtres de vivre, d'inventer leur propres façon d'exister. Les occidentaux doivent se sortir de l'esprit de domination issu d'une période courte de la révolution industrielle s'ils ne le font pas et s'ils se laissent enfumer par leur pseudo-grandeur passé nous allons droit au déclin absolu. Accepter notre déclin s'est voir qu'aujourd'hui nous sommes les faibles et que nous pouvons à notre tour être les victimes de l'histoire et c'est accepter le besoin du protectionnisme comme élément régulateur. Ceux qui prônent le libre-échange sont comme le dit Gréau des racistes qui croient toujours en la domination de l'occident.

 

 

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26 février 2010 5 26 /02 /février /2010 00:01

Le libéralisme est devenu avec le temps un terme générique qui a tellement été employé à tort et à travers que l'on ne sait plus exactement ce que recouvre ce terme. Je vais donc vous donnez mon avis sur la chose, il vaut ce qu'il vaut rousseaumais au moins saurez vous ce que j'entends par libéralisme ou néolibéralisme.

 

1-Le libéralisme et le cartésianisme

 

    Certains auteurs comme Jean Claude Michéa pense que l'origine du libéralisme fut fruit des guerres religieuses qui ravagèrent l'Europe au 16ème et 17ème siècle. Devant la catastrophe humaine que furent ces guerres, les penseurs des lumières prirent en horreur l'organisation social fondé sur la tradition et l'arbitraire. Ils créèrent des principes fondés sur la raison censé créer une société non sujette à l'arbitraire religieux. De ce point de vue on peut dire que le libéralisme politique est une invention de gauche au sens où elle est une théorie qui entre en conflit avec la tradition, la conservation et les conservateurs. Si les guerres de religions peuvent expliquer la genèse du libéralisme politique, elles n'expliquent pas la forme de pensée qui lui tient lieu de raison. Le libéralisme politique est imprimer d'un autre mécanisme d'analyse, plus ancien celui qui est à l'origine de la modernité occidentale, mais aussi des problèmes de plus en plus graves que auquel cette civilisation est confronté, le cartésianisme.

 

Vous allez me dire mais quel est le lien entre le cartésianisme et le libéralisme. C'est assez simple à voir, le cartésianisme est issu du fameux texte de René Descartes « Le discours de la méthode » il définit une méthodologie permettant de résoudre et d'analyser les problèmes, quels qu'ils soient, en procédant à des raisonnements cloisonnés. Ainsi si un problème est difficile à résoudre de prime abord, pour Descartes, il suffit de le découper en petites parties, d'analyser chaque partie séparément, l'ensemble du problème sera résolu en additionnant ces petites parties. C'est ainsi que raisonnait Descartes, et c'est pourquoi il finit par croire que les être vivants ne sont guère plus que des automates sophistiqués, la somme des partie ne pouvant différer de l'ensemble. Le cartésianisme est fondamental dans la pensé occidental moderne, il s'agit d'une véritable rupture qui va influencer les sciences, les arts et évidemment la future pensée économique et politique le libéralisme.

 

Mais il y a un gros problème avec le cartésianisme, problème qui se fera rapidement sentir dans les sciences naturelles. En effet l’hypothèse implicite de Descartes est que les variables du problème que l’on va découper sont indépendantes les unes des autres. Car si le corps complet du problème influe sur ses parties alors la somme de ces mêmes parties prises indépendamment les unes des autres n’est pas égale au corps complet. C'est une limite que les scientifiques connaissent bien, il faut prendre d'infinie précautions pour être sure que les variables sont indépendantes, conditions sine qua non pour que l'hypothèse cartésienne soit valide. Le raisonnement cartésien se révèle complètement faux en physique quantique par exemple. Même en additionnant les représentations à l'échelle quantique d'une objet, vous ne trouverez pas les lois physiques qui régissent les mouvements de cette objet à notre échelle. Les lois diffèrent entre l'infinitésimal et l'infiniment grand et on a pas de loi mathématique permettant de passer de l'un à l'autre, on change de loi suivant l'échelle. On ne peut pas définir les mouvements d'une chaise en additionnant les mouvements de ses atomes.

 

2-Le libéralisme politique

 

  Les problèmes de la Méthode cartésienne ne se sont pas fait sentir tout de suite il a fallut des siècles aux scientifiques pour mettre en évidence ses limites (médecine, biologie, physique quantique, climatologie etc..). Mais le succès à court terme, dans les sciences naturelles, du cartésianisme va rendre cette méthodologie populaire. Et c'est tout naturellement que les penseurs comme Rousseau vont l'employer pour définir une société lavée de l'organisation arbitraire et religieuse. Les libéraux politiques firent un rêve, créer un société purement diriger par le logos et le rationalisme. Sans le savoir ils créèrent une société fondée sur le cartésianisme organisationnel.

 

  Pour les penseurs libéraux il fallait donc voir quel est la plus petite partie de la société, analyser le comportement de ces petites parties, additionner le tout et enfin voir le fonctionnement de l'ensemble. Bien sure la plus petit partie de la société c'est l'individu seul, on comprend pourquoi un penseur comme Rousseau va se fatiguer à construire un raisonnement partant de l'individu seul dans la nature à l'homme vivant en société. Mais les libéraux ne vont pas être d'accord sur les comportements individuels c'est la fameuse différence entre le libéralisme français issu de Rousseau et de Montesquieu, et le libéralisme ango-saxon issu de Hobbes. Les uns considérant l'homme bon par nature, l'autre mauvais, évidement suivant cette hypothèse les enchainements logiques se mettent à sérieusement diverger. Et les deux libéralisme donneront des visions de l'organisation sociale complètement différentes. Chez Rousseau l'homme étant bon par nature la société devra encourager l'individu, on créé une société de confiance et d'entre aide. L'autre celle de Hobbes voit l'individu comme un égocentrique, il faut nécessairement lui taper dessus pour qu'il rentre dans rang. On pourrait résumer cette divergence par la différence de la nature d'un accusé judiciaire, en France et aux USA. Chez nous un accusé est innocent jusqu'à preuve du contraire aux USA c'est exactement l'inverse, il est coupable jusqu'à ce qu'il prouve qu'il est innocent.

 

Mais les libéraux politiques vont rapidement voir les problèmes pratiques de leur théories basées sur les raisonnements cartésiens. Rousseau va devoir inclure la notion de contrat social, en effet il lui fallait un moyen pour relier les individus à la société dans laquelle ils vivent. C'est la création intellectuelle de l'intérêt général, chez Montesquieu l'astuce est autre, il parle d'amour de la patrie. Comme si Montesquieu et Rousseau avaient senti les limites du raisonnement cartésien, ils mettent des gardes fous à l'intérêt individuel. Et pour eux ipso facto, la somme des intérêts individuels n'est plus égale à l'intérêt collectif, ce dernier est défini par l'Intérêt général, l'ensemble diffère de la somme des partis. Comme on va le voir ensuite, c'est la grosse différence entre le libéralisme politique et le libéralisme économique, c'est une différence fondamentale. Le libéralisme politique ne considère pas que la somme des intérêts individuels est égale à l'intérêt collectif.

 

De cet intérêt général va découler la démocratie telle que nous l'entendons, c'est le liant entre intérêt général et intérêt individuel s'exprimant à travers la représentation de l'intérêt de la masse populaire. Il est à noter que la démocratie représentative peut ne pas être élective. En effet on peut imaginer une démocratie dans laquelle les représentants sont pris au hasard dans la population, s'était d'ailleurs la forme démocratique préféré des libéraux politiques. En effet dans un système à base électorale les représentant peuvent finir par former une caste, leur milieu favorisant leur proche pour être susceptible d'être élu. Nos démocraties actuelles montrent d'ailleurs les limites de la représentativité par processus électoral. La chose public n'est plus défendu seul compte le fait de se faire réélire. On peut donc supposer que la démocratie élective peut voir l'intérêt collectif ne plus être défendu par ses représentants.

 

Pour le libéralisme politique l'homme se libère par l'action public, au travers la représentation collective. En effet pour Rousseau l'homme a perdu sa liberté en vivant en société, il est devenu libre de la nature et de sa violence, mais en échange il est devenue dépendant d'autres hommes. La seule liberté de l'homme au sein de la société humaine consiste à influencer l'action collective de la nation. La notion de souveraineté est donc naturelle sous cette angle puisque la volonté du peuple, l'intérêt général ne saurait être défendu si la souveraineté de la nation n'est pas plein et entière. La liberté de la nation sa souveraineté est donc le seul moyen pour ses habitants d'être des citoyens libre choisissant leurs destins. Et c'est bien parce que Rousseau ou Montesquieu ont inclus la notion d'intérêts général, sortant du cadre cartésien, que l'on en arrive à cette conclusion logique.

 

Il y a tout de même une limite au libéralisme politique telle que nous l'avons vue. C'est le fait de vouloir régler toute les affaires humaines par la logique et le rationnel. Au-delà du problème qu'induit la vision cartésienne, la raison ne peut pas toujours tout résoudre,je pense notamment aux problèmes dit surdéterminer au sens mathématique. Un problème surdéterminé est un problème dans lequel il y a plus de solutions que d'inconnus. Lorsque ce cas de figure se présente on est obligé de poser des valeurs arbitraires pour résoudre le problème. C'est là que la moral intervient pour définir quel type de choix il faut faire lorsque la logique est incapable de trancher. La morale dont je parle ici peut ne pas être fondé sur la religion, la France a en pratique inventée la moral républicaine dont la laïcité par exemple fait partie. Les problèmes de représentation du religieux dans notre pays est un exemple type d'impossibilité de résolution par la logique. En renonçant à son axiome républicain laïc à cause de l'influence du multiculturalisme anglo-saxon, la France ne peut résoudre la nécessaire non représentation du religieux dans la sphère publique. Les musulmans intégristes ne cessent de jouer avec le droit et sa logique pour le détourner en leur faveur, allant jusqu'à prétendre que la burqa est une forme de liberté alors qu'elle en est sa négation. Sans morale républicaine à imposer arbitrairement, il y aura toujours litige et dans cette bataille épuisante ce sont les lobbies plus acharnés qui l'emporteront. Jusqu'à provoquer un retour à la guerre des religions auxquelles les libéraux avaient pourtant jurés de mettre fin. On ne peut pas construire de société valide sans un minimum d'arbitraire.

 

En parlant de Montesquieu voici ce qu'il définit comme étant le lien entre les individus dans une même société:

 

Montesquieu (1748) « De l’esprit des lois » (livre premier) :

 

Montesquieu 1« Pour l'intelligence des quatre premiers livres de cet ouvrage, il faut observer que ce que j'appelle la vertu dans la république est l'amour de la patrie, c'est-à-dire l'amour de l'égalité. Ce n'est point une vertu morale, ni une vertu chrétienne; c'est la vertu politique; et celle-ci est le ressort qui fait mouvoir le gouvernement républicain,comme l'honneur est le ressort qui fait mouvoir la monarchie. J'ai donc appelé vertu politique l'amour de la patrie et de l'égalité. »

 

« Lorsque cette vertu cesse, l'ambition entre dans les cœurs qui peuvent la recevoir,et l'avarice entre dans tous. Les désirs changent d'objets: ce qu'on aimait, on ne l'aime plus; on était libre avec les lois, on veut être libre contre elles. Chaque citoyen est comme un esclave échappé de la maison de son maître; ce qui était maxime, on l'appelle rigueur; ce qui était règle, on l'appelle gêne; ce qui y était attention, on l'appelle crainte. C'est la frugalité qui y est l'avarice, et non pas le désir d'avoir. Autrefois le bien des particuliers faisait le trésor public; mais pour lors le trésor public devient le patrimoine des particuliers. La république est une dépouille; et sa force n'est plus que le pouvoir de quelques citoyens et la licence de tous. »

 

« Lorsque, dans la république, le peuple en corps a la souveraine puissance, c'est une démocratie. Lorsque la souveraine puissance est entre les mains d'une partie du peuple, cela s'appelle une aristocratie. »

 

« La démocratie a donc deux excès à éviter :l’esprit d’inégalité qui la mène à l’aristocratie, ou au gouvernement d’un seul et l’esprit d’égalité extrême, qui la conduit au despotisme d’un seul . »

 

3-Le libéralisme économique

 

Le libéralisme économique est né presque en même temps que le libéralisme politique, mais malheureusement sa construction théorique n'aura pas la chance d'avoir des être raisonnables comme Rousseau ou Montesquieu comme concepteurs. Les libéraux économiques vont partir de l'homoéconomicus, le comportement économique des individus se résumant à un calcul d'optimalité des profits, vue bien sure comme totalement rationnel. Évidement de ce comportement individuel ils en déduisent des théories économiques globales avec toujours un raisonnement cartésien. Ils déduisent que la sommes des égoïsmes finira tout de même par bénéficier à l'intérêt général grâce à la fameuse main invisible. Il faut dire aussi que ces hypothèses simplifient grandement la tache incroyable de modéliser les rapports économiques des individus entre eux. Disons que ce n'est pas très fatiguant d'imaginer des êtres 100% rationnel ,dans leur comportements, plutôt que de voir l'être humain réel avec ses peurs, ses croyances, ses angoissent, sa bêtise, sa sexualité etc..

 

  Cette main invisible fait penser d'ailleurs à une illumination d'essence religieuse. Le libéralisme économique classique serait un mélange étonnant entre le christianisme et le cartésianisme, dieu jouant le réconciliateur de l'intérêt général. Pour résumer les incohérences du libéralisme économique je ne peux que citer Friedrich List lorsqu'il décrit « l'école » à savoir la pensée libérale d'Adam Smith:

 

« pour les émules de Smith, celui qui élève des porcs est dans la société un membre productif, celui qui élève des hommes est un membre improductif »

 

  Voilà qui résume l'esprit comptable qui animait et anime toujours le libéralisme économique. Un rationalisme de court terme bien représenté par la théorie des avantages comparatifs par exemple.

 

  Au delà de ça on peut tout de même reconnaître à Adam Smith d'avoir souligné le fait que la spécialisation pouvait enrichir une collectivité quel découverte. Mais le libéralisme économique comme son cousin, le libéralisme politique a tenté de mettre fin à l'arbitraire. Pour se faire les libéraux économiques vont tenter de naturaliser ce qu'ils appellent l'économie. Par la mécanique tout cartésienne de séparation, ils vont exclure la politique de l'économie, cette séparation prend tout son ampleur dans la monnaie. Celle-ci est considéré comme une marchandise, en excluant le prince de la monnaie les libéraux économique espéraient obtenir l'élimination du despotisme des princes sur la richesses des nations. D'où l'obsession pour l'or par exemple et la stabilité monétaire des économistes libéraux.

 

  Il faut quand même rappelé, pour leur défense, qu'a l'époque d'Adam Smith il n'y avait guère de démocratie en Europe et peu de gens pouvaient imaginer qu'il en irait un jour autrement. En un sens les libéraux économiques essayaient d'obtenir par l'économie ce que les libéraux politiques essayaient de faire avec la démocratie et la séparation des pouvoirs. Seulement l'erreur des libéraux économiques a été de croire que l'éviction du prince dans le pouvoir économique allait naturellement produire une liberté pour le reste de la population. En fait les libéraux ont sans le vouloir changé les maitres aux sein de la société, nous sommes passés d'un despotisme des rois à un despotisme des marchands et des banques.

 

  A la suite on comprends aisément que lorsque le libéralisme politique a fini par triompher, le libéralisme économique est devenu objectivement l'ennemie du libéralisme politique. Car s'il était justifiable de vouloir combattre le pouvoir économique des princes et despotes, çà l'était beaucoup moins lorsque le pouvoir fut donner au peuple à travers la démocratie parlementaire. On comprend donc que le libéralisme économique n'a en réalité plus de raison d'être si les despotes politiques ont disparu. Ses restes ne peut que nuire à la liberté des peuples en entravant la souveraineté des états au travers la monnaie et les diverses idées comme le libre-échange, et les libertés générale du commerce et des capitaux.

 

4-Néolibéralisme ou néoféodalisme?

 

Nous en venons maintenant à la dernière partie consacré à l'idéologie dominante et bien mal nommé le néolibéralisme. Celle-ci s'est développé après guerre et a prit la place dominante avec la crise des années 70, crise qui n'avait rien avoir avec les politiques keynésiennes mais qui va servir de prétexte à la mise en place de la révolution dite néoconservatrice. Il est d'ailleurs assez drôle de voir qu'alors que le libéralisme politique et économique étaient des progressismes, donc de gauche, le néolibéralisme va lui être mis en place par des néoconservateurs. Ce terme est d'ailleurs lui même peu descriptif néoréactionnaire conviendrait mieux puisque il s'agit de politique visant à revenir à un ordre ancien et non à conservé l'ordre actuel ce que le terme néoconservateur signifie.

 

Le néolibéralisme n'a en réalité pas beaucoup de point commun avec le libéralisme classique. Son objectif pratique n'a d'ailleurs rien avoir avec le libéralisme économique, et encore moins avec le libéralisme politique. Il s'agit d'abord d'une praxis plus que d'une théorie, ou plutôt il s'agit d'une théorie construite pour justifier une praxis à postériori. Bien loin de vouloir libérer tous les hommes le néolibéralisme visent à donner une liberté infinie à certains hommes. Les néolibéraux ne croient pas à l'égalité, ils la vomissent littéralement et justifie leur haine de l'égalité par un état de nature qu'il ne faudrait pas contrarier. Bien sure puisqu'ils haïssent l'égalité la démocratie ne peut en aucun cas se justifier à leurs yeux, je rappel qu'il n'y a pas de démocratie véritable sans égalité des citoyens.

 

Alors que le libéralisme économique entrait en conflit avec le libéralisme politique par inadvertance, le néolibéralisme ,lui , est volontairement contre le libéralisme politique. La souveraineté des états, l'indépendance monétaire, la régulation des échanges commerciaux sont autant de freins à la liberté des puissants, la seule liberté qui intéressent réellement nos néolibéraux. C'est bien une théorie au service d'une caste, c'est pourquoi j'ai dit qu'il s'agissait d'une théorie de justification. D'ailleurs l'une des oppositions les plus fortes entre le libéralisme économique et le néolibéralisme porte sur l'héritage. L'héritage était condamné par les libéraux comme Adam Smith ce n'est absolument pas le cas chez les néolibéraux.

 

Pour les néolibéraux l'état c'est le despotisme quelque soit le régime de représentation. Les néolibéraux ne cherchent pas à faire correspondre intérêt individuels et intérêts collectifs contrairement aux libéraux politique ou économique (même par la main invisible). Non les néolibéraux se fichent complètement de l'intérêt collectif, pour eux cela n'existe pas seul compte l'intérêt individuel. Et souvent l'intérêt de ceux qui les financent.... C'est la théorie de l'évolution appliqué stupidement dans le domaine économique, il y a d'ailleurs bon nombres d'adepte du néolibéralisme qui croient aussi au darwinisme social. Bien sure comme les libéraux économiques ils vont essayé de faire appel à la scientificité de leur discours, confondant démonstrations scientifiques et élucubrations mathématiques. Mais tout cela au final ne vise qu'a cacher la sombre réalité de leurs idées éminemment politiques.

 

Les néolibéraux sont des anti-libéraux véritables, mais comme ce terme a été stupidement utilisé par une extrême gauche qui est en réalité bien plus libérale qu'elle ne le croit, il faut inventer un nouveau mot, néoféodalisme est probablement ce qui décrit le mieux ces corpus d'idées. La volonté de mettre en place un système complètement inégalitaire, avec un accroissement constant des inégalités de naissance et une justification par la nature, comme les riches sont riches parce qu'ils sont plus intelligents. On est bien loin de ce pauvre libéralisme et c'est vraiment faire trop d'honneur à ces idées tordues que de coller le terme libéral à leur délires.

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19 février 2010 5 19 /02 /février /2010 12:03

Hollande vole au secours de la mondialisation libérale


Faut-il vraiment énumérer les multiples erreurs de raisonnement de ce pauvre François Hollande? D'après ce pauvre politicien nous aurions un intérêt dans l'échange, à bon, nous importons autant que nous exportons de chine par exemple? Depuis combien de temps François Hollande n'a-t-il pas regardé les comptes du commerce extérieur français pour dire de telles ânneries?


Omexfr200709.png

Aprés il nous affirme que puisque nous acceptons les investissements étrangers, il faut bien que nous acceptions que nos entreprises investissent à l'étranger. Certes sur le papier ça à l'ère juste, sauf que le bilan comptable est très négatif pour la France, comme je l'ai écris récemment en complément du texte de Jacques Sapir, si l'on fait le solde sur 2000-2008 entre ce qui est sortie et ce qui est rentré nous arrivons à -388 milliards d'euro cumulés sur huit ans. Manifestement les entreprises françaises investissent beaucoup plus à l'étranger, que ce que les entreprises étrangères investissent en France, nous sommes largement perdant en matière de flux d'investissement et celàa s'ajoute au déficit commercial.IDEfrance


Je me demande vraiment comment l'on peut à ce point dire des mensonges sans jamais être contredit et continuer invariablement à passer à la télé ou dans les journaux comme si de rien n'était. N'y a-t-il donc aucune personne pour soumettre à la contradiction ce type de discours complètement faux.

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18 février 2010 4 18 /02 /février /2010 21:34

 

 Muraille de chineLe retour a une certaine forme de protectionnisme est à mon sens obligatoire si l’on veut solutionner les problèmes que rencontre à l’heure actuelle l’économie mondiale.J'en ai déjà longuement parlé et le texte précédent de Jacques Sapir était des plus convainquant à mon sens. Mais ce protectionnisme devra avoir pour but l’égalité dans l’échange pour toute les nations du monde, cette égalité se traduisant par l’équilibre des balances commerciales par secteur d’activité et de façon bilatérale par pays. Mais il y a différentes formes de protectionnisme, qu’il faut connaître pour s’apercevoir d’ailleurs que le libre-échange est une vue de l’esprit pour personne déconnectée de la réalité, de tête j’en citerai six :

 

-1 Les droits de douanes :

  C’est la méthode la plus directe, la plus efficace dans le temps et la moins onéreuse, c’est aussi la seule sur laquelle tout le monde tape et c’est pourtant à mon sens la plus juste, comme nous le verrons à la fin sur l ‘agriculture.

 

-2 Les subventions :

  Forme bien connue des agriculteurs Européens, Américains, Japonais et Coréens, elle consiste souvent à compléter les prix du marché pour les producteurs locaux. Elles peuvent prendre des formes déguisées comme l’achat d’appareils par l’état à travers des entreprises nationales, ou de commandes militaires (voir Boeing). C’est la forme la plus coûteuse qui soit de protectionnisme et si elle était la seule forme je deviendrais un libre-échangiste, car elles engendrent des effets secondaires désastreux au plan international. Ainsi les subventions agricoles Euro-Américaines font que les prix des produits agro-alimentaires de ces régions concurrencent de manière totalement déloyale les producteurs d’Afrique, d’Amérique du Sud et d’Asie créant de véritables catastrophes locales en  privant de débouchés les producteurs locaux. On peut être protectionniste et avoir conscience des effets secondaires d'un protectionnisme inadéquat.

 

-3 La monnaie :

  Il s’agit des dévaluations compétitives qu’on a bien connu en Europe au début des années 90. Les pays champions dans ce domaine sont le Japon la Chine et la Corée, ces pays achètent d’énormes quantités de Dollars sous forme de bons du trésor américain pour empêcher la dévaluation cette monnaie pour  cause de  déficit commercial abyssal. Un exemple simple de ce protectionnisme très puissant, si l’euro diminue de 20% par rapport au dollars cela signifie que les prix d’exportation vers la zone dollars baisse de 20%, et qu’en plus le prix des importations en provenance de cette zone augmentent du même pourcentage (même effet qu’un droit de douane de 20%). Ce type de protectionnisme dangereux pour la stabilité économique mondiale est rendu possible par le flottement des monnaies qui date de 1971 et de la fin du système de parité du dollars avec l’or. Elle est dangereuse car les variations monétaires peuvent être très rapide, elles suivent des tendances, des croyances et rendent problématiques la gestion prévisionnelle des entreprises. Comment gérer ses ventes quand le prix de vos produits ou de ceux de vos concurrents peuvent varier d’un jour à l’autre ?

 

-4 La culture :

  Il s’agit d’une forme très discrète de protectionnisme totalement impensable pour des pays comme la France où le patriotisme à quasiment disparu. C’est pourtant la forme de protectionnisme la plus naturelle et la plus primitive, les groupes humains travaillent souvent ensemble par affinité et proximité culturelle. Certains pays comme l’Allemagne pratiquent l’ethnocentrisme, quand il s’agit de choisir un partenaire industriel ou commercial. Il suffit d’aller dans les fameux hard discount pour s’en rendre compte. Chez Norma distributeur Allemand l’essentiel des produits proviennent d’Allemagne, alors que chez son concurrent français Leader Price la diversité des sources d’approvisionnement est nettement plus importante, les produits français étant minoritaires. Certains pays auront des entreprises qui pratiquent la préférence nationale et pas d’autre (voir Emmanuel Todd  « L’illusion économique »). Mais ce type de protectionnisme n’agit pas seulement pour le choix des partenariats entre les entreprises. Il agit aussi sur le consommateur, l’acheteur japonais c’est bien connu, hésitera à deux fois avant d’acheter un produit étranger, même s’il est moins cher, là encore le français lui se fiche de la provenance du produit pour vu qu’il soit moins cher. Vous comprenez bien qu’en régime de libre-échange absolue, le pays qui possède des habitants patriotes (Chine, Japon, Allemagne, Corée du Sud) est en état de supériorité face aux pays pratiquant l’individualisme le plus total comme la France, les USA ou la Grande Bretagne. Le défaut de cette protection c’est qu’elle n’est pas contrôlable pour notre pays, il vaut mieux ne pas compter sur la solidarité de nos concitoyens.

 

 Bien sure pour voir ce type de protectionnisme il faut sortir de l'imaginaire libéral et de la vision d'un individu purement calculateur, orientant sa consommation uniquement sur le  prix des marchandises convoités. Cela dépassera peut-être l'entendement de certain mais oui il arrive que des clients dans certaines cultures n'achète pas que par rapport au prix.

 

5- Les normes :

C'est la forme de  protectionnisme la plus technique puisqu’elle consiste à mettre en place des normes de sécurité ou de transmission suivant le secteur rendant les produits fabriqués à l’étranger inadaptables au marché local. Par exemple on imagine que l’état français veuille créer un fabricant de DVD français, il pourrait mettre en place une norme le DVD fr obligatoire pour les lecteurs de l’ensemble du marché. Le producteur national aurait alors un avantage car les producteurs étrangers hésiteront avant d’investir dans la fabrication de lecteur dont les normes ne sont que locales. De plus le producteur national sera au courant avant les autres et plus attentif puisque plus proche du marché dans laquelle la nouvelle norme sera appliquée. Le Japon pratique énormément ce type de protectionnisme, mais les autres régions du monde ne sont pas en reste. Cependant si le marché intérieur est vraiment énorme comme celui des USA ou de l’UE on peut estimer que ce protectionnisme tombe à l’eau puisque ces marchés étant centraux les producteurs internationaux feront tout leur possible pour être aux normes de ces régions. Cette protection n’est donc optimale que pour des petits pays ou des marchés de taille moyenne, à noter que le marché nippon est à la limite, mais c’est difficilement chiffrable.

 

6-Les quotas:

Il s'agit de mettre une limite quantitative aux importations. C'est la forme de protectionnisme préféré de Maurice Allais car elle est très simple à mettre en œuvre. Elle fut d'ailleurs pratiqué jusqu'à peu dans le textile européen. Mais comme toute les autres formes de protectionnisme elle fut supprimé ce qui provoqua une inondation de textile chinois et une hémorragie d'emploi dans toute l'Europe. Le principe des quotas est simple, vous dites par exemple que seul 20% du textile peut être importé, connaissant à peu près la consommation annuelle la France il est simple de sortir une limite quantitative d'importation, les douaniers faisant le reste. En effet une fois les quotas atteint le textile importé sera considéré comme des importations frauduleuse susceptible d'entrainer des poursuites judiciaire. Il est à noter qu'un tel protectionnisme nécessite un état avec un niveau de corruption relativement faible, certain pays d'Afrique ont ,par exemple, ce type de protection, mais la corruption locale empêche une application réelle de ces mesures ce qui s'avère catastrophique pour l'industrie locale.

 

Pour en finir sur ce sujet reparlons de l’agriculture européenne, que se passerait il si nous remplacions les subventions par des droits de douanes ? La PAC coûte a l’Europe pas moins de 43.5Md€ par an, soit plus du tiers du budget de l’UE contre seulement 36Md€ pour la solidarité. En mettant des droits de douanes cette somme serait bien évidemment économisée puisque les agriculteurs verraient le prix des importations augmenter, ils redeviendraient compétitifs sur le marché intérieur sans subvention. Qui plus est les taxes rapporteraient de l’argent à l’UE, et comme les produits européens ne seraient plus subventionnés les agriculteurs des pays du tiers monde n’auraient plus à souffrir d’une concurrence devenue trop cher sur leurs marchés. On fait d’une pierre trois coups, on rend plus prospère les agriculteurs des pays pauvres, on redonne aux agriculteurs Européens leur indépendance et leur honneur puisque maintenant ils ne vivront plus que du fruit de leur labeur, ils ne seront plus obligés de demander des subventions à Bruxelles. Et cerise sur le gâteau on peut utiliser une somme énorme de 43.5Md€ pour l’aide aux pays de l’est, la recherche, ou le développement industriel. Qui est encore pour les subventions ? Mais bien sure certains tiers-mondistes extrémistes vont promulguer la solidarité avec les pays pauvres et prôner l’abandon de la protection de nos agriculteurs, il est tellement facile de pousser les autres à la solidarité quand soit même on ne risque rien. Ce genre de discours n’a pas sa place dans une vraie réflexion car nuire aux européens n’améliorera pas la situation des pays pauvres qui souffre plus que nous du manque de solidarité interne. Plutôt que de dire aux européens d’être solidaire du tiers monde ces messieurs altermondialistes feraient mieux de pousser les riches des pays du tiers monde à investir chez eux plutôt que de mettre leur argent en Suisse ou aux Etats-Unis. Le gros problème du tiers monde est le manque de patriotisme notamment en Afrique ou les états fantoches ne défendent souvent que des intérêts particuliers, mais sur ce plan on peut dire que l’Europe s’africanise à grande vitesse.

 

Sur le sujet du libre-échange il y a un excellent interview de Jean Luc Gréau sur le site de Pascale Fourrier. Ce dernier  décrit le libre-échange comme une politique à fondement raciste: à écouter ici

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14 février 2010 7 14 /02 /février /2010 14:22

FinEuroSapir.gifJacques Sapir fait partie de ces quelques iconoclastes ayant prévu de longue date la crise que traverse actuellement le capitalisme mondial. Mon collègue blogueur Laurent Pinsolle vient d'ailleurs de mettre en lien les multiples présentations de livre et de textes d'auteurs plus ou moins connu ayant comme caractéristique principale d'avoir prévenu et anticipé la situation actuelle.

 

Le texte de Jacques Sapir m'a été envoyé par courriel, il est un petit peu long pour être entièrement diffusé en bloc sur des site comme celui de marianne2 par exemple, c'est pour cette raison que j'ai décidé de le publier en entier, la place n'étant pas un problème ici. Comme l'a si bien dit Pascale Fourrier ce texte trés important parce qu'il relit l'économie et la politique. Il ne fait pas de distinction ou de fausse séparation, il ne fait pas de robinssonnade économique, il essai d'articuler économie, géopolitique, histoire, politique et même écologie. Le texte de Jacques Sapir est un retour à la pensée politique réelle, celle qui a malheureusement désertée les médias masses et qui manque tellement à nos concitoyens.

 

  Je me suis permis de rajouter quelques chiffres et tableaux pour soutenir les propos de monsieur Jacques Sapir, notamment une illustration du fait, peu connu, que la France est un pays qui exporte ses capitaux et son épargne. Jacques Sapir n'ayant pas approfondi la chose je me suis permis d'y rajouter ces donnés. Je ferai quelques remarques tout au long du texte, celle-ci apparaitront toujours en orange pour qu'il n'y ai pas de confusion entre mes propos ce ceux de Jacques Sapir.

 

  Sinon il y a quelques problèmes sur les graphiques qui vont vous sauter aux yeux, malheureusement j'ai eu un petit problème technique. Jacques Sapir utilise surement le office de Microsoft ce qui n'est pas mon cas, j'utilise  openoffice qui est théoriquement 100% compatible, mais il y a quand même quelques problèmes de conversion pour les  graphiques.  Mais il restent généralement compréhensibles vous pouvez toujours télécharger le texte original de Jacques Sapir ici.


                                L’horizon de la présidentielle de 2012 et le piège de la personnalisation du débat

 

 

Jacques Sapir

Février 2010

 

 

Telle qu’elle se dessine aujourd’hui, l’élection présidentielle de 2012 risque d’être marquée par un trop-plein de candidats compensé par une pénurie de programme. Pourtant, nous sommes depuis l’été 2007 dans la plus grave crise économique que l’on ait connue depuis celle de 1929. Elle se double d’une crise géostratégique et d’une crise environnementale qui, l’une et l’autre, ont des conséquences considérables. Les timides éléments de reprise que l’on constate dans les pays développés depuis la fin de 2009 ne doivent pas faire illusion. Ils ne sont pas durables où, pour reprendre un mot à la mode, « soutenable ».

Cette situation appelle des réponses radicales, et qui pourtant sont de bon sens. Aujourd’hui, être extrémiste c’est être réaliste. Il convient donc de laisser le choc des ego aux magazines people et apparentés. Non que l’on sous-estime la question des personnalités. Elle a sa place dans la définition de ce que devrait être un candidat idéal. Mais elle passe après la question du programme. De cette question, nous avons à peu près un an pour en discuter.


I  De « l’inévitable » et pourtant fort contestable austérité.

De toute part, on nous présente l’austérité comme un choix inévitable. L’argument du déficit budgétaire, qui nous a déjà été servi ad nauseam, sert bien évidemment de prétexte. Alors même que la démographie connaît en France un redressement notable, on veut aussi tailler dans les retraites. Enfin, la précarisation du travail, dans le secteur privé comme dans le secteur public, est plus que jamais à l’ordre du jour. Tous ces choix nous sont présentés comme le produit d’évolutions inéluctables. Pourtant, ils sont tous extrêmement contestables. Sur la question des retraites Jacques Sapir a raison de souligner l'absurdité du débat sur la durée de cotisation. Je l'ai écris récemment dans ce texte, le cœur du problème des retraites est surtout  l'affaiblissement progressif de notre économie. Notre système de retraite, et tout comme notre système social d'ailleurs, ont été conçu pour une économique de relatif plein emploi et non pour pour une société complètement désindustrialisée et peuplée de chômeur. Par contre là ou je ne rejoins pas Jacques Sapir c'est sur le redressement de la démographie française, celle-ci est encore en dessous du seuil de reproduction. Et même si nous arrivions à l'équilibre le problème du vieillissement se poserait toujours, même si dans une moindre mesure. 

 

Sur la question du déficit budgétaire, il faut savoir que son augmentation est pour une large part due à ce qu’il nous faut emprunter à plus de 3% (3,45% en moyenne) alors que l’on n’attend pas, même dans les rêves les plus fous de Mme Lagarde, une croissance au-dessus de 2%. Or, dans le même temps, les banques se refinancent auprès de la BCE (comme d’ailleurs auprès de la Réserve Fédérale américaine et des autres Banques Centrales des pays développés) à des taux oscillant entre 1% et 0,5%. Serait-ce du fait de la meilleure qualité des dettes privées par rapport à la dette publique ? Poser cette question, c’est y répondre, et par un immense éclat de rire.

Les dettes qui sont dans les banques sont en général de très mauvaise qualité, et le FMI lui-même estime à plus de 3 trillions de dollars les mauvaises créances dans ce secteur. C’est avant tout un choix qui, pour certains, s’explique par des raisons idéologiques et pour d’autres par leurs intérêts privés.

 

Assurément, il y a des pays qui sont plus mal lotis que nous. La Grèce, en particulier, doit emprunter à 6%. Son gouvernement devra bientôt choisir entre un appauvrissement généralisé de la population et une sortie de l’Euro. D’autres pays connaîtront le même sort d’ici 2012, du Portugal à l’Espagne en passant par l’Italie et l’Irlande. Mais, cela ne change rien à notre problème.

Non seulement l’Euro ne protège pas de la tourmente monétaire, ce que l’on constate aujourd’hui avec les écarts grandissants des taux sur la dette publique (les « spreads »), mais les règles de financement de la BCE transforment en un problème social en apparence insoluble ce qui serait, sous d’autres règles, parfaitement maîtrisable.

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Il faut par ailleurs rappeler que la dette publique n’est qu’une partie de la dette totale de l’économie, et qu’il faudrait, en bonne logique, y ajouter la dette des ménages et celle des entreprises. Le taux d’endettement total réserve alors quelques surprises, comme celle de nous révéler la France comme un des pays les MOINS endettés parmi les grands pays de l’OCDE.

 

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Il ne fait pourtant aucun doute que la machine à produire de l’austérité, c’est-à-dire du chômage et de la misère se mettra en route à partir de 2011 ou de 2012.

 

La précarisation du travail et de nouvelles coupes dans les retraites seront, il n’en faut pas douter, justifiées par la « compétitivité » internationale de la France et par des arguments plus ou moins ad hoc sur la démographie.

Pourtant, le mouvement d’enrichissement des plus riches est incontestable dans le long terme. C’est ce qui explique pourquoi la majorité des revenus est aujourd’hui comprimée, au point de ne pouvoir maintenir son pouvoir d’achat que par l’endettement.

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Ceci permet de comprendre la grande peur qui a saisi les classes moyennes vers la fin des années 1980 et par la suite. Voyant « l’ascenseur social » progressivement s’interrompre devant elles, elles ont alors acquiescé à des politiques anti-sociales dont elles espéraient être épargnées afin de tenter de maintenir la part relative de leurs revenus dans le partage global de la richesse. Mais, aujourd’hui, il est clair que même les classes moyennes sont frappées. Certes, elles ne le sont pas encore autant que les classes populaires, qui ont été les grandes perdantes des trois décennies que nous avons vécues. Mais, on peut constater sur la base des statistiques que les transferts fiscaux se sont fait à leur détriment parce que les classes les plus riches ont été progressivement libérées d’une taxation en rapport avec leurs revenus.

 

On a réussi pour un temps à convaincre les classes moyennes que leur ennemi était les classes populaires, que l’on qualifiait alors de « budgétivore » et de dévoreur d’allocations sociales. Cependant, la part des allocations sociales n’a fait que compenser la disparition de revenus du travail. Classes populaires et classes moyennes se sont ainsi entre-déchirées autour d’un gâteau qui se réduisait sans cesse, et cela pour la plus grande satisfaction des plus riches…

 

Il faut toute l’impudence d’un Alain Minc, dans son entretien qu’il donna au Figaro le 4 janvier dernier pour affirmer :

« …si la France a bien traversé la crise, c’est parce qu’il n’y en pas eu pour 90% de la population ».

Le discours qui tend sciemment à opposer les travailleurs les uns contre les autres, en présentant certains comme des « privilégiés » est démenti par les statistiques de l’INSEE. Ce petit marquis n’en a cure car c’est très consciemment qu’il pratique le « diviser pour régner ». De fait, c’est dans une nouvelle alliance des classes populaires et des classes moyennes que se forgeront les armes de la défaite de ceux qu’Alain Minc représente, les plus riches et les plus repus.Je crois que l'argument d'Alain Minc n'est pas pour autant dénué d'intérêt, mais pas exactement pour les raisons qu'il indique. Si les classes moyennes ont peu réagit à l'effet de la mondialisation et de la desindustrialisation c'est aussi parce que la France avait déjà en partie une bonne part de ses emplois dans le secteur tertiaire.  Si l'on se place non pas du coté de la répartition du revenu mais de la nature des emplois alors la resistance mental au déclin industriel est le fruit de la tertiairisation de l'économie qui avait commencé bien avant l'abolition de la préférence communautaire en 1973-74. D'ailleurs pour illustrer l'implosion que nous avons connu dans l'industrie voici un petit graphique issu du site d'Alternatives économiques la colonne de gauche est en millions d'emplois:

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 On voit bien une rupture avec la fin du protectionnisme communautaire en 1974.

 

D’où, bien entendu, les demandes croissantes pour plus de justice fiscale que l’on peut entendre se faire jour désormais. Indiscutablement, ces demandes vont dans la bonne direction. Mais, elles seront loin d’être suffisantes. En effet, les revenus les plus élevés disposent de centaines de niches fiscales sur lesquelles ils peuvent jouer. Une grande « nuit du 4 août » fiscale ne pourra avoir lieu, du moins pas à court terme, et pas sans des limites drastiques à la circulation des capitaux. Il est indiscutable qu’il faudra progressivement éliminer ces niches fiscales et autres privilèges, mais il ne faut pas attendre de résultats spectaculaires dans l’immédiat. C’est dans la production, et donc au niveau de la formation des revenus, qu’il faudra agir.

 

De ce point de vue, deux phénomènes apparaissent comme décisifs. Le premier est le découplage entre les gains de productivité et le salaire moyen.

 

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La courbe des salaires nets a bien été déconnectée de celle des gains de productivité, qui se sont poursuivis de manière régulière sur toute la période comprise entre 1980 et 2007. Mais ceci n’est que l’un des deux phénomènes. L’autre est constitué par l’écart entre l’évolution du salaire médian (celui qui partage en deux parties égales l’échantillon) et le salaire moyen (ou masse salariale globale que divise le nombre de salariés).

La différence est ici très significative aussi.

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Ainsi, alors que le salaire moyen a augmenté de 12,3% de 1996 à 2006, le salaire médian n’a progressé que de 3,5% sur la même période. Il semble d’ailleurs bloqué entre 3% et 4% depuis 1999. Ainsi, les salaires des 50% des Français les plus mal payés n’ont pas progressé depuis 1999.

 

Les causes de cette situation sont bien connues.

Nous avons d’une part la pression que les pays à bas salaires mais taux de productivité comparable exercent sur l’emploi en France. C’est le cas à l’intérieur de l’Europe des nouveaux entrants.

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Mais, c’est aussi le cas hors de l’Europe de pays tel la Chine, l’Inde ou la Corée du Sud. On a estimé, dans une note datant de 2009, que prés d’un chômeur sur deux en France était dû à ce phénomène, et il s’agit ici il faut le souligner de chiffres nets et non bruts, soit incluant les création d’emploi sur le territoire français que le libre-échange a permis.

 

C’est aussi le produit de la politique monétaire, telle qu’elle a été conduite depuis la fin des années 1980 dans la perspective de l’entrée dans la zone Euro, puis avec la matérialisation de cette dernière. Le taux de change actuel de l’Euro, entre 1,385 USD et 1,415 USD, et ce en dépit de la pression baissière qu’exercent les événements de Grèce, joue un rôle qui est à l’évidence très négatif.

 

Nous voici pris au piège d’une nouvelle période d’austérité, au moment où la concurrence internationale se renforce par le biais du libre-échange et le l’Euro. Cela, nos dirigeants l’admettent à demi-mot. Les déclarations de N. Sarkozy sur le départ de France de certaines activités l’attestent. Mais, ils sont bien décidés à ne pas agir.

 

Je ferai ici une petite critique de Jacques Sapir sur la mesure de la productivité. Comme je l'ai écris dans un de mes premiers textes la productivité employée par les économistes est toujours un calcul fait à partir du PIB. Or ce PIB est gonflé par les importations en provenance des pays à bas salaire, c'est Jean Luc Gréau qui a vue le premier ce paradoxe sans en creuser les conséquences. Nous importons la productivité chinoise en même temps que leurs produits de sorte qu'il est devenue très difficile de voir l'évolution réelle de la productivité du travail en se basant uniquement sur les chiffres comptables. Il nous faudrait des chiffres en volume de production et non en valeur monétaire.

 

II L’Europe épuisée…

 

Pour toute justification, nos dirigeants nous parlent de l’Europe. L’opposition socialiste n’a pas d’autre discours. Les deux convergent donc vers cette nouvelle cure d’austérité que l’on veut nous imposer.

 

Et pourtant, l’Europe est épuisée.

 

Elle l’est en tant que mythe. Qui peut encore croire en un approfondissement de sa dimension fédérale alors que l’on s’apprête à abandonner les pays les plus endettés. Mais elle l’est aussi, et très profondément, dans son projet et dans son action. Pour s’en convaincre, détaillons. Il faudrait d'ailleurs faire remarquer aux européïstes que la plupart des accords entre les états européens sont des contraintes comme la limitation des déficits, de l'inflation, de la dette etc.. L'Europe parle toujours de punition, de sanction en cas de dépassement de critères arbitraires, jamais d'entre-aide ou de solidarité. La commission européenne est une espèce de père fouettard toujours prêt à punir le cancre de service.

 

Si tout le monde a actuellement les yeux rivés sur la Grèce, on peut remarquer sur la figure 4 que les titres d’assurances sur les défauts de crédit connaissent une forte hausse de leurs taux dans 3 autres pays, le Portugal, l’Espagne et l’Italie. En fait, depuis le début de la crise des liquidités en octobre 2008, jamais le calme n’est revenu sur ce marché. La hausse actuelle est très significative car elle a lieu à un moment où les liquidités ont été reconstituées. Le fait d’appartenir à la zone Euro, qui avait effectivement entraîné un alignement des conditions du placement des dettes de ces pays sur l’Allemagne, ne joue plus aujourd’hui.

 

Avec la crise, l’endettement public a explosé comme nous l’avons vu. Mais, plus encore, c’est la crédibilité de la zone Euro qui a volé en éclats. Or, le Traité sur l’Union Monétaire exclu toute solidarité entre les pays de la zone. Nous trouvons ici le premier paradoxe européen. On institue un système monétaire qui est, dans son essence, fédéral, mais on se refuse à fédéraliser les budgets.

On peut par ailleurs comprendre les réticences de pays comme l’Allemagne devant un budget fédéral. L’Allemagne n’entend pas payer pour les autres, même si, sur le fond, une partie de sa croissance récente s’explique par le fait que les autres pays ont mené des politiques budgétaires expansionnistes alors que l’Allemagne misait tout sur ses capacités d’exportation. Seulement, connaissant la position de l’Allemagne, pourquoi avoir accepté le principe de la monnaie unique ?

Figure 4

Écart des taux sur les Credit Default Swaps souverains

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Le maintien de taux de change entre les monnaies nationales et l’Euro aurait permis de jouer sur l’ajustement des monnaies. Le système d’une monnaie commune, établissant une barrière face au reste du monde, mais ne fixant pas définitivement les parités de change pour les pays membres, était et reste, de loin le plus logique.

Devant la crise qui menace, on peut craindre qu’il ne soit trop tard et qu’il nous faudra passer par un éclatement de l’Euro pour pouvoir revenir vers cette solution de bon sens. Il faut ici noter que la perte de la coordination monétaire n’est pas souhaitable. Le problème n’est pas le principe de la coordination, mais son application de manière ne tenant absolument pas compte des réalités des structures économiques des différents pays. En cela, la solution de la monnaie commune permettait de concilier la coordination avec une souplesse relative dans les ajustements entre pays de la zone.

 

L’épuisement de l’Europe peut se constater par ailleurs dans les négociations avec l’OMC et dans la fiction que l’on nous sert de manière régulière comme quoi l’Europe nous protègerait de la mondialisation.

 

L’indice de Balassa de l’économie française, que l’on a représenté dans la figure 5, se calcule comme la somme du commerce extérieur (exportations + importations) en pourcentage du PIB. C’est une indication du taux d’ouverture internationale d’une économie.

 

Il était resté relativement stable jusqu’au début de 1988 où commence un premier mouvement d’accélération de l’ouverture économique.

Puis à partir de 1994 on assiste à un second mouvement, encore plus impressionnant. Il est directement lié aux conséquences du traité de Maastricht et au poids renouvelé pris par les directives européennes dans la gestion du commerce international français.

Ainsi peut-on comprendre la dynamique de cette ouverture qui a été impulsée essentiellement par des négociations dans lesquelles l’Europe a joué un rôle majeur, et dont on voit aujourd’hui qu’elle est nettement excessive.

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Loin de constituer un écran et une protection, les directives européennes ont souvent été en avance sur l’OMC. En fait, nous nous sommes ouverts massivement du fait de l’Europe et nous en payons aujourd’hui le prix avec le processus de désindustrialisation et avec les diverses formes de délocalisation. Par ailleurs, cette ouverture n’a nullement profité à l’économie française. Le solde commercial, qui s’était un instant redressé au début des années 1990, a ensuite replongé, phénomène largement dû à la surévaluation de l’Euro, mais pas uniquement.

 

En effet, la France et les autres pays européens ont aussi souffert à partir de 2002 de la politique de l’Allemagne qui a transféré une partie des coûts de la protection sociale des entreprises vers les travailleurs (ce que l’on a proposé en France sous le nom de TVA sociale). Par cette politique, l’Allemagne n’a pas seulement fait baisser ses coûts de production d’environ 10% mais elle a aussi contracté sa demande intérieure. Cette politique a permis à l’Allemagne de réaliser des gains commerciaux impressionnants, mais au détriment de ses voisins.

On constate alors (figure 7) qu’une telle politique qualifiée « d’exploitation du voisin » (ou en Anglais « Beggar thy neigbours ») est parfaitement possible dans le cadre de l’Union Européenne et de la zone Euro !

 

Figure 6

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Les banques ont aussi été dérégulées. Certes, le processus a été moindre qu’aux États-Unis, mais pas de beaucoup.

Ne trouvant pas d’occasions de placement suffisamment rémunératrices en Europe, du fait de la politique monétaire de la BCE, elles se sont précipitées sur les titres américains et nous sommes devenus ainsi partie prenante de la crise américaine. À cet égard, si l’on a beaucoup glosé sur l’état des banques britanniques, il faut constater qu’un pays que l’on décrivait comme « vertueux » tel l’Allemagne a été au moins autant touché par les créances dites « toxiques ».

 

L’Union Européenne non seulement n’a pas été un instrument de protection face à la crise, mais, par sa politique macroéconomique comme par sa politique structurelle, elle a été un facteur puissant d’importation de cette crise.

Une responsabilité particulière pèse sur la zone Euro et sur la BCE qui, tant du fait de l’appréciation de l’Euro qui n’a pas été combattue et qui a même été souhaitée comme mécanisme de lutte contre l’inflation que de celui des politiques de réglementation et de supervision des banques, qui ont été dramatiquement insuffisantes, à largement contribué à propager la crise américaine et à en faire une crise mondiale.

 

 #########Ici Jacques Sapir montre un graphique de l'évolution du taux de change entre le dollars et l'euro malheuresement ce dernier n'est pas passé sous openoffice. Je me permet donc de mettre ce graphique sur l'évolution monétaire entre la zone euro et le dollars (la période pré-1999 est un calcul à postériori de la valeur de l'euro cette monnaie n'étant officiellement apparue qu'en 1999)


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L’épuisement de l’Europe se voit aussi dans les réactions face à la crise. Il n’y a pas eu de plan de relance commun, mais la simple addition des plans nationaux. Les discours ronflants sur ce point ne changent rien.

Les pays de l’Union Européennes se sont d’ailleurs contentés de jouer sur la dépense publique, et de manière en réalité relativement limitée à l’exception de l’Espagne et de l’Irlande, pour ce qui concerne les plans de relance. Ils n’ont introduit quasiment aucune mesure de politique industrielle alors que le besoin en est pressant.

Il faut ajouter que la Commission a veillé qu’il en soit ainsi, en s’opposant à tout ce qui pouvait ressembler à de telles politiques. L’application des directives européennes sur la concurrence et les services publics va se traduire par ailleurs par un nouveau choc déflationniste sur nos économies.

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D’ores et déjà la division entre Réseau Ferré de France et la SNCF, entre EDF et le Réseau d’électricité, sont la cause d’incidents multiples et généralement d’une baisse dramatique des investissements en infrastructures. Nous ne pouvons même plus jouer sur cette variable, qui a pourtant l’immense avantage d’assurer que la dépense que l’on fait est au profit d’entreprises employant de la main d’œuvre nationale.

 

Dernier exemple, le sommet de Copenhague où l’Europe a été incapable de peser d’un poids quelconque en raison de ses divisions. Il est vrai que définir une position commune à 27 tenait de la gageure. Nous avons payé au prix fort le processus de l’élargissement, et sans en avoir de réelles retombées politiques comme on l’a vu lors des dernières élections au Parlement Européen.

 

L’Union Européenne n’est plus le cadre nécessaire ni même efficace de la croissance. La politique de la BCE, entièrement tournée vers la stabilité des prix, entrave cette dernière. Elle le fait au nom du dogme qui veut que la stabilité des prix soit un préalable nécessaire à la croissance, alors que nous savons depuis des années d’une part qu’un certain niveau d’inflation peut être nécessaire à la croissance et d’autre part que ce niveau d’inflation diffère suivant les pays.

Telle était le constat que l’on pouvait tirer avant la crise. Il s’appliquera avec encore plus de force pour la sortie de la crise.

 

    III Quelles politiques ?


Nous sommes donc confrontés à la perspective d’une période relativement longue de faible croissance et d’accélération du processus de déconstruction sociale dont nous pouvons déjà voir les effets de nos jours. Le dérapage de la dirigeante socialiste, Mme Martine Aubry, sur la question de l’age de la retraite indique bien que, sur nombre de problèmes, il y a un accord de fond entre le gouvernement actuel et une partie de l’opposition. Ce dérapage n’est d’ailleurs pas le premier que commet un dirigeant socialiste dans le domaine de la politique économique. C’est cette situation qui engendre le remplacement du débat politique par la querelle des ego.

On va dès lors lancer des noms en supputant leurs chances de battre Nicolas Sarkozy. On avancera des noms, tel aujourd’hui et tel autre demain. Mais on ne posera jamais la seule véritable question qui est « pour quelle autre politique ? ».

Pourtant, une autre voie est possible. Elle est surtout nécessaire si nous ne voulons pas nous résigner à la régression sociale et au démantèlement du modèle social français et de ce qu’il apporte, y compris au-delà de nos frontières.

 

Il faut ici évacuer l’une des solutions qui est le plus souvent proposée est qui en réalité est une solution fausse, l’alignement de la politique économique et sociale de la France sur ce qui est qualifié de « modèle scandinave » (Danemark, Finlande, Islande, Norvège, Suède).

Les pays qui sont censés composer ce modèle ne sont ni homogènes entre eux ni comparables aux pays de l’Europe occidentale.

 

Il y a tout d’abord un effet d’échelle. Aucun de ces pays ne dépasse les 10 millions d’habitants, et certains sont même très en dessous de ce chiffre. On ne transpose pas des solutions, seraient elles réellement miraculeuses, d’un pays de 10 millions à un pays de plus de 65 millions d’habitants. La complexité des problèmes sociaux et économiques, le degré d’hétérogénéité de l’économie croissent avec la taille démographique et, en réalité, avec le carré de celle-ci. L’incompréhension de ces effets d’échelle, le parti pris théorique de ne pas en tenir compte, invalide radicalement mais sûrement les comparaisons en la matière.

 

Par ailleurs, ces pays sont très largement différents quant à leurs dynamiques économiques. L’un, l’Islande, a fait faillite avec la crise et ne s’en remettra pas avant longtemps. Un autre, la Norvège, est en réalité un émirat pétrolier du cercle polaire. Le fait qu’il gère fort astucieusement ses ressources n’y change rien. La Finlande, quant à elle, a largement bénéficié de la croissance russe des années 2000 qui a eu un puissant effet de traction sur son économie. La Danemark bénéficie d’une ancienne, et durable, spécialisation sur des produits de l’agro-alimentaire ainsi que sur quelques niches. Il peut se le permettre, étant donné sa petite taille. Vouloir cependant transposer cette politique, qui finance la fameuse et tant vantée « flex-sécurité » à un pays dont la population est pratiquement dix fois plus nombreuse relève de la folie pure. Quant à la Suède, qui est le plus grand des pays scandinaves, outre le fait que son modèle social est profondément en crise, il faut ajouter que ce pays n’est pas membre de la zone Euro, ce qui n’est pas sans importance, et qu’il bénéficie aussi d’une dotation en facteurs très avantageuse (on le voit avec l’importance de l’électricité hydraulique dans sa balance énergétique).

 

Il est ainsi parfaitement vain de parler d’un « modèle scandinave » comme si nous étions en présence d’un ensemble économique homogène. De plus, pris un par un, ces pays sont bien trop petits pour pouvoir nous fournir une base de comparaison et d’imitation. Il faut abandonner le recours à ce « modèle » qui doit être compris comme une facilité de langage bien plus que comme une réalité.

 

Ceci nous renvoie donc à notre problème initial, la définition d’une politique économique et sociale qui soit en mesure de sortir la France de son marasme. En théorie, une autre politique européenne serait possible, car ce que l’Europe a défait, elle pourrait, idéalement, le refaire. On peut imagine une autre politique de la BCE, qui en particulier accepterait alors de financer la dette publique induite par la crise au même taux qu’elle refinance les banques et qui adopterait une objectif de plein-emploi à concurrence avec son objectif d’inflation. On peut imaginer un Euro évoluant de la monnaie unique à la monnaie.

 

On peut imaginer cette Europe introduisant des droits de douanes fondés sur les différences de situation sociale et écologique avec les autres pays, et rétablissant pour une période transitoire l’équivalent des montants compensatoires monétaires entre les anciens et les nouveaux membres, ici encore au service d’une harmonisation sociale et écologique.

 

On peut enfin imaginer une harmonisation des règles sociales à l’échelle européenne avec une convergence progressive sur le modèle social le plus avancé.

 

Il n’est pas interdit de rêver ni d’imaginer. D’une certaine manière, cela représente la meilleure des situations possibles.

 

Mais la réalité nous impose de regarder les choses en face. Toucher au statut de la BCE implique d’une part un affrontement avec l’Allemagne et d’autre part de convaincre les 11 autres pays membres. Enfin, cela fait plus de vingt an que l’on parle d’une « Europe sociale » et elle reste toujours dans les limbes.

 

On doit donc considérer que de telles réformes ne seront pas possibles à 27 et, même dans le cadre d’une Europe réduite aux 15 membres d’avant le processus d’intégration, elle se heurtera aux règles de l’unanimité. Accepter de s’y plier, c’est accepter tout ce que l’on a décrit au début de ce texte. C’est la pire des situations possibles. C’est pourquoi il nous faut, sur la base de l’expérience, récuser toute politique qui ne donnerait que l’Europe comme solution à la crise de l’Europe.

 

Il existe pourtant une situation qui, sans être la « meilleure » du moins nous assure de ne pas nous résigner au pire. L’Europe ne se changera pas sans un affrontement, voire un éclatement. Nous ne ferons pas l’économie d’une épreuve de force, et il faut s’en convaincre et s’y préparer afin d’en tirer le meilleur parti. Nous n’avons pas à le redouter. Ce sera l’occasion de remettre à plat l’architecture de la construction européenne. Il n’est pas d’autre choix possible que d’avancer, pour un temps, seul. Mais, l’ébranlement que provoqueraient des actions unilatérales de la France auraient comme effet immédiat d’ouvrir un immense débat en Europe. Si nous aurons à prendre nos premières seuls, gageons que nous ne le resterons pas longtemps. Je rejoins ici Jacques Sapir je l'ai écris dans un texte précédent , je crois sincèrement qu'il n'y aura pas d'autre échappatoire que la sortie de l'union européenne. Ceux qui pensent pouvoir changer l'europe grace aux institutions actuelles de l'UE sont, soit des charlatant ,soit des naïfs. 

 

Disons le tout de suite, cette épreuve de force a pour but de faire évoluer nos partenaires. Une occasion a été perdue en 2005. À la suite du référendum sur le TCE, il aurait été possible d’avancer dans une autre direction. Tout s’y prêtait, la légitimité que confère un vote aux résultats nets entre autres. Ceci n’a pas été le choix de Jacques Chirac, et il en porte l’entière responsabilité. Mais il est vrai, aussi, que tout ce qui pouvait être dit à l’époque s’est depuis vérifié. Nous pouvons désormais faire le tri des discours et des expériences.

 

Une politique alternative devra alors être au départ conçue pour être exécutée par la France de manière unilatérale. Elle devra s’inscrire simultanément dans une perspective de long terme et de court terme. Elle devra se fixer comme objectif de reconstituer l’alliance indispensable entre les classes populaires et les classes moyennes.

 

Un tel objectif implique un affrontement direct avec le sommet des couches aisées et en particulier celles qui se sont dénationalisées dans la mesure où leurs revenus et leurs conditions de vie ne sont plus liés au territoire national. 

J'ai sous-ligné ce passage car il est très important, même si certains trouverons cette phrase très marxiste, elle n'en ai pas pour autant fausse. Il y a bien une lutte des classes qui, pour l'instant, n'a qu'un seul participant conscient, celle des hautes sphères cosmopolites. 


Elle aura donc des éléments structurels. Une autre politique fiscale est nécessaire et elle implique, pour être efficace, un strict contrôle de la circulation des capitaux à court terme. Ceci aura pour effet de mettre entre parenthèses la zone Euro, mais sans toucher pour l’instant à l’essentiel. Dans la mesure où la France est un exportateur net de capitaux, ce contrôle ne peut être que bénéfique. Cette politique fiscale devra s’accompagner d’importantes et ambitieuses mesures concernant nos infrastructures. Elles viseront à accroître l’efficacité énergétique et réduire l’impact écologique, à améliorer le réseau de transports et à mettre fin à l’appauvrissement de nos services publics, et en premier lieu de l’éducation. La reconstruction de nos villes, dans le dessein d’en améliorer l’écologie sociale et environnementale sera aussi une priorité. De telles mesures ne sont pas compatibles avec les directives européennes sur ce point. Ces dernières devront être suspendues sine die.

 

Pour illustrer le fait que la France est un exportateur net de capitaux voici l'évolution des investissements direct à l'étranger sur la période 2000-08. On présente souvent la France comme l'une des destinations préférées des investissements mondiaux et c'est vrai. La France attire les capitaux étrangers en grand nombre, même si la chine est désormais le premier attracteur mondiale. Mais ce que l'on oublie généralement de dire c'est que la France est aussi le premier exportateur mondial de capitaux! Et quand on fait le bilan entre ce qui entre et ce qui sort il est lourdement négatif. Rien que sur la période 2000-2008 c'est 388 milliards d'euro cumulé sur 8 ans qui se sont évaporés à l'étranger, soit une moyenne de 48.5 milliards d'euro par an. Soit 2.5% de notre PIB de 2008 retiré tout les ans à notre économie, pas étonnant que notre croissance soit si faible. Entre ça et le déficit commercial il faut être sacrément culotté pour représenter la libération des capitaux et du commerce comme positif pour notre pays. L'épargne française sert donc surtout à financer la croissance de pays étrangers.

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Ces mesures cependant s’inscrivent dans le long terme. Elles posent le problème de leur financement et ne répondent qu’imparfaitement aux urgences de l’heure.

 

La dimension conjoncturelle de cette politique alternative est tout autant aussi. Elle devra avoir deux volets, l’un concernant la taxation des importations et l’autre concernant le domaine de la monnaie.

 

Il conviendra donc, dans un premier temps, d’introduire immédiatement l’équivalent de ce que l’on appelle dans le mouvement syndical européen une « taxe sociale et écologique aux frontières ». Elle pourrait prendre deux noms, « taxe » pour les pays hors de l’UE et « montant compensatoire social et écologique » pour les pays membre de l’UE. Son principe est simple. Il s’agit de prélever sur tout produit entrant en France pour y être consommé ou utilisé la différence qui existe entre la productivité du pays d’origine et la France pour les biens de la branche et le coût salarial total (incluant le salaire direct et les salaires indirects). Le produit de cette taxe serait utilisé temporairement (et cela a beaucoup d’importance) à subventionner certaines de nos exportations. En effet, dans la situation actuelle il ne suffit pas de faire monter les coûts de nos importations mais il faut aussi faire baisser ceux de nos exportations, du moins pour certains produits industriels. Ce faisant nous ne ferions, sous une autre forme, que répondre à la politique allemande du début de la décennie. Il est clair que l’utilisation de cette taxe peut être différente. Quand nous arriverons à un accord avec nos partenaires, il est probable que le produit de cette taxe sera affecté à un fonds social et écologique européen. Mais ceci devra être l’un des résultats du débat que nous aurons impulsé à travers la mise en œuvre unilatérale de cette taxe.

 

Dans le même temps, il conviendra de modifier le statut de la Banque de France pour d’une part l’autoriser à prendre unilatéralement toute mesure réglementaire conservatoire et d’autre part pour l’autoriser à acheter des bons du Trésor. Nous avons ainsi la condition de financement de la politique structurelle que nous avons évoquée plus haut. Notons que l’on se place toujours dans le cadre de l’Euro. La Banque de France émettrait ainsi des Euros par un simple jeu d’écriture, droit quelle peut parfaitement s’arroger. Cela aurait pour effet de faire baisser le taux de change de l’Euro rapidement. Mais, il est évident que ceci met en cause la zone Euro, et implique des négociations rapides sur son futur. Notons que, dans ce cas, nous serions relativement protégés par un contrôle strict sur les mouvements de capitaux que l’on a déjà évoqués dans le cadre des mesures structurelles. Dès lors, deux solutions se dessinent. Soit nos partenaires de la zone admettent que la BCE doit changer et doit porter sa part de l’endettement public qui a été consenti en contrepartie de sa politique restrictive de la période précédente et du soutien à l’économie durant la crise. C’est donc la BCE qui prendra alors le relais de la Banque de France ainsi ressuscitée. Soit aucun accord n’est possible. Dans ce cas, nous assisterons à l’éclatement de la zone Euro et au retour à la souveraineté monétaire, qui désormais retrouve son plein exercice avec le contrôle des capitaux qui aboutit à rendre sa liberté à la Banque de France en matière de taux d’intérêt. Cependant, cette solution présente pour certains bien plus de dangers que pour nous-mêmes. La probabilité d’une forte réévaluation de la monnaie allemande se profile alors, dans la mesure où elle ne peut plus compter sur les soi-disant mauvais élèves de la zone Euro pour compenser les effets de son excédent commercial. Cette appréciation risque de condamner à terme le modèle allemand, et ce d’autant plus si elle est accompagnée d’une taxe aux frontières. La logique voudrait donc que l’Allemagne accepte une refonte de la zone Euro.

 

Tel est le cadre technique dans lequel devrait s’inscrire une politique économique alternative. Un certain nombre de mesures ont été volontairement laissées dans l’ombre. Il est clair qu’une telle politique provoquera au départ de fortes tensions et qu’il convient ne pas dévoiler la totalité des mesures qui pourraient être prises. Cependant, le cadre ainsi fixé est clair. Il faut à court terme jouer sur des droits de douanes et sur la dimension monétaire pour retrouver le cadre d’une expansion économique tout en provoquant une réduction du poids relatif de la dette. Il faut à long terme réorienter l’investissement en le dégageant de la pression des marchés financiers (d’où le rôle stratégique du contrôle des capitaux) afin de le diriger vers les infrastructures, ce qui implique la mise en sommeil de certaines des directives européennes (mais pas de toutes). La vision de l'intervention de l'état pour Jacques Sapir est celle d'un état non pas socialiste, qui se substituerait complètement à l'activité privé. Mais celle d'un état jardinier, qui entretient son potager favorisant tel ou tel pousse, mettant des tuteurs et faisant attention à ce qu'aucun nuisible ne vienne perturber la pousse des entreprises. C'est un état pragmatique qui a pour but le bon fonctionnement de l'économie nationale, dans ce cadre le commerce, le protectionnisme ou les déficits publiques ne sont pas des buts, mais des moyens au service du bon développement national.  

 

Une telle politique est la seule qui puisse offrir un réel espoir aux classes populaires, qui ont vu leurs revenus stagner depuis maintenant dix ans, mais aussi aux classes moyennes auxquelles elle ouvre la perspective d’un rééquilibrage de la pression fiscale et, via le retour à une forte croissance, d’une reprise de l’ascenseur social. C’est donc autour de cette politique que doit se construire l’alternative politique faisant écho à l’alternative économique.

Dès lors, la question du choix du candidat est relativement secondaire. Elle doit donc être posée après, et non avant, le choix d’une politique et lui être subordonnée.

 

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5 février 2010 5 05 /02 /février /2010 21:45

euro-dollar.jpgIl n'échappe à personne s'intéressant un minimum à l'actualité que l'euro semble plongé dans la tourmente, et ce, pour la simple raison que plusieurs de ces membres semblent ne plus être dans la capacité d'éponger une dette qui s'est cumulé pendant la crise financière. On cite régulièrement les pays dits du club MED Grèce, Espagne, Portugal cela même d'ailleurs, qui étaient encensés il y a peu pour leur incroyable vitalité en matière de « réformes » néolibérales.

 

    Les conséquences des difficultés de ces pays se traduisent donc par la dégradation de la valeur de l'euro, reflétant l'inquiétude du marché quant à l'avenir de cette monnaie. Pour une fois le marché a raison de s'inquiéter, même si cette inquiétude se transforme en attaque spéculative monétaire visant à gagner de l'argent en pariant sur l'effondrement de nations entières. Le cynisme est malheureusement une vertu pour les boursicoteurs, on ne peut d'ailleurs pas leur en vouloir, ce n'est pas eux qui finalement se sont mis tout seul au centre de la gestion de l'économie planétaire, mais bien les politiques. Quelle est le plus fou des deux, le boursicoteur naturellement fou et égocentrique, ou le politique qui sait qu'ils sont fou, mais qui les place quand même au centre de la gestion économique mondiale?

 

Quoiqu'il en soit nos médias claironnent déjà bruyamment, attention l'euro baisse c'est horrible. Raisonnant de manière simpliste en octroyant à la monnaie une description verbale visant à faire entrer dans les têtes que décidément l'euro s'affaiblit. Monnaie faible, monnaie forte la description en elle même porte un jugement sur les politiques nécessaires à mener. En effet qui voudrait d'une monnaie faible? Les monnaies faibles c'est pour les pays faibles, les monnaies fortes pour les pays forts, non? C'est ainsi que la plupart des gens, peu au fait des raisonnements économiques, voient les choses, et c'est précisément pour çà que les économistes monétaristes ont usé et abusé de ces termes.

 

Une monnaie n'est pas forte ou faible dans l'absolue, dire cela n'a en fait aucun sens. La monnaie doit être adapté à la situation macroéconomique du pays et particulièrement à sa balance commerciale et à son tissu industriel.

 

La théorie quantitative de la monnaie

 

La théorie quantitative de la monnaie est relativement simple à comprendre, elle consiste simplement à décrire l'évolution de la quantité de monnaie demandé par le marché. Plus une monnaie est demandé plus sa valeur va s'accroitre et inversement c'est simplement le principe de l'offre et de la demande appliqué aux monnaies. Le lien avec le commerce extérieur est alors évident, plus un pays voit ses produits demandés à l'étranger plus les étrangers demanderont de la monnaie de ce même pays. Ainsi un pays fortement excédentaire connaitra une monté progressive de ses réserves monétaires. A l'inverse un pays qui consomme plus qu'il ne produit verra dans cette logique sa monnaie se déprécier par rapport à la monnaie des pays avec qui il a ses déficits.

 

En résumé une dévaluation monétaire correspond à une mise en place de droit de douanes couplé à une subvention à l'exportation, l'effet sur le commerce est alors évident réduction des importations augmentation des exportations. Une réévaluation correspond au contraire à une baisse des droits de douanes et à une subvention à l'importation.

 

Le système de change flottant.

 

De cette apparente logique imparable est né le système des changes flottants dans les années 70 à la suite du décrochage de l'or et du dollars en 1971 par le président Nixon. En effet avant cette date les changes étaient fixes et le dollars était « as good as gold », de la fin de la seconde guerre mondiale à cette date tout possesseur de dollars pouvait théoriquement l'échanger contre de l'or ce que fit d'ailleurs le général De Gaulle avec les réserves monétaire de la France. Ce système explosa avec la guerre du Vietnam et l'explosion du déficit commercial américain ces derniers devant dévaluer pour maintenir leur balance commerciale. Depuis nous vivons avec comme monnaie de référence le dollars et comme pseudo-système d'organisation le régime de change flottant.

 

 

Le système de change flottant consiste à dire que puisque une monnaie se dévalue lorsqu'il y a déficit commercial cela revient, pour le pays toucher, à favoriser les productions locales contre les importations. A l'inverse les pays qui possèdent des excédents vont voir la valeur des marchandises s'élever, ce qui va nuire à leurs exportations. En théorie et, malheureusement, seulement en théorie, les balances commerciales s'équilibreront naturellement si on laisse faire le marché au bout d'un certain temps les balances commerciales devraient s'équilibrer.

 

Il y a plusieurs problèmes qui vont se poser à ce système, et dans les faits on sait que les balances des pays du monde entier ne sont pas en équilibres, certaines le sont, mais il y a bien des gros exportateurs permanent d'un coté et de l'autre des déficitaire permanents (l'existence des uns étant nécessaire à l'existence des autres puisque l'addition de toute les balances commerciales sera égale à zéro). La crise que nous connaissons à l'heure actuelle n'est que l'énième bug que produit un système monétaire naturellement déséquilibré. On peut ainsi énumérer quelques problèmes pratiques au change flottant:

 

1-Tout les pays du monde n'ont pas de monnaie en change flottant. On pense immédiatement à la Chine qui a une parité fixe et décrété par l'état. Les chinois ont rigoureusement suivi la valeur du dollars ces vingts dernières années que le dollars descende par rapport à l'euro et le yuan descendra également et ce, quelque soit la balance commerciale entre la zone euro et la Chine.

 

2-Les banques centrales des pays excédentaires manipulent les valeurs monétaires mondiales. Je parle ici des pays qui sont en régime de change flottant, mais qui usent de leurs réserves monétaires pour favoriser leurs exportations. On peut penser ici au Japon par exemple qui a maintenu longtemps le yen en sous-évaluation pour favoriser ses exportations.

 

3-Il y a de nombreux acteurs externes aux états qui manipulent les monnaies de façon volontaire ou non, dans des mécanismes de spéculation qui n'ont aucun rapport avec les balances commerciales des pays concernés. L'exemple type fut le mécanisme du yen carry trade qui consistait à emprunter en yen parce que les taux d'intérêt de la banque centrale du Japon était nul, pour ensuite revendre sur les marchés avec des taux plus élevés. Il s'en ait suivi une variation de la monnaie japonaise qui n'avait plus rien avoir avec la balance commerciale du pays. Ces phénomène spéculatif casse complètement le principe même du change flottant.

 

4-Le rôle du dollars permet aux USA, du moins jusqu'à présent, d'exporter ses problèmes macroéconomiques vers les nations du reste du monde. Comme la plupart des pays sont obligés d'avoir des dollars pour payer le pétrole ou pour acheté de gros biens comme des avions, les pays du monde sont obliger de sans arrêt de couvrir la dette extérieure US pour éviter un effondrement du dollars. C'est une contraire conventionnel qui nuit gravement au bon fonctionnement de l'économie mondiale et permet aux USA leur délires militaires. Cette mécanique même, condamne le bon fonctionnement du change flottant en favorisant les USA et en leur permettant d'emprunter à l'infinie à l'étranger. Bien sure cette mécanique ne sera pas éternelle et on sent poindre une catastrophe le jour où cette avantage disparaitra, peut-être avec la futur dégradation de la note sur la qualité de la dette US qui sait.

 

  5-La libre-circulation des capitaux entraine des effets pervers sur les valeurs monétaires. La logique du système des changes flottant n'est fonctionnel que si l'on échange que des marchandises, à la rigueur, on peut imaginer que les capitaux d'investissement direct soient aussi une forme d'échange commercial qui rentre dans cette logique. Mais les fuites de capitaux pour des raisons fiscales, par exemple, sont contraire au mécanisme du change flottant et entraine d'ailleurs le phénomène bien connu de concurrence fiscale avec toute les conséquences négatives que cela peut avoir.

 

Pour toute ces raisons le système de change flottant est une aberration ou plutôt un système qui au lieu d'organiser, désorganise, une machine énorme à créer du chaos monétaire avec en plus le libre-échange douanier qui vient accroitre ses effets pervers. Il ne faut pas s'étonner de la situation actuelle.

 

Alors nous sommes aujourd'hui dans ce système de change flottant, soit une anarchie monétaire planétaire avec en son cœur un trou noir monétaire appelé USA. Dans ce cadre la politique monétaire est très importante et les européens ont été bien sot de croire que leur ligne Maginot, appelée euro, pourrait les protéger. On ne peut imaginer un système de change fixe que si tout les partenaires avec qui vous commercez ont également un change fixe. L'euro n'aurait eut de sens que si l'Europe avaient décider de se développé seule dans son coin. Il faudrait alors que l'Europe accepte le fameux protectionnisme européen de Jacques Sapir , ou Emmanuel Todd. Sans cela il est évident que les pressions externes vont faire exploser la zone euro. C'est le pari actuel des boursicoteurs compulsifs.

 

La dévaluation, monnaie faible une catastrophe ou pas?

 

Alors en sachant tout çà et en revenant tout de même sur le sujet de base que peut-on dire sur ce qu'est une bonne monnaie. Tout dépend des intérêts que vous défendez. Si vous êtes un rentier et que vous achetez énormément de produits importés vous avez intérêt à ce que la monnaie de votre pays s'apprécie. A l'inverse si vous êtes un industriel ou un salarié de l'industrie vous avez tout intérêt à ce que votre monnaie se déprécie.

 

Bien sure tout dépend de la quantité d'objet et de services étrangers vous consommez, plus vous consommez locale et moins une dévaluation impactera sur votre niveau de vie. La question est donc plus difficile qu'il n'y paraît, en fait le problème est insoluble sur le court terme. Les avantages ou les inconvénients d'une dévaluation peuvent être positif ou négatif suivant une multitude de facteur. La seule question que l'on doit se poser c'est qu'est ce qui est prioritaire pour votre pays? Si c'est l'emploi alors il faut faire des politiques de plein emplois, ces dernières nécessites souvent des plans de relances. Cela signifie alors qu'il faut faire en sorte que la relance touche surtout les industriels locaux (voir ici). Donc une politique de relance doit nécessairement être accompagné d'une dévaluation compétitive bien sure je parle ici dans le cadre actuelle de l'économie mondiale.

 

Certains objecterons que les dévaluations renchériront aussi le prix des matière premières auquel il n'y a pas de substitue local à court terme, c'est vrai, mais je signales qu'un jour ou l'autre nous devrons nous passer de pétrole. Avoir des prix pour les matières premières plus élevés peut finalement orienter à long terme vers une meilleur utilisation de l'énergie, et vers les énergie alternatives. Du reste un pays comme la Chine investit massivement dans les technologies écologiques justement parce qu'elle paye très cher son pétrole.

 

Quoiqu'il en soit dans la structure de l'économie mondiale actuelle les pays gagnants sont ceux qui sous-évalues leur monnaie et non l'inverse. On ne peut qu'espérer qu'un jour un nouveau système monétaire plus juste sera mis en place, mais cette objectif ne doit pas nous faire oublier le présent. L'Europe est la seule région du monde à laisser flotter sa monnaie au grès du marché sans vraiment se soucier de la valeur de l'euro, son industrie prend des coups violents et elle est maintenant la cible des spéculateurs. Si les européens veulent sauver cette monnaie il serait plus que temps de réagir.

 

   Pour finir ce petit texte sur la monnaie je ne pouvais que mettre la conférence du Général De Gaulle de 1965 sur l'étalon or et le dollar, problème dont je n'ai pas parlé profondément ici, mais qui est intimement lié à la crise mondiale et aux systèmes des changes flottants.

 

 


De Gaulle échange les dollars contre l'or

 

 

 

 

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1 février 2010 1 01 /02 /février /2010 23:29

YoupiLEcoleEstFinie.jpgC'est ce que nos journaux ne cesse de crier, la croissance repart et l'Amérique va a nouveau briller de mille feux. Notre ami Laurent pensant même que son hypothèse de reprise à court terme, avant une rechute, c'est quand même quelqu'un de sérieux qui ne travail pas sur TF1, va se réaliser puisque l'économie US vient de soit disant avoir une croissance de 5,4% en rythme annuel sur la fin 2009.

 

En premier lieu je ne vais pas faire mon rabat joie, mais je crois que nous devrions sérieusement nous poser des questions sur la fabrication de ces statistiques tant elles sont largement incohérentes les unes avec les autres.

 

Ensuite le commerce mondial n'a pas redémarré comme le montre l'évolution du Baltic Dry depuis sa chute vertigineuse de 11793 en janvier 2008 à points à 665 en décembre 2008, il est repassé à 5900 points et depuis il est retombé comme un soufflé à 3159 points. Or cet indice indique le dynamisme des échanges de matières premières, il est donc un bon indicateur sur la croissance mondiale futur, autant vous dires que le fameux redémarrage US y est invisible ou en réalité trop faible pour avoir un impact mesurable. Cependant cet indice lui ne peut pas être trafiqué par des tricheries comptables contrairement au PIB ou au taux de chômage.

 

bdi.gif

 

  L'autre curiosité, c'est que le déficit commercial US reste à peu près stable, enfin, il ne décline que trés lentement sans rejoindre ses niveaux de 2007.Or étant donné la dépendance des USA à l'égard des importations, il est peu probable qu'un retour de la croissance ne se traduise pas par un fort creusement du déficit commercial. Les USA étant toujours libre-échangiste, une croissance US se traduirait rapidement par une hausse de l'excédent chinois, allemand ou japonais or il n'y a rien en vue c'est le calme plat ce qui confirme le baltic dry index.

TradUS.png

 

  Bon il est vrai que nos amis américains on fait tourner la planche à bond du trésors à une vitesse jamais vue dans l'histoire il va donc y avoir nécessairement un effet sur la croissance américaine,par contre il y a peu de chance pour que la situation de l'emploi, elle, s'améliore. La dernière fois que les USA ont fait des plans de relances, après la crise de 2001, la croissance était repartie bien plus vite, la dégradation du multiplicateur d'investissement keynésien pour cause de libre-échange semble avoir atteint le point limite aux USA (voir mon texte sur le lien entre le multiplicateur d'investissement et le libre-échange). Les USA sont prisonnier de l'effet 1983, année tristement célèbre en France, où les socialistes se sont aperçus qu'on ne pouvez pas relancer la demande intérieure sans creuser le déficit commercial, grâce au rôle du dollars, les USA ont pu faire durer le suspense plus longtemps, mais çà semble fini. Plus de croissance sans changement de politique commerciale espérons que les américains ne feront pas le même choix à terme que les socialistes français à savoir le chômage et la stagnation plutôt que le protectionnisme.

 

Le plus drôle dans cette histoire c'est qu'en fait les USA ne se sont jamais vraiment remis de la crise internet, dernière illusion de l'économie post-industrielle. En effet les USA n'ont tout simplement pas créé d'emploi depuis 2000 rien que çà, comme l'a récemment indiqué le Washigton post article commenté ici par Bill Bonner. Donc, en fait, parler de retour à la croissance paraît quelque peu absurde, à la rigueur devrait on parler de ralentissement de la dégradation tant la croissance du PIB américain a été probablement surestimé ces 20 dernières années. Quand on sait que les USA ne sont plus que le quatrième producteur de voiture, la Chine venant de devenir le premier on peut vraiment s'interroger sur la soit disant croissance américaine.

 

  En restant dans les statistiques officielles on s'aperçoit aussi que par exemple les dépenses en construction ont encore baissé de 1.2%, les ventes de maison de 7.6% etc... voir ici. C'est pas terrible pour une économie qui croît à 5.4% sur l'année, bref tout ceci n'est pas très cohérent. On verra dans quelques mois ce qu'il en est vraiment, mais j'ai quelques doutes sur cette croissance.

 

 

Il existe également divers indicateurs qui présentent la réalité US sous un autre aspect. Un site célèbre tenu par des économistes indépendants, appelé Shadows Statistics, montre ainsi une évolution bien moins sympathique de l'économie US depuis les années 80. Le site regorge de statistiques alternatives qui montrent une réalité bien moins reluisante et qui ont surtout le bon goût d'être beaucoup plus cohérentes avec ce que nous savons de la réalité de l'économie US, à savoir qu'il s'agit d'une économie droguée à la dette extérieure et à l'impression massive de dollars.

 

sgs-gdp.gif

 

  Sur ce graphique on voit clairement une croissance moyenne négative depuis 2000 ce qui explique la position du Washington post disant que les USA n'ont pas créé d'emploi depuis cette époque alors que la population a augmenté fortement. Encore une fois une économie qui connait une croissance du PIB, mais qui ne connait pas de hausse du nombre d'emploi c'est très curieux surtout quand la proportion d'emploi des services est extrêmement élevé comme c'est le cas aux USA. Si encore on avait affaire à une économie industrielle, on pourrait comprendre, les gains de productivité expliquerait la chose, mais tel n'est pas le cas. C'est pour cette raison que le taux de croissance alternatif me semble beaucoup plus proche de la réalité que le taux officiel. Il en va de même pour la France d'ailleurs, notre pays n'ayant pas créé d'emploi depuis 2001-2002, nous avons pourtant officiellement eu une croissance positive et une baisse du chômage.

 

Quoi qu'il en soit il est clair pour tous le monde que même si la croissance US est repartie elle ne pourra pas durée, la faute à un endettement extérieur et intérieur insoutenable. Les mouvements politiques aux USA sont d'ailleurs entrain de confirmer la monté du pessimisme ambiant, la population US sent bien qu'elle est à deux doigt d'une catastrophe et que son président n'a pas agit dans une perspective à long terme. Des mouvements populistes ne peuvent  qu'en profiter, il suffit de regarder cette vidéo pour s'en convaincre du reste:

 

 


Economie des USA: la Pierre Philosophale

 

   Les mouvements populistes américains sont sortis renforcés par le discrédit d'Obama et les libertariens que Paul Jorion décrit comme d'extrême droite, risque de peser à l'avenir très fortement. D'autant plus qu'ils mélangent avec talent, comme beaucoup d'extrémistes, le vrai et le faux, à l'instar de Ron Paul qui dit que les USA importe trop de chose, mais qui reste un indécrottable libre-échangiste comme tout bon libertarien. Bien plus qu'économique la crise est en passe de devenir politique et là il n'y a aucun indicateur statistique pour faire semblant de nous rassurer.

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22 janvier 2010 5 22 /01 /janvier /2010 22:53

VieuxArbresUn texte intéressant vient d'être publié par Jean-Jacques Chavigné sur le sujet des retraites. Un texte intéressant sous plusieurs aspects. Il dit décrit les réformes actuelles comme hypocrites et usant de faux arguments, il fait d'ailleurs mouche sur le système par capitalisation. Ce dernier est une escroquerie intellectuelle qui visent à faire croire que chacun peut accumuler un petit pécule pour ses vieux jours et donc que son futur revenue de retraité ne dépendrait pas du nombre de d'actif.

 

C'est totalement faux la santé globale d'une économie à nécessairement un impact sur les valorisations boursière à plus ou moins long terme, tout comme la valeur de la monnaie du pays. Une société qui voie sa population active se contracter est forcement moins dynamique économiquement, ce qui ne peut qu'avoir un effet négatif sur les valorisations boursières. Les charlatans qui font croire que la retraite par capitalisation est une solution devraient être mis au piloris, surtout que les fonds de pensions US ou Britannique ont montré par l'absurde l'invalidité de la chose comme le montre cet article par exemple. Sur ce plan le texte de monsieur Chavigné est donc vrai et il serait bon en France de condamner toute dérive vers le système par capitalisation. Le système par répartition est celui qui est le plus proche de la réalité physique de l'économie à savoir que ce sont toujours les actifs qui payent pour les inactifs quelque soit le système organisé derrière.

 

Mais Chavignié tombe ensuite dans l'erreur, à mon sens, en faisant de la prospective économique quelque peu aventureuse. Il affirme que la richesse française doublera au moins d'ici 2040 et que cela doit être pris en compte dans le calcul des futurs retraites. Il prend comme hypothèse une croissance que l'on peut juger faible de 1,7% par an pour faire ses calculs.

 

Il s'agit d'un argument habituel, qu'Emmanuel Todd avait lui même employé d'ailleurs, puisque le travail continuera à être de plus en plus productif le paiement des retraites ne sera pas un problème même si la population active décroit en proportion de la population totale. Dans l'absolu cet argument est tout à fait vrai, mais si l'on regarde l'évolution de l'économie française actuelle on ne peut qu'être plus pessimiste sur la futur croissance française.

 

Le contexte économique mondial à changer depuis trente ans nos pays connaissent une baisse continue de leur croissance économique depuis la mise en place du libre-échange généralisé et du système monétaire à change flottant soit depuis 1974. La baisse de la croissance en France est très importante, au delà des cycles ont peut constater une baisse continue de cette croissance au fil du temps. Depuis 1991 la seule période de croissance économique relativement forte fut de courte durée de 1997-2001 en dehors de cette période lié à la forte baisse des monnaies européennes face au dollars, la croissance fut faible et souvent inférieure à 1,7% chiffre retenue par Chavinié.

 

Croissance-francaise.png

Si l'on se projette à long terme la France se rapprochera de la croissance nulle à brève échéance.

  D'autant qu'il faut bien voir l'accélération de la désindustrialisation française, elle devient de plus en plus visible dans la balance commerciale française qui connait un trou sans cesse croissant comme le montre le tableau suivant. On remarque que la hausse de l'euro n'y est probablement pas pour rien, et que le déficit commercial correspond à l'arrivée de la droite au pouvoir en 2002....

 

 CommerceExtfr.jpg

 

On remarque d'ailleurs en comparant les courbes du commerces extérieurs et celle de la croissance que le lien que font certains entre commerce et croissance économique est complètement faux, il n'y a aucune corrélation entre les deux courbes. Alors que notre commerce extérieur n'a cesser de croitre en valeur (importations + exportations) la croissance de notre PIB n'a pas varié de la même façon. Et depuis 2002 notre déficit commercial s'accroit dangereusement signe indubitable d'une incapacité à produire ce que la population française consomme. La France est en train de rattraper la GB, USA, ou encore l'Espagne dans les pays les plus accrocs aux déficits commerciaux. Signe d'une désindustrialisation massive, or rappelons qu'un pays ne peut pas connaître un déficit commercial indéfiniment, à un moment donné il faudra rééquilibrer la balance commerciale. On remarque également la fameuse coupure de 1974 que notre prix nobel Maurice Allais a mis en avant dans sa critique du libre échange.

 

  Bien sure on pourrait imaginer une dévaluation ou une politique protectionniste qui permettrait une contraction des importations par une substitution de produits nationaux. Le problème c'est que ce type de politique est à l'heure actuelle impensable pour nos élites, et qu'elles sont persuadées que le protectionnisme c'est le mal incarné, que les échanges internationaux sont toujours bons pour la croissance, ce que pourtant, les graphiques précédents démentent, mais bon les idéologues n'ont que faire du réel.

 

Donc la seule chose qui se produira si l'on suppose une non remise en cause des politiques monétaires, douanières et européennes, c'est que la balance commerciale se rééquilibrera par contraction de la demande intérieure française. Quand, comment, impossible de le savoir mais l'exemple US qui vient de connaître une baisse de moitié de son déficit extérieurs grâce à l'explosion du chômage et l'effondrement de la bulle immobilière  nous montre ce qui l'adviendra de notre pays lorsque le moment sera venu. L'augmentation du chômage français de 2009 ne fut qu'une mise en bouche. La France fait aujourd'hui illusion grâce à ses mécanismes sociaux qui maintiennent une certaine stabilité de la demande mais le résultat est un accroissement continu du déficit extérieur qui ne manquera pas de poser problème.

 

Il y a donc fort à parier que la France ne connaitra pas de croissance à 1,7% comme le suppose Chavignié, il est même possible que la France et la plupart des pays d'occident connaissent des baisses durables de leur niveau de vie dans la décennie qui vient. Nos pays vont voir progressivement leur niveau de vie s'aligner sur ceux des pays du tiers-monde, dans ce contexte il est complètement illusoire de croire en la survie des système sociaux issus de pacte d'après guerre. Le système des retraites comme celui de la sécurité sociale n'ont pas été créer pour des sociétés sans industries avec de forts taux de chômage.

 

L'impasse dans laquelle se trouve la plupart des pays développé est d'ailleurs soulignée maintenant par les économistes officiels, ainsi cette très intéressante note de la banque Natixis qui montre la prise de conscience au niveau institutionnel.

 

  Encore une fois sans pour autant en faire l'alpha et l'oméga de toute politiques économiques, le protectionnisme commercial est un instrument primordiale pour qui veut sauvegarder notre système social. Vouloir combattre l'idéologie néolibérale sur le système des retraites c'est très bien, mais il faut indiquer une vue plus large. Mettre l'articulation entre le plein emploi et les retraites, pas de protectionnisme, pas de retour au plein emploi, donc risque grave pour la solidarité sociale. Il est en plus certains que les réformes du système de retraite ou l'augmentation de la durée de cotisation, seraient bien mieux acceptées si la population n'avaient pas l'impression que l'on met la charrue avant les beaufs, si je puis dire.

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