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Blog parlant d'économie vue sous une orientation souverainiste et protectionniste.

La situation démographique américaine en 2023 (partie 1)

 

Mon blog essaie généralement autant qu'il peut d'appuyer ses raisonnements sur des faits et des observations. Avec la démocratisation d'internet, on a longtemps cru que l'humanité et les débats publics allaient grandir en qualité et en intelligence. J'y ai moi-même cru au début des années 2000. L'accès aux données qui hier étaient souvent fastidieuses à obtenir allait forcément produire une approche plus scientifique et moins idéologique des problèmes. Las, comme vous le savez, on a observé bien au contraire une plongée dans les abysses de la réflexion et du débat public. Emmanuel Macron est en grande partie le fruit pourri de cette évolution. Les gens ne cherchent pas tant la vérité que la confirmation de leurs croyances, quelle qu’elle soit. On l'a vu récemment sur la question du Covid et de la vaccination, sur les questions énergétiques, écologiques ou encore sur la construction européenne et l'euro. Il est donc important de mettre en avant les données brutes que l'on peut trouver assez facilement de nos jours sur divers problèmes. Car avant de savoir si tel ou tel raisonnement tient la route, il faut toujours vérifier les axiomes sur lesquels ces raisonnements s'appuient. Ce n'est pas l'autorité de telle ou telle personne connue ou non, diplômés, scientifique, prix Nobel, ou quoique ce soit, qui doit nous guider, mais le rapport entre le raisonnement et l'observation. Car seuls les faits peuvent juger de la validité ou non d'un raisonnement et quand ces données manquent, la modestie et le doute doivent être permanents. C'est d'autant plus important de rappeler dans un pays comme la France où le rapport à la vérité est devenu extrêmement flexible chez les élites et dans les médias. Fin du préambule.

 

De l'expansion démographique au déclin

 

Ce texte a donc pour but de mettre en avant quelques données sur la situation démographique aux USA. Des données qui sont nécessaires pour bien réfléchir sur cette nation impériale qui grâce à la bêtise des élites européennes et au conflit ukrainien contrôle le continent comme jamais dans son histoire alors qu'elle est en recul partout ailleurs dans le monde. Il est évident que la faiblesse de l'Europe produit par la construction européenne libérale et par l'euro a beaucoup joué dans cette histoire. Il est donc important de voir dans quel état se trouvent les USA à l'heure actuelle. Commençons par l'histoire avant d'entamer la vision actuelle. Les USA ont longtemps été vendus comme étant la nation de l'immigration par excellence. Et il est vrai que les USA ont reçu beaucoup d'immigrés et que la matrice originelle des USA fut elle-même une immigration d'origine britannique. On oublie un peu plus que le véritable moteur démographique des USA ne fut pas l'immigration en réalité, mais la fulgurante natalité qu'a eu ce pays pendant deux cents ans. On peut d'ailleurs faire un parallèle avec l'empire russe qui a eu aussi une immense dynamique démographique sur cette période, mais sans apport migratoire. La courbe ci-dessous sera plus explicative.

 

 

On peut comparer la fécondité à long terme grâce aux donnés du site Our World
in Data
. On voit très bien que les USA avaient une fécondité plus importante que celle de la Grande-Bretagne dès le début du 18e siècle. Alors que la fécondité anglaise était très élevée par rapport aux standards européens de l'époque et à la France en particulier. Ajoutons à cela une baisse de la mortalité infantile très précoce dans le monde anglo-saxon et particulièrement aux USA et vous avez là le secret de l’extraordinaire expansion démographique de ce pays. Il n'y a que la Russie qui a fait mieux en termes de fécondité sur la même période, mais qui avait des taux de mortalité infantile nettement plus importants. Ainsi les USA passeront de 5 millions d'habitants environ en 1800 à plus de 330 millions en 2020. Si l'immigration a joué un rôle important dans cette expansion démographique, notamment l'immigration irlandaise et allemande dans la seconde moitié du 19e siècle très souvent, ces immigrés avaient une fécondité inférieure aux locaux. Car l'Europe avait globalement une fécondité inférieure à celle des USA, surtout à partir de 1900. Et il s'agissait d'une immigration lointaine. En 1850 quand vous partiez en Amérique c'était généralement pour toujours et les liens avec le pays d'origine étaient relativement rompus. Cette forte natalité locale couplée aux contraintes spatiales de l'époque a probablement fortement participé à l'assimilation des populations européenne avec plus ou moins de succès. Cela n'a pas empêché un certain rejet des nouveaux venu, phénomène qui ne date pas d'hier.

 

 

La situation de l'époque est à mettre en parallèle avec la situation actuelle. Car les USA ont fait leur transition démographique, et la natalité depuis, le milieu des années 70 est tombé en dessous du seuil des 2 enfants par femme. Si l'on regarde en nombre brut le pic de naissance aux USA a eu lieu en 2005 avec plus de 4 millions de naissance, depuis cette date c'est la chute, même s'il y a un petit rebond en 2022. Le taux de fécondité est désormais européen avec 1,7 enfant par femme environ. Pendant toutes les années 80 jusqu'au début des années 2000, certains ont cru à une résistance de la natalité américaine. C'était notamment le cas de notre démographe préféré, Emmanuel Todd. Mais en partie comme dans le cas de la France, on a en réalité oblitéré volontairement l'effet immigration. Car aux USA les WASPS n'ont jamais retrouvé une fécondité à l'équilibre, c'est avant tout l'immigration mexicaine qui a gonflé les chiffres de la fécondité, la faisant apparaître comme à des niveaux raisonnables en moyenne. Mais comme le reste du monde, la fécondité du Mexique et des pays d'Amérique latine baisse. Le Mexique qui est le principal fournisseur d'immigrés aux USA connaît désormais une natalité faible. En 2021 le Mexique est tombé à 1,81 enfant par femme alors qu'il était encore à 2,3 dix ans plus tôt.

 

 

Il s'agit là d'une donnée extrêmement importante. On peut dire que les images qui nous arrivent aujourd'hui d'une vague ininterrompue d'immigrés traversant la frontière mexicaine pour aller aux USA, sera très certaine surannée vers 2031. Les gens qui émigrent sont généralement jeunes, et des jeunes, il n'y en aura plus beaucoup pour traverser les frontières dans dix ou quinze ans. Si les immigrés du Mexique posent d'énormes problèmes aux USA, en particulier sur la question du trafic de drogue et de la délinquance. Ils permettent aussi au patronat US de faire pression à la baisse sur les salaires. Cet étiolement à terme de l'immigration aux USA est donc probablement une chance pour les salariés américains, enfin si leur pays ne se fracture pas d'ici là. Précisons d'ailleurs que l'immigration mexicaine fut véritablement une rupture avec l'histoire des USA. En effet comme je l'ai dit les immigrés généralement venaient de loin et rompaient avec leur pays d'origine. Ce n'est pas le cas des Mexicains. D'une part, il s'agit d'une immigration frontalière ce qui est nouveau pour les USA. Ensuite, cette immigration n'est pas une vague qui s'est interrompue. Il s'agit plus d'une diaspora qui est nourrie par un flux continu venant d'une même origine. On peut penser que comme dans le cas français avec les populations maghrébines ce flux constant tend à empêcher l'assimilation et à former des agglomérats de populations sur le territoire américains. À cela s'ajoute le contentieux historique entre le Mexique et les USA . Rappelons que le Texas ou bien la Californie faisaient partie du Mexique. De la capacité d'assimilation des Mexicains dépendra grandement l'avenir des USA. Ils sont aujourd'hui près de 20% de la population du pays.

 

Si l'on regarde de plus près les indicateurs démographiques, on voit bien que l'assimilation des populations est relative aux USA. Les comportements démographiques sont très disparates entre les groupes. Si les latinos font moins d'enfants, ce n'est pas tant par imitation de la démographie locale que par imitation de la natalité de leur pays d'origine. On peut s'en convaincre en regardant par exemple les populations d'origine asiatique. Ce sont les moins fécondes aux USA derrière les blancs. D'après le CDC c'est même la population asiatique qui a la baisse de la fécondité la plus rapide. Les Asiatiques sont à 49,6 enfants pour 1000 femmes en âge de procréer en 2021 contre 54,4 pour les blancs, 57,4 pour les noirs et 63,4 pour les latinos. Sachant que la population asiatique est plutôt bien intégrée économiquement, on peut y voir les effets des structures familiales de leur pays d'origine. Être intégré économiquement ne signifie donc pas qu'on devient comme les autres et qu'on adopte les mœurs du pays d'accueil sur le plan démographique et éducatif, c'est flagrant aux USA. Après il est vrai, ce pays fait beaucoup d'effort pour ne pas assimiler ses immigrés avec ses politiques Wokes et communautaristes.

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