La situation démographique américaine en 2023 (partie 2)

Passons maintenant à des données tout aussi importantes et significatives sur la réalité américaine, l'état de santé général de la population. Les lecteurs de ce blog le savent, mais Emmanuel Todd avait déduit la dégradation des conditions de vie en URSS dans les années 70 par la simple hausse de la mortalité infantile. En effet il est extrêmement simple de trafiquer des données économiques que ce soit le taux d'inflation ou le PIB. Et les états occidentaux qui connaissent un déclin progressif depuis la mise en place de la globalisation sous l'influence des USA et de la GB, ont eu beaucoup recours aux subterfuges pour camoufler la réalité. En France récemment, les réformes du comptage des chômeurs et les radiations massives ont permis d'afficher des baisses de chômage alors que le pays n'a aucune dynamique économique. Les statistiques démographiques sont bien plus difficiles à manipuler, même la Chine a dû reconnaître que sa natalité officielle était exagérée et que la natalité du pays était bien plus basse que ce que le gouvernement avait officiellement annoncé ces dernières années. C'est que pour mentir en démographie il faut que le mensonge soit total et permanent. Des incohérences apparaissent très vite dans les données alors que le caractère passablement peu fiable des données économiques permet des mensonges plus facilement. C'est pour cela que les données comme la natalité, la mortalité infantile, le taux de suicide ou l'espérance de vie sont aussi importants à cette époque de mensonge économique généralisé. Ce sont les seules données qui nous permettent de savoir si vraiment nos sociétés vont si bien que ce que les autorités affirment. Le chiffre de la mortalité infantile français qui augmente depuis plus de dix ans nous en dit plus de la réalité de la France macroniste que les longs discours de son président fantoche.

L'état de santé américain

La baisse de l’espérance de vie aux USA par exemple est aujourd'hui assez connue. La Chine est par récemment passée devant les USA en termes d’espérance de vie, c'est tout un symbole même s'il faut aussi admettre que la hausse de l’espérance de vie ne signifie pas à elle seule la santé d'une société ou d'une économie. La plupart des pays pauvres ont connu une forte hausse de l’espérance de vie par exemple. C'est d'ailleurs la même chose pour la mortalité infantile, la baisse est générale, partout dans le monde, à part dans quelques pays, dont la France malheureusement. On peut dire qu'en fait faire baisser la mortalité des adultes ou des enfants est assez facile quand on part de très bas, et cela ne coûte pas trop cher. Cuba s'en sort par exemple très bien sur ces données malgré son régime économique et l'embargo injuste dont elle est victime depuis des décennies. À l'inverse la baisse de l'espérance de vie aux USA ne traduit pas tant une économie en déclin globalement, qu'une économie massivement inégalitaire. Le graphique suivant qui est sorti il y a peu de temps montre par exemple l'évolution de l'espérance de vie en fonction du niveau d'étude atteint. Et l'on constate que les moins diplômés ont été plus touchés que les autres par la baisse de l'espérance de vie.

La hausse de la mortalité aux USA et la baisse de l'espérance de vie sont essentiellement liées à la crise des opioïdes et à la consommation de drogue. Les chiffres sont assez éloquents, et lorsque que l'on regarde l'évolution du nombre de morts par drogue depuis 2016, on constat bien l'origine du problème en particulier les deux produits « phares » de la drogue moderne que sont le Fentanyl et les méthamphétamines . Des produits qui à l'origine ont été fabriqués par l'industrie pharmaceutique américaine dont le tristement célèbre fabriquant de produit chimique Purdue. On remarquera au passage que malgré le déclenchement de la plus grave crise de santé publique aux USA, les possesseurs de ces entreprises ont pour l'instant échappé aux sanctions et à la prison. On parle pourtant de plusieurs centaines de milliers de morts aux USA et d'une crise qui s'aggrave maintenant que la production de ces produits fait la fortune des cartels de la drogue mexicains. Il y a bien quelque chose de pourri aux USA, quel que soit le niveau de leur PIB/habitant. Un autre graphique met aussi en exergue le manque d'unité du pays et l'échec de l'assimilation des populations. En effet, la crise de la drogue touche prioritairement les noirs et les blancs, mais dans des proportions moindres les latinos et pratiquement pas les populations d'origine asiatique. Cela montre le caractère prévalant des valeurs et des systèmes éducatifs des populations immigrées. C'est d'autant plus vrai que ces différences persistent sur tout un tas de données.

Continuons ce tour d'horizon de la situation démographique américaine avec la mortalité infantile. Celle-ci continue à légèrement baisser, on ne note pas de hausse de la mortalité infantile pour l'instant contrairement à la France. La baisse est cependant de plus en plus lente alors que la mortalité infantile est loin d'être la meilleure du monde. Si les USA continuent à être devant la Chine sur ce plan, elle les rattrape très vite. Et surtout les USA sont le pays développé avec les plus mauvaises statistiques. Ils sont encore très au-dessous de la France par exemple malgré la légère hausse que notre pays connaît depuis quelques années. Cuba qui n'est pas un pays riche affiche pourtant une mortalité infantile inférieure à celle des USA, cela se passe de commentaire. Plus inquiétant, le pays connaît une hausse importante des femmes morte en couche. La situation est très probablement liée à la crise du COVID même si la hausse semble avoir précédé la crise. Il est difficile d'avoir un avis sur la question, on ne peut que constater une hausse quand même très importante. Il faudra voir les chiffres de 2023 et 2024 pour voir si cela perdure ou si le pays connaîtra une baisse et un retour à la normale. Il faut tout de même rappeler que les Américains dépensent beaucoup plus que les Français pour leur système de santé pour des performances visiblement très médiocres . C'est à méditer pour les défenseurs de la destruction du système de la sécurité sociale et de la privatisation généralisée.

Le nombre de morts par suicide est en très légère hausse aux USA . Il faut cependant relativiser cette légère hausse. En effet, la drogue, l’alcoolémie, les pratiques à risque sont des manières de s'autodétruire plus lentement. Les morts par suicides sont donc difficiles à comptabiliser par nature. Les suicides pouvant prendre de nombreuses formes différentes. Comme on l'a vu, la forte hausse de la drogue aux USA est en soi un indicateur d'une dégradation de la qualité de vie pour une bonne partie de la population même si en moyenne le pays s’enrichit. Cela donne ce paradoxe d'un pays qui affiche des villes remplies de misérables qui crèvent dans la rue en se droguant, tout en envoyant une ribambelle de fusées dans l'espace et en innovant dans l'IA. Il ne faut pas oublier que les USA ont toujours été un pays particulièrement inégalitaire, la période Roosevelt n'étant probablement qu'un accident momentané. Mais terminons par des statistiques assez effrayantes sur la mortalité des jeunes. Si la mortalité infantile continue à légèrement baisser aux USA, celle de la mortalité des mineures c'est différent. Le graphique ci-dessous montre que cette mortalité s'est améliorée grâce à la forte baisse des accidents de la route depuis 20 ans et c'est une excellente chose. Par contre, on constate depuis 2014 une forte hausse des morts par arme à feu. Et chose incroyable, les morts par arme à feu sont devenues la première cause de mortalité chez les jeunes devant les accidents de voiture. Et juste derrière, on constate depuis 2019 une forte hausse des morts par la drogue. Car la crise des opiacés touche particulièrement les moins de 35 ans. Un signe très inquiétant pour l'avenir dans un pays qui n'a plus de dynamique démographique propre.