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Blog parlant d'économie vue sous une orientation souverainiste et protectionniste.

Le totalitarisme de moins en moins tranquille

 

Nous approchons doucement de la fin de l'année 2023, une année tourmentée pour la France et pour l'empire américain. Mais une année qui s'inscrit dans la marche vers le déclin de ces sociétés qui pourtant étaient convaincues depuis longtemps de leur supériorité absolue sur le reste du monde. Les temps deviennent vraiment difficiles pour les idéologues et la réalité multiplie ses incursions dans le petit monde feutré de l'illusion communicante qui constitue l'essentiel de l'imaginaire des médias dominants. C'est que cela fait longtemps que les Occidentaux vivent dans un rêve feutré bordé par la sous-culture médiatique américaine. Et il est difficile de sortir du rêve et de constater le désastre qui nous entoure et que l'on pensait pourtant être un paradis. L'occident actuel est en proie à un réveil qu'il ne veut pas faire. Il ne veut pas se regarder tel qu'il est. N’y admettre les conséquences des choix qu'il a faits ces cinquante dernières années. Pour ma part, je pense que la crise du Covid puis celle de la guerre en Ukraine constituent quelque part le début d'un réveil des populations d'occident. Et ce qu'elles ont sous leurs yeux ne leur plaît pas du tout.

 

Le pompon fut sans doute les chiffres dramatiques de l'effondrement du niveau scolaire qui bien sûr touche beaucoup la France, mais atteint désormais l'ensemble des pays du bloc occidental. Les pays d'Asie trustant largement la tête du podium. On a parlé d'un effet Covid, mais il semble pourtant que le Japon, la Corée du Sud ou Singapour n'était pas en reste en matière de mesures absurdes pendant la crise sanitaire et pourtant il n'y a pas eu d'effet baisse chez eux. Quoiqu'il en soit cette histoire de classement, Pisa s'ajoute aux très nombreux signes d'un déclin de plus en plus marqué et de plus en plus difficile à camoufler par des astuces sémantiques ou par des euphémismes dialectiques. Un déclin économique tout d'abord, même le champion européen l'Allemagne a désormais les deux pieds dans le ciment. Elle attend sans doute que l'oncle Sam la balance dans la mer près du Nord Stream. L'UE s'enfonce dans une crise économique gravissime, mais se lance à corps perdu dans une folle extension vers l'Ukraine et la Moldavie, et puis vers la Géorgie. À croire que son incapacité à résoudre les problèmes économiques et politiques réels du continent est compensée par un expansionnisme qui n'a aucun sens. Ce n'est pas sans rappeler les folies militaires russes de Napoléon ou d'Hitler en un sens. On vient même d'entendre le ministre allemand de la Défense à vouloir préparer une guerre dans les dix ans qui viennent contre la Russie. Je crois qu'on a là l'exemple parfait d'une véritable folie collective qui a atteint les hautes sphères du pouvoir en Europe.

 

Globalement, l'occident donne l'impression d'être dirigé par des fous et des irresponsables. On ne parlera pas de Joe Biden qui ne contrôle probablement pas grand-chose, si tant est qu'il comprenne encore le monde qui l'entoure. Aux USA le pouvoir est extrêmement diffus. Mais les officines américaines ne semblent pas plus savoir où elles vont que leur satellite européen. Ajoutons à cela un effondrement de l'espérance de vie, une explosion des morts par drogue aux USA, une mortalité infantile en hausse aux USA comme en France. Il règne comme une atmosphère de fin du monde, et effectivement on arrive à la fin d'un monde. L'occident dominant est terminé. Et s'il était possible de laisser des imbéciles et des corrompus diriger des sociétés qui avaient tout pour elles. C'est beaucoup plus problématique dans des pays de seconde zone. Nous n'avons plus le luxe de pouvoir être mal dirigés. Cette situation la population a commencé à le comprendre, je pense. Il n'y a plus guère de confiance dans les systèmes politiques et médiatiques. Mais l'effondrement étant ce qu'il est la population occidentale, elle-même a bien du mal à comprendre ce qui lui arrive. La société de consommation a produit une horde de citoyens amorphes. L'homoéconomicus a produit des gens qui ne pensent qu'à leurs propres intérêts et ne voient pas plus loin que ça. La médiocrité politique est en grande partie le fruit pourri de la société de consommation. La somme des intérêts particuliers n'a jamais fait l'intérêt général contrairement aux divagations libérales et il n'y a aucune raison pour que ce soit le cas.

 

La dégradation du débat public

 

La société se dégrade, mais plus personne ou presque ne réfléchit à des solutions pratiques pour réellement sortir du merdier dans lequel nous sommes. Ajoutons à cela un vaste effort des classes sociales dominantes pour empêcher toute émergence de mouvement politique réellement alternatif. Le contrôle des médias par l'état et quelques milliardaires prouvant depuis longtemps l’efficacité du contrôle de l'information dans les pays dits démocratique. On en a l'exemple sous les yeux, des événements importants comme les mouvements des agriculteurs sont maintenant simplement ignorés par les médias. Et le simple fait que les médias n'en parlent pas suffit à ignorer dans le débat public la destruction massive de nos agriculteurs. Ils peuvent multiplier les émeutes et les déversements de purin sur les mairies et les préfectures, ils passent incognito. L'ordre a été donné de garder le silence sur la situation. Il ne faudrait pas se retrouver à nouveau avec des mouvements populaires comme les gilets jaunes. Le dorlotement des forces de police par l'état et ces actions de contrôle de la communication visant à étouffer dans l’œuf les mouvements de protestation réellement gênants montrent la panique dans laquelle se trouvent les dirigeants du pays.

 

En effet, pendant longtemps les dominants, la grande bourgeoisie avaient suffisamment confiance dans sa force pour affronter les mouvements populaires ouvertement. Ce fut le cas pendant les grandes grèves de 1995. Les années 90 furent la période d'épanouissement du modèle néolibéral en France. Et le vote sur le traité de Maastricht y fut pour beaucoup, le vote avait en effet montré qu'avec de la manipulation, des mensonges, beaucoup d'argent et des médias sous contrôle, on pouvait pousser une population à voter contre ses propres intérêts. C'est au terme de cette période qu'André Bellon avait écrit un très sympathique petit livre « Le totalitarisme tranquille ». L'auteur notait qu'en réalité le fameux cercle de la raison cher à Alain Minc n'était qu'une forme de totalitarisme qui ne disait pas son nom. Quand tout le monde pense pareil, c'est que plus personne ne pense en réalité. Et cette période qui a commencé dans les années 70 atteindra son apogée dans les années 1990-2000. On ne discutera plus ni l'UE, ni Maastricht et l'euro, ni la globalisation ni tout ce qui peut remettre en question les intérêts des classes possédantes. Quiconque a vécu l'évolution de la période ne peut être que stupéfait par la dégringolade du débat public. Toutes les questions essentielles ont été évacuées et il ne reste plus que des débats secondaires de distraction pseudopolitique à l'image de l'éternel débat sur l'immigration qui n'a aucun sens si l'on ne parle pas de l'UE au préalable.

 

Nous arrivons en réalité à la fin de cette période. Mais elle ne se termine pas parce que soudain la population se serait réveillée politiquement et aurait tout à coup retrouvé le sens de l'intérêt général ou même celui de ses propres intérêts. Les Français ne sont malheureusement pas redevenus des citoyens éclairés. Non, nous arrivons simplement aux conséquences néfastes des choix qui ont été faits depuis au moins les années 70. Et ces conséquences sont très graves comme la pénurie de médecins ou de médicaments par exemple, résultant des absurdités sur le numerus clausus ou des délocalisations de l'industrie du médicament en Asie. Le drame de notre époque c'est que le néolibéralisme a totalement triomphé au point qu'il reste le seul discours explicatif de tous les problèmes alors même qu'il est justement à l'origine de l'état catastrophique de l'occident actuel. Le fanatisme européiste est exemplaire en la matière. La situation de la zone euro depuis 2008 est très mauvaise et à chaque crise la situation s'aggrave, pourtant personne officiellement ne remet en question l'UE et l'euro. Il ne faut même pas en discuter ou vous êtes d'extrême droite et catalogué comme dangereux hérétique.

 

C'est à ce titre qu'on peut en réponse au livre d'André Bellon, vingt-deux ans après, parler de totalitarisme de moins en moins tranquille. Il n'a certes plus d'opposition à part celle qu'il fabrique lui-même à l'image de LFI, du RN ou des autres pitres qui remplissent les temps d'écoute des médias. Mais il a en face de lui son plus grand adversaire, son échec économique et politique lamentable. En affaiblissant de plus en plus les sociétés qui l'ont instauré, ne favorisant que les classes sociales aisées, ce système idéologique finit par produire des chocs externes. Les sociétés qui ne sont pas soumises à son dictat gagnent en puissance à l'image de la Chine et commencent à profiter du très grand affaiblissement de l'occident. C'est cela le choc de réalité que nous connaissons, le meilleur des mondes néolibéraux n'était finalement pas le meilleur puisque d'autres font mieux avec d'autres modèles. Comme il n'a pas réussi à coloniser le monde entier, le néolibéralisme se retrouve comme le communisme naguère en face d'un énorme problème, celui de l'altérité. Je pense sincèrement que le néolibéralisme finira de la même manière que son illustre opposant dans les poubelles de l'histoire. Le problème c'est que nous sommes malheureusement au milieu du tas d'ordure.

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