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Blog parlant d'économie vue sous une orientation souverainiste et protectionniste.

Un vrai patriote se fout des JO.

 

 

J'avais déjà dit dans l'un de mes textes précédents que je ne m'intéressais guère aux Jeux olympiques, pour ne pas dire que je ne m'y intéresse pas du tout. Et ce n'est pas spécialement parce qu'ils se déroulaient en France, je ne les regarde jamais, quel que soit le pays. Et c'est généralement la même chose pour tous les grands spectacles de divertissement. Cela ne veut pas dire que je déteste le sport, j'en pratique moi-même. Mais je n'aime pas la société du spectacle et le sport depuis de nombreuses décennies n'est devenu que du spectacle. Alors qu'il serait tout de même plus intéressant que les Français passent plus de temps à en pratiquer qu'à le regarder. Alors, pourquoi parler maintenant des JO alors que la cérémonie de clôture est déjà arrivée ? N'est-ce pas un peu tard ? C'est justement le bon moment, car nous voyons bien le rôle fondamental que le divertissement joue dans les sociétés modernes particulièrement dans les sociétés en perdition comme la nôtre. On pourrait d'ailleurs largement faire un parallèle entre les jeux de Paris 2024 et ceux de Berlin de 1936 même si cela risque de choquer.

 

On a en effet deux sociétés alors traversées par une grande crise et une espèce de despote au pouvoir. La différence étant qu'Hitler était alors en ascension et venait de prendre le pouvoir alors que Macron est plutôt en déclin. Évidement, je ne compare pas le macronisme au nazisme, il faut savoir raison garder. Mais la dynamique est semblable avec un nihilisme qui fut même porté par la cérémonie d'introduction des JO. En effet, cette cérémonie fut avant tout une énorme propagande globaliste comme les aime les « élites » parisiennes déconnectées du reste du pays et du monde . Même si elles se perçoivent comme complètement intégrées au globalisme anglo-saxon. L'importance incroyable donnée à ce qui n'est finalement qu'un événement sportif est en soi révélatrice de la crise que connaît le pays. Une crise qui est largement partagée par le reste de l'occident. Les événements récents en Grande-Bretagne dont nous avons parlé dans le texte précédent montrant cette triste réalité. Si les JO de Berlin avaient servi à mettre en avant la puissance du nouveau Reich avec une propagande à la gloire du nazisme, ceux de Paris ont servi à dire au monde entier que finalement la France Macroniste n'allait pas si mal que ça. On a d'ailleurs vu les médias faire œuvre d'un unanimisme dans le fanatisme olympique typique des sociétés totalitaires. Aucun avis divergent n'était autorisé sous peine d'être qualifié parles autorités de pisse-vinaigre au mieux, de fasciste au pire.

 

Ainsi devions-nous céder à l'adulation soudaine de la nation, une adulation pourtant présentée comme douteuse et fascisante pendant les élections nationales seulement quelques semaines plus tôt. Certains ont d'ailleurs soulevé ici la question fondamentale. Pourquoi la patrie est une horreur quand on parle de politique, mais formidable quand on parle de sport ? Génial quand on parle de musique, ou de spectacle, dramatique lorsqu'on parle d'économie ? Il s'agit là d'un des mystères de la modernité même si y répondre n'est probablement pas très compliqué. La nation est brocardée depuis longtemps en occident et particulièrement en France. La raison en est simple, c'est une contrainte collective. Et les contraintes collectives, le capital n'aime pas ça. Être forcé de payer les gens correctement, de payer des impôts et d'obéir à des règles est une horreur pour tout capitaliste voulant jouir sans entrave. La haine de la nation vient simplement de la lutte du capital et des puissants contre ce qui les limites dans leur jouissance. Mais le patriotisme n'est un problème que dans le cadre économique et politique. Dans le reste des activités , particulièrement dans le divertissement, la populace peut continuer à se vautrer même dans le chauvinisme le plus rance, cela n'a pas d'importance. D'autant que cela permet au passage de créer des marchés, qui, cerise sur le gâteau, produisent de gros bénéfices pour le capital.

Panem et Circenses

 

Dès lors, nous comprenons bien vite que le système économique néolibéral promeut la haine de la nation pour tout ce qui est important et essentiel dans la vie quotidienne des citoyens. Tout en éructant de joie pour le nationalisme du plus bas étage lorsque cela touche les sports, les spectacles et toutes ces choses triviales et en réalité sans grand intérêt sauf pour les bénéfices de leurs promoteurs. Ainsi donc, la France postnationale ne protège plus rien sur son sol, n'arrive plus à fabriquer la moindre chose d'intérêt, et laisse ses industries et sa production dépérir, pendant qu'elle se glorifie de ses médailles ne changeant strictement rien aux vicissitudes de sa population en déshérence. Que les hôpitaux laissent mourir des patients dans les salles d'attente, que le pays croule sous les dettes et les déficits extérieurs, peu importe. L'important c'est les médailles, l'important c'est la gloire éphémère dans les journaux, l'ubris d'un instant se croyant importante alors même que c'est la mort lente qui attend la populace sous les eaux glacées du calcul égoïste du néolibéralisme libertaire. Nous parlons ici des JO, mais tous les événements de compétitions-spectacles ont le même rôle. Qui se souvient du chauvinisme délirant lors des concours de l'Eurovision de plus en plus grotesque à chaque édition. Mais il fallait soutenir les Français sinon on n’était pas patriotes. Quelle blague !


 

Excusez-moi si ces réactions puériles me font passer d'un ton modéré, qui est celui qui prévaut généralement sur ce blog, à celui d'un pisse-vinaigre énervé. Un pisse-vinaigre qui s'émeut de l'importance que nous octroyons à l'inutile glorifié inlassablement par le capital, mais qui passe son temps par ailleurs à démolir la patrie du quotidien et de l'essentiel. Défendre la France ce n'est pas défendre un symbole, une médaille ou un classement, ce n'est même pas défendre un drapeau, c'est d'abord défendre les intérêts d'une population, d'un peuple. En l’occurrence le nôtre c'est le peuple français. Et jouer les glorificateurs de coureurs ou de nageurs médaillés ne me fera pas oublier les très nombreuses trahisons des intérêts nationaux perpétrées par ceux qui nous servent de dirigeants. Je préférerais une France sans médaille, mais qui équilibre ses comptes extérieurs. Une France qui a sa monnaie, une industrie et une agriculture qui permettent de répondre aux besoins des Français sans avoir à accumuler d'énormes déficits extérieurs. Je préférerais une France qui éduque bien ses enfants et dans laquelle il fait bon vivre même pour les moins chanceux des citoyens. Une France où chacun peut se loger correctement sans avoir à cumuler les revenus pour nourrir des rentiers de l'immobilier. Être patriote ce n'est pas exulter pour un drapeau ou une victoire éphémère sur un terrain de foot, c'est d'abord avoir le sens de l'intérêt général et de la nation, choses dont Emmanuel Macron est totalement dépourvu lui pour qui la culture française n'existe pas.


 

L'une des caractéristiques de l'époque actuelle est la confusion et la perte de sens des priorités. Tout se passe comme s'il n'y avait plus de choses plus importantes que les autres. Tout se vaut, l'économie, le sport, la géopolitique, les chansons, les stars, ou la démographie, il n'y a plus de hiérarchie entre les sujets. Est-ce une dérive de l'idéologie démocratique où tout se vaut ? Les effets pervers du système d'information organisé autour de la course à l'audimat? Ou peut-être simplement l'effet de ce que disait Rousseau sur les arts lucratifs dont l'importance marchande décroît en fonction de leur utilité réelle, les plus essentiels devenant les plus négligés ? Un phénomène entraînant le déclin des sociétés à long terme qui négligent l'essentiel pour se consacrer au superflux. Je n'ai pas de certitude sur la question. Ce qui par contre m'inquiète c'est la très grande ressemblance actuelle de l'occident avec la situation de l'Empire romain sur sa fin. Certains ont comparé Macron avec Héliogabale, l'enfant tyran irresponsable qui organisait des orgies et des jeux immondes pour son propre plaisir sans se soucier des conséquences pour l'Empire. Les dirigeants faibles et insouciants sont effectivement la marque des décadences et il n'y a guère de doute de la similitude entre la France actuelle et la fin de l'Empire romain. Même l'effondrement démographique est similaire. De la même manière, la sexualité était devenue un sujet d'importance au milieu de la déchéance économique et politique. L'importance que nous donnons à tous ces sujets secondaires pour ne pas avoir à résoudre nos problèmes de fond est indiscutablement la marque de notre décadence. Reste à savoir si la situation peut encore s'inverser où s'il est vraiment trop tard.

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L
Un communiste qui sauve l'honneur. Rien à ajouter. <br /> <br /> https://www.vududroit.com/2024/08/une-quinzaine-particuliere/
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L
J'ai l'impression que vous avez emprunté l'expression "pisse-vinaigre" au ci-devant Descartes, qui l'avait lui-même employée pour stigmatiser tous ceux qui ne partageaient pas son ravissement devant un spectacle qui d'après lui était à la mesure positive des 12 milliards qu' il avait coûté !  <br /> Il est vrai que les fonctionnaires communistes et capitalistes se sont toujours entendus pour faire dans la démesure budgétaire sur le dos du prolétaire. Passons... Cela fait longtemps que je ne perds plus mon temps à aller ergoter avec ce monolithe dialectisant (franchement et pardon pour les fleurs mais vous êtes infiniment plus intéressant que lui). <br /> Je le lis encore parfois parce que lui, c'est un peu comme les constipés, de temps en temps il tombe quand même quelque chose... <br /> Sinon, quant à votre parallèle avec les jeux romains, la grosse différence est quand même que le peuple majoritaire, vu le prix des billets et du reste, n'a même plus les moyens de se rendre au cirque et que la part du pain est en train de rejoindre celle de la viande dans son budget.<br /> La particularité de notre empire reste qu'il tend de plus en plus à se passer du peuple et à l'escamoter, sauf tolérance pour des figurants triés sur le volet (et quoi de meilleur volet que le niveau des revenus).<br /> Vous me direz qu'il y a la médiation de la télé pour cette fonction, mais je ne suis pas convaincu justement que ces jeux ont eu tant de succès que cela dans les lucarnes. Ici, à Grenoble, il y avait quand même beaucoup de monde dans les rues le soir qui avaient l'air de s'en foutre éperdument de ces jeux, à mon image (et pourtant comme trou à castors on ne fait pas mieux que le pot de chambre des Alpes).<br /> Personne je crois n'a été dupe non plus des moments d'exaltation nationale qui ne servaient qu'à mettre en avant l'auguste et chétive stature de Monsieur Macron. Depuis le temps qu'il nous fait le coup. <br /> Un bon point pour lui néanmoins, on dirait qu'il se modère sur les excitants et que son mari rationne la pharmacie.
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Y
"J'ai l'impression que vous avez emprunté l'expression "pisse-vinaigre" au ci-devant Descartes, qui l'avait lui-même employée pour stigmatiser tous ceux qui ne partageaient pas son ravissement devant un spectacle qui d'après lui était à la mesure positive des 12 milliards qu' il avait coûté ! " <br /> Vous démolissez tous mes efforts pour rester discret sur la question . ;)<br /> <br /> "(franchement et pardon pour les fleurs mais vous êtes infiniment plus intéressant que lui). " <br /> Merci c'est gentil. <br /> <br /> Je le lisais un peu autrefois mais il a du mal à sortir de ses marottes républicaines et de ses certitudes. Après j'ai peut-être du mal à sortir de mes propres certitudes, mais j'ai à penser que le doute m'habite souvent sans faire de référence à Desproges. <br /> <br /> "La particularité de notre empire reste qu'il tend de plus en plus à se passer du peuple et à l'escamoter, sauf tolérance pour des figurants triés sur le volet (et quoi de meilleur volet que le niveau des revenus)."<br /> <br /> Il y a des limites quand même. Certains oligarques à la Elon Musk commencent à s'inquiéter que l'Empire ait trop négligé la plèbe au point que les bras viennent vite à manquer. Son obsession pour la démographie montre qu'il y a quand même les ploutocrates un peu moins idiots que les autres. Que deviendra le capitalisme globalisé si la natalité s'effondre partout. Plus rien pour empêcher la rareté du salarié à l'échelle globale un cauchemar capitaliste en gros.
L
Bonjour.<br /> Je partage votre excellente publication (elles le sont très souvent). Je me permets juste de tenter une réponse à votre interrogation finale.<br /> Oui. Il est trop tard. Le sursaut endogène n'aura pas lieu ou bien d'une manière telle qu'elle ne fera qu'ajouter de la Barbarie à la Barbarie (Cf. événements en Angleterre). La matière première, le Peuple, étant totalement atomisé, perdus dans les illusions. Et cela même à haut niveau politique, il n'est que voir le spectacle offert par le NFP ou bien les orientations centrées seulement sur le souverainisme pour s'en rendre compte.<br /> Non. Il n'est pas trop tard. Car comme vous l'avez souligné à plusieurs reprises dans vos billets de blog, le monde change : Le monde multipolaire émerge inéluctablement au XXIe siècle. Et le recours aux Barbaries nécessaires à l'hégémon capitaliste pour se maintenir en place heurte ce phénomène. Les conséquences matérielles de ce clash se propagent et nous toucheront toujours plus. Aussi, propagande ou pas, illusions ou pas, le réel s'impose toujours et force le positionnement. <br /> Souhaitons donc que ce positionnement ne soit pas celui de la saucisse sur le barbecue, un risque très fort pour les habitants de notre continent. Sinon, notre tâche essentielle, me semble-t-il, est de travailler à ce que devra être ce positionnement.<br /> Cordialement.<br /> Luc Laforets<br /> www.1P6R.org
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Y
Merci. De toute façon nous ne sommes que les spectateurs de l'histoire en marche. On verra bien ce qui va se passer.