Les affaires d'argent qui impliquent notre président actuelle semblent mettre définitivement fin à l'hypothèse déjà très malmenée par la crise d'une réélection pour 2012. Il est probable que désormais le fils spirituel de Balladur ne soit plus capable de l'emporter, il est même possible que son parti et les hyènes qui l'habitent finissent par l'empêcher de se représenter. La question n'est donc plus de savoir qui peut battre Sarkozy aux prochaines échéances électorales mais qui pourra enfin apporter des solutions concrètes pour les questions essentielles du pays que ce soit sur l'euro, le libre-échange, ou sur la question de la dette et de la réforme du système bancaire et financier.
On ne peut en aucun cas aujourd'hui prévoir ce qui se passera au moment des élections de 2012, l'échéance est trop lointaine pour cela et l'évolution de l'actualité économique trop chaotique pour se lancer dans des prévisions. On peut tout de même faire quelques remarques et quelques hypothèses. En premier lieu le PS n'est pas assuré de bénéficier de l'effet repoussoir de l'UMP, ce fut d'ailleurs le cas en 2007, beaucoup prévoyaient alors une victoire du PS et l'oracle Todd lui même y croyait d'autant qu'il pensait que tout le monde pouvait battre Sarkozy. Enfin tout le monde sauf Ségolène Royale, là il eu malheureusement raison. Même si je suis quelqu'un qui n'a jamais cru en Sarkozy pour redresser le pays, je dois avouer qu'il y a motif à se réjouir qu'il soit devenue président en cette sombre période. Pour ce faire je vous laisse imaginer l'état du pays si les socialistes l'avaient emporté en 2007. Sur le plan économique ces derniers n'auraient fait aucune grande différence, leurs politiques étant similaire en faite à celle de la droite libérale. Et de toute façon les contraintes que l'UMP et le PS ont mis sur la tête de l'état français avec l'UE et l'euro condamne tout les pro-européens à faire à peu-près la même politique économique. De ce fait nous aurions aujourd'hui un PS laminé, une Ségolène Royale complètement désintégrée électoralement et surtout un Nicolas Sarkozy gonflé aux hormones de la démagogie puissance dix.
Il faut bien admettre que la seule chose qui a pu abattre cet opportuniste affairiste c'est lui même et ses mauvaises habitudes, c'est son incapacité à diriger un pays et son égo sur-dimensionné qui l'on mit à terre. En 2007 il n'y avait strictement rien à faire pour l'arrêter, ses relations aux médias et aux puissances d'argents, couplé à l'illusion sur la mondialisation et le modèle américain, rendaient impossible l'alternative. Et encore quelle alternative? En 2007 il n'y avait rien à tel point que le débat fut d'une nullité jamais vue dans une élection présidentielle française. Maintenant est-ce que ce sera mieux en 2012, c'est possible mais pas certain.
La crise a enfin levé le voile sur les mystères de l'économie monde. Alors qu'avant la crise seule une petit quantité de personnes remettaient en cause le fondement même de la mondialisation et de l'Europe, cette opinion a aujourd'hui grandement pris de l'ampleur même si elle reste minoritaire. De la droite à la gauche les discours alternatifs se sont multipliés et les médias décentralisés comme internet sont en train d'inverser le rapport de force avec les médias centraliser comme la télévision ou la radio. Il est cependant difficile de juger du poids de l'importance relative à tel ou tel mécanisme, est ce que la prise de conscience est le fruit de la crise ou d'internet, ou les deux conjugués, mystère? Mais le fait est que nous sommes devant un changement radical dans l'opinion publique. Même des penseurs du centre du système sont obligé, comme Patrick Artus récemment, d'ouvrir des possibilités alternatives pour ne pas sombrer avec le bateau de la pensée unique. La réaction du pouvoir central est d'ailleurs assez révélatrice du changement, internet étant montré comme source de tout les vices, les politiques ont bien compris d'où venait le danger pour leur petites habitudes. C'est d'ailleurs ce que dit explicitement le député Nicolas Dupont Aignan dans sa dernière tribune. Il sait de quoi il parle puisque lui même n'existerait tout simplement pas sans le net.
Internet un rôle central en 2012?
Même si le poids du net est encore faible dans la sphère médiatique en comparaison de la télévision par exemple, il a su imposer une image de sérieux qui fait défaut aux journaux papiers, à la radio et à la télévision. Internet modifie d'ailleurs les autres médias grâce à sa mémoire et à sa possibilité d'enregistrer l'écrit et l'image, il permet de modifier la vision qu'ont les gens de la télévision ou de la radio. Les erreurs, les contradictions et les arguments sophistes ne survivent pas au regard du net, à l'inverse de la télévision, le net favorise le dialogue rationaliste là où la télé favorise l'émotion et l'instantanéité. Je parle bien sure ici des blogs, des journaux en ligne et des forums, pas du chat. Même si le nombre d'acteurs du net politique est faible la qualité des lecteurs et des intervenants, et surtout la liberté de ton qui y existe, semble réaliser la victoire du pot de terre contre le pot de fer. C'est dans ce contexte que la prochaine élection présidentielle va se dérouler ce qui ouvre un champ de possibilités infinies pour les futurs candidats. Grâce au changement de rapport de force médiatique, il est possible que les nouveaux médias du net imposent un plus grand sérieux aux débats électoraux et dans ce cas les petits candidats pourraient marquer beaucoup de points.
Finalement l'élection de 2007 fut l'apogée de la domination télévisuelle celle de l'émotion, de la bêtise et du simplisme, avec un final d'apothéose que fut le débat entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royale. La prochaine élection sera l'arrivée de l'effet internet sur les élections politiques, les petites affaires, les non dits, les mensonges risquent d'être étalés au grand jour. Et les manipulateurs verbeux que sont la majorité des candidats du PS ou de l'UMP (y compris Villepin) ne sont pas intellectuellement armés pour faire de la vrai politique, celle qui sera nécessaire à la survie dans cette nouvelle donne. Leurs incohérences apparaitront de plus en plus facilement aux yeux d'un publique qui pourra juger grâce à la mémoire et à la liberté de parole du net. Donc au final même si l'on ne sait pas encore quel seront les possibles vainqueurs de l'élection 2012, on sait par contre que cette élection sera très différente de la précédente. A cela s'ajoute bien sure l'aggravation de la crise qui continuera à pourrir la situation sociale du pays. On ne peut pas exclure non plus l'hypothèse d'un effondrement pur et simple de la zone euro d'ici là, ce qui ajouterait nécessairement des difficultés aux penseurs mainstream du système.