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31 juillet 2023 1 31 /07 /juillet /2023 16:09

 

La crise actuelle au Niger que beaucoup de gens ont vu comme un signe de la fin de la Françafrique n'a pas du tout la même signification à mes yeux. Je sais qu'il s'agit ici d'un sujet épineux et controversé, les passions qui gouvernent excessivement les modernes tendant à transformer les faits dans un sens plus conforme à leur imaginaire. Nous vivons dans une époque où les récits semblent avoir plus d'importance que les faits et la réalité. C'est vrai dans tous les domaines qu'ils soient politiques, économiques, scientifiques ou même culturels. Nos présupposés confortables qui nous permettent de décrire le monde deviennent prépondérants sur ce que l'on observe en réalité. On l'a vu dans le cas de la guerre en Ukraine avec cet incroyable écart qu'il y a entre l'imaginaire des médias, des élites occidentales, et la réalité de terrain. La Russie ne s'est pas effondrée, et c'est même l'Europe de l'Ouest qui s'effondre économiquement. On en a parlé également sur les questions économiques en nous demandant si les USA étaient réellement encore la première puissance économique de la planète dans ce texte. Il était assez évident en prenant en compte tous les facteurs que la Chine est déjà la première puissance mondiale. Mais nous devons admettre qu'il y a une difficulté à accepter ces réalités, particulièrement dans les grands médias.

 

La Françafrique est morte depuis longtemps

 

Il en va de même pour les rapports que nous avons avec les anciennes colonies françaises. Des deux côtés des fantasmes demeurent qui décrivent bien souvent un monde qui n'existe pas, ou qui n'existe plus s'il n’a jamais vraiment existé. Je n'écrirais pas ici une ode à la colonisation pour simplement avoir le plaisir de contredire les discours gauchistes sur les questions coloniales. De nombreux historiens ont déjà parlé de ces questions qui ont fait couler beaucoup d'encre. Est-ce que la colonisation fut un désastre pour l'Afrique ou pas ? La question reste à trancher, il est indéniable que le grand problème de la colonisation de l'Afrique fut la création de nations artificielles, produites non par l'histoire des populations locales, mais par les besoins des nations colonisatrices. Paul Bairoch qui a longtemps écrit sur le sujet a souligné le fait que si l'Afrique a clairement souffert de la colonisation, les pays l'ayant pratiqué n'en ont pas vraiment tiré bénéfice. La colonisation de l'Afrique contrairement à la colonisation de l’Amérique fut un coût pur pour les pays qui l'ont pratiqué. C'est ce qu'il avait écrit dans ses livres parlant du sujet, dont le plus célèbre, Mythes et Paradoxes de l'histoire économique. On pourrait également citer Jacques Marseille qui avait montré que le colonialisme fut un obstacle au développement économique des pays qui l'ont pratiqué. Le raisonnement simpliste qui veut donc que les bénéfices des uns se fassent au détriment des autres est ici fortement discutable. Certains Français et certaines familles se sont enrichis par la colonisation, mais la France non.

 

Paradoxalement, le plus grand mal que la colonisation a pu faire est également son plus grand apport, celui de la médecine moderne. En effet, la médecine européenne va faire s'effondrer la mortalité en Afrique, ce qui est en soi une bonne action, et pourtant c'est cette même bénédiction qui va plonger le continent dans la misère. Comme je l'ai expliqué à de nombreuses reprises, la transition démographique est un des principaux pourvoyeurs de prospérité. Cependant dans le cas africain la baisse de la mortalité a été tellement rapide, et la fécondité de base du continent tellement élevée, que cela a engendré une croissance de la population difficilement gérable même avec tout le talent du monde. En 1900, le continent n'avait que 80 millions d'habitants alors que la France en faisait 45. Aujourd'hui, l'Afrique fait 1,2 milliard d'habitants. C'est une croissance absolument invraisemblable qui aurait mis à genou n'importe quelle organisation sociale ou économique. C'est là encore ce que Paul Bairoch soulignait dans un de ses autres livres « Le tiers-monde dans l'impasse ». On a ici la démonstration qu'une action qui n'était pas mauvaise ni dans ses intentions ni dans sa pratique s'est révélée à long terme désastreuse pour le continent. Vous voyez ici que la réalité est beaucoup plus complexe qu'une affaire manichéenne de grands méchants colonisateurs. L'Afrique ne doit pas plus sa misère à sa fainéantise, comme certains extrémistes de droite le disent parfois, qu'à la méchante colonisation de la vision gauchiste. C'est le fruit de diverses conditions qui ont conduit à la déstructuration. Heureusement, le continent a entamé vraiment sa transition démographique et on peut espérer à terme une amélioration de la situation des Africains. La fin de la transition démographique pourrait d'ailleurs participer à terme à une normalisation des rapports avec les anciennes puissances coloniales. Moins de peur d'invasion démographique d'un côté, et un rattrapage économique de l'autre mettant fin aux contentieux de l'autre.

 

Pour en revenir à notre sujet allons-nous condamner les colonisateurs français et anglais pour avoir réduit la mortalité infantile de l'Afrique parce que cela a conduit le continent à une transition démographique trop rapide? Évidement non, ce serait amorale. Il aurait probablement mieux valu que les Européens ne mettent jamais les pieds sur ce continent, mais on ne peut pas refaire l'histoire. Quoiqu'il en soit depuis quelques décennies déjà les états africains sont indépendants, la grande partie de la décolonisation a eu lieu dans les années 60. Et c'est postérieurement à cette date que l'on a parlé de Françafrique pour décrire les liens qui sont restés entre les anciennes colonies et la France. Mais la Françafrique est essentiellement une construction mentale de gauche, si c'est l'invention d'un journaliste français du journal l'Aurore. C'est la gauche qui va dépeindre ces relations comme une forme de maintient de l'empire colonial français. Mais comme on va le voir en chiffre la réalité c'est que la Françafrique est vraiment quelque chose qui appartient au passé.

 

La France est un bouc émissaire facile

 

La France est un pays en déclin rapide. Un déclin dont l'origine est essentiellement démographique. Je ne parlerai pas ici de ça, mais le simple fait que la France soit passée de 45 millions à 68 millions d'habitants alors que dans le même temps l'Afrique est passée de 80 millions à 1,2 milliard d'habitants explique les changements de rapport entre la France et ses ex-colonies. Sur le plan macroéconomique, l'Afrique ne représente plus que 5% de nos exportations (0,6% pour la zone CFA). À l'inverse la France ne représente plus que 7% des exportations africaines. D'autres pays pèsent largement plus que nous dans cette région du monde à commencer par la Chine qui mange littéralement le continent petit à petit. La Chine a accaparé une grande partie de la production minière africaine. Une simple carte expliquera bien mieux qu'un long discours sur le côté fantasmagorique de la Françafrique. La Chine est désormais le principal partenaire commercial de l'Afrique et de très loin. Il y a aujourd’hui près de un million de chinois en Afrique, bien plus que de ressortissants français. Si la Françafrique avait réellement existé, pensez-vous sérieusement que nos élites auraient laissé faire cet accaparement ? Pour moi la Françafrique est donc essentiellement une construction intellectuelle de gauche, un résidu de la période décoloniale dont certains n'ont pas encore compris qu'elle était finie depuis longtemps. La France est un petit pays qui a quelques restes de son époque glorieuse, mais rien d'autre. Et avec Macron elle a même fini par perdre ses quelques restes de crédibilité internationale.

 

 

Alors pourquoi cette haine de la France ? Certains nous expliquent que la France soutiendrait les dictateurs et qu'il s'agirait de la principale raison. Comme si la Chine ou la Russie ou les autres nations ne soutenaient pas des dictateurs dans tel ou tel pays de la planète. On évitera de citer les Anglo-saxons dont c'est la spécialité. La vérité c'est que la France obéit la plupart du temps au régime en place. La plupart des interventions françaises en Afrique ont été faites sur la demande des pays concernés comme ce fut le cas au Mali. Nous ferions peut-être mieux ne plus du tout intervenir en Afrique, mais dire qu'il s'agit d'une pure action française en oubliant les demandes des dirigeants locaux c'est un peu déformer la réalité. Il ne s'agit pas ici de défendre tout le temps les actions de nos dirigeants, mais je commence à m'agacer du fait de nous mettre sur le dos tous les conflits de ce continent comme cela a pu être le cas avec l'affaire de la guerre au Rwanda.

 

La vérité à mon sens c'est qu'elle est surtout un bouc émissaire facile à utiliser dans les médias. S'il y a de la corruption dans certains pays, est-ce de la faute de celui qui corrompt, ou de celui qui est corrompu ? Je critique souvent notre avachissement face aux USA ou à l'Allemagne, mais je souligne aussi que les principaux responsables de notre avachissement sont les élites françaises elles-mêmes. Et les Français sont en grande partie responsables de leur malheur puisqu'ils remettent sans arrêt au pouvoir des gens qui pillent leur propre pays. C'est la même chose en Afrique même si les situations sont disparates suivant les nations. En Algérie par exemple, il est extrêmement clair que la francophobie gouvernementale dont font montre les autorités est utilisée essentiellement pour des questions intérieures. Accuser la France de tous les maux est un exutoire facile pour éviter d'avoir à parler des mauvaises politiques pratiquées ou des choix douteux qui sont faits par les dirigeants. Et le grand avantage c'est que la France est un pays faible dont en plus les dirigeants n'hésitent pas à vomir l'histoire et la culture. Détester la France ne coûte donc pas grand-chose et permet de se faire bien voir par une population engluer dans l'imaginaire du passé. Le tout avec des idéologues de gauche qui expliquent que tous les problèmes africains viennent de la colonisation européenne et française.

 

Je sais que mon propos pourra choquer certain, mais il est à mon sens important de remettre les choses dans leur contexte et de ne pas tomber non plus dans des positions trop manichéennes et radicales. On peut clairement voir la main de Moscou dans les événements récents et c'est de bonne guerre puisque la France a soutenu l'Ukraine contre ses propres intérêts d'ailleurs. La Russie ne fait que profiter d'un climat général antifrançais dans ces pays. Mais ce climat ne reflète pas une réalité tangible, c'est bien plus souvent un fantasme basé sur les actions passées supposées d'une partie de la population de ces pays. D'un point de vue factuel l'Afrique et la France ont déjà divorcé depuis longtemps, il ne reste que quelques liens humains plus ou moins épars et surtout une énorme population africaine installés sur le sol français. La francophonie elle-même tendra petit à petit à disparaître non seulement parce que les locaux veulent s'en débarrasser, mais surtout parce que la langue française n'est plus une langue importante que ce soit pour l'économie, les sciences ou la culture. Ma défense de la France dans cette affaire ne tient pas à une position impérialiste loin de là. Je pense même que notre pays ferait mieux de réduire au minimum ses rapports avec les anciennes colonies pour réduire les fantasmes locaux. Mais je n’adhérerai jamais à un discours visant à faire de notre nation le monstre qu'elle n'a jamais été. Surtout dans un contexte où l'on voit d'autres puissances utiliser ces fantasmes pour défendre leur propre précarré comme la Russie, la Chine ou les USA.

 

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24 juillet 2023 1 24 /07 /juillet /2023 16:02

 

Je ne ferai guère un long texte cette fois. La chaleur et la fatigue ayant eu raison de moi. Mais j'ai eu la mauvaise idée d'écouter un peu les propos de notre PDG actuel, il est difficile de le décrire comme président. Emmanuel Macron est un piètre orateur même s'il aime s'écouter parler, mais vous le savez, la qualité apparente du discours m'importe moins que son fond. Et il faut dire que je reste toujours éberlué par sa capacité à émettre des idées et des conclusions totalement en contradiction avec la réalité observée. Et surtout le plus incroyable, c'est les prétendus journalistes qui acquiescent en permanence à ses logorrhées interminables alors même qu'ils savent probablement pertinemment qu'il s'agit de mensonges grossiers. Il est vrai que depuis que les médias audiovisuels ont pris de l'importance dans le discours public, la norme est devenue le mensonge et tous les prédécesseurs de Macron ont passé leur temps à construire des discours souvent bien éloignés de leurs pratiques, mais avec la macronie on atteint vraiment un niveau sans précédent. Un peu comme si toutes les vertus classiques avaient vraiment disparu. Le sens de l'honneur, l'esprit attaché à la vérité et le fait d'avoir honte de mentir ainsi ont probablement cessé d'exister dans la couche sociale qui domine ce pauvre pays. Ce qui caractérise vraiment la macronie à mon sens c'est vraiment une absence totale de pudeur publique. Ils osent tout.

 

Ainsi donc à l'issue de ses cent jours qui n'étaient qu'un énième plan de communication pour remplir l'agenda médiatique, Macron accouche d'un discours sur une France littéralement imaginaire. À commencer par les émeutes que le pays a connues récemment et dont la conclusion de Macron est l'urgence qu'il y a à censurer les réseaux sociaux. Pardons, il ne veut pas censurer, mais « mettre un ordre public numérique ». Un peu à l'image de la lutte contre le terrorisme qui a surtout servi à mettre en place des lois et des politiques liberticides, les émeutes servent ici de prétexte bien grossier visant à faire probablement taire les critiques du pouvoir. On a pourtant vu dans un texte récent sur ces émeutes que le fond du problème est anthropologique. Une différence de structure familiale entre les populations d'origine immigrées et la structure familiale française qui entraîne un problème éducatif chez les garçons maghrébins. Le problème n'est pas qu'éducatif, il est éducatif et migratoire. Un détail dont ne parlera jamais un immigrationniste compulsif comme Macron. Il faut donc absolument contrôler le discours public pour que rien ne dérange le récit officiel. Mais dominer la totalité des médias officiels n'est pas suffisant. Il faut vraiment faire taire toute critique potentielle. Et c'est normal quand on dirige un pays en fabriquant littéralement une réalité fantasmagorique et la présentant comme le monde réel. Car la France de Macron c'est un peu comme l'univers de Barbie, qui a été mis en avant par le film qui vient de sortir dans les salles obscures. C'est un univers en toc qui ne correspond en rien au monde réel. Un monde réel que nos élites ont probablement abandonné l'idée de changer.

 

En effet quand vous laissez la totalité des pouvoirs à des structures étrangères comme l'Union européenne ou la BCE et que vous n'avez plus aucun pouvoir réel vous ne pouvez plus rien changer à la situation de votre pays. Alors il y a deux possibilités soit vous l'avouez, mais vous risquez soit de pousser à la révolte la population, soit de perdre votre emploi. En effet, à quoi bon avoir un parlement, des ministres, et un président s'ils n'ont aucun pouvoir ? Autant mettre directement un gouverneur allemand ou américain à la tête du pays, on fera des économies sur les salaires. Ou alors vous maintenez votre utilité en jouant un spectacle. En ce sens, mettre un dirigeant immature qui aimait le théâtre est tout à fait à propos. Jouer la comédie c'est sa véritable vocation et il le pratique en jouant le président de la France même s'il sait au fond qu'il n'a aucun pouvoir et qu'il ne fait qu'appliquer des directives qui viennent d'ailleurs. L'avantage cependant avec Macron c'est que c'est tellement grossier que la population commence à s'en apercevoir et c'est probablement ce qui inquiète le pouvoir.

 

Quelques exemples de mensonges grossiers. Le chômage est, paraît-il, à un niveau extrêmement bas. Les médias nous parlent sans arrêt d'employeurs qui manquent de main-d’œuvre oubliant que la France est le pays d'Europe où le taux d'emploi non pourvu est le plus bas. Même le Figaro commence à se poser des questions sur la réalité du chômage. Je rappelle que l'état a surtout fait des efforts pour rayer les chômeurs des listes et maximiser l'apprentissage. Un apprentissage qui est loin de garantir l'emploi contrairement au discours ambiant, car en réalité à force de le favoriser les apprentis prennent simplement des emplois qui auraient pu devenir des CDI s'il n'y avait pas autant d'aide pour l'apprentissage. C'est un simple de jeu de chaise musicale où l'on troc de vrais emplois contre des statut précaire d'apprentie. En clair pour gonfler l'apprentissage, on a en partie cassé l'emploi dans ces secteurs. L'état français que les libéraux de tout poil présentent comme un état communiste est en réalité totalement néolibérale. On distribue d'immenses sommes aux entreprises et l'on peut dire qu'une grosse partie des impôts français servent en réalité à nourrir le système capitaliste. C'est particulièrement vrai depuis que Macron est arrivé au pouvoir d'ailleurs.

 

 

L'autre mensonge répété en boucle est le mirage de la réindustrialisation. Celui-là est carrément évident. Il n'y a aucun phénomène de réindustrialisation en France, aucune donnée pour corroborer ce discours à commencer par la production manufacturière qui est toujours inférieure à ce qu'elle était avant la crise du COVID et ce n'était déjà pas très glorieux. Et cerise sur le gâteau, elle a même reculé en janvier dernier, et pour cause avec des prix de l'énergie totalement délirants il n'y a aucune raison pour que la situation de l'industrie s'améliore. Et l'on n’entend toujours pas Macron sur la question du marché européen de l'énergie pourtant largement responsable de l'explosion récente des faillites d'entreprises. Mais c'est vrai que ses maîtres ne désirent pas y mettre fin. Il ne suffit pas de dire qu’on fait de la réindustrialisation pour la réaliser, on n'est pas dans Harry Potter. D'autant que les chiffres du commerce extérieur eux non plus ne corroborent pas le discours sur la réindustrialisation. En 2022, la France a enregistré le plus gros déficit extérieur de son histoire avec 164 milliards d’euros, même sur la production agricole nous devenons importateurs, ce n'était probablement jamais arrivé à notre pays même en temps de guerre. Autre indice de l'absence de réindustrialisation, les importations de bien d'équipement rebaissent cette année. Rappelons que les biens d'équipement sont le gros indicateur de l'activité de production. En effet pour faire des usines il faut des machines-outils souvent complexes, la France n'en produisant pratiquement pas une réindustrialisation se traduirait par une forte hausse des importations des biens d'équipement. L'année dernière à cause en partie de l'inflation, les importations en valeur des biens d'équipement avaient grimpé de 30%, on aurait pu y voir un indice de réindustrialisation, mais le soufflé est retombé, cette année la hausse est estimée entre 5% et 10% soit les effets directs de l'inflation. Difficile de dire qu'on réindustrialise alors que les outils principaux de la réindustrialisation ne sont pas achetés. Ajoutons à cela que la France est toujours lanterne rouge des pays de l'OCDE en matière de robot par habitant et cela ne s'arrange pas non plus. La startup nation ressemble bien à un pays du tiers-monde en devenir.

 

La startup nation n'a pas de robot

 

J'aurais pu continuer ici à montrer le décalage formidable qu'il y a entre le discours de Macron et la réalité française. Il est important de le rappeler puisque les médias et les journalistes ne le font plus du tout. Les données sont pourtant extrêmement faciles à trouver. Mais à l'ère d'internet il y a mieux que la censure, c'est l'occupation du temps de cerveau disponible par de faux problèmes et des concours d'ego dans les médias. Le remaniement ministériel récent n'avait aussi qu'une seule fonction continuée d'occuper les médias et la population alors que rien n'a changé ou ne changera de fondamental. Les services de l'état font encore leur boulot en donnant régulièrement les données, mais personne n'en fait rien comme si la réalité n'intéressait plus personne. Un peu à l'image des dirigeants byzantins à la fin de l'Empire romain d'Orient alors que les turcs étaient derrière les remparts de la ville, on préférait discuter du sexe des anges. Si le mensonge et la tromperie sont compréhensibles de la part des dirigeants français qui ont littéralement abandonné tout pouvoir au profit d'institutions bureaucratiques étrangères, le fait que bon nombre de Français préfèrent l'ignorer est extrêmement inquiétant. Je sais que je ne dois pas retomber dans mes travers pessimistes, mais il n'y a vraiment aucun indice que ce pays puisse un jour se sortir de son agonie actuelle.

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13 juillet 2023 4 13 /07 /juillet /2023 16:21

 

 

Risquons-nous pour une fois à faire des prospectives. C'est un exercice dangereux qui souvent peut se retourner contre vous parce que la réalité se déroule rarement comme on l'imaginait. C'est que le réel est toujours infiniment plus complexe que l'image que nous pouvons nous en faire même pour les plus sages et les plus avertis des penseurs. Que dire, même Emmanuel Todd, notre Hari Seldon contemporain, se trompe parfois. Il va sans dire que n'ayant pas la prétention d'égaler notre démographe préféré, je ne m'offusquerai guère si vous ne preniez pas très au sérieux le texte suivant. D'ailleurs, je m'étais déjà amusé à faire quelques prospectives et ce n'était pas forcément très concluant. Pour les plus anciens qui suivent le blog depuis longtemps, savent qu'en 2017, au premier tour des élections, j'avais appelé à voter Macron par cynisme. Mais il ne s'agissait pas vraiment d'un engouement pour sa personne et son programme, c'était simplement parce qu'il était le seul candidat capable d'unifier le camp bourgeois, et donc de mettre fin à l’essuie-glace droite-gauche qui paralysait le pays alors. En 2017, le RN parlait encore d'une sortie de l'euro et l'espoir pouvait nous faire penser que la domination d'un néolibéral comme Macron mettrait le RN au pouvoir en moins de 5 ans. Je ne me suis guère trompé sur l'agenda macroniste, par contre le RN n'est pas encore passée en 2022 et il a même tourné casaque en devenant européiste ce qui est le comble.

 

Vous le voyez, on peut donc se tromper même en réfléchissant beaucoup. C'est pourquoi il est sage de toujours prévoir ses propres erreurs et de comprendre que le monde est soumis à des facteurs qui sortent généralement de nos propres prédictions. Comme disait Keynes, il faut prendre en compte l'incertitude radicale et ce n'est pas facile. Une chose que les dirigeants occidentaux sous influence américaine ont largement oubliée, la sagesse n'étant plus une vertu pour eux. Le texte d'aujourd'hui se consacre donc à la guerre en Ukraine. Enfin, pas à la guerre en elle-même, je ne suis pas spécialiste, ni au fait des dernières manœuvres, et encore moins adepte de stratégie militaire. Je laisse ça aux gens qui sont plus compétents ou à ceux qui prétendent savoir en faisant de grandes déclarations tonitruantes sur les antennes de LCI ou BFM. Sortons du discours lénifiant sur la nullité russe et leur effondrement immédiat qui doit se produire depuis le début du conflit et imaginons maintenant que tous nos spécialistes, souvent trop atlantistes pour être indépendants, se soient trompés . Imaginons un instant qu'en réalité ce pays perde, même avec tous les soutiens de l'OTAN, qui est pratiquement en guerre ouverte avec la Russie puisque fournissant des tonnes de matériel et de soutien économique à l'Ukraine. Notre président vient même tout seul de décider d'envoyer des missiles SCALP en Ukraine nous impliquant dangereusement dans le conflit.

 

La défaite de l'OTAN

 

C'est avec cette hypothèse hautement improbable si l'on en croit nos nombreux spécialistes de plateau télé que nous allons réfléchir ici. Quelles seraient les conséquences pour notre pays, pour l'Europe, les USA et pour le reste du monde ? La première conséquence bien évidemment serait un découpage probable de l'Ukraine. Je doute fortement que la Russie cherche à s'accaparer les terres hostiles de l'ouest. On irait probablement vers un partage de l'Ukraine entre plusieurs partis en fonction du peuplement culturel local. Je ne serais d'ailleurs pas étonné que la Hongrie ou même la Pologne en profite. Ils ont des territoires peuplés avec des populations de leur culture sur ces terres. Rappelons d'ailleurs que la Pologne avant son partage en 1795 entre la Prusse, l'Autriche, et la Russie avait un immense territoire. Une bonne part de l'Ukraine actuelle en faisait d'ailleurs partie. Ce n'est pas un hasard si les Polonais sont si bruyants dans ce conflit, ils détestent les Russes, mais ils ont aussi des intérêts en Ukraine si je puis dire. Donc on peut dire que la victoire russe sonnerait le glas de l'Ukraine actuelle qui serait probablement réduite à une petite proportion de ce qu'elle est aujourd'hui. On n'est pas non plus à l’abri d'un déplacement massif de population comme on l'a connu lors du tracé des frontières actuelles entre l'Allemagne et la Pologne. Plusieurs millions d'habitants avaient dû être déplacés pour permettre un tracé de frontière simple dans une région où l'histoire avait laissé des mélanges complexes de populations. Après guerre, c'est près de 12 millions d'Allemands qui ont été déplacés de force pour donner un ordre d'idée.

 

Le plus dramatique dans l'affaire n'est pas tant la perte de territoire que l'Ukraine aurait pu facilement éviter en ne cherchant pas le conflit, c'est plutôt l'immense coût humain pour eux. Dans un pays qui a subi déjà une hémorragie démographique avec des fuites de population par l'émigration depuis la fin de l'URSS, une natalité dramatiquement basse s'ajoute maintenant une quantité épouvantable de morts. Tout ça pour probablement finir découpé en morceau. Il n'y a pas à dire, les gens qui ont encouragé ce pays à faire monter les tensions avec la Russie sont des criminels. Je pense notamment à monsieur Hollande et à madame Merkel qui ont avoué n'avoir jamais eu l'intention de faire appliquer les accords de Minsk. Car de toute manière, que l'Ukraine perde ou non ses territoires de l'Est, elle aura quand même perdu parce qu'elle n'est pas près de se remettre de l'énorme hémorragie démographique à laquelle ce conflit, qui était pourtant largement évitable, l'a conduite.

 

Plus près de nous les conséquences sur l'Europe, elles sont déjà là en fait. On en a déjà parlé, mais la rupture avec la Russie est un drame économique massif pour le continent en particulier pour l'Allemagne où la situation de l'industrie surtout celle de la chimie est catastrophique. La combinaison d'un choix énergétique douteux, celui des énergies « renouvelables » intermittentes couplées au gaz s'est révélé dramatique avec la coupure brutale de la Russie. L'explosion du prix de l'énergie alimenté par la spéculation et les effets du stupide marché européen de l'énergie ont fait le reste. C'est simple, cette crise a fait de la zone euro une zone en déficit commercial, alors qu'elle avait des excédents jusque là. En cas de victoire russe, rien ne va s'arranger. La Russie a compris que les états européens n'étaient que des vassaux sans aucune autonomie décisionnelle. S'ajoute à cela une forte hostilité de certains membres comme les pays scandinaves ou la Pologne qui rend tout réchauffement diplomatique improbable. L'Europe sera donc laissée à son sort par la Russie. Plus vassalisée que jamais, l'UE prendra probablement dans un premier temps une apparence de plus en plus ouvertement américaine. On le voit justement en ce moment avec la nomination d'une citoyenne américaine Fiona Scott Morton à la tête des affaires européennes chargée de la concurrence. L'empire US ne prend même plus la peine de cacher la réalité de la construction européenne à ses membres.

 

 

Le destin de l'Europe ne s'écrit plus sur cette partie du monde, malheureusement d'autres l'écriront à sa place. C'est donc aux USA chez nos maîtres que nous allons tourner maintenant notre regard. A première vu, la défaite en Ukraine n'est pas une mauvaise chose pour les USA, dans un premier temps tout du moins. En effet, leur but réel a été de couper le lien entre les Européens de l'Ouest et la Russie et c'est un succès que la guerre soit gagnée ou pas. De plus, la peur de l'ogre imaginaire russe permet d'étendre l'OTAN et donc en apparence de sauver la structure. Mais en réalité à long terme cette défaite est une catastrophe pour les USA. Tout d'abord d'un simple point de vue du matériel miliaire, qui va acheter des armes à un pays qui perd sans arrêt ? L’Ukraine a été largement alimentée par du matériel US, si elle perd c'est donc que ce matériel ne vaut pas grand-chose. Que ce soit vrai ou non, c'est l'image que va renvoyer cette défaite. Ensuite d'un point de vue diplomatique, cette défaite s'ajoute à la débâcle récente en Afghanistan que les gens n'ont pas oublié. On peut donc imaginer que la défaite provoque une accélération du recul des USA sur le plan international en dehors de ses satellites directs (UE, Japon, Corée du Sud). Mais n’oubliez pas que l'épée de Damoclès du statut monétaire du dollar est toujours au-dessus d'eux. Ils ne peuvent se permettre de trop reculer. Or ici la plupart des pays qui comptaient sur le parapluie américain pour les protéger ou ceux qui avaient peur d'une intervention US vont réfléchir à cet aveu pratique de faiblesse.

 

Les USA vont donc probablement perdre encore plus rapidement leur contrôle sur le reste du monde. Ils pourraient donc être tentés d'un redressement avec un conflit direct avec la Chine qui est leur véritable adversaire stratégique en mettant le feu sur la question taïwanaise. Provoquant en fait leur propre mort en réalité, car je ne vois pas très bien comment ils pourraient gagner un tel conflit. Étrangement de la vitesse à laquelle l'Empire US et le dollar s'effondreront dépendra le sort de l'Europe. Un effondrement du rôle du dollar et un retrait de l'Empire US rapide permettraient aux Européens de peut-être revenir en scène et de reprendre leur indépendance. Si la mort de l'Empire est plus lente, un effondrement qui est à mes yeux inéluctable, quelle que soit l'évolution en Ukraine, l'Europe de l'Ouest risquerait de ne jamais se relever. Les USA vont littéralement nous piller pour résoudre leurs propres problèmes et cela déjà commencés. Réduire les Européens à la misère pourrait relancer un processus d'émigration massif vers les USA en vidant l'Europe de sa population. Les USA espérant ainsi contrebalancer leur propre déclin démographique pour peser plus face à la Chine et demain à l'Inde.

 

Pour le reste du monde il est clair que la défaite de l'OTAN en Ukraine sera vue comme un coup de sifflet international pour vomir l'occident et les USA. Et cela a déjà commencé. On voit même des aberrations nationalistes comme le président Lula qui intime aux Européens de verser des réparations aux nations colonisées d’Amérique du Sud, oubliant que les descendants des colonisateurs vivent en fait chez lui et dans le reste de l’Amérique latine. On voit également Erdogan donner des leçons d'humanisme à la France qui serait incroyablement raciste avec son passé esclavagiste. Alors même que les Ottomans ont été le plus grand trafiquant d'esclaves de l'histoire et qu'ils ont massacré bon nombre de peuples y compris musulmans comme les mamelouks d’Égypte. Ces attaques grotesques et fausses montrent que ces pays ne craignent plus les pays occidentaux ou d'éventuelles représailles. En cas de défaites en Ukraine on devrait connaître un redoublement de violence verbale et politique, les Occidentaux jouant les boucs émissaires bien pratiques pour certains régimes. On voit ici le désastre pour la France qui jusqu'à Sarkozy avait réussi à maintenir une relative liberté de ton. En faisant réintégrer la France au commandement intégré de l'OTAN nos élites ont sabordé notre avantage qui aurait permis justement à l'Europe de sortir son épingle du jeu en ce moment. Mais voilà, on ne refait pas l'histoire.

 

On ne sait pas encore quelle organisation économique et politique succédera à l'ordre américain. Les BRICS sont bien placés pour restaurer un nouvel ordre après la fin de la guerre en Ukraine. Mais n'imaginez pas par contre un paradis pacifique. La disparition de l'Empire américain ou sa simple rétractation sur son île- continent avec ses vassaux qu'il conduira à l'agonie, ne conduira pas à un moment pacifique. Dès l'ennemi commun disparu, les nouvelles puissances commenceront à se chamailler. On voit poindre à long terme un conflit au moins économique et politique entre la Chine et l'Inde. Les deux superpuissances du 21e siècle n'ont aucune raison de se comporter différemment de celles du passé, le monde est ainsi fait. Quoiqu'il en soit, on peut considérer que le conflit actuel est un nexus historique. Si dans tous les cas l'occident et l'empire américains sont condamnés à court terme à un fort déclin politique et économique. La vitesse à laquelle ce déclin se ferra dépendra du conflit ukrainien. Les USA vont probablement chercher un statu quo, un moyen de perdre en pratique, mais sans perdre médiatiquement. De façon à ralentir leur recul impérial et éviter la chute immédiate du dollar. Il est possible que les russes acceptent une telle chose, ce qui compte pour eux étant la fin de la menace sur les populations du Dombass et la neutralité de l'Ukraine. Mais si la défaite est officialisée, les choses pour les USA pourraient aller beaucoup plus vite et produire des effets dramatiques sur leur poids géopolitique et militaire. Nous sommes à un tournant, et il est dommage que les Européens se soient mis dans une situation qui les condamnes à perdre dans tous les cas.

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3 juillet 2023 1 03 /07 /juillet /2023 16:08

 

 

Il fallait bien parler de la situation française après ces événements dramatiques de ces derniers jours en France . Les événements ne sont finalement pas si surprenants pour qui se tenait au fait de la réalité du pays depuis des années. La France ayant une élite volontairement déconnectée des réalités de terrain que ce soit en économie ou dans le domaine social, elle est en réalité la seule à être vraiment surprise par ces mouvements de violence. De la part d'une tranche de la population qui pratique régulièrement ce type d'action dans tout le pays, cela n’était finalement pas si imprévisible. Ayant moi-même habité dans les cités je sais combien le racisme et la violence antifrançaise sont courants. L'on peut trouver de multiples explications sociales, économiques et historiques à cette situation, mais il faut quand même accepter cette réalité d'un affrontement ethnique sur notre territoire. Il y a une séparation entre différentes parties de la population, les immigrés eux-mêmes n'étant pas vraiment un groupe homogène.

 

On m'objectera que tout est parti du racisme supposé d'un policier qui aurait fait un usage excessif de son arme à feu. Je répondrai simplement que le meurtre de ce gamin n'est pas en réalité le fond du problème. L'excès de violence policière est effectivement un problème que l'on rencontre un peu trop fréquemment depuis qu'Emmanuel Macron est au pouvoir. On se souvient tous de l'emploi souvent excessif contre les gilets jaunes ou sur les manifestants contre le projet de réforme des retraites. Macron a clairement utilisé la police nationale comme les troupes de la garde Prétorienne de l'Empereur romain. Et l'image des forces de l'ordre dans la population en avait clairement souffert. Seulement si l'on peut comprendre la colère des parents ou des manifestations de soutien, cela n'a strictement aucun rapport avec le fait d'incendier des écoles ou de piller des magasins. À moins d'avoir une cervelle de colibris, il est assez évident qu'une frange agressive de la population des banlieues a utilisé ce prétexte pour réaliser ses fantasmes de vol et de violence contre le reste de la population française. On est en fait assez proche de ce que Marx décrivait du lumpenprolétariat . Ce sont des outils aux mains de la bourgeoisie qui les utilisent à loisir pour casser les mouvements sociaux ou pour accaparer le débat public. Éloignant ainsi des feux des projecteurs les problèmes essentiels du pays comme les politiques macroéconomiques absurdes promu par Macron sous la direction de l'Union européenne.

 

Cependant, par définition, le lumpenprolétariat n'est pas entièrement contrôlable. Là, il a vraisemblablement échappé à ses maîtres pour dévaster excessivement le pays. L'extrême gauche qui utilise les immigrés et ce lumpenprolétariat a bien essayé d'être de leur côté pour faire de la récupération, mais cela ne fonctionne guère. Il semble même que la population française commence à comprendre ce qu'est la gauche française actuelle qui n'a plus rien en réalité ni de Française ni de gauche. Sous l'influence des think tanks comme la Fondation Terra Nova qui prônait de remplacer l'ouvrier français par la figure de l’immigrée éternelle victime, la gauche française est en fait devenue une excroissance des démocrates américains. C'est à dire des réactionnaires économiques déguisés en progressistes qui pensent la société comme un amalgame de communautés autonomes sans cohérence nationale. Avec en prime des discours anti-laïcité, voir ouvertement communautariste. À part quelques figures éparses comme Ruffin ou Roussel, la gauche française semble être apparue pour ce qu'elle est, un ramassis d'opportunistes dangereux pour le pays au moins autant que Macron et son parti.

 

Une immigration de masse jamais digérée

 

Le cœur du problème de ces émeutes est bien l'immigration même si tous les médias font mine de n'y voir que des problèmes sociaux, politiques ou économiques. Une immigration délirante camouflée depuis longtemps par un droit du sol aussi anachronique que dangereux dans un contexte mondial d'énorme déséquilibre démographique entre les nations. Beaucoup de gens accusent la gauche ou le socialisme d'avoir créé la situation, mais c'est oublier un peu vite que c'est surtout le patronat qui réclame toujours plus de salariés pour faire pression sur les salaires ou pour nourrir la demande en particulier dans le BTP. C'est d'ailleurs sous Giscard que l'immigration de masse a vraiment décollé.avec le regroupement familial. Quelque temps avant son décès, Giscard s'en était défendu en disant que c'était le Conseil d'État qui avait refusé la remise en cause du regroupement familial. Sauf qu'on sait très bien qu'en pratique le Conseil d'État peut se faire contourner. Quand les dirigeants français veulent quelque chose, il arrive souvent à passer outre les règles officielles. Il suffit de voir le nombre de fois où Macron a violé la constitution sans que cela n'émeuve pas grand monde. Dans les années 70, le patronat veut des immigrés, investir dans l'automatisation comme au Japon c'est trop coûteux. Donc le patronat va pousser les politiques vers cette acceptation. Il suffit de voir ce vieil interview de Francis Bouygues, le leader du BTP français pour voir d'où est venu ce choix.

 

À partir de là l'immigration passe d'une immigration de travail à une immigration de peuplement. On crée littéralement des colonies sur le territoire français en espérant que l'école et le système social français pourront absorber cette énorme masse comme elle semblait le faire pour les Espagnoles ou les Italiens. On connaît la suite, ce fut un immense échec camouflé derrière quelques réussites individuelles. Mitterrand et la gauche française ont ensuite utilisé les immigrés en leur faveur pour se maintenir au pouvoir. La nation a été conspuée et le travailleur français ringardisé, compliquant encore plus les possibilités d'assimilation. On pourrait dire simplement pour décrire ce phénomène comme le résultat de l’irresponsabilité naturelle du capital vis-à-vis du bien commun. Le capital qui tend à externaliser toujours plus les coûts pour ne garder que les bénéfices a utilisé l'immigration de la même manière. Il en garde les gains produits par une main-d’œuvre moins chère, mais n'en paie pas le coût en termes d'infrastructure, d'éducation ou de sécurité. De la même manière que les grands bourgeois avaient organisé les grands mouvements de colonisation des Amériques en premier, puis de l’Afrique et de l’Asie. Les grands bourgeois et le capital ont donc organisé aujourd'hui la colonisation de l'Europe qui doit l'accepter et se taire. Il s'agit au fond des mêmes mécanismes, quand la seule motivation politique est purement l’intérêt économique, cela peut déboucher sur des catastrophes collectives. Sauf que cette fois c'est les Européens eux-mêmes qui en sont victimes.

 

En un sens ces pillages intempestifs rappellent un peu les pillages de l'époque des Barbaresques. Les Barbaresques étaient la dénomination du Maghreb de l'époque précoloniale qui a pratiqué de la fin du 15e siècle jusqu'à la colonisation des pillages systématiques des cotes et des navires européens. L'un des objectifs était bien sûr l'enrichissement immédiat, mais cela servait aussi à alimenter les marchés aux esclaves musulmans parce que le nombre de chrétiens était en diminution sur leurs terres. En effet, il était impossible de rendre esclave un musulman, c'est probablement ce qui a permis d'ailleurs l’expansion de l'islam. De l'autre côté, la puissance montante qu'était l'Empire ottoman voulait nuire aux flottes et au commerce des Européens pour garder le contrôle maritime de la méditerranée. La colonisation de l'Afrique du Nord avait comme premier but de mettre fin à ces pillages d'ailleurs. Même si on le dit rarement dans les grands médias qui préfèrent parler des horribles crimes de la France en Algérie, c'est mieux pour nourrir la haine du pays par les nouveaux venus. Il est donc assez étrange de retrouver ces phénomènes de pillage dans la France du 21e siècle, mais c'est un retour aux sources de nos relations avec l'Afrique du Nord en quelque sorte.

 

Un problème anthropologique, économique et éducatif

 

Plus sérieusement, la question de l'intégration des populations immigrées est plus que jamais d'actualité. Mais il y est bien évident qu'avant de parler d'assimilation ou simplement d'intégration il faudrait déjà stopper le flux constant arrivant dans notre pays. En réalité s'il y a des différences anthropologiques, culturelles, éducatives et religieuses importantes entre les immigrés d'Afrique et ceux qui venaient d'Europe, il y a aussi une différence structurelle de flux. Les vagues d'immigration précédentes en France étaient limitées dans le temps. Ce n'est pas du tout le cas de celle du Maghreb par exemple qui continue aujourd'hui alors qu'elle a commencé à la fin des années 60. Ce flux continu participe probablement en partie à la non-assimilation des immigrés qui continuent à avoir des liens importants avec leur pays d’origine. Et je ne parlerai même pas du problème du regroupement familial qui avec les mariages arrangés produit un effet boule de neige permettant à ces groupes de population de vivre socialement en vase clos. Avant de vouloir résoudre le problème, il faudrait donc déjà arrêter complètement ces flux de population.

 

L'autre facteur prépondérant dans l'échec de l'assimilation de ces populations est anthropologique. Même si Emmanuel Todd a toujours cru que la France pourrait assimiler ses immigrés, il reconnaissait lui-même que la structure familiale française et maghrébine était littéralement aux antipodes du genre humain. En gros, il n'y a pas de structure familiale sur terre plus éloignée l'une de l'autre que celles-ci. La France a en son cœur la structure familiale nucléaire égalitaire très simple, assez libérale et très exogame (Papa, maman, les enfants) avec un statut élevé des femmes, alors que la famille maghrébine est très complexe de type communautaire à forte endogamie et fortement patriarcal. Au Maghreb même encore aujourd'hui on pratique le mariage entre cousins. Et l'autorité ne dépend pas uniquement du père, mais du groupe des hommes, le père, les frères, les cousins, etc.. L'autorité sur les enfants en France est le fruit unique des parents directs alors qu'au Maghreb elle sera plus collective et diffuse. De cette différence née des disparités en termes de fonctionnement de l'autorité sociale.

 

On peut vite imaginer qu'une population à la structure familiale très divergente de sa société d'accueil aura du mal à s'inscrire dans un environnement qui a été pensé en réalité pour une structure familiale très différente. On a là à mon sens la vraie origine de l'échec de l'immigration que ce soit en France ou ailleurs en Europe. On ne mélange pas les populations impunément. Ce n'est pas la nature de ces systèmes familiaux qui est en cause, mais bien le fait de les déplacer dans des sociétés complètement différentes. L'une des preuves du problème anthropologique peut se trouver dans la différence d'assimilation et d'intégration entre les filles et les garçons issues de l'immigration. En effet, si bon nombre de pseudohumanistes à gauche accusent systématiquement le racisme français dans l'échec de l'intégration, comment expliquer la meilleure assimilation des jeunes femmes maghrébine que ce soit en matière d'emploi ou de scolarité ? Le spécialiste de l'éducation, Jean-Louis Auduc, est l'un des rares intellectuels à souligner cet aspect de l'inégalité de l'échec entre les filles et les garçons. Il existe déjà un écart entre les garçons et les filles français historiques. Mais cet écart devient dramatique lorsque l'on s'intéresse aux enfants issus de l'immigration. Comme vous pouvez le voir sur le tableau suivant, le taux de réussite au BAC des jeunes filles maghrébines est le même que celui des Françaises moyennes. Alors que pour les garçons il est nettement en dessous de la moyenne des garçons français.

Cet écart va bien évidemment conduire à un écart en matière de réussite sociale et économique. Pour imputer l'entièreté de l'échec de l'intégration au racisme présupposé de la société française, il fallut que les filles échouent de la même manière au moins. Or ce n'est pas du tout le cas. L'explication est donc plutôt à chercher dans la forte différence qu'il y a entre la façon dont les garçons sont éduqués dans les familles maghrébines et les filles, par rapport au reste de la société. Peut-être la plus forte autorité sur les filles y est-elle plus compatible avec la structure sociale française. Quoiqu'il en soit, on voit bien ici le caractère caduc de l'explication « racisme ». Ensuite, cette disparité entraîne aussi une réaction masculiniste des jeunes d'origine immigrée qui sont frustrés par leur situation par rapport à celles de leurs sœurs et cousines. On peut voir ici l'origine probable de la « haine » des femmes qu'on peut souvent voir chez ces populations. Si on peut donner cette explication au mouvement masculiniste pour toute la population masculine en France, les femmes faisant de plus en plus d'étude et étant moins au chômage que les hommes. L'écart est beaucoup plus grand chez les populations d'origine maghrébine. Cumulant la nature patriarcale de leur anthropologie d'origine à cet échec économique et éducatif relatif, il n'est guère étonnant de voir dans les mouvements excessivement antiféministes nombre de jeunes hommes de cette origine.

 

L'autre facteur à prendre en compte est bien évidemment d'ordre économique. Il est bien évident qu'une société qui fabrique peu d'emplois souvent mal payés aura plus de mal à assimiler ses immigrés. C'est d'autant plus vrai qu'il n'y a plus les grandes industries qui employaient énormément de monde et qui pouvaient ainsi brasser les populations et faciliter l'assimilation par contact social prolongé. Cependant, n'oublions pas que des pays, en bien meilleure santé que nous sur le plan économique, ont aussi de graves problèmes d'émeute et d'intégration, à l'image de la Suède ou des Pays-Bas. Mais il est certain que sans une situation positive en matière économique il y aura peu de chance de réussir l'assimilation de ces populations. En tout cas comme nous l'avons rapidement vu, ce problème est multifactoriel. Mais il est quand même temps de demander son avis à la population sur les questions migratoires, car c'est le français moyen qui paye pour les délires de l'intelligentsia parisienne et pour le grand capital. La Suède et le Danemark ont remis en question leurs politiques migratoires récemment même si cela reste pour l'instant du domaine de la communication et que ces deux pays ont eu la riche idée de ne pas rentrer dans l'euro, gardant ainsi une autonomie décisionnelle. Il serait bon que ces émeutes gravissimes servent à quelque chose pour une fois avec une vraie prise de conscience. Il faut arrêter les frais en matière migratoire et voir ce que l'on peut faire en pratique pour résoudre le problème d'assimilation. On ne peut plus continuer comme ça ou nous irons réellement vers une guerre ouverte à terme.

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26 juin 2023 1 26 /06 /juin /2023 15:04

 

Alors que mon dernier texte se concentrait sur le caractère néfaste de la construction européenne j'apprends que la ministre allemande des Affaires étrangères, madame Annalena Baerbock, avec le soutient de quelques autres pays dont l'Espagne, veut mettre fin à la nécessité de l'unanimité en matière de politique étrangère au sein de l'UE. En d'autres termes, elle veut mettre fin à l'un des derniers mécanismes permettant aux états membres de défendre encore un peu leurs intérêts en matière de politique étrangère. Étant donné la structure de cette construction aussi baroque qu'incohérente qu'est l'UE, nous nous retrouverions avec une politique étrangère européenne totalement calquée sur celle de l'Allemagne et donc totalement à la merci des intérêts américains. Car il est bien évident aujourd'hui que la politique extérieure allemande n'est qu'un résidu de celle des USA même quand elle est néfaste pour l'Allemagne elle-même.

 

Cette affaire est grave, ne nous voilons pas la face. Il s'agit de mettre réellement fin aux États-nations qui ont déjà été passablement abîmés par 40 ans de construction européenne et tout ça pour les remplacé par des pouvoirs aux contours flous et aux intérêts largement dissociés de ceux des peuples qui composent l'UE. Encore une fois, le cœur du problème est que l'UE n'est pas une nation, il n'y a pas vraiment de solidarité européenne. On l'a dramatiquement vu pendant la crise de 2008 où chaque nation faisait prévaloir d'abord ses intérêts. La Grèce a été largement dépecée par les grandes puissances européennes au lieu d'être aidé comme cela aurait dû être le cas si nous avions été réellement solidaires. Pendant la crise du COVID chaque pays tirait la corde dans sa direction, on a même vu certaines nations trahir éhontément les accords qu'ils avaient pourtant signés avec leurs voisins. Dès qu'il y a des problèmes graves, c'est en réalité chacun pour soi, l'UE n'est donc pas du tout une nation. Et pour cause, il n'y a pas de peuple européen, pas de culture commune, ni de langue commune en dehors du globish. Les démographies des pays membres divergent, et les structures économiques sont largement disparates. Quant à l'unification économique loin d'avoir homogénéisé le territoire, elle a fait exploser bien au contraire les divergences créant des régions appauvries et d'autres qui se sont formidablement enrichies. Bref comme je l'ai déjà longuement expliqué la construction européenne est une structure bancale qui n'est pas sans rappeler une plus vieille organisation qui a fini elle aussi dans les poubelles de l'histoire le Saint Empire Romain Germanique.

 

L'UE et le Saint Empire Romain Germanique

 

Avant l'Union Européenne il y a eu ça

Voltaire sur le Saint Empire Romain Germanique : "Le Saint-Empire romain germanique n'était nullement saint, ni romain, ni un empire"

 

Le Saint Empire Romain Germanique fut une structure politique qui a été créée par Otton 1er en l'an 962. Depuis la chute de l'Empire Romain d'occident, tous les monarques barbares, mais christianisés qui se sont succédé au pouvoir en Europe de l'Ouest n'avaient qu'une seule envie, c'était de reconstruire l'Empire Romain d'occident. Seulement, la tâche était rude, car l'Europe était peuplée de bon nombre de peuples disparates tant en termes de langue que de culture, et même si pour la plupart ils partageaient une foi commune ce n'était pas suffisant pour souder le pouvoir temporel de tous les peuples sous une seule couronne. Comme vous le savez tous, les seuls à avoir réussi une véritable ébauche d'un nouvel Empire Romain furent les francs et bien sûr Charlemagne qui mit la capitale de son empire à Aix-la-Chapelle. Hélas, la descendance de Charlemagne n'eut pas l'opportunité de faire perdurer son empire, la succession par partage salique ayant favorisé la fragmentation des terres entre les fils à parts égales. C'est de cette fragmentation que naîtront la France et bien plus tard l'Allemagne.

 

Mais justement la partie germanique de l'Empire de Charlemagne ne se transformera pas en nation centralisée, mais prendra la forme d'un nouvel Empire sous l'impulsion d'Otton 1er. C'est cet Empire que l'on appelle le premier Reich, le Saint Empire Romain Germanique. La grande différence avec l'évolution de la France des Capétiens fut le rapport à la centralisation. Alors que les rois de France ont très tôt voulu lutter contre les ducs et les comtes pour asseoir leur autorité, même si cette lutte a été extrêmement longue, le côté germanique va au contraire laisser une structure extrêmement décentralisée. Le Saint Empire Romain Germanique avait une autorité assez floue. Il y avait un empereur, mais les pouvoirs locaux étaient très grands. Il y avait aussi une forte inégalité entre les membres qui nourrissaient des rivalités internes. Les Empereurs étaient élus par de grands électeurs qui étaient au nombre de sept en sachant que l'Empire était composé à un moment donné de 533 membres. Il y avait donc une structure très hiérarchisée où certains comme la Bohême ou l'Autriche étaient bien plus importants que d'autres. Faut-il voir ici l'esprit des familles souches pour faire appel aux thèses d'Emmanuel Todd ? L'incapacité à voir les peuples égaux tendant à pousser les dirigeants à traiter de façons inégales les territoires de l'Empire, ce qui nourrit un désamour interne et des conflits.

 

Quoiqu'il en soit pendant une longue période historique, le Saint Empire Romain s'est étendu sur l’ensemble de l'Allemagne, la Bohême (actuelle République tchèque) et le nord de l'Italie. C'était bien l'Union européenne avant l'heure avec les mêmes gros défauts de conception. Les Italiens seront d'ailleurs les premiers à quitter le Saint Empire qui était en réalité plus germanique que saint. Comment ne pas voir que l'Allemagne à travers la construction européenne est en train de reconstruire une structure similaire ? C'est-à-dire une structure qui, sous couvert de solidarité face à de supposés ennemis extérieurs dangereux, les Abbassides et les païens du temps du Saint Empire, les Russes ou la Chine aujourd’hui, fait en réalité une machine à favoriser les intérêts germaniques. La nature inégalitaire elle-même fait de cette structure une machine à produire des conflits et elle ne pourra que s'effondrer à terme sous l'effet de ses propres contradictions.

 

On peut ainsi voir dans la tentative de madame Baerbock une volonté absolue de dissoudre les anciennes nations européennes dans le système impérial germanique. Mais l'histoire montre que la volonté forte de soumettre les membres d'une telle structure à des intérêts contraires aux leurs, finit toujours par faire imploser la structure politique . Cela fut la même chose en France avec la centralisation progressive, seulement les rois de France étaient plus forts que leurs vassaux. Ils ont donc pu soumettre petit à petit les territoires disparates qui composaient leur empire. L'unification de la France ne fut pas une histoire sympathique et gentille, ce fut souvent sanglant. Les Allemands en voulant faire la même chose à l'échelle de l'UE n'auront pas cette force à terme. C'est d'ailleurs ce qui a fait échouer le Saint Empire Romain Germanique, il n'y avait pas de centre assez puissant pour vraiment tout unifier comme ce fut le cas en France avec la région parisienne. On ira donc certainement vers des conflits plus ou moins violents et probablement avec des ruptures brutales vis-à-vis de l'UE. En définitive, on peut se demander si cette volonté d'écraser véritablement les puissances locales en les soumettant à la majorité sous influence germanique ne va pas précipiter la chute de ce Saint Empire Libéral Germanique.

 

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19 juin 2023 1 19 /06 /juin /2023 16:25

 

 

Encore une fois, Emmanuel Todd, très motivé ces temps-ci, nous livre une analyse très intéressante de la situation européenne. Ou plus exactement de la situation des élites européennes depuis la guerre en Ukraine. Il s'est exprimé longuement chez Olivier Berruyer sur cette question et en arrive à la conclusion d'une corruption générale des élites européennes par la puissance américaine. Vous pouvez retrouver ce long interview d'une heure trente sur ce lien. Alors, entendons-nous bien ici sur la définition d'élite. Il s'agit bien évidemment ici d'élites au sens « dominant » d'un point de vue économique et politique. Emmanuel Todd comme à son accoutumé précise préalablement qu'une démocratie ne peut pas fonctionner sans élites. En réalité, il est probable qu'aucun système politique ne puisse fonctionner sans élites. Mais nous parlons ici d'élite au sens noble du terme c'est-à-dire de personnes ayant atteint dans leur domaine de prédilection des qualités et des connaissances qui leur permettent d'agir avec efficacité et intelligence dans leur secteur. On pense tout de suite à un physicien de renom, un mathématicien, un peintre, un philosophe, etc. Il en va de même dans la gestion des affaires de l'État, nous avons besoin de diplomates de talent, de gestionnaires, de spécialistes en droit, etc..

 

Il est évident que notre structure politique ne pourrait se passer de telles personnes pour faire fonctionner les affaires de l'État. C'est d'ailleurs pour cette raison que de Gaulle et le CNR n'ont pas puni à la hauteur qu'il aurait fallu certains hauts fonctionnaires qui avaient collaboré pendant la guerre. Ce n'est probablement pas par simple empathie que bon nombre d'entre eux ont échappé aux punitions les plus sévères, mais bien parce que nécessité fait loi et qu'il fallait alors redresser rapidement le pays dans l'intérêt de tous. Cependant, il faut bien distinguer ici les élites au sens pratique du terme des élites au sens de domination. Car ces dernières, les élites économiques qui exerce un pouvoir sur le pays sans avoir de talent particulier si ce n'est celui d'avoir accumulé pouvoir relationnel, politique et économiques sont beaucoup plus dispensables quand elles ne sont pas carrément nuisibles. C'est de ces élites-là que nous allons parler, et non, je ne considère pas qu'un milliardaire est une élite au sens noble du terme simplement parce qu'il a des milliards.

 

Avoir de l'argent n'est pas un talent et il n'est pas vrai que la réussite économique est le fruit d'un talent particulier, surtout en France. Bon nombre de gens talentueux n'ont d'ailleurs jamais réussi au sens financier et beaucoup d'imbéciles sans talent particulier se pavanent avec des Rolex aux poignets. Nos dominants aiment évidemment confondre les deux types d'élites, mais il est bien évident que leur nature est profondément différente. Du reste, comme le disait Keynes, le créateur, l'artiste, le scientifique prend plaisir souvent dans sa création sans qu'aucun calcul d'intérêt économique n'y soit pour quelque chose. C'est là probablement que se dessine la frontière la plus grande entre l'élite véritable, et le dominant. La motivation profonde de la création pour la véritable élite est souvent désintéressée là où l'appât du gain et de l’intérêt personnel est au centre des préoccupations du dominant. Nous parlerons donc de ces élites-là, celles dont l'intérêt personnel est au centre de tous et qui par leur poids économique entraînent l'ensemble de notre société dans certaines directions pas forcément propice à l'intérêt du pays dans son ensemble.

 

 

Les USA sont avant tout l'empire des bourgeois et des rentiers.

 

Maintenant que nous avons défini nos « élites » que nous appellerons dominant pour plus de commodité, nous revenons à l'analyse de Todd. Il est tout à fait stupéfiant pour lui de voir que les dominants en Europe ont finalement commencé à abandonner l'ambition européenne pour se réfugier sous la domination américaine. En effet jusqu'au début des années 2000, le projet européen était très fort chez les dominants. Il était devenu un peu leur seul grand projet de ces élites et il semble que ce projet ait atteint son paroxysme avec la mise en place de l'euro. Dans un sens, le vote de 2005 et le rejet par les dominants de ce vote a été l'apogée de la domination totale des intérêts des couches sociales aisées. En effet, ce rejet d'un référendum a prouvé qu'ils pouvaient désormais se passer de l'avis de la population. Et cela sans même que cela ne conduise à des manifestations ou à une révolution comme cela aurait du être le cas, et comme ce fut le cas parfois dans le passé tumultueux de notre nation. Le référendum de 2005 sur le TCE ne fut pas seulement un crime antidémocratique, ce fut la preuve évidente que nous n'étions déjà plus en démocratie, mais plutôt dans un régime ploutocratique électif. Un régime dans lequel les dominants choisissent par le truchement des médias qui sera ou ne sera pas acceptables pour la fonction présidentielle. Nous sommes dans un système électoral non démocratique.

 

Quoiqu'il en soit on pouvait imaginer que maintenant le projet eurolibéral en place, le démantèlement de l'état providence en route, l'étape suivante eut été de faire leur fameuse nation européenne. Centré sur l'Allemagne avec une France réduite à rien d'autre qu'un hôtel à touristes pour riches européen, le projet n’était claire. D'un côté l'UE permettait de démolir au nom de l'Europe les bases fiscales des états membres, de l'autre l'élargissement sans fin permettait de réduire toujours plus le poids des salaires dans la valeur ajoutée. L'UE c'était le stade suprême du néolibéralisme, une machinerie à accroître les inégalités sans fin pour assurer la jouissance d'une petite portion de la population assise sur ses rentes financières ou foncières. C'était ça le vrai rêve des pères de l'Europe même s'ils ne l'ont bien évidemment jamais présenté comme ça. Et pourtant avec la crise ukrainienne tout tombe par terre et étrangement ces mêmes élites qui avaient tout réussi semblent abandonner maintenant le projet pour littéralement suivre l'Empire américain dans ses projets insensés de conflit avec la Russie et même la Chine.

 

Le plus étonnant est l'évolution de l'Allemagne qui est bien le grand perdant dans cette affaire comme nous l'avons vu à plusieurs reprises. Clairement, la coupure géopolitique avec la Russie est un désastre pour eux, et je ne parlerai même pas de la catastrophe que serait une coupure avec la Chine pour l'Allemagne . C'est pourtant bien la direction que semble prendre l'élite européiste. Alors la grande question d'Emmanuel Todd c'est de savoir pourquoi. Le premier facteur auquel pense Todd et que l'on ne peut évidemment pas vraiment réfuter c'est l'intérêt économique. Les USA sont le refuge économique des populations les plus aisées en France et en Europe. Todd montre d'ailleurs dans sa vidéo l'évolution des placements financiers à l'étranger et l'on voit que le monde anglo-saxon remplace le rôle de refuge dévolu classiquement à la Suisse à partir des années 70. On voit encore ici le rôle de la grande dérégulation financière de cette époque. Les USA en déclin industriel à cette époque tentent un coup de poker avec l'abandon du standard or. À partir de là les USA attirent les capitaux du monde entier en particulier d'Europe. Ce lien incestueux entre la finance américaine et les dominants européens va conduire ces derniers à associer de plus en plus leurs intérêts à ceux de l'Empire américain.

 

Dès que leurs intérêts sont en danger, et la guerre en Ukraine les as évidemment mis en danger, nos dominants se réfugient dans les bras de l'Empire américain. Il s'agit là d'une question de pur intérêt économique puisque c'est là-bas que se trouve l'essentiel de leurs avoirs. De l'autre côté, la possession de ces avoirs en dollar permet un chantage de la puissance américaine sur ses dominés. On ne parlera pas non plus de l'usage que font les USA de leur système d'espionnage sophistiqué pour instaurer une loi du silence chez les élites européennes. Le rôle trouble de la CIA n'est malheureusement plus à démontrer. Et d'ailleurs, cette passion pour les traquenards se voit dans l'obsession américaine pour les influences étrangères qui pourra à aller à l'encontre de ses intérêts que ce soit le fait de la Russie ou de la Chine. Les Américains voient souvent chez les autres des comportements qui leur sont en fait propres. Mais il y a aussi dans cette affaire une dimension culturelle. Les USA c'est la nation des riches et des hyperriches. Un pays qui par nature valorise les inégalités. Todd en parle brièvement, mais il est certain que pour quelqu'un d'aisé il est beaucoup plus agréable de vivre dans un pays dans lequel la richesse est une vertu, les pauvres méritant leur sort, que dans une nation qui au fond n'aime pas les inégalités à l'image de la France. Pour moi le projet européen dès le départ c'était de faire les USA en Europe. Il ne s'agissait pas de faire une nation européenne, mais bien d'imposer les « valeurs » américaines en Europe par le truchement de la construction européenne. Ce n'est pas un hasard si les plus âpres partisans de la construction européenne étaient aussi souvent des atlantistes, américanistes compulsifs et néolibéraux. Ils voulaient faire l'Europe parce que la France ne pouvait pas demander à adhérer aux USA en tant que 51e étant membre. Sinon ils auraient directement choisi cette solution. En un sens l'UE c'était une peu leur Amérique par dépit.

 

Avec la crise ukrainienne, nous revenons donc à leur vraie motivation de départ, celui de faire fusionner les pays européens avec l'Amérique, même s'il s'agit plus d'un fantasme que de quelque chose de rationnel. En France en particulier je suis frappé par l'explosion de haine de soi et de discours américanophile délirant. Je me souviens encore de la crise irakienne en 2003 où la France était entrée en rupture avec l'Empire américain. Si les atlantistes étaient nombreux surtout à la télévision, il y avait aussi nombre de français pour être fier de cette opposition. Aujourd'hui plus rien, l'opposition à l'empire n'existe plus en dehors de quelques poignets d'individus et tout concoure à un alignement permanent de la France sur les intérêts US. C'est bien évidemment particulièrement vrai pour notre tartuffe de président. Alors certes l'on peut y voir l'influence corruptrice des USA dans nos médias, mais il y a quelque chose de plus profond qui motive cette perte d'indépendance d'esprit. On peut y voir l'influence néfaste de la sous-culture américaine. Quoiqu'il en soit, il s'agit d'un phénomène primordial à comprendre si nous voulons un jour redevenir une nation indépendante. Et l'on voit ici que sortir de l'UE et de l'euro, c'est surtout sortir de l'Empire américain et de son influence néfaste sur notre peuple.

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12 juin 2023 1 12 /06 /juin /2023 16:53

 

 

S'il est une méthode de direction de nos sociétés qui a pris fortement son essor ces trente dernières années c'est bien celle de la peur. Non que la peur n'ait jamais été employée avant l'époque moderne. La peur de la guerre, la violence sont au cœur de l'histoire des peuples et des nations. Mais elles n'étaient pas permanentes et n'envahissaient pas les esprits comme le font les peurs modernes. Alors qu'autrefois il fallait séduire les foules, leur raconter parfois des mensonges pour leur plaire, afficher son patriotisme parfois. Aujourd'hui, il faut surtout faire peur, et alimenter les peurs. Qu'elles soient climatiques, écologiques, géopolitiques, économiques ou migratoires, la peur est toujours le point commun entre les différentes manières d'aborder un sujet. On sait que depuis l'avènement des médias de masse l’intelligence et la logique n'étaient plus vraiment au cœur de la communication politique. Nous avons longuement parlé des médias dans ce texte précédent, et je ne rajouterais pas grand-chose sur cette question. Il est évident que dans le cadre des médias la peur fait vendre. Que ce soit les magazines « scientifiques » ou la presse grand public, annoncer des catastrophes est toujours plus juteux d'un point de vue commercial que d'annoncer que finalement tout va bien.

 

Le problème c'est que cette vision commerciale des choses n'est pas restée dans le domaine de la pure vente des magazines et autres émissions de télévision. Elle est maintenant une pratique courante de toutes les personnes, et groupes d'influence, qui ont besoin de faire parler d'elles pour développer leur marché relationnel et leur pool d'auditeurs potentiels. J’insisterais ici sur le fait que l'utilisation de la peur comme mode de communication n'est pas propre à certains sujets, la nature même de ces derniers peut influer sur l'importance de cette peur. De la même manière, critiquer l'usage impropre et excessif de la peur ne signifie pas non plus qu'elle ne soit pas fondée parfois. L'usage veut que l'on parle de « jouer les Cassandre » lorsque quelqu'un alerte sur certains sujets graves, mais rappelons que Cassandre dans la mythologie grecque avait raison. Et tout le drame de ce personnage fictif fut justement de prévoir les catastrophes, mais de ne pas pouvoir les arrêter, car personne ne l'écoutait. Moi même sur ce modeste blog, je joue souvent les Cassandre, mais croyais moi ou pas, ce n'est guère par appât d'audience .

 

Il est donc important de juger le discours catastrophiste avec discernement et de ne pas passer d'une position rationnelle visant à réajuster l'ampleur d'un problème, à une attitude de chasse systématique des discours pessimistes ou inquiets. La peur n'est pas un drame, elle est même parfois tout à fait justifiée et elle est là aussi pour nous éviter des drames. Tout le problème est de faire taire l'émotion et de rallumer l'esprit de rationalité fondé sur l'observation des faits avec sagesse et recul. Pour démêler le vrai du faux, il faut donc du temps et de la patience, deux choses qui manquent profondément aux médias et aux citoyens modernes malheureusement.

 

Des effets catastrophiques sur le débat public

 

Au-delà de la question de comment aborder sereinement la question de la peur dans la communication moderne, on constatera tout de même les immenses dégâts déjà produits dans nos sociétés. Certains pensent que la peur est un outil uniquement utilisé pour faire passer n'importe quoi dans l'opinion publique. Il est certain que certains sujets sont utilisés de cette manière. On pensera à la question migratoire qui est toujours exagérée dans un sens ou dans un autre. De celle des faits divers de violence comme nous l'avons encore vu récemment ! Mais on pensera aussi au terrorisme qui a permis à nombre d'états à faire passer des lois souvent liberticides et dont l'objectif réel était souvent bien éloigné de l'objectif affiché. Cependant, n'oublions pas que la mécanique même de la communication moderne crée des emballements et que les différents acteurs ne contrôlent souvent pas grand-chose en fait. Certains utilisent ces vagues de communication, ils surfent dessus, mais n'en contrôle pas forcément ni la force ni la direction.

 

Cette question des effets de la peur n'a rien de nouveau comme je l'ai dit. Dans les années 50, la peur du communisme aux USA a conduit au maccarthysme une véritable chasse à l'homme organisé autour des idées. Si vous aviez le malheur de critiquer le capitalisme, c'est que vous étiez un agent de Moscou. Cette peur du Soviétique a permis à la ploutocratie américaine de se débarrasser d'idées dangereuses pour elle. Même encore de nos jours les critiques envers le capitalisme ou l'organisation économique des USA sont vite cataloguées dans le communisme et dans l'antiaméricanisme aux USA . Ce qui est absurde en réalité. Mais on ne peut pas dire que le gouvernement américain ait réellement créé cette peur à la base. Le développement de l'arme nucléaire en particulier a nourri en grande partie cette peur irrationnelle. Toujours aux USA, on se souviendra également de la peur des Japonais qui engendra une politique invraisemblable de discrimination contre les populations d'origine japonaise pendant la guerre. Il y a eu 120000 citoyens américains d'origine japonaise qui ont été internés juste après Pearl Harbor. Là encore, la peur avait pris le dessus sur la raison. On le voit encore aujourd'hui en Europe avec les mesures complètement stupides qui ont été prises à l'encontre des citoyens d'origine russe. Il est étonnant de voir à quelle vitesse les sociétés « libérales » oublient leurs principes dès qu'elles se sentent en danger. La guerre en Ukraine a réveillé la peur du slave en Allemagne, peur que l'on croyait éteinte depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Elle est d'autant plus irrationnelle que comme nous le savons le vrai danger pour ce pays et pour l'Europe se situe plutôt de l'autre côté de l'Atlantique, mais c'est un autre débat.

 

En matière de mauvaise influence, la peur a eu également d'autres effets notablement mauvais pour nos sociétés. Que penser aujourd'hui de ces étranges années COVID ? On commence à avoir du recul et même les plus apeurés à l'époque doivent quand même bien se poser des questions sur ce qu'il faut bien appelé un emballement médiatique totalement irrationnel. Alors j'entends ici les appels des gens qui pensent que tout était un complot. Mais en bon adepte du principe du rasoir d'Ockham, je pense qu'il n'y avait pas de complot pour le simple fait que c'eut été une entreprise trop complexe à mettre en œuvre. Nous avons eu comme je l'ai dit un phénomène d'emballement médiatique. Un emballement que certains groupes, peu scrupuleux, ont utilisé pour faire avancer leurs intérêts. On pense bien évidemment ici aux laboratoires pharmaceutiques, mais aussi aux médias et à diverses personnes plus ou moins bien avisées qui ont profité de la crise. En effet, n'oublions pas les nombreuses personnes qui ont profité de la crise pour se créer leur petit réseau de connaissances et de relations sans oublier les gains en termes de notoriété. Ce ne fut pas d'ailleurs forcément volontaire, certains étant juste au bon moment au bon endroit.

 

Le plus inquiétant dans cette affaire fut l'action des gouvernements politiques visiblement plus intéressés par leur image dans les médias que par l'efficacité réelle des politiques qu'ils ont pratiquées. Le passage d'un président de la République assez dubitatif au début de la crise COVID, invitant même les gens à continuer à sortir, et passant ensuite à un président en « guerre » à quelques mois d’intervalles fut symptomatique. Macron savait probablement pertinemment qu'il n'y avait rien d'aussi dramatique que ce que les médias disaient, mais il a fallu surenchérir parce que la panique croissait dans les médias. Au lieu de calmer le jeu et de prendre des mesures rationnelles, nous sommes tombés dans la démesure dont nous payons en grande partie des frais aujourd'hui entre la dette et l'inflation produite par l'arrêt généralisé de l'économie du pays à l'époque. Et le plus drôle c'est que les gouvernements, loin de prendre des mesures en fonction de vrais conseils scientifiques, ont passé leur temps à faire un concours à celui qui prendrait les mesures les plus strictes. Le pompon revenant à la Chine, dont on peut se demander ici s'il n'y avait effectivement pas une stratégie vis-à-vis de problèmes politiques internes tant les mesures y furent disproportionnées.

 

Pour en finir avec les effets néfastes de la peur sur les politiques récentes, comment ne pas parler de la nouvelle peur de l'an mille avec l'écologisme délirant ? Comme je l'ai déjà dit, il y a de vraies questions écologiques comme l'épuisement des ressources, la gestion des déchets, la destruction de la biodiversité, etc.. La question n'est pas là. Le vrai problème est la prise d'importance complètement disproportionnée de la question du réchauffement climatique anthropocentrique. Quitte à passer pour un infâme négationniste, je n'y crois guère pour tout vous dire. Et j'ai déjà expliqué à la longue reprise que de toute manière cette question cache le vrai problème qu'est l'épuisement des ressources en hydrocarbure, ressources dont nous sommes d'ailleurs très mal pourvus même si l'on a découvert des ressources d'hydrogène blanc récemment en Lorraine. Cependant, il ne s'agit pas ici d'hydrocarbure à proprement parler.

 

Le fait est que cette question a pris une importance incroyable, éclipsant totalement le reste et c'est en soi bien étrange. En effet, la question du plastique par exemple est à mon sens beaucoup plus immédiate et catastrophique. Une géologue a par exemple découvert il y a peu de temps des roches de plastique. L'impact de ce matériau est aujourd’hui tel qu'on le retrouve en grande quantité, y compris dans la nourriture humaine sous forme de microplastiques. Le danger est là et il y a un vrai risque de santé publique en plus du danger pour la faune et la flore. Et sur les plastiques nous pourrions réellement agir à l'échelle mondiale, car des alternatives existent déjà que ce soit par de nouvelles pratiques ou par des remplacements technologiques. Mais voilà, lutter contre les plastiques n'attire probablement pas les industriels et les lobbys. Là où la lutter contre le CO2 nourri par une ribambelle de producteurs et d'industriels.

 

Sans tomber dans le complotisme, il y a probablement un lien important entre le poids qu'un sujet écologique prend dans les médias et son importance économique. Et la question des lobbys a pris toute son importance avec la question du nucléaire. Alors que la France est de loin le grand pays qui produit le moins de CO2, nous avons pourtant été condamnés par l'UE pour inaction contre le réchauffement climatique. On voit bien ici que la question de fond n'était donc pas le CO2 ou le climat, que ce gaz participe beaucoup ou non au réchauffement climatique. Le but était de favoriser certaines technologies et donc certains producteurs en l’occurrence les producteurs de panneaux solaires et d'éoliennes au détriment de la technologie nucléaire. On peut également voir la main de l'Allemagne derrière ça . En effet, l'Allemagne cherche à casser leur seul avantage dont bénéficie la France, son parc nucléaire qui lui permet d'avoir une énergie électrique moins chère et stable. L'on pourrait se demander ici pourquoi ce pays n'a pas cherché plutôt à se doter lui-même d'un bon parc nucléaire. Il semble qu'il y est en Allemagne une vraie aversion à cette technologie,une aversion dont je ne parlerai pas ici ce serait trop long. Quoiqu'il en soit, il me semble maintenant clair depuis cette affaire que les mouvements écologistes français ont été des pions de puissances étrangères pour nuire à la production française. Et l'on voit bien ici que la peur disproportionnée distillée depuis longtemps dans les médias et par certains mouvements n'avait pas pour but de sauver le climat comme ils le claironnent, mais bien de favoriser certains intérêts économiques. On le voit ici, la peur a bien été mauvaise conseillère et a poussé notre pays dans une impasse. Heureusement, la situation semble changer et l'explosion de la facture d'électricité semble avoir eu comme effet de réveiller un peu nos citoyens et nos dirigeants sur cette question énergétique si importante.

 

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25 mai 2023 4 25 /05 /mai /2023 18:34

 

«Il n'y a pas de culture française. Il y a une culture en France. Elle est diverse».

E.Macron février 2017

Emmanuel Macron alerte contre une « décivilisation » de la société

En mai 2023.


 

Je tenais à mettre en parallèle ces propos tenus par le même individu à quelques années près pour montrer tout le côté faussaire et incohérents du macronisme. C'est qu'Emmanuel Macron est avant tout un communicant. Il ne s'intéresse pas réellement aux sujets qu'ils traitent, mais à ce que ces derniers peuvent lui apporter en termes de communication et d'intérêt personnel. Si vous n'admettez pas cela, vous ne pouvez pas comprendre l'incroyable accumulation d'incohérences et de politiques contradictoires tout le long de sa trop longue carrière à la tête de notre pauvre nation. Emmanuel, qui tient tant à faire oublier sa pathétique réforme des retraites incluse dans le plan de relance européen dont la France a été le dindon, cherche donc des événements médiatiques pour détourner l'opinion. Soyons clairs, il n'est pas le premier à faire ça, c'est même une tradition depuis que nos dirigeants ont décidé par eux même qu'ils ne décideraient plus de rien à partir des années 70. La lente construction européenne n'ayant été qu'un lent abandon de leur fonction de direction qui sera ensuite donné à un aréopage de fonctionnaires pour la plupart étrangers, et n'ayant guère à cœur la défense des intérêts français. Vous le voyez donc, Macro n'est que la dernière phase d'un numéro de cachottier qui dure depuis deux générations tout de même.

 

Il a essayé de relancer sa dynamique en parlant de réindustrialisation, malheureusement la ficelle est un peu grosse. Et même le perroquet journaliste le plus dépourvu d'amour propre et de sens professionnel peut bien voir qu'il y a une contradiction avec les chiffres officiels des faillites d'entreprises, de ceux du commerce extérieur et la prétendue réindustrialisation. Heureusement pour Macron, le grand déglinguement socio-économique du pays fournit régulièrement des faits divers, plus ou moins atroces, permettant d'alimenter la machine médiatique, suivant la mécanique dont je vous ai déjà parlé, celle du mimétisme et de l'information omnibus. Ces moments de grande tristesse souvent simulée chez les dominants forment le dernier moment de communion civile dans une société qui peine à donner du lien collectif. Dans ces moments-là, tout le monde est d'accord, c'est atroce, horrible, monstrueux, etc. Malheureusement dès les solutions avancées pour faire semblant de résoudre le problème à l'origine de l'atrocité, les dissensions commencent à réapparaître. C'est donc à l'occasion de meurtres absurdes, ceux de trois policiers en exercice dans un accident de la route , et d'une infirmière tuée, elle par un déséquilibré que Macron a senti l'humeur collective à point pour débiter sa phrase sur la décivilisation qui menacerait la France.

 

Et pour une fois, effectivement, le terme est bien trouvé, car il y a bien une décivilisation, non de la France elle-même, mais bien de tout l'occident. Cependant le sens que donne Macron à ce terme n'est pas celui auquel je pense, car s'il y a bien un agent de la décivilisation en occident qui ronge nos sociétés de l'intérieur ce n'est pas la barbarie. La barbarie n'est que la résultante en réalité d'un mal plus profond qui avait déjà été analysé par d'autres que celle de l'anomie. L'économiste Jacques Généreux dans son livre éponyme de 2006 parlait de la dissociée, plus ancien, Pierre Thuillier dans son livre "la Grande implosion" prophétisait la mort d'un occident aveuglé sur sa propre réalité. Les réflexions de Thuillier prennent un sens particulièrement aigu aujourd'hui quand on voit l'aveuglement dont nos élites ont été capables avec la Russie ou la Chine. Tout se passe comme si l'occident, qui, depuis la révolution industrielle, donne le la à l'humanité, n'arrivait plus à relativiser son propre poids malgré les évolutions flagrantes du monde. D'autres auteurs ont évidemment parlé de notre déclin ou de l'effondrement de l'occident à commencer par Spengler.

 

Du libéralisme à la grande dislocation

 

 

Le propos de notre président cependant concernait spécifiquement des actes odieux liés à des interdits sociétaux. Mais il faut cependant rappeler ici que les statistiques infirment globalement les allégations sur le fait que notre société aurait de plus en plus de meurtres. Les médias déforment énormément la réalité du pays que ce soit en économie ou dans les affaires sociales. Par contre aux USA c'est une réalité malheureusement, mais en France cette affirmation est beaucoup plus discutable. Monsieur Macron utilise donc des faits divers certes malheureux, mais circonstanciels, pour en tirer un raisonnement général sur la société comme n'importe quel chroniqueur médiocre dont pullule le PAF télévisuel ou journalistique français. Donc si j'accepte l'idée d'une décivilisation de la France et de l'occident en général ce n'est certainement pas de la même décivilisation que celle de monsieur Macron. Ma vision personnelle est en fait beaucoup plus proche de celle de Jacques Généreux à savoir que nous vivons dans une structure qui est de moins en moins structurée du point de vue collectif. L'intérêt individuel ayant remplacé complètement l'aspect collectif. Si la décivilisation doit avoir un sens, c'est bien celui-ci.

 

Comme je l'ai expliqué dans mon texte sur l'opposition entre l'intérêt individuel et l'intérêt collectif, l'occident à la suite de l'effondrement du communisme est tombé dans la caricature. La disparition du modèle communiste a agi comme un détonateur libérant les forces dévastatrices de l'individualisme le plus délirant. S'il y a bien une décivilisation, c'est ce libéralisme économique délirant, qu'on l'appelle néolibéralisme ou autre chose, qui en est responsable avant tout. Une société n'est pas un amoncellement de choix individuels agglomérés, une telle structure n'a aucune chance de fonctionner. On ne voit pas par quel miracle magique la somme des intérêts individuels pourrait aller vers l'intérêt collectif. L'anomie qui est la résultante du libéralisme économique conduit la société vers nulle part, au mieux vers la stagnation au pire vers l'effondrement. Et la médiocrité actuelle de la direction de nos sociétés tient aussi de cette évolution culturelle. Car les individus au pouvoir se conduisent bien comme l'homo œconomicus des économistes libéraux. Ils optimisent leurs actions dans leur intérêt individuel n'ayant guère de pensée pour les conséquences collectives. Ils ne pensent pas l'intérêt national, mais bien à leur personne quand ils agissent au plus haut niveau de l'état et monsieur Macron est un parfait représentant de ce type de comportement. Et tous les anciens citoyens font de même, de sorte que l'altruisme, le sens du devoir, l'honnêteté, l'empathie, toutes ces vertus qui faisaient en réalité fonctionner les rapports humains s'estompent au point d'en devenir presque des entraves pour ceux qui les pratiquent encore. Elle est là la décivilisation, c'est la mort du citoyen remplacé par l'homo œconomicus, et le consommateur.

 

Le libéralisme est parti du principe que les individus se comportaient comme ils se comportaient de façon naturelle quel que soit la société dans laquelle ils vivaient. Dès le départ même ils jugeaient la société comme seulement une entrave à l'individu ne comprenant pas l'interaction très importante entre le comportement individuel et les règles et traditions de la société dans laquelle ils avaient grandi. On est face à une erreur anthropologique majeure qui a été de penser l'individu comme complètement indépendant de la société et de la culture dans laquelle il a été élevé. La réalité comme l'ont montré les anthropologues et Emmanuel Todd dans ses œuvres est que l'individu est le produit de sa culture familiale et de la société dans laquelle il baigne. Organiser toute la structure de la société en se basant sur l'idée que laisser les individus suivre toutes leurs lubies conduirait automatiquement au mieux-être social était forcément une impasse. Mais il a fallu du temps encore une fois entre l'application théorique du libéralisme et ses conséquences. Ce n'est qu'aujourd'hui que l'homme occidental est enfin débarrassé de tous ses liens religieux politiques et même familiaux. Comme le disait le personnage de fiction Aragorn dans le Seigneur des Anneaux adapté par Peter Jackson, c'est donc l'heure des loups et des boucliers fracassés en occident.

 

Ainsi la décivilisation dont parle Macron n'est pas la bonne. Il nous parle d’agressions stupides et violentes de quelques individus. Mais la décivilisation c'est d'abord dans le comportement des dominants, et de ceux qui ont le pouvoir qu'on la voit. La décivilisation c'est par exemple d'imaginer déporter des SDF de la capitale pour que le gratin mondial puisse festoyer en toute quiétude dans la capitale française, appelée jadis ville lumière. La décivilisation c'est quand la police nationale est utilisée de façon violente volontairement contre les citoyens mécontents des politiques menées. La décivilisation c'est quand un individu se croyant tout puissant n'écoute personne et impose son point de vue par la force en détournant le sens des institutions. La décivilisation c'est faire passer des intérêts privés avant l'intérêt général. Faire passer des réformes pour engraisser les copains ou soi-même. La décivilisation c'est passer dans PIF gadget en étant président de la République et accepter la désacralisation de toutes les fonctions de la représentation publique et leur abaissement. La décivilisation c'est abandonner l'instruction des jeunes aux fantasmes de quelques idéologues et ne plus assurer la transmission des savoirs les plus basiques. La décivilisation c'est mentir effrontément en permanence, ne croire en rien et être capable du pire pour faire valoir sa petite personne. La décivilisation c'est faire passer ses intérêts avant tout le reste et dire qu'il s'agit là de la forme suprême de la rationalité économique et politique. La décivilisation c'est vendre son pays à la découpe, pour diverses raisons personnelles et prétendre défendre ses intérêts. Faire preuve de décivilisation c'est se comporter en libéral en fait.

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22 mai 2023 1 22 /05 /mai /2023 16:34

 

Alors que le gouvernement annonce une réforme des lycées professionnels hautement discutable. Le but n'étant pas vraiment de les valoriser, mais de donner accès à une main-d’œuvre à moindre coût pour certains secteurs d'activité. Il est peut-être temps de donner quelques idées générales pouvant permettre une revalorisation de l'emploi industriel et agricole dans notre pays. Car cette fausse réforme n'est qu'un énième plan de communication du gouvernement visant à camoufler plus ou moins maladroitement son objectif réel. Le patronat du secteur hôtelier et de la restauration se plaint ainsi régulièrement d'un manque de main-d’œuvre. Et lui permettre d'utiliser la jeunesse en formation à pas cher est un moyen de palier à cette réalité. Je ne parlerai bien évidemment pas ici de l'immigration qui est vue par eux comme un miracle puisqu'ils en récoltent les gains sans en payer le prix, celui de la délinquance, du coût de l'éducation, du logement, bref du coût en termes d'infrastructures diverses. S'il y a bien un endroit où l'on peut parler de privatisation des gains et de socialisation des pertes, c'est bien dans le cas de l'immigration de masse. On peut parier également que l'autre réforme, celle du RSA, vise la même chose, c'est-à-dire combler les trous de ces secteurs d'activité qui ne cherchent ni à faire des gains de productivité ni à mieux partager les gains en augmentant les salaires.

 

J'ajouterai également qu'il y a en France un vrai mépris pour les activités techniques et manuelles, et cette réforme des lycées professionnels en est une nouvelle preuve. Ce n'est pas très original de le dire, mais c'est un fait avéré. C'est d'ailleurs assez frappant quand on compare la France avec des pays comme le Japon, qui lui, a su maintenir un vrai enseignement professionnel et technique. Et la chose n'est pas nouvelle, c'était déjà le cas dans les années 80-90. Faut-il y voir l'influence de la croyance de la société totalement orientée autour des services ? La dernière réforme vise donc non seulement à pourvoir une main-d’œuvre pas chère, mais aussi une main-d'œuvre qui ne pense pas puisqu'on lui enlève les heures de cours d'enseignement général. Comme si les jeunes en BEP ou Bac pro ne pouvaient pas par la suite changer de direction. Pour la petite histoire, j'ai un ami qui était avec moi à la Fac de science en licence/Maîtrise au début des années 2000 et qui avait pourtant fait un BEP électronique. Il a brillamment réussi son DUT et il est allé à la FAC, et a fait un DEA, puis il a passé une thèse. Il est aujourd'hui directeur de recherche à l'étranger. Comme quoi il est bien mal aisé parfois de savoir quel sera le destin d'un étudiant et d'un jeune en se basant uniquement sur les notes dans les petites classes. Et ce qu'il a fait, il le doit aussi à la possibilité qu'il y avait de changer de cursus en route. C'est cette possibilité qu'on supprime en éliminant le contenu général de l'enseignement professionnel.

 

Pour revenir à notre sujet dans les années 70 sous Giscard est arrivée l'idée folle d'une société sans industrie. Ce n'est d'ailleurs pas sans rappeler les délires d'un Serge Tchuruk sur les entreprises sans usine, la pauvre Alcatel en a fait les frais. Il y a eu une confusion à mon sens entre l'évolution de la quantité d'emplois dans certains secteurs liés aux gains de productivité et l'importance économique de ces mêmes secteurs. Le déclin de l'emploi en proportion de l'agriculture et de l'industrie a accompagné les trente glorieuses en fait. C'est l'agriculture qui a fait les plus gros gains de productivité après guerre loin devant l'industrie en fait. Mais le déclin en proportion de l'emploi ne signifiait pas la disparition des activités. Au contraire, pour fournir tout ce qui est consommé par notre société, il était important de continuer à produire même avec peu de monde du fait des gains de productivité. Las, dans les années 70-80 la proportion d’emploi tertiaire était devenue telle que la défense de l'emploi industriel et agricole est devenue moins importante pour les politiciens. C'est un facteur qui est rarement aperçu, mais je pense qu'il s'agit là de la vraie motivation pour la désindustrialisation dans notre pays . La disparition en volume des agriculteurs et des ouvriers a également fait disparaître l'intérêt politique pour ces secteurs d'activité en dehors de quelques formules sur la France paysanne. La globalisation par nos dirigeants s'est ensuite enclenchée par l'ouverture des frontières et vous connaissez la suite. L'industrie ne représente plus que 10% du PIB et surtout nous croulons sous les déficits commerciaux pour nourrir la population et sa consommation. Les dirigeants en France ont mis la poussière sous le tapis de la dette depuis quelques décennies, mais nous atteignons les limites dans ce domaine. D'où les discours sur la réindustrialisation, même s'il s'agit dans le cas de Macron d'un discours creux comme on a pu le voir dans le dernier texte.

 

 

Il va falloir taper sur les services

 

Cependant, nous avons de nombreux problèmes pour faire cette réindustrialisation au-delà des questions macroéconomiques que j'aborde fréquemment sur ce blog. Le premier est que nous sommes un pays de vieux. La démographie n'est vraiment pas à notre avantage, or les jeunes sont les plus à même de changer pour d'autres activités. Changer de métier est plus simple à 20 ans qu'à 50 ans, c'est une évidence. Le second facteur est le besoin d'une valorisation de l'emploi industriel pas seulement sur le plan financier, mais aussi culturel et éducatif. Il va sans dire qu'il est nécessaire d'augmenter fortement l'importance des sciences et techniques à l'école. Mais pour cela encore faudrait-il revaloriser l'emploi d'enseignant lui aussi. Et cela sans faire des hausses de salaire en trompe-l’œil. Il faut le dire ouvertement, on doit fortement augmenter les salaires dans l'enseignement . Si l'on ne rend pas plus attractif le métier de professeur, comment voulez-vous commencer à faire une véritable politique d'instruction publique ? Enfin, je ne m'attarderai pas sur cette question, elle demanderait une analyse complète de la situation des enseignants en France.

 

Pour ce qui est du déclin démographique, nous ne pouvons rien n'y faire, du moins à court terme. Il faudrait revoir complètement notre politique familiale pour vraiment faire une relance, mais même dans ce cas il faudrait des années pour compenser le déclin actuel. En attendant, nous allons vers des pénuries dans nombre de secteurs à plus ou moins long terme même si à l'heure actuelle nous sommes loin du plein emploi. Dans ce cadre là il est à mon sens important de se demander quels secteurs devraient être valorisés pour avoir accès à cette main-d’œuvre en voie de raréfaction. On ne gère pas une situation de pénurie comme on gère une situation d'abondance. Si dans le cadre de l'abondance le fantasme du marché autorégulé pouvait faire illusion, ce n'est plus du tout le cas dans la pénurie. La France a beaucoup trop d'emploi de service. Et si nous voulons valoriser l'emploi industriel et recréer des activités de production, il va bien falloir déshabiller Paul pour habiller Jacques. En l’occurrence ici, faire en sorte que les gens se détournent des emplois de service pour plutôt aller vers l'industrie et l'agriculture.

 

Quelle méthode employer ? On pourrait imaginer plusieurs solutions. La première consisterait à simplement taxer les activités de services et utiliser les gains pour subventionner l'industrie et l'agriculture. À titre personnel je n'aime pas les subventions permanentes, on a vu ce que cela a donné dans le secteur du cinéma. Je verrai bien plutôt une politique de hausse des charges dans le secteur des services pour financer une baisse des charges dans l'industrie et l'agriculture. En gros, on financerait une baisse du coût du travail industriel et agricole par un surcoût dans le secteur des services. Ces derniers représentant un volume largement plus grand, on pourrait même imaginer une suppression des charges dans le secteur industriel et agricole. De telles baisses permettraient aux industriels de fournir des salaires plus attractifs et donc d'attirer plus facilement des salariés. Cela donnerait également un coup de pouce à leur compétitivité même si sur ce plan il faudra de toute manière sortir de l'euro et du libre-échange pour réellement résoudre nos problèmes de compétitivité externe. À côté de ça il nous faudrait une véritable politique publique pour le logement . En effet l'un des freins à la réallocation des actifs dans de nouveaux secteurs d'activité tient à la question de la mobilité. Les loyers et les prix du m² délirants qu'on connaît en France aujourd'hui ne facilitent vraiment pas la mobilité salariale. Sans parler du coût des transports. On le voit, la réindustrialisation passe par la résolution d'une multitude de problèmes.

 

Pour ce qui est plus spécifiquement de l'agriculture, on sait qu'aujourd'hui beaucoup d'exploitations sont en déshérence . Nos agriculteurs sont âgés et beaucoup n'ont pas de successeurs. Il faut donc attirer les jeunes. Valoriser la formation agricole peut aider bien évidemment. Mais il faut surtout leur donner un socle leur permettant de débuter sans trop de stresse et de difficulté. Les libertariens délirants parlent souvent du revenu universel. Pour toute la population, je n'ai jamais pensé qu'il s'agissait d'une bonne solution à la misère. Cependant, on pourrait imaginer cela pour l'agriculture spécifiquement. On verserait un revenu minimum à tous nos agriculteurs pour les aider à passer les moments difficiles. Un revenu minimum sans contrainte pour tous les agriculteurs de 1000 euros par mois reviendrait à environ 5 milliards d'euros par an (en comptant 416 000 agriculteurs actifs). Un effort bien modeste en vérité pour donner de la stabilité au revenu d'une population qui jongle avec les tracasseries du temps et de l'instabilité des marchés agricoles . Si nous accompagnons de cette politique d'une politique protectionniste pour valoriser la production nationale ainsi que des prêts publics à taux zéro pour l'investissement agricole, nous devrions vraiment relancer notre agriculture.

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11 mai 2023 4 11 /05 /mai /2023 16:44

 

Le macronisme est un mouvement politique extrêmement étrange à plus d'un titre. On le dépeint souvent comme la fusion des multiples branches du libéralisme français. Le libéralisme économique pur de la droite d'une part et le libéralisme social de l'ancien parti socialiste. Pour résumer, c'est la fusion du libéralisme économique et du libéralisme libertaire. On ne saurait cependant lui associer le libéralisme politique, car l'autoritarisme de plus en plus affiché du mouvement macroniste le rapproche plus de la tendance autoritaire d'une frange importante de l'histoire politique française. Macron serait donc un libéral au sens économique et sociétal, couplé à une vision autocratique de la politique. Je ne saurais dire s'il s'agit là du fond du macronisme ou d'une évolution imputable à la perte de contrôle du pays par les classes sociales bourgeoises sur le plan politique. Mais il y a indéniablement une montée de l'autoritarisme chez Macron et ses subalternes. Le bloc bourgeois, dont la stratégie de l'essuie-glace entre la gauche et la droite n'était plus pertinente, a pris un virage franchement autoritaire. La démocratie d'apparat, qui nous tenait lieu de régime politique, fait de moins en moins illusion au fur et à mesure que le bloc bourgeois s'énerve de ne pas voir ses projets être mis en pratique sans discussion préalable. L'étrange moment que nous vivons est en partie lié à cette obsession pour le libéralisme économique qui aujourd'hui va jusqu'à remettre en cause les libertés publiques et les libertés politiques. Je l'avais déjà écrit, mais il y a une opposition réelle entre le libéralisme politique et le libéralisme économique, même si les deux parlent de liberté, elle n'a en réalité pas du tout le même sens. Nous vivons aujourd'hui en Europe cette contradiction absolue à un niveau jamais vu.

 

Je parle de l'Europe bien évidemment puisque les bureaucrates bruxellois ont fêté le 9 mai dernier l'anniversaire de la déclaration de Robert Schuman du 9 mai 1950 . Cette construction européenne qui est présentée sans arrêt comme la source de la prospérité du continent d'après guerre alors qu'elle n'a vraiment commencé à peser qu'au moment où justement le continent commença à rentrer en crise dans les années 70. Comme l'UE et l'euro ont un bilan absolument épouvantable sur le plan économique, seul leur reste la possibilité de s'associer à des réussites qui ne sont pas de leur fait. Les bureaucrates et les idéologues bruxellois ne sont en fait guère différents de ce pauvre maître Gims et ses fantasmes égyptiens, réécrivant l'histoire à leur convenance en créant une histoire fantasmagorique pour combler une blessure narcissique. Car l'UE ce n'est pas la paix, celle-ci fut le fruit de la guerre, des USA de l'URSS et de la destruction de l'appareil militaire allemand. L'UE ce ne fut pas la prospérité d'après guerre qui s’appuya essentiellement sur les états nations européens interventionnistes et protectionnistes. L'UE c'est la CEE qui dérégule l'économie dans les années 70 puis le système monétaire européen qui maintient artificiellement la valeur des monnaies provoquant crises et chômage, puis l'euro qui a définitivement fait sortir les pays membres de la croissance mondiale. L'UE c'est 50 ans de déclin économique et l'euro 20 ans de stagnation. Vous comprenez maintenant pourquoi les européistes sont si prompts à associer leur UE à des réussites comme Ariane Espace, Airbus, etc..

 

L'UE, l'euro et la concurrence salariale

 

L'UE a de nombreuses tares que je ne vais pas totalement énumérer, car la liste serait trop longue. La dérégulation financière a mis fin à la possibilité de taxer les grandes entreprises et les particuliers fortunés qui peuvent en toute légalité jouer sur le différentiel fiscal entre les pays membres. L'Irlande a fait toute sa fortune sur l'attraction des multinationales cherchant à ne pas payer d'impôt par exemple. Il est de ce fait assez risible de voir des dirigeants français, à l'image de monsieur Gabriel Attal, vouloir lutter contre les fraudes fiscales alors même que toute la construction européenne a été fabriquée pour les favoriser. Cette concurrence fiscale a en effet été voulue pour tirer les fiscalités nationales vers le bas par le simple jeu de la concurrence. Le pays ayant la fiscalité la plus basse attirant mécaniquement les entreprises dans un système où il n'y a plus de frontières pour les capitaux. Un enfant de cinq ans comprendrait ça. Et nos dirigeants le savent très bien même s'il faut faire semblant et donner un os idéologique à ronger de temps en temps à la population en lui faisant miroiter un retour à une fiscalité plus juste.

 

Mais il y a un autre domaine où la dérégulation a entraîné une situation désastreuse, c'est bien évidemment celui des salaires. Les libéraux se gargarisent souvent de la question de la concurrence. La concurrence c'est le mécanisme magique qui fait baisser les prix et produit des gains de productivité. Enfin ça c'est la théorie parce qu'en pratique c'est infiniment plus compliqué et il n'est pas rare qu'en réalité la concurrence fasse grimper les prix et nuise à la productivité, mais c'est un autre débat sur lequel je reviendrais probablement une autre fois. Cependant ce qu'ils oublient généralement c'est que la concurrence est un processus transitoire dans le marché. La nature tendancielle du marché est de concentrer les activités, car la plus grosse entreprise finit toujours par écraser les autres au bout d'un moment. C'est pour ça qu'on assiste progressivement à des concentrations de capital et d'activité. L'entreprise la plus grosse pouvant rapidement investir plus et faire baisser les prix plus rapidement par l'économie d'échelle. À la fin, le marché se réduit rapidement à des cartels au mieux et à des monopoles privés au pire comme c'est souvent le cas dans le domaine de l'informatique par exemple. Et le capital adore ça la concentration, car moins de concurrence c'est plus de marge possible et des prix forts. L’amoindrissement de la concurrence est donc le but du capitalisme qui concentre les activités et qui peut ensuite prendre autant de marge qu'il le souhaite. Un coup d’œil rapide aux marges des activités de l'agroalimentaire ou de la gestion de l'énergie ou de l'eau montre que nous avons des cartels en France et en Europe, pas des marchés concurrentiels. S'ils le furent probablement au début des années 80, la concentration des activités est telle aujourd'hui qu'ils peuvent prendre d'énormes marges sans crainte de perdre des parts de marché. (merci à François Geerolf pour le graphique).

 

 

Le marché européen étant déjà ancien des cartels et des monopoles à l'échelle du continent, se sont maintenant fabriqués. Penser donc que le marché européen produit de la concurrence est essentiellement faux si l'on se place du côté des entreprises. Un marché composé de deux ou trois grands groupes, ce n'est pas un marché concurrentiel selon la définition même du marché selon les libéraux eux-mêmes. Alors de quelle concurrence parle-t-on lorsque l'on parle de marché européen aujourd'hui ? Est-ce que l'entrée hypothétique de l'Ukraine va accroître la concurrence en Europe pour les entreprises européennes ? Évidemment non . Sur le plan agricole peut-être, cela détruira encore plus l'agriculture française ou ce qu'il en reste pour la production de blé. Mais sinon l'Ukraine ne produit pas grand-chose et encore moins depuis la guerre. Tout comme pour l'entrée des pays de l'Est au sein de l'UE c'est avant tout sur le plan des salaires que la concurrence est féroce. Car ce qui structure aujourd'hui le marché européen c'est avant tout la concurrence entre les salariés et les systèmes sociaux des différents pays membres. Lorsque les européistes vous parlent de concurrence libre et non faussée, c'est en fait de la concurrence salariale qu'ils parlent sans parfois même s'en rendre compte.

 

Une baisse des salaires en France pour sauver notre appartenance à l'euro ?

 

Et dans la même idée que celle sur la dérégulation financière, il s'agissait donc avant tout de casser les salaires et les avantages sociaux dans les pays membres de la construction européenne. Ce fut parfois dit de façon explicite, mais le plus souvent caché derrière de faux arguments et un panache de fumée idéologique présentant l'UE comme un havre de progrès social et civilisationnel. C'est dans ce cadre-là qu'il faut à mon sens penser la politique actuelle de monsieur Macron. Ce dernier semble comprendre un peu la situation dramatique du pays. Il sait pertinemment que le déficit commercial a atteint un niveau extrêmement dangereux qui hypothèque même l'avenir de la France dans la zone euro. En effet, il n'est pas certain que l'Allemagne accepte encore longtemps de partager sa monnaie avec un pays plombé par les déficits commerciaux même si cette dernière en bénéficie comme nous l'avons vue dans mon texte précédent. La bourgeoisie française, peu attachée à l'intérêt national, doit donc tout faire pour sauver son appartenance à l'UE et à l'euro. En effet, en cas d'exclusion, le pays devrait rééquilibrer ses comptes brutalement. Avec une monnaie nationale, cela signifierait une baisse brutale du niveau de vie pour tous les Français, mais aussi pour les classes dominantes par le truchement de la dévaluation monétaire.

 

La bourgeoisie rentière doit donc trouver une méthode pour rééquilibrer les comptes extérieurs sans nuire à ses propres intérêts. Évidemment le seul moyen pour y arriver, à moins d'espérer une réindustrialisation magique produite par la verve de notre président, c'est la basse de la demande intérieure et l'amélioration de la compétitivité des salariés français. Comme il ne faut pas trop compter sur la hausse de la productivité dans un pays où les entreprises préfèrent verser des dividendes aux actionnaires plutôt qu'investir en R&D, c'est par la baisse des salaires qu'il faut le faire. Las, les Français ne sont pas des Allemands ou des Japonais, capables d'accepter la baisse de leurs salaires et de leurs niveaux de vie en fermant leurs gueules. Il faut en passer par d'innombrables méthodes de camouflage présentant des mécanismes pensés pour tirer les salaires vers le bas comme des stratégies visant à améliorer telle ou telle situation économique particulière. C'est exactement ce que l'on voit en ce moment comme politique agressive de la part du gouvernement Macron.

 

Ainsi la pseudoréforme des retraites prend du sens s'il s'agissait simplement de baisser les pensions à terme puisque le chômage chez les plus de 55 ans est très élevé. Retarder l'âge de la retraite revient donc à diminuer le nombre d'annuités versé. De la même manière la pseudoréforme pour aider les gens au RSA à retrouver le chemin du travail, ne vise en fait qu'à créer une main-d’œuvre pas chère qui concurrencera ceux payés au SMIC à temps plein. Et c'est la même chose pour le paiement au rabais de l'apprentissage dans les lycées . À chaque fois, il s'agit de créer des statuts intermédiaires justifiant une sous-rémunération pour des salariés qui rentreront en concurrence avec les smicards de gros secteurs d'emplois. Bien sûr, tout ceci est présenté comme des mesures d'insertion ou de formation visant à attirer vers le travail des populations jugées fainéantes par le système bourgeois. On le voit ici, l'immigration et les délocalisations ne sont pas les seules méthodes employées par les classes sociales dominantes pour tirer les salaires vers le bas. La casse de la demande intérieure est le seul mécanisme imaginé par nos élites pour rééquilibrer la balance des paiements . Cela fait longtemps qu'ils font ça d'ailleurs. Car une sortie par le haut passant par le protectionniste, une véritable politique industrielle et des dévaluations aurait des répercussions sur le niveau de vie des dominants. Il ne faut pas chercher beaucoup plus loin l'origine de leur obsession pour l'UE et leur absence totale de volonté de protéger les salariés français de la concurrence étrangère, car ce serait contraire à leur intérêt à court terme.

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