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19 août 2019 1 19 /08 /août /2019 18:04

Le taux de chômage a-t-il encore un intérêt ?

 

Notre gouvernement s’enorgueillit de la baisse comptable du chômage en France. Une baisse extrêmement relative d'ailleurs même en excluant les manipulations assez classiques dans le domaine consistant à la fois à exclure les catégories de chômeurs qui elles augmentent tout en radiant massivement les chômeurs potentiellement comptabilisables. La méthode est ancienne et c'est aux USA inventeur du trafic statistique de masse que les chiffres du chômage sont d'ailleurs les plus étranges. On a ainsi officiellement une situation de plein emploi, mais le taux d'activité des hommes en âge de travailler n'a jamais été aussi faible. Le nombre de personnes dépendant des bons alimentaires aux USA a été de 40 millions en 2018, c'est certes une amélioration par rapport à 2013 ou près de 47 millions de personnes ont bénéficié de cette aide, mais c'est tout de même étrange dans un pays qui affiche officiellement le plein emploi. À moins que comme l'on peut le supposer l'emploi ne soit plus vraiment une garantie pour vivre correctement ce qui explique en partie ce paradoxe.

 

L'on pourrait dans le cas des USA rebondir sur les analyses assez connues de l'économiste John Williams qui situe le chômage réel aux USA à environ 21 % à l'heure actuelle avec une baisse réelle, mais beaucoup moins forte qu'officiellement depuis l'arrivée de Trump. Cette statistique colle effectivement mieux au taux de participation à l'économie réelle . Quoi qu'il en soit même en prenant en compte le taux de chômage il va falloir accepter que ce taux soit de moins en moins pertinent pour décrire la situation économique d'un pays et pas seulement aux USA. En France les salaires ont totalement décroché des loyers et du coût de la vie en général . Les expulsions pour loyers impayés ont par exemple bondi de 75 % depuis l'an 2000 alors qu'officiellement le chômage n'est pas beaucoup plus élevé qu'à l'époque et que le niveau de vie officiel est censé avoir augmenté si l'on se fit aux statistiques de l'Insee. C'est bien évidemment l'explosion des coûts du logement et la bulle immobilière qui sont responsables de cette situation. C'est d'autant plus vrai que contrairement aux USA par exemple la crise de 2008 n'a pas entraîné une correction du marché immobilier qui a continué à maintenir des niveaux totalement absurdes par rapport aux salaires moyens français. C’est particulièrement vrai en région parisienne comme nous en avions parlé dans un autre texte.

 

Aucun rebond du taux de participation à l'économie aux USA
Taux de chomage aux USA comparé

L'on voit donc que la question du chômage au fond est une question de point de vue en partie. Les institutions officielles jouent en règle général du flou artistique entourant la « science économique » qui ressemble parfois bien plus à un art de rhétorique qu'à une science réelle. Après tout imagine-t-on des physiciens passer leur temps à discourir sur la validité de la mesure d'une unité de distance comme le kilomètre ou de la force comme le Newton ? Non bien évidemment. Et pourtant c'est bien souvent autour de la façon dont certaines réalités économiques et mesures économétriques sont faites que se situe le débat public et économique. Preuve s'il y en avait vraiment besoin d'une que l'économie n'est pas du tout une science, mais bien plus un langage visant à camoufler des objectifs politiques. L'on pourrait s'amuser à regarder ce qui compose les indices de l'inflation pour voir comme certains économistes que celle-ci est largement sous-estimée. Les produits de première nécessité ayant flambé sont camouflés d'un point de vue statistique par la baisse relative des coûts des biens technologiques sur la même période.

 

 

L'une de mes marottes préférées est bien sûr la façon dont les économistes mesurent la productivité du travail. C'est l'économiste Jean Luc Gréau qui avait soulevé très justement la question dans son livre « L'avenir du capitalisme » écrit en 2005 et qui avait d'ailleurs de façon très prophétique prédit la crise des subprimes aux USA ainsi que les crises grecques, espagnoles et portugaises à une époque où tout le monde parlait de miracle. L'on ne s'étonnera guère que Jean Luc Gréau soit si peu sollicité par les médias il est sans doute trop sérieux pour eux. Les économistes mesurent la productivité en général par le PIB divisé par le nombre d'heures travaillé. Ainsi plus le PIB est élevé par heure travaillée et plus la productivité est élevée. C'est une façon de mesurer la productivité du travail qui n'a en fait aucun sens dans une économie ouverte, mais bien peu d'économistes en ont conscience ou ne veulent le voir tant cet outil leur facilite la vie. En effet, quoi de mieux qu'un indicateur synthétique qui résume la productivité du travail et vous permet d'expliquer simplement pourquoi tel ou tel pays a des difficultés ? L'on pourrait d'ailleurs s'amuser à représenter l'économie comme la « science » qui simplifie la réalité et la politique. Vous avez trois ou quatre paramètres et vous faites toutes vos politiques là dessus. C’est quand même plus simple que de faire de la politique, de l'histoire, de la sociologie, de l’anthropologie, de la philosophie, des sciences et de la géopolitique pour bien gérer son pays non ? À l'origine la productivité du travail est un instrument utilisé dans le milieu industriel, un outil hérité de l'époque fordiste où l'on comptait le nombre de voitures produites à l'heure. Cette productivité-là avait un sens. Par contre à l'heure où la majorité des produits manufacturés sont importés, et où la majorité de l'emploi est dans le secteur tertiaire, et dans des occupations dont on a souvent du mal à comprendre l'intérêt réel, calculer la productivité de l'emploi à l'échelle du pays devient un exercice qui relève plus de la prestidigitation comptable que de l'analyse sérieuse. Quelle est donc la productivité d'un footballeur professionnel pour un pays ? Ou celle d'un coach spirituel ? Et les youtubeurs quel est leur apport à la hausse de la productivité du travail ?

 

On pourrait en rire si ce n'était aussi tragique tant l'image que construisent les économistes de l'économie n'était pas aussi importante dans les directions des nations. Ainsi donc voit-on la productivité du travail aux USA grimper en flèche en même temps que le déficit commercial plonge et que la production de bien réel diminue. Tout ça parce que les importations participent à la croissance du PIB à travers les reventes et font augmenter la productivité du travail comptable apparente. Le problème c'est que cette productivité laisse derrière elle un déficit et une dette extérieure. C'est cette réalité que cache une bonne part de la croissance de la productivité en occident depuis 40 ans . Là où la productivité du travail était une réalité dans le monde régulé et fermé d'après-guerre, la notion de productivité n'est plus qu'une illusion qui camoufle des rapports de domination commerciaux. La guerre commerciale entre les USA et la Chine provient du changement de rapport de force qui n'est pas encore entré dans la réalité statistique en quelque sorte. Trump sait parfaitement quel est l'état réel de l'économie américaine . La croissance récente aux USA a été produite par la forte hausse du déficit commercial tout comme ses prédécesseurs depuis Ronald Reagan . Ce qu'il y a c'est que la Chine est aujourd'hui trop grosse pour continuer à voir son PIB grossir en exportant en Europe et aux USA. La crise de 2008 a montré également que les USA arrivaient à un plafond difficilement dépassable en terme de déficit commercial. La Chine prend donc un tournant vers sa demande intérieure , elle y sera obligée. Mais la hausse des salaires qu'elle camoufle derrière une monnaie largement sous-évaluée aura un impact très important en occident. Trump tente de réindustrialiser les USA grâce au protectionnisme, mais rien ne dit que ce sera suffisant à l'heure actuelle.

 

Le travail est de moins en moins rentable

 

Pour en revenir aux statiques du chômage un autre chiffre assez paradoxal. L'autre champion du néolibéralisme la Grande-Bretagne, qui a assis d'ailleurs longtemps ses réformes libérales sur son pétrole en mer du nord, connaît des évolutions extrêmement inquiétantes sur le plan social. Alors que le pays est censé avoir le plein emploi, l'on voit des niveaux de pauvreté dans la population tout à fait invraisemblable pour un pays censé être riche. Ainsi l'UNICEF vient de montrer que près de 19 % des enfants de moins de 15 ans de ce pays vivent avec un adulte qui a du mal à acheter sa nourriture. 30 % des enfants vivent dans la pauvreté. Rappelons que la Grande-Bretagne tout comme la France n'a pas une démographie très dynamique. On ne parle pas ici d'un pays qui fait 5 ou 6 enfants par femme, mais bien d'un pays qui connaît depuis 40 ans une natalité inférieure au seuil de reproduction. Et pourtant malgré cette faiblesse démographique la Grande-Bretagne n'arrive pas à nourrir tous ses enfants convenablement. L'on voit mieux ici le caractère désuet du seul chiffre du chômage. Le plein emploi ne dit rien de la santé économique du pays bien au-delà de la seule question de la validité ou non de ce plein emploi.

 

Après 40 ans de déconstruction du Code du travail, on en arrive à une situation ou des gens qui travaillent n'ont plus de quoi subvenir à leurs besoins. Je serais taquin, je dirais que même l'esclavage était un moins mauvais système que le néolibéralisme actuel en ce sens que les esclaves mangeaient et pouvait avoir des enfants. C'était d'ailleurs dans l'intérêt du maitre que de maintenir le renouvellement de ses esclaves. Là le capitalisme libéral en arrive à un stade où même les besoins les plus vitaux ne sont plus remplis pour une part croissante de la population . Et cela sans guerre, sans épidémie et sans crise politique majeure. C'est beau quand même ce niveau de nullité en terme d'efficacité pour la majorité de la population. La Grande-Bretagne vivra-t-elle les mêmes mésaventures que l'Irlande au 19e, et ce pour des raisons similaires, l'ordre du saint laissez-faire libéral et du libre-échange? Mais ne critiquons pas trop nos amis britanniques. La France fait un rattrapage hors du commun avec ses pénuries de médicaments et ses importations de plus en plus massives de productions agricoles. Les libéraux arriveront bien à refaire des famines en Europe continentale d'ici vingt ans à ce rythme.

 

La globalisation économique n'a pas seulement mis par terre nos sociétés et nos organisations sociales. Elle a aussi mis à terre les indicateurs de la macroéconomie même si ceux qui en usent ne s'en rendent pas compte. Les références habituelles issues du corpus macroéconomique keynésien n'ont plus de sens quand vous rendez vos pays interdépendants. Et parler de plein emploi quand les emplois en question ne permettent plus de nourrir les travailleurs et leurs familles annule tout l'intérêt du plein emploi justement. À quoi bon travailler si l'emploi ne nourrit pas ? L'immense armada de travailleurs pauvres importés au nom des principes humanitaires dévoyés par les trafiquants d'être humain moderne s'explique d'ailleurs en partie par cette réalité . Les salaires dans un nombre croissant de secteurs étant trop faibles, l'on fait venir des pauvres d'ailleurs dont les références économiques sont moindres pour se substituer à la population récalcitrante locale. Ce n'est ni plus ni moins que la réinvention du commerce triangulaire sous une autre forme. Il est donc impératif de prendre du recul sur les indicateurs macroéconomiques. Il ne faut plus s'attacher à tel ou tel chiffre, mais bien au contraire voir un portrait d'ensemble de chiffres . Un ensemble de chiffres qui seul peut donner une validité à tel ou tel modèle économique. Arrêtons de tout vouloir simplifier de façon excessive. Voir dans la maigre baisse du chômage la réussite des réformes Macron n'est pas seulement un non-sens économique, c'est une insulte faite à l'intelligence. Le déficit commercial bat des records, la croissance est en panne depuis 2008 et l'UE se dirige lentement vers une déflation, l'Allemagne entrant maintenant en récession malgré ses excédents. Non ça ne va pas bien en France monsieur le président. Et vous pourrez afficher un taux de chômage officiel à zéro en manipulant les chiffres et en jouant sur les mots, mais les gens verront toujours la multiplication des SDF dans les rues, les hôpitaux surchargés, les services publics toujours moins nombreux, les paniers de plus en plus vides pour des dépensent croissantes et les centres-ville se vider de leur jeunesse à cause de loyers délirants. Le mensonge n'est pas une politique même si vous y croyez.

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17 juillet 2019 3 17 /07 /juillet /2019 21:02

 

Le ridicule frappe Macron en été. Tel est l'étrange statistique que l'on pourrait donner à l'apparition d'événements défavorables à notre communicant président. C'est que pour ceux qui s'en souviennent encore l'affaire Benalla fit parler d'elle en été tout comme l'affaire De Rugy frappe la macronie en cette saison estivale. Il faut croire que la torpeur estivale réveille le doute sur la qualité du bien aimé président des médias . Le pauvre président n'avait même pas pu profiter du succès de l'équipe de France de foot comme le président Chirac avait pu le faire pour enterrer les divers problèmes du pays sous un monticule d'idioties footballistiques et médiatiques. L'on pourrait toutefois objecter ici que l'affaire De Rugy fut en fait assez bruyante pour enterrer par exemple les événements dramatiques qui ont suivi le match de foot de l'Algérie le 14 juillet dernier. Événement dramatique dans le sens où il révèle l'échec total de l'assimilation de ces populations en France. Échec que l'on sait vrai pour quiconque connaît un peu le problème, mais qui a toujours été camouflé par les médias dominants et la machinerie de l'état.

 

Ici on a en plus assisté à une démonstration par l'absurde de la collaboration de l'état avec des insurgés d'origine étrangère. Cela pourrait tout du moins être interprété comme tel, tant la dichotomie devient énorme entre le traitement des Gilets jaunes issus de la contestation politique française et le laissez-faire maximal pour des bandits d'origine étrangère pillant les champs Élysée . Et n'oublions pas dans le même temps cette occupation des gilets noirs au panthéon. Je ne sous-entends pas ici qu'il s'agit de la part des institutions publiques d'une action réelle consciente visant d'une part à ne pas punir les populations étrangères sur notre sol, et d'autre part à vouloir maximiser la violence contre la population autochtone. Que cela soit le résultat d'une multiplication d'intérêt à court terme et de calcul de communication marketing est plus probable. La peur maladive de la bavure raciste vis-à-vis des médias devant probablement remplir la tête des flics et des ministres. Cette réalité suffit à expliquer cette différence de traitement. Mais que nos « élites » imaginent un peu le message envoyé à la population française dans son ensemble . On peut d'un point de vue logique en venir à penser que l'état français est aujourd'hui l'ennemie de la France et des Français et c'est probablement ainsi qu'une partie croissante de la population va voir les choses. Car à cette absurde irresponsabilité policière judiciaire et politique s'ajoutent les nombreuses traîtrises économiques et politiques qui s'accumulent depuis maintenant quatre décennies et qui atteignent leur point d'orgue avec le gouvernement Macron.

 

L'affaire Alstom ou ADP aurait mérité bien plus qu'une démission à la De Rugy, car il s'agissait là d'affaires bien plus graves montrant le niveau de corruption invraisemblable du gouvernement Macron. Une démonstration de la proximité philosophique de Macron avec l'ancien président Russe Boris Eltsine un mélange de hautes trahisons des intérêts du pays et d'une très forte corruption au plus haut niveau de l'état. On peut se douter que l'affaire De Rugy consiste peut-être dans la tête de Macron et de ses communicants d'un plan marketing visant à revaloriser la crédibilité du président à peu de frais. Un moyen pour faire oublier le reste, la mémoire médiatique de la population étant maintenant très courte surtout avec l'influence néfaste des médias sociaux. Regardez donc ce vil corrompu nous le faisons démissionner donc nous sommes honnêtes. On pourrait ici voir l'affaire De Rugy comme une forme française et minimaliste de la fameuse politique italienne des opérations mains propres. Une pure opération marketing donc dont monsieur De Rugy a probablement fait les frais. On se souvient pour l'occasion des manigances étranges autour du candidat Fillon dont les problèmes sont comme par hasard ressorti juste avant l'élection présidentielle. Au-delà du pathétique, il s'agit d'une démonstration du délitement moral et intellectuel au plus haut niveau de l'état. La France s'est bel et bien américanisée, la corruption étant devenue une pratique courante dans la politique du pays même si contrairement aux USA elle n'y est pas encore institutionnalisée.

 

L'état aggrave maintenant la fragmentation du pays .

 

Parallèlement à ces événements, une étude récente a montré le délitement de plus en plus assumé par les Français de l'unité nationale. Cette étude Ifop réalisé pour Atlantico (média plutôt libéral de droite, c'est à préciser) est juste un sondage, mais elle montre que les Français reconnaissent en tout cas que la société n'est plus qu'un amoncellement de communautés disparates. Une fragmentation qui a été analysée depuis longtemps, on se souvient de la célèbre phrase de Marcel Gauchet sur la fracture sociale qui a servi à l'élection de Jacques Chirac en 95. On pourrait y ajouter les analyses de Christophe Guilluy ou encore le mouvement des Gilets jaunes qui ne concernaient au final qu'une partie de la population, et qui n'a pas fédéré en fait l'ensemble des forces sociales, ni celle des bourgeois, ni celle des pauvres d'origine étrangère . En lui même, le mouvement des Gilets jaunes a montré la grande fragmentation de la population française.

 

C'est donc dans ce contexte particulier que l'état s'amuse à faire du sur mesure dans la manière dont il traite la population. D'un coté une extrême violence pour toute remise en question de la politique économique libérale du président Macron. Il pousse même le vice à remettre en question la liberté de manifestation ainsi que la liberté d'expression. Personne n'est dupe sur les multiples lois contre la « haine » sur internet, on sait d'expérience que ces nouvelles mesures seront surtout utilisées principalement contre les dissidents politiques. Du reste, il existe déjà dans la législation française tout un panel de mesure contre les menaces de mort ou ce genre de chose, mais ce n'est pas vraiment ce qui intéresse le président Macron. Son but est surtout de mettre sous silence les derniers morceaux de la population n'acceptant pas la sainte Europe et le saint libéralisme comme dogme. En jouant ce jeu du deux poids, deux mesures, sur la façon dont il traite les citoyens, l'état aggrave encore la dissension entre les « communautés ». Je dis communauté puisqu'il faut bien admettre que la France "une et indivisible" n'existe plus en pratique. Le rôle de l'état devrait être au contraire de rétablir l'égalité du traitement et l'indivisibilité des principes, mais ils scindent volontairement l'action judiciaire et policière. On atteint d'ailleurs ici le paradoxe absolu du fait que faisant cela au nom de l'antiracisme pour ce qui concerne les populations immigrées, l'état attise au contraire la haine et favorise très exactement ce qu'il prétend combattre.

 

Ce rôle de pompier pyromane n'est pas calculé, il découle naturellement de la logique libérale qui tient lieu de logiciel à Macron et à sa caste. On est à un stade tel de délitement intellectuel que je pense sincèrement que ces gens ne comprennent même plus la notion d'intérêt général ou d'action collective. Pour Macron et son équipe, il n'y a que des individus et leurs intérêts que l'on peut manipuler en fonction de son propre intérêt. Le clientélisme découle de cette logique. Les maires qui soutiennent l'islamisation des quartiers pour être réélus font partie de cette logique. Mais au-delà de ça nous sommes tout entier plongé dans une contre-civilisation ou plutôt une anti-civilisation qui ne pense qu'à fragmenter, fractionner, séparer les populations. Même la technologie nous divise puisqu'on sait que les gens sur internet et sur les réseaux sociaux restent essentiellement dans leur zone de confort et vont rarement se confronter à des univers, des cultures ou des idées qu'ils ne connaissent pas et qui divergent trop de leurs habitudes. À la séparation spatiale et culturelle, s'ajoute maintenant la séparation communicationnelle. A chacun sa source d'information pour ne pas heurter sa propre sensibilité.

 

La faiblesse de l'identité française qui contrairement à des pays comme le Japon ou l’Allemagne n'est pas le fruit d'une ethnie ou d'une culture propre, mais le produit d'une politique de longue haleine est maintenant un vrai handicap. La France pourrait ne pas survivre au 21e siècle. Car la France ne pourra pas survivre à son état, c'est son état jadis monarchique qui l'a construite. On a ici effectivement une question qui aggrave encore l'importance d'une sortie de l'UE et d'une reprise en main de l'état français par la population . Pour la France la sortie de l'UE n'est plus simplement une question de survie économique, cela devient véritablement une question de survie en tant qu’entité politique et territoriale. Dans peu de temps, les gens remettront en question leur appartenance à la France. Pourquoi en effet payer des impôts et obéir à un état qui agit visiblement contre nos intérêts ? Pour quoi payer pour une sécurité sociale qui soigne des gens avec qui je ne partage rien même plus la langue ? Je sais que cette stratégie est utilisée par l'extrême droite et les ultralibéraux pour justifier la liquidation de l'état providence, mais qu'ils prennent garde, car ce n'est pas juste l'état providence qu'ils vont détruire, mais bien toute la légitimité du pouvoir politique français. Et là nous serons en terrain inconnu. Les pires horreurs pourraient en sortir, c'est loin d'être exclu. Surtout avec les haines qui couvent dans tous les sens au pays du gentil vivre ensemble.

 

 

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12 juillet 2019 5 12 /07 /juillet /2019 16:01

Voyage au pays de ma petite ville de Montpellier. Embourgeoisée ma ville est devenue. Bien plus aujourd'hui qu'elle ne le fut jamais auparavant. La différenciation spatiale en fonction de la classe sociale à laquelle vous appartenez y est aujourd’hui tellement voyante qu'on ne peut guère mieux illustrer les analyses de Christophe Guilluy sur la question. Prenez donc le célèbre tramway de Montpellier et voyagez donc d'un bout à l'autre de la ville vous y trouverez l'essence même de ce qui cloche dans la société libérale du monde sans frontières de la tolérance universelle. Un patchwork de population n'ayant rien à partager ni à penser en commun. Partout se voit cette fragmentation ethnoculturelle aggravée considérablement par l'immigration de masse particulièrement forte ces deux dernières décennies dans la plus grande ville de l’Hérault. Partagée entre les bobos d'importation récente souvent parisiens, les étudiants festifs qui gobent l'intégralité du discours bien pensant, les retraités déconnectés des réalités du temps présent et l'armada sans cesse grossissante de populations d'origine étrangère, la pauvre ville de Montpellier n'est plus que l'ombre de ce qu'elle fut. Un centre-ville où se côtoie une misère invraisemblable peuplée de SDF français et d'immigrés turbulents, ainsi que d'une bourgeoisie prétentieuse sûre de ses valeurs de sa supériorité morale et qui peine à camoufler son mépris de classe.

 

C'est donc dans cette ambiance extraordinaire d'une ville plus américaine que française dans l'esprit que j’eus l'occasion d’observer de près l'un ces spécimens étranges de bourgeois qui a toujours raison. Non que je n'ai jamais eu à en côtoyer bien sûr. C'est une espèce fort répandue, l'élection de Macron en fut la preuve. Mais je vis là dans le tramway justement une démonstration de l'incroyable capacité du bourgeois libéral à s'aveugler et à nier la réalité même la plus évidente et triviale. La chaleur estivale était intense, le tramway débordait de population, et je n'étonnerais guère mon lectorat en disant que bien peu de personnes dans ce transport étaient françaises d'origine. La moitié venait probablement d'Afrique subsaharienne (population qui n'existait pas à Montpellier il y a seulement 20 ans) , le reste était composé de Maghrébins avec femmes en tchadors dans leur grande majorité. Au bas mot, les Français ne devaient guère dépasser les 10 % de la population de la rame. Ce n'est pas encore représentatif de la population d'ensemble de la ville. Nous n'en sommes pas encore là, mais il y a fort à parier que l'évolution démographique, la délinquance explosive ainsi que les nouveaux transports comme les invasives trottinettes électriques, ont poussé les autochtones à éviter de plus en plus les transports en commun. Quoi qu'il en soit la scène est en place.

 

C'est dans cette atmosphère désagréable où l'on a peine à s'imaginer être encore en France que j'observais mon étrange spécimen. Ce dernier était un homme d'une cinquante d'années bien habillé bardé de valises estampillées "Irlande" montrant qu'il revenait d'un voyage d'agrément au pays du trèfle à quatre feuilles. Il était accompagné de son fils, probablement un collégien de troisième. Ils discutaient ensemble et de manière intéressante montrant leur origine sociale bien mieux que n'importe quel vêtement. Je n'écoutais pas par curiosité malsaine, mais simplement parce que le hasard avait fait que je me trouvais juste à côté d'eux. N'étant guère un aficionado du smartphone et du divertissement portable, je préfère généralement observer le monde qui m'entoure directement. Il s'agit là à mon avis d'un exercice simple que certains de nos dirigeants seraient bien inspirés de pratiquer pour éviter le gouffre entre eux et leurs concitoyens. J'appris ainsi que mon spécimen était professeur d'université et que son fils se passionnait pour les sciences. Grand bien lui fasse, me dis-je alors. Il y a trop peu de jeunes Français aujourd’hui pour s'enquérir de telles passions. Mais voilà que de bonnes discussions scientifiques la discussion déborda sur la politique.

 

Voilà que le fils mit en question son père sur les questions politiques. Il eut le malheur de dire que tout de même le RN ne dit pas que des idioties et que parfois il fallait peut-être écouter ce que disaient les opposants politiques. Le père sortit alors de ses gonds, littéralement, une réaction grotesque du même acabit qu'un gamin qui s'énerve parce qu'il n'a pas eu ce qu'il voulait. Un caprice d'enfant. Avec une phrase du type « mais voyons, tu connais une seule idée intelligente provenant de l'extrême droite toi ? ». Le débat était clos, le fils était à terre apeuré par la réaction excessive de son père. Ce dernier probablement paniqué par l'hypothèse d'avoir un fils doutant du progressisme rajouta alors cette phrase merveilleuse dans le contexte du tramway montpelliérain. « De toute manière il n'y a pas de problème d'immigration en France », « Et de toute manière ça n'a rien avoir avec le chômage. » . J'étais éberlué, vraiment. Comment affirmer avec tant de certitude et d'obstination une telle chose dans un contexte physique montrant pourtant une réalité contraire à l'affirmation ? Que l'on me comprenne bien. Le chômage n'est pas le produit unique de l'immigration . Mais il est très clair aussi que d'un point de vue statistique en pénurie d'emploi l'immigration pèse fortement sur les salaires et l'emploie. C'est encore plus vrai quand on voit l'explosion du nombre des travailleurs détachés. Mais ce qui me surprend c'est que le spécimen n'a pas le moins du monde douté de ses certitudes dans le contexte physique pourtant totalement contraire à son affirmation. Il aurait tout aussi bien pu vous dire que l'on peut respirer sous l'eau tout en se noyant dans la mer.

 

La bourgeoisie navigue entre hypocrisie et religion

 

On a affaire là à la démonstration de la force d'une idéologie. Alors évidemment il ne s'agit que d'une personne. On n’est pas dans une étude sociologique sérieuse qui demanderait des moyens et du temps. Mais j'ai trouvé cet exemple particulièrement parlant pour comprendre le phénomène que nous affrontons. Quand je parle de nous, je fais référence aux personnes encore attachées aux faits et à l’observation du monde réel. Il faut bien admettre que le diplôme et l'intelligence supposée ne préviennent en rien de l'endoctrinement ou de la propagande idéologique. Cet exemple le montre à mon sens. Et je me demande d'ailleurs si les plus éduqués ne sont pas par nature les plus à même de tomber dans l'absurdité idéologique . Ils sont en effet les plus prompts à accepter l'idée que le monde n'est pas simple et que quelque chose qui semble évident au premier abord peut se révéler faux en réalité. Il s'agit là d'une aptitude utile en science . On pensera à la physique quantique qui n'a rien d'évident, ou encore à tous ces théorèmes de physique qui semblait farfelues à leur époque parce que contraire au sens commun, mais qui se sont avérés vrais à la longue. La gravité de Newton n'avait rien d'évidente quand ce grand physicien en a montré l’existence. Le problème c'est que cette aptitude qui est parfois utile peut aussi pousser l'individu à penser que tout ce qui est évident est forcément faux. Là on tombe effectivement dans un phénomène de création de croyance à l'image du documentaire fascinant sur l'université Evergreen aux USA où l'on vit l'idéologie du progressisme tourner à la folie collective. D'ailleurs, je parlais de Newton, mais savez-vous qu'il était passionné par l'alchimie et qu'il y consacra une grande partie de sa vie à la recherche de la pierre philosophale ? Comme quoi même les plus grands esprits peuvent errer dans la folie.

 

À ce phénomène de croyance religieuse que les élites peuvent produire, il y a aussi, il faut bien le comprendre, une raison pratique. Nous vivons dans une société de plus en plus dure. Même les bourgeois les plus aveugles voient en partie cette réalité. Ils ont conscience en partie d'être responsables de cette réalité, mais ils ne peuvent l'admettre consciemment puisque leur ego leur affirme qu'ils sont moralement supérieurs. Dans le cadre de l'idéologie libérale, particulièrement dans le monde anglo-saxon protestant, le fait de réussir est même un cadeau divin, la récompense pour un être supérieur naturellement . On pensera ici au lien très fort qui a uni le capitalisme à l'idéologie religieuse protestante comme l'avait si bien montré Max Weber. On pensera à Benjamin Franklin et sa stupide phrase que les gens citent sans arrêt : « Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux. » . Il ne faut jamais avoir souffert ni de la faim ni du froid pour tenir de tels propos. Il n'y a plus de liberté quand on est mort, pourrais-je ajouter. On a donc un phénomène de croyance qui correspond totalement aux intérêts de classes des bourgeois. En quelques sortes le néoprogressisme est un nouveau protestantisme. Une idéologie qui comme son ancêtre favorise les dominants en justifiant par tous les moyens sa domination. La question que l'on doit se poser est « Est-ce qu'il est encore possible de raisonner avec de telles personnes ?» . Ou bien ferions-nous mieux d'abandonner cette idée et d'aller vers un inéluctable affrontement ? Les irréductibles combattants du libéralisme qui sont les 20 % d'en haut et dont mon spécimen fait partie ne pourront probablement jamais être raisonnés. L'affrontement est donc inéluctable avec le reste de la population. Il ne reste qu'à espérer que cet affrontement ne dépasse pas un jour le cadre des urnes. Les évolutions récentes et l'action gouvernementale contre les Gilets jaunes semblent malheureusement confirmer que ces couches sociales seront prêtes à jeter leurs propres principes moraux aux premiers dangers électoraux pour leurs intérêts. Je ne peux malheureusement que souscrire à la crainte d'Emmanuel Todd d'un coup d'État en France. L'on pouvait même déjà en un sens interpréter l'élection de Macron comme une forme allégée de coup d'État par le matraquage marketing dont il a bénéficié.

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3 juin 2019 1 03 /06 /juin /2019 21:07

 

Je ne vais pas écrire longuement sur l'élection européenne. D'autres l'ont bien fait comme Jacques Sapir et de façon assez approfondie. Ou encore Michel Drac qui a fait une vidéo sur le sujet, il faudra moi-même que je pense un jour à faire des vidéos puisque le public ne lit pour ainsi dire plus ce qui explique probablement en partie l'évolution électorale française. Quoi qu'il en soit je me devais tout de même d'en parler même rapidement et avec peu d'inspiration je dois bien l'admettre. Le premier enseignement pour moi c'est bien que les Français perçoivent sans trop bien l'admettre ou le comprendre que les élections européennes sont essentiellement une supercherie. Les lecteurs de ce blog le savent déjà, le pouvoir du parlement européen est quasiment nul. La commission européenne ayant la totalité des pouvoirs ce qui fait de l'Union européenne une véritable dictature bureaucratique sans légitimité populaire comme base d'existence. La seule légitimité de cette structure étant celle que lui octroient de fait les états membres par l'intermédiaire des gouvernements. Cette structure politique étrange est à l'origine de l'absence d’engouement pour ces élections d'ailleurs . Et ce n'est pas la faible augmentation de la participation par rapport à la dernière édition qui y changera quelque chose.

 

L'élection n'encourage donc guère la participation. Jacques Sapir note cependant que le débat sur l'élection s'est rapidement transformé en vote pour ou contre Macron. Une espèce de référendum interne à travers les élections européennes. L'on peut effectivement y voir cela notamment à cause de la polarisation autour du vote RN – LREM . Il y a eu, semble-t-il, un vote utile dans ces deux partis politiques qui ressemble de plus en plus au couple Charybde et Scylla de la mythologie grecque tant les votants ont peu d’engouement pour ces derniers. Et pour cause Macron est le pire dirigeant que la France n'ait jamais eu et je pèse mes mots. Quant au RN il a fait campagne en disant littéralement le contraire de ce qu'il disait deux ans auparavant. Le simple fait d'ailleurs que les mêmes électeurs aient continué à voter pour RN alors qu'il a fait un virage à 180 ° sur le plan intellectuel est un contre sens logique. Cela signifie soit que les gens ne lisent pas les programmes à jour et ne se tiennent pas au courant des changements. C'est une hypothèse qui doit représenter malheureusement une bonne partie de l'électorat et ce n'est pas à négliger. Soit que les gens votent RN uniquement par rébellion anti-système. C'est une espèce de vote pas très sérieux dont le seul but est de dire qu'ils ne sont pas contents. On remarquera que dans la seconde hypothèse on peut tout à fait imaginer un effondrement du RN à la moindre apparition d'une réelle alternative un peu plus intéressante.

 

Cette polarisation est en réalité une fausse polarisation dans le sens où il s'agit en grande partie d'une supercherie. Le RN n'arrivera jamais au pouvoir. Il a fait le choix en 2017 après l'élection présidentielle de mettre fin à sa dédiabolisation afin justement de continuer ce petit jeu de dupe qui permet de nourrir les bouches du parti sans pour autant prendre le risque de réellement exercer le pouvoir. Pour moi très clairement le RN est un parti d'escroc purement et simplement. L'absence de cohérence intellectuelle et le choix d'une radicalisation anti-immigré obsessionnelle, couplé à un délire macro-économique néolibérale version extrêmement droite, rend ce parti dorénavant passablement grotesque et sans intérêt. Michel Drac dit lui même comprendre la stratégie, moi je ne crois pas du tout qu'ils aient une stratégie de redressement national ou de montée au pouvoir. Je suis persuadé qu'avec la ligne de 2017 celle d'une sortie de l'UE et de l'euro le parti aurait fait un score largement supérieur et je pense que les dirigeants du RN le savent pertinemment et que c'est pour ça qu'ils ont changé de tactique. Ils ont sciemment cassé leur dynamique qui était celle de la ligne Philippot. On assiste donc au retour du plafond de verre que le RN a décidé de reconstruire tout seul. Je n'aurais qu'une formule pour définir le RN actuel, c'est qu'ils sont plus racistes que patriotes.

 

La bonne nouvelle de l'élection est la mort de la France Insoumise. La ligne multiculturaliste délirante que Mélenchon a prise sous l'influence des groupuscules d'extrême gauche a fini par tuer son parti. Alors certes ils ne sont pas encore morts, mais ce n'est plus qu'une question de temps. Le rôle de pôle de protestation stérile étant prise par le RN, l'absence de cohérence programmatique et l'obsession pour les idéologies religieuses importée d'Amérique du Nord (Mouvement LGBT, Vegan, les nombreux courants communautaristes) a fini par tuer le dernier représentant d'une pseudo-gauche. L'abandon du discours social et l'incohérence européenne aura eu raison de FI. Quant au discours écologiste, le courant bourgeois de l'écologie a eu plus de succès. L'électorat des petits diplômés, ceux qui sont culturellement dans la classe dominante parce qu'ils ont des diplômes, mais qui n'ont pas les revenus qui vont avec, ont préféré les écolo-européïste. Tant qu'à choisir une secte, pour se donner bonne conscience autant prendre celle dont on peut parler avec les gens de notre milieu social proche. Le vote écologiste n'est évidemment pas représentatif d'une éventuelle élection nationale. Comme une partie de l'électorat vote sans intérêt aux Européennes, ils ont voté écolos un peu par hasard en quelque sorte. Le soufflé écolo retombera dès qu'une élection sérieuse se présentera.

 

La mort des souverainistes est elle une non-surprise. Alors je ne m'étendrais pas sur les scores ridicules que ce soit de l'UPR ou des patriotes. Que l'un surpasse l'autre n'a guère d'intérêt vu le score. Mais cette situation nous met devant une évidence crasse. La question de la sortie de l'euro ou de l'UE n’atteint même pas l'esprit de 2 % des électeurs. Alors probablement une partie a préféré voter RN pour faire barrage au fascisme de Macron. Oui j'aime bien inverser cet argumentaire puisqu'en un sens notre gouvernement correspond bien mieux à la définition du fascisme. Quoi qu'il en soit il est effectivement tant de se poser la question de la stratégie. Faut-il encore se représenter sur des listes électorales ou alors ne vaut-il pas mieux travailler dans l'ombre en faisant de l'éducation populaire. Je n'ai pas de solution toute faite, mais on ne peut pas continuer ainsi.

 

 

La dépolitisation massive comme phase terminale de la civilisation marchande ?

 

Au final, ce que nous apprend cette élection c'est surtout l'état de délabrement de la politique en France. L'on savait déjà que le personnel politique français avait atteint un niveau de nullité sans précédent. Le simple fait qu'un type comme Macron ait pu monter au pouvoir en est la preuve. On savait également que la corruption et le clientélisme étaient monnaie courante. On sait maintenant que les politiciens ne sont en fait que le reflet d'une évolution générale en France qui touche toute la population. L'homoéconomicus n'a pas de temps à consacrer à la politique puisqu'il n'est pas payé pour ça. Je vois dans cette évolution le résultat naturel de l'idéologie libérale. Puisque tout tourne autour du marché, puisqu'il n'y a d'activité que lorsqu’il y a marchandisation de la relation humaine et de l'activité alors la politique elle-même devient un marché où l'on fait ses courses. Chaque couche sociale chaque individu s'invente des priorités en fonction de ses propres croyances et va chercher sur le marché politique ce qui correspondra le mieux à son intérêt ou à ce qu'il croit être son intérêt. La question de la citoyenneté, de l'action collective, l’abnégation, le patriotisme et les vertus qui sont nécessaires au bon fonctionnement d'une démocratie ne sont pas viables dans une société libérale fondée sur le vice et l'obsession de l'enrichissement personnel.

 

Nous arrivons donc aux limites du libéralisme économique. Pendant longtemps on a cru, ou on a fait semblant de croire que le libéralisme était un tout. Que la liberté du marché, des individus, de la politique  marchaient ensemble. Il faut dire que pendant longtemps le libéralisme économique a côtoyait les anciennes structures de la société héritée du passé. La religion, l'état, la culture anthropologique, les diverses formes de socialisation non marchande ont longtemps continué d'exister malgré les coups de plus en plus forts que la civilisation marchande leurs données. Mais il semble que la France et les divers pays d'occident en soient arrivés à la phase terminale. La politique est morte. Après la religion, après la structure familiale, après la socialisation gratuite d'autrefois, c'est maintenant le fait politique lui-même qui disparaît dans les méandres de l'intérêt individuel. Mais là il y a un énorme problème pour la civilisation libérale qui pointe. En mettant au pouvoir des gens de moins en moins intéressés par la chose publique. En ayant une population de moins en moins encline à s’intéresser à la chose publique et à l'intérêt public. Vers quelle direction tendent naturellement l'état et la structure politique ? Vers la tyrannie tout simplement. La négation du collectif, la négation de la politique et de la vie sociale ne peuvent mener que vers une tyrannie . Le libéralisme économique a tué le libéralisme politique alors que l'on pensait que c'était complémentaire.

 

Il n'y a malheureusement aucune raison d'être optimiste pour l'avenir. Tout porte à croire que les problèmes vont s'accumuler jusqu'à rendre la situation intenable. L'histoire française se fait ailleurs dans les nombreux accidents qui risquent d'arriver à cause des contradictions fondamentales de la globalisation, de l'euro et de l'Union européenne. L'histoire n'est pas terminée tant s'en faut. Mais il va falloir admettre que celle-ci s'écrit ailleurs. L'on peut toujours espérer que l'euro éclate par l'action d'une autre nation. On parle de l'Italie par exemple qui aurait un plan de sortie de l'euro. Je penche personnellement toujours pour une fin de partie organisée par l'Allemagne sous l'influence de sa propre hubris. Quoi qu'il en soit ce n'est probablement pas des électeurs français que viendra la solution et c'est bien dommage.

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13 mai 2019 1 13 /05 /mai /2019 22:05

 

Les crises que traversent les sociétés d'occidents ne sont pas simplement le produit d'un contexte historique ou le fruit d'une évolution naturelle. Ce n'est pas la crise du pétrole , de l'énergie ou le changement soudain dans les processus techniques qui a produit la crise de l'occident. Mais le retour invraisemblable d'une idéologie qui avait pourtant été complètement abandonnée après guerre. Celle du libéralisme décomplexé du 19e siècle et dont les défenseurs actuels n'ont fait que reprendre les mythes. C'est en relisant Karl Polanyi et son célèbre livre « La grande transformation » que j'ai pris conscience du rôle extrêmement profond qu'a eu l'idée de marché autorégulé sur les économies du 19e. Le livre de Polanyi semble d'ailleurs aujourd'hui sorti véritablement d'un autre temps ,celui de l'après-guerre. Époque où plus personne ne croyait à la magie du marché qui régule la vie des gens.

 

Il faut rappeler tout de même que Polanyi est mort en 1964, il n' a donc pas connu le retour de cette idéologie absurde que l'on croyait pourtant enterrée avec le reste des croyances héritées du 19e siècle. Ce qui ressort du livre c'est une inversion véritable du cadre de la raison dont on a peine à imaginer qu'il fut tel que décrit par l'auteur. Si aujourd'hui l'on imagine fort mal que l'économie dans le cadre officiel puisse être rationnelle sans « les lois » du marché, à l'époque où Polanyi écrit son livre, il aurait paru incongru de penser cela. Car les dégâts du laissez-faire, la population en venait d'être largement victime. Partout, les états remettaient des barrières au commerce et aux capitaux. L'âge du 19 siècle était mort, non seulement par la faute des guerres, que le commerce n'a su empêcher contrairement aux affirmations prétentieuses que les libéraux ont pu avoir. Mais aussi et surtout parce que l'économie libérale avait produit de tels déséquilibres et catastrophes que nul ne pouvait plus s'en servir de référent intellectuel après guerre. En ces temps de retour du protectionnisme et du questionnement sur la globalisation il est à mon avis temps de rappeler que tout ce que nous vivons s'est en fait déjà produit. Les acteurs diffèrent, mais les contraintes sont les mêmes. Les idées libérales déstabilisent les nations jusqu'à produire de graves crises sociales et internationales . Il reste juste à espérer qu'il ne faudra pas en venir à une nouvelle guerre mondiale pour nous en sortir cette fois-ci.

 

L'étalon or, le marché et la dépolitisation de l'économie

 

Polanyi fait un constat assez original sur l'évolution historique internationale. L'on pense généralement que le 19e siècle fut le siècle de l'empire britannique. Celui où la France défaite laissera l'Empire anglais seul pour un siècle sur le trône de la domination mondiale. C'est effectivement vrai. Pour la première fois, une nation était assez puissante pour imposer en grande partie sa loi au reste du monde. L'industrialisation qui a permis en grande partie ce miracle fut l'autre changement auquel on pense quand on regarde le 19e siècle. Mais pour Polanyi si ces évolutions sont effectivement d'une grande importance, un autre phénomène passé en fait inaperçu fut le changement dans la civilisation . Un changement si important qu'il a affecté toute la sphère de la société.

 

Ce changement c'est ce que l'on pourrait appeler l'économicisme, une importance démesurée de la question économique. Pour la première fois dans l'histoire, le marché qui n'était qu'une petite partie de la vie en société s'est accaparé l'essentiel de l'activité humaine. Au point où tout a fini par s'y référer. Polanyi le rappelle dans son livre, le marché est une invention en réalité récente et le commerce n'a pour ainsi dire jamais joué un rôle vraiment primordial dans l'économie et l'organisation des peuples. Contrairement à une idée reçue dans l'histoire longue pour les grandes nations, le commerce était souvent très secondaire dans la source de revenus. L'organisation économique était souvent structurée de façon collective sans aucune forme de marché avec des prix qui fluctuent. Il s'agit là d'une vision de l'organisation sociale et économique qui nous vient essentiellement du 19e siècle et de son étalon or . Organisé toute la vie sociale autour de la fluctuation souvent aléatoire des prix des marchandises sur un marché d'échange aurait paru totalement stupide et incongru à la majorité des civilisations qui ont précédé la nôtre. Et les dogmes du 19e ont tellement imbibé les intellectuels que cette façon de penser a resurgi de sa tombe dès que les générations d'après-guerre ont commencé à donner le relais à leurs descendants. C'est probablement grâce à sa simplicité et à sa logique apparentes que le libéralisme tient son succès. La loi de l'offre et de la demande par exemple est simple à comprendre, le problème c'est qu'un peu comme la terre plate, c'est une théorie fausse. Ce qui est logique n'est pas nécessairement vrai, les physiciens en savent quelque chose.

 

Au 19e siècle s'est donc fait jour le rêve d'une société rationnelle, parce qu'organisée autour du marché. Si les premiers penseurs du libéralisme sont bien antérieurs au 19e, il a fallu du temps pour que les penseurs de cette école finissent par véritablement influencer la politique. Comme l'avait si bien dit Keynes, les hommes politiques vivent souvent en s'appuyant sur les penseurs et des idéologies qui sont nés bien avant eux. Il en a été de même pour la domination politique des libéraux comme des marxistes, leurs cousins utilitaristes et matérialistes. L'idée de marché autorégulé par les prix est donc au fondement en réalité de toute l'organisation qui va s'établir sous la férule et le bras armé de l'Empire britannique. La loi de l'offre et de la demande qui règle la vie du commerce devant devenir l'alpha et l’oméga de tout choix économique, il apparut très rapidement qu'il fallait inclure dans le marché toutes les formes de socialisation et d'activité humaine. De sorte que la marchandisation de la vie sous toutes ses formes n'est que le pur produit du marché et de l'organisation de la civilisation libérale.

 

L'on critique souvent de nos jours ce poids de l'économie sur la vie humaine, mais il ne s'agit là que de la conséquence d'une pensée qui croit que les marchés s'autorégulent parfaitement et qu'il est rationnel de faire des choix en fonction uniquement de l'évolution des prix du marché. C'est cette forme d'organisation de la vie sociale qui constitue la véritable rupture du 19e siècle et qui en fait une civilisation à part dans l'histoire humaine. Si l'on pense que le marché est rationnel, que la loi de l'offre et de la demande est logique et qu'elle est parfaitement rationnelle alors très rapidement l'on en vient à penser que tout doit s'y référer. Dès lors, la suppression des frontières et de toutes les formes de régulation collective en découle très logiquement. En fait, le libéralisme économique est un totalitarisme, soit il englobe toute la société, soit il n'existe pas. Les formes de libéralisme qui ont coexisté avec les états nations ne sont que des formes momentanées d'un libéralisme qui n'a pas encore atteint sa pleine capacité de nuisance.

 

Alors que nous avons vécu le retour de cet ordre social depuis quarante ans, nous sommes bien placés pour voir ce phénomène que l'on pense irréversible que l'on appelle suivant ses propres croyances le progrès, la dérégulation ou encore l'ouverture. Il y a cependant une différence importante entre la période du libéralisme triomphant du 19e et notre époque, il s'agit de l'ordre monétaire. Dans le cadre du 19e les états étaient soumis à l'ordre économique par le fait que la monnaie internationale était l'or. Si l'or avait l'énorme inconvénient d’empêcher l'accroissement régulier de la masse monétaire au rythme nécessaire pour des sociétés en développement. Il avait au moins l'avantage de ne pas dépendre d'une nation en particulier. Ainsi l'Empire Britannique n'a pas eu comme les USA le privilège d'acheter des marchandises au reste de la planète avec de la monnaie qui ne tenait qu'à eux d'émettre comme le disait De Gaulle à propos du Dollar. Il s'agit d'une différence assez significative entre le libéralisme actuel et celui du 19e.

 

Il y a cependant eu une conséquence tout à fait semblable au libéralisme économique à savoir la dépolitisation progressive des prises de décisions. Comme leurs prédécesseurs les politiciens du 21e siècle ne font que se référer à l'ordre du marché à ce qui peut leur permettre d'améliorer la part de marché leur société. Il ne s'agit plus de chercher ce qui est bon pour la population ou pour le pays, mais de savoir si ce que l'on fait est bon pour le marché qu'il soit commercial ou financier. Le marché étant devenu l'oracle parfait incapable de se tromper. Cette croyance est si forte de nos jours que même les crises extrêmement graves comme celle de 2007-2008 n'ont pas encore fait douter la majorité des décideurs d'occident. Et pourtant on devrait se poser la question, car les marchés ne sont pas rationnels, ils ne l'ont jamais été et ils n'ont aucune raison de l'être en fait. L'on sait depuis longtemps que les marchés sont plus proches du fonctionnement irrationnel des foules que d'un quelconque calcul approximativement scientifique.

 

L'UE et l'euro, les enfants terribles du 19e siècle

 

Alors si nous voyons ici le libéralisme dans son évolution historique, comment ne pas voir que l'UE et l'euro ne sont en fait que des résidus de la pensée du 19e siècle ? L'idée par exemple d'organiser toute la vie de la société autour du marché est le centre même de la constitution européenne, celle qui avait pourtant été rejetée par la majorité des Français en 2005. L'euro et sa volonté de stabilité monétaire permanente, sa chasse aux déficits ne sont que le résidu de l'étalon or hérité du 19e siècle. Une monnaie pour rentier et petit bourgeois si l'on veut. La grosse différence étant que l'étalon or s'appliquait partout alors que l'euro ne s'applique que dans la zone euro créant de graves distorsions entre les membres de la zone et l'extérieur. En définitive, l'UE et l'euro sont littéralement des projets d'un autre siècle, présentaient comme extraordinairement modernes.

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7 mai 2019 2 07 /05 /mai /2019 17:32

Les élections européennes se rapprochent puisque le premier tour arrive ce 26 mai. L'occasion pour moi de donner mon avis sur évolutions extrêmement discutables des partis dits d'opposition. Alors que la France est dans une situation dramatique, aucune alternative au néolibéralisme délirant ne semble apparaître. Pire que ça, même le principal parti d'opposition qu'est le RN semble s'être engouffré dans la course au néant libéral en faisant un concours avec les idiots du parti républicain. Cependant comme l'a rappelé Giscard d'Estaing lui même cette élection ne sert pas à grand-chose puisque le parlement européen n'a aucun réel pouvoir. Pour autant, il s'agit de faire surtout du bruit sur les questions essentielles et notamment sur la question de l'euro et de la sortie de l'Union européenne. Évidemment cette question n'est jamais naturellement mise en avant dans le débat sur les questions européennes. Les médias font d'ailleurs énormément d'effort pour éluder cette question en l'ignorant totalement. Le débat politique se résumant à faire plus ou moins de libéralisme. Et cela sans jamais se poser de question sur la pertinence qu'est l'idéologie libérale associée à son cadre qu'est la structure européenne. Il faut faire des réformes structurelles, point. Pourquoi? Au fond, on n’en sait rien, mais puisque tout le monde le dit, notamment la presse bourgeoise, c'est donc forcément vrai. Le niveau du débat politique en est là en France et la crise des Gilets jaunes loin d'avoir fait bouger la cervelle des dirigeants les a au contraire renfermés encore plus sur eux-mêmes. Macron et son groupuscule ressemblant de plus en plus à un groupe d'autistes enfermés dans leur univers à part.

 

Les faux opposants FI et RN

 

Je n'ai jamais porté Jean Luc Mélenchon dans mon cœur pour de nombreuses raisons. La première c'est qu'il est un mitterrandien dans l'âme et qu'il n'a jamais vraiment rompu avec son passé même s'il a pu de temps en temps affirmer le contraire. Mélenchon reste un homme qui a pleinement soutenu la construction européenne pendant ses jeunes années et qui a voté pour le oui à Maastricht. Mais les dernières dérives autocratiques au sein de son parti ont fini de me convaincre . La chasse aux dissidents, l'orientation vers une Europe alternative qui est une impasse depuis quarante ans. Le non-questionnement sur l'euro . Autant de choses qui montrent que FI est plus une caricature de gauche qu'une réelle alternative au système. Un nouveau PS en fait qui cherche à plaire à toutes les lubies des petits bourgeois en mal de lutte superfétatoire. Tout comme le FN, ce parti a nettoyé ses penseurs alternatifs internes. Le départ de Djordje Kuzmanovic dernier souverainiste de FI, tout comme celui de Philippot au FN, montre l’incapacité des grands partis prétendument d'opposition à affronter la question européenne autrement qu'avec des formules creuses sur une autre Europe (formule magique censée résoudre le problème). Il faut peut-être chercher cette incapacité dans le fait que la grande bourgeoisie française constitue aussi l'essentiel des têtes pensantes de ces partis tout comme c'est le cas dans les partis politiques plus centristes. Partout en France cette fragmentation met à mal l'unité du pays. On retrouve donc potentiellement cette fragmentation à l'intérieur des partis entre la base et les dirigeants. Les dominants des partis appartenant généralement plutôt aux classes sociales aisées sauf exception. À gauche cette réalité est encore plus exacerbée par le mythe progressiste universaliste qui associe post-nationalité avec progrès depuis une quarantaine d'années.

 

Le RN, anciennement FN, a été quant à lui la grosse déception depuis l'élection présidentielle. Ce parti a démontré clairement qu'il ne cherchait pas vraiment la sauvegarde du pays . Son orientation qui vise même une grande union de la droite avec les ultralibéraux des Républicains montre le peu de cas que fait ce parti de l'orientation économique. Pis que ça, les questions économiques pourtant au cœur des mouvements sociaux comme les Gilets jaunes sont maintenant totalement absente des orientations du RN. En résumant, son programme à la chasse à l'immigration le RN même s'il arrivait au pouvoir ne changerait en réalité pas grand-chose à la situation française. Un peu comme le gouvernement Salviny ou la version de gauche Syriza en Grèce il serait condamné à faire de la figuration et des changements cosmétiques tout en continuant à vendre son pays à des puissances étrangères . Il est d'ailleurs symptomatique que l'extrême droite se passionne autant pour des pays qui agissent contre l'intérêt du leur simplement parce que leur politique semble anti-immigrationniste.

 

Ainsi l'extrême droite française se passionne-t-elle pour Trump et son mur. Oubliant l'échec fatal de l'économie Trumpiste qui n'a fait que répéter les mêmes politiques économiques de tous ses prédécesseurs. La croissance américaine cachant mal les déséquilibres et le taux de chômage devenant de plus plus en source de plaisanterie tant ce taux s'éloigne rapidement de toute forme de réalité. Le protectionnisme de Trump est essentiellement verbal, le déficit commercial des USA bat tous les records et la dette extérieure menace de plus en plus le dollar. De la même manière voit-on notre extrême droite défendre ardemment les gouvernements polonais et hongrois, parce qu'anti-musulmans. Mais ces gouvernements soutiennent pourtant par ailleurs les travailleurs détachés contre les intérêts de la population française. L'extrême droite française n'est donc plus qu'une caricature grotesque. Un asile de fous monomaniaques qui oublie ce qui fait une nation et dont la seule préoccupation est de ne pas croiser un noir en bas de chez elle. En ce sens, elle n'est effectivement plus que le reflet inversé de l'extrême gauche qu'elle combat et qu'elle caricature de la même manière.

 

Le plus étrange dans ce mouvement d'extrême droite pro-européen est l'idéologie dominant ce milieu. Sans arrêt revient l'idée que l'immigration serait le résultat du gauchisme, du communisme, voire du marxisme culturel responsable de tous les maux qui frappent la France et particulièrement de la grande invasion démographique souvent exagéré chez les thuriféraires de ce milieu. Pourtant c'est tout l'inverse en pratique. Si la gauche a servi certainement d’alibi intellectuel à l'immigration de masse, c'est bien les libéraux et les capitalistes qui sont à la recherche de sang frais étranger. En pratique c'est la droite d'affaires, celle à laquelle le RN veut s'allier qui est la plus grande alliée de l'immigration de masse. Et non-monsieur Macron n'est pas de gauche, c'est un libéral pur jus, au 19e il aurait au moins pu faire partie des orléanistes sans faire tache. La réduction du discours du RN à la seule question migratoire et le retour à une vision économique digne d'un Ronald Reagan constituent probablement la pire évolution récente qui soit dans le paysage politique français de ces 10 dernières années. Avec le mouvement de Philipot à l'intérieur du FN on pouvait espérer que ce parti devienne une réelle alternative au système. Aujourd'hui on peut être sûr qu'il en sera le meilleur défenseur.

 

La déception de Debout la France

 

Le parti qui avait mes faveurs il y a quelques années était bien évidemment celui-ci. Pendant longtemps j'ai soutenu aux élections Nicolas Dupont Aignan. Mais force est de constater que ce dernier n'a pas cessé de dégrader son discours public, et de faire de plus en plus de racolage électoral en vue de faire monter son audience. Il s'est abaissé de plus en plus à de la politique politicienne à but promotionnel. Multipliant les coups médiatiques à la manière presque aussi grotesque qu'un Le Pen ds années 80. Je ne parle pas ici de son soutien du FN lors du second tour des élections présidentielles . Il s'agissait encore à l'époque d'un choix courageux surtout si on le compare avec la contradiction d'un Chevènement qui a trahi la France en appelant à voter alors pour son contraire idéologique Macron. Tout ça au nom de l'antifascisme. Le vrai problème de NDA fut son abandon de la critique de l'euro et de l'Union européenne. Soyons clairs sur la question. Pendant longtemps NDA a entretenu l'ambivalence.

 

Il a cependant maintenant clairement fait son choix pour la chimérique autre Europe. Probablement parce que lui aussi baigne dans ce fameux milieu social bourgeois, il a préféré caresser ce dernier dans le sens du poil plutôt que d'avoir à l'affronter. Il me semble pourtant aujourd'hui hautement problématique de se réclamer du gaullisme tout en feignant de croire que l'on peut continuer avec l'euro et l'UE. Tout comme il est prétentieux de croire que l'on pourra inverser la construction européenne. Si cette stratégie consiste à essayer de plaire à un public plus large alors il s'agit d'une tromperie, mais cela ne mènera nulle part puisque l'on n’aura pas été clair dès le début sur les objectifs. Bref je suis maintenant totalement en désaccord avec l'orientation de ce parti et ne pourrais en aucun cas voter pour eux aux prochaines élections.

 

L'UPR et les Patriotes

 

Enfin, venons-en aux alternatives réalistes, c'est-à-dire à ceux qui regardent la réalité en face. À savoir que l'UE est irréformable et que l'euro est une aberration économique. Soyons claires, cette orientation en l'état n'a aucune chance de dominer le débat public, surtout depuis la trahison du FN. Mais il est important d'entretenir le discours et de le rendre le plus audible que possible pour que le doute s’insinue dans les autres formations politiques et chez les Français. Tout comme la question protectionniste qui était il y a dix ans ou quinze ans reléguée à quelques franges obscures du débat politique devient petit à petit acceptée dans le débat public aujourd'hui. Même le très libéral et médiatique François Lenglet commence à se poser la question du protectionnisme. Une idée très minoritaire peut petit à petit devenir une évidence pour tous tant qu'il existe des gens pour en porter le discours. Il suffit que les conditions générales du fonctionnement de la société changent pour que l'étincelle jaillisse. Il ne s'agit donc pas ici de croire que l'UPR ou les Patriotes de Philippot vont faire des scores énormes. Ce serait extrêmement étonnant. Il faut surtout qu'ils puissent faire entendre ce discours et le faire murir dans la tête de nos concitoyens. En espérant que dans dix peut-être la fin de ce machin deviendra une évidence pour tous.

 

Dès lors, mon choix est vite fait envers le mouvement de Philippot. Pour le simple fait que l'ouverture intellectuelle est nettement plus grande chez les partisans de ce dernier l'UPR souffrant à mes yeux d'un certain sectarisme. Je sais déjà ce que me diront les partisans d'Asselineau, je les connais depuis le début en fait . Ils diront que leur mouvement a été le premier à défendre ces idées ce qui est faux puisqu’il y a eu bon nombre d'intellectuels à défendre cette sortie même s'ils n'étaient pas médiatisés. Ils diront qu'ils font de la pédagogie, ce qui est bien, mais qui ne nécessite pas de vouloir alors prendre le pouvoir. Après tout on peut continuer à instruire la population sans chercher nécessairement à mettre au pouvoir ses propres représentants. Ensuite l'argument de l'ancienneté peut se retourner contre l'UPR . Cela fait 12 ans qu'ils militent et pour quel résultat électoral ? Y a-t-il eu une remise en question de la stratégie pour cet échec ? Je constate aussi que monsieur Asselineau fait preuve d'une fermeture assez ferme aux autres.

 

Philippot a d'ailleurs récemment invité l'UPR à faire cause commune pour l'élection, mais ce dernier a clairement refusé. Si on n’est pas capable de s'entendre avec des gens aussi proche sur l'objectif de sortie de l'UE et de l'euro comment peut prétendre gouverner un pays comme la France ? Le général de Gaulle a-t-il refusé l'aide des communistes ou de l'extrême droite pour lutter contre les nazis ? Pour cette raison il me semble que le mouvement des Patriotes est plus à même à long terme de porter le discours fondamentalement eurocritique et de le faire entendre. Alors que l'UPR a au contraire une extraordinaire capacité pour faire détester ces idées. Il suffit de voir les caricatures du mouvement UPR sur le web pour s'en convaincre. Certains pensent même que l'UPR est une secte.

 

Au final, pour cette élection je m'orienterai personnellement pour le mouvement des Patriotes. Il n'en demeure pas moins que la tristesse s'empare de moi quand je vois tout ce temps perdu et ces partis qui trahissent leurs idées souvent pour des calculs électoraux hasardeux. Cela dénote une incapacité à penser l'intérêt général et une absence profonde de cohérence intellectuelle. Quand on change à ce point d'idées ou d'objectif comme l'on fait le FN, FI ou DLF c'est qu'en fait on n’a aucune conviction profonde ni aucune réflexion de fond sur les problèmes dont on parle. Tout comme l'UMP, le PS ou la LREM de Macron, ces gens n'ont pas vraiment de réflexion de fond ni de compréhension réelle des enjeux politiques et économiques. On fait juste du clientélisme électoral à court terme en espérant faire une plus-value . Cela caractérise bien l'état de mort cérébrale d'une grande partie de la prétendue élite française ainsi que celle des classes sociales dominantes. Le déclin ne concerne pas que les centristes ou les libéraux.

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24 avril 2019 3 24 /04 /avril /2019 16:28

 

Penser librement semble être devenu l'aporie des temps modernes, une de ses principales caractéristiques. Alors que notre société se veut libre de tous tabous et interdit, tous se passent comme si les interdits se multipliaient sur tout un tas de sujets des plus anecdotiques aux plus importants. Tout objet de pensée, de création, qu'il soit intellectuel scientifique ou simple œuvre culturelle, est désormais passé sous l’analyse obsessionnelle de Torquemada des temps modernes. Ainsi l’intellectuel Alain Finkielkraut vient-il de crier sa colère sur le magasine Marianne à qui il raconte qu'il ne peut plus mettre les pieds dehors sans être agressé pour ses idées. Il dira même plus crûment « Le fascisme c'est vous, les années 30, c'est vous, l'antisémitisme, c'est vous, les autodafés, c'est vous. C'est tout ce que j'ai à leur répondre. ».

 

Je ne suis guère un fan de Finkielkraut qui ne vaut guère mieux pour moi qu'un Bernard-Henri Lévy même s'il ne défend pas les mêmes orientations politiques. Il n'en reste pas moins vrai qu'une dérive de plus en plus grande met en péril la liberté d'expression la plus basique. Cette évolution ne concerne pas que le débat politique ou économique. Vous le savez aussi bien que moi, le débat sur la sortie de l'euro ou de l'UE est littéralement un tabou médiatique. Ceux qui en parlent sont considérés avec dédain et chassés le plus possible des médias à forte audience. L'on pourrait tout autant parler des critiques l'égard du libre-échange ou de la globalisation.

 

Frédérique Tadeï décrit d'ailleurs assez bien dans la vidéo suivant cette culture des débats tabous à la télévision. C'est un vieux problème qu'avait déjà longuement analysé Pierre Bourdieu dans son livre sur le journalisme et la télévision.

 

 

Mais on atteint aujourd'hui des niveaux inconnus de délires de pureté intellectuelle et d'inquisition de la part de certains courants intellectuels dominants. Tous se passent comme si certains s'arrogeaient le droit de dire le bien et le mal à la manière des grandes religions monothéistes. Ce phénomène est à lier à l'évolution religieuse dont j'avais parlé dans mon texte récent sur les idéologies. La seule question des intérêts économiques de ces groupes de pression peut expliquer en partie ce phénomène. Les groupes communautaires ont besoin d'une légitimité. Cette légitimité se construit sur des affrontements avec d'autres groupes ou supposé groupe qu'ils soient réels ou imaginaires. Par nature, la création de communautés crée des affrontements, puisque les membres de ces groupes forment une solidarité entre les membres. C'est particulièrement vrai pour les groupes dont le noyau de la légitimité se fait dans la croyance d'une persécution réelle ou fantasmée des membres du groupe . Taper sur Finkelkraut revient ainsi à créer une légitimité du groupe chez ceux qui le persécutent. C'est d'autant plus vrai pour des groupes caractérisés par un antisémitisme certain.

 

L'on voit ce même phénomène chez les féministes qui ont quitté depuis longtemps le champ du raisonnable. Le féminisme moderne est passé de la volonté d'égalité de droit entre les hommes et les femmes à un égalitarisme de forme totalitaire qui va jusqu'à éplucher les créations artistiques pour en chasser toute trace de misogynie avérée ou même imaginaire. J'aurai des exemples à donner tous plus loufoques les uns que les autres. Ainsi le développeur de jeux vidéo suédois Paradox Interactive s'est cru obligé dans son dernier jeu de stratégie consacré à la période des guerres des diadoques d'introduire une option d'égalité des sexes dans le démarrage d'une partie. Cette option permet d'avoir autant de dirigeants femmes qu'hommes dans la partie, ce qui est une aberration historique. Il faut dire que le même développeur avait été accusé de faire des jeux encourageant le racisme avec son Crusader King 2 . Un jeu qui avait le malheur de décrire une certaine réalité historique du système féodal du moyen âge. L'on pourrait ainsi multiplier les exemples du genre où des groupes de pression font montre d'intimidation et de menaces pour imposer leur vision des choses un peu partout.

 

Les artistes et les créateurs intériorisent aujourd'hui ces réalités et s'interdisent purement et simplement tout un tas de sujets s'ils pensent que cela pourrait permettre à un groupe de menacer l’œuvre. C'est ainsi qu'Hollywood est devenu une machine à produire des œuvres insipides, mais bien calibrées pour toutes les communautés. Vous ne risquez plus de trouver une blague homophobe sur une série américaine moderne. Le sens de l'humour et l'autodérision est à disparu en même temps d'ailleurs. Alors qu'il fut un temps où l'on utilisait les œuvres pour combattre les préjugés à l'image du personnage féminin noir Nyota Uhura dans Star Trek, aujourd'hui les œuvres n'ont plus pour but que de pérenniser et même répandre les croyances dominantes des classes sociales supérieures. Une des dernières absurdités du genre fut le fruit des mouvements afrocentristes qui ont manifesté contre l'exposition sur Toutankhamon expliquant que ce dernier était noir . L'afrocentrisme étant en réalité pour les populations d'origine africaine ce que les mouvements intellectuels suprématistes blancs furent pour les Occidentaux, un racisme aux prétentions scientifiques.

 

Il est étrange de voir une société se présentant comme rationnelle produire autant d'absurdités au passage. On voit se multiplier les croyances anti-vaccinations. Phénomène qui produit carrément des retours aux maladies que l'on croyait pourtant éradiquées. À l’imbécile qui part en expédition pour démontrer que la terre est plate. Oui vous avez bien lu. Monsieur Jay Decasby a lancé un projet de voyage en Antarctique pour démontrer que la terre est plate. S'il nous regarde, Eratosthène doit bien rigoler. Je ne parlerai pas des anti-darwinistes dont les actions aux Usa sont relativement bien connues. Si le doute est effectivement la base de la sagesse et de la pensée scientifique. Douter de tous en permanence jusqu'à l'infirmation de choses aussi démontrée que la rotondité de la terre voila qui frise la démence. On pourrait cependant rassurer nos terraplatistes modernes en leur disant qu'en faite elle n'est pas tout à fait ronde, mais ovale.

 

Pour en revenir à notre sujet, une personne attachée à la liberté d'expression devrait pourtant se poser cette simple question. Qui juge de ce dont il est permis ou non de parler ? Sur quel critère objectif peut-on baser l'interdiction d'un discours en dehors d'un jugement moral naturellement mû par la croyance personnelle. Que l'on interdise des discours appelant au meurtre et à la persécution d'autres personnes est une chose. Que l'on interdise la parole de personne parce que ses idées ne nous plaisent pas voila bien le genre de dérives qui nous font effectivement penser aux années 30, mais pas avec les mêmes acteurs. Et c'est bien à ce type d'évolution que nous sommes aujourd'hui confrontés. Est-il normal par exemple d'interdire à un professeur d'université de faire cours simplement parce qu'il était sympathisant de la manif pour tous ? Que dirait-on si l'on interdisait de travail les intellectuelles soutenant les mouvements féministes ?

 

Une idéologie n'est pas bonne ou mauvaise selon la convenance des bourgeois et des capitalistes. Les idées n'ont pas à être interdites simplement parce qu'elles déplaisent aux dominants du moment. S'il y a une chose à garder dans le libéralisme c'est bien la liberté d'expression et de pensée. Or c'est bien cette liberté-là que le libéralisme économique moderne veut supprimer. L'on veut bien que le monde soit à nos portes. Que les gens et les marchandises de toutes cultures et de toutes origines remplissent nos existences jusqu'à parfois les mettre en péril. Mais surtout, laissez donc loin ces pensées et idées étranges qui pourraient remettre en question mon confort intellectuel. S'il y a bien un paradoxe dans le monde moderne, c'est bien cette étrange contradiction faite d'ouverture économique aux autres et de fermeture intellectuelle simultanée.

 

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8 avril 2019 1 08 /04 /avril /2019 15:51

 

La campagne pour les Européennes commence enfin . Nous avons même eu droit à une incroyable aventure juridique en ce début de campagne puisque France 2 a été obligée par un tribunal administratif à inviter les trublions anti-européens que sont le mouvement des patriotes et l'UPR. Les grands démocrates que sont les petits journalistes parisiens se sont même offusqués de l'obligation qui leur a été faite par la justice alléguant qu'ils n'avaient de compte à rendre à personne sur la question de la pluralité des opinions politiques sur leur chaîne. Affirmation totalement infondée et grotesque comme l'a rappelé le blog Vu du Droit et à fortiori sur le service public. Les journalistes ont le devoir de garantir la pluralité d'opinion. Mais il est vrai que le monologue eurolibéral qui s'est imposé depuis la fin des années 90 a pu faire oublier ce léger point de détail aux défenseurs de la démocratie et de la liberté d'expression à géométrie variable.

 

 

Quoi qu'il en soit et même si au fond cette élection n'a pas d'importance en elle même, le parlement européen n'ayant aucun réel pouvoir c'est la commission qui dirige (et l'Allemagne derrière), l'on ne peut que se réjouir de la possibilité de débattre du fond. Si du moins l'on peut encore espérer que le fond puisse surgir par hasard au milieu des litanies libérales dans ce qu'on appelle le débat public en France. Cette élection en elle même est inutile, mais il est évident qu'avec la dégringolade de la Macronie et le phénomène des Gilets jaunes cette première élection depuis le coup d'État électoral bourgeois de 2017 revête une importance relative particulière. Les médias verront sûrement à tort ou à raison cette élection européenne comme un soutien ou non à la politique néolibérale d'Emmanuel Macron. Et c'est au milieu de cette situation que l'on voit poindre de drôle de phénomènes politiques.

 

Car l'élection de Macron n'a pas seulement été une surprise bien qu'elle ait été souhaitée par cynisme sur ce blog. Cette élection a complètement déstabilisé le système politique français jadis bloqué sur la fonction d’essuie-glace droite-gauche visant à camoufler le compromis libéral entre les classes moyennes aisées et des ultra-riches. Pendant près de quarante ans, le libéralisme en France a dirigé en cachette la France en se camouflant derrière les fausses oppositions du RPR de l'UDF et du PS. C'est ce camouflage que Macron, en fusionnant la gauche libérale et la droite patronale, a détruit avec son élection, et c'est pour cela que je me suis réjoui personnellement de son élection. Il a clarifié la situation. Alors évidemment si le camp libéral est aujourd'hui encore au pouvoir il n'en demeure pas moins qu'il a perdu énormément de poids par rapport à son niveau de domination qui a culminé avec la réélection de Chirac en 2002. Macron est, en quelque sorte, le domino qui entraîne avec une lui une suite d’événements qui débloquent petit à petit la société française qui était engluée dans le libéralisme honteux des années 1974-2017. Désormais, les libéraux vont devoir assumer l'échec de leurs politiques au lieu d'en accuser le collectivisme ou le marxisme imaginaire de la société française. L'effet secondaire du macronisme est l'on va assister de plus en plus à l'apparition de bizarrerie idéologique. Les notions floues de droite gauche devenant de moins en moins lisible.

 

Le protectionnisme européen et ses contradictions

 

C'est dans ce contexte d'étrangeté que réapparait un concept qui avait été un temps le cheval de bataille d'Emmanuel Todd au début des années 2000 avec le protectionnisme européen. Le protectionnisme européen ce fut même la question du dernier texte du blogueur Malakine en 2011 qui relatait alors le débat entre Henri Guaino et Emmanuel Todd. C'est dire si la question du protectionnisme a déjà été longuement débattue du moins chez les penseurs alternatifs au système dominant. Mais c'est aujourd'hui le résidu du parti socialiste sortant de sa torpeur libérale qui semble redécouvrir le protectionnisme. Alors le PS parle d'un protectionnisme vert parce que ça fait mieux. Un protectionnisme qui défend les travailleurs français et européens ce n'est pas intéressant pour les bourgeois, il faut surtout qu'il protège la planète. On peut voir ici l'effet fétichisation des idées dont j'ai parlé récemment, l'écologie devenant un totem qui permet de justifier tout et n'importe quoi et même l'eugénisme chez certains fous. Mais bon, passons ce détail. Ainsi donc monsieur Raphaël Glucksmann fils du philosophe du même nom devenu tête de liste pour le PS aux Européennes nous ressort donc de la naphtaline le protectionnisme européen . C'est gentil de sa part, mais l'idée a malheureusement dépassé la date limite de consommation, et ce pour plusieurs raisons.

1- La crise de l'euro est aujourd'hui au cœur du problème macro-économique français et européen. Il ne s'agit plus seulement d'un problème de commerce les taux d'intérêt divergent suivant que vous êtes Italien français ou allemand. En un sens, l'euro est déjà mort.

 

2-Le principe du protectionnisme européen présuppose un fonctionnement relativement homogène de l'UE. En d'autres termes, cela aurait du sens si les pays au sein de la zone avaient un commerce équilibré et un fonctionnement convergeant sur le plan de la croissance du PIB, de l'inflation, des taxes, etc. Bref cela va de pair avec la notion de zone monétaire optimale. Cela pouvait s'imaginer encore en 2002-2003 à une époque où les pays européens avaient encore des économies semblables. Mais les 20 années de monnaie unique ont cassé cette convergence et fait diverger les nations européennes. Certaines comme l'Allemagne accumulent des excédents pendant que d'autres accumulent des déficits. L'Allemagne est une nation industrielle, la France ne l'est plus vraiment. Paradoxalement l'euro a rendu caduc le protectionnisme européen montrant bien qu'il fallait faire le protectionnisme européen avant l'euro en fait si l'on voulait que cela fonctionne à peu près. Et encore aurait-il fallu une contrainte pour obliger les membres de la zone à ne pas déséquilibrer leur commerce avec leur voisin et à faire des politiques mercantilistes au détriment des autres membres comme le fait l'Allemagne depuis vingt ans maintenant.

 

L'euro divergence n'est plus à démontrer, c'est un fait.

 

3-Le protectionnisme européen ne peut pas être adopté sans l'unanimité des nations membres. Quel politicien sérieux pourrait affirmer que l'Allemagne, les Pays-Bas ou l'Autriche auraient intérêt à l'heure actuelle à ce protectionnisme ? Ces pays ont déjà des excédents. Pourquoi voudraient-ils d'un protectionnisme qui pourrait les mettre en conflit avec les USA, la Chine ou d'autres pays avec lesquels ils commercent à leur avantage? Dans ce domaine comme dans d'autres, le seul dénominateur commun des Européens s'avère être le laissez-faire. Le protectionnisme nécessite une véritable structure politique légitime et forte que l'UE n'a pas et n'aura jamais . Elle reste plus une institution flasque digne du Saint-Empire germanique qu'une nation moderne. Il est donc absurde de croire que ce soit politique faisable si tant est que ce soit souhaitable dans les conditions actuelles.

 

4-Le protectionnisme Européen avec l'euro et la structure de l'UE actuelle poserait d'énormes problèmes au reste du monde. En effet comme nous l'avons vu certains pays de la zone accumulent des excédents commerciaux. C'est le cas bien évidemment de l'Allemagne, mais ces excédents concernent non seulement d'autres membres de la zone euro, mais aussi des pays extérieurs. En cas de protectionnisme européen si des pays déficitaires comme la France ou l'Italie ne faisaient que rééquilibrer leurs échanges. Les pays excédentaires auraient une accentuation de leurs excédants, déjà énormes, causant ainsi inéluctablement des réactions probablement violentes et justifier dans d'autres zones économiques en premier lieu aux USA. Ces derniers menacent déjà l'UE de taxation essentiellement à cause de l'excédent protubérant allemand d'ailleurs.

 

 

Alors j'ai critiqué ici cette approche du protectionnisme européen auquel je n'ai personnellement jamais vraiment cru. Mais cette simple évocation de la part d'un représentant du PS montre que la structure politique française change. Cela me désole d'un côté de voir resurgir cette impasse intellectuelle, mais de l'autre cela me rassure en montrant qu'enfin les choses commencent à bouger doucement . J'espère simplement qu'il ne faudra pas encore vingt ans pour qu'on se rende enfin à l'évidence que seul l'échelle nationale peu permettre une réelle action dans ce domaine et que les structures comme l'UE sont essentiellement des structures paralysantes à l'action politique.

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27 mars 2019 3 27 /03 /mars /2019 23:16

Les anciens lecteurs de ce blog le savent probablement, je n'ai jamais eu une grande attirance pour l'écologie. Non que les questions écologiques ne soient pas intéressantes ou même importantes. Nul ne saurait véritablement rester insensible à la question de la survie même de la vie terrestre et de l'humanité . Jaques Ellul qui fut l'un des premiers penseurs de l'écologie reste d'ailleurs l'un de mes auteurs préférés. Dans son célèbre « Grand bluff technologique », il avait bien montré toute l'absurdité du technicisme moderne qui tend à produire de plus en plus de choses inutiles tout en créant le besoin par le marketing. Mettant ainsi en place une course à la consommation sans fin dont le seul but est un accroissement absurde du taux de profit et la justification de sa propre existence. Tout cela est vrai et la question de l'écologie est tout à fait pertinente à l'heure où nous parlons. Mais j'ai aussi apprécié du même auteur « Les nouveaux possédés » un livre qui annonçait le retour d'une société primitive guidé par des croyances absurdes et de nouvelles religions. À l'époque où Ellul a écrit ce livre, il parlait plutôt des mouvements sectaires, du marxisme, du phénomène de chanteurs idolâtrés et des diverses formes de retour des pensées magiques comme l'astrologie et ses multiples dérivées absurdes. Mais ce qu'annonçait Jacques Ellul dans son livre c'était bel et bien un retour du religieux sous une forme inédite.

 

 

Féminisme, écologisme, véganisme, communautarisme, européisme, néolibéralisme et autres fétiches modernes.

 

Comme vous l'aurez compris ici ce qui me gêne dans l'écologisme actuel, ce n'est pas la question écologique, mais l'usage qui est fait de ce questionnement par certains groupes. Car on assiste petit à petit à une expulsion de la raison et de la réalité du domaine public. Plus personne ne semble s'intéresser au monde réel dans notre société. Si vous pensez que j'exagère comment pouvons-nous analyser autrement que par une fuite hors de la réalité le comportement des élites françaises et européennes actuelles ? Le gouvernement français a-t-il seulement fait le bilan par exemple de la monnaie unique et de l'euro ? Les dernières données montrées pourtant par des instituts pro-européens allemands ont pourtant prouvé l'aspect extraordinairement néfaste de l'euro sur l'économie française. Nombreux sont les auteurs, y comprit issus du sérail, qui critiquent ouvertement la monnaie unique. Je ne parlerais pas de Jacques Sapir qu'on ne présente plus, mais de Jospeh Stigliz ou encore d'Ashoka Mody ancien assistant-directeur au FMI qui a écrit un livre à succès sur le sujet dont le titre annonce la couleur « EuroTragedy ».

 

Et pourtant nos dirigeants s'accrochent contre toute forme de raison ou de réalisme minimal . Macron préfère faire la guerre à sa population, remettre en cause l'état de droit, les libertés civiles et provoquer une guerre civile plutôt que de remettre en cause l'euro et la construction européenne. En temps normal avec des dirigeants normaux pour résoudre la crise des gilets jaunes, le gouvernement aurait annoncé la hausse du SMIC de 20 % et il aurait dévalué ensuite le franc de 30 % pour compenser. Et les problèmes auraient été résolus, les inégalités se seraient réduites au prix d'un peu d'inflation, mais d'une croissance plus forte et de création d'emploi. Mais là rien, on fait la politique du pire au nom des « valeurs européennes ». Valeurs dont on ne sait plus très bien ce qu'elles sont puisque l'UE est la première à violer tous ses principes en caricaturant la novlangue chère à Orwell. Je pourrais parler des folies entourant l'histoire de l'influence russe sur les élections américaines dont les enquêtes récentes ont démontré toute l'absurdité. On peut donner de nombreux exemples de croyances irrationnelles qui servent désormais de politiques publiques .

 

S'il y a derrière probablement des intérêts économiques comment ne pas y voir aussi une forme de croyance religieuse ? De nouvelles croyances religieuses particulièrement fortes chez les dominants dont les croyances collectives anciennes ont été particulièrement abîmées ces dernières années. De la même manière attention à vous si vous doutez du réchauffement climatique anthropocentrique ou du bien fait de la chasse au manspread ridicule des féministes. Depuis plusieurs décennies, l'occident semble ainsi frappé d'une maladie incurable qui le rend fou. De multiples idées absurdes sorties d'on ne sait où s'imposant subitement comme des priorités publiques absolument vitales. Et tout cela pendant que les questions essentielles du monde réel sont purement et simplement ignorées. Comment alors être surpris par la surprise provoquée par le mouvement des gilets jaunes chez les prétendues élites ?

 

On pourrait définir cette maladie comme étant une forme de fétichisation des idées. C'est un processus général qui est produit par l'évolution d'une société où les individus sont de plus en plus esseulés et où les liens d'autrefois ont disparu . Parce qu'il est seul, l'individu cherche à rentrer dans des groupes, mais comme les groupes traditionnels ont disparu les nouvelles formes de socialisation passent par de nouveaux identifiants arbitraires se fixant sur tout et n'importe quoi. Ces identifiants, ces marqueurs qui font de vous un membre de ce groupe ne peuvent en aucun cas être remis en cause, car ils deviennent identitaires à savoir qu'ils fournissent un moyen commode pour les membres du groupe de s'identifier entre eux par rapport aux autres. Les religions modernes n'ont rien inventé, elles suivent le chemin des anciens mouvements collectifs avec la même force, mais aussi les mêmes errements et dangers. Ces nouvelles religions créent leur propre langage commun leur propre référence et ce jusqu'à en devenir presque incompréhensible aux non-membre. Il suffit pour s'en convaincre d'écouter une féministe afrocentristre luttant contre les idéologies racisées ... Ces nouveaux groupes pratiquent l’intolérance et la chasse à l'hérésie et aux païens qu'il faut impérativement convertir ou éradiquer. L'on compare souvent la situation actuelle de l'Europe et des USA à la chute de l'Empire romain. Il y a du vrai dans cette comparaison. Mais l'on pourrait tout aussi bien la comparer à la poussée des hérésies chrétiennes produite par la bible de Gutenberg et l'accès à la lecture des textes sacrés par le plus grand nombre. Internet jouant ici un peu le rôle de l'imprimerie. On attend la prochaine guerre de Trente Ans .

 

Ces nouvelles religions entrent donc dans le débat public tout étant passablement contraires à la raison et aux principes scientifiques. Et cela ne choque personne. Les modernes gobent sans réagir les idées les plus absurdes jusqu'à la caricature. Les débats sont tronqués quand ils existent et la virulence des partisans de telles ou telles idéologies devient de plus en plus palpable. Le débat devient en réalité impossible pour la bonne et simple raison que les débatteurs ne cherchent pas la vérité ou un quelconque rapport au réel. Le but des débatteurs est simplement de convertir les infidèles exactement comme les intégristes des religions traditionnelles. Ils cherchent à élargir la taille de leur groupe y compris en faisant la chasse à d'autres. Le féminisme obsédé par l'inégalité salariale va jusqu'à remettre en cause la sélection des scientifiques pour y imposer des critères égalitaristes absurdes basés sur la proportion de femmes plutôt que sur les compétences . Mais ce féminisme triomphant se voit de plus en plus contesté par l'autre idéologie religieuse montant l'islamisme qui cherche à retourner les principes féministes contre lui en présentant le voile comme une liberté féministe. Ne nous y trompons pas. La cause de femmes n'a rien avoir avec ces débats. Les féministes modernes se fichent des femmes au moins autant que les islamistes. Il s'agit simplement de groupes qui cherchent à étendre leur influence pour acquérir puissance et revenu. Et peu importe si demain l'on remet la terre plate au programme scolaire ou que les futures chercheuses sélectionnées par quota ne sachent même pas faire de la physique élémentaire. L'important c'est la défense de l'idéologie et du groupe qui en tire profit.

 

Car si au départ les nouvelles religions ont pour objet la création d'un langage commun pour permettre une resocialisation de l’individu esseulé. Mécanisme qui en soi n'est pas une mauvaise chose même s'il s'agit d'admettre ici l'échec total de la société individualiste. Rapidement ces groupes se structurent et les membres les plus puissants en tirent force, revenu et pouvoir. S'en suit un processus qui transforme alors véritablement l'idéologie en groupe religieux à la manière des marxistes d'autrefois ou des néolibéraux, qui continuent eux à nous empoisonner la vie. À cela s'ajoute notre système capitaliste et marketing qui adore mettre les gens dans des cases pour faire des ventes en gros. Ce n'est pas l’idéologie islamique qui a créé par exemple le hallal, mais bien l’industrie capitaliste avide de marchés nouveaux à conquérir. Il y a souvent collusion entre les intérêts capitalistes et le communautarisme . Il suffit de voir la multiplication des enseignes communautaires dans nos villes sans parler de la fragmentation du marché en de multiples sous-ensembles des produits bios aux produits végans . Chaque groupe religieux veut sa part, et qu'elle soit la plus grosse et la plus visible possible. La nourriture est d'ailleurs un lieu identitaire particulièrement recherché par les religions, car elle permet de séparer physiquement les consommateurs et de rassembler le groupe.

 

Les nouvelles religions au secours de la grande bourgeoisie.

 

Au-delà de la simple course au profit commercial les idéologies et religions modernes sont aussi des outils puissants qui permettent à certains groupes de protéger ou de favoriser leurs intérêts au détriment de la cause nationale et de l'intérêt général. L'affaire des gilets jaunes a été révélatrice en la matière. Les bourgeois ont ainsi beaucoup gausser la comparaison faite par les GJ entre les taxes sur l'essence, le diesel d'un coté et la non-taxation du kérosène de l'autre. C'est à l'évidence une injustice, mais pourtant les bourgeois grands défenseurs de l'environnement n'ont guère réagi favorablement à cette évidence. Alors certes l'on peut parler la question des engagements internationaux qui interdisent l'action en la matière, mais en aucun cas contredire le fait qu'il y a là une évidente injustice. Je pourrais ici aussi mettre exergue le fait que les politiques écologistes se font systématiquement contre les intérêts des moins bien lotis quand il s'agit de taxe. Et que les aides quand il y en a prennent systématiquement la forme de crédit d'impôt qui bien sûr n'ont d'intérêt que pour ceux qui en payent le plus à savoir les classes aisés. Quelle serait donc la réaction des bourgeois de l'écologie si demain par exemple nous nous amusions à proposer de mettre des quotas de consommation limite sur les produits pétroliers pour toute la population française ? Cela dans le but de diminuer la consommation de façon rationnelle et égalitaire . Il est évident qu'une telle mesure serait rejetée par les mêmes bourgeois qui font pourtant de l'écologie une soi-disant priorité. On a ici la preuve que l'écologie n'a guère d'importance pour les écologistes, tout comme les droits des femmes disparaissent dès qu'ils entrent en conflit avec les intérêts des classes sociales qui en font la promotion. On cherche toujours des féministes pour combattre la dégradation des conditions de la femme chez les gros pays pétroliers. On cherche aussi des partisans LGBT pour combattre la lapidation des homosexuels dans certains pays. Mais non, mieux vaut parler du mariage gay .

 

C'est que les dominants de notre société ont un gros problème. Les vieilles croyances qu'ils avaient su construire patiemment de l'européisme au libéralisme triomphant des années 80 commencent à avoir du plomb dans l'aile. À force d'aller contre la réalité, celle-ci finit par user les cordes des idéologies mêmes les plus solides. On a beau dire comme des perroquets que la concurrence fait toujours baisser les prix les gens voient bien que non. On peut présenter la globalisation comme un truc formidable, les gens voient la dégradation de leurs conditions de vie et la poussée du chômage. On a beau dire que l'immigration c'est génial, les gens voient dans leur vie réelle la criminalité exploser, et la société se fragmenter ethniquement. Les dominants ont besoin d'idéologies neuves de remplacement et c'est à cela que sert l'écologisme actuel, rien d'autre. Et si vous attendez de gens si mal intentionnés qu'ils règlent réellement les problèmes de l'épuisement des ressources ou de la pollution, c'est que vous n'avez pas tout à fait compris à qui vous avez affaire.

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20 mars 2019 3 20 /03 /mars /2019 21:50

 

Retour du blog après moult événements politiques et une élection en ligne mire. Il était temps de reprendre du service, me direz-vous. Tu es un incroyable fainéant mon cher Yann, pourrait-on rajouter. L'élection de Macron, bien qu'ayant été souhaité sur ce blog pour des raisons essentiellement stratégiques et cyniques, n'en demeura pas moins un crève-cœur pour le vieux blogueur du Bondosage. Voir la France s'avachir dans la plus grossière caricature du néolibéralisme alors même que le reste du monde commençait enfin à voir cette idéologie pour ce qu'elle a savoir une escroquerie intellectuelle doublée d'une absurdité scientifique totale, ce fut extrêmement dur. À tel point que l'inspiration et la volonté d'écrire s'en allèrent aussi loin de moi que le bon sens et la vertu de l'esprit macroniste. Mais le temps a passé, et ce que je lis ici ou là chez les opposants au système ou chez les tenants de ce dernier me semble aujourd'hui tellement loin des besoins réels de la société qu'il me fallait à nouveau prendre ma plume numérique. Car les idéologies et les pensées simplistes semblent s'être multipliées avec le nouveau tenancier de l’Élysée . En limitant la politique à la communication et aux slogans publicitaires, Macron a considérablement accéléré la dégradation du débat public français aujourd'hui au ra des pâquerettes. Et comme vous le savez sur ce blog généralement l'on cherche toujours une certaine véracité et précision. Loin des idéologies et de la communication approximative la recherche de la vérité passe par la nécessite de la confrontation aux faits et à la mesure des choses. En ces temps troublés où la communication devient la vérité par l’inondation constante des flux télévisuels et numériques, il est hautement important de prendre du recul. Car si la France souffre des politiques absurdes du néolibéralisme, de l'euro et de l'UE, il n'en reste pas moins vrai que c'est surtout par la communication que ces idioties dominent.

 

C'est qu'il s'en est passé des choses depuis la dernière publication sur ce blog. La situation globale de la France s'est considérablement aggravée et les multiples espoirs que pouvait donner l'élection de Trump ou le Brexit semblent s'évanouir dans le néant. Non que ces événements aient fait totalement un flop sans quoi les dominants du système ne mettraient pas tant de cœur à l'ouvrage pour en vider toute substance. Mais que la croyance Toddienne sur le fait que le monde anglo-saxon serait sorti du néolibéralisme était un peu prématurée si ce n'est globalement fausse. Car comment interpréter les évolutions récentes dans ces pays avec d'un coté un Trump qui a mis rapidement en place ses politiques de baisse d'impôt, bien dans l'esprit néolibéral, tout en traînant des pieds pour pratiquer son protectionnisme plus verbal que factuel. Trump a tous simplement fait la même chose qu'Obama à savoir creuser les dettes publiques et les déficits commerciaux pour créer une croissance bien maigre. Le tout camouflé par un discours protectionniste non suivi d'action. En un sens, Trump n'a pas rompu avec le globalisme, il a simplement rompu avec le discours globaliste tout comme Reagan dans les années 80 qui conspuait les excédants Japonais, mais qui n'a jamais rien fait contre concrètement. Le résultat est que depuis Trump est arrivé au pouvoir le déficit commercial des USA bats des records, on applaudit le champion. De l'autre côté, comment donc interpréter les actions du gouvernement britannique qui traîne des pieds pour rompre avec l'UE en cherchant avec la complicité des élites de l'UE un moyen de faire durer l'application du Brexit le plus longtemps possible en attendant sa probable annulation pure et simple.

 

Dans le cas du Brexit n'est-il d'ailleurs pas étrange qu'aucun dirigeant de sa très gracieuse majesté n'ait eu l'idée simple de continuer à appliquer les traités signés avec l'UE tout en les écrasants au fur et à mesure par de nouveaux traités bilatéraux qui seraient négociés au cas par cas avec les différentes nations européennes? Il suffisait pourtant de déclarer les traités nouveaux comme systématiquement supérieurs aux anciens pour n'avoir pas à négocier quoi que ce soit avec l'UE. Une espèce de mis à jour pour traité international si vous préférez. Pourquoi donc se lancer dans le nettoyage des écuries d'Augias si ce n'est justement pour justifier l'abandon de toute forme d'indépendance nationale. Fatiguer les électeurs pour justifier l'abandon pur et simple du Brexit tel semble être la vraie raison de la lenteur des procédures. Supputer qu'il s'agit là uniquement de la stratégie de l'UE c'est évidemment faux, ce sont surtout les élites britanniques qui fomentent cette stratégie. Ne pouvant réfuter ouvertement comme en France l'opinion publique les élites britanniques ont simplement trouvé un stratagème pour continuer la folie européiste d'une autre manière. Les classes urbaines déconnectées des réalités font montre en Grande-Bretagne comme en France d'une incroyable capacité à créer une réalité orwellienne pour camoufler leurs méfaits. Adieu le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, et vive le droit des sachants approximatifs au nom de de leur supériorité morale imaginaire. Au passage, cela devrait faire réfléchir les adeptes de l'UPR pour qui l'application d'un article suffirait à résoudre tous les problèmes et à sortir de l'UE. Il s'agit là véritablement d'une idiotie. Nul besoin d'un texte quand la légitimité populaire et nationale est présente. La sortie de l'UE si elle devient un jour politiquement possible en France devra se faire sans aucune négociation de quoi que ce soit, mais comme un fait accompli, la paperasse n'étant que de l'intendance secondaire. Rien ne dépasse la légitimité de la souveraineté du peuple français et certainement pas un texte d'une constitution qui avait en plus été rejeté par référendum.

 

Macron entre Caligula et Boris Eltsine

Mais si les événements dans le monde anglo-saxon semblent nous décevoir à long terme, c'est bien en France que la farce néolibérale atteint vraiment le summum . Emmanuel Macron a parfaitement rempli son rôle de démolisseur libéral que j'avais imaginé. Il m'a quand même surpris par sa capacité notoirement extraordinaire à démontrer par l'absurde l'inefficacité de ces mêmes politiques . C'est qu'en plus Macron est une véritable incarnation de l'idéal libérale dans toute sa splendeur. Incapable d'altruisme ou de capacité minimale de compétence sociale, Macron démontre toute la violence du libéralisme brute. Il n'agit que dans son intérêt rien que pour son intérêt. La façon dont il renvoie l'ascenseur aux milieux économiques qui lui ont permis de monter au pouvoir est des plus démonstrative. Rien chez Macron ne dépasse l'horizon de sa propre réussite, l'idée de groupe ou d'intérêt supérieur à sa personne ou aux individus qu'ils côtoient ne dépasse jamais le niveau du slogan marketing. Il est d'ailleurs, j'en suis sûr, convaincu que tous les autres sont comme lui, c'est-à-dire des usurpateurs du nous et du collectif. Il pense comme tout libéral que l'homme n'agit que par intérêt personnel rien d'autre.

 

La politique de Macron n'a cependant rien de nouvelle contrairement aux discours répétés en boucle par ses adorateurs. C'est exactement les mêmes politiques que celles de ses prédécesseurs depuis Giscard. C'est une bonne vieille politique dite de l'offre qui consiste comme toujours à compresser la demande intérieure en espérant que le saint marché veuille bien nous récompenser par un peu de croissance grâce aux exportations. Il est quand même assez étonnant de voir tant de gens si « cultivés » continuer à s'extasier devant tant de pratiques économiques faisandées. C'est qu'il faut impérativement que cela paraisse neuf voyez-vous puisque tout le monde sait au fond que ces politiques ne marchent pas, puisqu'elles n'ont jamais vraiment marché. On serait au courant depuis 45 ans si c'était le cas. Mais Macron a ceci de spécial qu'il se fiche vraiment que cela fonctionne ou pas. Après tout, il n'est pas vraiment là pour diriger le pays, mais pour faire un plan de carrière. Et sur ce plan à n'en pas douter ses politiques fonctionnent. La dernière vacherie consistant à vendre des monopoles publics à des acteurs privés ses sbires auront quand même du mal à le justifier au nom de l'intérêt supérieur de la nation. Il ne s'agit ni plus ni moins que d'une pratique de corruption géante. Mais une corruption à ce niveau-là la France ne l'avait probablement jamais connu. C'est ici que la comparaison historique peut se faire. Plus la macronerie avance et plus la période actuelle que connaît la France fait penser aux années 90 en URSS avec Attali en guise de Spin doctor américain et Macron comme équivalent de Boris Eltsine. Et il n'a même pas l'intelligence de camoufler ses motivations réelles comme ses prédécesseurs à l'image de Nicolas Sarkozy. Il est vraiment unique.

 

Comme l'ancien président de l'URSS Macron qui ne s'intéresse qu'à ses propres intérêts détruit la structure même de l'état. Les ventes privées servent à faire du renvoi d'ascenseur à ceux qui ont financé son plan de carrière. Elles servent également à préparer son futur. Cette situation française correspond exactement au déclin de la république telle que le concevait des auteurs comme Montesquieu car comme il le disait dans « De l'esprit des lois »  :

 

« Autrefois le bien des particuliers faisait le trésor public; mais pour lors le trésor public devient le patrimoine des particuliers. La république est une dépouille; et sa force n'est plus que le pouvoir de quelques citoyens et la licence de tous. »

 

C'est en ce sens que Macron entre dans l'histoire, non comme le sauveur de la nation qu'il a prétendu être et comme son extraordinaire ego semble l'illusionner, mais bien comme le fossoyeur terminal d'une nation mourante. À cela s'ajoute ses frasques qui ne seraient pas si graves en tant que telles, si elles n'étaient pas accompagnées par sa brutalité politique et qui mis en corrélation nous présente notre président comme dangereux malade . Voilà donc le président français naviguant donc entre Boris Eltsine et Caligula. Nous n'avons pas encore eu droit au cheval ministre, mais qui sait, son quinquennat est encore bien loin d'être terminé.

 

La trahison du FN et les faux opposants.

 

Mais face à cette horreur qui nous gouverne peut-on espérer un renouveau en face ? J'avoue avoir été surpris par la tournure qu'a prise le FN au lendemain des élections présidentielles. Alors même que le parti de Marine Lepen avait tout pour réussir et avait battu tous ses records en nombre de voix, elle a tout abandonné et laissé le courant souverainiste à la poubelle se débarrassant de Philippot du courant qu'il représentait et surtout de ses idées. À première vue il s'agissait d'une stratégie électorale, c'est du moins ainsi que les sbires de la vraie extrême droite ont présenté les choses. Prétextant que la sortie de l'UE et de l'euro était trop anxiogène. Je rétorquerais ici que l'échec économique italien montre au contraire tout le sérieux qu'il y a à sortir de l'Europe. Et que mentir aux électeurs en disant que l'on changerait quoi que ce soit sans sortir de l'UE est une infamie. Pire le FN a pris un tournant littéralement libéral sur le plan économique, la seule chose qui distingue Lepen de Macron étant la question migratoire. Une question qui fut pourtant largement secondaire dans les mouvements des gilets jaunes par exemple phénomène que l'extrême droite a fait semblant de ne pas voir. L'on voit donc ici que le FN est bel et bien une escroquerie du même tonneau que la gauche mélenchoniste. Avec l'anti-immigration à la place du partage des richesses. Le FN devenu RN a simplement abdiqué toute volonté de changement réel en France et se contente de faire son petit commerce sur l'immigration.

 

L'on devient dès lors très pessimiste sur l'avenir du pays. Il n'y a à l'heure actuelle aucune porte de sortie sérieuse pour la France. Les quelques mouvements un tant soit peu réalistes et cohérents voulant une sortie de l'UE et de l'euro comme préalable à reconstruction nationale ayant peu de chance de monter au pouvoir. Je n'ai pas encore parlé des gilets jaunes parce que contrairement à beaucoup d'alternatifs j'ai eu de la peine à considérer ce mouvement comme réellement important. Au risque de choquer il s'agit plus pour moi d'un cri d'agonie que d'un mouvement capable de changer quoi que ce soit à la situation. La forte dépolitisation de la population française a conduit à cette situation. Sans une pensée cohérente et structurée et des objectifs clairs, ces manifestations ne mènent à rien surtout avec un dirigeant si peu apte à la négociation. On peut le dire aujourd'hui, l'histoire de la France ne s'écrit plus sur son sol . Non qu'elle ne puisse plus l'écrire théoriquement, mais parce qu'elle a cessé simplement d'exister . La France est partagée, totalement fracturée, chaque habitant du pays ne voit plus midi qu'à sa porte. C'est vrai pour Macron, mais c'est en un sens vrai pour les gilets jaunes aussi. Pour penser la politique il faut d'abord penser à autre chose qu'à soi même ou à sa situation personnelle. C'est ce qui distingue l'habitant du citoyen. Or si la France actuelle ne manque pas d'habitants, elle manque surtout cruellement de citoyens.

 

Le mouvement des gilets jaunes a échoué, non pas parce que les gens qui le compose sont médiocres, ou mal intentionnés . Mais parce qu'il n'a pas entraîné de mouvement dans une partie des classes moyennes et chez les intellectuels. Il n'a pas dépassé sa condition sociale et il ne le pouvait probablement pas en fait. Le mouvement des gilets jaunes a donc surtout révélé l'incroyable fracturation de la société française. Des gens d'origine immigrés qui n'ont cure des problèmes des Français au bourgeois des centres-ville dont les discours quasi fascistes appelaient littéralement à tuer du pauvre. La France a montré dans sa réaction et sa non-réaction à ce mouvement populaire qu'elle n'était plus un pays, mais un ramassis de groupes sociaux sans aucune interaction commune. Chaque groupe agissant uniquement dans son propre intérêt et écrabouillant le voisin si besoin est. On a même assisté à des prémisses de déshumanisation des autres groupes sociaux faisant penser aux prédispositions intellectuelles aux courants fascistes et nazis d'avant-guerre. C'est particulièrement vrai chez les couches sociales les plus aisées, ce qui n'est guère étonnant quand on connaît le rôle que ces couches sociales ont joué dans la montée de ces idéologies. Je dois bien avouer que les bourgeois français me font de plus en plus peur et ce ne sont pas les multiples mesures policières du gouvernement qui vont me rassurer bien au contraire. Il faudra peut-être que je pense à déménager le blog à l'étranger qui sait.

 

Nous allons donc nous acheminer vers une tiers-mondisation accélérée du pays. Je ne serais guère étonné de voir dans quelques années le président vendre des bouts du territoire pour continuer la chienlit libérale. Je suis persuadé que nos îles et départements pourraient probablement intéresser les Chinois. C'est déjà le cas en Grèce, pourquoi pas en France après tout, les mentalités sont déjà prête. Tant que les bourgeois peuvent continuer à diner en ville, peu importe que la nation brûle. Ce qui sera intéressant dans les années avenir ce sera de voir l'évolution de l'Allemagne. Des discours eurocritiques commencent à apparaître outre-Rhin, c'est d'ici probablement que viendra peut-être notre salut. Tout cela sur un fond de crise économique mondiale renouvelée, la supercherie économique Trumpienne commençant à apparaître au grand jour, mais nous y reviendrons dans un texte ultérieur. Je vous retrouverais normalement régulièrement sur le blog. J'essaie humblement de me remotiver malgré la situation abominable dans laquelle nous sommes comme le montre malheureusement ce rapide tour d'horizon.

 

 

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