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13 mai 2019 1 13 /05 /mai /2019 22:05

 

Les crises que traversent les sociétés d'occidents ne sont pas simplement le produit d'un contexte historique ou le fruit d'une évolution naturelle. Ce n'est pas la crise du pétrole , de l'énergie ou le changement soudain dans les processus techniques qui a produit la crise de l'occident. Mais le retour invraisemblable d'une idéologie qui avait pourtant été complètement abandonnée après guerre. Celle du libéralisme décomplexé du 19e siècle et dont les défenseurs actuels n'ont fait que reprendre les mythes. C'est en relisant Karl Polanyi et son célèbre livre « La grande transformation » que j'ai pris conscience du rôle extrêmement profond qu'a eu l'idée de marché autorégulé sur les économies du 19e. Le livre de Polanyi semble d'ailleurs aujourd'hui sorti véritablement d'un autre temps ,celui de l'après-guerre. Époque où plus personne ne croyait à la magie du marché qui régule la vie des gens.

 

Il faut rappeler tout de même que Polanyi est mort en 1964, il n' a donc pas connu le retour de cette idéologie absurde que l'on croyait pourtant enterrée avec le reste des croyances héritées du 19e siècle. Ce qui ressort du livre c'est une inversion véritable du cadre de la raison dont on a peine à imaginer qu'il fut tel que décrit par l'auteur. Si aujourd'hui l'on imagine fort mal que l'économie dans le cadre officiel puisse être rationnelle sans « les lois » du marché, à l'époque où Polanyi écrit son livre, il aurait paru incongru de penser cela. Car les dégâts du laissez-faire, la population en venait d'être largement victime. Partout, les états remettaient des barrières au commerce et aux capitaux. L'âge du 19 siècle était mort, non seulement par la faute des guerres, que le commerce n'a su empêcher contrairement aux affirmations prétentieuses que les libéraux ont pu avoir. Mais aussi et surtout parce que l'économie libérale avait produit de tels déséquilibres et catastrophes que nul ne pouvait plus s'en servir de référent intellectuel après guerre. En ces temps de retour du protectionnisme et du questionnement sur la globalisation il est à mon avis temps de rappeler que tout ce que nous vivons s'est en fait déjà produit. Les acteurs diffèrent, mais les contraintes sont les mêmes. Les idées libérales déstabilisent les nations jusqu'à produire de graves crises sociales et internationales . Il reste juste à espérer qu'il ne faudra pas en venir à une nouvelle guerre mondiale pour nous en sortir cette fois-ci.

 

L'étalon or, le marché et la dépolitisation de l'économie

 

Polanyi fait un constat assez original sur l'évolution historique internationale. L'on pense généralement que le 19e siècle fut le siècle de l'empire britannique. Celui où la France défaite laissera l'Empire anglais seul pour un siècle sur le trône de la domination mondiale. C'est effectivement vrai. Pour la première fois, une nation était assez puissante pour imposer en grande partie sa loi au reste du monde. L'industrialisation qui a permis en grande partie ce miracle fut l'autre changement auquel on pense quand on regarde le 19e siècle. Mais pour Polanyi si ces évolutions sont effectivement d'une grande importance, un autre phénomène passé en fait inaperçu fut le changement dans la civilisation . Un changement si important qu'il a affecté toute la sphère de la société.

 

Ce changement c'est ce que l'on pourrait appeler l'économicisme, une importance démesurée de la question économique. Pour la première fois dans l'histoire, le marché qui n'était qu'une petite partie de la vie en société s'est accaparé l'essentiel de l'activité humaine. Au point où tout a fini par s'y référer. Polanyi le rappelle dans son livre, le marché est une invention en réalité récente et le commerce n'a pour ainsi dire jamais joué un rôle vraiment primordial dans l'économie et l'organisation des peuples. Contrairement à une idée reçue dans l'histoire longue pour les grandes nations, le commerce était souvent très secondaire dans la source de revenus. L'organisation économique était souvent structurée de façon collective sans aucune forme de marché avec des prix qui fluctuent. Il s'agit là d'une vision de l'organisation sociale et économique qui nous vient essentiellement du 19e siècle et de son étalon or . Organisé toute la vie sociale autour de la fluctuation souvent aléatoire des prix des marchandises sur un marché d'échange aurait paru totalement stupide et incongru à la majorité des civilisations qui ont précédé la nôtre. Et les dogmes du 19e ont tellement imbibé les intellectuels que cette façon de penser a resurgi de sa tombe dès que les générations d'après-guerre ont commencé à donner le relais à leurs descendants. C'est probablement grâce à sa simplicité et à sa logique apparentes que le libéralisme tient son succès. La loi de l'offre et de la demande par exemple est simple à comprendre, le problème c'est qu'un peu comme la terre plate, c'est une théorie fausse. Ce qui est logique n'est pas nécessairement vrai, les physiciens en savent quelque chose.

 

Au 19e siècle s'est donc fait jour le rêve d'une société rationnelle, parce qu'organisée autour du marché. Si les premiers penseurs du libéralisme sont bien antérieurs au 19e, il a fallu du temps pour que les penseurs de cette école finissent par véritablement influencer la politique. Comme l'avait si bien dit Keynes, les hommes politiques vivent souvent en s'appuyant sur les penseurs et des idéologies qui sont nés bien avant eux. Il en a été de même pour la domination politique des libéraux comme des marxistes, leurs cousins utilitaristes et matérialistes. L'idée de marché autorégulé par les prix est donc au fondement en réalité de toute l'organisation qui va s'établir sous la férule et le bras armé de l'Empire britannique. La loi de l'offre et de la demande qui règle la vie du commerce devant devenir l'alpha et l’oméga de tout choix économique, il apparut très rapidement qu'il fallait inclure dans le marché toutes les formes de socialisation et d'activité humaine. De sorte que la marchandisation de la vie sous toutes ses formes n'est que le pur produit du marché et de l'organisation de la civilisation libérale.

 

L'on critique souvent de nos jours ce poids de l'économie sur la vie humaine, mais il ne s'agit là que de la conséquence d'une pensée qui croit que les marchés s'autorégulent parfaitement et qu'il est rationnel de faire des choix en fonction uniquement de l'évolution des prix du marché. C'est cette forme d'organisation de la vie sociale qui constitue la véritable rupture du 19e siècle et qui en fait une civilisation à part dans l'histoire humaine. Si l'on pense que le marché est rationnel, que la loi de l'offre et de la demande est logique et qu'elle est parfaitement rationnelle alors très rapidement l'on en vient à penser que tout doit s'y référer. Dès lors, la suppression des frontières et de toutes les formes de régulation collective en découle très logiquement. En fait, le libéralisme économique est un totalitarisme, soit il englobe toute la société, soit il n'existe pas. Les formes de libéralisme qui ont coexisté avec les états nations ne sont que des formes momentanées d'un libéralisme qui n'a pas encore atteint sa pleine capacité de nuisance.

 

Alors que nous avons vécu le retour de cet ordre social depuis quarante ans, nous sommes bien placés pour voir ce phénomène que l'on pense irréversible que l'on appelle suivant ses propres croyances le progrès, la dérégulation ou encore l'ouverture. Il y a cependant une différence importante entre la période du libéralisme triomphant du 19e et notre époque, il s'agit de l'ordre monétaire. Dans le cadre du 19e les états étaient soumis à l'ordre économique par le fait que la monnaie internationale était l'or. Si l'or avait l'énorme inconvénient d’empêcher l'accroissement régulier de la masse monétaire au rythme nécessaire pour des sociétés en développement. Il avait au moins l'avantage de ne pas dépendre d'une nation en particulier. Ainsi l'Empire Britannique n'a pas eu comme les USA le privilège d'acheter des marchandises au reste de la planète avec de la monnaie qui ne tenait qu'à eux d'émettre comme le disait De Gaulle à propos du Dollar. Il s'agit d'une différence assez significative entre le libéralisme actuel et celui du 19e.

 

Il y a cependant eu une conséquence tout à fait semblable au libéralisme économique à savoir la dépolitisation progressive des prises de décisions. Comme leurs prédécesseurs les politiciens du 21e siècle ne font que se référer à l'ordre du marché à ce qui peut leur permettre d'améliorer la part de marché leur société. Il ne s'agit plus de chercher ce qui est bon pour la population ou pour le pays, mais de savoir si ce que l'on fait est bon pour le marché qu'il soit commercial ou financier. Le marché étant devenu l'oracle parfait incapable de se tromper. Cette croyance est si forte de nos jours que même les crises extrêmement graves comme celle de 2007-2008 n'ont pas encore fait douter la majorité des décideurs d'occident. Et pourtant on devrait se poser la question, car les marchés ne sont pas rationnels, ils ne l'ont jamais été et ils n'ont aucune raison de l'être en fait. L'on sait depuis longtemps que les marchés sont plus proches du fonctionnement irrationnel des foules que d'un quelconque calcul approximativement scientifique.

 

L'UE et l'euro, les enfants terribles du 19e siècle

 

Alors si nous voyons ici le libéralisme dans son évolution historique, comment ne pas voir que l'UE et l'euro ne sont en fait que des résidus de la pensée du 19e siècle ? L'idée par exemple d'organiser toute la vie de la société autour du marché est le centre même de la constitution européenne, celle qui avait pourtant été rejetée par la majorité des Français en 2005. L'euro et sa volonté de stabilité monétaire permanente, sa chasse aux déficits ne sont que le résidu de l'étalon or hérité du 19e siècle. Une monnaie pour rentier et petit bourgeois si l'on veut. La grosse différence étant que l'étalon or s'appliquait partout alors que l'euro ne s'applique que dans la zone euro créant de graves distorsions entre les membres de la zone et l'extérieur. En définitive, l'UE et l'euro sont littéralement des projets d'un autre siècle, présentaient comme extraordinairement modernes.

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7 mai 2019 2 07 /05 /mai /2019 17:32

Les élections européennes se rapprochent puisque le premier tour arrive ce 26 mai. L'occasion pour moi de donner mon avis sur évolutions extrêmement discutables des partis dits d'opposition. Alors que la France est dans une situation dramatique, aucune alternative au néolibéralisme délirant ne semble apparaître. Pire que ça, même le principal parti d'opposition qu'est le RN semble s'être engouffré dans la course au néant libéral en faisant un concours avec les idiots du parti républicain. Cependant comme l'a rappelé Giscard d'Estaing lui même cette élection ne sert pas à grand-chose puisque le parlement européen n'a aucun réel pouvoir. Pour autant, il s'agit de faire surtout du bruit sur les questions essentielles et notamment sur la question de l'euro et de la sortie de l'Union européenne. Évidemment cette question n'est jamais naturellement mise en avant dans le débat sur les questions européennes. Les médias font d'ailleurs énormément d'effort pour éluder cette question en l'ignorant totalement. Le débat politique se résumant à faire plus ou moins de libéralisme. Et cela sans jamais se poser de question sur la pertinence qu'est l'idéologie libérale associée à son cadre qu'est la structure européenne. Il faut faire des réformes structurelles, point. Pourquoi? Au fond, on n’en sait rien, mais puisque tout le monde le dit, notamment la presse bourgeoise, c'est donc forcément vrai. Le niveau du débat politique en est là en France et la crise des Gilets jaunes loin d'avoir fait bouger la cervelle des dirigeants les a au contraire renfermés encore plus sur eux-mêmes. Macron et son groupuscule ressemblant de plus en plus à un groupe d'autistes enfermés dans leur univers à part.

 

Les faux opposants FI et RN

 

Je n'ai jamais porté Jean Luc Mélenchon dans mon cœur pour de nombreuses raisons. La première c'est qu'il est un mitterrandien dans l'âme et qu'il n'a jamais vraiment rompu avec son passé même s'il a pu de temps en temps affirmer le contraire. Mélenchon reste un homme qui a pleinement soutenu la construction européenne pendant ses jeunes années et qui a voté pour le oui à Maastricht. Mais les dernières dérives autocratiques au sein de son parti ont fini de me convaincre . La chasse aux dissidents, l'orientation vers une Europe alternative qui est une impasse depuis quarante ans. Le non-questionnement sur l'euro . Autant de choses qui montrent que FI est plus une caricature de gauche qu'une réelle alternative au système. Un nouveau PS en fait qui cherche à plaire à toutes les lubies des petits bourgeois en mal de lutte superfétatoire. Tout comme le FN, ce parti a nettoyé ses penseurs alternatifs internes. Le départ de Djordje Kuzmanovic dernier souverainiste de FI, tout comme celui de Philippot au FN, montre l’incapacité des grands partis prétendument d'opposition à affronter la question européenne autrement qu'avec des formules creuses sur une autre Europe (formule magique censée résoudre le problème). Il faut peut-être chercher cette incapacité dans le fait que la grande bourgeoisie française constitue aussi l'essentiel des têtes pensantes de ces partis tout comme c'est le cas dans les partis politiques plus centristes. Partout en France cette fragmentation met à mal l'unité du pays. On retrouve donc potentiellement cette fragmentation à l'intérieur des partis entre la base et les dirigeants. Les dominants des partis appartenant généralement plutôt aux classes sociales aisées sauf exception. À gauche cette réalité est encore plus exacerbée par le mythe progressiste universaliste qui associe post-nationalité avec progrès depuis une quarantaine d'années.

 

Le RN, anciennement FN, a été quant à lui la grosse déception depuis l'élection présidentielle. Ce parti a démontré clairement qu'il ne cherchait pas vraiment la sauvegarde du pays . Son orientation qui vise même une grande union de la droite avec les ultralibéraux des Républicains montre le peu de cas que fait ce parti de l'orientation économique. Pis que ça, les questions économiques pourtant au cœur des mouvements sociaux comme les Gilets jaunes sont maintenant totalement absente des orientations du RN. En résumant, son programme à la chasse à l'immigration le RN même s'il arrivait au pouvoir ne changerait en réalité pas grand-chose à la situation française. Un peu comme le gouvernement Salviny ou la version de gauche Syriza en Grèce il serait condamné à faire de la figuration et des changements cosmétiques tout en continuant à vendre son pays à des puissances étrangères . Il est d'ailleurs symptomatique que l'extrême droite se passionne autant pour des pays qui agissent contre l'intérêt du leur simplement parce que leur politique semble anti-immigrationniste.

 

Ainsi l'extrême droite française se passionne-t-elle pour Trump et son mur. Oubliant l'échec fatal de l'économie Trumpiste qui n'a fait que répéter les mêmes politiques économiques de tous ses prédécesseurs. La croissance américaine cachant mal les déséquilibres et le taux de chômage devenant de plus plus en source de plaisanterie tant ce taux s'éloigne rapidement de toute forme de réalité. Le protectionnisme de Trump est essentiellement verbal, le déficit commercial des USA bat tous les records et la dette extérieure menace de plus en plus le dollar. De la même manière voit-on notre extrême droite défendre ardemment les gouvernements polonais et hongrois, parce qu'anti-musulmans. Mais ces gouvernements soutiennent pourtant par ailleurs les travailleurs détachés contre les intérêts de la population française. L'extrême droite française n'est donc plus qu'une caricature grotesque. Un asile de fous monomaniaques qui oublie ce qui fait une nation et dont la seule préoccupation est de ne pas croiser un noir en bas de chez elle. En ce sens, elle n'est effectivement plus que le reflet inversé de l'extrême gauche qu'elle combat et qu'elle caricature de la même manière.

 

Le plus étrange dans ce mouvement d'extrême droite pro-européen est l'idéologie dominant ce milieu. Sans arrêt revient l'idée que l'immigration serait le résultat du gauchisme, du communisme, voire du marxisme culturel responsable de tous les maux qui frappent la France et particulièrement de la grande invasion démographique souvent exagéré chez les thuriféraires de ce milieu. Pourtant c'est tout l'inverse en pratique. Si la gauche a servi certainement d’alibi intellectuel à l'immigration de masse, c'est bien les libéraux et les capitalistes qui sont à la recherche de sang frais étranger. En pratique c'est la droite d'affaires, celle à laquelle le RN veut s'allier qui est la plus grande alliée de l'immigration de masse. Et non-monsieur Macron n'est pas de gauche, c'est un libéral pur jus, au 19e il aurait au moins pu faire partie des orléanistes sans faire tache. La réduction du discours du RN à la seule question migratoire et le retour à une vision économique digne d'un Ronald Reagan constituent probablement la pire évolution récente qui soit dans le paysage politique français de ces 10 dernières années. Avec le mouvement de Philipot à l'intérieur du FN on pouvait espérer que ce parti devienne une réelle alternative au système. Aujourd'hui on peut être sûr qu'il en sera le meilleur défenseur.

 

La déception de Debout la France

 

Le parti qui avait mes faveurs il y a quelques années était bien évidemment celui-ci. Pendant longtemps j'ai soutenu aux élections Nicolas Dupont Aignan. Mais force est de constater que ce dernier n'a pas cessé de dégrader son discours public, et de faire de plus en plus de racolage électoral en vue de faire monter son audience. Il s'est abaissé de plus en plus à de la politique politicienne à but promotionnel. Multipliant les coups médiatiques à la manière presque aussi grotesque qu'un Le Pen ds années 80. Je ne parle pas ici de son soutien du FN lors du second tour des élections présidentielles . Il s'agissait encore à l'époque d'un choix courageux surtout si on le compare avec la contradiction d'un Chevènement qui a trahi la France en appelant à voter alors pour son contraire idéologique Macron. Tout ça au nom de l'antifascisme. Le vrai problème de NDA fut son abandon de la critique de l'euro et de l'Union européenne. Soyons clairs sur la question. Pendant longtemps NDA a entretenu l'ambivalence.

 

Il a cependant maintenant clairement fait son choix pour la chimérique autre Europe. Probablement parce que lui aussi baigne dans ce fameux milieu social bourgeois, il a préféré caresser ce dernier dans le sens du poil plutôt que d'avoir à l'affronter. Il me semble pourtant aujourd'hui hautement problématique de se réclamer du gaullisme tout en feignant de croire que l'on peut continuer avec l'euro et l'UE. Tout comme il est prétentieux de croire que l'on pourra inverser la construction européenne. Si cette stratégie consiste à essayer de plaire à un public plus large alors il s'agit d'une tromperie, mais cela ne mènera nulle part puisque l'on n’aura pas été clair dès le début sur les objectifs. Bref je suis maintenant totalement en désaccord avec l'orientation de ce parti et ne pourrais en aucun cas voter pour eux aux prochaines élections.

 

L'UPR et les Patriotes

 

Enfin, venons-en aux alternatives réalistes, c'est-à-dire à ceux qui regardent la réalité en face. À savoir que l'UE est irréformable et que l'euro est une aberration économique. Soyons claires, cette orientation en l'état n'a aucune chance de dominer le débat public, surtout depuis la trahison du FN. Mais il est important d'entretenir le discours et de le rendre le plus audible que possible pour que le doute s’insinue dans les autres formations politiques et chez les Français. Tout comme la question protectionniste qui était il y a dix ans ou quinze ans reléguée à quelques franges obscures du débat politique devient petit à petit acceptée dans le débat public aujourd'hui. Même le très libéral et médiatique François Lenglet commence à se poser la question du protectionnisme. Une idée très minoritaire peut petit à petit devenir une évidence pour tous tant qu'il existe des gens pour en porter le discours. Il suffit que les conditions générales du fonctionnement de la société changent pour que l'étincelle jaillisse. Il ne s'agit donc pas ici de croire que l'UPR ou les Patriotes de Philippot vont faire des scores énormes. Ce serait extrêmement étonnant. Il faut surtout qu'ils puissent faire entendre ce discours et le faire murir dans la tête de nos concitoyens. En espérant que dans dix peut-être la fin de ce machin deviendra une évidence pour tous.

 

Dès lors, mon choix est vite fait envers le mouvement de Philippot. Pour le simple fait que l'ouverture intellectuelle est nettement plus grande chez les partisans de ce dernier l'UPR souffrant à mes yeux d'un certain sectarisme. Je sais déjà ce que me diront les partisans d'Asselineau, je les connais depuis le début en fait . Ils diront que leur mouvement a été le premier à défendre ces idées ce qui est faux puisqu’il y a eu bon nombre d'intellectuels à défendre cette sortie même s'ils n'étaient pas médiatisés. Ils diront qu'ils font de la pédagogie, ce qui est bien, mais qui ne nécessite pas de vouloir alors prendre le pouvoir. Après tout on peut continuer à instruire la population sans chercher nécessairement à mettre au pouvoir ses propres représentants. Ensuite l'argument de l'ancienneté peut se retourner contre l'UPR . Cela fait 12 ans qu'ils militent et pour quel résultat électoral ? Y a-t-il eu une remise en question de la stratégie pour cet échec ? Je constate aussi que monsieur Asselineau fait preuve d'une fermeture assez ferme aux autres.

 

Philippot a d'ailleurs récemment invité l'UPR à faire cause commune pour l'élection, mais ce dernier a clairement refusé. Si on n’est pas capable de s'entendre avec des gens aussi proche sur l'objectif de sortie de l'UE et de l'euro comment peut prétendre gouverner un pays comme la France ? Le général de Gaulle a-t-il refusé l'aide des communistes ou de l'extrême droite pour lutter contre les nazis ? Pour cette raison il me semble que le mouvement des Patriotes est plus à même à long terme de porter le discours fondamentalement eurocritique et de le faire entendre. Alors que l'UPR a au contraire une extraordinaire capacité pour faire détester ces idées. Il suffit de voir les caricatures du mouvement UPR sur le web pour s'en convaincre. Certains pensent même que l'UPR est une secte.

 

Au final, pour cette élection je m'orienterai personnellement pour le mouvement des Patriotes. Il n'en demeure pas moins que la tristesse s'empare de moi quand je vois tout ce temps perdu et ces partis qui trahissent leurs idées souvent pour des calculs électoraux hasardeux. Cela dénote une incapacité à penser l'intérêt général et une absence profonde de cohérence intellectuelle. Quand on change à ce point d'idées ou d'objectif comme l'on fait le FN, FI ou DLF c'est qu'en fait on n’a aucune conviction profonde ni aucune réflexion de fond sur les problèmes dont on parle. Tout comme l'UMP, le PS ou la LREM de Macron, ces gens n'ont pas vraiment de réflexion de fond ni de compréhension réelle des enjeux politiques et économiques. On fait juste du clientélisme électoral à court terme en espérant faire une plus-value . Cela caractérise bien l'état de mort cérébrale d'une grande partie de la prétendue élite française ainsi que celle des classes sociales dominantes. Le déclin ne concerne pas que les centristes ou les libéraux.

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24 avril 2019 3 24 /04 /avril /2019 16:28

 

Penser librement semble être devenu l'aporie des temps modernes, une de ses principales caractéristiques. Alors que notre société se veut libre de tous tabous et interdit, tous se passent comme si les interdits se multipliaient sur tout un tas de sujets des plus anecdotiques aux plus importants. Tout objet de pensée, de création, qu'il soit intellectuel scientifique ou simple œuvre culturelle, est désormais passé sous l’analyse obsessionnelle de Torquemada des temps modernes. Ainsi l’intellectuel Alain Finkielkraut vient-il de crier sa colère sur le magasine Marianne à qui il raconte qu'il ne peut plus mettre les pieds dehors sans être agressé pour ses idées. Il dira même plus crûment « Le fascisme c'est vous, les années 30, c'est vous, l'antisémitisme, c'est vous, les autodafés, c'est vous. C'est tout ce que j'ai à leur répondre. ».

 

Je ne suis guère un fan de Finkielkraut qui ne vaut guère mieux pour moi qu'un Bernard-Henri Lévy même s'il ne défend pas les mêmes orientations politiques. Il n'en reste pas moins vrai qu'une dérive de plus en plus grande met en péril la liberté d'expression la plus basique. Cette évolution ne concerne pas que le débat politique ou économique. Vous le savez aussi bien que moi, le débat sur la sortie de l'euro ou de l'UE est littéralement un tabou médiatique. Ceux qui en parlent sont considérés avec dédain et chassés le plus possible des médias à forte audience. L'on pourrait tout autant parler des critiques l'égard du libre-échange ou de la globalisation.

 

Frédérique Tadeï décrit d'ailleurs assez bien dans la vidéo suivant cette culture des débats tabous à la télévision. C'est un vieux problème qu'avait déjà longuement analysé Pierre Bourdieu dans son livre sur le journalisme et la télévision.

 

 

Mais on atteint aujourd'hui des niveaux inconnus de délires de pureté intellectuelle et d'inquisition de la part de certains courants intellectuels dominants. Tous se passent comme si certains s'arrogeaient le droit de dire le bien et le mal à la manière des grandes religions monothéistes. Ce phénomène est à lier à l'évolution religieuse dont j'avais parlé dans mon texte récent sur les idéologies. La seule question des intérêts économiques de ces groupes de pression peut expliquer en partie ce phénomène. Les groupes communautaires ont besoin d'une légitimité. Cette légitimité se construit sur des affrontements avec d'autres groupes ou supposé groupe qu'ils soient réels ou imaginaires. Par nature, la création de communautés crée des affrontements, puisque les membres de ces groupes forment une solidarité entre les membres. C'est particulièrement vrai pour les groupes dont le noyau de la légitimité se fait dans la croyance d'une persécution réelle ou fantasmée des membres du groupe . Taper sur Finkelkraut revient ainsi à créer une légitimité du groupe chez ceux qui le persécutent. C'est d'autant plus vrai pour des groupes caractérisés par un antisémitisme certain.

 

L'on voit ce même phénomène chez les féministes qui ont quitté depuis longtemps le champ du raisonnable. Le féminisme moderne est passé de la volonté d'égalité de droit entre les hommes et les femmes à un égalitarisme de forme totalitaire qui va jusqu'à éplucher les créations artistiques pour en chasser toute trace de misogynie avérée ou même imaginaire. J'aurai des exemples à donner tous plus loufoques les uns que les autres. Ainsi le développeur de jeux vidéo suédois Paradox Interactive s'est cru obligé dans son dernier jeu de stratégie consacré à la période des guerres des diadoques d'introduire une option d'égalité des sexes dans le démarrage d'une partie. Cette option permet d'avoir autant de dirigeants femmes qu'hommes dans la partie, ce qui est une aberration historique. Il faut dire que le même développeur avait été accusé de faire des jeux encourageant le racisme avec son Crusader King 2 . Un jeu qui avait le malheur de décrire une certaine réalité historique du système féodal du moyen âge. L'on pourrait ainsi multiplier les exemples du genre où des groupes de pression font montre d'intimidation et de menaces pour imposer leur vision des choses un peu partout.

 

Les artistes et les créateurs intériorisent aujourd'hui ces réalités et s'interdisent purement et simplement tout un tas de sujets s'ils pensent que cela pourrait permettre à un groupe de menacer l’œuvre. C'est ainsi qu'Hollywood est devenu une machine à produire des œuvres insipides, mais bien calibrées pour toutes les communautés. Vous ne risquez plus de trouver une blague homophobe sur une série américaine moderne. Le sens de l'humour et l'autodérision est à disparu en même temps d'ailleurs. Alors qu'il fut un temps où l'on utilisait les œuvres pour combattre les préjugés à l'image du personnage féminin noir Nyota Uhura dans Star Trek, aujourd'hui les œuvres n'ont plus pour but que de pérenniser et même répandre les croyances dominantes des classes sociales supérieures. Une des dernières absurdités du genre fut le fruit des mouvements afrocentristes qui ont manifesté contre l'exposition sur Toutankhamon expliquant que ce dernier était noir . L'afrocentrisme étant en réalité pour les populations d'origine africaine ce que les mouvements intellectuels suprématistes blancs furent pour les Occidentaux, un racisme aux prétentions scientifiques.

 

Il est étrange de voir une société se présentant comme rationnelle produire autant d'absurdités au passage. On voit se multiplier les croyances anti-vaccinations. Phénomène qui produit carrément des retours aux maladies que l'on croyait pourtant éradiquées. À l’imbécile qui part en expédition pour démontrer que la terre est plate. Oui vous avez bien lu. Monsieur Jay Decasby a lancé un projet de voyage en Antarctique pour démontrer que la terre est plate. S'il nous regarde, Eratosthène doit bien rigoler. Je ne parlerai pas des anti-darwinistes dont les actions aux Usa sont relativement bien connues. Si le doute est effectivement la base de la sagesse et de la pensée scientifique. Douter de tous en permanence jusqu'à l'infirmation de choses aussi démontrée que la rotondité de la terre voila qui frise la démence. On pourrait cependant rassurer nos terraplatistes modernes en leur disant qu'en faite elle n'est pas tout à fait ronde, mais ovale.

 

Pour en revenir à notre sujet, une personne attachée à la liberté d'expression devrait pourtant se poser cette simple question. Qui juge de ce dont il est permis ou non de parler ? Sur quel critère objectif peut-on baser l'interdiction d'un discours en dehors d'un jugement moral naturellement mû par la croyance personnelle. Que l'on interdise des discours appelant au meurtre et à la persécution d'autres personnes est une chose. Que l'on interdise la parole de personne parce que ses idées ne nous plaisent pas voila bien le genre de dérives qui nous font effectivement penser aux années 30, mais pas avec les mêmes acteurs. Et c'est bien à ce type d'évolution que nous sommes aujourd'hui confrontés. Est-il normal par exemple d'interdire à un professeur d'université de faire cours simplement parce qu'il était sympathisant de la manif pour tous ? Que dirait-on si l'on interdisait de travail les intellectuelles soutenant les mouvements féministes ?

 

Une idéologie n'est pas bonne ou mauvaise selon la convenance des bourgeois et des capitalistes. Les idées n'ont pas à être interdites simplement parce qu'elles déplaisent aux dominants du moment. S'il y a une chose à garder dans le libéralisme c'est bien la liberté d'expression et de pensée. Or c'est bien cette liberté-là que le libéralisme économique moderne veut supprimer. L'on veut bien que le monde soit à nos portes. Que les gens et les marchandises de toutes cultures et de toutes origines remplissent nos existences jusqu'à parfois les mettre en péril. Mais surtout, laissez donc loin ces pensées et idées étranges qui pourraient remettre en question mon confort intellectuel. S'il y a bien un paradoxe dans le monde moderne, c'est bien cette étrange contradiction faite d'ouverture économique aux autres et de fermeture intellectuelle simultanée.

 

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8 avril 2019 1 08 /04 /avril /2019 15:51

 

La campagne pour les Européennes commence enfin . Nous avons même eu droit à une incroyable aventure juridique en ce début de campagne puisque France 2 a été obligée par un tribunal administratif à inviter les trublions anti-européens que sont le mouvement des patriotes et l'UPR. Les grands démocrates que sont les petits journalistes parisiens se sont même offusqués de l'obligation qui leur a été faite par la justice alléguant qu'ils n'avaient de compte à rendre à personne sur la question de la pluralité des opinions politiques sur leur chaîne. Affirmation totalement infondée et grotesque comme l'a rappelé le blog Vu du Droit et à fortiori sur le service public. Les journalistes ont le devoir de garantir la pluralité d'opinion. Mais il est vrai que le monologue eurolibéral qui s'est imposé depuis la fin des années 90 a pu faire oublier ce léger point de détail aux défenseurs de la démocratie et de la liberté d'expression à géométrie variable.

 

 

Quoi qu'il en soit et même si au fond cette élection n'a pas d'importance en elle même, le parlement européen n'ayant aucun réel pouvoir c'est la commission qui dirige (et l'Allemagne derrière), l'on ne peut que se réjouir de la possibilité de débattre du fond. Si du moins l'on peut encore espérer que le fond puisse surgir par hasard au milieu des litanies libérales dans ce qu'on appelle le débat public en France. Cette élection en elle même est inutile, mais il est évident qu'avec la dégringolade de la Macronie et le phénomène des Gilets jaunes cette première élection depuis le coup d'État électoral bourgeois de 2017 revête une importance relative particulière. Les médias verront sûrement à tort ou à raison cette élection européenne comme un soutien ou non à la politique néolibérale d'Emmanuel Macron. Et c'est au milieu de cette situation que l'on voit poindre de drôle de phénomènes politiques.

 

Car l'élection de Macron n'a pas seulement été une surprise bien qu'elle ait été souhaitée par cynisme sur ce blog. Cette élection a complètement déstabilisé le système politique français jadis bloqué sur la fonction d’essuie-glace droite-gauche visant à camoufler le compromis libéral entre les classes moyennes aisées et des ultra-riches. Pendant près de quarante ans, le libéralisme en France a dirigé en cachette la France en se camouflant derrière les fausses oppositions du RPR de l'UDF et du PS. C'est ce camouflage que Macron, en fusionnant la gauche libérale et la droite patronale, a détruit avec son élection, et c'est pour cela que je me suis réjoui personnellement de son élection. Il a clarifié la situation. Alors évidemment si le camp libéral est aujourd'hui encore au pouvoir il n'en demeure pas moins qu'il a perdu énormément de poids par rapport à son niveau de domination qui a culminé avec la réélection de Chirac en 2002. Macron est, en quelque sorte, le domino qui entraîne avec une lui une suite d’événements qui débloquent petit à petit la société française qui était engluée dans le libéralisme honteux des années 1974-2017. Désormais, les libéraux vont devoir assumer l'échec de leurs politiques au lieu d'en accuser le collectivisme ou le marxisme imaginaire de la société française. L'effet secondaire du macronisme est l'on va assister de plus en plus à l'apparition de bizarrerie idéologique. Les notions floues de droite gauche devenant de moins en moins lisible.

 

Le protectionnisme européen et ses contradictions

 

C'est dans ce contexte d'étrangeté que réapparait un concept qui avait été un temps le cheval de bataille d'Emmanuel Todd au début des années 2000 avec le protectionnisme européen. Le protectionnisme européen ce fut même la question du dernier texte du blogueur Malakine en 2011 qui relatait alors le débat entre Henri Guaino et Emmanuel Todd. C'est dire si la question du protectionnisme a déjà été longuement débattue du moins chez les penseurs alternatifs au système dominant. Mais c'est aujourd'hui le résidu du parti socialiste sortant de sa torpeur libérale qui semble redécouvrir le protectionnisme. Alors le PS parle d'un protectionnisme vert parce que ça fait mieux. Un protectionnisme qui défend les travailleurs français et européens ce n'est pas intéressant pour les bourgeois, il faut surtout qu'il protège la planète. On peut voir ici l'effet fétichisation des idées dont j'ai parlé récemment, l'écologie devenant un totem qui permet de justifier tout et n'importe quoi et même l'eugénisme chez certains fous. Mais bon, passons ce détail. Ainsi donc monsieur Raphaël Glucksmann fils du philosophe du même nom devenu tête de liste pour le PS aux Européennes nous ressort donc de la naphtaline le protectionnisme européen . C'est gentil de sa part, mais l'idée a malheureusement dépassé la date limite de consommation, et ce pour plusieurs raisons.

1- La crise de l'euro est aujourd'hui au cœur du problème macro-économique français et européen. Il ne s'agit plus seulement d'un problème de commerce les taux d'intérêt divergent suivant que vous êtes Italien français ou allemand. En un sens, l'euro est déjà mort.

 

2-Le principe du protectionnisme européen présuppose un fonctionnement relativement homogène de l'UE. En d'autres termes, cela aurait du sens si les pays au sein de la zone avaient un commerce équilibré et un fonctionnement convergeant sur le plan de la croissance du PIB, de l'inflation, des taxes, etc. Bref cela va de pair avec la notion de zone monétaire optimale. Cela pouvait s'imaginer encore en 2002-2003 à une époque où les pays européens avaient encore des économies semblables. Mais les 20 années de monnaie unique ont cassé cette convergence et fait diverger les nations européennes. Certaines comme l'Allemagne accumulent des excédents pendant que d'autres accumulent des déficits. L'Allemagne est une nation industrielle, la France ne l'est plus vraiment. Paradoxalement l'euro a rendu caduc le protectionnisme européen montrant bien qu'il fallait faire le protectionnisme européen avant l'euro en fait si l'on voulait que cela fonctionne à peu près. Et encore aurait-il fallu une contrainte pour obliger les membres de la zone à ne pas déséquilibrer leur commerce avec leur voisin et à faire des politiques mercantilistes au détriment des autres membres comme le fait l'Allemagne depuis vingt ans maintenant.

 

L'euro divergence n'est plus à démontrer, c'est un fait.

 

3-Le protectionnisme européen ne peut pas être adopté sans l'unanimité des nations membres. Quel politicien sérieux pourrait affirmer que l'Allemagne, les Pays-Bas ou l'Autriche auraient intérêt à l'heure actuelle à ce protectionnisme ? Ces pays ont déjà des excédents. Pourquoi voudraient-ils d'un protectionnisme qui pourrait les mettre en conflit avec les USA, la Chine ou d'autres pays avec lesquels ils commercent à leur avantage? Dans ce domaine comme dans d'autres, le seul dénominateur commun des Européens s'avère être le laissez-faire. Le protectionnisme nécessite une véritable structure politique légitime et forte que l'UE n'a pas et n'aura jamais . Elle reste plus une institution flasque digne du Saint-Empire germanique qu'une nation moderne. Il est donc absurde de croire que ce soit politique faisable si tant est que ce soit souhaitable dans les conditions actuelles.

 

4-Le protectionnisme Européen avec l'euro et la structure de l'UE actuelle poserait d'énormes problèmes au reste du monde. En effet comme nous l'avons vu certains pays de la zone accumulent des excédents commerciaux. C'est le cas bien évidemment de l'Allemagne, mais ces excédents concernent non seulement d'autres membres de la zone euro, mais aussi des pays extérieurs. En cas de protectionnisme européen si des pays déficitaires comme la France ou l'Italie ne faisaient que rééquilibrer leurs échanges. Les pays excédentaires auraient une accentuation de leurs excédants, déjà énormes, causant ainsi inéluctablement des réactions probablement violentes et justifier dans d'autres zones économiques en premier lieu aux USA. Ces derniers menacent déjà l'UE de taxation essentiellement à cause de l'excédent protubérant allemand d'ailleurs.

 

 

Alors j'ai critiqué ici cette approche du protectionnisme européen auquel je n'ai personnellement jamais vraiment cru. Mais cette simple évocation de la part d'un représentant du PS montre que la structure politique française change. Cela me désole d'un côté de voir resurgir cette impasse intellectuelle, mais de l'autre cela me rassure en montrant qu'enfin les choses commencent à bouger doucement . J'espère simplement qu'il ne faudra pas encore vingt ans pour qu'on se rende enfin à l'évidence que seul l'échelle nationale peu permettre une réelle action dans ce domaine et que les structures comme l'UE sont essentiellement des structures paralysantes à l'action politique.

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27 mars 2019 3 27 /03 /mars /2019 23:16

Les anciens lecteurs de ce blog le savent probablement, je n'ai jamais eu une grande attirance pour l'écologie. Non que les questions écologiques ne soient pas intéressantes ou même importantes. Nul ne saurait véritablement rester insensible à la question de la survie même de la vie terrestre et de l'humanité . Jaques Ellul qui fut l'un des premiers penseurs de l'écologie reste d'ailleurs l'un de mes auteurs préférés. Dans son célèbre « Grand bluff technologique », il avait bien montré toute l'absurdité du technicisme moderne qui tend à produire de plus en plus de choses inutiles tout en créant le besoin par le marketing. Mettant ainsi en place une course à la consommation sans fin dont le seul but est un accroissement absurde du taux de profit et la justification de sa propre existence. Tout cela est vrai et la question de l'écologie est tout à fait pertinente à l'heure où nous parlons. Mais j'ai aussi apprécié du même auteur « Les nouveaux possédés » un livre qui annonçait le retour d'une société primitive guidé par des croyances absurdes et de nouvelles religions. À l'époque où Ellul a écrit ce livre, il parlait plutôt des mouvements sectaires, du marxisme, du phénomène de chanteurs idolâtrés et des diverses formes de retour des pensées magiques comme l'astrologie et ses multiples dérivées absurdes. Mais ce qu'annonçait Jacques Ellul dans son livre c'était bel et bien un retour du religieux sous une forme inédite.

 

 

Féminisme, écologisme, véganisme, communautarisme, européisme, néolibéralisme et autres fétiches modernes.

 

Comme vous l'aurez compris ici ce qui me gêne dans l'écologisme actuel, ce n'est pas la question écologique, mais l'usage qui est fait de ce questionnement par certains groupes. Car on assiste petit à petit à une expulsion de la raison et de la réalité du domaine public. Plus personne ne semble s'intéresser au monde réel dans notre société. Si vous pensez que j'exagère comment pouvons-nous analyser autrement que par une fuite hors de la réalité le comportement des élites françaises et européennes actuelles ? Le gouvernement français a-t-il seulement fait le bilan par exemple de la monnaie unique et de l'euro ? Les dernières données montrées pourtant par des instituts pro-européens allemands ont pourtant prouvé l'aspect extraordinairement néfaste de l'euro sur l'économie française. Nombreux sont les auteurs, y comprit issus du sérail, qui critiquent ouvertement la monnaie unique. Je ne parlerais pas de Jacques Sapir qu'on ne présente plus, mais de Jospeh Stigliz ou encore d'Ashoka Mody ancien assistant-directeur au FMI qui a écrit un livre à succès sur le sujet dont le titre annonce la couleur « EuroTragedy ».

 

Et pourtant nos dirigeants s'accrochent contre toute forme de raison ou de réalisme minimal . Macron préfère faire la guerre à sa population, remettre en cause l'état de droit, les libertés civiles et provoquer une guerre civile plutôt que de remettre en cause l'euro et la construction européenne. En temps normal avec des dirigeants normaux pour résoudre la crise des gilets jaunes, le gouvernement aurait annoncé la hausse du SMIC de 20 % et il aurait dévalué ensuite le franc de 30 % pour compenser. Et les problèmes auraient été résolus, les inégalités se seraient réduites au prix d'un peu d'inflation, mais d'une croissance plus forte et de création d'emploi. Mais là rien, on fait la politique du pire au nom des « valeurs européennes ». Valeurs dont on ne sait plus très bien ce qu'elles sont puisque l'UE est la première à violer tous ses principes en caricaturant la novlangue chère à Orwell. Je pourrais parler des folies entourant l'histoire de l'influence russe sur les élections américaines dont les enquêtes récentes ont démontré toute l'absurdité. On peut donner de nombreux exemples de croyances irrationnelles qui servent désormais de politiques publiques .

 

S'il y a derrière probablement des intérêts économiques comment ne pas y voir aussi une forme de croyance religieuse ? De nouvelles croyances religieuses particulièrement fortes chez les dominants dont les croyances collectives anciennes ont été particulièrement abîmées ces dernières années. De la même manière attention à vous si vous doutez du réchauffement climatique anthropocentrique ou du bien fait de la chasse au manspread ridicule des féministes. Depuis plusieurs décennies, l'occident semble ainsi frappé d'une maladie incurable qui le rend fou. De multiples idées absurdes sorties d'on ne sait où s'imposant subitement comme des priorités publiques absolument vitales. Et tout cela pendant que les questions essentielles du monde réel sont purement et simplement ignorées. Comment alors être surpris par la surprise provoquée par le mouvement des gilets jaunes chez les prétendues élites ?

 

On pourrait définir cette maladie comme étant une forme de fétichisation des idées. C'est un processus général qui est produit par l'évolution d'une société où les individus sont de plus en plus esseulés et où les liens d'autrefois ont disparu . Parce qu'il est seul, l'individu cherche à rentrer dans des groupes, mais comme les groupes traditionnels ont disparu les nouvelles formes de socialisation passent par de nouveaux identifiants arbitraires se fixant sur tout et n'importe quoi. Ces identifiants, ces marqueurs qui font de vous un membre de ce groupe ne peuvent en aucun cas être remis en cause, car ils deviennent identitaires à savoir qu'ils fournissent un moyen commode pour les membres du groupe de s'identifier entre eux par rapport aux autres. Les religions modernes n'ont rien inventé, elles suivent le chemin des anciens mouvements collectifs avec la même force, mais aussi les mêmes errements et dangers. Ces nouvelles religions créent leur propre langage commun leur propre référence et ce jusqu'à en devenir presque incompréhensible aux non-membre. Il suffit pour s'en convaincre d'écouter une féministe afrocentristre luttant contre les idéologies racisées ... Ces nouveaux groupes pratiquent l’intolérance et la chasse à l'hérésie et aux païens qu'il faut impérativement convertir ou éradiquer. L'on compare souvent la situation actuelle de l'Europe et des USA à la chute de l'Empire romain. Il y a du vrai dans cette comparaison. Mais l'on pourrait tout aussi bien la comparer à la poussée des hérésies chrétiennes produite par la bible de Gutenberg et l'accès à la lecture des textes sacrés par le plus grand nombre. Internet jouant ici un peu le rôle de l'imprimerie. On attend la prochaine guerre de Trente Ans .

 

Ces nouvelles religions entrent donc dans le débat public tout étant passablement contraires à la raison et aux principes scientifiques. Et cela ne choque personne. Les modernes gobent sans réagir les idées les plus absurdes jusqu'à la caricature. Les débats sont tronqués quand ils existent et la virulence des partisans de telles ou telles idéologies devient de plus en plus palpable. Le débat devient en réalité impossible pour la bonne et simple raison que les débatteurs ne cherchent pas la vérité ou un quelconque rapport au réel. Le but des débatteurs est simplement de convertir les infidèles exactement comme les intégristes des religions traditionnelles. Ils cherchent à élargir la taille de leur groupe y compris en faisant la chasse à d'autres. Le féminisme obsédé par l'inégalité salariale va jusqu'à remettre en cause la sélection des scientifiques pour y imposer des critères égalitaristes absurdes basés sur la proportion de femmes plutôt que sur les compétences . Mais ce féminisme triomphant se voit de plus en plus contesté par l'autre idéologie religieuse montant l'islamisme qui cherche à retourner les principes féministes contre lui en présentant le voile comme une liberté féministe. Ne nous y trompons pas. La cause de femmes n'a rien avoir avec ces débats. Les féministes modernes se fichent des femmes au moins autant que les islamistes. Il s'agit simplement de groupes qui cherchent à étendre leur influence pour acquérir puissance et revenu. Et peu importe si demain l'on remet la terre plate au programme scolaire ou que les futures chercheuses sélectionnées par quota ne sachent même pas faire de la physique élémentaire. L'important c'est la défense de l'idéologie et du groupe qui en tire profit.

 

Car si au départ les nouvelles religions ont pour objet la création d'un langage commun pour permettre une resocialisation de l’individu esseulé. Mécanisme qui en soi n'est pas une mauvaise chose même s'il s'agit d'admettre ici l'échec total de la société individualiste. Rapidement ces groupes se structurent et les membres les plus puissants en tirent force, revenu et pouvoir. S'en suit un processus qui transforme alors véritablement l'idéologie en groupe religieux à la manière des marxistes d'autrefois ou des néolibéraux, qui continuent eux à nous empoisonner la vie. À cela s'ajoute notre système capitaliste et marketing qui adore mettre les gens dans des cases pour faire des ventes en gros. Ce n'est pas l’idéologie islamique qui a créé par exemple le hallal, mais bien l’industrie capitaliste avide de marchés nouveaux à conquérir. Il y a souvent collusion entre les intérêts capitalistes et le communautarisme . Il suffit de voir la multiplication des enseignes communautaires dans nos villes sans parler de la fragmentation du marché en de multiples sous-ensembles des produits bios aux produits végans . Chaque groupe religieux veut sa part, et qu'elle soit la plus grosse et la plus visible possible. La nourriture est d'ailleurs un lieu identitaire particulièrement recherché par les religions, car elle permet de séparer physiquement les consommateurs et de rassembler le groupe.

 

Les nouvelles religions au secours de la grande bourgeoisie.

 

Au-delà de la simple course au profit commercial les idéologies et religions modernes sont aussi des outils puissants qui permettent à certains groupes de protéger ou de favoriser leurs intérêts au détriment de la cause nationale et de l'intérêt général. L'affaire des gilets jaunes a été révélatrice en la matière. Les bourgeois ont ainsi beaucoup gausser la comparaison faite par les GJ entre les taxes sur l'essence, le diesel d'un coté et la non-taxation du kérosène de l'autre. C'est à l'évidence une injustice, mais pourtant les bourgeois grands défenseurs de l'environnement n'ont guère réagi favorablement à cette évidence. Alors certes l'on peut parler la question des engagements internationaux qui interdisent l'action en la matière, mais en aucun cas contredire le fait qu'il y a là une évidente injustice. Je pourrais ici aussi mettre exergue le fait que les politiques écologistes se font systématiquement contre les intérêts des moins bien lotis quand il s'agit de taxe. Et que les aides quand il y en a prennent systématiquement la forme de crédit d'impôt qui bien sûr n'ont d'intérêt que pour ceux qui en payent le plus à savoir les classes aisés. Quelle serait donc la réaction des bourgeois de l'écologie si demain par exemple nous nous amusions à proposer de mettre des quotas de consommation limite sur les produits pétroliers pour toute la population française ? Cela dans le but de diminuer la consommation de façon rationnelle et égalitaire . Il est évident qu'une telle mesure serait rejetée par les mêmes bourgeois qui font pourtant de l'écologie une soi-disant priorité. On a ici la preuve que l'écologie n'a guère d'importance pour les écologistes, tout comme les droits des femmes disparaissent dès qu'ils entrent en conflit avec les intérêts des classes sociales qui en font la promotion. On cherche toujours des féministes pour combattre la dégradation des conditions de la femme chez les gros pays pétroliers. On cherche aussi des partisans LGBT pour combattre la lapidation des homosexuels dans certains pays. Mais non, mieux vaut parler du mariage gay .

 

C'est que les dominants de notre société ont un gros problème. Les vieilles croyances qu'ils avaient su construire patiemment de l'européisme au libéralisme triomphant des années 80 commencent à avoir du plomb dans l'aile. À force d'aller contre la réalité, celle-ci finit par user les cordes des idéologies mêmes les plus solides. On a beau dire comme des perroquets que la concurrence fait toujours baisser les prix les gens voient bien que non. On peut présenter la globalisation comme un truc formidable, les gens voient la dégradation de leurs conditions de vie et la poussée du chômage. On a beau dire que l'immigration c'est génial, les gens voient dans leur vie réelle la criminalité exploser, et la société se fragmenter ethniquement. Les dominants ont besoin d'idéologies neuves de remplacement et c'est à cela que sert l'écologisme actuel, rien d'autre. Et si vous attendez de gens si mal intentionnés qu'ils règlent réellement les problèmes de l'épuisement des ressources ou de la pollution, c'est que vous n'avez pas tout à fait compris à qui vous avez affaire.

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20 mars 2019 3 20 /03 /mars /2019 21:50

 

Retour du blog après moult événements politiques et une élection en ligne mire. Il était temps de reprendre du service, me direz-vous. Tu es un incroyable fainéant mon cher Yann, pourrait-on rajouter. L'élection de Macron, bien qu'ayant été souhaité sur ce blog pour des raisons essentiellement stratégiques et cyniques, n'en demeura pas moins un crève-cœur pour le vieux blogueur du Bondosage. Voir la France s'avachir dans la plus grossière caricature du néolibéralisme alors même que le reste du monde commençait enfin à voir cette idéologie pour ce qu'elle a savoir une escroquerie intellectuelle doublée d'une absurdité scientifique totale, ce fut extrêmement dur. À tel point que l'inspiration et la volonté d'écrire s'en allèrent aussi loin de moi que le bon sens et la vertu de l'esprit macroniste. Mais le temps a passé, et ce que je lis ici ou là chez les opposants au système ou chez les tenants de ce dernier me semble aujourd'hui tellement loin des besoins réels de la société qu'il me fallait à nouveau prendre ma plume numérique. Car les idéologies et les pensées simplistes semblent s'être multipliées avec le nouveau tenancier de l’Élysée . En limitant la politique à la communication et aux slogans publicitaires, Macron a considérablement accéléré la dégradation du débat public français aujourd'hui au ra des pâquerettes. Et comme vous le savez sur ce blog généralement l'on cherche toujours une certaine véracité et précision. Loin des idéologies et de la communication approximative la recherche de la vérité passe par la nécessite de la confrontation aux faits et à la mesure des choses. En ces temps troublés où la communication devient la vérité par l’inondation constante des flux télévisuels et numériques, il est hautement important de prendre du recul. Car si la France souffre des politiques absurdes du néolibéralisme, de l'euro et de l'UE, il n'en reste pas moins vrai que c'est surtout par la communication que ces idioties dominent.

 

C'est qu'il s'en est passé des choses depuis la dernière publication sur ce blog. La situation globale de la France s'est considérablement aggravée et les multiples espoirs que pouvait donner l'élection de Trump ou le Brexit semblent s'évanouir dans le néant. Non que ces événements aient fait totalement un flop sans quoi les dominants du système ne mettraient pas tant de cœur à l'ouvrage pour en vider toute substance. Mais que la croyance Toddienne sur le fait que le monde anglo-saxon serait sorti du néolibéralisme était un peu prématurée si ce n'est globalement fausse. Car comment interpréter les évolutions récentes dans ces pays avec d'un coté un Trump qui a mis rapidement en place ses politiques de baisse d'impôt, bien dans l'esprit néolibéral, tout en traînant des pieds pour pratiquer son protectionnisme plus verbal que factuel. Trump a tous simplement fait la même chose qu'Obama à savoir creuser les dettes publiques et les déficits commerciaux pour créer une croissance bien maigre. Le tout camouflé par un discours protectionniste non suivi d'action. En un sens, Trump n'a pas rompu avec le globalisme, il a simplement rompu avec le discours globaliste tout comme Reagan dans les années 80 qui conspuait les excédants Japonais, mais qui n'a jamais rien fait contre concrètement. Le résultat est que depuis Trump est arrivé au pouvoir le déficit commercial des USA bats des records, on applaudit le champion. De l'autre côté, comment donc interpréter les actions du gouvernement britannique qui traîne des pieds pour rompre avec l'UE en cherchant avec la complicité des élites de l'UE un moyen de faire durer l'application du Brexit le plus longtemps possible en attendant sa probable annulation pure et simple.

 

Dans le cas du Brexit n'est-il d'ailleurs pas étrange qu'aucun dirigeant de sa très gracieuse majesté n'ait eu l'idée simple de continuer à appliquer les traités signés avec l'UE tout en les écrasants au fur et à mesure par de nouveaux traités bilatéraux qui seraient négociés au cas par cas avec les différentes nations européennes? Il suffisait pourtant de déclarer les traités nouveaux comme systématiquement supérieurs aux anciens pour n'avoir pas à négocier quoi que ce soit avec l'UE. Une espèce de mis à jour pour traité international si vous préférez. Pourquoi donc se lancer dans le nettoyage des écuries d'Augias si ce n'est justement pour justifier l'abandon de toute forme d'indépendance nationale. Fatiguer les électeurs pour justifier l'abandon pur et simple du Brexit tel semble être la vraie raison de la lenteur des procédures. Supputer qu'il s'agit là uniquement de la stratégie de l'UE c'est évidemment faux, ce sont surtout les élites britanniques qui fomentent cette stratégie. Ne pouvant réfuter ouvertement comme en France l'opinion publique les élites britanniques ont simplement trouvé un stratagème pour continuer la folie européiste d'une autre manière. Les classes urbaines déconnectées des réalités font montre en Grande-Bretagne comme en France d'une incroyable capacité à créer une réalité orwellienne pour camoufler leurs méfaits. Adieu le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, et vive le droit des sachants approximatifs au nom de de leur supériorité morale imaginaire. Au passage, cela devrait faire réfléchir les adeptes de l'UPR pour qui l'application d'un article suffirait à résoudre tous les problèmes et à sortir de l'UE. Il s'agit là véritablement d'une idiotie. Nul besoin d'un texte quand la légitimité populaire et nationale est présente. La sortie de l'UE si elle devient un jour politiquement possible en France devra se faire sans aucune négociation de quoi que ce soit, mais comme un fait accompli, la paperasse n'étant que de l'intendance secondaire. Rien ne dépasse la légitimité de la souveraineté du peuple français et certainement pas un texte d'une constitution qui avait en plus été rejeté par référendum.

 

Macron entre Caligula et Boris Eltsine

Mais si les événements dans le monde anglo-saxon semblent nous décevoir à long terme, c'est bien en France que la farce néolibérale atteint vraiment le summum . Emmanuel Macron a parfaitement rempli son rôle de démolisseur libéral que j'avais imaginé. Il m'a quand même surpris par sa capacité notoirement extraordinaire à démontrer par l'absurde l'inefficacité de ces mêmes politiques . C'est qu'en plus Macron est une véritable incarnation de l'idéal libérale dans toute sa splendeur. Incapable d'altruisme ou de capacité minimale de compétence sociale, Macron démontre toute la violence du libéralisme brute. Il n'agit que dans son intérêt rien que pour son intérêt. La façon dont il renvoie l'ascenseur aux milieux économiques qui lui ont permis de monter au pouvoir est des plus démonstrative. Rien chez Macron ne dépasse l'horizon de sa propre réussite, l'idée de groupe ou d'intérêt supérieur à sa personne ou aux individus qu'ils côtoient ne dépasse jamais le niveau du slogan marketing. Il est d'ailleurs, j'en suis sûr, convaincu que tous les autres sont comme lui, c'est-à-dire des usurpateurs du nous et du collectif. Il pense comme tout libéral que l'homme n'agit que par intérêt personnel rien d'autre.

 

La politique de Macron n'a cependant rien de nouvelle contrairement aux discours répétés en boucle par ses adorateurs. C'est exactement les mêmes politiques que celles de ses prédécesseurs depuis Giscard. C'est une bonne vieille politique dite de l'offre qui consiste comme toujours à compresser la demande intérieure en espérant que le saint marché veuille bien nous récompenser par un peu de croissance grâce aux exportations. Il est quand même assez étonnant de voir tant de gens si « cultivés » continuer à s'extasier devant tant de pratiques économiques faisandées. C'est qu'il faut impérativement que cela paraisse neuf voyez-vous puisque tout le monde sait au fond que ces politiques ne marchent pas, puisqu'elles n'ont jamais vraiment marché. On serait au courant depuis 45 ans si c'était le cas. Mais Macron a ceci de spécial qu'il se fiche vraiment que cela fonctionne ou pas. Après tout, il n'est pas vraiment là pour diriger le pays, mais pour faire un plan de carrière. Et sur ce plan à n'en pas douter ses politiques fonctionnent. La dernière vacherie consistant à vendre des monopoles publics à des acteurs privés ses sbires auront quand même du mal à le justifier au nom de l'intérêt supérieur de la nation. Il ne s'agit ni plus ni moins que d'une pratique de corruption géante. Mais une corruption à ce niveau-là la France ne l'avait probablement jamais connu. C'est ici que la comparaison historique peut se faire. Plus la macronerie avance et plus la période actuelle que connaît la France fait penser aux années 90 en URSS avec Attali en guise de Spin doctor américain et Macron comme équivalent de Boris Eltsine. Et il n'a même pas l'intelligence de camoufler ses motivations réelles comme ses prédécesseurs à l'image de Nicolas Sarkozy. Il est vraiment unique.

 

Comme l'ancien président de l'URSS Macron qui ne s'intéresse qu'à ses propres intérêts détruit la structure même de l'état. Les ventes privées servent à faire du renvoi d'ascenseur à ceux qui ont financé son plan de carrière. Elles servent également à préparer son futur. Cette situation française correspond exactement au déclin de la république telle que le concevait des auteurs comme Montesquieu car comme il le disait dans « De l'esprit des lois »  :

 

« Autrefois le bien des particuliers faisait le trésor public; mais pour lors le trésor public devient le patrimoine des particuliers. La république est une dépouille; et sa force n'est plus que le pouvoir de quelques citoyens et la licence de tous. »

 

C'est en ce sens que Macron entre dans l'histoire, non comme le sauveur de la nation qu'il a prétendu être et comme son extraordinaire ego semble l'illusionner, mais bien comme le fossoyeur terminal d'une nation mourante. À cela s'ajoute ses frasques qui ne seraient pas si graves en tant que telles, si elles n'étaient pas accompagnées par sa brutalité politique et qui mis en corrélation nous présente notre président comme dangereux malade . Voilà donc le président français naviguant donc entre Boris Eltsine et Caligula. Nous n'avons pas encore eu droit au cheval ministre, mais qui sait, son quinquennat est encore bien loin d'être terminé.

 

La trahison du FN et les faux opposants.

 

Mais face à cette horreur qui nous gouverne peut-on espérer un renouveau en face ? J'avoue avoir été surpris par la tournure qu'a prise le FN au lendemain des élections présidentielles. Alors même que le parti de Marine Lepen avait tout pour réussir et avait battu tous ses records en nombre de voix, elle a tout abandonné et laissé le courant souverainiste à la poubelle se débarrassant de Philippot du courant qu'il représentait et surtout de ses idées. À première vue il s'agissait d'une stratégie électorale, c'est du moins ainsi que les sbires de la vraie extrême droite ont présenté les choses. Prétextant que la sortie de l'UE et de l'euro était trop anxiogène. Je rétorquerais ici que l'échec économique italien montre au contraire tout le sérieux qu'il y a à sortir de l'Europe. Et que mentir aux électeurs en disant que l'on changerait quoi que ce soit sans sortir de l'UE est une infamie. Pire le FN a pris un tournant littéralement libéral sur le plan économique, la seule chose qui distingue Lepen de Macron étant la question migratoire. Une question qui fut pourtant largement secondaire dans les mouvements des gilets jaunes par exemple phénomène que l'extrême droite a fait semblant de ne pas voir. L'on voit donc ici que le FN est bel et bien une escroquerie du même tonneau que la gauche mélenchoniste. Avec l'anti-immigration à la place du partage des richesses. Le FN devenu RN a simplement abdiqué toute volonté de changement réel en France et se contente de faire son petit commerce sur l'immigration.

 

L'on devient dès lors très pessimiste sur l'avenir du pays. Il n'y a à l'heure actuelle aucune porte de sortie sérieuse pour la France. Les quelques mouvements un tant soit peu réalistes et cohérents voulant une sortie de l'UE et de l'euro comme préalable à reconstruction nationale ayant peu de chance de monter au pouvoir. Je n'ai pas encore parlé des gilets jaunes parce que contrairement à beaucoup d'alternatifs j'ai eu de la peine à considérer ce mouvement comme réellement important. Au risque de choquer il s'agit plus pour moi d'un cri d'agonie que d'un mouvement capable de changer quoi que ce soit à la situation. La forte dépolitisation de la population française a conduit à cette situation. Sans une pensée cohérente et structurée et des objectifs clairs, ces manifestations ne mènent à rien surtout avec un dirigeant si peu apte à la négociation. On peut le dire aujourd'hui, l'histoire de la France ne s'écrit plus sur son sol . Non qu'elle ne puisse plus l'écrire théoriquement, mais parce qu'elle a cessé simplement d'exister . La France est partagée, totalement fracturée, chaque habitant du pays ne voit plus midi qu'à sa porte. C'est vrai pour Macron, mais c'est en un sens vrai pour les gilets jaunes aussi. Pour penser la politique il faut d'abord penser à autre chose qu'à soi même ou à sa situation personnelle. C'est ce qui distingue l'habitant du citoyen. Or si la France actuelle ne manque pas d'habitants, elle manque surtout cruellement de citoyens.

 

Le mouvement des gilets jaunes a échoué, non pas parce que les gens qui le compose sont médiocres, ou mal intentionnés . Mais parce qu'il n'a pas entraîné de mouvement dans une partie des classes moyennes et chez les intellectuels. Il n'a pas dépassé sa condition sociale et il ne le pouvait probablement pas en fait. Le mouvement des gilets jaunes a donc surtout révélé l'incroyable fracturation de la société française. Des gens d'origine immigrés qui n'ont cure des problèmes des Français au bourgeois des centres-ville dont les discours quasi fascistes appelaient littéralement à tuer du pauvre. La France a montré dans sa réaction et sa non-réaction à ce mouvement populaire qu'elle n'était plus un pays, mais un ramassis de groupes sociaux sans aucune interaction commune. Chaque groupe agissant uniquement dans son propre intérêt et écrabouillant le voisin si besoin est. On a même assisté à des prémisses de déshumanisation des autres groupes sociaux faisant penser aux prédispositions intellectuelles aux courants fascistes et nazis d'avant-guerre. C'est particulièrement vrai chez les couches sociales les plus aisées, ce qui n'est guère étonnant quand on connaît le rôle que ces couches sociales ont joué dans la montée de ces idéologies. Je dois bien avouer que les bourgeois français me font de plus en plus peur et ce ne sont pas les multiples mesures policières du gouvernement qui vont me rassurer bien au contraire. Il faudra peut-être que je pense à déménager le blog à l'étranger qui sait.

 

Nous allons donc nous acheminer vers une tiers-mondisation accélérée du pays. Je ne serais guère étonné de voir dans quelques années le président vendre des bouts du territoire pour continuer la chienlit libérale. Je suis persuadé que nos îles et départements pourraient probablement intéresser les Chinois. C'est déjà le cas en Grèce, pourquoi pas en France après tout, les mentalités sont déjà prête. Tant que les bourgeois peuvent continuer à diner en ville, peu importe que la nation brûle. Ce qui sera intéressant dans les années avenir ce sera de voir l'évolution de l'Allemagne. Des discours eurocritiques commencent à apparaître outre-Rhin, c'est d'ici probablement que viendra peut-être notre salut. Tout cela sur un fond de crise économique mondiale renouvelée, la supercherie économique Trumpienne commençant à apparaître au grand jour, mais nous y reviendrons dans un texte ultérieur. Je vous retrouverais normalement régulièrement sur le blog. J'essaie humblement de me remotiver malgré la situation abominable dans laquelle nous sommes comme le montre malheureusement ce rapide tour d'horizon.

 

 

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7 mai 2017 7 07 /05 /mai /2017 21:48

Le nouveau président français vient donc d'être désigné. Il est mal désigné avec un fort taux de votes blancs ou nuls. À cela s'ajoute un taux participation qui atteint 26 %. Un résultat pas terrible lorsque l'on regarde son adversaire ostracisée jusqu'à plus soif par les médias. J'aurais bien évidemment préféré que MLP atteigne 40 %, mais sa faible prestation lors du débat à dû fortement porté sur ce résultat. Et surtout si Macron a gagné contre Marine Le Pen, il n'est pas réellement devenu président, en tout cas il n'est loin d'être le président de tout les Français. Sa mauvaise élection va peser fortement sur les scrutins qui s’avéreront difficiles pour son mouvement dont on ne sait d'ailleurs pas vraiment la nature de la majorité qui présidera pour lui. Il n'a d'ailleurs pas du tout montré une esquisse de volonté de rassemblement derrière lui. Son programme c'est celui des maigre 24 % de son premier tour, rien d'autre. Cela promet pour l'avenir et la concorde civile. Il veut rassembler ceux qui sont comme lui, c'est un personnage bien de son époque en un sens.

 

Un président déjà en sursis

 

La question des législatives va être fondamentale. Non seulement pour savoir si le pays va avoir une majorité, car rien n'est sûr en la matière. L'élection législative est une élection locale avec des personnalités fortement implantée sur le territoire. Si le PS s'est effondré lors de l'élection présidentielle, il fera probablement un meilleur score à cette élection. À l'inverse des mouvements comme ceux de Macron ou celui de Mélenchon peuvent-ils s'implanter dans des élections locales ? C'est un grand mystère. L'autre question pour les législatives sera de connaître l'implantation ou non du FN. Parti extrêmement peu représenté en regard de son poids électoral réel, les législatives resteront un point important pour voir si la stratégie du FN lui permettra d'avoir enfin une représentation à sa mesure. La grande inconnue également sera de savoir si les désistements systématiques du pseudo front républicain fonctionneront encore. Car on le voit ce Front qui a servi à asseoir un banquier d'affaire à la tête de la nation française à nettement moins bien fonctionner cette fois. Il est à parier que la dédiabolisation va continuer son bonhomme de chemin. L'autre question est celle du comportement des partisans de Mélenchon . Nous allons vers des élections législatives avec un jeu à quatre voir cinq joueurs (le PS n'étant pas hors jeu dans les élections locales) et non plus à trois comme on en avait l'habitude.

 

L'on pourrait très bien se diriger vers une majorité de droite à l'élection présidentielle. Je dirais même qu'une majorité LR à l'assemblé avec un président parfait représentant du néolibéralisme rose bonbon serait un parfait moyen pour décrédibiliser encore plus ces politiques et ces partis politiques. Pour ce qui est du mouvement de Mélenchon ou du FN, il faudra voir quelles seront localement les conditions de désistement. Je vois mal Mélenchon organiser des désistements favorables à Macron après ce qui s'est passé pendant la campagne. De la même manière, je ne vois pas les socialistes ou les partisans de Macron favoriser le mouvement des insoumis. On le voit, l'élection présidentielle n'est pas aussi fondamentale qu'on le croit. En tout cas, elle ne l'est plus parce que la population est profondément divisée. On risque de se retrouver dans les mêmes conditions qui ont mis fin au fonctionnement de la quatrième république. Ce qui prouve que ce ne sont pas tant la solidité des institutions qui tiennent la stabilité d'un régime politique que les rapports de force au sein même de la société. Une société profondément divisée socialement et économiquement peut avoir les meilleures institutions qui soient et finir par se retrouver dans un régime instable et une société bloquée.

 

Le président de l'autodestruction libérale

 

Comme je l'avais explicité dans mon texte précédent le premier tour des élections, je persiste à dire que Macron sera le meilleur moyen de radicaliser le pays et de mettre fin justement à la domination du néolibéralisme en France. On pourrait voir ici la politique du pire, ce n'est pas le cas. Il s'agit d'une réflexion à long terme basée sur les rapports de force actuels. Qui plus est, Macron est dévoré par l'hubris comme la totalité de son milieu social. Cette hubris, et la suffisance qui va avec, ne sortait ouvertement que très rarement chez Hollande ou chez Sarkozy. Ces derniers étaient bien évidemment du même moule que Macron que ce soit sur le plan social ou sur le plan des idées. Cependant, ils pouvaient faire illusion, se gausser pendant leur repas des sans-dents tout en faisant des discours sur la gloire de la nation et du peuple français avec des trémolos dans la voix. Il n'y a rien de tout ceci avec Macron. C'est un Tony Blair français avec encore moins de charisme et de retenue. Le simple fait qu'il veuille diriger en grande partie avec le 49-3 montre toute cette suffisance, et ce déni naturel de démocratie qui caractérise les pensées suprématistes. Car oui avec Macron nous avons un vrai extrémiste au pouvoir. Un suprématiste capitaliste de pure souche qui va essayer de déboulonner la totalité de ce qui reste du système social français. Et le pire c'est qu'il le fera avec plaisir en souriant. De quoi réellement attiser la colère des Français. Et réveiller enfin les imbéciles de gauche qui pensent qu'une autre Europe est possible, que finalement le libéralisme rose c'est plus sympathique que ces affreux réactionnaires de la souveraineté.

 

Macron va se retrouver avec une société bloquée, et dont les blocages proviennent exactement des résultats des politiques qu'ils comptent mener avec assiduité. Je vous rassure cependant malgré sa volonté de saccage, il va vite se retrouver bloqué. D'abord parce que le pays va probablement multiplier les luttes sociales. Luttes qui seront d'autant plus faciles à mener que Macron n'a que peu de légitimité et qu'il semble particulièrement détesté par la France d'en bas. Sa suffisance et son incapacité à réellement cacher ses intentions et son mépris ne feront qu'aggraver encore la réaction d'une population qui reste au fond d'elle même encore attachée à une certaine décence et à un certain respect de l'égalité. Macron, malheureusement pour lui, est un anglo-saxon parlant français, et il a la mentalité qui va avec.

 

L'autre blocage tout aussi puissant sera sur la question européenne. Macron rêve d'avoir une fusion fédéraliste de l'Europe. Il rêve encore une fois de la réalisation du projet aussi dangereux que ridicule d'une nation fédérale européenne. Il sait comme ses collègues banquiers que le système économique européen actuel ne fonctionne pas. Mais plutôt que de le remettre en cause, il compte bien mettre la touche finale à l'édifice. Le problème que monsieur Macron n'a pas compris, c'est que si la vision d'une Europe fédérale ne s'est pas accomplie, ce n'était pas à cause de ses prédécesseurs franchouillards, mais bien parce que les autres nations et particulièrement l'Allemagne n'en voulaient pas. Ce que veut l'Allemagne actuelle ce n'est pas d'une nation européenne et des transferts de solidarité vers l’Europe du Sud, transferts qu'elle serait d'ailleurs bien en peine de fournir à la hauteur des nécessités. C'est un rééquilibrage des comptes français par la destruction de l'état social français.

 

L'Allemagne veut détruire la structure sociale française dans ses propres intérêts, car les élites allemandes contrairement aux élites françaises continuent de penser en terme d'intérêt national. Pour elle l'Europe n'est qu'un outil pour servir ses intérêts, rien d'autre. La destruction de l'industrie française met ce pays sous le joug allemand et l'Allemagne qui manque de main-d'oeuvre ne serait pas contre un effondrement social et démographique français pour nourrir son industrie en main-d'oeuvre qualifiée plus facilement absorbable que celle du Moyen-Orient. À cela s'ajoute le fait que l'Allemagne a tout intérêt pour l'instant au maintien de l'euro qui la protège contre la réévaluation monétaire. L'effondrement français a donc deux intérêts à moyen terme pour l'Allemagne. Favoriser une baisse de l'euro, ou au moins le maintient à des taux nettement plus faibles qu'un Mark solitaire. Le deuxième intérêt est de potentiellement faire de la France un fournisseur de main d’œuvre complémentaire pendant quelques décennies.

 

Contre ce mur-là, il n'y a que le seul fracas qui attend Macron. Du reste étant donné l'image que les élites allemandes ont de Macron, ils comptent bien lui réclamer un maximum d'effort pour lui et la nation française. Le Macronisme va donc très vite plonger dans les profondeurs de l'impopularité. Et l'Europe déjà très impopulaire finira par être vue pour ce qu'elle est une vaste entreprise de pillage pour les intérêts allemands et la grande finance. Dans cinq ans il sera bien difficile de défendre encore l'euro et l'Europe alors que le champion qui devait nous sauver avec plus d'Europe aura au nom de son fédéralisme croupion clochardisait quelques millions de Français supplémentaires . Et cela en n'obtenant rien d'autre que mépris de la part des chefs de l'Empire germanique. Reste à savoir qu'elle sera la réaction des adorateurs du macronisme actuels lorsque leur idole aura failli. Comme l'a dit récemment Guaino dans cette vidéo : « Quand les gens verront qui est MACRON il sera trop tard ! ». Cependant Guaino ne voit pas qu'il s'agit là malheureusement d'un mal nécessaire.

 

 

Préparer l’après Macron, pour le rebond national

 

Même si cette élection peut laisser un goût d'amertume, je tiens quand même à souligner que les idées de nation et de souveraineté ont été nettement en progrès. L'on voit aujourd'hui que l'unité de la gauche qui était encore valable en 2012 ne l'est plus. De son côté le FN a réussi à faire sauter le plafond de verre, quoi qu’en disent certains. Je vois déjà mon collègue Laurent Herblay me dire le contraire alors que cela me semble l'évidence. Si elle veut faire fructifier, son élection Marine Le Pen doit accélérer son changement d'image. En changeant de nom pour son parti. En faisant monter des personnalités comme Phillipot sur le devant de la scène. Il faut délepéniser le FN, si je puis me permettre ce néologisme. Un petit coup à jouer pour les législatives serait de se désister lorsqu'un candidat des insoumis se retrouve en position favorable de façon à bien faire voir que la vraie opposition de notre temps n'est pas la droite ou la gauche, mais entre souveraineté et européisme.

 

Avant de désespérer comme beaucoup, dites-vous bien qu'en 2012 nous avions un Nicolas Sarkozy contre français Hollande au second tour des élections. Que la question de la souveraineté n'était pratiquement pas abordée et que le système de balancier entre la droite libérale et la gauche libérale fonctionnait encore. Cette fois c'est fini, le système néolibéral a dû jouer franc jeu et mettre en place un candidat rassemblant l'ensemble du libéralisme. Dites-vous bien aussi que le FN et la France insoumise sont de loin les électorats les plus jeunes, l'avenir est devant nous. Il reste évidemment un énorme travail pour faire comprendre la sortie de l'UE et de l'euro. Un travail de persuasion et de compréhension qui doit s'accélérer. Cette solution doit devenir une évidence pour la majorité des Français, mais pour cela il faut bien faire comprendre le lien entre l'euro et les politiques néolibérales. Lien qui n'est pas toujours compris surtout à gauche de l'échiquier politique.

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5 mai 2017 5 05 /05 /mai /2017 15:43

Puisque les candidats à l'élection présidentielle ne semblent pas très au courant de la situation réelle du pays. Je crois qu'il est d'intérêt public de faire quelques mesures pratiques. En effet, comment ne pas être surpris de voir un président catastrophique nous sortir l'idée qu'il a un bon bilan ? Ou voir son ancien ministre de l'économie nous sortir l'énormité d'une baisse du chômage qui serait concomitante à l'entrée dans la zone euro. Il faut bien le dire, ce n'est pas la première fois que les politiques font semblant de ne pas voir la réalité. Qui se souvient encore aujourd'hui de la cagnotte Jospin ? À l'époque les socialistes tout fiers de la baisse du chômage et de l’amélioration des comptes sociaux s'étaient empressés d'y attacher le mérite de leur politique. Ainsi ont-ils pris au sérieux l'idée que les 35h avaient fait baisser le chômage. Hypothèse aussi ridicule que démontré par la suite des évènements. La poussée du chômage après Jospin sans remise en cause des trente-cinq heures fut démonstrative. Cela aurait de la pousse les socialistes à réfléchir à la question, il n'en a rien été. La vérité c'est que c'est essentiellement la dévaluation du franc qui a permis la reprise à partir de 1997 comme vous pouvez le voir ci-dessous. C'est l'évolution du taux de change de l'euro par rapport au dollar.

 

 

En fait la corrélation entre la situation commerciale et économique française et l'évolution du taux de change est tellement évidente qu'il faut sérieusement se demander comment nos politiques peuvent être à ce point aveugle. La légère amélioration de la situation commerciale pendant la fin de l'actuel mandat tient aussi au fait que l'euro s'est dévalué depuis fin 2014. C'est d'ailleurs étrange de voir tous les défenseurs de la zone euro s’esbroufer sur la sortie de la zone à cause du risque de dévaluation alors même que la monnaie que nous utilisons s'est déjà dévaluée d'environ 20 % . C'est le grand mystère des sophistes du petit écran qui changent leur étalon de mesure dès que cela les arrange. On se souvient du drame de l'effondrement du rouble qui devait conduire au désastre la Russie alors même que le Japon avait fait une dévaluation nettement plus fortement seulement quelque mois avant. Et cela sans que cela ne chagrine non plus les médias mainstream. On ne saurait mieux démontrer le caractère hautement relatif des « économistes » institutionnels de la télévision et des médias français.

 

Comme vous pouvez le voir sur le graphique ci-dessus (source), il y a une forte corrélation entre l'évolution du taux de change et l'évolution de la balance commerciale ici représentée par le taux de couverture entre les exportations et les importations. Il y a un léger décalage dans le temps parce que les effets des évolutions monétaires sur le commerce ne sont pas instantanés. L'amélioration commerciale sous Hollande tient essentiellement à la double dévaluation . La première est celle de 2008-2012 qui voit le taux de change passer de 1,6 € pour un dollar à 1,3. Puis une deuxième plongée qui se situe fin 2014 et qui fait passer le taux de change de 1,3 à 1,1€ par dollar. On est revenu à la limite qui permet à l'économie française de souffler un peu. Mais la situation risque de ne pas durer, car fondamentalement la zone euro est une zone fortement excédentaire. C'est d'autant plus vrai qu'à cause des politiques d'austérité en Espagne et en Italie ces pays sont devenus excédentaires. En 2015 par exemple le figaro nous dit que la zone a eu un excédent record de 246 milliards d'euros. Il n'y a donc aucune raison pour que l'euro reste indéfiniment avec une monnaie sous-évaluée. Le répit ne durera pas bien longtemps avant que la zone retrouve des niveaux à 1,3€/$ ou plus. LA zone euro est d'ailleurs avec la Chine le gros point noir de l'économie mondiale. Les USA commencent à remettre en cause les traités de libre-échange avec le Canada et le Mexique, mais l'autre gros morceau pour eux c'est l'Allemagne et ses satellites.

 

Pendant ce temps la France continue d'accumuler des dettes pour nourrir sa croissance. Ici l'effet de l'euro est encore plus net puisque l'on voit bien la rupture avec l'entrée de la France dans la monnaie unique. La croissance économique de la période Sarkozy fut bien une bulle alimentée par l'endettement massif. (source)

 

 

Si le gouvernement peut faire illusion en racontant n'importe quoi sur la croissance. Il est par contre très difficile de nier que la croissance de la dette n'est pas liée à l'euro. Non seulement la France a une croissance globalement plus faible qu'avant l'euro, mais en plus cette croissance s'est traduite par une forte augmentation d'endettement. Le plus drôle c'est que la population française a augmenté plus vite pendant la période 2002-2012 que pendant la décennie qui a précédé. En effet entre 1992 et 2002 la population active française avait augmenté de 1,7 million de personnes. Entre 2002 et 2012, la population active a augmenté de 3 millions de personnes. C'est-à-dire que malgré l'accroissement deux fois plus rapide de la population active la France a connu une croissance du PIB plus faible. Et c'est normal puisque la qualité des emplois s'est fortement dégradée. Et dans une période de stagnation économique « plus y a de fous, moins y a de riz » comme disait Coluche. La France crée des emplois à faible revenu dans les services nourris par la dette. C'est une société d'aristocrates entourés nouveaux domestiques .

 

 

Le taux de chômage du graphique précédent ne concerne que les catégories A. On sait que le gouvernement Hollande a fait beaucoup d'effort pour camoufler le taux de chômage réel en les planquant dans d'autres catégories. Contrairement à ce qu'affirme Macron le taux de chômage a baissé avant la mise en œuvre de l'euro. Cela coïncidence avec la période de dévaluation que nous avons vue précédemment. Par la suite si le taux de chômage semble stagner, il y a un changement dans la création d'emplois. C'est une période qui voit l'industrie automobile française disparaître et se multiplier les emplois dans l'immobilier et le coaching. Car il faut bien préciser que la crise que nous traversons n'est pas qu'une crise quantitative d'emploi, c'est aussi et surtout une crise qualitative. En un sens, la croissance française est maintenant comme celle des USA nourrie uniquement par l'accroissement de la population . La croissance par tête et donc la hausse véritable du niveau de vie sont très faibles, si elle n'est pas négative pour une bonne part de la population. En effet nous savons que cette maigre croissance du PIB se concentre essentiellement sur les 10% d'en haut qui pompent à eux seuls 50 % de la croissance annuelle.

 

 

Au-delà de la question du chômage c'est la notion même de civilisation qui est en question. Est-ce qu'une société de petit seigneur entouré de serviteur est quelque chose que l'on peut vouloir pour la France du 21e siècle ? Une société où les grandes décisions seront prises ailleurs en Allemagne ou à Bruxelles. Une société ou les différences entre riches et pauvres deviendront si grandes que l'on pourra parler dans quelques années de races différentes comme il y avait une différence physique entre le noble d'autrefois et le cul-terreux qui vivait de son lopin de terre. Cette société est-elle viable ? Peut-être. Est-elle vivable, c'est autrement plus discutable. Il est en tout cas certain que la démocratie bourgeoise aura de plus en plus de mal à maintenir l'illusion de politique agissant dans l'intérêt général. Les chiffres sont catégoriques, ce n'est pas le cas. Le dernier fusible présentable qu'est monsieur Macron sera le dernier maillon de la chaîne. Après lui soit il y aura une rupture réelle qui nécessitera une sortie de l'UE et de l'euro, soit une rupture ouverte avec la démocratie. Étant donné l'évolution du comportement de nos classes dirigeantes, ce n'est plus inimaginable.

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28 avril 2017 5 28 /04 /avril /2017 15:13

 

Les événements s'accélèrent à une vitesse incroyable. Le système médiatique et les classes sociales dominantes s'affolent aussi vite qu'elles se sont emballées au lendemain du premier tour des présidentielles. Le discours sur les heures les plus sombres de notre histoire est de retour. Il faut dire que le poulain pur sang du néolibéralisme à du mal à manier autre chose que les positions morales et les discours creux. Il est très difficile de cacher la médiocrité du personnage, d'autant plus que l'hubris qui caractérise les classes possédantes a tendance à leur faire dire malencontreusement tout haut ce qu'elles pensent tout bas. À l'image de Jacques Attali conseillé permanent de l'Élysée depuis les années 80, et pour qui les fermetures d'usine ne sont que des anecdotes. Faut-il y voir une resucée du point de détail de Jean-Marie Le Pen ? Ils se lâchent de plus en plus ouvertement les néolibéraux. Et cela à un rythme nettement plus rapide que ce que j'escomptais avec la mise en place d'une présidence ouvertement libérale. Car il n'y a plus ici d'illusion dans la présentation du discours. En 2012 l'ennemie de Hollande c'était la finance. Avant même d'être élu Macron nous dit : « Je ne vais pas dire aux Français que je vais défendre leurs intérêts face à Berlin ». Je l'aime bien ce Macron finalement . Son ingénuité va lui faire dire trop honnêtement pour qui il roule. Il est vraiment le candidat idéal pour faire couler le système.

 

Mais cela n’empêche pas les thuriféraires du système de continuer à nous vendre le discours du camp du mal contre le camp du bien. Et peu importe les réalités historiques comme le fait par exemple que le Nazisme était surtout le produit de la petite bourgeoisie et du patronat apeuré par la montée du communisme en Allemagne. À l'époque les riches votaient pour les nazis, les pauvres votaient pour les communistes. Cela donne une autre image au combat contre le fasciste dans l'élection française n'est-ce pas ? Qui détient la maîtrise des médias ? Qui défend l'intérêt des riches et des puissants ? Qui utilise la menace et toutes les bassesses pour arriver au pouvoir ? Marine Le Pen ou Emmanuel Macron ? Le fascisme n'est pas nécessairement là où l'on croit qu'il est. Du reste, rappelons pour l'anecdote et la culture du pitoyable ex-maire de Paris qu'Hitler n'a pas été élu. Son parti politique était même en déclin avant sa mise au pouvoir par des petits arrangements avec la droite conservatrice de l'époque. Le parti nazi a obtenu au maximum 36 % des votes allemands. Et citons Wikipedia sur cette affaire :

 

«  Le 30 janvier 1933 vers midi, Adolf Hitler atteint son but : il est nommé chancelier de la République de Weimar après un mois d’intrigues au sommet organisées par l’ancien chancelier Franz von Papen, et grâce au soutien de la droite et à l’implication du Parti national du peuple allemand (DNVP). »

 

C'est bien l'alliance de la bourgeoisie patronale avec un gourou venu de nulle part et soutenu par une propagande constante qui va monter au pouvoir. Mais arrêtons là les comparaisons vaseuses et approximatives qui permettent au système néolibéral de cacher la défense outrageuse de ses intérêts et parlons de la France actuelle.

 

La lutte des classes en France

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J'avais donné dans mon texte précédent la comparaison entre le vote Macron/Le Pen et le taux d’industrialisation du pays en 1958. Cette comparaison montrait l'opposition latente entre la France qui soufre du libre-échange, de la surévaluation monétaire, et celle qui est moins touchée par celle-ci. La France du fonctionnariat, la France du tertiaire, de la finance et des professions libérales. Cette dichotomie saute aux yeux, mais elle n'a rien de nouveau. Après tout Chirac en 1995 avait fait une campagne sur la fracture sociale. La fracture s'est simplement considérablement aggravée notamment par le fait que l'euro est entre-temps devenu notre monnaie. À cela s'ajoute la fragmentation spatiale provoquée par les bulles immobilières . En effet en 1995 si la fracturation économique avait déjà durement frappé le pays, les classes sociales étaient encore relativement mélangées. La période de la bulle immobilière en France va progressivement expulser les populations les moins fortunées des centres-ville. Cette évolution prenant littéralement un tournant caricatural dans la ville de Paris.

 

Cette concentration de la richesse expliquant l'incroyable disparité entre le vote des Parisiens et celui de la France dans son ensemble. Alors que le FN fait 21,3 % sur l'ensemble du territoire, il ne fait que 4,99 % à Paris. EM faisant lui 34,8 % contre 24% dans l'ensemble de la France. C'est à se demander effectivement si Paris peut encore réellement jouer son rôle de capitale du pays. Nous avons ici la démonstration des effets catastrophique de la bulle immobilière sur la vie politique française. Les élites du pays avaient déjà la mauvaise habitude de vivre séparément, elles vivent maintenant complètement en vase clos. Ce qui ne les empêche pourtant pas de déclamer leur ouverture au monde et la fermeture maladive dont seraient porteurs les ploucs de province. Paris est devenu un bunker géant pour personnes fortunées.

 

Pour en revenir aux questions économiques. L'évolution spatiale du pays est mise en exergue par les deux cartes précédentes. Mais un tableau statistique encore plus parlant sur l'évolution du pays a été mis en ligne il y a peu par le site Real-World Economic Review. Le site étant anglo-saxon il a l'immense mérite d'être peu influencé par la corruption et le copinage du système universitaire français. Il porte un regard neutre sur la situation française. Et l'image des deux courbes suivantes est absolument limpide, mais aussi dramatiquement caricaturale.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Que nous dit ce graphique ? Il indique deux courbes, en bleue nous avons l'évolution de la croissance sur la période 1950-1983, en abscisse nous avons les couches sociales de la population séparée par tranche de 20 %. Cela va des 20 % les plus pauvres au 0,01 % les plus riches. La courbe verte nous indique la croissance économique pour ces mêmes couches sociales de 1983 à 2014. Je crois que la comparaison se passe pratiquement de commentaire. On voit que, pendant les trente glorieuses, la croissance a été non seulement plus forte pour la majorité de la population, mais qu'elle a en plus été nettement plus favorable aux couches populaires. Cela démontre les effets des politiques keynésiennes, et dont Keynes lui-même nous disait qu'elles finiraient par euthanasier les rentiers. Les 85 % du bas de la pyramide sociale ont eu une croissance moyenne de 3,5 % par an et par adulte, c'était une remarquable homogénéité dans l'évolution économique.

 

La croissance depuis 1983 se concentre elle majoritairement sur les 5 % d'en haut. Et plus vous êtes haut dans la pyramide du revenu et plus vous bénéficiez de la croissance économique. Les classes sociales du milieu sont les grandes perdantes du système néolibéral. Je ferais remarquer au passage qu'une bonne partie des classes moyennes ont voté Macron et continueront à le faire alors même qu'elles sont les principales perdantes du système. On ne peut pas gagner une élection présidentielle avec seulement 5 % des électeurs. Ces deux courbes montrent, plus encore que les cartes, la lutte des classes qui se joue dans notre pays et qui prend la forme de la lutte entre la nation et le parti de l'étranger. Elle montre aussi la fragilité de cette domination. Car la classe sociale à laquelle appartient Macron ne peut dominer le système que parce que les classes moyennes ont l'illusion d'appartenir au même monde et aux mêmes intérêts. C'est cette illusion qui pourrait paradoxalement éclater avec l'élection de cet illusionniste de plateau télé. Macron n'est pas le candidat de la France qui gagne, c'est le candidat des rentiers et des parasites qui tuent notre pays à petit feu depuis trente ans.

 

Le vrai racisme d'aujourd'hui est social

 

Au stade où nous en sommes peut-on encore parler de lutte des classes ? En effet une lutte semble désormais un terme trop faible pour définir la réalité dans laquelle nous sommes. Car l'explosion des inégalités s'accompagne d'une culture de la haine, une véritable celle-là. Celle de la haine de classe. Une haine qui prend de plus en plus ouvertement forme avec des références constantes aux diplômes par exemple. Les sans-diplômes votent Le Pen. Étant sous-entendu les imbéciles votent Le Pen. Tel est le discours dominant chez les classes supérieures parisiennes. Quelques regards aux propos tenus par certains journalistes sont suffisants pour voir cette réalité. Il n'y a ni compassion, ni compréhension, ni empathie, juste une avalanche d'insultes et de grossièretés comme on pouvait en voir contre les noirs aux USA dans les années 60. Mais en fait le simple fait que ces pauvres votent Le Pen montre qu'ils sont loin d'être des imbéciles justement. Car ils ont bien compris où sont leurs intérêts réels. Et si l'on regarde la courbe que j'ai donnée précédemment c'est bien plus les cadres supérieurs et autres classes moyennes qui votent Macron qui sont des imbéciles en votant contre leurs intérêts. Qui est le plus malin, celui qui se fait couillonner en applaudissant, ou celui qui sort des négociations en renversant la table ?

 

Dans la France de 2017, interdire à quelqu'un d'aller dans un lieu parce qu'il est Arabe ou Noir est, heureusement, considéré comme inadmissible. Il est par contre totalement toléré de chasser les habitants d'une ville en faisant grimper les prix de l'immobilier. Il est tout aussi normal de sélectionner les gens en fonction de leurs revenus. L'épuration économique est totalement tolérable . On peut briser des millions de vies par une monnaie surévaluée et conduire des millions de gens à l'indigence puis au suicide. Ce n'est pas un génocide, hein, c'est la loi du marché. Un peu comme naguère, l'on justifiait le commerce d'esclaves au nom de la loi de l'offre de la demande. Rien de très nouveau au pays du libéralisme décomplexé. On 'a même des sites de rencontre où le premier critère passe par la taille du portefeuille. De fait si le racisme ethnique a bien disparu contrairement au discours lénifiant des élites qui combattent des fantômes pour faire oublier les vrais problèmes. Le racisme social lui ne s'est jamais aussi bien porté. Il est même un gage de haute valeur qualitative quand on est président de la République n'est-ce pas, monsieur Hollande ?

 

Ce racisme social, dont les propos d'un Jacques Attali ne sont finalement qu'une minuscule démonstration, tant à produire un fascisme d'un nouveau genre. Un fascisme ouvert aux immigrés, mais fermé aux pauvres du pays local. Un fascisme qui a en plus la prétention d'une pureté morale absolue se présentant comme le camp du bien contre les sans-dents, et bientôt les sans âmes. La question que je me pose au final est: « Est-ce que ce fascisme peut aller aussi loin que ses glorieux ancêtres ? » Aura-t-on bientôt des camps de concentration pour mal pensant ? Ces gens finiront-ils par exterminer les gueux au nom du bien ? J'ose espérer que les Français se réveilleront avant que nous n'en arrivions à ça. Macron, je l'espère, va servir de détonateur et faire exploser le lien entre les classes moyennes et les 5 % d'en haut. On verra si à long terme, c'est le FN ou un autre camp politique qui bénéficiera de cette rupture. Ce qui est certain c'est que l'élection de Macron marque une rupture durable et la fin des illusions sur une nation égalitaire. La France de 2017 est effectivement raciste, elle déteste ses pauvres.

 

 

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25 avril 2017 2 25 /04 /avril /2017 16:00

Quelques heures ont passé depuis le résultat de la présidentielle. Le calme est revenu même si les médias mainstream ont lancé l’hallali contre le méchant FN . Mais la mobilisation fonctionne moins bien qu'en 2002, il faut dire que de l'eau a coulé sous les ponts depuis. La France vit désormais sous le régime de l'euro, elle en subit les conséquences. Et le FN n'est plus vraiment le parti repoussoir bien pratique qu'il a été durant les années 80-90. De fait si Marine Lepen perdra certainement au second tour, rien n'est encore joué sur son score . Et comme je l'ai déjà dit, c'est bien la préparation postélectorale qui compte. Une Marine Lepen avec près de 40 % au second tour sera plus à même de se présenter comme la seule vraie opposition au libéralisme Macronien, alors que ce sera plus discutable si elle peine à dépasser son score du premier tour comme son père en 2002. La population commence à bien comprendre y compris à gauche que le fameux Front Républicain© est en fait un front libéral contre toute alternative politique au libre-échange et à l'européisme. L'on aurait eu certainement le même type de déchaînement avec un Mélenchon contre un Macron au second tour. La teinture du Front aurait simplement changé de couleur avec un Front anti-bolchévique pour la liberté individuelle, ou quelque chose du genre.

 

Quoi qu'il en soit même dans la presse classique l'évidence de la fracturation du pays en deux camps diamétralement opposés devient évidente. Certains y voient la lutte de la France d'en haut contre celle d'en bas,d'autres un retour au clivage de 2005, d'autres enfin un retour de la lutte des classes. Mais c'est probablement notre bon vieux Todd à qui il arrive de sortir de sa torpeur cérébrale pour nous sortir une carte relativement parlante. Il s'agit comme vous pouvez le voir ci-dessous de la carte de l'industrie française en 1958. La comparaison avec les résultats électoraux de dimanche est relativement parlante. On y voit une France industrielle qui, on le sait, a été détruite en grande partie par le libre-échange et l'euro. Et de l'autre la France globaliste vivant de service relativement protégé du désastre. La seule exception étant la région parisienne qui n'a pas trop souffert de la désindustrialisation grâce à la captation du flux monétaire des échanges commerciaux et financiers. L'on sait cependant que ce n'est que momentané les déficits extérieurs français devant être à terme rééquilibrés. La purge libérale qui vient avec le concours de Macron et de l'Allemagne fera probablement rentrer la capitale dans le marasme généralisé que les élites autistes ont imposé depuis trente ans au pays. Paris ne pourra pas rester éternellement protégée des effets du libre-échange alors que l'on sait que la région parisienne est la principale source du déficit extérieur français.

 

A gauche résultat de 2017 à gauche proportion de l'emploi industrielle en France en 1958.

 

Pour revenir à l'élection en elle même, une étude de l'Ipsos vient d'être publiée et donne quelques données intéressantes sur l'élection. On constate notamment que Macron est le politique qui inquiète le moins l'électorat. C'est extrêmement étrange d'autant que François Fillon lui inquiète énormément ce même électorat. Il faudra m'expliquer la différence entre la politique de Fillon et celle de Macron en terme d'orientation macroéconomique, car en dehors d'une affaire de quantité les deux s'alignent sur les poncifs de la politique de l'offre. Cette opinion n'est à mon sens compréhensible que par le fait que les Français considèrent que Macron sera la continuité de François Hollande. Cependant qu'ils considèrent cela comme rassurant, peut inquiéter sur l'état de santé mentale de la population. Puisque par ailleurs Hollande est le président le plus impopulaire de l'histoire. Il faut aussi modérer ces chiffres, il ne s'agit après tout que d'une étude sondagière qui n'est pas nécessairement solide scientifiquement parlant. On remarquera par ailleurs que Fillon est considéré comme tout aussi inquiétant que Marine Lepen pour son programme. Étrange non ?

 

Autres données intéressantes, c'est la motivation derrière le vote des électeurs. Le tableau suivant indique quelle est la motivation principale qui a poussé l'électeur à choisir son candidat.

 

 

On voit très bien ici le caractère très solide du vote pour MLP. En effet, c'est elle qui a le soutien le plus fort de ses électeurs pour son programme et simultanément c'est elle qui sert le moins au calcul électoral. C'est exactement le contraire pour Macron qui est le candidat qui est le plus utilisé comme moyen de pression vis-à-vis des autres candidats avec près du quart de ses électeurs. Cela relativise encore plus le succès du poulain libéral. Plus étonnant Hamon arrive encore à avoir 18 % de gens qui votent pour lui par calcul malgré son score catastrophique. Nicolas Dupont Aignan quant à lui ferait bien de faire attention à l'avenir puisqu'il semble que près d'un électeur sur deux a voté pour lui par civisme et parce qu'ils ne trouvaient pas mieux ailleurs. Je lui laisse le soin de trouver une stratégie pour solidifier cet électorat à l'avenir.

 

 

Maintenant, intéressons-nous aux sujets qui sont jugés par les Français comme prépondérants. L'on voit tout de suite que l'économie et l'immigration sont au centre des préoccupations des Français. Le pouvoir d'achat arrivant en tête de gondole. Le paradoxe suprême est que la question Européenne, elle, ne se retrouve qu'en dixième position. Ce qui pourrait chagriner les eurosceptiques que nous sommes. Mais à y regarder de près rien n'indique ou n'explique si les français font le lien ou non entre les problèmes économiques, l'immigration et l'Europe. En fait le questionnaire est biaisé sur cette question puisqu'il a pris comme comme décision de séparer volontairement les deux. Peut-être pour mieux cacher l'euroscepticisme montant qui sait. Il aurait fallu une question plus précise sur le sujet pour se faire une idée réelle de l'état de l'opinion sur l'Europe et l'euro. Cependant la domination europhile dans les corps sociaux supérieurs, qui font et financent ce genre d'études, jouent naturellement contre ce genre d'analyse politiquement incorrecte. Il en va des études de l'opinion sur l'euro ou l'Europe comme du sujet de l'intégration et de l'immigration. Ceux qui étudient ces questions portent souvent des lunettes partisanes empêchant la nécessaire neutralité qui permettrait de produire des données objectives.

 

Quoi qu'il en soit si les Français continuent de différencier les problèmes européens des problèmes macroéconomiques du pays c'est qu'il nous reste encore du pain sur la planche pour leur faire comprendre qu'il n'en est rien. La poussée des partis eurosceptique tend quand même à penser qu'en pratique les gens ont bien conscience du lien même s'ils n'ont peut-être pas encore les idées claires sur ces sujets. Et comme nous l’avons vue, la peur du changement est probablement la dernière réelle motivation au blocage sur les questions européennes puisque les Français préfèrent souffrir avec Macron comme ils l'ont fait pendant 5 ans avec Hollande que de tenter autre chose. Loin d'être mouvement de marche en avant le mouvement de Macron a surtout l'intérêt pour les électeurs d'être un immobilisme. Il faudrait rebaptiser En Marche, le mouvement stationnaire.

 

 

Pour terminer sur l'enquête de l'Ipsos, la majorité des Français ont trouvé la campagne inintéressante. On ne pourra pas leur donner tort, le fond des problèmes ayant rarement été mis en avant. On n'oubliera pas non plus les affaires et les manipulations de toutes sortes qui ont permis en grande partie de fausser l'élection. Mais à titre personnel ce ne sont pas les candidats le problème même si le niveau n'était pas terrible. Après tout la campagne de 2007 avec Sarkozy et Royale n'était-elle pas aussi au ras des pâquerettes ? C'est surtout la dérive des médias dont le manque de plus en plus criant de neutralité commence à faire tache. Le manque flagrant de pluralisme médiatique se fait vraiment sentir . Je dirai même que la possibilité qu'ont eue les « petits » candidats de parler de sujets transversaux peu discutés d'ordinaire a souligné l'effroyable pauvreté des débats habituels.

 

 

Pour terminer, voici un petit tableau assez drôle indiquant « l'efficacité » médiatique des candidats en rapportant le nombre de citations dans les médias au nombre de voix obtenues par le candidat à l'élection. Nicolas Dupont Aignan arrive largement gagnant devant Asselineau. Hamon est le moins efficace, mais il faut mettre cela sur le compte de la trahison formidable de son parti et de François Hollande. Macron arrive en tête des grandes têtes de la campagne avec plus de deux fois plus de citations par millions de voix que Marine Lepen ou Mélenchon. Cela devrait rassurer un peu ceux qui pensent que les médias dominent tout et fabriquent le futur gagnant de l'élection. La réalité est plus compliquée que ça. Je rajouterai d'ailleurs, que ces de chiffres ne prennent pas en compte la « qualité » de la citation. En effet, être cité dans un grand journal sur Le Monde ou sur TF1, et être cité sur un site obscur du web, il y a évidemment un effet médiatique complètement différent. Le nombre pur de citations n'indiquant pas du tout cette qualité, on peut sans trop se mouiller que Macron et Fillon ont eu une qualité de citation bien meilleure que NDA ou même Marine Lepen.

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