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14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 20:12

imagesC'est la question que se posait le roi Théoden dans l’œuvre de Tolkien et adapté au cinéma par Peter Jackson "Les deux tours". Le roi se posait cette question alors qu'une immense armée était prête à déferler sur son peuple frêle et mal armé pour la bataille. Face à une fatalité, la lucidité revient et l'on se demande quels évènements ont alors pu conduire à un tel désastre. Malheureusement, c'est bien souvent trop tard que les hommes pensent à nouveau à leur situation et réfléchissent à leur réalité. Une réalité qui les a amenés là où ils en sont, c'est à dire dans une situation périlleuse voir dramatique. Cette question du roi Théoden est donc tout à fait appropriée pour la situation actuelle de la France. À un moment où celle-ci est d'ailleurs en train de se chercher un nouveau roi, et cela alors que les prétendants n'émoustillent guère les papilles électorales de nos concitoyens. On ne saurait trop les en blâmer d'ailleurs. Entre un président sortant d'une médiocrité effarante. Un opposant dont les idées n'ont guère plus que l'épaisseur d'un cheveu pour se distinguer de celles qui guident les actuels dépositaires du pouvoir régalien. Quand aux outsiders ils ne brillent guère plus, entre un Bayrou qui fait semblant d'être une alternative et un FN qui reste un repoussoir absolu pour la population  et qui sera incapable de rassembler au deuxième tour , on peut d'ores et déjà se demander à quoi peuvent servir ces élections. On peut d'ailleurs certainement se demander si ce n'est pas en définitive la démocratie telle que nous l'avons conçu qui nous a conduits au désastre actuel. Le sujet est tabou tant les modernes sont persuadés que leur réalité est la seule possible, mais les faits parlent d'eux même. La vitesse à laquelle l'occident et la civilisation occidentale dans son ensemble a coulé est tout simplement spectaculaire. Il n'y a pas de précédent en terme de rapidité d'agonie. En l'espace de deux générations, l'occident aura réussi à perdre toutes ses cartes et toute l'avance qu'il avait eues par rapport au reste du monde. Au point d'être dépassé par des régimes fort peu démocratiques, et ayant un moteur culturel  différent.  On pourrait donc effectivement se demander comme nous en sommes arrivés là. À un point tel de décrépitude que les états nations des vieilles sociétés occidentales se disloquent. Et qu'ils décident de détruire leur propre pouvoir en le confiant à des corporations privées et à des régimes supranationaux. Le marché domine l'occident parce que les états lui confient en quelque sorte les affaires publiques.  



La démocratie électorale entre mythe et réalité



S'il est une chose encore plus tabou que le protectionnisme ou le doute sur les bienfaits de l'immigration, c'est bien la mise en question de la démocratie. Ce régime politique qui en définitive n'a jamais duré très longtemps dans l'histoire et qui n'a représenté qu'une fraction minuscule de temps longs de l'histoire humaine est pourtant devenu un régime indiscutable et indiscuté. Même les dirigeants du FN que l'on présente comme des fascistes se disent démocrates et attachés à la République française. On pourra préciser tout de même que démocratie et république ne vont pas forcément de pair, tout comme monarchie et démocrate ne sont pas forcément opposées. Le diable étant toujours dans les nuances et dans la précision. Évidemment pour ce qui est de la France la république se conjugue avec la démocratie puisque l'évolution de l'une s'est faite en compagnie de l'autre. D'où la confusion des deux termes, les élites françaises vont même encore plus loin dans la confusion puisque certains font fusionner l'identité française avec la république. J'ose personnellement le dire, la France existait avant la république, défendre la France peut également se faire contre la république si ce régime nous conduit au désastre. C'est pour cette raison que personnellement je ne suis pas républicain, je défends l'intérêt du peuple français en tant que tel et je ne confonds pas notre régime politique avec la substance qui doit être défendu. Il est possible par contre que la défense d'un régime politique qui ne fonctionne manifestement pas conduise à la mort le peuple de France.



Je ne suis bien évidemment pas là pour défendre la mise en place d'une nouvelle monarchie absolue. Celle qu'a connue la France est morte et enterrée. Et les mœurs ou les coutumes qui l'ont portée pendant mille ans ont disparu. Or un régime politique efficace doit correspondre un temps soit à peu à la disposition culturelle du peuple qu'il est censé servir. La monarchie fonctionnait tant que durait l'esprit d'honneur pour reprendre les thèses de Montesquieu . Une fois les valeurs anciennes éteintes au plus haut niveau de l'état, le régime était condamné. Il en va probablement de même avec la République française actuelle qui met à sa tête les pires des hommes que le pays produit. La démonstration en a été faite avec les propos lourds de sens de ce pauvre Copé qui ne juge de la qualité des hommes en regard de leur avarice. S'il est un sens au mot vice, Copé en fait ici la plus parfaite définition (1). En un sens, Copé répond avec quelques années d’intervalle à la célèbre formule de Jacques Séguéla sur les montres Rolex et la vie ratée. Pour que la république arrive à mettre à sa tête de tels personnages, c'est que le processus de sélection est profondément bancal à moins de considérer effectivement tel un Jorion (2) que la qualité des personnes est directement proportionnelle à la somme qu'ils reçoivent comme traitement à la fin du mois. La vérité c'est que l'argent n'attire qu'un seul type de personne, les avares et les individualistes. La question est de savoir si l'appât du gain comme seul stimuli fait de bons politiques. Cela fait de bons commerciaux certes, mais l'on sait que l'appât du gain fait de mauvais chercheurs ou médecins. Et à fortiori c'est probablement bien pire dans une profession qui a pour but la défense de l'intérêt général. On voit mal comme un parvenu égoïste ira défendre l'intérêt d'un pays dont il se fiche.



C'est pourtant bien ce type de personnage que la puissance publique met au pouvoir en France depuis trente ans. Et c'est exactement la même chose aux USA ou en Grande-Bretagne pour ne citer que les deux autres vieilles démocraties en pleine décrépitude. Pour en revenir à notre question sur la démocratie il faut bien voir que ce que nous appelons la démocratie n'est qu'une forme possible de ce régime politique et probablement pas la meilleure qui plus est. En effet notre régime pourrait être qualifié de démocratie à explosion pour faire un parallèle mécanique. Dans le sens où elle consiste à prendre une photo de l'envie électorale une fois par une période variable suivant les régimes en place. Une fois ce choix des élus fait, le peuple n'a strictement plus rien à dire sur son propre destin. Et d'ailleurs si on lui demande son avis c'est en général que l'on s'efforce de lui imposer une décision grâce à la machine de propagande, que l'on ose appelé le journalisme en France ou aux USA. Et si par malheur le peuple rejette tout de même les propositions, on lui passera par dessus avec des justifications toute plus tordues les unes que les autres comme on l'a vue en France en 2005 avec le rejet du TCE. Cette élection aura au moins eu le mérite de montrer toutes les limites de la démocratie à l'occidentale, et j'espère mes concitoyens de moins en moins dupes sur la marchandise frelatée que l'on essaie de leur faire avaler depuis deux siècles. Un jour ou l'autre il va bien falloir l'admettre, la démocratie électorale occidentale est en fait bien peu démocratique. Elle n'a fonctionné que tant que d'autres éléments culturels issus de la société traditionnelle l'encadraient. Des éléments comme le patriotisme, la croyance religieuse, les mœurs classiques, l'honneur, etc. Et d'ailleurs les grands moments de l'histoire de France de ces deux derniers siècles ne furent jamais vraiment le fruit du système électoral. Pour ne prendre exemple que sur le Général de Gaulle qui pourrait croire que ce dernier aurait pu monter à la tête de l'état grâce aux règles classiques de la démocratie électorale ? Un régime où l'art de se faire élire est en contradiction avec l'art de diriger. Le Général n'aurait jamais été élu en temps normal. Et les médiocres de son époque auraient continué à diriger le pays.



En fin de compte, c'est la paix qui révèle les tares de nos régimes politiques. Car jusqu'alors les conflits et les tensions en Europe pouvaient perturber les fonctionnements politiques intérieurs et permettre à des personnalités atypiques et non-politiciennes de monter au pouvoir. Des personnalités emmenant avec elles une honnêteté et un désintéressement qui manque particulièrement aux professionnels du sophisme politicien. De fait la paix en Europe fera tomber la pseudodémocratie avec plus d'efficacité que tous les Hitler de l'histoire. Et nous sommes probablement dans cette crise au moment de vérité historique puisque l'aristocratie au pouvoir cache de moins en moins la vérité sur l'organisation de la société et les intérêts privés qu'elle défend. L'Europe n'est en définitive que la continuation en plus grande des corporations politiques qui dirigent nos peuples depuis deux siècles. La disparition du patriotisme et des restes de sentiment national chez les élites traduisant la fin définitive de l'Ancien Monde et le début d'un nouveau. En définitive, la démocratie électorale n'aura été démocratique que le temps que les anciennes croyances se perdent pour permettre à une nouvelle aristocratie de diriger grâce à des croyances nouvelles. L'Europe, le libéralisme ou l'écologie délirante autant de nouveaux socles religieux et idéologiques au pouvoir technocratique dans lequel ce dernier cherche sa légitimée nouvelle qui n'est pas encore totale. En effet, il y a encore des gens qui croient réellement que les élites ont un jour voulu donner le pouvoir au plus grand nombre, alors qu’elles ont juste cherché à faire semblant. Le régime ne fonctionne que tant que les gens y croient, la faiblesse du nouveau régime en Europe c'est qu'il est de plus en plus transparent et montre facilement les intérêts qu'il défend.



Vers un nouveau régime politique ?



Ne nous leurrons pas, la crise n'est que partiellement économique. L'économie n'est que la surface des choses, la révélation d'un pourrissement. Elle est le fruit de plus de trente de mauvaise politique, une mauvaise politique dont il était facile de comprendre où elle menait, mais qui était le fruit d'un comportement politique de type clientéliste, corporatiste et individualiste. Le mode de sélection que nous utilisons favorise la corruption et l'esprit de clan au détriment de l'intérêt général et du désintéressement personnel. La politique est devenue un métier, un gagne-pain et l'abnégation a disparu. Si la théorie de Copé était vraie, nous devrions pourtant avoir les meilleurs hommes politiques de l'histoire puisqu'il est avéré qu'ils sont les mieux payés. Il nous faut donc changer radicalement la façon dont nous choisissons nos dirigeants, puisque des dirigeants il nous faut bien avoir. La question est de savoir par quoi remplacer le régime actuel, les options ne manquent pas. Il est cependant vrai aussi que pour ce faire il faut également un peuple motivé à changer le régime. Il semble que le temps en France ne soit pas venu pour la révolution. Ceux qui espèrent pour cette génération un changement d'orientation risque d'en faire l'amère expérience. Et je crois de moins en moins à la révolution par les urnes d'ailleurs. Il faudra une longue décadence de plusieurs décennies pour que le régime vienne à tomber. Ou peut-être un choc extérieur comme ce fut souvent le cas dans l'histoire de France.



Cependant, quoi mettre en place ? À titre personnel je plaide pour une séparation totale du pouvoir économique et du pouvoir politique. Et pour se faire quoi de mieux que la stochocratie, tout du moins une introduction du hasard dans une présélection des élites ? On n’a rien trouvé de mieux que le hasard pour éliminer l'arbitraire et la corruption. Il est de toute façon évident que quel que soit le nouveau régime, il ne durera pas éternellement. En ce cas, le meilleur des régimes est peut-être finalement celui que l'on peut faire tomber le plus aisément. Il est certain en tous cas que la démocratie à l'occidentale a vécu. Et que peu de gens sont encore totalement dupes sur sa réalité. C'est notamment dans les pays non occidentaux que les critiques sont les plus acerbes à raison. Que de guerres déclenchées au nom de la démocratie ! Et de voir l'aristocratie occidentale imposer à ses peuples un servage par dette interposée. Alors qu'elle défend dans le verbe des valeurs qui sont contraires à ses actes, ce doit être particulièrement irritant. Rassurons nous sur ce point dans peu de temps l'Europe et les USA finiront bien par donner leur véritable nom à leurs régimes respectif. Dès lors on pourra laisser enfin la démocratie reposer en paix et reprendre sa place comme relique du passé à moins de la réinventer pour les temps nouveaux.

 

1-« Tu comprends, si on n’a ici que des gens qui se contentent de 5000 euros par mois, on n’aura que des minables » Jean François Copé©

2- Le « grand » Jorion avait ainsi affirmé il y a quelques années sur son incroyable blog (c'est de l'ironie) que si les régulateurs de la finance étaient moins performants que ceux des banques et des traders c'était simplement parce que les meilleurs allaient là où l'argent coule à flot. Ces propos m'ont profondément heurté, car je pensais bêtement que Jorion était un anthropologue à l'origine et que ce genre de propos de comptoir fréquent chez les pseudo-intellectuels libéraux n'aurait jamais été prononcé par quelqu'un qui devrait bien connaître à la réalité humaine.

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10 décembre 2011 6 10 /12 /décembre /2011 18:51

RTEmagicC Kepler22 b NASA Ames JPL Caltech txdam26149 5fd85 Une ambiance de fin du monde domine aujourd'hui l'occident. Je dis l'occident parce que les stupidités européennes ont tendance à faire oublier que de l'autre côté de l'atlantique la situation est tout aussi dramatique. On pourra d'ailleurs ajouter rapidement les pays asiatiques à ce pessimisme puisque la Chine, pour ne citer qu'elle, ne pourra pas longtemps cacher la dégringolade industrielle qui pointe chez elle à cause de la contraction de la demande en Europe et aux USA. Cet état de fait produit une vague de pessimisme sans précédent en occident, et l'impression, en réalité totalement fausse, que nous serions sur le point de voir se produire un effondrement du même type que celui de Rome. Sur cette espèce de pessimisme général naissent et fleurissent des vagues d'idéologies stupides et rétrogrades adorant le passé ou nous implorant de revenir à l'Ancien Monde pour sauver le nôtre. On pourrait cataloguer les écologistes les plus extrémistes dans cette catégorie d'ailleurs. Paradoxalement l'innovation, la science, et la compréhension de notre monde ne cessent pourtant de s'accroitre. La semaine dernière on a découvert rien de moins qu'une autre terre orbitant dans un autre système solaire. Une planète dont les températures sont tout à fait compatibles avec la vie telle que nous la connaissons. Cette planète s'ajoute ainsi aux deux autres déjà découvertes. Cette nouvelle qui aurait fait la une des journaux et enflammé les imaginations autrefois est pourtant restée dans la rubrique faits-divers sans importance.

 

Je pourrais citer aussi les nombreuses découvertes scientifiques dans le domaine de la biologie où l'on commence à comprendre  que la physique quantique pourrait jouer un rôle dans la complexité du vivant. Ce qui donne naissance à une nouvelle discipline la biologie quantique. Ou encore ces multiples découvertes dans le domaine de la production d'énergie qui sont souvent cachées aux yeux du grand public par l'habituelle croyance selon laquelle il n'y aurait d'autre salut pour nous que les éoliennes ridicules et les panneaux solaires à rendement médiocre. Comme je l'avais dit d'ailleurs sur ce blog. Le débat sur le nucléaire en France est complètement faussé par l'idée qu'il n'y aurait qu'une seule sorte de nucléaire. Et que le débat se réduirait en fait à être pour ou contre la fission de l'uranium. La vérité est pourtant infiniment plus complexe que cela. Mais le procès de la modernité technique qui est tenue pour responsable de tous nos maux ne fait pas dans le détail. Au final, on peut se demander si la technique n'a pas bon dos. De la même manière que certains lui imputent le chômage de masse ou la dégradation de l'environnement la modernité technique est coupable de dégrader nos vies et de détruire nos modes de vies. Les humains finissent donc par imputer à la technique vue comme élément extérieur à leur propre identité toutes les tares dont ils semblent affublés ainsi que tous les malheurs du monde. Notre monde actuel est quelque part le parfait miroir du 19e siècle, son image inversée. Jadis la technique pouvait tout, aujourd'hui elle est coupable de tout. Dans les deux cas, il s'agit en réalité d'un fétichisme qui ne dit pas son nom, car la technique n'est en réalité coupable que des usages qu'en font les hommes. À nulle autre époque, le progrès n'a été à ce point dénigré ou vénéré. Le vide de croyance collective a fait des hommes modernes des êtres incapables de penser à leur action autrement qu'en extériorisant leurs propres responsabilités. Ils ne peuvent rien et ne sont responsables de rien, c'est toujours l'extérieur qui impose l'action, jamais les choix individuels ou collectifs. Dans ce contexte la technique et la modernité sont des coupables faciles, et suffisamment floues pour n'accuser personne en particulier.



Ce comportement peut paraître étrange à une époque où l'on glorifie l'individu et son sens de la responsabilité. Nous vivons pourtant réellement dans un monde où les politiques pensent n'avoir jamais le choix. Un monde où les citoyens votent par dépit quand ils votent, et toujours en dehors de leurs propres convictions réelles. On le voit aujourd'hui en France puisque nous allons reconduire les mêmes politiques au pouvoir que ceux qui dirigent le pays depuis trente ans à tour de rôle. Les mêmes politiques que ceux qui n'ont jamais réussi quoi que ce soit une fois au pouvoir. Il semble d'ailleurs que ce comportement étrange touche les personnes les plus éclairées puisque même Emmanuel Todd, que j'apprécie beaucoup par ailleurs, nous fait l'apologie d'un PS qui est pourtant totalement responsable de la crise avec son cousin de droite l'UMP. Car la crise de l'euro c'est aussi la crise de la gauche des années 80-90 que je sache. Un monde où même les criminels ont toujours des excuses. Bref nous vivons dans une société où personne n'est jamais responsable de rien et où la responsabilité incombe toujours à un extérieur. Un monde d'enfants en quelque sorte. Dans ce contexte la science et la technique servent d'exutoire parfait à tous ceux qui ne souhaitent pas trop se poser de question quant à leur propre comportement. Le chômage c'est la faute aux robots, pas aux politiques menées. La crise c'est la faute aux marchés, à la bourse, aux agences de notation, pas aux politiciens et à l'idéologie qui les guide depuis trente ans. La crise de l'euro c'est la faute aux Grecques aux Allemands, aux Français aux Américains. Ce n'est certainement pas la faute aux imbéciles qui ont construit cette monnaie invraisemblable. Ces derniers continuent d'ailleurs de donner leur avis sur tout à l'image de Delors ou de ce pauvre Giscard d'Estain.

 

Cette crise n'est pourtant pas une fatalité



Au final, la recherche de coupable extérieur est devenue une espèce de sport pratiqué partout et le comportement de nos dirigeants ne fait que représenter un phénomène plus vaste de déresponsabilisation des individus face à la collectivité. La vérité est que cette crise n'est pas une crise à proprement parlé, économique. C'est une crise des élites, des politiques et de l'esprit citoyen. Une crise du sens collectif qui fait cruellement défaut à la tête de l'état, c'est à dire dans un lieu où il est impératif qu'il y est le sens de l'état et de l'intérêt national. Les élites sont malheureusement à l'image du reste de la population, individualistes et solitaires. Il ne suffirait pourtant pas de grand-chose pour redresser la situation qui n'a en réalité rien de dramatique. Le pays n'est pas en guerre, il n'y a pas d'épidémie ou de catastrophe. Il y a juste des politiques complètement inappropriées et des citoyens trop centrés sur leur propre vie sans voir qu'elle est influencée par un extérieur où ils devraient jouer un rôle.



La crise est donc le fruit de nos modes de vie et de pensée. C'est une crise de l'esprit et de la façon dont nous vivons nos propres vies. Dans ce contexte les riches, comme les appels Todd, ont de l'influence puisque les citoyens sont absents et ne prennent plus part à l'acte politique. Nous avons d'une part des professionnels qui font de la politique comme on vend des yaourts ou des voitures. Et de l'autre côté des riches et des puissants qui comme le reste de la population sont de parfaits individualistes, mais qui pèsent grâce à leur poids économique et leurs relations personnelles. Cela illustre parfaitement les propos de Montesquieu pour qui lorsque manquait l'esprit patriotique, la république n'était plus qu'une dépouille et le bien public devenait l'affaire de quelques particuliers. Nous y sommes effectivement.



Donc au final la crise n'est pas grave, car sa genèse n'est pas le fruit d'une quelconque force extérieur à notre propre capacité de résolution. Nous ne sommes pas impuissants face à la crise parce qu'elle est insoluble ou parce qu'elle est incompréhensible. Elle était en réalité prévisible et tout à fait compréhensible à quiconque usait d'autres outils intellectuels que ceux des économistes du café du commerce télévisuel. Nous sommes impuissants face à elle parce que nous avons renoncé à l'acte collectif. Parce que nous avons brisé les liens qui nous unissaient en tant que peuple et nation et que nous avons oublié à quel point notre vie était régie par des choix collectifs. Nous avons laissé à d'autres le soin de choisir les priorités et les orientations de la collectivité. Si un homme renonce à sa propre liberté et cède celle-ci volontairement à un autre homme et devient ainsi esclave de son propre chef. Qui doit-on blâmer ? Le maître ou l'esclave ?



 La crise se résoudra d'elle-même le jour où les peuples d'Europe redeviendront des peuples justement. Et qu'ils cesseront de donner à d'autres le soin de décider pour eux de ce qui est bien ou mal. Que les peuples cessent donc de chérir les causes de leurs malheurs et leur situation s’arrangera d'elle-même. Les peuples ne sont dominés que parce qu'ils ne font rien pour ne pas l'être. La mondialisation est un non-projet. C'est le contraire d'une politique. C'est la volonté de faire disparaître tout corps politique, toute forme de volonté collective en laissant une masse informe et sans direction particulière choisir pour nous. Il en va de même pour l'UE qui n'est qu'une bureaucratie apolitique qui dirige avec des règles obscures et non des choix politiques. Ces deux phénomènes modernes ne sont en fait que le reflet de l'absence de politique du monde moderne. Un monde où les citoyens n'existent plus. Que les citoyens se réapproprient la politique et ces monstres disparaitront instantanément. La dette, l'inflation, les marchés ne sont des problèmes que pour les peuples qui n'existent pas en tant que peuple. Un peu de courage collectif et l'avenir sera brillant. 

 

 

 

*L'image d'introduction représente la comparaison de la taille de Kepler 22b avec les planètes internes du Système solaire. Sont montrées aussi les zones d'habitabilités du Soleil et de Kepler 22. © Nasa/Ames/JPL-Caltech

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20 novembre 2011 7 20 /11 /novembre /2011 19:32

 

images.jpegLe moins que l'on puisse dire, c'est que la prochaine élection présidentielle ne se présente pas dans des conditions classiques. En effet, la crise perdure et s'aggrave et l'euro continue son agonie. Les conditions électorales sont en fait extrêmement différentes de ce qu'elles étaient en 2007. Je me souviens encore à cette époque que rares étaient ceux à souligner le danger que représentait la monnaie unique pour les nations d’Europe, ou encore de l’inéluctable crise qui allait frapper les économies occidentales, dont les déséquilibres commerciaux ne cessaient de croître. Lors de la dernière élection présidentielle je n'avais pas de blog, mais je discutais souvent avec notre collègue blogueur Malakine aujourd'hui silencieux. J'espère tout de même qu'il écrira au sujet de la prochaine élection. De fait à l'époque même sur le blog horizon je me sentais un peu seul sur le plan de la critique de l'euro ou sur la question du protectionnisme. Je prônais déjà à l'époque le protectionnisme national puisque je n'ai jamais compris comment un protectionnisme européen pourrait être mis en place étant donné les divergences d'intérêt dans la zone euro. Il y eut ensuite cette étrange élection de 2007 où un incompétent inculte et une folle (pour reprendre les termes de Malakine) se sont retrouvés au deuxième tour de l'élection présidentielle.

 

Étrangement, près de cinq ans après, tout a changé dans les conditions économiques et idéologiques. Le libéralisme n'est plus crédible, le discours protectionniste est de plus en plus assumé par la population, on voit même la critique de l'euro se renforcer. Mais dans le même temps nous allons nous retrouver à nouveau avec deux clowns au deuxième tour de la prochaine présidentielle. IL faut bien l'avouer l'élection est verrouillée. Encore une fois, voilà la France prête à perdre à nouveau cinq ans en mettant au pouvoir les bourreaux qui l'ont pourtant conduit à la crise qu'elle connait aujourd'hui. En cas de victoire socialiste, il est même probable que la souffrance du peuple augmente encore d'un cran étant donné que les sbires pseudosocialiste de la gauche dite de gouvernement sont certainement les libéraux les plus orthodoxes qui existent dans ce pauvre pays. Rappelons tout de même que les socialistes sont ceux qui ont mis en place la libéralisation du système bancaire. Ce sont les plus fervents défenseurs du libre-échange qui pour eux est une preuve de solidarité avec le tiers-monde. Alors oui il y a eu Montebourg, mais le bougre est rentré rapidement à la niche, une fois le spectacle électoral des primaires terminées. Ce n'est pas encore cette fois qu'il y aura une réelle rupture. D'aucuns affirmeront comme à chaque fois qu'il vaut mieux tenter de faire changer le PS plutôt que de permettre au nain d'être réélu en 2012. Mais je crois personnellement que s'associer avec son opposé est le plus sûr moyen de ne jamais être crédible. Encore une fois où en serait la vraie gauche française aujourd’hui si elle avait accepté la rupture en 2005 après le TCE pour préparer 2007 avec le succès que l'on sait ? Nous aurions aujourd'hui une véritable alternative crédible aux yeux des électeurs. La démocratie ce n'est pas le consensus moue, c'est au contraire l'affrontement. Un affrontement certes civilisé, mais effectif entre des intérêts souvent en totale opposition.



Croire ainsi que l'on pourrait faire converger les intérêts aussi contradictoires de la France rentière avec ceux de la France du labeur relève tous simplement de l'escroquerie intellectuelle. À un moment ou à un autre il faudra trancher. Et jusqu'à preuve du contraire le PS comme l'UMP ont choisi leur camp et c'est celui des intérêts de la rente. D'ailleurs, à n'en pas douter, et comme je l'avais affirmé dans un autre texte. Il est probable que le parti politique le plus capable de faire la grande purge libérale dont rêvent tous les adorateurs français du modèle thatchérien est le PS. À l'image de ce qui se passe à l'heure actuelle en Espagne les élites se battent pour savoir qui fera la purge la plus sévère au nom de l'Europe qui va tous nous sauver. En Europe ce sont bien les gouvernements socialistes qui mettent avec le plus de conviction les purges en pratique. Il ne fait guère de doute qu'il en ira de même avec la France.



Que se passera-t-il après l'élection



S'il est encore trop tôt pour affirmer que François Hollande sera le prochain dirigeant français, il n'y a en revanche guère de doute sur le fait que c'est encore un apparatchik du système qui montera au pouvoir. De fait la France passera forcément par la case purge et vidange. Reste cependant à savoir si la France a encore des restes d'esprit démocratique pour que la population puisse réagir. Nul doute que les dirigeants du système pousseront la population à bout comme cela s'est passé dans d'autres pays ou même à d'autres époques en France.



À titre personnel je l'ai déjà dit, la purge en France mettra probablement fin à la zone euro, car la France est le pilier principal des exportations allemandes. Puisque l'on ne peut compter sur des dirigeants éclairés pour nous sortir du libre-échange et de l'euro ce sont les contraintes et les événements qui pousseront vers cet inévitable dénouement. Une fois l'élection présidentielle passée, l'oligarchie du pays soufflera, se réjouissant de l'esprit raisonnable des Français qui auront encore une fois reconduit leurs bourreaux au pouvoir. Ils se sentiront alors pousser des ailes d'autant que le futur président pourra peut-être compter sur l’épouvantail FN au second tour pour s'assoir sur le trône avec un score de niveau stalinien. Une fois « légitimés » par les élections, nous aurons un grand discours sur la nécessité de réduire la dette produite par les gabegies de l'état et de leurs prédécesseurs dont ils partagent pourtant 100% des réflexions économiques. On assistera alors dans toute la France à des coupes sombres comme on n’en a pas vu depuis plusieurs générations. Évidemment cette politique aura comme effet principal d'aggraver la contraction de la demande intérieur, et elle produira une explosion des faillites dans le secteur privé. Les socialistes comme leurs collègues de droite n'ayant toujours pas compris que désendetter l'état en période de contraction économique, revient en fait à transférer les difficultés vers le secteur privé. C'est en réalité un immense jeu de vase communicant. Le problème provenant comme vous le savez du libre-échange et des salaires trop faibles pour absorber la production.



Nous aurons alors droit au deuxième effet celui de la crise en Allemagne. Ce pays ne pourra pas supporter la perte de son principal lieu d'exportation. Les élites allemandes tout aussi aveugles que leurs homologues françaises décideront de rompre avec l'euro par chauvinisme plus que par raison. La fin de l'euro sera donc probablement le produit de l'absurdité même des objectifs politiques qui lui ont donné naissance. L'euro est né pour casser les systèmes sociaux et favoriser la rente, et c'est bien parce que le piège de l'euro a fonctionné qu'il est aujourd'hui condamné. On peut cependant se demander quelle sera la réaction de notre futur président lorsque l'Allemagne sortira de l'euro. Et cela alors même qu'il sera devenu un parjure pour les Français au nom de la sauvegarde de l'euro et de la note AAA de la dette française. En vérité, le résultat de la prochaine élection française de 2012 n'a guère d'intérêt, on connait déjà les futurs vainqueurs. La vraie question c'est qu'elle sera la réaction de l'intelligentsia française lorsque fin 2012 début 2013 l’Allemagne fera rupture. Une élite qui n'a jamais réfléchi par elle même et qui n'a jamais eu comme attitude que la copie sur le voisin supposé toujours supérieur à ces minables Français. On peut toujours espérer un renversement qui mettrait fin à la domination de la pensée unique en France, mais j'y crois de moins en moins. Le plus probable est qu'une fois l'effondrement de l'euro entamé, les élites françaises se jetteront au cou d'une autre puissance faisant de notre pays une nouvelle république bannière. Je vois bien nos élites demander l'aide de la Chine contre la vente d'une partie de Paris au nom de la « raison » . Jamais nos élites n'ont été aussi ressemblantes qu'au portrait que le général faisait de la bourgeoisie pendant la guerre .



« Vos journalistes ont en commun avec la bourgeoisie française d'avoir perdu tout sentiment de fierté nationale. Pour pouvoir continuer à dîner en ville, la bourgeoisie accepterait n'importe quel abaissement de la nation. Déjà en 40, elle était derrière Pétain, car il lui permettait de continuer à dîner en ville malgré le désastre national. Quel émerveillement! Pétain était un grand homme. Pas besoin d'austérité ni d'effort! Pétain avait trouvé l'arrangement. Tout allait se combiner à merveille avec les Allemands. Les bonnes affaires allaient reprendre. »

« En réalité, il y a deux bourgeoisies. La bourgeoisie d'argent, celle qui lit Le Figaro, et la bourgeoisie intellectuelle, qui lit Le Monde. Les deux font la paire. Elles s'entendent pour se partager le pouvoir. »

Alain Peyrefitte: C'était de Gaulle , Editions de Fallois/Fayard, 1994.

 

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6 novembre 2011 7 06 /11 /novembre /2011 17:36

Nicolas Dupont Aignan était l'invité de Zemmour et Naulleau lors de leur dernière émission sur Paris Première. À l'occasion de cette émission je me suis aperçu du manque de clarté de la part de NDA sur la question de l'inflation. Ainsi que de quelques oublis de sa part sur la question du protectionnisme. Oublis et erreurs qui ont permis à Éric Zemmour d'aligner ses idées reçues sur les questions monétaires, il a fait de multiples erreurs qui n'ont pas été perçues sur le moment par NDA. Erreurs qui auraient pu justement permettre au candidat de rebondir plus fortement qu'il ne l'a fait.

 

 

 

1- L'inflation 

 

Tout d'abord, Éric Zemmour sans trop s'en rendre compte a ingurgité les analyses économiques libérales que par ailleurs il semble rejeté. En effet il pense intrinsèquement que l'augmentation monétaire est inflationniste, c'est pourtant totalement faux. L'augmentation de la masse monétaire est une condition intrinsèque de la croissance économique et de la croissance de l'activité et des échanges. Il faut bien comprendre que l'accroissement de l'activité ne doit pas être empêché par une stupide stagnation de la masse monétaire. Cette leçon provient directement de l'époque de l'entre-deux guerre, une période où les politiques essayaient de maintenir artificiellement un étalon or qui n'avait plus de sens dans un monde où la croissance de la productivité, de la population et des échanges entraînait ipso facto la nécessité de l'augmentation de la masse monétaire. Si Keynes disait de l'or qu'il était une relique barbare, c'est en premier lieu parce que sa relative stabilité quantitative faisait de lui une piètre monnaie pour accompagner des sociétés en croissance technique et démographique.

 

L'inflation n'apparait en réalité que lorsque l'augmentation de la masse monétaire est supérieure aux capacités de production d'une nation. Dans un pays où le chômage est massif et où les capacités de production sont sous-employées, le risque inflationniste est nul. Il suffit de voir la situation japonaise pour s'en convaincre. C'est d'autant plus vrai que les pays occidentaux ont cassé le salariat avec le libre-échange condamnant ainsi définitivement toute hausse des salaires et de l'inflation. Dans le régime actuel, il est d'ailleurs bon de noter que la hausse de la masse monétaire excessive de ces vingt dernières années s'est traduite non pas par une inflation galopante, mais par une explosion du prix des actifs et des bourses. La vraie inflation de notre temps étant celle de l'immobilier et des intérêts ponctionnés par la rente financière et foncière.

 

Ensuite, l'inflation n'est plus un problème pour un pays qui indexe ses salaires sur l'inflation, dans ce cas-là l'inflation est même un fabuleux outil pour rééquilibrer les revenues entre le capital et le travail. De cela, malheureusement, NDA n'a pas parlé. Ce qui compte ce n'est pas l'inflation des prix, c'est l'évolution du pouvoir d'achat. En Argentine l'inflation est très forte, mais les salaires suivent. Quant à la fuite des capitaux, elle se résoudra simplement par le retour au contrôle des frontières des capitaux qui de toute façon doit accompagner le retour d'une économie plus autosuffisante.

 

2- Le protectionnisme

 

Deuxième point qui aurait dû être abordé par NDA, mais qu'il n'a pas encore compris. C’est que le véritable avantage du protectionnisme n'est pas dans sa capacité à relancer la croissance économique. En réalité, Zemmour a attaqué là où ça fait mal en soulevant la question des rétorsions commerciales que les pays comme la Chine ne manqueront pas de mettre en place une fois que la France redeviendra protectionniste. Le problème de NDA c'est qu'il est à mis chemin de son parcours de réflexion sur le libre-échange. Le but du protectionnisme actuel n'est pas de permettre à la France de relancer sa croissance par les exportations. C'est impossible dans le contexte actuel, car il n'y a plus de demandeur en dernier ressort. L'économie US est exsangue et même avec un fort protectionnisme nous ne serons jamais compétitifs à l'extérieur face à la Chine qui pompera toute la demande mondiale.

 

  En fait le vrai intérêt du protectionnisme, c'est qu'il rend possible une politique keynésienne de la relance de la demande intérieure, soit par la hausse des salaires, soit par la hausse des investissements, ou les deux à la fois. Le protectionnisme ou la dévaluation seule ne suffiront pas à relancer l'activité eu égard aux conditions macroéconomiques actuelles de la planète. C'est un point essentiel qui manque cruellement à NDA et qui pourtant lui permettrait de se différencier fortement de Marine Lepen. Il faut proposer en plus de la dévaluation et du protectionnisme une politique massive de relance. Avec d'une part, un plan d'investissement dans l'industrie visant à reconstruire une base industrielle forte, et d'autre part, un plan visant à augmenter les salaires de façon significative pour permettre aux entreprises locales de trouver des débouchés pour réduire le taux de chômage. On peut même trouver combien il faudrait pour que la France retrouve le plein emploi en partant du taux de croissance nécessaire pour revenir au plein emploi. L'épargne en France représente environ 15% des revenus, ce qui fait que le coefficient du multiplicateur keynésien en France, en supposant l'économie protégée de l'extérieur, est de  1/0.15=6.67 . Ce qui veut dire qu'une injection monétaire produira un accroissement du PIB 6.67 fois plus important que l'argent injecté au départ dans le circuit économique. En supposant que pour obtenir le plein emploi il nous faut une croissance d'au moins 5% par an pendant quatre ans. En prenant le PIB français de 1850 milliards d'euros, cela veut dire une  augmentation annuelle de 92.5 milliards par an. Pour obtenir une telle augmentation en prenant en compte le multiplicateur keynésien il faudrait environ 92.5/6.67= 13.67milliards d'euros. Il faudrait donc injecter tous les ans environ 14 milliards d'euros pour obtenir une croissance de 5% et résorber le chômage en quelques années.

 

 Il s'agit ici de création monétaire pure même si théoriquement une dette supplémentaire peut avoir le même effet. Ce raisonnement n'est valable évidemment que si auparavant la France a remis des frontières aux marchandises et dévalué en partie sa monnaie. Il est bien dommage que Dupont Aignan ne parle pas plus de la nécessité d'un plan de relance visant au plein emploi. Car dans le contexte actuel il est fou de croire que nous pourrons relancer la machine seulement avec la dévaluation ou le protectionnisme, ce sont des outils nécessaires, mais non suffisants pour atteindre l'objectif suprême qu'est le redressement économique et moral de notre pays. Et cela, ses adversaires politiques le savent. 14 Milliards d'euros c'est n'est pas grand-chose si on compare cela aux milliards gaspillés pour sauver les banques de façon totalement contreproductive. Ces milliards auraient été mille fois plus utiles dans l'industrie, la recherche ou la hausse des salaires. D'ailleurs, les banques auraient obligatoirement bénéficié indirectement d'un plan de relance de la demande intérieure puisque l'activité économique aurait augmenté et donc leurs bénéfices avec. À l'inverse les multiples plans de rigueurs actuels ne font que diminuer la croissance et ont des effets dépressifs qui vont conduire l'UE à la dépression. Ce n'est qu'une fois revenu à un chômage inférieur à 2% que l'on devra réellement s'inquiéter d'une éventuelle inflation excessive.

 

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27 octobre 2011 4 27 /10 /octobre /2011 21:35

  EU1900COLONIALIS001.jpgEt bien comme prévu un nouveau plan de sauvetage vient d'être mis en place. Alors cette fois on purge une partie de la dette grecque, reconnaissant ainsi l'impossibilité de remboursement. Cependant, nos élites oublient toujours l'essentiel à savoir la santé économique du pays lui-même. Les dirigeants européens actuels montrent ainsi tout le désintérêt qu'elles ont pour l'économie réelle de leurs pays respectifs tant leurs yeux restent rivés sur les cours de bourse et les notes des titres de dette. Non que cela soit sans importance, tout du moins pour les titres de dettes, mais ils oublient que l'essentiel est ailleurs. C'est la croissance, le taux de chômage ou encore la balance des paiements qui devraient primer sur tout le reste. Or toutes les politiques actuelles ne visent qu'à rétablir des indicateurs pour la plupart secondaires, voire totalement inutiles comme la bourse. Oui, la bourse n'a aucune espèce d'importance pour l'économie réelle, c'est d'autant plus vrai dans le cas français que cela fait longtemps que les multinationales françaises ne font plus d'emploi en France. Qu'elles coulent ou non n'a en fait plus vraiment d'importance pour le pays puisque les usines et les profits ont déjà été délocalisés.  

 

Mais ce qui devrait tout de même un petit peu titiller les oreilles de nos dirigeants ce sont les interventions de nos principaux concurrents commerciaux pour venir "aider" les Européens en "sauvant" l'euro. Ainsi la Chine ou encore les USA s'inquiètent-ils du sort de la monnaie unique. Mais est-ce qu'ils s'inquiètent du sort de ce schmilblick monétaire dans l'intérêt des Européens ou dans leurs propres intérêts? Poser la question c'est évidemment déjà y répondre. Si les USA ou la Chine veulent à tout prix sauver l'euro, c'est avant tout parce que la monnaie unique a démoli la compétitivité des Européens. Et qu'elle a fait de l'Europe un marché que se partagent les autres puissances du monde. Étrangement, on pourrait tout à fait refaire le célèbre dessin que j'ai mis en illustration en remplaçant la victime chinoise par l'actuelle Europe. Les USA, la Chine et les autres grandes puissances émergentes se partageant ce qui fut jadis un grand continent. Au demeurant, cette situation démontre à postériori que ce sont bien les effondrements et les faiblesses internes des civilisations qui ont en partie produit le colonialisme. En effet, les Européens sont à leur tour colonisés à cause de leurs propres stupidités économiques et de l'égoïsme de leurs classes dirigeantes. De la même manière que l’Afrique se fait à nouveau coloniser par l'Asie cette fois simplement parce que les pouvoirs locaux préfèrent importer plutôt que développer une industrie locale. On retrouve le même processus, les peuples sans cohérence et dirigés par des intérêts particuliers finissent sous la coupe de puissances étrangères.

 

Les USA et la Chine au chevet de l'euro

 

On a souvent raconté à nos concitoyens que l'euro s'était fait pour contrer le dollar comme monnaie internationale. S'il est vrai que certains pouvaient en effet espérer une telle chose, il faut bien comprendre qu'en aucun cas une monnaie, quel que soit son poids, ne peut pas à l'heure actuelle remplacer le dollar, pas même le Yuan chinois. Le rôle du dollar est devenu une convention sur laquelle repose toute l'architecture de l'après-guerre. À l'origine ce choix était justifié par le poids des USA dans le commerce et l'économie mondiale. Mais même si ce poids s'est fortement amoindri, le fait est que les habitudes et les multiples dettes et commerces se font en dollars par la force des conventions. Le dollar c'est comme Windows, c'est nul, c'est lent, c'est cher, mais comme tout le monde l'utilise vous êtes obligé de l'avoir sur votre ordinateur si vous voulez avoir accès à la plupart des logiciels qui sortent. Alors il existe des Mac, des Linux, mais tout le monde sait que cela ne fera jamais tomber Windows qui domine par convention. Pour la monnaie américaine, c'est la même chose. La seule chose qui puisse la faire tomber c'est un accord entre les grandes régions du monde pour ne plus utiliser le dollar comme monnaie de réserve et d'échange, nous sommes encore loin d'une telle action collective. Et même un effondrement du dollar pourrait ne pas mettre fin à ce rôle.

 

Mais alors pourquoi les USA interviennent-ils pour sauver la monnaie unique ? Déjà en soi le fait que les USA souhaitent sauver la monnaie unique montre que celle-ci ne représente pas la moindre menace pour leur propre domination monétaire. L'Euro est d'ailleurs en partie une création des USA qui ont toujours appuyé les initiatives visant à unifier le continent. S'ils tiennent tant à l'unité européenne, c'est parce qu'ils savent bien qu'en réalité cette unité n'est qu'une façade, et que cela neutralise les puissances nationales du continent la France et l'Allemagne en l’occurrence. En réalité plus l'Europe s'unifie, moins elle est dynamique économiquement, et moins elle est audible à l'échelle mondiale. La lourdeur technocratique et les divergences d'intérêts paralysant totalement l'action du continent « uni » . Ces divisions facilitent en fait l'influence des puissances extérieures qui jouent alors sur les divisions des Européens forcés de vivre ensemble à cause de l'UE et de l'euro. L'UE a en fait le même rôle que l'ancien COMECON soviétique qui imposait une « solidarité » économique, mais qui permettait surtout à la Russie de contrôler ses satellites. C'est la même chose avec l'UE sauf que les USA restent en dehors de ce gros machin.

 

Cependant, il y a un autre joueur qui vient de comprendre comment fonctionne l'UE. Un joueur qui a compris comment utiliser la bureaucratie non élue et hautement corruptible à son avantage. Il s'agit bien sûr de la Chine. Celle-ci ne s'intéresse guère au fait de contrôler un continent qu'elle estime à juste titre comme probablement décadent et en déclin. Cependant, l'Europe est pour l'instant encore un grand marché d'exportation qui permet de se passer un petit peu du marché US. Les Chinois veulent y écraser la concurrence et s'accaparer la totalité du marché, comme ils le font partout où ils vont, même en Afrique. Ce faisant, avoir une seule monnaie en face d'eux leur facilite énormément la tâche d'autant plus qu'ils ont arrimé leur monnaie au dollar, un dollar qui n'est pas près de remonter face à l'euro. En effet, il leur serait beaucoup plus difficile d'ajuster leur monnaie s'il y avait le franc, le mark, ou la lire en face. Chaque nation européenne ajustant suivant son intérêt sa monnaie au taux de change chinois. La taille du marché européen et de sa monnaie loin d'être des avantages sont en fait des inconvénients. Par exemple, on voit bien que la Suède qui est un petit pays a une monnaie qui s'ajuste. La couronne suédoise a été ainsi dévaluée de 30% pendant la crise ce qui n'est pas étranger à la croissance actuelle du pays. Mais la Chine qui a vu la Suède dévaluer sa monnaie s'est-elle empressée de réagir pour retrouver de forts excédents avec ce pays ? Eh bien non, car la Suède est trop petite pour qu'il soit intéressant pour les chinois de coller à la monnaie de ce pays.

quotes

Evolution du taux de change de la couronne Suédoise. En juin 2008 il fallait 9.4 courrone pour obtenir un euro, en février 2009 il en fallait 11.4. Une dévaluation qui a permis de relancer les exportations locales. 

 

En fait, dans la mondialisation actuelle mieux vaut avoir une petite monnaie et un petit marché que l'inverse. Car les petites nations sont plus libres que les grosses de leurs politiques monétaires. De fait si la France seule dévaluée, il n'est pas certain que la Chine réagirait, le marché français étant quantité négligeable à l'échelle mondiale. Contrairement à ce que nous bassinent les monétaristes européens, la grande taille d'une monnaie et d'un marché n'est pas forcément un avantage, et lorsque l'on regarde la situation des USA on peut se demander si ce n'est pas l'inverse en fait. L'autre intérêt des Chinois au maintien de l'euro en dehors de l'impact sur leur compétitivité en Europe c'est que l'euro leur permet une diversification de leurs réserves monétaires . Cependant, il faut espérer les Chinois finiront par comprendre que ce tas d'excédents commerciaux ne leur servent strictement à rien. Certes, ils vont jouer les gros bras en Europe, mais on ne voit guère ce qu'y gagnent les salariés chinois. Et lorsque leurs clients feront faillite et que le chômage explosera dans l'empire du Milieu, ce n'est pas vers les Européens qu'ira la vindicte populaire chinoise, mais bien vers leurs élites qui auront fait n'importe quoi des devises si chèrement accumulées du peuple chinois.

 

Au final, on voit bien que si le monde entier veut sauver l'euro ce n'est certainement pas pour sauver les Européens. Nous ne vivons pas dans un monde de copains solidaire, la mondialisation c'est la guerre. Une guerre qui a pris la forme de l'économie, mais qui peut encore plus efficacement que les bombardements rayer des civilisations entières de la carte. L'Empire ottoman est tombé en grande partie à cause du libre-échange. La puissante Espagne de Charles Quint fut réduite à néant par l'industrie française, Hollandaise, et Britannique, qui pompèrent les richesses du Nouveau Monde à travers leurs excédents commerciaux avec la superpuissance de l'époque. En se focalisant uniquement sur la dette et sur la sauvegarde d'un système qui en réalité doit être purgé les élites européennes mettent le continent en grand danger. Ce n'est pas simplement notre richesse que nous allons perdre, mais nos libertés en tant que citoyens, et en tant que peuple. Des puissances étrangères viendront demain nous dire comment vivre et organiser nos sociétés simplement parce que nous serons devenus dépendants d'elles par la stupidité de nos dirigeants. Le plan de sauvetage annoncé n'en est pas un, c'est un cas manifeste de haute trahison.

 

Remarque:

 Il y a tout de même quelques américains honnêtes. Krugman a ainsi déclaré que la meilleur chose qui puisse arriver aux Européens c'est l'effondrement de l'euro. 

 

 

 

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17 octobre 2011 1 17 /10 /octobre /2011 21:45

images.jpegLes primaires socialistes n'auront finalement pas eu les effets escomptés par certains alternatifs. Certes, le score d'Arnaud Montebourg fut relativement élevé eu égard aux prévisions qui avaient été faites. Cependant, il est tout à fait évident que cette surprise ne changera pas vraiment la ligne du parti, le choix pour les socialistes se résumait au final à l'affrontement entre deux candidats tout aussi libéraux l'un que l'autre. La victoire de Hollande ne faisant que confirme le peu qu'il y a à attendre du PS. Il semble d'ailleurs que Montebourg se soit résigné à faire un choix, celui de Hollande montrant ainsi qu'il n'est probablement pas prêt à entrer en rupture avec son parti. Pourtant cette rupture devrait être évidente pour toute personne ayant un brin d'honnêteté intellectuelle. En effet, comment continuer à parler de démondialisation tout en restant membre d'un parti ouvertement libéral et libre-échangiste ? Et pire que cela. En appelant à voter pour Hollande et en faisant ainsi croire qu'il y aurait un réel choix à faire, en dehors d'un choix de personnalité. Montebourg trahit ici en partie ses électeurs. À la suite de Nicolas Dupont Aignan, on ne peut que l'inviter à prendre ses responsabilités de citoyen et d'homme politique en quittant le PS purement et simplement.  



hollande sarkozyFrançois Hollande c'est tout de même le personnage qui a affirmé devant Emmanuel Todd à la télévision que son rôle n'était pas de défendre les intérêts des Français. Cachant derrière une fausse solidarité avec le tiers-monde un absolu désintérêt pour l'évolution de la qualité de vie de ses compatriotes. C'est le même François Hollande qui trouve normal le fait que l'état emprunte sur les marchés financiers et qui trouve que l'inflation c'est le mal absolu. François Hollande n'est ainsi pas vraiment éloigné d'un Alain Minc ou d'un Madelin. Mais est-ce si surprenant? Ils viennent tous du même milieu. On se rappelle encore la photographie où Hollande et Sarkozy étaient assis côte à côte tels deux vieux amis. C'est aussi le même Hollande qui trouve normales les délocalisations au nom du développement de la Chine, comme si cette dernière avait besoin de notre pauvre marché de 60 millions de personnes pour vendre ses produits. Un vrai socialiste ne devrait-il pas plutôt demander au chinois d'augmenter les salaires de leurs ouvriers plutôt que de demander aux plus pauvres des Français d'aller au chômage pour que les Chinois travaillent?

 

 

Un PS prisonnier de sa classe sociale

 

En vérité, le PS n'est qu'un parti de notables bien installés, un fervent représentant de la classe moyenne aisée pleine de bons sentiments tant que la crise, le chômage et l'immigration restent des problèmes éloignés de ses préoccupations quotidiennes. Un véritable repère de cosmopolites comme les décrivait si bien Jean Jacques Rousseau par sa célèbre phrase « Défiez-vous de ces cosmopolites qui vont chercher au loin dans leurs livres des devoirs qu'ils dédaignent de remplir autour d'eux ». Heureusement pour nous le PS a une base électorale qui ne peut que se rétrécir avec la crise. C'est d'ailleurs un phénomène qui se cumule avec le vieillissement, lui aussi inéluctable, de l'électorat PS. Le gros des électeurs français ne voit plus le chômage et la mondialisation comme des choses bénéfiques ou lointaines. Le sondage sur le protectionnisme que nous avions vu il y a quelque temps avait d'ailleurs montré le décalage monstrueux qu'il peut y avoir aujourd'hui entre les aspirations réelles de la population et les propositions faites par les partis politiques. Et ce n'est pas le score de Montebourg qui changera quelque chose à cette situation. En effet on pourrait très bien dire du score de Montebourg qu'il montre le déclin accéléré des alternatifs au sein du PS et la victoire absolue de l'establishment. Les primaires ayant été ouvertes à tout le monde, on peut aussi s'inquiéter du fait que même les alternatifs extérieurs aux PS ne sont pas allés voter. Probablement parce qu'ils pensent impossible le changement dans ce parti de notables. Et l'on peut toujours rêver à une plus grande influence de l'aile gauche du parti, le fait est qu'elle ne pèse pas grand-chose et qu'elle est plutôt sur le déclin. À dire vrai le PS tout comme son cousin libéral de droite l'UMP sont des partis qui bénéficient du conservatisme électoral que produit la domination médiatique sur le paysage politique français depuis quarante ans.

 

Une domination médiatique dont on n’a guère de peine à imaginer qu'elle est nuisible vis-à-vis du fonctionnement de la démocratie. Je l'ai dit à de nombreuses reprises sur ce blog que la démocratie a des conditions pour fonctionner à peu près correctement. Et cela en supposant que le système d'élection des représentants puisse être considéré comme réellement démocratique. Mais il s'agit ici d'un autre débat. En premier lieu, il faut que les citoyens octroient du temps à la chose politique et à la vie de la cité. Cela suppose un certain sens du civisme et une réelle implication dans la vie politique du pays ne serait ce qu'en suivant une peut les débats et les différents courants d'idées qui traversent le champ électoral. On le voit dans une société où la vie est de plus en plus difficile, une société où le maigre temps libre que l'on a se concentre essentiellement sur le divertissement et la consommation de masse. La qualité des idées politiques que se font nos citoyens ne peut être qu'en baisse. Autre point, une démocratie nécessite une totale information des citoyens sur les sujets importants , or, l'inféodation de notre système d'information rend cet objectif totalement hors de portée. On peut donc légitimement se dire qu'entre la sous-information des électeurs et la passivité de ces derniers il y a peu de chance pour que de réelles alternatives se fassent jour dans notre pays. On le voit d'ailleurs aussi en Espagne ou en Grèce où malgré la crise, l'euro reste génial, et l'Europe une condition essentielle de la prospérité. Alors même que tout démontre le contraire.

 

L'évolution se fera probablement sans les politiques

 

De fait, la situation nationale reste et restera encore longtemps bloquée, car politiquement il est tout simplement impossible aux idées alternatives de monter au pouvoir. Nous allons vers un lent pourrissement social et politique. Et peut-être à plus long terme vers des dislocations territoriales, celles-ci ont d'ailleurs déjà commencé puisque l'éclatement sociologique et maintenant ethnique et religieux fait de plus en plus ressembler la France à une future Yougoslavie. Puisque le centre du pouvoir n'agit plus en France où ailleurs en Europe ce sont les évènements qui vont décider à la place des politiques. On a beaucoup dit que l'éclatement de l'euro était une certitude, c'est sous-estimer en fait quelque peu le conservatisme et le vieillissement des sociétés européennes. Le fait est que rien ne se passe et que l'euro pourrait très bien continuer à exister tout en poussant le continent vers une misère totale. Après tout le franc CFA est tout aussi aberrant que l'euro d'un point de vue monétaire. Pourtant les nations africaines continuent à l'utiliser, probablement les élites locales ne voient elles dans une devise forte que les avantages à court terme pour leurs propres besoins en ignorant totalement le développement de la production locale. Il en va de même en France et en Europe puisque maintenant les élites montrent un désintérêt total pour le chômage de masse, la précarité et la baisse du niveau de vie local tant qu'elles peuvent acheter tout ce dont elles ont besoin pour maintenir leur train de vie.



Cependant, nous atteignons ici les limites de ce qui est prévisible en réalité, c'est notre tempérament en général qui nous dicte la vision de l'avenir, les faits ne pouvant nous éclairer. Nous nous laissons souvent aveugler par nos propres désirs, moi y compris. Il faudrait effectivement que l'Europe passe à la monnaie commune ou que la France sorte de l'euro. Il faudrait que nos élites mettent en place des protections douanières et rétablissent une véritable concurrence entre « égaux », sans quoi celle-ci se résume à un massacre. Mais pour faire cela, il faudrait déjà que des politiques portant ce message arrivent au pouvoir, or, rien ne se passe. L'élection de 2012 est partie pour être une répétition de 2007 avec Hollande dans le rôle de Sarkozy. Certains comme mon collègue blogueur Laurent Pinsolle y voient comme les prémisses d'un futur réveil des Français. Ces derniers voyant comment le PS lui aussi plongera le pays dans l'austérité, ils finiront bien par se tourner vers les alternatives. Certes pourquoi pas? Mais franchement depuis combien de temps l'austérité est-elle pratiquée en France? Déjà en 1984 on parlait d'austérité. Est-ce que pour autant les électeurs on mit des gens au pouvoir en réaction à cela? On peut véritablement se demander aujourd'hui si les urnes sont une solution. Le système électoral est totalement bloqué. On peut faire l'apologie de De Gaulle en 58 sauf que ce dernier avait une image derrière lui et qu'il y avait le contexte de la guerre d'Algérie pour le porter au pouvoir en dehors du système politique français classique. Sans ces conditions, les ploutocrates d'alors se seraient maintenus au pouvoir. Il est peut-être temps de reconnaître que c'est notre système pseudodémocratique qui est en cause au-delà de la simple question des personnes. Notre régime politique empêche toute transformation des politiques économiques, il est ultra conservateur. D'une façon probablement bien plus efficace que tous les régimes dictatoriaux, car dans ce système les gens pensent influencer par leur vote le système politique alors qu'en fait rien ne se passe. On peut encore espérer cependant que nos voisins et particulièrement l'Allemagne mettent eux-mêmes fin à l'euro et sauvent par inadvertance la société française prisonnière de ses rigidités politiques internes.





 

 

 

 

 

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30 août 2011 2 30 /08 /août /2011 22:51

 

2975347245_1_3_ktchJ2I3.gifAprès la crise on nous ressort les bonnes vieilles ficelles de l'institutionnalisation d'un régime économique. Les élites européennes étant friandes de règles. Règles qu'elles devront rompre à loisir. La future règle d'or n'est en réalité que la continuité d'une forme de pensée libérale qui tend à vouloir exclure l'économie du champ du politique alors qu'elle en est en vérité la plus parfaite incarnation. Car les libéraux n'en reviennent pas, ils persistent à vouloir faire croire que l'économie peut se résumer à un choix rationnel mû par un simple calcul comptable capable de prévoir  toutes les évolutions sur des siècles et des siècles. Cette règle d'or, comme jadis les critères de Maastricht, n'a en fait qu'un seul but. Celui d'empêcher toute politique économique publique et de limiter autant que possible l'intrusion du politique dans les questions économiques. Nous avons ici une illustration de la thèse de Naomi Klein sur la stratégie du choc qui veut que les chocs et les crises économiques servent de prétexte à l'aggravation des politiques qui ont justement mené au désastre susnommé. Loin d'avoir compris le sens de la crise, les bureaucrates néolibéraux ont ainsi profité de la crise pour accroitre encore leurs capacités de nuisance.

 

On remarquera au passage que personne chez les plus hauts responsables n'a souligné le fait que les déficits budgétaires étaient essentiellement le fruit du laissez-faire en matière de politique économique et fiscale. Et que si la règle d'or avait été appliquée au moment de la crise bancaire nous aurions eu affaire à une gigantesque panique boursière comme le monde n'en a pas connu depuis 1929. En clair, les dirigeants français et européens ont conclu qu'il fallait empêcher les états de s'endetter alors même que ce sont eux qui ont fait flamber la dette au nom de la sauvegarde des banques. Et quand je dis eux, je veux dire exactement les mêmes personnes qui aujourd'hui prônent la règle d'or. On comprendra ici bien sûr que la règle d'or ne s'applique en fait qu'aux dépenses inutiles pour ceux d'en haut, surtout n'endettons pas l'état pour construire des hôpitaux ou pour moderniser la production électrique. Il ne faudrait pas endetter l'état pour faire des choses utiles pour tout le monde. Par contre, l'endetter pour sauver la rente, le capital, l'euro et la monnaie forte là c'est normal. Car, voyez-vous, il y a fort à parier que si le système bancaire flanchait à nouveau, et cela ne saurait rester une hypothèse très longtemps d'ailleurs, la règle d'or serait d'un seul coup oubliée. Tous comme le furent les contraintes de Maastricht toutes passées à la trappe dès qu'il fallut sauver les copains de la faillite. En fait, cette fameuse règle d'or est la représentation comptable de la dérive féodale du continent européen et de la France en particulier. La maxime de La Fontaine n'a jamais eu si bonne application que dans les temps présents. De néolibéralisme nous ne devrions plus parler, mais bien plus de néoféodalisme. Car telle est la nouvelle Europe, dure avec les faibles et faibles avec les forts. Là où la justice consistait autrefois à rétablir par le droit, la loi et la politique l'égalité que la nature n'avait pas produite, les néoféodalistes s'échinent eux à aggraver les inégalités. La loi et la politique consistent désormais à graver dans le marbre les injustices naturelles, voir même à les répandre et à les multiplier.

 

Les règles budgétaires sont une insulte à la liberté démocratique et au bon sens

 

 

D'autre part, nous remarquerons également que la question des déséquilibres des comptes publics oublie en partie que l'accroissement des dettes est essentiellement le fait des intérêts. Comme l'a noté très justement A-J Holbecq sur le site postjorion, les budgets calculés sans les services de la dette se sont avérés relativement équilibrés ces dernières décennies. Mais cet oubli de la nature même de la dette est curieux. Que ce soit par sa justification momentanée, nous avions vu que la dette augmentait surtout avec la surélévation de notre monnaie, le franc fort a doublé notre dette dans les années 90. Ou que ce soit par l'oubli du questionnement sur l'origine idéologique de l'emprunt public sur les marchés financiers. Ces questions sur l'origine de la dette et le poids que celle-ci produit sur les budgets annuels ne sont jamais posées. Probablement parce que comme le disait Descartes un problème bien posé est un problème à moitié résolu. Donc le fait d'ignorer cette question permet de détourner le débat public de l'essentiel. Tout comme le FN permet d'éviter de poser des questions sur le protectionnisme ou l'immigration en résumant tout à un débat entre racisme et non-racisme. L'obsession de l'équilibre budgétaire permet de mettre entre parenthèses la question de l'origine de la dette alors que ce sont ces intéréts qui déséquilibre le plus les budgets annuels.

 

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Car la dette publique française dont nous payons aujourd'hui les intérêts exorbitants n'est pas et n'a jamais été le fruit d'un gaspillage des dépenses publiques. La dette provient essentiellement de la privatisation de l'instrument monétaire qui oblige les états occidentaux à emprunter avec intérêt sur les marchés ce qu'ils pourraient emprunter à leurs banques centrales à taux nul. Du libre-échange généralisé qui a détruit en partie les bases industrielles des pays avancés, et qui en réduisant les rentrées fiscales a obligé les états à emprunter. Et si les états ne l'avaient pas fait, le monde serait rentré en dépression dès les années 80. Et enfin ces dettes sont dues aussi à des délires monétaires. Que ce soit la politique des taux délirants aux USA sous Regan pour renforcer le dollar ce qui coula l'industrie US. Ou que ce soit la politique du franc et de l'euro fort en Europe. Ces politiques sont bien les vrais responsables de la hausse de la dette et du coût qu'elles engendrent à long terme. Cela dépasse très largement les déficits de la sécu ou les quelques dépenses excessives ici ou là. Bien évidemment, la dette est aussi un bon moyen pour justifier des politiques qui n'ont aucun sens puisqu'elles punissent en fait des populations qui subissent déjà tous les effets des politiques délirantes précédemment cités. De plus, la règle d'or est en fait une atteinte manifeste au choix démocratique et impose une politique économique dans une constitution. On rappellera au passage que le seul régime à avoir eu une politique économique dans sa constitution en plus de l'UE fut l'URSS.

Pourquoi faire une règle sur les budgets publics et pas sur les balances des paiements?  

 

Denier point sur cette règle d'or qui devrait plutôt s'appeler l'arnaque en or. L'origine de la crise économique que nous subissons n'est pas véritablement due au niveau des dettes publiques ou des déficits. Les marchés d'ailleurs l'ont bien compris puisqu'ils se méfient aujourd'hui de la zone euro et des PIGS malgré les énormes économies que les états annoncent et font par des compressions massives de la demande intérieure. Ce qui inquiète c'est la fameuse compétitivité. Terme mal choisi en réalité. On doit plutôt parler des déséquilibres commerciaux qui sont à l'origine en grande partie de l'endettement des nations. Lorsqu'un pays connait un déficit commercial, il voit sa masse monétaire se réduire, un peu comme un seau d'eau dans lequel on ferait un trou voit son niveau d'eau baisser. On comprendra bien que la dette ou l'émission monétaire consiste en fait à rajouter de l'eau dans le sceau sans boucher le trou pour maintenir le niveau. Car ce trou produit une moindre activité économique et oblige au passage le pays à produire de la dette extérieure pour se procurer les marchandises importées. C'est d'autant plus vrai que le jeu monétaire mondial est fortement truqué, et que le régime des changes flottants ne flotte en réalité pas tant que cela. Beaucoup de pays se retrouvant avec des monnaies dont les taux ne correspondent absolument pas à leur situation commerciale. Les Asiatiques ont des monnaies largement sous-évaluées, en occident c'est l'inverse.

 

Il est donc curieux lorsque l'on s'interroge sur la règle d'or que personne en plus haut lieu n'ait émis l'idée d'établir une règle d'or commerciale empêchant les déficits de la balance des paiements. Déficits qui sont pourtant les vrais responsables de la faillite des nations. Comment donc, expliquer un tel oubli? C'est que pour appliquer une telle règle il faudrait nécessairement rompre avec le libre-échange, et le régime des changes flottants qui ont fait tant d'heureux dans les bourses européennes et américaines. Là encore, nous avons une expression de ce néoféodalisme qui oblige à poser certaines questions dans le débat public uniquement si cela va dans l'intérêt des puissants et non dans celui de l'intérêt général. Car une telle règle, qui avait été imaginée par Keynes pour son Bancor et qui était présente dans la charte de La Havane, obligerait à questionner un peu l'ordre économique mondial qui favorise la rente au détriment du travail. Que deviendraient donc les intermédiaires et les financiers si d'un seul coup ils ne pouvaient plus jouer sur les différentiels salariaux pour maintenir leurs rendements ? Un homme politique désireux d'affronter la doxa néoféodaliste actuelle devrait à mon avis émettre l'hypothèse d'une règle d'or sur le commerce extérieur. Elle dirait ceci: « Chaque nation doit préserver sur une période de trois ans en moyenne un équilibre de la balance des paiements. En cas de déficit, un pays pourrait recourir à une dévaluation ou à une politique de protection commerciale face aux pays en excédent . Les pays excédentaires seraient invités à accroitre leurs demandes intérieures. Et si cela s'avérait impossible ou sans effet, a accepté les limitations que les pays en déficit seraient alors obligés de prendre à leur encontre.» Voilà une règle d'or qui s'attaquerait au nœud gordien de la crise mondiale actuelle. Si nos élites aiment les règles, donnons-leur donc en une qui est utile. À mon humble avis il y a fort à parier que cette règle-là serait rapidement étouffée par les médias et la commission européenne. Elle remettrait en cause trop d'intérêts bien installés. Et elle nuirait fortement à la doxa libérale qui n'aime la nature et les règles que si elle favorise les milieux qui lui sont les plus proches.

 

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28 août 2011 7 28 /08 /août /2011 17:37

 

520291_former-defense-minister-chevenement-listens-to-a-spe.jpgLaurent Pinsolle, le porte-parole de Debout La République (DLR) vient  d'entamer une discussion avec le secrétaire national du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC) Julien Landfried. Cette discussion confirme encore une fois l'analyse d'Emmanuel Todd sur le fait que les discussions entre les alternatifs sont infiniment plus constructives et intéressantes qu'une discussion entre des alternatifs et les tenants de l'idéologie dominante. Ces derniers fuyant en réalité la discussion par manque d'argument et aussi parce que les derniers défenseurs du système, même s'ils sont nombreux et possèdent encore la domination médiatique, ont d'ores et déjà perdu leur autorité morale. La faute à une situation qui se dégrade de jour en jour sous l'effet de l'application des remèdes de la doxa dominante néolibérale, la réalité fera ce que l'argumentation logique et raisonnable n'a pas pu faire ces trente dernières années au détriment malheureusement d'une bonne part des Français. La plupart de nos concitoyens finiront par comprendre qu'il n'y a guère de différence entre un  François Hollande et un Nicolas Sarkozy sauf sur le plan des apparences et de la communication, le PS et l'UMP ne faisant qu'appliquer les mêmes recettes qui n'ont jamais marché.

 

La discussion entre ces deux alternatifs montre tout de même une véritable rupture de conception. Une rupture qui marque, je crois, la réalité d'un véritable clivage droite-gauche, pour ceux qui en cherche un. Les propos de monsieur Landfried et de Jean Pierre Chevènement montrent tout de même une vision de l'Europe qui diffère grandement de celle de Nicolas Dupont Aignan et de son représentant Laurent Pinsolle. Chez NDA et Laurent Pinsolle, on sent une vision utilitariste de l'Europe à des fins de défense de l'intérêt national français. Je précise que personnellement je me retrouve plutôt dans le camp de DLR, je défends avant tout l'intérêt de mon peuple en tant que français. DLR est un parti souverainiste qui défend d'abord l'intérêt français et ses partisans construisent donc des stratégies et une vision qui correspond à cet objectif premier. Bien évidemment un souverainiste qui a le sens de la mesure et la tête sur les épaules défendra également la souveraineté des autres peuples à cause de son attachement viscéral à la question de l'indépendance et du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Cette raison souverainiste tend donc naturellement vers une vision internationale prônant le respect de l'indépendance de chaque peuple et vers une discussion entre nations. C'était la vision d'un monde multipolaire d'un De Gaulle. Pour cette raison, l'Europe d'un Dupont Aignan ne peut-être qu'une Europe des nations indépendantes. Mais des nations pouvant tout de même travailler ensemble et visant un certain équilibre. C'est une vision d'équilibre entre puissances et de coopération, une coopération qui peut d'ailleurs ne pas se limiter à l'Europe, mais à l'ensemble du monde. Cependant, cela signifie également accepter le fait que les intérêts divergent parfois et qu'il est des fois nécessaire d'affronter une autre nation quand ses propres intérêts vitaux sont en jeux. Au final il ne s'agit pas de faire une France en plus grande, mais simplement de créer des relations apaisées et équilibrées entre les peuples respectant l'indépendance de chacun du moment qu'elle ne nuit pas à celle d'autrui.



En lisant les propos de Landfried et de son mentor Jean Pierre Chevènement, il me semble par contre y voir une autre vision que celle de la souveraineté. J'y vois personnellement le côté gauche universaliste, le rêve d'une nation française plus grande. Pourquoi puis-je affirmer cela? Par l'attachement que Chevènement a vis-à-vis de la monnaie unique en premier lieu. Mais aussi de cette volonté absolue de maintenir une organisation à l'échelle européenne avec comme motif premier qu'il serait risqué pour nous de faire autrement. Il y a aussi cette volonté de reprendre les commandes de l'avion, pour reprendre l'analogie entre le pilotage d'avion et le fait de sortir de l'euro. Comme le souligne Laurent Pinsolle, il n'est pas déraisonnable de sauter d'un avion condamné à s'écraser. Et j'ai même envie de dire que l'avion en question n'a tout simplement aucun gouvernail qui permettrait de reprendre le contrôle.Le fait de vouloir, trouver un compromis avec l'Allemagne pour imposer un changement de direction politique de la zone est en soit, faire montre de peu d'intérêt pour les autres membres de la zone euro. En effet, c'est comme si on les considérait comme quantité négligeable. Or pour le souverainiste que je suis, le peuple danois ou le peuple finlandais ont autant le droit à la souveraineté que les Français ou les Allemands. À croire que pour Chevènement l'indépendance n'est qu'une affaire de taille. Nous indiquions pourtant récemment que de minuscules pays se portaient très bien sans l'euro à l'image de l'Islande. Nous pourrions citer la minuscule Singapour ou même la Malaisie qui n'ont jamais hésité à résister aux délires du FMI et à la libéralisation des marchés financiers. L'indépendance n'est pas une affaire de taille, c'est une affaire de volonté politique et de projet. La dépendance française est le fruit d'une stratégie délibérée visant à contraindre notre nation à plier chaque année un peu plus aux exigences de cultures économiques et politiques qui lui sont parfaitement étrangères. L'Europe a servi uniquement de prétexte pour nos élites afin de démolir les acquis du CNR et l'organisation sociale d'après-guerre. La solution consistant à vouloir faire à l'échelle de l'Europe ce que nous pourrions fort bien réaliser à l'échelle française, la monétisation de la dette par exemple, montre bien cet attachement à l'UE. Quant à nos relations avec l'Allemagne qui nous seraient si spécifiques, n'oublions pas non plus les multiples conflits et les divergences profondes qui peuvent nous séparer. C'est probablement à trop vouloir faire vivre des peuples aux aspirations différentes avec les mêmes règles et les mêmes lois que nous finiront par raviver les plus grandes tensions. C'est avec la crise de l'euro que l'on a vu resurgir les réflexes les plus sectaires et les tendances les plus racistes, on se souvient de la façon dont la Grèce a été traité. Faire sauter l'euro pourrait être la seule chose raisonnable pour éviter une escalade de violence en Europe lorsque les effets des contritions économiques atteindront leurs paroxysmes.

 

La peur de l'isolement français

 

Autre point de divergence que je crois important, le MRC semble craindre l'isolement français. On sent ici poindre en soubassement l'argument habituel de la taille de la nation française. Parce que finalement c'est ce qui ressort du fait de vouloir s'accrocher à l'euro tout en sachant pertinemment qu'il s'agit d'une mauvaise monnaie. Quel serait l'effet premier de la sortie de l'euro? La dévaluation. Or la dévaluation si elle renchérit le prix des importations, elle abaisse aussi celle des exportations et donc elle permet une nette amélioration de la balance des paiements comme l'expérience récente l'a encore montré en Suède ou en Islande. La dette quant à elle sera de toute façon convertie en franc et monétisée, au moins en partie. Nous aurons une inflation un peu plus forte, mais ce n'est pas forcément un drame. La situation française était d'ailleurs meilleure lorsque l'inflation dépassait 3% par an. Et pour peu que l'on réajuste les salaires pour les adapter à ce changement c'est un bon moyen pour transférer du revenu de la rente vers le travail et l'investissement.



J'ai en fait la désagréable impression que JPC se laisse dominé par la peur. La peur de la rupture avec une politique qui est devenue un rituel ces trente dernières années, l'Europe étant devenue à tort comme étant le seul destin national présenté aux Français. Un peu comme si la France devait impérativement disparaître à cause d'un sens de l'histoire et d'une mauvaise analogie avec les cités antiques. Comme je l'ai déjà expliqué, je pense qu'au contraire le sens de l'histoire c'est la démocratie, une démocratie qui nécessite pour son application une certaine homogénéité culturelle et politique pour pouvoir advenir. C'est ce qui explique que plus la démocratie progresse et plus les grands ensembles multinationaux se disloquent sous l'effet de l'impossibilité de faire cohabiter plusieurs peuples aux aspirations différentes dans une seule nation démocratique. La dérive autoritaire européenne est d'ailleurs normale puisque seuls les empires et la violence permettent de maintenir des peuples disparates dans un seul corps politique.



Si Chevènement croyait réellement en la France il ne dirait pas que nous sommes condamnés à nous entendre avec l'Allemagne, car tel n'est pas le cas. Rien n'empêche physiquement le peuple français d'entrer en confrontation avec la puissance germanique, en dévaluant et en taxant les importations de ce pays. Nous sommes obligés d'avoir des rapports avec l'Allemagne certes, mais nous ne sommes pas obligés de nous plier à ses désirs. La domination économique de l'Allemagne ne sera de toute façon pas durable et elle provient en grande partie du fait que ses voisins ont abandonné toute politique de défense à son encontre. Je rappellerai à ici à monsieur Chevènement, que l'on ne choisit pas son adversaire, c'est lui qui vous choisit. L'Allemagne a choisi de faire sa prospérité avec des politiques mercantilistes et dix ans de « coopération » monétaire avec elle n'ont pas vraiment réussi à réduire les divergences franco-allemandes, bien au contraire. D'autant qu'il semble que les autorités allemandes n'aient pas vraiment conscience de l'origine de leur prospérité momentanée puisque ces mêmes autorités sont en train de pousser toute l'Europe à l'austérité ce qui ne sera pas sans effet sur les excédents allemands. Nous n'avons donc pas besoin de parler avec l'Allemagne, sous-entendu de nous plier à ses exigences. Nous avons surtout besoin de réaffirmer notre indépendance et cela passera nécessairement par des politiques unilatérales et un conflit. Les pays mercantilistes comme l'Allemagne, le Japon, la Corée ou la Chine doivent être remis à leur place et cela passe par des politiques de réactions fortes. Ce n'est pas en leur léchant les bottes qu'ils changeront d'attitude. Les USA demandent à la Chine de changer sa politique monétaire depuis des années, sans que les chinois obtempèrent il me semble.



En restant dans la zone euro nous pourrions d'ailleurs déjà faire des politiques unilatérales en désobéissant aux règles européennes et en rien face aux menaces ridicules des fonctionnaires européens. Faisons comme le Danemark, rétablissons donc les frontières françaises non seulement pour le contrôle migratoire, mais surtout pour taxer et réguler les échanges avec nos partenaires les moins coopératifs. Chiche, taxons les produits allemands à hauteur de 25% et voyons la réaction de Berlin. Les dirigeants allemands trouvent normal d'avoir un excédent de 27 milliards d'euros avec la France, leur nation « ami ». Soyons aussi égoïstes qu'eux et exigeons le rétablissement immédiat de l'équilibre de la balance commerciale entre la France et l'Allemagne. Mettons-les devant le fait accompli. C'est de toute manière la seule chance qu'il y est de voir les politiques européennes changer. Je rappelle d'ailleurs au passage que même si des alternatifs arrivent à monter au pouvoir ils ne dirigeront que la France en aucun cas l'Europe ou l'Allemagne. On ne peut pas dire comme le fait Chevènement que l'on veut défendre les intérêts de la France et ne pas risquer de froisser d'autres nations dont le comportement est manifestement agressif même si c'est uniquement sous forme commerciale. À l'heure actuelle la seule chose qui devrait nous faire peur ce n'est pas la sortie de l'euro, ou la colère de l'Allemagne, mais bien le statu quo et l'inaction, car c'est cette hypothèse qui mettra à long terme la nation française parterre.

 

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15 août 2011 1 15 /08 /août /2011 17:24

 francais-demondialisation.jpgJe reprends ici la formule de Jacques Sapir qui avait qualifié l'idéologie des gens de gauche pro-libre-échange d'internationalisme des imbéciles. C'est en effet ce que l'on peut penser des deux textes sortis récemment, textes qui unissent étrangement un intellectuel de gauche et un néo-libéral à l'esprit étriqué. Tous les deux attaquent le protectionnisme de la même manière en minimisant les effets des délocalisations sur les pertes d'emploi. Les deux auteurs en question sont Pierre Larrouturou qui joue le rôle de l'homme de gauche qui, même bien intentionné, est un peu naïf et malhonnête dans sa démonstration, et dans le rôle du cryptolibéral Georges Kaplan. J'emploie le terme de cryptolibéral puisque les vieux libéraux n'ont eu de cesse de qualifier de crypto leurs opposants communistes durant toute la période de la fin de la guerre froide et de l'effondrement du bloc soviétique. Puisque c'est au tour de l'idéologie libérale et mondialiste de s'effondrer, je pense qu'il est juste de qualifier leur idéologie avec les mêmes termes.  Ces deux personnes aux idées en apparence diamétralement opposée se retrouvent donc dans le même camp dès qu'il s'agit du libre commerce entre pays.  

 

En réalité, cela montre bien les sources communes entre le marxisme et le libéralisme qui découle tous les deux du même moule utilitaristes et internationalistes. Leurs objectifs ne diffèrent guère, c'est seulement leurs moyens qui changent. Le marxisme pensant que le meilleur moyen d'améliorer la vie des hommes passe par la révolution internationale et prolétarienne, l'unification du genre humain par la prise de conscience des couches populaires. C'est une pensée qui réduit l'humanité à sa dimension collective. À l'inverse, le libéral, lui, pense que le meilleur moyen d'améliorer l'humanité est de laissez-faire les individus. Et d'éliminer toute tendance collective, qui forcément nuira à l'optimum du marché libre et non faussé. Mais là aussi les nations sont niées, elles sont considérées comme des choses du passé à abattre. La vérité c'est que l'homme est à la fois collectif et individuel. Il est comme la lumière qui est à la fois corpuscule et onde, il y a deux aspects dans sa nature. Vouloir réduire l'humanité à une seule de ses dimensions, c'est assurément se tromper totalement et construire des sociétés incapables de fonctionner comme l'a montré le destin de l'URSS ou celui de l'occident actuel. Je caricature leurs positions ici pour forcer le trait, mais le fond des choses est que ces deux idéologies partagent en quelque sorte un même dessein né de la philosophie des lumières, mais dont nous voyons aujourd'hui les limites et le danger. Car non seulement leurs moyens ne mènent pas à la fin désirée. C'est-à-dire que bien loin d'améliorer les choses ces idéologies transforment les sociétés en cauchemar. Mais qu'en plus l'on peut se demander si la fin désirée est si souhaitable que cela. Est-il en effet de l'intérêt de l'humanité de s'unifier? Est-ce que nous serions plus riches, au sens noble du terme, si tous les humains parlaient la même langue, avaient la même culture et les mêmes façons de penser. Car c'est bien vers cette destinée là que veulent nous mener les internationalistes libéraux ou marxistes. Quelques parts on sent dans ces idéologies les derniers restes de l'universalisme chrétien voulant s'étendre partout sur terre et ne laisser aucune terre païenne.

 

À titre personnel je pense que la diversité est au contraire une nécessité du vivant. Le fait de vouloir uniformiser, de vouloir standardiser, et de vouloir faire en sorte que toutes les civilisations vivent dans un même socle civilisationnel marchand ou collectiviste, est en réalité un crime contre nature. C'est le plus sûr moyen de détruire cet organisme qu'est l'humanité, car c'est la diversité qui permet la résistance sur une longue période historique. De la même manière que les espèces surspécialisées finissent par disparaitre en cas de changement de paradigme écologique, la monocivilisation entrainerait l'humanité vers l'extinction si le chemin emprunté par elle était mauvais. En un sens, les libéraux et les marxistes sont profondément impérialistes, ils veulent imposer au monde entier le même mode de vie. Un mode de vie s'appuyant sur le progrès technique et la façon de vivre occidentale qu'il juge comme étant le seul qui vaille, pensant ainsi qu'il y aurait un sens à l'histoire qui nous mènerait vers une société unique. La vérité c'est que l'histoire n'a aucun sens et que nos lointains descendants pourraient tout aussi bien vivre dans de nouvelles sociétés agraires et peu avancées techniquement parlant. Dans le cas des libéraux cette volonté d'imposer un modèle unique de développement et d'organisation économiques est d'ailleurs en contradiction avec l'idée de liberté. Mais il est vrai aussi que les libéraux sont persuadés que l'homme se fait tout seul et qu'il est mû de la même manière, quel que soit son substrat culturel de base. Il n'est mû que par son intérêt économique propre et aura donc naturellement tendance à adorer la société libérale et ses principes "émancipateurs". Il se pourrait cependant que l'effondrement de l'occident et la montée d'autres civilisations peu attachées aux libertés individuelles finissent par ternir quelque peu les ambitions libérales et la croyance en l'homme autodéterminé.

 

Le libre-échange est responsable de l'essentiel du chômage dans les pays développés

 

Pour en revenir aux deux textes que je critique vous pouvez les trouver à ces adresses:

 

Pierre Larrouturou: "Oublions la croissance"

Georges Kaplan: "Les fadaises de la désindustrialisation"

 

Rien que les titres sont déjà annonciateurs des propos tenus. Commençons par une remarque. Il n'y a aucune réflexion systémique dans les analyses de Larrouturou et dans ceux de Kaplan. On voit dans la simplification extrême des arguments le fait que ces deux personnes n'ont pas réellement pensé à la question du libre-échange et aux implications macro-économiques qu'elles entrainent. C'est notablement vrai pour Larrouturou qui a pourtant des réflexions intelligentes sur d'autres questions. Nous avons ici affaire aux mêmes types de réactions épidermiques que celles que nous avez réservé le conseil scientifique d'ATTAC sur le concept de démondialisation et dont nous avions parlé ici même.  C'est une réaction de chien de Pavlov littéralement automatique et n'entrainant qu'un amoncellement d'idées reçues répétées jusqu'à plus soif depuis trente ans. De la part d'un libéral comme Kaplan ce n'est guère étonnant. Ça l'est beaucoup plus pour un homme comme Larrouturou qui par ailleurs réclame une transformation des gains de productivité en réduction de temps de travail plutôt qu'en augmentation de salaire. Ce qui est assez subversif dans le contexte actuel. Je mets donc sa réaction plutôt sur le dos de son internationalisme mal compris que sur une réflexion mal intentionnée. Je n'en dirai pas autant de Kaplan qui prend fait et cause pour la rente, cela se ressent dans ses multiples textes sur Causeur qui l'oppose souvent à mon collègue blogueur Laurent Pinsolle.

 

L'erreur fatale de nos deux critiques provient essentiellement de leur obstination à ne voir la cause des pertes d'emplois industriels que dans le progrès technique. J'avais expliqué dans ce texte en quoi il était absurde d'accuser les gains de productivité dans les pertes d'emplois. La vérité c'est que les gains de productivité dans l'industrie ont fortement ralenti si on les compare aux chiffres de la période des trente glorieuses. À l'époque nous faisions facilement 5%  de gains de productivité moyenne par an. Or c'est une période ou nous créions près de 50000 emplois industriels par an. En reprenant l'un, des célèbres graphiques de Maurice Allais, on voit bien où se situe la rupture:

emploi-dans-l-industrie.jpg

Elle se situe en 1973-74, date à laquelle, commence la rupture avec la politique de préférence communautaire. Une période durant laquelle sera imposé l'ignoble système du change flottant. L'excuse des gains de productivité ne tient pas, d'ailleurs au risque de surprendre, l'industrie a connu des gains de productivité beaucoup plus lents que l'agriculture ces 50 dernières années. Et si l'on se fit à l'indice de l'évolution des gains de productivité l'industrie aurait au contraire dû ralentir ses pertes d'emploi et non les accélérer, puisque les gains de productivité ont largement été freinés. D'ailleurs, certains pays développés ont gardé une industrie florissante en terme de proportion d'emploi. L’Allemagne, le Japon ou la Corée du Sud ne sont pas moins productifs que la France, l'emploi industriel y est pourtant largement plus fort en proportion du nombre d'emplois totaux. C'est donc que le problème de l'emploi industriel français vient d'ailleurs et que Kaplan et Larrouturou font totalement fausse route. Le graphique suivant provenant du site d'alternatives économiques nous montre l'évolution des gains de productivité et l'on voit bien un ralentissement et non une accélération qui expliquerait les pertes d'emplois dans l'industrie:

 

A261053D.gifOn voit tout de suite que cela ne colle pas avec l'analyse de nos deux hurluberlus. D'autre part, le fait que la valeur ajoutée des entreprises ait tout de même augmenté ne signifie pas que notre industrie soit en grande forme comme le sous-entend Kaplan. Il faut différencier ici le territoire national et les entreprises nationales surtout les grandes entreprises qui aujourd'hui externalisent surtout leurs profits et qui payent de moins en moins d'impôts en France. Pour résumer, on peut dire que soit l'on se fit uniquement aux gains de productivité et l'on devrait alors conclure au contraire que l'emploi dans l'industrie aurait dû stagner ou augmenter puisque la consommation, elle, a continué à augmenter pendant que les gains de productivité ralentissaient leur rythme de croissance. Soit en conclure qu'en aucun cas les gains de productivité ne peuvent expliquer la baisse de l'emploi dans les secteurs industriels. Et cela même en prenant en compte les externalisations au sein même de la société française.

 

 

Mais il y a un indicateur plus efficace encore pour invalider cette théorie. C'est celui de la balance des paiements. Comment se fait-il que la France ou les USA connaissent des déficits commerciaux croissants si leurs industries sont toujours en pleine forme? Pourquoi un pays qui produit des biens et qui connait des gains de productivité mirifiques se retrouverait-il avec des déficits commerciaux? C'est d'autant plus curieux dans le cas de la France que la croissance française est faible depuis plus de trente ans et que le chômage endémique aurait dû au contraire entrainer une tendance structurelle à l'excédent commercial. Ce qui traduit l'état dramatique de la production française au contraire des propos de Kaplan ou Larrouturou.

 

commerc-france.png

 

Les illusions comptables

 

On touche là à l'un des gros points noirs de la "science" économique qui confond la réalité des choses avec la valeur marchande, et les implications qu'entraine la réduction de la réalité économique à sa mesure monétaire. J'en avais déjà parlé précédemment, mais la mesure même de la productivité telle que la pratiquent les économistes est des plus discutable. En effet, une bonne part des gains de productivité apparents résultent souvent des importations qui sont incluses dans le calcul du PIB et qui font croitre aussi la richesse comptable d'un pays. L'exemple le plus parlant de ce point de vue est le cas des USA. Officiellement, ce pays est hautement productif, mais sa balance commerciale est hautement déficitaire. Ce n'est pas logique. La plupart des produits consommés aux USA n'y sont en réalité pas fabriquée ce qui veut dire que la hausse de la richesse du pays est essentiellement une illusion comptable. Une illusion qui vaut tant que le dollar reste à sa valeur et que le monde ne s'aperçoit pas de la réalité économique du pays. À savoir que les USA ne sont riches que par convention. Que demain l'on permette au Nigéria de maintenir sa monnaie stable avec un déficit commercial de 800milliards de dollars par an et le Nigéria aussi affichera des gains de productivité avantageux avec un système financier hautement « productif ». Vous n'aurez rien dans vos magasins provenant du Nigéria, l'industrie y sera toujours inexistante, mais d'un point de vue comptable, le pays sera productif.

 

En réalité, la notion de productivité ne devrait pas sortir des usines, elle n'a aucun sens lorsque l'on compare des pays. Le Luxembourg qui affiche le niveau de vie le plus élevé de la planète est-il productif? Vous achetez souvent des produits fabriqués au Luxembourg? Non. C’est juste un parasite fiscal qui vit sur le dos des nations qui l'entourent. Par contre des produits chinois il y en a partout. La Chine est devenue le premier producteur dans la quasi-totalité des grands produits de consommation et cela se traduit aussi dans sa balance commerciale. Ses gains de productivité à elles sont réels, ils ne proviennent pas d'un truchement comptable. L'on peut dès lors affirmer que ce n'est pas parce que les entreprises industrielles françaises ont des valeurs ajoutées qui augmentent ou des gains de productivité que le pays ne se désindustrialise pas. Une bonne part des gains de productivité que nous connaissons provenant des produits chinois qui sont ensuite revendus en France et qui nourrissent les multiples intermédiaires et les supermarchés. La nature des gains de productivité en France a changé dès le moment où nous avons abandonné l'idée de réguler nos échanges commerciaux et que nos industries se sont mises à créer plus d'emplois à l'étranger qu'en France pour abreuver le marché français de produits fabriqués par de nouveaux esclaves. En attendant, la France produit de moins en moins les biens qu'elle consomme jusqu'au jour ou sa monnaie sera brutalement mise au niveau de sa production réelle. Ce jour-là j'aimerai voir la tête de monsieur Kaplan quand tous les produits qu'il consomme verront leur prix multiplier subitement par 5 ou 6. Pour parler de productivité, il vaudrait mieux parler de volumes de biens échangés, mais là on serait effrayé par le déséquilibre entre l'occident et l'Asie. Cela pousserait Kaplan comme beaucoup d'autres occidentalocentristes à réaliser que le centre du monde a déjà changé de place, mais que les acteurs ne s'en sont pas encore rendu compte.

 

Enfin, parlons d'un denier point pour contredire Larrouturou. Cette économiste n'a de cesse de se référer à Keynes et c'est très bien. Il a pleinement conscience que c'est l'inadéquation entre l'offre et la demande qui produit le chômage et que cette inadéquation est le produit naturel du laissez-faire. Cependant au lieu de prôner des politiques de relance il préfère la baisse du temps de travail pour absorber les gains de productivités. C'est un choix tout à fait raisonnable si l'on se place du point de vue des limites de notre écosystème. Cependant, Larrouturou ne parle pas des déséquilibres des échanges entre l'Asie et l'occident. Il feint d'ignorer que les plans de relance sont absorbés par les pays exportateurs, mais il en irait de même en cas de réduction du temps de travail. En effet que vous augmentiez les salaires pour accroitre la consommation et ainsi créé des emplois ou que vous diminuiez le temps de travail, cela accroit le coût du travail. Cela aggravera donc mécaniquement les déficits extérieurs et réduira en réalité la quantité d'emploi disponible. Si l'on ne s'attèle pas à faire du protectionnisme sous une forme ou sous une autre. Toute politique de relance est condamnée à finir absorbée par les nouvelles puissances industrielles. Les propositions de Larrouturou ne seraient valables que dans le cadre d'un monde uniforme où la productivité serait la même partout et où il n'y aurait pas de nations mercantilistes visant à tirer leur croissance uniquement par l'excédent commercial, nous ne vivons pas dans un tel monde. Et je rappellerai à Larrouturou au passage que Keynes était un partisan de la régulation des échanges commerciaux et un partisan du protectionnisme visant l'équilibre extérieur.

 

 

 

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10 août 2011 3 10 /08 /août /2011 14:58

album_large_4312182.jpgQuel est le lien entre les émeutes en Grande-Bretagne, la faillite du système financier et les déséquilibres macroéconomiques massifs? La réponse est simple, c'est le chaos. Un chaos engendré par des politiques qui l'ont sciemment construit durant ces trente dernières années. Patiemment, les modernes ont déconstruit tout ce qui permettait à la société de fonctionner à peu près correctement, et cela en pensant bêtement que cela libèrerait les initiatives individuelles et la "croissance". En réalité, l'état de nature, la société sans règle, sans morale, sans état n'accouchent que d'une seule chose, la violence à tous les étages. Et ce ne sont pas les maigres discours tenus par une pseudoélite paniquée qui y changera quoi que ce soit. La GB paie aujourd'hui le prix de sa violence économique, sociale et démographique. Son instabilité montre aussi l'échec fatal des sociétés multiculturelles où le seul liant est le marché et l'argent. Une société où toute ambition collective a disparu et où les individus ne sont responsables que d'eux-mêmes et de leurs propres intérêts. Une société ne peut pas fonctionner avec comme seule organisation le marché, il doit exister d'autres liens qui lui sont externes pour que la violence n'emporte pas tout.

 

Le retour de la violence en occident

 

  La déstructuration des sociétés occidentales atteint aujourd'hui un niveau dramatique. La société de l'individu-roi n'accouche que d'un grand n'importe quoi. Ces violences gratuites en Grande-Bretagne si elles sont en partie le fruit d'une immigration trop massive, non intégré et communautariste , sont le fruit également de la poussée délirante vers l'individualisme le plus complet. Il en va de même d'ailleurs pour les crises économiques et financières. Contrairement à ce que vont nous proposer les penseurs d'obédience marxistes voulant faire croire que ce sont uniquement les inégalités sociales qui produisent ces crises de violence, l'économie n'explique pas tout. L'idée que c'est indirectement les coupes sombres budgétaires et donc la crise financière qui produirait ces phénomènes est tout simplement grotesque. Les luttes sociales n'ayant pas grand-chose avec ces pillages anarchiques. On n’a d'ailleurs pas vu les grands centres de la finance ou les banques se faire attaquer. C'est juste un phénomène de pillage digne des grandes invasions du passé. Le lien entre la crise économique et la violence urbaine est plutôt à rechercher dans sa genèse individualiste. En réalité, il n'y a guère de différence entre le comportement de ces pillards et celui de la haute finance alliée à notre corps politique irresponsable. Les deux sont mues par le même appel au désir individuel. Seul compte son intérêt quitte à piller des pays entiers,ou à mettre des millions de gens au chômage. Ces pillards ne sont pas vraiment différents de la classe dirigeante, seule la méthode diffère. Et je suis d'ailleurs prêt à parier que les réparations, suite aux émeutes, seront plus faciles à réparer que les dégâts produits par le pillage spéculatif et financier. C'est l'esprit individualiste de la maximisation de l'intérêt personnel et la suppression des interdits qui produisent ces mouvements de violence. La recherche de l'intérêt personnel même au détriment de la propriété d'autrui est le résultat d'une société qui a supprimé tous les mécanismes éducatifs d'interdit. Mécanismes qui permettaient sans qu'elle le sache à la société dite libérale de fonctionner. Le libéralisme pouvait fonctionner tant qu'il étendait son emprise uniquement sur le marché économique. Et tant qu'il ne commençait pas à saper les autres mécanismes sociaux. En étendant l'influence de l'esprit libérale à toutes les fonctions de la société, en faisant tomber tous les tabous, le libéralisme a en quelque sorte scié la branche sur laquelle il était assis. Contrairement à ce que pensait ce pauvre Mandeville les êtres humains ne sont pas des insectes collectifs comme les abeilles qui sont programmées pour fonctionner collectivement, leur action collective doit être le fruit d'une longue éducation et d'une culture. Supprimez-la et la société devient un asile de fous égotiques.

 

 

La Grande-Bretagne, le pays de la bienséance et de la politesse, ressemble maintenant à sa cousine décadente de l'autre côté de l'atlantique. Un pays où les catastrophes, loin de resserrer les liens et de favoriser les solidarités, produisent des émeutes et des guerres de tous contre tous. À l'image de ce que nous avons vu avec l'ouragan Katrina, ce qui avait choqué ce n'était pas la violence naturelle, mais les réactions humaines particulièrement pathétiques au pays du roi dollar. La société multiculturelle britannique nous montre ainsi son vrai visage, celui d'un pays fragmenté, divisé et au bord de l'implosion que seul l'argent tient encore en place. L'on comprend mieux dès lors le succès des partis indépendantistes en écosse. Mais ne nous mentons pas à nous même, la France en est probablement au même point. Entre la dégradation constante de l'esprit public, de l'état et du sentiment de solidarité national, l'occident et les grandes nations individualistes que sont les USA, la GB, et la France sont arrivées au bout de l'extrême. Il ne leur reste que deux possibilités. La première est de continuer dans le sens du délitement et de disparaitre purement et simplement à plus ou moins long terme. Les populations se restructurant sous une autre forme organisationnelle. Ou rebrousser chemin et arrêter de prôner et de favoriser un individualisme autodestructeur. Malheureusement, cette dernière possibilité pour être possible doit être le fait d'individus pensant encore à la collectivité. Les dirigeants sont malheureusement à l'image de l'évolution du pays individualiste et narcissique. L'esprit collectif est un genre de caractère en voie d'extinction, les individus, au pouvoir ayant suivi le même chemin que le reste de la population. Une fois au pouvoir il se comporte comme le reste du peuple, en individualiste roi prêt à tout pour jouir du court terme sans se soucier d'autrui ou du  lendemain. Nos sociétés sont des sociétés individualistes naturellement guidées par des individualistes, la boucle est bouclée. Comme le disait très justement Régis Debray, le narcissisme est au pouvoir, et l'on ne cherche plus le pouvoir pour l'utiliser à des fins plus grandes. On ne cherche le pouvoir que pour ce qu'il nous permet d'obtenir à des fins individuelles.

 

 

 

 

La violence économique de la logique individuelle 

 

L'économie est le secteur de la société où cette violence engendrée par l'individualisme et sa logique atteint les plus hauts niveaux. Plus personne au pouvoir ne pense en terme collectif, la vision même de la collectivité a disparu remplacée par un amoncellement de choix individuel vu comme indépendant les uns des autres. À cause de cette façon de penser, les idées comme le protectionnisme, ou les politiques contracycliques ont beaucoup de mal à percer dans l'opinion publique. En effet, les entreprises ne voient plus que la compression des salaires qu'elles pratiquent nuit à leurs ventes. Pas plus que les hommes politiques ne comprennent que la réduction brutale des dépenses publiques entraine une réduction de l'activité économique du pays. Chacun voit la société de son point de vue sans élargir son champ de réflexion. Chaque chose est séparée, dans l'esprit des gens. C'est la généralisation de l'esprit cartésien excessif, celui dont j'avais jadis parlé dans ce texte sur le libéralisme, qui est la cause de nos malheurs. Un esprit qui nous conduit à analyser les choses sans les remettre dans leurs interactions générales.  On pense ainsi la chose de l'immigration indépendamment de la question culturelle ou économique. On pense au budget public de l'état sans penser à ses effets sur l'économie, en ne le voyant que du point de vue de ceux qui paient l'impôt et jamais du point de vue de ceux qui bénéficient de l'action de l'état y compris dans les entreprises. L'exemple de la sécurité sociale est ainsi significatif. On voit toujours ce qu'elle coute et est fameux déficit. Sans voir que si elle est en déficit cela signifie d'une part qu'elle rembourse plus qu'elle ne reçoit. Et qu'en plus des entreprises pharmaceutiques et toute la profession médicales en bénéficient. Et eux-mêmes redistribuent l'argent sous la forme d'une consommation qui fera peut-être tourner le restaurant du petit patron du coin qui se plaint sans arrêt du coût des charges sociales. Le fait est que la société est un circuit et que tous les membres de ce circuit sont à la fois créditeurs et débiteurs. La logique comptable n'a aucun sens telle que vendue par les libéraux si on l'analyse sous cet angle.

 

Lorsque l'on raisonne en voyant les multiples interactions des membres d'une société sous la forme collective d'un circuit, et non de façon individualiste, on comprend beaucoup mieux le caractère dramatique du chômage. Le chômage est une violence et un gaspillage tout à fait considérable pour une société qui n'utilise pas une main-d'œuvre tout à fait apte au travail. Il n'y a aucune économie d'aucune sorte dans le fait de faire du chômage juste un appauvrissement général de la société. Comme on le voit, le raisonnement individualiste de cloisonnement est un poison de l'esprit qui dans le cadre de l'organisation d'une nation empêche de réellement comprendre les évènements. Cette raison cloisonnée est incapable de résoudre les problèmes, car elle n'a pas conscience des interactions qui lient la totalité du système. Ce n'est qu'en sortant de ces microraisonnements que l'on peut réellement commencer à penser les questions macroéconomiques.

 

Une société organisée autour du vice ne peut être vertueuse

 

La somme des intérêts individuels ne peut pas donner l'intérêt général. Tel est l'enseignement essentiel de ce qui se passe aujourd'hui en occident. Que ce soit dans le domaine économique, sécuritaire ou simplement pour la vie civile, le seul intérêt individuel ne saurait faire société. Les Britanniques s'aperçoivent ainsi que ce n'est pas la police qui empêche les voleurs de voler, mais bien plus les interdits qui nous sont inculqués dès le plus jeune âge. Si d'un seul coup ces interdits disparaissaient, il n'y aurait pas assez de policier pour surveiller tout le monde. Et d'ailleurs qu'est-ce qui empêcherait les policiers eux-mêmes de voler? Si nous n'étions réellement mues que par notre intérêt individuel en lequel les contrats seraient respectés? La justice serait impuissante face à l'innombrable multiplication des affaires, et les juges seraient d'ailleurs largement corrompues, car eux même muent par leur seul intérêt individuel. Le concept même de société libéral est une aberration, ce sont les tabous et les interdits multiples qui font la civilisation. Il est normal que leur suppression nous ramène la barbarie. On ne viole pas parce que l'on a peur de la police, mais parce que l'on maitrise ses pulsions et que l'on respecte autrui. On n’écrase pas le faible parce que l'on peut se mettre à sa place que l'on a de l'empathie et non parce que l'on a peur du gendarme. Une société ne peut pas fonctionner si la majorité de ses membres ne se met qu'à penser à son propre intérêt.

 

 

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