Il est quand même incroyable que le peuple français n'ait pas été consulté sur la question de la départementalisation de l'île de Mayotte. Et il semble que comme cela devient une habitude seul Marine Le Pen ait soulevé cette question, après la laïcité, le libre-échange ou l'euro voilà maintenant le FN seul parti à critiquer cette drôle d'adhésion. En effet et au risque de choquer, Mayotte est très éloignée du territoire français et contrairement à la Réunion ou aux autres restes de l'empire colonial, cette île est faiblement française sur le plan culturelle. L'arabe y est plus parlé que le français et le territoire est composé à 95% de musulmans voilà un beau sujet pour l'indentité française. Peut-on être français en ne partageant aucune affinité avec le comportement social français, en ne connaissant pas le principe de laïcité, et en ne parlant pas français?Car les pratiques sociales locales ne correspondent pas vraiment aux pratiques nationales le coran faisant figure de religion et de loi bien au-dessus des principes de la république. Il est étrange qu'un gouvernement qui a fait tout tapage médiatique sur l'identité nationale soit aussi celui qui transforme en département un territoire manifestement étranger. Car après cette affaire on peut vraiment se demander ce que c'est d'être français, c'est posséder un bout de papier plastifié en fait.
Et cerise sur le gateau cette île est revendiquée par les Cormores et une résolution de l'ONU la reconnait comme faisant partie de l'Union des Comores et non du territoire français. L'union Africaine et l'ONU critiquent la présence française sur cette île et l'on ne doute pas de la validité de leurs arguments, il suffit de regarder une carte pour voir que Mayotte est un état Africain. Etat qui en plus historiquement appartient à l'Union des Comores. Alors pourquoi donc avoir donné la nationalité française à un territoire aussi peu français en réalité. Quand on pense à toutes les remarques sur les difficultés qu'il y aurait à intégrer éventuellement les Wallons en France. Là pour intégrer une île qui n'est française, ni par la géographie, ni par l'histoire, ni par la langue, ni par la culture, on ne discute même pas. Pas de débat rien, c'est comme ça et puis c'est tout.
Un universalisme délirant
A titre personnel je pense qu'il doit y avoir contiguïté sur le plan territorial, c'est-à-dire que les frontières d'une nation doivent former un bloc. Car les territoires isolés et éloignés finissent toujours par produire une divergence culturelle et linguistique à long terme qui finit par produire une autre nation. Personne aujourd'hui n'irait proposer le rattachement du Québec à la France, pourtant ce territoire est nettement plus français que Mayotte, on a même des hésitations pour la Wallonie au cas où la Belgique éclaterait elle est pourtant à coté. Et d'ailleurs si cela arrivé il y aurait certainement un référendum en France pour une telle adhésion, on se demande vraiment pourquoi le peuple français n'a pas été interrogé sur Mayotte. Finalement tout ceci donne la désagréable impression d'une perpétuation de l'esprit colonial, celui-ci avait quand même comme moteur un universalisme qui prétendait transformer toute l'humanité ou presque en français. Comme si être français était quelque part le but à atteindre pour toute l'humanité.
En réalité, il est probable que Mayotte souffrira de sa dépendance à la nation française, c'est un vrai cadeau empoisonné. C'est déjà le cas d'ailleurs, puisque l'on sait que les aides sociales et le système médical français ont créé une véritable aspiration des populations environnantes vers Mayotte. Les habitants locaux sont littéralement écrasés sous le poids de l'immigration, celle-ci représentant déjà prés de 40% de la population, ce rapport de l'assemblée nationale nous éclaire sur le sujet. On imagine les réactions en métropole avec de tels taux. Alors bien évidemment vous me direz oui, mais les locaux eux sont pour être français. C'est oublier que c'est probablement pour des intérêts économiques ou géopolitique à court terme rien d'autre. Si demain les Sénégalais réclamaient le rattachement à la France pour améliorer leur quotidien à court terme, faudrait-il pour autant leur octroyer ce qu'ils veulent? Quelque part la différence de niveau de vie invalide l'idée qu'il s'agisse d'un choix parfaitement neutre produit par le désir d'être français. L'île aurait un niveau de vie élevé et serait totalement autonome pourquoi pas, mais ce n'est pas le cas. D'autre part je crois que c'est aussi la peur d'être manger par l'union comorienne qui motive cette attachement à la France. En ce cas on peut très bien imaginer une politique de défense pour l'île, lui garantissant son autonomie vis-à-vis de son voisin sans pour autant en faire un territoire français. Qui plus est l'île utilise l'euro, comme nous, puisque c'est un territoire français. Mais si cette monnaie est trop élevée pour l'économie française, je vous laisse imaginer les dégâts sur les producteurs locaux de ce territoire notablement en retard et mal équipé. Ce faisant en collant cette monnaie à ce territoire on le vide de sa substance productive et l'on en fait un parasite vivant des subsides de l'état métropolitain. Est-ce vraiment souhaitable pour les habitants de Mayotte? Et ce que je dis là pour l'euro était déjà valable à l'époque du franc, la situation n'ayant fait que s'aggraver avec la monnaie unique européenne.
Il faut donner l'indépendance à tous les DOM-TOM
Lors des manifestations de 2009 en Martinique, on est finalement passé à côté d'un débat pourtant nécessaire, il me semble, parce que je crois totalement inefficace la gestion centralisée de territoires aussi éloignés de la métropole. Ces régions gagneraient beaucoup à mieux s'insérer dans leur localité et à développer des rapports économiques avec leurs voisins plutôt qu'avec une nation trop lointaine. Une grande partie des problèmes de la Martinique par exemple est liée à cette attachement économique au territoire français. Les DOM-TOM ont un peu le même problème avec la France, que la France avec l'Union Européenne. Une seule politique pour des territoires aussi disparates est une catastrophe même en tenant compte des redistributions. Mayotte, pour en revenir à elle, a une démographie largement plus rapide que celle de la métropole, il lui faudrait donc un accroissement de la masse monétaire et une inflation beaucoup plus importante pour pouvoir produire plus d'emplois. Lui coller le franc et maintenant l'euro c'est un acte immonde pour le développement local. Si le tourisme en Martinique ou en Guadeloupe est moins performant qu'à la République dominicaine, par exemple, c'est en grande partie parce que l'euro est trop fort pour nos îles. Et même un retour au franc n'arrangerait pas les choses, il leur faudrait leur propre monnaie adaptée à leur économie. De plus pour maintenir les incohérences de politiques économiques on arrose ces territoires d'argent ce qui a pour effet de développer la corruption et le copinage. Ce n'est pas comme cela que ces régions se développeront.
Les DOM-TOM sont bien sûr tous des cas particuliers, et il faut voir comment les insérer dans leurs régions économiques particulières au cas par cas. Il nous faut définitivement tourner la page de la colonisation et pour cela faire en sorte que ces territoires ne soient plus dépendant de nous comme il le sont à l'heure actuelle. Cela ne veut pas dire bien évidemment rompre tout rapport avec ces régions, mais il faut changer l'organisation économique pour que petit à petit ces peuples entrent en coordination avec leurs voisins. Car cette relation de dépendance avec la France n'est pas bonne pour ces territoires qui souffrent des effets de déconnexion avec leur climat économique local. Mais ce n'est pas bon pour la France elle même, qui est oblige de dépenser des sommes importantes pour maintenir à flot des territoires, qui pourtant, sans notre présence, pourraient bien mieux s'en sortir. La première étape pour la marche vers une certaine indépendance serait à mon sens d'octroyer à ces régions leur propre monnaie, une dévaluation sur ces territoires permettrait une amélioration rapide de leur compétitivité. Nous devrions nous préparer à couper le cordon ombilicale entre nous et nos ex-colonies pour leur intérêt à elles, mais aussi pour le notre. Faire de Mayotte un département français est un contresens historique qui risque de coûter cher à la France mais aussi aux mahorais .