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10 décembre 2011 6 10 /12 /décembre /2011 18:51

RTEmagicC Kepler22 b NASA Ames JPL Caltech txdam26149 5fd85 Une ambiance de fin du monde domine aujourd'hui l'occident. Je dis l'occident parce que les stupidités européennes ont tendance à faire oublier que de l'autre côté de l'atlantique la situation est tout aussi dramatique. On pourra d'ailleurs ajouter rapidement les pays asiatiques à ce pessimisme puisque la Chine, pour ne citer qu'elle, ne pourra pas longtemps cacher la dégringolade industrielle qui pointe chez elle à cause de la contraction de la demande en Europe et aux USA. Cet état de fait produit une vague de pessimisme sans précédent en occident, et l'impression, en réalité totalement fausse, que nous serions sur le point de voir se produire un effondrement du même type que celui de Rome. Sur cette espèce de pessimisme général naissent et fleurissent des vagues d'idéologies stupides et rétrogrades adorant le passé ou nous implorant de revenir à l'Ancien Monde pour sauver le nôtre. On pourrait cataloguer les écologistes les plus extrémistes dans cette catégorie d'ailleurs. Paradoxalement l'innovation, la science, et la compréhension de notre monde ne cessent pourtant de s'accroitre. La semaine dernière on a découvert rien de moins qu'une autre terre orbitant dans un autre système solaire. Une planète dont les températures sont tout à fait compatibles avec la vie telle que nous la connaissons. Cette planète s'ajoute ainsi aux deux autres déjà découvertes. Cette nouvelle qui aurait fait la une des journaux et enflammé les imaginations autrefois est pourtant restée dans la rubrique faits-divers sans importance.

 

Je pourrais citer aussi les nombreuses découvertes scientifiques dans le domaine de la biologie où l'on commence à comprendre  que la physique quantique pourrait jouer un rôle dans la complexité du vivant. Ce qui donne naissance à une nouvelle discipline la biologie quantique. Ou encore ces multiples découvertes dans le domaine de la production d'énergie qui sont souvent cachées aux yeux du grand public par l'habituelle croyance selon laquelle il n'y aurait d'autre salut pour nous que les éoliennes ridicules et les panneaux solaires à rendement médiocre. Comme je l'avais dit d'ailleurs sur ce blog. Le débat sur le nucléaire en France est complètement faussé par l'idée qu'il n'y aurait qu'une seule sorte de nucléaire. Et que le débat se réduirait en fait à être pour ou contre la fission de l'uranium. La vérité est pourtant infiniment plus complexe que cela. Mais le procès de la modernité technique qui est tenue pour responsable de tous nos maux ne fait pas dans le détail. Au final, on peut se demander si la technique n'a pas bon dos. De la même manière que certains lui imputent le chômage de masse ou la dégradation de l'environnement la modernité technique est coupable de dégrader nos vies et de détruire nos modes de vies. Les humains finissent donc par imputer à la technique vue comme élément extérieur à leur propre identité toutes les tares dont ils semblent affublés ainsi que tous les malheurs du monde. Notre monde actuel est quelque part le parfait miroir du 19e siècle, son image inversée. Jadis la technique pouvait tout, aujourd'hui elle est coupable de tout. Dans les deux cas, il s'agit en réalité d'un fétichisme qui ne dit pas son nom, car la technique n'est en réalité coupable que des usages qu'en font les hommes. À nulle autre époque, le progrès n'a été à ce point dénigré ou vénéré. Le vide de croyance collective a fait des hommes modernes des êtres incapables de penser à leur action autrement qu'en extériorisant leurs propres responsabilités. Ils ne peuvent rien et ne sont responsables de rien, c'est toujours l'extérieur qui impose l'action, jamais les choix individuels ou collectifs. Dans ce contexte la technique et la modernité sont des coupables faciles, et suffisamment floues pour n'accuser personne en particulier.



Ce comportement peut paraître étrange à une époque où l'on glorifie l'individu et son sens de la responsabilité. Nous vivons pourtant réellement dans un monde où les politiques pensent n'avoir jamais le choix. Un monde où les citoyens votent par dépit quand ils votent, et toujours en dehors de leurs propres convictions réelles. On le voit aujourd'hui en France puisque nous allons reconduire les mêmes politiques au pouvoir que ceux qui dirigent le pays depuis trente ans à tour de rôle. Les mêmes politiques que ceux qui n'ont jamais réussi quoi que ce soit une fois au pouvoir. Il semble d'ailleurs que ce comportement étrange touche les personnes les plus éclairées puisque même Emmanuel Todd, que j'apprécie beaucoup par ailleurs, nous fait l'apologie d'un PS qui est pourtant totalement responsable de la crise avec son cousin de droite l'UMP. Car la crise de l'euro c'est aussi la crise de la gauche des années 80-90 que je sache. Un monde où même les criminels ont toujours des excuses. Bref nous vivons dans une société où personne n'est jamais responsable de rien et où la responsabilité incombe toujours à un extérieur. Un monde d'enfants en quelque sorte. Dans ce contexte la science et la technique servent d'exutoire parfait à tous ceux qui ne souhaitent pas trop se poser de question quant à leur propre comportement. Le chômage c'est la faute aux robots, pas aux politiques menées. La crise c'est la faute aux marchés, à la bourse, aux agences de notation, pas aux politiciens et à l'idéologie qui les guide depuis trente ans. La crise de l'euro c'est la faute aux Grecques aux Allemands, aux Français aux Américains. Ce n'est certainement pas la faute aux imbéciles qui ont construit cette monnaie invraisemblable. Ces derniers continuent d'ailleurs de donner leur avis sur tout à l'image de Delors ou de ce pauvre Giscard d'Estain.

 

Cette crise n'est pourtant pas une fatalité



Au final, la recherche de coupable extérieur est devenue une espèce de sport pratiqué partout et le comportement de nos dirigeants ne fait que représenter un phénomène plus vaste de déresponsabilisation des individus face à la collectivité. La vérité est que cette crise n'est pas une crise à proprement parlé, économique. C'est une crise des élites, des politiques et de l'esprit citoyen. Une crise du sens collectif qui fait cruellement défaut à la tête de l'état, c'est à dire dans un lieu où il est impératif qu'il y est le sens de l'état et de l'intérêt national. Les élites sont malheureusement à l'image du reste de la population, individualistes et solitaires. Il ne suffirait pourtant pas de grand-chose pour redresser la situation qui n'a en réalité rien de dramatique. Le pays n'est pas en guerre, il n'y a pas d'épidémie ou de catastrophe. Il y a juste des politiques complètement inappropriées et des citoyens trop centrés sur leur propre vie sans voir qu'elle est influencée par un extérieur où ils devraient jouer un rôle.



La crise est donc le fruit de nos modes de vie et de pensée. C'est une crise de l'esprit et de la façon dont nous vivons nos propres vies. Dans ce contexte les riches, comme les appels Todd, ont de l'influence puisque les citoyens sont absents et ne prennent plus part à l'acte politique. Nous avons d'une part des professionnels qui font de la politique comme on vend des yaourts ou des voitures. Et de l'autre côté des riches et des puissants qui comme le reste de la population sont de parfaits individualistes, mais qui pèsent grâce à leur poids économique et leurs relations personnelles. Cela illustre parfaitement les propos de Montesquieu pour qui lorsque manquait l'esprit patriotique, la république n'était plus qu'une dépouille et le bien public devenait l'affaire de quelques particuliers. Nous y sommes effectivement.



Donc au final la crise n'est pas grave, car sa genèse n'est pas le fruit d'une quelconque force extérieur à notre propre capacité de résolution. Nous ne sommes pas impuissants face à la crise parce qu'elle est insoluble ou parce qu'elle est incompréhensible. Elle était en réalité prévisible et tout à fait compréhensible à quiconque usait d'autres outils intellectuels que ceux des économistes du café du commerce télévisuel. Nous sommes impuissants face à elle parce que nous avons renoncé à l'acte collectif. Parce que nous avons brisé les liens qui nous unissaient en tant que peuple et nation et que nous avons oublié à quel point notre vie était régie par des choix collectifs. Nous avons laissé à d'autres le soin de choisir les priorités et les orientations de la collectivité. Si un homme renonce à sa propre liberté et cède celle-ci volontairement à un autre homme et devient ainsi esclave de son propre chef. Qui doit-on blâmer ? Le maître ou l'esclave ?



 La crise se résoudra d'elle-même le jour où les peuples d'Europe redeviendront des peuples justement. Et qu'ils cesseront de donner à d'autres le soin de décider pour eux de ce qui est bien ou mal. Que les peuples cessent donc de chérir les causes de leurs malheurs et leur situation s’arrangera d'elle-même. Les peuples ne sont dominés que parce qu'ils ne font rien pour ne pas l'être. La mondialisation est un non-projet. C'est le contraire d'une politique. C'est la volonté de faire disparaître tout corps politique, toute forme de volonté collective en laissant une masse informe et sans direction particulière choisir pour nous. Il en va de même pour l'UE qui n'est qu'une bureaucratie apolitique qui dirige avec des règles obscures et non des choix politiques. Ces deux phénomènes modernes ne sont en fait que le reflet de l'absence de politique du monde moderne. Un monde où les citoyens n'existent plus. Que les citoyens se réapproprient la politique et ces monstres disparaitront instantanément. La dette, l'inflation, les marchés ne sont des problèmes que pour les peuples qui n'existent pas en tant que peuple. Un peu de courage collectif et l'avenir sera brillant. 

 

 

 

*L'image d'introduction représente la comparaison de la taille de Kepler 22b avec les planètes internes du Système solaire. Sont montrées aussi les zones d'habitabilités du Soleil et de Kepler 22. © Nasa/Ames/JPL-Caltech

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commentaires

B
merci pour l'article
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S
<br /> Merci pour le post<br />
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D
<br /> L'Euro est anti-economique parce qu'elle supprime une variable d'ajustement très importante qui est la variation des cours des monnaies.<br /> <br /> <br /> Depuis, les variables d'ajustement sont le chômage et la dette et souvent les deux en même temps. C'est le principe même de monnaie unique qui est mauvais.<br />
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V
<br /> L'Euro n'est pas une mauvaise chose en soi, c'est simplement que nous ne sommes pas allés au bout du concept.<br /> <br /> <br /> Pour reprendre une vision simpliste, nous voulions traverser une rivière, et nous avons fait la moitié du chemin, hélas, à cet endroit précisement, c'est la ou les courants sont les plus forts..<br /> <br /> <br /> Nous avons besoin d'un marché unique, pour continuer à être compétitif au niveau mondial entre les grands ensembles que sont les USA-Canada, Chine, Inde, Bresil<br />
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P
<br /> un article et une video interessante sur comment nous devons nous reprendre en main (avec les politiques) pour des buts communs : http://www.dylanratigan.com/2011/08/10/im-mad-as-hell-how-about-you/<br />
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