L'heure est grave, même les chantres de la mondialisation heureuse commencent, à voir le gouffre dans lequel l'humanité est entrée. Mais ne rêvons pas. Les libéraux, bien loin de comprendre la nature de ce gouffre, ne vont pas cesser de l'élargir avec leurs remèdes empoisonnés. Les statistiques sont maintenant formelles, les pays excédentaires, derniers illusions d'un modèle qui fonctionnerait tombent à leur tour dans la crise. Même l'immense Chine connaît un ralentissement économique important ce qui ne semble pas atteindre le cerveau de cette pauvre Angela Merkel qui croit sauver l'Allemagne en laissant périr ses voisins et en développant ses exportations dans le chimérique marché chinois. À quoi ressemblera donc ce marché lorsque les USA et l'Europe seront en récessions ? Cependant si cette crise qui ne devrait pas exister selon les théories pseudo-scientifiques du libéralisme produit des effets dévastateurs sur l'économie de nos nations, et si le discrédit des économistes est aujourd'hui total dans la population, le fait est que leurs idées malsaines continuent d'étendre inlassablement leurs effets pervers. Paralysant toujours les élites et les populations en les empêchant de faire la nécessaire rupture copernicienne d'avec l'Ancien Monde. En cette fin d'été 2012, les pensées sont paralysées, tétanisées face à l'ampleur du désastre que quelques jeux et diversions parviennent tant bien que mal à cacher à l'opinion publique. En France même la vie est paisible, les médias sont aux anges depuis l'élection du saint socialiste qui va tous nous sauver. Et pourtant le chômage monte malgré les efforts désespérés des statisticiens pour camoufler le niveau de chômage réel du pays qui est au moins de double du taux officiel.
Allons-nous tous mourir pour sauver le libéralisme?
La crise actuelle est maintenant politique, bien avant d'être purement économique. Car les blocages des politiques sur le mode libéralisme sont plus le fait de lourdeurs politiques que d'une victoire intellectuelle d'un libéralisme agonisant. Cette rentrée scolaire va être redoutable et l'année 2013 qui arrive est porteuse de lourdes difficultés pour les élites occidentales et françaises en particulier. J'aimerai vous dire à la manière d'un Jacques Sapir qui voit la fin de l'euro à tous les coins de rue que cette monnaie absurde va disparaître et ainsi soulager momentanément l'économie française. Je pense malheureusement que l'euro se maintiendra ou plutôt que les élites le maintiendrons quel qu'en soit le prix. Face au chaos mondial qui pointe, nos élites ne sont pas prêtes à lâcher la seule bouée intellectuelle qui leur semble flotter. Même si celle-ci, nous le savons, est imprégnée de plomb. Nous allons donc au-devant d'une aggravation permanente de la crise et vers un renforcement démultiplié des politiques de réduction de la demande. Il va sembler à la majorité des nations du monde, non sans quelques raisons, que l'Europe devient le trou noir de l'économie mondiale. D'ores et déjà les effets de la réduction de la demande européenne font sentir leurs effets en Asie et particulièrement en Chine.
Mais le plus drôle dans cette histoire c'est que ce seront les systèmes sociaux et les politiques plus égalitaristes en Europe qui seront pointées du doigt comme étant la cause de l'aggravation de la crise. De sorte que l'on présentera ces politiques comme néfastes et que la crise sera l'occasion rêvée pour les rentiers et les multinationales de mettre fin à l'exception européenne. Ainsi l'on peut décrire la crise du libéralisme comme folie collective fonctionnant à la manière d'un emballement thermique ou d'une avalanche. Chaque décision prise par le système de pensée libéral aggrave la crise et autojustifie l'amplification des mesures libérales pour cause d'aggravation de la crise. Tout ceci aura une fin que lorsqu'il n'y aura plus rien à détruire, plus rien à privatiser. C'est alors seulement que le libéralisme se mangera lui même et cessera d'être au centre des prises de décisions. En un sens le libéralisme est tout à fait semblable au communisme ou au nazisme. Ces doctrines sont évidemment très différentes quant à leurs visées et aux moyens qu'elles emploient. Cependant une chose les réunis l'acharnement et l'entêtement. Ils iront jusqu'au bout du délire, l'humanité dut-elle disparaître pour y parvenir. Si ce n'est pas de la foi religieuse, une nouvelle forme de croisade et de délire messianique. Qu’est-ce donc ?
L'Europe dans le trou noir libéral
La politique européenne de contrition salariale est d'autant plus grave que le moteur consumériste américain ne redémarre pas contrairement à ce qu'affirmait la propagande médiatique de ces derniers mois. Le chômage remonte et la croissance américaine déjà faible, ralentie. Le seul moteur de la demande mondiale est en panne et n'est pas près de repartir. Et de toute manière même s'il repartait les pays mercantilistes accumulateurs d'excédents commerciaux sont aujourd'hui trop nombreux et trop gros pour permettre à la seule demande américaine de tirer la croissance mondiale. La stupidité d'un système commercial asymétrique mis en place ces trente dernières années atteint maintenant son rythme de croisière poussant à la récession permanente et à la contrition salariale. Le placebo du crédit et de l'endettement ne permettant plus de cacher l'ampleur du désastre en occident. La demande inlassablement va devoir s'aligner sur la maigre production encore solvable qui reste en Europe et aux USA. Il ne peut plus y avoir de croissance en Europe et aux USA dans ce cadre libre-échangiste, cependant les tenant du pouvoir font encore semblant de ne pas l'avoir compris.
Les pays exportateurs cherchent de la demande, mais ils ne la trouvent plus. Quant à l'idée que la chine devienne un marché solvable, c'est simplement une escroquerie intellectuelle. Le taux d'épargne reste énorme en chine. Qui plus est même en supposant que la chine prenne une direction plus égalitaire, ce qui est peu probable, il faut tenir compte de l'hyperspécialisation économique du pays vers l'exportation. Et même si la demande augmente en chine pourquoi importerait elle nos produits puisqu'elle cherche depuis des années à devenir autosuffisante dans tous les secteurs industriels ? Les pays qui font un pari sur le développement de la chine pour leur propre croissance à l'image de l'Allemagne ou du Japon vont rapidement s'en mordre les doigts. La croissance en Europe et aux USA ne peut revenir que si l'on recrée un lien entre production et consommation. Ce qui revient à relocaliser les activités économiques pour rendre aux politiques de régulation de la demande toute leur efficacité. Toutes les autres voies sont juste de la poudre de perlimpinpin. Seulement, nous le savons, pour des raisons de rapport de force sociologique et économique ces décisions ne seront jamais prises.
François Hollande le dernier des présidents socialistes?
Face à cette réalité, on préfère détourner l'attention, et faire semblant de résoudre les problèmes. Je l'avais exprimé assez durement sur ce blog le lendemain pratiquement de l'élection de François Hollande. Cela fait quelque temps déjà qu'il est au pouvoir et le fameux changement ses partisans l'attendent toujours. Arnaud Montebourg celui qui a semblé un instant ramener la raison au PS s'est autodétruit en devenant membre d'un gouvernement qui pratique le libéralisme rose bonbon. Notre ministre du redressement productif ne possédant aucun levier économique réel s'est mis à gesticuler comme les autres, mais lorsque l'on se rappelle de ses positions préélectorales on ne peut plus que le trouver pathétique. La rose est déjà fanée et le président socialiste pourrait bien devenir le champion toute catégoriel du désenchantement. Il a déjà battu Sarkozy sur le plan de la vitesse de dégringolade d'opinion favorable. Cette situation ne fait que confirmer en passant qu'Hollande n'a guère convaincu, il était juste là en face d'un énergumène que plus personne ne supportait. Un autre candidat socialiste aurait pu tout aussi bien être élu. Seulement voilà Hollande est désormais au pouvoir et sa faiblesse intellectuelle due à son libéralisme tranquille ne peut que le pousser à aggraver sans cesse les problèmes qu'il prêtant combattre.
On peut d'ailleurs se demander à quoi ressemblera le parti socialiste dans quatre ans quand le taux de chômage sera de 20 ou 30% et que la seule chose que l'on retiendra de ce parti politique est son incroyable tolérance vis-à-vis de l'appauvrissement du peuple français. Sarkozy faisait au moins semblant de s'y intéresser, le PS ne fait même plus cet effort. La population comprend que plus rien ne sera fait pour inverser la tendance. De toute façon, les seules manières d'inverser cette crise seraient de contredire toute la doxa eurolibérale de ces trente dernières années. C'est simplement impossible pour les membres du PS et de l'intelligentsia française dans son ensemble.
Il n'y a plus vraiment d'espoir pour notre continent
Mon pessimisme latent peut certainement rendre mon discours noir. Cependant, il faut se rendre à l'évidence, cette crise va durer. En réalité, elle dure déjà depuis trente ans, mais elle était jusqu'à présent cachée par divers mécanismes. Je vois bien poindre ici ou là de multiples discours sur une révolution, sur une révolte des peuples, mais je crois qu'il est vain d'espérer cela. Nous nous dirigeons vers un pourrissement de longue haleine. À dire vrai sur une longue période historique je crois que c'est la période des trente glorieuses qui apparaîtra comme une anomalie historique. L'Europe va devenir une extension du tiers-monde, c'est maintenant inéluctable et c'est ce qu'elle a choisi. Il n'y aura ni révolte, ni mouvement d'aucune sorte. La vraie question est l'effet qu'aura cette crise ailleurs qu'en Europe, ce continent étant d'ores et déjà mort. À l'image de la Grèce du Portugal ou de l'Espagne, où il n'y a rien qui se passe malgré la violence de la crise. Cette région du monde se laisse porter par l'histoire, elle a cessé de l'écrire, et s'est suicidée. La chine pourra-t-elle survivre à la fin de son modèle exportateur ? Les états d’Amérique du Sud pourront-ils continuer à s'extirper de la mondialisation autodestructrice ? Quel sera l'effet géopolitique mondiale de la fin de l'empire américain ? Autant de questions véritablement importantes pour l'avenir. Je crois que je vais laisser l'Europe agoniser en silence cette année de blogue.