On en parle plus beaucoup de l'économie islandaise dans les médias français, on préfère nous donner les exemples des purges économiques pratiquées en Irlande ou en Grande-Bretagne. Purges faites au nom de la sauvegarde de l'avenir car c'est bien connu la dette publique c'est le mal et c'est un poison pour nos enfants. Evidement on oublie parfois que ces dettes et leur amplification récente sont surtout le fruit de la crise bancaire de 2008, les états s'étant portés garants et acquéreurs de ces dettes monstrueuses. On peut aujourd'hui parler sans exagérer de socialisation des pertes puisque ce sont bien les contribuables qui payent les erreurs des banques privées, c'est même doublement eux qui payent puisque la crise bancaire à aussi produit un brutal effondrement de l'activité économique qu'il a bien fallu compenser par l'endettement public. Mais nos amis islandais n'ont pas suivi le même chemin que les autres pays d'Europe, contrairement à nous les islandais se sont demandés si finalement il était bien normal que le contribuable paye pour l'irresponsabilité bancaire. Et leur réponse fut clairement NON. Les islandais n'ont pas nationalisé les dettes, ils ont out simplement laisser les banques privées à leurs problèmes.
Dans le même temps le pays a subit une crise comme dans les autres pays ou la bulle avait fortement gonflé. Cependant l'Islande qui n'est pas membre de la zone euro, contrairement à la pauvre Irlande, a pu dévaluer sa monnaie et ainsi donner un coup de pouce à son économie. Les chiffres parlent d'eux mêmes, la croissance est déjà repartie sur des niveaux élevés et le déficit commercial a été remplacé par un excédent. Le choc fut évidement rude. Terrible même puisque c'est la forte baisse de la couronne islandaise, dans des proportions trés importantes comme le montre la courbe orange du graphique ci-dessous, qui a dans un premier temps contracté la demande puis relancé les exportations ans un deuxième temps. Entre 2007 et 2008 la couronne islandaise avait ainsi perdu plus de la moitié de sa valeur face à l'euro. Le taux est tout de même remonté par la suite .
Ci-contre, l'évolution du taux de la couronne islandaise face à l'euro depuis 2008, il faut aujourd'hui environ 150 couronnes islandaises pour un euro alors qu'il en fallait 100 avant crise. On voit le pic lié à la période d'inquiétude concernant le remboursement des dettes du pays et des attaques spéculatives contre la couronne islandaise.
Le graphique ci-dessous montre que la baisse de la monnaie a bien eu un effet à terme sur les exportations, et depuis début 2009 le pays est en excédent commercial. Cet excédent facilitera les achats à l'extérieur car l'Islande ayant démocratiquement renoncé à rembourser ses dettes externes privées, elle aura du mal à de nouveau emprunter sur les marchés à des taux raisonnables. Le seul moyen pour elle d'acheter à l'étranger est donc maintenant de couvrir ses besoins de devises étrangères par des exportations concomitantes. Il lui faut impérativement équilibrer sa balance des paiements or elle y arrive maintenant très bien puisqu'elle a même des excédents. On voit ici que le malheur à court terme c'est transformé en un mécanisme bénéfique en forçant le pays à une réindustrialisation nécessaire. Quand je prône des contraintes pour obliger les pays à équilibrer leur balance des paiements c'est justement pour éviter d'en arriver à de telles extrémités lorsque les déséquilibres sont tels qu'il faut dévaluer de 50% la monnaie du pays. Si l'Islande avait fait attention à sa balance commerciale plus tôt elle n'en serait pas arrivé à çà.
Le graphique suivant montre la composition de la dette extérieur du pays, en gris ce sont les dettes qui sont celles des banques étrangères anglaises et hollandaises pour la plupart. C'est cette dette qui ne sera pas remboursée, on comprend pourquoi en voyant la proportion qu'elles représentent dans la dette extérieure du pays. Entre se suicider et jeter les banquiers par la fenêtre les islandais ont choisi avec sagesse la deuxième solution.
La croissance économique du pays semble maintenant en voie de rétablissement, bien sûr cela dépend aussi de la dynamique mondiale, les pays voisins d'Europe étant dans une situation périlleuse le pays et sa croissance pourrait en pâtir. Cependant la récession est aujourd'hui du passé, la dévaluation a rétabli la compétitivité du pays. La production locale s'est substituée aux importations réduisant la dépendance de cet état aux importations. Le choc fut violent mais salutaire, car là où les Irlandais ne voit plus aucune perspective mais évite momentanément l'inflation et la dévaluation, les islandais eux ont vue une crise passagère et retrouve maintenant une économie en meilleur forme. Et cette fois la croissance islandaise ne s'accompagne pas d'une inflation de bulle immobilière avec déficit commercial, il s'agit d'une croissance plus saine et plus auto-centrée.
Le graphique suivant montre bien les effets d'une dévaluation brutale de grande ampleur, les importations ont vue leur coût exploser à cause de la perte de valeur de la monnaie locale. Ce faisant le prix des produits importés ont explosé provoquant une inflation très forte dans un premier temps. Cependant par la suite on voit bien que l'inflation décroît, les produit locaux se substituant petit à petit aux importations, cela prend du temps évidement ce qui explique la violence des taux d'inflations. Cela montre que réguler les échanges commerciaux uniquement avec des taux de change est d'une violence extrême. Des taxes et des quotas étant plus stable ils permettraient une planification à long terme des productions et de l'équilibre de la balance commerciale en évitant les variations brutales qui sont nuisibles pour la production industrielle. Sinon avec cette dévaluation les gens ont fini par changer leur mode de consommation et il l'ont réorienté vers les produits du pays. Cela a relancé la production d'emploi dans l'industrie locale et la croissance réelle a fini par repartir, et c'est une vrai croissance, celle fondée sur les revenues de la population et non sur l'endettement privé. Le taux d'inflation islandais après avoir connu deux années très fortes est revenu à la normale aux alentour de 2.5%. Ce taux d'inflation très fort momentanément a traduit un transfère des revenues vers des couches sociales différentes de celle de l'organisation économique antérieur à la crise. D'une économie d'importation, de service et de bulle immobilière, l'économie islandaise est redevenue une économie de production, de pêche et d'industrie. Et l'inflation a traduit dans les statistiques ce brutal changement dans la répartition des revenues. Bien loin d'être une catastrophe c'est au contraire un indice de l'évolution d'un pays, l'inflation fut finalement la punition infligée aux rentiers locaux pour leur trop grande gourmandise.
L'Islande est un exemple de ce qui finira tôt ou tard par arriver en France et dans les autres pays de l'union européenne, car oui il faudra nous aussi nous réindustrialiser. Alors nous pourrions le faire de façon intelligente en minimisant les dégâts et la brutalité du passage. En faisant des politiques de protection douanière progressive, en revenant au franc et à un euro devenant une monnaie commune. Malheureusement l'irresponsabilité de nos dirigeants ne pourra que produire des catastrophes à l'image de ce qui s'est passé en Islande, c'est à dire des évolutions extrêmement brutales sur le plan économique qui auraient put être évité avec seulement un peu de bon sens. Mais que nos dirigeant ne se fassent pas d'illusion, il faudra bien en passer par la case réindustrialisation. Et cela produira forcement l'élimination d'une grande partie de l'économie de rente qui s'est mis en place dans notre pays depuis trente ans. Nous ne pourrons pas indéfiniment importer gratuitement des produits chinois avec un taux de change ne reflétant pas l'évolution de notre balance commerciale. Plus tôt nous résoudrons cette problématique moins grande sera la claque inflationniste.