Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
11 mai 2011 3 11 /05 /mai /2011 20:42

 

Louis-XVI.jpgC'est une des grandes marottes de notre démographe préféré Emmanuel Todd, déclarer la nullité des élites. Il vient de réitérer ses propos en face de Valérie Pécresse membre du gouvernement et personnage particulièrement représentative de cette nullité. Si l'on ne peut que constater la dégradation constante de la qualité des dirigeants aux seuls résultats des politiques économiques sociales ou même géopolitiques qu'ils mènent, il est par contre relativement difficile de bien cerner l'origine de cette nullité apparente. Tout ce que l'on peut faire c'est éventuellement citer les multiples causes potentielles de cette nullité sur le plan collectif des élites de la nation. C'est ce que je vais faire dans ce petit texte, un compte rendu des hypothèses expliquant la paralysie mentale des élites du pays. On peut en effet produire différentes hypothèses, mais il est malheureusement en pratique bien difficile de mesurer qu'elles en sont les plus probables. Tout ce que nous pouvons dire c'est que la rupture ne va faire que s'aggraver jusqu'au moment où il finira forcément par y avoir une rupture. Celle-ci sera d'autant plus violente que les élites auront laissé pourrir la situation.



Certains voient dans Marine Le Pen cette claque qui pourrait bousculer le système, avec un FN jouant le rôle d'une révolution par les urnes. Pourquoi pas ? Il est aussi possible que le FN soit en fait le dernier mécanisme qui permette au système de fonctionner comme nous l'avions vue dans un autre texte. Le rôle du FN étant, à l'insu de sa propre volonté, de stériliser des votes qui auraient pu ailleurs nourrir une vraie alternative crédible. Mais nous pourrions assister aussi à des mouvements de violence et d'instabilité. Les élites s'enfermant de plus en plus dans leur groupe social, avec au final le rétablissement possible de régimes non démocratiques en Europe. Nous n'en sommes d'ailleurs déjà pas loin quand on connait un peu les mécanismes de fonctionnement des démocraties européennes actuelles. Nous sommes peut-être en train d'assister à la naissance de nouveau régime dictatorial en Europe prenant des formes du type corporatiste et oligarchique.

 

 


Les hypothèses :

 

1-Elles ne sont pas nulles, mais mal intentionnées

 

 

  Première hypothèse, celle qui motive en grande partie les mouvements  conspirationnistes est celle qui consiste à penser que nos élites ne sont pas nulles au sens toddien du terme. Elles n'ont juste aucun intérêt à défendre le pays. Nos élites seraient devenues apatrides et peu intéressées au devenir de leur propre peuple. L'intellectuel le plus représentatif de cela étant un type comme Jacques Attali pour qui la France n'est rien qu'un hôtel. Dans cette hypothèse, nous devons imaginer que le corps social de nos élites s'est fondu dans celui des élites internationales, un peu à l'image des anciennes aristocraties européennes  qui n'avaient pas vraiment de nationalités. On ne se mélangeait qu'entre gens d'un même milieu social, même si cela signifiait ne pas prendre comme conjoint quelqu'un de la même nationalité. La mondialisation néolibérale alliée à la colonisation culturelle américaine dont a été victime l'Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale a peut-être créé un tel phénomène. Un dirigeant français élevé à Neuilly se sentant plus proche d'un riche américain ou allemand que d'un pauvre de la banlieue parisienne. De ce fait, cette situation a créé un phénomène de lutte des classes internationale inversé, car ce ne sont pas les travailleurs qui se sont unis, mais les riches de tout l'occident contre leurs pauvres respectifs. C'est le milliardaire américain Warren Buffet qui a le mieux expliqué cette hypothèse en une phrase "Bien sûr que c'est une lutte des classes, et ma classe est en train de gagner". Cette hypothèse d'une trahison des élites n'est pas dénuée d'arguments et peu tout à fait expliquer certains comportements de nos élites à l'image de notre pauvre président, dont la première action fut de faire un dîner au Fouquet's.

 

2-Elles sont achetées par des puissances étrangères

 

La deuxième hypothèse rejoint la première, mais sous une autre forme. Car dans cette hypothèse la trahison ne serait pas directement volontaire, mais plutôt le fruit de la corruption. Ici nous penserons directement à l'influence corruptrice des grands groupes financiers du secteur privé, mais aussi aux influences de puissances étrangères. On sait d'ailleurs que la construction européenne, qui a beaucoup fait pour couper les élites de nos nations de leurs populations respectives, est en grande partie le bébé de l'oncle Sam. Les USA ne se sont d'ailleurs jamais cachés lorsqu'il fallait corrompre les nations d'Amérique du Sud et soutenir des dictateurs allant dans le sens de leurs intérêts. On se souvient par exemple des récentes révolutions orange dans les pays de l'Est qui furent en grande partie des manipulations américaines. Il faudrait être un peu naïf pour croire qu'ils n'en ont pas fait de même en Europe de l'Ouest. Bien évidemment, ces pays étant plus puissants, il fallait prendre des chemins détournés, mais il y a fort à parier qu'ils ont largement participé à la montée d'une élite favorable à leurs intérêts et non à ceux des Français ou des Allemands. Ne disait-on pas de Sarkozy qu'il était un américain à passeport français par exemple ? Les USA ont soutenu et soutiennent encore des politiciens favorables à leurs intérêts à l'image de DSK par exemple. Ils avaient d'ailleurs tout fait pour se débarrasser de l'emmerdeur De Gaule en soutenant tous ceux qui pouvaient lui nuire. Si l'influence américaine n'explique pas tout, elle a probablement une part non négligeable dans les situations actuelles des pays européens pour ne citer qu'eux.

 

3-Nos élites ne sont pas la vraie élite du pays

 

 

Une autre hypothèse que l'on peut formuler est simplement que les élites actuelles qui dirigent le pays ne sont pas vraiment l'élite politique du pays. Il s'agit d'une hypothèse qui s'attaque directement à notre organisation démocratique et sociale. Car admettre cette hypothèse c'est admettre que notre système de sélection des élites est mauvais voir catastrophique. Par exemple, on peut affirmer que le fonctionnement des partis politiques ne permet en aucun cas de sélectionner les hommes les plus aptes à diriger le pays. En effet, les partis sélectionnent avant tout les personnes les plus aptes à prendre le pouvoir au sein du parti, ce n'est pas du tout la même chose. Tout se passe comme si notre système électoral sélectionne des gens sur des critères qui n'ont rien avoir avec les compétences nécessaires pour réellement diriger le pays. De sorte qu'en fait notre système démocratique garde les mauvais et élimine les bons, il fait donc l'inverse de ce qu'il faudrait faire. On sélectionne ainsi des gens qui ont une ambition personnelle et un égo démesuré, là où il faudrait au contraire des gens à l'ambition collective et au caractère humble.



J'écarte ici évidemment les critères purement scolaires qui n'ont rien à faire là, on en parlera dans une autre hypothèse. Le système électoral actuel semble favoriser les bonimenteurs et les escrocs du verbe, et défavoriser les honnêtes gens. On peut y voir probablement aussi l'effet non de l'évolution des mentalités, mais du système médiatique qui donne à l'image et à l'émotion un poids démesuré par rapport aux critères de rationalité. Enfin, on notera que dans le système électoral les élus passent plus de temps à défendre leur réélection qu'à défendre réellement l'intérêt de la collectivité. La nullité des élites serait donc simplement le fruit de la démocratie représentative basé sur l'élection des représentants comme nous en avions parlé avec ce texte sur la stochocratie.

 

4-Baisse générale du sens collectif dans nos sociétés

 

 

  Autre hypothèse celle qui est le cœur de l'analyse de Todd c'est celle de l'explosion de l'individualisme comme moteur de la dissociation entre les individus et la société en générale. Dans son débat avec Pécresse il met en avant la révolte des Français face aux élites, mais on sait que Todd pense que la dislocation de l'esprit collectif ne touche pas que les élites. Elle est le fruit d'un mouvement général produit par la hausse moyenne du niveau d'instruction de la population qui d'après Todd produit une poussée de l'individualisme et donc un affaiblissement naturel de la croyance collective. Si vous ne pensez plus qu'à vous même la notion même d'intérêt général disparaît et les élites ne remplissent donc plus leur rôle d'organisateur de la société. Elles ne sont plus que des individus comme les autres qui cherchent à optimiser leur propre niveau de vie au détriment souvent de l'intérêt de la société dans laquelle ils vivent. Dans cette hypothèse les élites ne seraient que le symptôme apparent d'une maladie plus large qui touche toute la société. On remarquera que cette hypothèse facilite aussi l'acceptation de l'hypothèse 2, des individus qui ne pensent qu'à eux sont plus facilement corruptibles puisqu'ils n'agissent que pour eux. Cette hypothèse peut rendre très pessimiste pour l'avenir, puisqu'il s'agirait d'un mouvement social de fond difficilement réversible.  Nous serions ici condamné à assisté à la monté indéfinie des inégalités et de l'oligarchie à l'échelle planétaire.

 

5-Baisse réelle du niveau intellectuel du pays

 

 

Une hypothèse qui contredit la précédente puisqu'ici au contraire d'un effet de la hausse du niveau scolaire générale qui induit une vision inégalitaire et individualiste de la société, c'est plutôt la baisse du niveau culturel des élites qui produirait un effet de baisse général de leur qualification. Nous serions mal dirigés parce que les élites ne seraient tout simplement plus à la hauteur de leur métier. Personnellement, je ne suis pas vraiment convaincu de la baisse du niveau scolaire, surtout chez les élites du pays. Par contre, il est certain que nous sommes confrontés à une surspécialisation de l'enseignement. Nos élites ont peut-être des formations trop cloisonnées, et une culture pas assez généraliste pour pouvoir faire correctement leur travail. On voit très peu de dirigeants ayant par exemple des connaissances scientifiques, ce qui a notre époque est assez dommageable. En matière d'économie, on entend des idioties proférées par nos hommes politiques qui ne font généralement que répéter un discours que d'autres leur ont inculqué. Ils sont souvent incapables de démontrer leur propos et leurs politiques économiques et ne font que reprendre à leur compte les émanations intellectuelles d'autres corps de la société. On est très vulnérable et influençable lorsque l'on ne maîtrise pas un sujet et c'est particulièrement vrai pour l'économie. On a peut-être aussi trop concentré les lieux de recrutement des élites l'ENA, science PO, ou le droit comme seule source de dirigeants, c'est trop limité. Il faudrait peut-être augmenter la variété de formation chez nos hommes politiques. Plus que le niveau scolaire c'est surtout le manque de variété des compétences qui fait crise. Dans les domaines essentiels de l'économie ou de la science et techniques, nos énarques se font balader par des lobbys et des groupes d'influence.

 

6-Hypothèse du phénomène dit "d’escalade d’engagement"

 

 

Cette hypothèse c'est mon collègue blogueur RST qui m'en a appris l'existence dans ce texte.  Il s'agit ici de s'appuyer sur des phénomènes liés à la psychologie de masse et à la contrainte qui s'exerce sur les individus. Il s'agit d'un principe psychologique simple lié à la peur d'être isolé. Un individu qui a participé à une action en groupe, une action qui a échoué ou qui s'est mal finie, préfèrera s'obstiner dans l'erreur avec le groupe, même s’il est conscient d'être dans l'erreur. Parce qu'il a peur d'être isolé du groupe, et qu'il ne peut s'attacher à un autre groupe. Ainsi nos élites s'enfonceraient dans l'erreur pour éviter de se retrouver seules face à leurs responsabilités et au reste de la population. Étrangement c'est le même type de comportement que l'on peut trouver dans des groupes violent et des bandes. Dans les petits groupes violents, vous avez souvent un meneur et d'autres qui savent pertinemment que ce qu'ils font est mal ou que cela se finira d'une mauvaise manière. Mais ces personnalités faibles et dominées préfèrent généralement couler et faire le mal avec le groupe plutôt que de changer et de se retrouver seule. Avec en plus dans ce cas la peur des conséquences potentielles sur la sécurité de leur propre personne. En fait cela caractérise surtout un manque de courage individuel, et cette hypothèse intéressante montre une fois de plus que l'être humain est tout sauf rationnel. Ce comportement des politiques est ici similaire à ceux des individus sur les marchés financiers dont Keynes disait qu'il valait mieux avoir tort avec eux que raison contre. Le phénomène moutonnier est un processus constant dans les sociétés humaines et il explique autant les réussites que les catastrophes. Nous avons peut-être tout simplement en face de nous un phénomène de ce type.

 

Conclusion

 

 

Il est probable que la situation réelle soit un mélange de toutes ces hypothèses. Nous subissons aussi le contre coup des changements trop rapides qu'ont connu nos sociétés en l'espace d'un demi-siècle. L'accumulation de changement a rendu impossible le raisonnement par causalité directe, nous sommes face à un nœud de fils impossible à défaire. Il est dur de trancher entre les différentes hypothèses, car les causes qui ont pu les provoquer se sont cumulées et se sont produites simultanément. La forte hausse du niveau scolaire, l'influence américaine où l'arrivée des masses média se sont produites simultanément sur le plan historique, il est donc difficile de distinguer historiquement une cause première. Cela peut paraître pessimiste ce que je dis, mais en même temps cela nous laisse un espoir. Rien n'interdit de penser que la situation ne pourrait pas se transformer pour des raisons obscures et chaotiques liées à cet imbroglio de causalités multiples. Emmanuel Todd espère tirer les élites vers la raison et le bon sens de l'intérêt général. Qui sait peut-être que l'effondrement de la puissance US et la sortie de l'euro de quelques pays pourraient réveiller les élites ou les libérer du carcan dans lesquelles elles sont prisonnières. Nous pourrions aussi avoir une explosion révolutionnaire produite par les vraies élites avec l'aide d'un prolétariat fortement agacer par la situation actuelle. En fait, rien n'est écrit, la page du futur est encore blanche, tout ne va donc pas si mal.

 

 

 

(La peinture qui sert d'image de support à ce texte représente l'arrestation de Louis XVI  à Varenne, tout un symbole de la situation présente de nos élites. C'est un mélange de trahison, de couardise et d'incompétence qui mène à une catastrophe) 

Partager cet article
Repost0

commentaires

L
<br /> En effet je pense que ces gens là ces fausses élites(si ce n'est les élites du mal, du diable) sont le résultat d'un cocktail du cocktail que vous avez mentionné en plusieurs points mais vous en<br /> avez loupé un et c'est cet élément manquant qui fait que tous les autres peuvent fonctionner. L'empathie. Ces gens là n'en ont rien, strictement rien à cirer des cadavres qui jonchent leur<br /> chemin, du sang qui coule à flots, des larmes, de la souffrance inouie inligée à la quasi totale humanité, ils ne sont pas émus, touchés de la corruption de leur âme...etc etc. Bref si la<br /> pourriture peut-être symbolisée ils en sont le symbole...Soit nous arriverons à empêcher de tels êtres d'accéder aux fonctions qui leur permettent de nuire, et comment, soit nous finirons comme<br /> nous le méritons...mais bon ils meurent aussi et ça quelque part c'est leur défaite, défaite dont ils ne se remettront pas...<br />
Répondre
P
<br /> Bonsoir,<br /> <br /> <br /> Je lis avec un grand intérêt votre article, ayant vu l'émission de Taddéi avec E. Todd face à Pécresse et Kahn j'en suis d'autant plus intéressé.<br /> <br /> <br /> Vos hypothèses doivent certainement approcher la réalité ou du moins tentent de l'expliquer de fort belle manière.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Cet entêtement est tellement préjudiciable, surtout quand il conduit dans des impasses, par exemple la gestion de la crise européenne actuelle en est l'archétype même.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Félicitations et tous mes encouragements pour la suite de votre blog.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Pixam<br />
Répondre
Y
<br /> <br /> @RST<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> J'en ai déjà parlé dans un texte de l'introduction du tirage au sort, mais il y a encore beaucoup de gens qui sont persuadés que la démocratie c'est le vote.  Alors que le vote pour des<br /> représentants ne pas vraiment être démocratique surtout à notre époque de média de masse et de manipulation de l'informartion à une échelle jamais vue.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
R
<br /> <br /> Texte remarquable une fois de plus.<br /> <br /> <br /> Je pense que la nullité de nos élites est effectivement aussi une conséquence de notre système politique (hypothèse 3), la démocratie de manipulation dont parle Todd<br /> dans « Après la démocratie » qui sélectionne les meilleurs pour se faire élire qui ne sont pas nécessairement les meilleurs pour gouverner.<br /> <br /> <br /> « Contrôler les médias audiovisuels, séduire les journalistes, analyser inlassablement les sondages : la démocratie non pas d’opinion comme on la qualifie parfois, mais<br /> de manipulation  de l’opinion, définit un métier, avec ses virtuoses et ses tâcherons. Devenir chef de l’exécutif, en démocratie de manipulation implique que le candidat se<br /> concentre sur les moyens d’obtenir le pouvoir au détriment des fins, c’est-à-dire du programme et de l’action. (…). La difficulté est que gérer la globalisation suppose quand même un minimum de<br /> compétence économique et, surtout, de connaissance du monde extérieur. C’est peu de dire que la politique étrangère garde de l’importance : à l’âge de la globalisation, l’action économique<br /> ne  s’en distingue plus. (…) La grande faiblesse de la démocratie de manipulation, c’est donc qu’elle sélectionne des dirigeants très habiles pour ce qui concerne la gestion du<br /> corps électoral, mais radicalement incompétents en politique étrangère » et, pourrait-on rajouter, dans le reste aussi !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je suis d’accord avec André-Jacques, il faut que nous nous intéressions sérieusement aux processus de sélection de nos dirigeants et une dose de tirage au sort comme<br /> proposé par Etienne Chouard est une option qu’il faut étudier.  <br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
Y
<br /> <br /> @samuel_<br /> <br /> <br />  Sur ton point 8 c'est un classique de la direction des affaires humaines. Gérer le présent en prétendant préparer le futur dont on ne sait rien le plus souvent c'est un moyen comode de<br /> domination. D'ailleurs Keynes parlait déjà dans son texte perspective pour nos petits enfants de cette façon de dominer l'autre. Il citait un texte de Lewis Carroll provenant de  « Sylvie et<br /> Bruno » c'est très parlant:<br /> <br /> <br /> Puis-je vous rappeler ici le Professeur de « Sylvie et Bruno » :<br /> « C'est le tailleur, Monsieur, qui vient vous présenter votre petite facture,<br /> murmura une voix à travers la porte.<br /> – Bon, bon, je puis vite régler son affaire, dit le professeur à ses enfants.<br /> Attendez-moi une petite minute. Quel est le montant de votre facture cette<br /> année, mon brave homme ? » Le tailleur était entré pendant qu'il causait.<br /> « Eh bien, ma foi, cela fait tant d'années que je la double, reprit le tailleur<br /> d'un ton plus bourru, que je voudrais bien toucher l'argent cette fois-ci. Ça fait<br /> 2.000 livres.<br /> – Oh! peu de chose ! observa nonchalamment le Professeur tandis qu'il<br /> mettait la main à son gilet, comme s'il avait toujours au moins pareille somme<br /> sur, lui. Mais ne voulez-vous pas attendre encore juste un an et que cela fasse<br /> 4.000 ? Réfléchissez combien vous seriez riche, grand Dieu! Si vous vouliez<br /> vous pourriez être roi!<br /> – Je ne crois, pas que je tienne beaucoup à être roi, dit l'homme pensif.<br /> Mais il me semble que cela fait bien beaucoup d'argent. Ma foi, je crois bien<br /> que j'attendrai.<br /> – Mais bien sûr, dit le Professeur. Je vois que vous êtes plein de bon sens.<br /> Au revoir, mon bonhomme!<br /> – Est-ce qu'il vous faudra lui payer un jour ces 4.000 livres, demanda<br /> Sylvie, lorsque la porte se fut refermée sur le créancier.<br /> – Jamais, ma fille, lui répondit formellement le Professeur. Il continuera à<br /> doubler, sa facture jusqu'à sa mort. Vois-tu, cela vaut toujours la peine<br /> d'attendre un an de plus pour obtenir deux fois plus d'argent! »<br /> <br /> <br /> @Damien<br /> <br /> <br /> Vous avez raison de parler de Terra Nova je crois n'avoir jamais vu de réflexions aussi débiles et mal intentionnées. Il faudra que j'en fasse un texte d'ailleurs. Sinon je ne pense pas que toute<br /> notre élites actuelle soit mauvaises, mais il ya un mécanisme social qui les empèche en grande parti de sortir de leur cadre. Et puis plus généralement il y a un manque de courage manifeste et<br /> pas que chez les élites d'ailleurs, chez les aliternatifs minoritaires aussi. <br /> <br /> <br /> @A-J Holbecq<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> J'aime bien Bernier mais je constate que le M'pep reste très regardant sur le pédigrés de ses intervenants. on reste entre gens de goooche, si je puis dire. C'est pas avec ce type de<br /> cloisonnement qu'on arrivera à faire sauter l'europe néolibérale.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
Répondre