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13 avril 2011 3 13 /04 /avril /2011 20:32

 

92097_nicolas-hulot-s-exprime-a-lyon-le-13-novembre-2010.jpgDécidément, la prochaine élection présidentielle promet d'être mouvementée, c'est le moins que l'on puisse dire, avec les diverses nouvelles qui s'accumulent. D'un coté un président sortant aux abois qui n'arrive même plus à contrôler son propre camp qui est paniqué à l'idée de se faire écraser aux prochaines présidentielles. L'explosion de l'UMP commençant par son centre avec le candidat Borloo , même si certains jugent que l'action de Borloo vise surtout à décourager le grand rival de Nicolas Sarkozy, Dominique de Villepin. En attendant, Marine Le Pen continue sur sa lancée et les sondages ainsi que les résultats de la dernière cantonale ont fini de convaincre de son irrésistible ascension. Et même si dans les faits celle-ci doit être un peu tempérée, force est de reconnaître que cette poussée a agi comme un électrochoc sur la majorité présidentielle. La droite semble plus divisée que jamais seulement, et c'est une nouveauté en terme historique, le camp d'en face ne va pas mieux. Le PS peine toujours à choisir son candidat, on parle même d'une candidature de Hollande alors que DSK semble fléchir chez les maîtres sondeurs, grands faiseurs des candidats devant l'éternel. Mais nouvelle surprise, voilà maintenant que les écologistes eux-mêmes se subdivisent, car c'est dans cette orgie de candidatures que Nicolas Hulot a décidé lui aussi de se lancer ce matin. Il a du se dire que décidément plus y a de fous plus on rit, mais moins on a de riz aurait dit Coluche, enfin de voix dans ce cas.

 

En entendant cela à la télévision sur BFM ce matin, j'entends au passage un commentaire de Corinne Lepage ex-ministre de l'Environnement qui répondait à la proposition de Hulot en disant qu'elle aussi elle devrait peut-être être candidate, et que la notoriété n'était pas une bonne mesure pour évaluer la qualité d'un futur candidat à la présidentielle. On ne peut que donner raison à Lepage sur ce dernier point cependant çà nous fait encore une candidate là... Alors personnellement je n'ai rien contre le fait d'avoir le choix, mais encore faut-il que les candidats se différencient sur quelque chose. Et qu'ils apportent un réel contenu et une vraie divergence sur le plan politique pour représenter les diverses opinions qui peuvent traverser les différents courants politiques de la population. Or là, j'ai surtout l'impression d'assister à une pléthore de candidatures sans différence, pleines de centristes mous et d'écologistes à la petite semelle. En fait, on assiste à une explosion électorale du centre, tout le monde se partage un électorat qui en fait n'est pas si important que çà même s'il s'agit d'un électorat central sur le plan économique celui des classes moyennes aisées.

 

Bienvenu chez les Gaulois

 

En fait, cette incroyable multiplication des candidatures est en soi révélatrice d'une chose, les Français existent toujours et comme leurs lointains ancêtres gaulois, ils ont toujours cette faculté hors du commun à se diviser en de multiples groupes s'opposant sur des peccadilles pendant que les problèmes s'accumulent ou que leurs adversaires les écrasent. Cette situation est caractéristique de la mentalité individualiste française et sa recherche de l'homme providentielle, on la retrouve bien évidemment chez les souverainistes dont je fais partie. Mon collègue Malakine avait d'ailleurs fustigé dans ce texte cette incapacité à se rassembler chez les républicains souverainistes, une situation qui a eu pour conséquence un holdup du FN sur toutes les idées que ce courant pouvait défendre. Trop divisé, ce camp finit par se faire dévorer par un groupe qui pourtant n'était pas porteur de bons nombres de ses orientations à l'origine . Mais comme on le voit, il n'y a pas que ce courant politique qui produit ce désordre. Car c'est à plus ou moins grande échelle le même phénomène chez tout les courants politiques. Même les deux grands partis de l'establishment le PS et l'UMP se retrouvent avec des luttes entre personnalités alors qu'en réalité ce qui devrait compter c'est le programme à appliquer.Mais le vide laissé parle transfert des pouvoirs de l'état français à l'échelle européenne a fini par vider de sa substance les débats de fond. À quoi bon parler des idées puisque l'on sait déjà qu'elle programme nous ferons, ce sera celui de l'Europe. À partir de là, on se déchire sur les représentants et l'on fait l'apologie de certaines individualités qui ne changeront pas grand-chose aux réalités des Français. 


Bien évidemment, il ne s'agit pas de dire que la personne qui doit représenter ces idées ne doit pas avoir quelques qualités minimales pour pouvoir les représenter correctement, mais au final dans une démocratie ce sont sur tour sur les idées que l'on devrait se battre. On n’a pourtant pas l'impression que les idées sont vraiment débattues à l'heure actuelle par nos futurs représentants, ils se déchirent surtout pour savoir qui sera calife à la place du calife, c'est malheureusement vrai aussi chez les souverainistes. Quelle est donc la différence entre Nicolas Hulot ou Corinne Lepage par exemple? Est-ce que monsieur Borlo est très différent d'un Bayrou ou du programme de Dominique de Villepin. Si l'on s'en tenait au programme il n'y aurait en fait besoin que de deux ou trois candidats à l'heure actuelle guère plus. D'autant que les seuls a pouvoir vraiment changer les choses ou à pouvoir vraiment appliquer des programmes alternatifs, quel que soit ce programme d'ailleurs, sont les partis qui proposent une rupture avec l'Europe et la mondialisation.

 

Car il ne sert à rien à l'heure actuelle de faire de grandes embardées verbales sur le fait qu'il faille tout changer tout en ne se lançant pas dans les vraies ruptures, celles qui sont susceptibles de réellement changer les choses. En lisant monsieur Hulot par exemple, je me suis demandé s'il avait bien conscience que tout ce qu'il propose il ne pourra pas le faire à cause des contraintes européennes. Contraintes vis-à-vis desquelles je vois mal ses soutiens comme Europe Écologie rompre. Si je lis les divers chantiers économiques des écologistes je ne vois guère la sortie de l'euro par exemple, au contraire même, on y fait l'apologie de l'autre Europe celle que l'on vend au français depuis trente ans et qui a justifié tous les sacrifices. On pourrait faire la même remarque à madame Lepage, les écologistes pourraient se résumer à un slogan: Ne rien changer, pour tout changer. En réalité, un vrai programme de rupture ne peut se faire qu'en dehors de la construction européenne actuelle tout le reste n'est qu'hypothèses stériles, la construction européenne est à se point pesante aujourd'hui qu'elle ne laissera aucune liberté au futur président.

 

Tous les candidats alternatifs pro-européens sont démagogues

 

En vérité, la totalité des programmes alternatifs qui n'inclut pas l'hypothèse d'une rupture avec l'Europe actuelle, sont des démagogues dans la plus pure tradition, ou alors ils sont inconscients. À l'heure actuelle, ils ne sont pourtant pas nombreux les partis alternatifs à vouloir sortir de l'euro et de l'UE. Il y a DLR, le FN ou encore l'UPR et pas grand-chose d'autre. Ailleurs, c'est le statu quo européen, cela n'empêche pourtant pas ces derniers à faire de grandes propositions, mais on voit mal comment elles pourront être appliquées. Quand il faudra rééquilibrer le budget de l'état sans croissance, sans dévaluation et avec un déficit commercial sans cesse croissant les grands discours s'effaceront devant la sacro-sainte raison européenne. Il en est ainsi depuis 1983. Je suis peut-être très terre-à-terre, mais si on veut garder l'euro et l'UE actuelle alors il faut se plier au dogme libéral, ou ce se sera la banqueroute générale.On ne peut pas avoir une rupturedans les politiques économiques menées si l'on ne rompt pas avec ce qui les produit à l'origine. 


Au final, je trouve les partis du centre moins incohérents, et même le PS d'ailleurs. Eux ne proposent pas de changer quoi que ce soit à la vie des Français. Ils proposent juste de continuer comme on le fait depuis trente ans à suivre les dogmes bruxellois, quitte à nous conduire tous à l'extinction progressive. Les demi-alternatifs eux me révulsent au plus haut point, et j'inclus ici le Front de gauche que l'on n’entend guère sur la question de l'euro et de l'Europe. Et pour cause ils ne veulent pas de rupture avec le "rêve" européen, pas plus que chez leurs collègues écologistes. À partir de là, ils en sont réduits à faire effectivement des discours démagogiques et incohérents puisque n'allant pas jusqu'à se donner les outils leur permettant de les mettre en pratique. Le programme du FN aussi critiquable qu'il soit par certains aspects est applicable, il en va de même pour celui du PS. La vraie démagogie n'est donc pas forcément où on l'attend, si l'on entend bien sûr par démagogie le fait de faire des propositions que l'on sait inapplicables.

 

 

 

 

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commentaires

A
<br /> <br /> Xavier<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Ce n'est pas Jancovici mais Alain Grandjean  qui est le conseiiller de NH (il a effectivement cosigné avec Jancovici "c'est maintenant", un peu trop catastrophiste à mon goût)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Bon, Alain est aussi un polytechnicien / économiste proche des idées du site "chômage et monnaie" (et pour cause) et donc même plutôt proche du "100% monnaie" (mais le concept est globalement<br /> difficile à faire passer )<br /> <br /> Je n'ai pas entendu Hulot utiliser cette expression d'économie de guerre, mais je ne l'ai écouté qu'une fois...<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> André-Jacques, est ce que tu avais lu le bouquin de son conseiller Jancovici "c'est maintenant'. Il en faisait des pages sur la virtualité de la monnaie dans l'apologie de la planche à billet. Ca<br /> ne me surprend pas trop cette position ...<br /> <br /> Je n'ai pas le courage de ma taper toute la vidéo. Il reprend ou non le concept "déconomie de guerre" ?<br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Ecoutez bien quand même à 13'40'' ... (20 secondes qui me réjouissent )<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Je commencerai mon commentaire comme jardidi même si je diverge sur l'analyse (il y a aussi plein "d'individualistes universalistes" au centre à commencer par Villepin ou Borloo. On ne peut pas<br /> mettre dans le même sac le discours à la Bayrou qui est celui d'un appel au rassemblement dans une logique de grand compromis autour des dogmes ambiant (très allemand) et la posture de Villepin<br /> qui reste celle de l'homme providentiel autour duquel tout le monde doit se rassembler. Bref, ce n'est pas le sujet.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> En revanche, contrairement à ce que dit Yann, il reste un électorat très important au centre que l'on définira par tous ceux qui sont attachés à une certaine bien pensance sur le plan moral ou<br /> économique. Si on s'en réfère aux sondages actuels, en addition les verts, Bayrou, Villepin et Morin on arrive vite au dessus de 20%, base qui pourrait rapidement gonfler en cas de naufrage du<br /> candidat de droite ou de gauche comme on l'a vu en 2007 avec le transfert de l'eléctorat modéré du PS sur Bayrou. Donc, a priori tout le monde à sa chance dans cet espace politique, y compris<br /> d'accéder au second tour et de gagner contre Marine au second tour.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> La bataille du centre me semble donc tout sauf infondée. Je ne vois pas bien ce qui peut retenir un homme d'expérience et rassembleur de croire en sa bonne étoile en pensant qu'il pourra<br /> capitaliser sur l'instabilité du système et capter une grosse partie de l'électorat flottant.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Ce qui se passe dans la mouvance républicaine est de nature différente. Là, on a effectivement à faire avec une culture indivualiste exacerbée qui pousse à l'atomisation au refus du moindre<br /> compromis et à la recherche de la plus grande pureté doctrinale. Et puis, le potentiel électoral n'est pas le même...<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> La division des centristes n'a pas le même sens que celle des républicains. Les premiers sont majoritairement issus du type souche qui favorise la hiérarchie et l'organisation. Cela n'est-il pas<br /> une conséquence de leur affaiblissement? Sachant que même unis ils ne l'emportent, les stratégies individuelles deviennent dominantes. Chacun vend ses quelques pour cent pour un ministère.<br /> <br /> <br /> Pensez-vous que les partisans d'une autre Europe sont conscients de leur contradiction?<br /> <br /> <br /> <br />
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