Les questions qui nous taraude sur ce blog et sur le réseau des blogs souverainistes ou républicains comme celui de Malakine ou de Laurent, c'est la chose politique, l'intérêt publique. Ce qui nous motive est peut-être différent pour chacun, les uns défendront des principes, ceux de la république, d'autre défendront l'idée de nation et l'intérêt du peuple français, c'est notamment mon cas. Mais dans tout les cas de figure nous sommes conscients qu'en réalité l'individu, en tant que tel, n'est pas tout, nous ne vivons pas que pour nous même, nous trouvons même probablement un grand plaisir à parler politique à nous intéresser à autre chose que nous même. Nous savons que la société n'est pas qu'une juxtaposition d'intérêts individuels. Et il n'y a rien de plus horrible pour nous que de voir des hommes politiques qui s'enferment dans l'impuissance dans la négation même de ce que représente la politique, à savoir l'action collective. L'occident et la France sont frappés d'un retour à l'ordre ancien, celui de la fatalité. On ne peut rien faire, on ne peut rien changer, c'est une situation qui avait déjà frappé d'étonnement Emmanuel Todd dans l'illusion économique. Alors que l'homme ne cesse d'améliorer sa compréhension du réel, sa maitrise de la nature, le voilà tout à coup devenu impuissant. Alors même que nos sommes inondés d'informations et de connaissances sur nos propre société, voila nos élites frappées de paralysie collective. L'occident tel Prométhée a apporté la science et la raison au monde, la flamme du savoir, et maintenant que d'autres peuples à leur tour allume la flamme, il se décide à l'éteindre chez lui.
La stratification sociale résultant des politiques néolibérales semble transformer radicalement les civilisations occidentales. Apologie de la bêtise, domination d'une caste de rentiers, baisse du niveau d'instruction et du niveau culturel en général, disparition de l'esprit de curiosité que l'on peut voir dans l'effondrement pour l'intérêt des sciences, tout ceci donne une bien piètre image de ce qui fut jadis le phare du monde. A cela s'ajoute l'effondrement démographique et le suicide collectif du libre-échange, qui, couplés, mettent nos sociétés à la merci d'autres civilisation souvent agressives et revanchardes comme la Chine. A n'en pas douter nous vivons une drôle d'époque. Pierre Manent dans un interview récent parlant de son dernier livre dit que le problème provient de l'incapacité à penser. La posture morale a remplacé toute réflexion, on se bat sur l'apparence des choses, sur l'image et non sur ce qui est possible, ce qui est réel. C'est particulièrement vrai dans le domaine de l'économie où l'on voit bien l'évacuation des problème réels. Ainsi la question de l'euro ou du protectionnisme n'est jamais abordé, elle sont toujours soigneusement évité. Le dernier exemple en date étant le PS et sont "juste échange" dont s'est moqué pertinemment Laurent Pinsolle sur son blog, le terme même de juste échange est exemplaire de la communication marketing. Par principe un échange commercial est toujours juste, si l'on se réfère aux dogmes libéraux pierre angulaire de nos amis socialistes. Face la problématique de conflit commercial et d'intérêts divergents entre les peuples et les nations, les socialistes nous présente un monde paradisiaque de peuples qui discutent entre eux pour résoudre les conflits par un juste échange. Je suis sûr que les chinois aiment le juste échange, mais que dans le sens où cela n'aura aucun effet concret sur leur propre commerce et leurs propres intérêts. En réalité cette affaire montre que les socialistes ne se soucis guère des effets de leur politique, en réalité ils se fichent des moyens car il ne comptent rien changer au réel.
Mais pourquoi font-ils de la politique si c'est pour ne rien faire de concret? Et bien simplement pour faire un job, pour remplir leur assiette et nourrir leur propre égo. Nous sommes malade d'une élites qui ne regarde que son nombril et sa situation personnelle. Bien évidement pour se maintenir il faut quand même faire semblant d'agir sur ce plan notre actuel président est probablement le meilleur de sa génération. Nul ne fait d'aussi grands discours pour d'aussi petits actions. A vrai dire son talent est tel en la matière que le nom Sarkozy pourrait bien devenir un superlatif de prétentieux dans le dictionnaire. Évidement le réel étant ce qu'il est nos politiciens professionnel sont obligé de faire semblant mais il arrive que certaines questions de fond resurgissent des les médias même sous contrôle, il faut alors inventer un moyen pour éluder les questions et peut-être même les rendre impossible à poser. C'est là que la morale entre en jeux, et elle joue dans l'occident moderne le même rôle que la morale au moyen-age ou dans le monde musulman. Elle permet de garantir le pouvoir de certains en évitant de mettre les questionnements gênants sur la place publique.
La morale un mécanisme de défense contre la raison et le conflit intellectuel
La raison est l'ennemie absolu du dogme, de la croyance, par là même elle est l'ennemie naturelle de la domination cachée. La raison est par nature révolutionnaire, elle remet sans arrêt en doute les préceptes présents quel qu'ils soient. Aucune théocratie ou aucune dictature ou oligarchie ne peut réellement se maintenir à long terme face à la raison, à un moment donné les questions resurgissent sur les politiques menées ou les choix collectifs qui sont fait. Avec la modernité les peuples se sont cultivés, ils ont appris à lire et à comprendre, ils ont alors mis en doute les fondements de leurs propres sociétés et mis en question des pouvoirs qui jusque là étaient considérés comme allant de soi. Ces mises en doute n'ont pas forcement permis de bonnes évolutions, il en résultat parfois des conflits des révolutions etc... Mais finalement on peut dire que nos sociétés même instables valaient mieux que les sociétés féodales quoiqu'en pense certains réactionnaires passéistes. Mais il est aujourd'hui clair que c'est cet héritage que l'évolution actuelle attaque. Il est cependant difficile de voir d'où vient la problématique est-ce l'individualisme qui produit cette baisse d'intérêt pour la chose publique et donc un délitement de la démocratie. Est-ce que nous assistons impuissant à la fin de la raison en occident? La poussé de croyances archaïques sur notre sol en est peut-être un signe. Ou peut-être est-ce simplement l'effet des médias de masse dont nous n'avons pas encore totalement compris à quel point ils sont néfastes pour la démocratie, par leur concentration et leur pouvoir de simplification émotionnel, surtout dans le cas de la télévision.
Quoiqu'il en soit les professionnels de la politique ont compris que le discours moral est un bon moyen d'évacuer les questions gênantes, et ils emploient les pires procédés pour arriver à leur fin. Amalgames douteux, raccourcis stupides et révisionnisme historique sont les armes du quotidien pour ces grands défenseurs de la morale publique. L'immigration est un sujet conflictuel sur lequel il faudrait prendre de vrai décisions?Et bien il vaut mieux éviter, traitons de nazi toute personne mettant cette question sur la table. L'euro pose problème? Les arguments des anti-euro sont imparables? C'est pas grave traitons de xénophobe et de nationaliste fasciste toute personne mettant en doute l'euro ou pire l'UE. L'argument morale, sans arrêt, sert de parade à l'argumentation rationnelle et l'on se retrouve avec des débats incroyables. D'un coté des gens qui argumentent et passent beaucoup de temps à réfléchir à certaines questions, doutant même parfois de leur positions, et de l'autre des prêtres des temps modernes rabâchant inlassablement les mêmes formules. Et le pire c'est que cela marche, tout le temps. Les citoyens devenues fainéant de l'esprit, souvent fatigués de journées harassantes dans un job chiant et mal payé ne prennent plus le temps d'analyser et de faire leur travail de citoyen. Ils se laissent influencer par l'image et la télévision. La posture morale n'est viable que parce que nous sommes dans une culture de l'image, à l'écrit la pauvreté des arguments moraux transparait brutalement. Mais dans une société pressée on ne lit pas, on survole. On ne regarde pas les programmes électoraux, on regarde la tête de la personne qui se présente, on vote par habitude, on vote à gauche ou à droite sans se soucier réellement du contenu.
La critique de Pierre Manent prend tout son sens dans ce cadre, mais on ne voit pas comment par miracle l'on pourrait inverser la tendance comme il le souhaite. Il faut refaire de la politique, c'est à dire poser des objectifs et se donner les moyens réalistes d'y parvenir. Il faut cesser la politique des slogans, mais dans le cadre de la société télévisuelle c'est impossible. La dessus le seul espoir, j'en ai déjà parlé , c'est l'effondrement de la domination des médias émotionnels de l'image et du son, centralisés. Ainsi le seul espoir qu'il puisse y avoir, c'est le déclin de l'intérêt pour la télévision et un certain retour de la culture de l'écrit grâce internet. Même si ce dernier média est aussi un média visuel, il détient deux avantages. Tout d'abord le temps n'est pas délimité et cela permet au lecteur de prendre tout le temps qu'il veut pour aborder sérieusement tel ou tel sujet. Et la décentralisation qui fait que nul ne peut créer de façon centralisée le contenu de ce qu'il "faut" savoir. Pour finir ce texte sur une note un peu positive une étude récente vient de confirmer le désintérêt de plus en plus grand pour la télévision. Un étude par sondage a demandé aux possesseurs d'offre triple-play de quel service ils préfèreraient se passer pour conserver un tarif identique à 30€ en cas de taxe gouvernementale, ou s'ils préféraient augmenter le tarif de quelques euros pour tout garder. La réponse largement majoritaire est supprimons la télévision, voila de quoi rester un peu optimiste pour l'avenir.