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13 février 2011 7 13 /02 /février /2011 23:00

  330px-Revolution_de_1830_-_Combat_devant_l-hotel_de_ville.jpgLes révoltes du sud de la méditerranée semblent donner une nouvelle jeunesse à l'esprit révolutionnaire de certains partis politiques français. Le NPA s'est par exemple mis à coller des affiches pour que les gens aillent manifester en faveur de la révolution en Tunisie ou en Egypte. Et l'on voit bien nos médias avides de grands chambardement visuels plein d'émotions très télégéniques, s'emballer pour ces phénomènes de révoltes populaires sans trop approfondir les problèmes. Il serait peut-être bon pourtant de prendre un  peu de recule avec l'actualité et de faire montre d'un peu de modestie avant de rentrer dans cette espèce de bulle médiatico-révolutionnaire. Car on nous vend les révolutions arabes d'aujourd'hui comme on le faisait hier avec l'élection révolutionnaire d'Obama, élection historique dont on à vue par la suite à quel point elle était peu révolutionnaire.Et puis si l'on regarde l'histoire les révolutions n'ont que rarement abouti au premier coup et les déstabilisation qu'elles engendrent peuvent produire des effets extrêmement mauvais sur une longue période de temps. Comme le dit l'adage, les révolutions on sait quand  cela commence et rarement quand cela s'arrête, il en a été ainsi pour la révolution française, russe, anglaise, il en sera probablement de même avec ces régions. De plus se gargariser comme le font nos médias des bienfaits de la démocratie alors même qu'elle a pratiquement disparu en Europe à l'heure actuelle, puisque seuls les lobby et les institutions non élus de Bruxelles ont un pouvoir réel, c'est réellement se moquer de l'intelligence humaine. Alors même que l'Europe et les USA sont devenue d'immense ploutocraties, elles ne cessent de se gargariser avec ce terme de démocratie. En réalité plus l'on parle de démocratie et moins on la pratique.

 

La mécanique révolutionnaire

 

    Mais pour en revenir au sujet les révoltes actuelles dans le monde arabes sont liées à plusieurs facteurs, le premier bien évidement c'est la hausse du niveau d'instruction moyen qui se voie en pratique dans le taux de natalité en forte baisse. On sait en pratique que la transition démographique est grandement influencée par le taux d'instruction  des jeunes femmes, même si bien sûr ce n'est pas le seul facteur entrant en jeu. Le deuxième facteur est d'ordre économique et social, la pauvreté est en grande partie provoqué par la forte croissance démographique. Elle même engendrée par la baisse rapide de la mortalité infantile couplée à une natalité plus lente à baisser, ces deux phénomènes  ont  entraîné  une très forte croissance de la population sur une longue période.  Cette expansion rapide de la population a empêché l'accumulation du capital nécessaire en terme d'investissement pour fournir du travail au plus grand nombre. Ces pays subissent également les effets de la mondialisation du commerce et d'une spécialisation  dans des secteurs faiblement rémunérateurs comme le tourisme, l'Egypte par exemple s'est mis à produire du coton pour l'exportation au lieu d'essayer d'être auto-suffisante en matière agricole. On sait par expérience que ce genre de modèle exportateur est l'un des fléaux qui produisent famines et spéculation sur les prix agricoles.

 

A ces problèmes économiques s'ajoute le conservatisme excessif qui caractérise toutes les sociétés traditionnelles et qui a bloqué pendant un certain temps les aspirations du plus grand nombre. En effet la hausse de l'instruction produit également une montée de l'individualisme qui réduit grandement les contraintes sociales en terme de comportement, et même l'islam ne semble pas y résister contrairement à ce que certains peuvent penser. Ces sociétés maintiennent la tradition dans les apparences, mais les supportent en réalité de moins en moins, ce qui produit des comportements schizophréniques de rejets violents, l'attitude des populations allant de la course à la modernité à une amour pour la tradition la plus pure, paradoxe irrationnel en apparence mais traduisant des troubles liées aux changements qui s'opèrent. Ces rejets se font soit envers la société traditionnelle cela se traduit par des comportements complètement antinomique avec la tradition du genre sexe, drogue et Rock'n roll, soit le rejet se fait contre les changements et se traduit par comportement  ultraconservateur valorisant à l'excès la tradition vers une course vers la pureté rédemptrice, dont les organisation comme les frères musulmans sont de parfaits représentant. De plus c'est le monde musulmans qui est le plus antagoniste à la pensé individuelle et aux notions de libertés qui sont le fondement de la modernisation éducative, il est donc normale de trouver dans cette région du monde les populations les réticentes aux changements produit par l'éducation de masse.

 

  Il ne faut par contre pas faire l'erreur de voir dans cette modernisation des esprits une occidentalisation, ce serait clairement se tromper de  chemin. L'individualisme s'il est apparemment née officiellement en occident n'est pas le propre de cette civilisation, c'est quelque chose de profondément encré dans l'être humain, cependant c'est la hausse du niveau d'instruction qui a en quelque sorte révélé cette nature profonde. Autrefois seule une poignée d'individus avait accès au savoir permettant cette émancipation, il a fallu attendre une généralisation de l'instruction pour que cette nature se révèle dans la société dans son ensemble. L'esprit individuel s'est montré en premier en Europe et aux USA, ensuite en Asie et maintenant dans le reste du monde. Cette évolution, cette révélation produit des effets différents suivant les traditions et les coutumes locales plus ou moins compatibles avec elle. Et comme je l'ai dit, c'est dans les sociétés les plus opposées à l'esprit individuel que le choc est le plus violent, car rien dans le discours traditionnel de ces sociétés ne pouvait préparer à  cette modernisation. Aucun mouvement intellectuel, et aucune tradition n'a préparé les populations musulmanes à cette coupure d'avec le monde ancien, d'où les mouvements dans l'excès de ces peuples. L'on peut trouver les comportements les plus déviant dans les pétromonarchies du golfe, avec une orgie de gaspillage ostantatoire, mais on y trouve aussi  les mouvements fondamentalistes les plus rétrogrades. Les uns se nourrissant de la haine  des autres d'ailleurs. A ces mécaniques purement sociales et démographiques s'ajoute un nouvel acteur celui des médias. On ne peut nier les influences des médias masse sur les mentalités, la transmission d'information produisant des amplifications de mouvements populaires incontrôlables. Ces technologies n'existaient pas à l'époque où la France et les pays d'Europe ont eu leurs révolutions et il est bien difficile d'en prévoir les effets. Il peuvent être autant positifs que négatifs seul l'avenir nous le dira.

 

Les conséquences des révolutions arabes

 

Les premiers effets de ces mouvements populaires ne seront pas forcement positifs, on le voit déjà puisque l'Italie vient de lancer un appel à l'aide à l'UE face à des débarquements de réfugiés en provenance de Tunisie.  Ceux qui pensent qu'il suffit de renverser un gouvernement ou un dictateur pour changer la vie de la population se fourrent le doigt dans l'oeil. Car c'est malheureusement beaucoup plus facile de casser un régime politique  que d'en construire un nouveau , surtout lorsque les révoltes sont désorganisées et manquent de soutiens réellement structuré avec une élites sachant où elle va. Ensuite il faut bien voir que les raisons économiques sous-jacentes  de ces révoltes ne changeront pas du jour au lendemain. On sait très bien que les secteurs  de l'industrie touristique et les quelques entreprises délocalisées en Tunisie par exemple, vont avoir des difficultés dans les années qui viennent situation qui aggravera ainsi les causes des mouvements populaires. De plus, même en admettant qu'un système "démocratique" à l'occidentale se mette en place, rien de garantie que les politiques menées amèneront bien à une amélioration réelle pour la population. Un pays comme l'Egypte par exemple est emblématique, ce pays ne couvre que 40% de ses besoins en céréales, le pays a enregistré en 2008 un déficit commercial de 23 milliards de dollars. La plupart des pays du sud de la méditerranée sont incapables de fournir les denrées dont ils ont besoin, le coeur du problème est ici et pas seulement dans leurs régimes politiques. Si un gouvernement est élu mais qu'il pratique les mêmes politiques néolibérales qu'en Europe ou aux USA, il n'y aura aucune amélioration économique dans ces pays. Les seuls états de la région à s'en sortir sont ceux disposant de ressources naturelles leur permettant de subvenir à une croissance démographique  excessive.  On verra d'ailleurs si ces régimes plein de pétrole et de matière première tomberont à la suite de la Tunisie ou de l'Egypte, il y a peu de chance.

 

  Il ya des exemple historique où la démocratie a provoqué des catastrophes à court terme. Ainsi en Russie c'est Boris Eltsine élu au suffrage universel après l'effondrement de l'URSS qui fit des politiques de turbo capitalisme importé directement de Washington, celles-ci ont produit le désastre russe des années 90. Vue l'influence américaine dans le monde arabe on peut sérieusement craindre  que ce ne soit au final des politiques néolibérales qui soient mené par les nouveaux régimes, avec des effets désastreux à terme pour l'Europe voisine en matière migratoire. Si j'étais un peu conspirationniste ou paranoïaque, je pourrais même penser que les USA nourrissent les révoltes locales dans ce but précisément. On peu aussi penser que l'instabilité du moyen-orient est un bon moyen de faire monter le prix du baril de pétrole et donc de permettre aux USA de continuer à arroser la planète de dollars sans risquer une dévaluation brutale de leur monnaie. En effet toutes les nations étant obligées de payer en dollars leur pétrole, toute hausse de cette denrée permet une hausse du dollars ce qui compense les effets des plans de relance de monsieur Obama. Mais de toute façon en admettant même que les révoltes actuelles mettent en place des régimes démocratiques comme nous l'entendons, est-ce que pour autant cela conduira à une amélioration des conditions économiques, rien n'est moins sûr.

 

La démocratie en France on l'attend toujours

 

    Certains voient dans les révolutions et dans la hausse du niveau d'instruction l'entrée dans le monde la démocratie, mot magique pour signifier une société vue comme idéale. Pourtant lorsque nous regardons autour de nous, lorsque nous analysons la façon dont nos sociétés fonctionnent en Europe, nous voyons bien que la démocratie n'est en réalité qu'une apparence.  C'est en France que les contradictions sont d'ailleurs les plus frappante, nous avons un président qui a volontairement contredit la parole du peuple français avec l'aide du parlement au sujet du vote sur le TCE, et le même va nous faire de grand discours sur la liberté démocratique naissante en Tunisie ou en Egypte. Le plus incroyable à mes yeux étant les propos tenus par les oligarques européens. Ils passent leur temps à agir contre les volontés populaires mais ils n'ont pas de mots assez élogieux lorsqu'ils parlent de démocratie. La démocratie dite représentatives a largement montré ses limites que ce soit en Europe ou aux USA et je crois que franchement il va falloir cesser de montrer ces régions en exemple. Nos régimes politiques ne sont en fait que des aristocraties électives, vous choisissez les noms de personnes présélectionnées par des mécanismes obscures mélange de copinage, d'héritage et de bonnes relations interpersonnelles. Le régime chinois est finalement bien plus honnête que le notre puisqu'il ne fait pas semblant d'être ce qu'il n'est pas.

 

  Le plus grave de nos problèmes étant la fusion de plus en plus manifeste du pouvoir économique et politique, phénomène qui est relativement récent en France. Un bon système politique ce n'est pas un système démocratique nécessairement, c'est avant tout un système qui permet à l'intérêt général du pays d'être défendu. Il faut mettre des hommes politiques ayant le sens de la nation et de l'état au pouvoir. Que les états arabes deviennent oui ou non des démocratie à vrai dire ce n'est pas vraiment le problème, la question c'est trouveront il des personnalités capables de trouver des solutions à leurs problèmes économiques. Est-ce qu'il y a d'ailleurs des solutions politiques quand on sait que l'Egypte par exemple est déjà largement surpeuplée? 

 

 

 

 

 

 

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commentaires

L
<br /> <br /> Dans votre collusion entre le pouvoir économique et le pouvoir politique, vous oubliez un troisième larron, lequel gère l’agenda des deux autres,<br /> le pouvoir médiatique. C’est par le pouvoir médiatique que TOUT –il s’agit donc bien d’un pouvoir en soi totalitaire- est recyclé en spectacle. On peut même se demander si le spectacle<br /> révolutionnaire n’est pas le nouvel opium des peuples en voie de dépossession (de leur dignité et de leur pouvoir de citoyenneté en premier lieu).<br /> <br /> <br /> Les puissances économiques qui règnent en maître sur la globalité de la planète depuis un demi-siècle, ont elles-mêmes un projet révolutionnaire,<br /> qui est de faire table rase du passé, parce que ce passé exprime une réalité qu’elles exècrent, celle des peuples et des nations qui expriment la souveraineté de ces peuples.<br /> <br /> <br /> Pour que ce projet révolutionnaire (éminemment révolutionnaire, j’insiste) devienne vendable, il faut que ce passé, qu’il souhaite araser, soit<br /> rendu  INNOMMABLE. Le passé est donc ravalé à un enfer simple, une marmite bouillonnante dans lequel mijote, à grandes effluves nauséabondes, quelques marionnettes damnées qui<br /> symbolisent l’arbitraire, l’arriération, l’obscurantisme, la violence xénophobe etc. Sans oublier la loi du père, génératrice des plus bas instincts qu’aient connus l’humanité (le fascisme, le<br /> nazisme, Vichy etc.).<br /> <br /> <br /> C’est à ce niveau qu’intervient le pouvoir médiatique, afin de verrouiller les consciences sur ce qu’a pu être réellement le passé, et pour les<br /> mêmes raisons que l’histoire (et sa sœur de lait la géographie) n’est quasiment plus enseignée dans les écoles, volatilisée derrière une bluette « thématique », qui est la négation même<br /> de ce qui constitue le cœur battant de l’histoire, le temps.<br /> <br /> <br /> Que le volcan de l’histoire refoulée explose, et projette à nouveau la réalité fumante sur nos piètres scènes politiques, et vous verrez le<br /> pouvoir médiatique se déchaîner et convoquer « la rue » et « la révolution » pour refouler le réel dans les entrailles de la terre. On l’a très bien vu en 2002, où le retour<br /> du réel, exprimé au demeurant fort sagement puisqu’il l’était par les urnes, a déclenché une superproduction carnavalesque dont le but fut de mimer les grandes heures révolutionnaires jusqu’à<br /> plus soif (je ne pardonnerai jamais personnellement aux chevènementistes de m’avoir entraîné dans cette galère titanesque).<br /> <br /> <br /> Depuis les années soixante, l’imaginaire des anciens peuples « évolués » (ils régressent depuis dans le peloton à petits braqués) vit<br /> l’injonction contradictoire permanente sur le mode révolutionnaire. D’un côté les acteurs citoyens (de plus en plus acteurs et de moins en moins citoyens) rêvent de flamboyantes « réponses<br /> immédiates de la rue », de barricades glorieuses et de têtes coupées nécessaires, et d’un autre, ils ne sortent de leur onirisme que pour s’abandonner à la sale besogne de l’idiotie utile,<br /> convoqués par le même système économique, politique et médiatique qu’ils maudissent.<br /> <br /> <br /> La révolution n’est plus qu’une pantomime narcissique, même si elle tire parfois à balles réelles (la geste révolutionnaire historique se dilua<br /> en fait définitivement dans les années soixante dix avec ces très mauvais acteurs que furent la bande à Baader ou les brigades rouges). Je ne peux donc que conseiller d’en sortir en foutant au<br /> panier tout ce fatras mégalomaniaque. N’ayez plus honte de voter sagement et surtout d’adorer le réel, ce cher passé INNOMMABLE.<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Une fois n'est pas coutume les explications faciles du genre "les gens se révoltent car ils ont faim" nous sont épargnés ,mais on vient pas ici pour les lire.L'augmentation du prix des denrées en<br /> Tunisie et en Egypte a du influée sur le ras le bol mais il en faut bien plus pour renverser un pouvoir.<br /> <br /> <br /> En dehors des facteurs sociologiques et anthropologiques n'oublions pas le politique ,les 2 pouvoir semblaient affaibli par leurs trop longues années de déspotisme...puis l'armée a laissé<br /> faire,en Iran la révolte a été avortée pour cette raison je pense,les fous de dieu ne se lassent jamais.<br /> <br /> <br /> ps : les révoltes Tunisiennes et Egyptiennes ont un caractère unique non ?C'est rare que des révolutions pètent sans opposition a leurs têtes.<br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Si on regarde les populations soutenables selon l'étude de http://www.optimumpopulation.org/opt.sustainable.numbers.html , avec un "niveau de vie modeste"<br /> <br /> <br /> on arrive pour :<br /> <br /> <br /> la Tunisie: 30% de l'actuelle<br /> <br /> <br /> l'Algérie : 15% de l'actuelle<br /> <br /> <br /> Le Maroc : 25% de l'actuelle<br /> <br /> <br /> L'Egypte: 10% de l'actuelle<br /> <br /> <br /> http://postjorion.wordpress.com/2010/08/21/121-a-j-holbecq-populations-soutenables/<br /> <br /> <br /> <br />
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