Hypocrisie : « Attitude consistant à dissimuler son caractère ou ses intentions véritables, à affecter des sentiments, des opinions, des vertus qu'on n'a pas, pour se présenter sous un jour favorable et inspirer confiance » définition du Larousse.

S'il 'y a bien un mot qui définit à lui seul notre époque, c'est bien l'hypocrisie. On l'a retrouvé un peu partout dans la société et elle est même devenue la norme, si je puis dire, dans les hautes instances et la direction des affaires de nos nations. Est-ce lié à l'effondrement du christianisme, peut-être. Même si les chrétiens eux-mêmes n'ont jamais été avares en hypocrisie des croisades aux inquisitions combien de fois l'église n'a-t-elle pas violé ses propres principes pour défendre ses intérêts. Et que dire de l'hypocrisie qui caractérisait l'époque de la vente des indulgences qui devint un véritable commerce très lucratif pour l'église ayant participé à la montée du protestantisme. Il s'agissait bien ici aussi d'hypocrisie généralisée, et même d'un système économique basé sur cette dernière. Donc, en effet, l'hypocrisie n'est pas nouvelle, mais la société moderne donne vraiment l'impression d'un épanouissement général de la population, particulièrement celle qui est la mieux lotie, dans l'hypocrisie.

Si je parle de ça, c'est en partie à cause de la réaction grotesque d'une partie de la gauche au propos ridicule donnés par le pape lors de sa visite récente. Non pas que les propos du pape m'intéressent en particulier, je suis athée. Un vrai athée, je n'ai pas troqué le catholicisme contre un autre culte qu'il soit à l'apparence ésotérique, cousin de Mammon, ou scientifique. Mais cette affaire a montré à mon sens toutes les hypocrisies qui caractérisent aujourd'hui notre vie publique et politique. Parce que la gauche à l'origine s'est construite contre le cléricalisme. Non que les révolutionnaires français étaient tous athée, loin de là, mais ils étaient surtout critiques à l'égard d'un clergé qui apparaissait à juste titre comme un soutient à un pouvoir politique et économique devenu insoutenable pour la population française de l'époque. De la même manière, la gauche a construit sa différence à la fin du 19e siècle sur la question de la laïcité. Or que voit-on aujourd'hui ? Une gauche qui soutient les mouvements religieux particulièrement ceux des immigrés qui rentrent pourtant fréquemment en contradiction avec les idées de gauche comme la liberté sexuelle. Et maintenant elle promeut le pape parce que ce dernier valorise l'immigration sans frontière tout comme le capital et le patronat. Il me semblait donc opportun de faire quelques paragraphes sur les hypocrisies courantes que l'on trouve de nos jours chez nos concitoyens. Car elle est partout et n'est pas propre à un camp politique particulier comme nous allons le voir rapidement. 

Les hypocrites de droite

L'hypocrite de droite s'affiche généralement patriote. Il aime en apparence son pays et se pavane couramment avec les atours mettant en exergue son patriotisme. Que la France est belle, que la nation est noble. En son nom, il soulèverait des montagnes et s'affiche sans honte avec son drapeau tricolore en bandoulière. Il a peur pour l'avenir du pays, car il le sait sinistre. Mais l'hypocrite de droite n'aime pas tant son pays que l'image qu'il a de celui-ci. Et il s'aime bien plus qu'il n'aime sa nation. Car l'hypocrite de droite ne cherche pas réellement à défendre son pays, sa défense s'arrête là où commence l'intérêt de ses affaires. De cette hiérarchie des priorités, découlent naturellement les contradictions entre les discours patriotiques et l'action libérale et apatride qui caractérise cette couche de la population. L'on veut protéger la nation, mais sans rompre avec l'Europe et l'euro qui l'ont affaibli . On s'inquiète de l'immigration, mais en même temps l'on veut des salariés corvéables à merci pour faire tourner les entreprises. L'hypocrite de droite traite les Français de fainéant, mais pleure ensuite sur l'état de son quartier d'enfance devenue en quelques années une terre africaine. L'hypocrite de droite aime à la limiter l'immigration illégale en petit comité, mais ne trouve rien à redire sur l'immigration massive et légale en vue de remplacer le travailleur local trop fainéant et surtout trop coûteux. L'hypocrite de droite est trop avare pour aimer sa patrie.

Les hypocrites de gauche

L'hypocrite de gauche est en partie le miroir de celui de droite. Il n'aime pas son pays. Il n'aime pas son drapeau, et il conchie sur les nations et le nationalisme qu'il résume au nazisme. Il n'y a guère de nuances chez l'hypocrite de gauche. Il aime son confort moral avant tout bien plus que les autres hommes et c'est de là probablement que naissent ses propres contradictions. Il aime le monde et n'a pas de frontière, car la frontière c'est le mal. Il est partout chez, lui l'hypocrite de gauche. Mais il n'est chez lui nulle part. Il n'a pas d'identité et cours après celle des autres. Car il a dénié avoir des racines. Mais il meurt d'envie d'en avoir, pas les siennes, il les hait. Il devient donc tour à tour américain, japonais, chinois, africain, peu importe tant qu'il n'est pas français. L'hypocrite de gauche aime le monde et les pauvres. Enfin surtout les pauvres d'ailleurs, ceux qui ne lui sont pas semblables. Car le pauvre d'ici n'existe pas, le pauvre est exotique ou il n'est pas. L'hypocrite de gauche est solidaire, il aime la redistribution, il aime la mixité, c'est en tout cas ce qu'il dit l'hypocrite de gauche. Mais comme il n'aime pas les frontières, il aime l'Europe. Et comme il aime l'Europe, il aime les politiques de l'Europe, qui, elle, n'aime pas les pauvres. Mais voilà entre l'Europe et les pauvres, l'hypocrite de gauche choisira toujours la première, car la haine des frontières est sa substance. Enfin, sauf pour les siens. En effet, l’hypocrite de gauche aime les frontières pour les siens. Celles de l'école, celles de son quartier et de son univers. Il aime les autres et les différents, mais de loin à l'abri derrière les frontières de l'argent qui mettent les proches en sécurité dans l'univers qu'il connaît. Il est aussi un peu soupe au lait, notre ami l'hypocrite de gauche, et malheur à celui qui lui met un miroir dans les mains.

Les hypocrites écologistes

Les hypocrites de l'écologie aiment la planète. Ils aiment la nature. Ils la glorifient même, à se demander s'ils ne la vénèrent pas comme les païens de jadis. C'est du moins ce qu'ils affirment, la nature c'est formidable et l'homme est un poison. Mais en réalité l'hypocrite écologiste aime plus l'air du temps que la nature. Il est un peu comme celui de gauche, il aime l'apparence de la morale surtout en public. Il aime paraître supérieur moralement. Et c'est cet amour pour la morale publique d'apparence qui produit ses discours contradictoires comme les hypocrites précédents. Ainsi l'hypocrite écologiste aime à limiter la pollution et les méfaits de l'activité humaine tout en valorisant sans cesse ce qui en accroît les effets. Il mène la guerre aux agriculteurs de France qu'il enferme dans des contraintes écologistes toujours plus folles, pour mieux faire entrer les productions d'ailleurs sans contraintes. Il n'aime pas le nucléaire, et favorise les moulins à vent et les panneaux solaires, pourtant moins efficaces et grands consommateurs de matières premières. C'est qu'il n'aime pas trop les sciences non plus l'hypocrite écolo. L'hypocrite écologiste n'aime pas les prolos qui roulent au diesel, pour recycler sa pitance il fait du compostage avec des vers de terre, mais part de l'autre côté de la planète pour ses vacances. Il préfère le bio argentin ou australien, aux produits agricoles du coin nourri aux pesticides, car c'est forcément mieux pour la planète. Il faut bien l'admettre, de tous les hypocrites celui de l'écologie est probablement le plus con, mais c'est un autre problème.

L'hypocrisie américaine et occidentale

L'hypocrite occidentaliste est le pire de la liste. Il aime la démocratie, mais pas les élections, surtout quand elles ne sont pas dans ses intérêts. Il aime la paix, mais seulement sous son aile. Il n'aime qu'une nation, celle qui arbore des étoiles blanches sur fond bleu. Il se dit amical et fait la guerre partout et quand il ne la fait pas, il utilise des subterfuges pour la faire en sous-main. L’hypocrite occidentaliste, il est en apparence universaliste, mais c'est un universalisme qui n'aime pas les autres. Car il est bien raciste l'occidentaliste. S'il fait montre d'aimer toutes les couleurs, il pense quand même au fond que la sienne est la meilleure. Il est un peu suprématiste l'occidentaliste et parle le globish couramment. Et les Chinois l'emmerdent bien eux qui passent devant sans avoir la bonne couleur et les bonnes mœurs. L'occidentaliste a voulu construire un monde à son image, mais l'image n'est plus à son goût. C'est qu'il est aussi mauvais perdant l'hypocrite occidentaliste. Et quand il perd, tel un enfant, il casse tout. Las les hypocrites d'occident, le monde en a soupé. Et faisant fi de ses caprices, vers d'autres hypocrisies, le monde ira manger.