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23 février 2011 3 23 /02 /février /2011 22:28

      Michele-Tribalat-copie-1.jpgMon collègue Laurent Pinsolle a fait récemment un texte sur l'immigration critiquant, à juste titre, une certaine démagogie dans la tenue des  propos de la candidate du Front National Marine le Pen. Cela fait des décennies qu'il y a des approximations et des abus sur les chiffres de l'immigration dans un sens ou dans un autre d'ailleurs, le FN n'étant pas le seul à manipuler les chiffres selon sa convenance. Ainsi le fameux chiffre des musulmans de six millions personne ne sait d'où il vient Michèle Tribalat qui est la seule démographe a avoir essayé de calculer leur nombre était tombé sur 3.7 millions en 2003, encore que cette dame honnête parlait du nombre de musulmans potentiel en regarde de l'origine des populations. Car rappelons qu'on peut être musulmans en étant un français historique, en le devenant par conversion, tout comme on peut être d'origine maghrebine sans être musulman, en France on est libre de choisir sa religion jusqu'à preuve du contraire.  Quoiqu'il en soit comme l'indique Laurent, le vrai problème n'est même pas dans l'approximation des chiffres de l'immigration, mais dans le fait que les problèmes qui tourmentent tellement nos cités ne sont pas le fruit des immigrés récent, mais des descendants des vagues migratoires des années 70-80. Parler ici de problème migratoire est abusif , il est en effet plus honnête de parler de problèmes d'intégration ou d'assimilation car ce ne sont pas les derniers arrivés qui posent vraiment problème à la société française et c'est d'ailleurs quelque part plus inquiétant. En ce sens il est évident que stopper totalement l'immigration, même si cela reste souhaitable pour ne pas continuer à aggraver la situation à long terme, ne résoudra pas pour autant la problématique de l'intégration. Nous sommes donc dans processus dans lequel supprimé la cause originel des problèmes ne supprimera pas pour autant les effets.  En cela je suis totalement d'accord avec le texte de Laurent, cependant l'on ne peut pas non plus réduire cette question de l'intégration à une simple question économique comme le fait régulièrement la gauche ou mon collègue blogueur dans son texte.

 

L'échec de l'intégration

 

    La première question à se poser est celle de savoir si oui ou non il y a échec de l'intégration des immigrés. Avec un peu de bon sens il est évident que l'on ne peut affirmer cette évidence apparente pour  la totalité de la population immigrés ce serait hautement simpliste et injuste. Il est évident que bon nombre de personnes d'origine étrangère se sont intégrés au sens le plus républicain qui soit à la nation française. La question est plutôt de savoir quel est la proportion d'échec et son poids dans l'immigration globale qui a afflué dans le pays ces quarante dernières années. Mais il faut aussi préciser que dans mon esprit et contrairement à la vulgate économique habituelle, il n'est pas question de limiter l'intégration à l'économie. Contrairement à ce que pense certains sociologues trop imprégnés de marxisme, ce n'est pas parce que l'on réussit sa vie économique en France que l'on est pour autant intégré, à l'inverse ce n'est pas parce que l'on est resté pauvre que l'on est pas intégré pour autant. Car la question de l'intégration renvoie en réalité essentiellement à une question d'identification d'un individu, lorsque l'on se regarde dans une glace, lorsque l'on pense à son attache réelle est-ce que cette attache se situe en France ou ailleurs, là est la vraie question. Un pauvre d'origine maghrébine qui parle et pense en français et qui est attaché au pays dans lequel il vit est bien plus français qu'un immigrés, lui aussi maghrébins, mais ingénieur en informatique qui va chercher sa femme en Algérie et qui pense que la Charria vaut mieux que la loi de la république. S'il y a bien un domaine où la raison économique peut nous induire en erreur c'est bien dans celui de l'intégration, car réduire celle-ci à une simple question de progrès social ou de niveau de salaire moyen c'est passer à coté de l'essentiel. Un essentiel qui malheureusement est très difficilement quantifiable.

 

    Je suis d'ailleurs horrifié par l'usage massif de l'économie dans la justification ou la négation de l'immigration, ce type de raisonnement montre à quel niveau de bassesse l'esprit humain en est arrivé sous l'influence de l'ordre marchand néolibérale. La gauche ne cesse de dire que l'être humain n'est pas une marchandise, ce qui est tout à son honneur, mais elle ne cesse en même temps de justifier l'immigration pour des raisons économiques réduisant ces derniers à de simple machine à produire du travail. Le même raisonnement peut-être tenu à droite où là on les réduit à de simples voleurs d'aide sociale, dans les deux cas on déni à ces gens leur humanité, il ne sont que des pions sur le grand échiquier de la pseudo-raison économique. Mais l'économie n'explique pas tout loin de là, et ce n'est pas parce que le taux de chômage des enfants d'immigrés s'alignerait tout d'un coup sur celui des jeunes français moyens que pour autant ces derniers se sentirait français. Vous me direz de toute façon le taux de chômage des jeunes français historiques est déjà catastrophique alors... En réalité nous ne pouvons pas mesurer scientifiquement cet attachement à la nation française, tout ce que nous pouvons constater ce sont les cas de rejet de celle-ci de plus en plus fréquent dans certains lieux. Le rapport Obin a par exemple montré très clairement les difficultés de plus en plus grandes dans certains lieu de France où les immigrés sont très nombreux. La dérive communautaire peut se mesurer facilement que ce soit par le nombre grandissant de revendications communautaristes ou par les simples rejets de l'ordre national français à l'école ou dans les lieux publics. On ne peut pas dire la proportion de jeunes d'origine immigrés qui ne sont pas intégrés et qui rejettent notre nationalité bien qu'étant théoriquement français, mais il est indéniablement vrai qu'ils sont suffisamment nombreux pour mettre à mal la cohésion du pays dans un grand nombre de lieux.

 

    Et ces lieux coïncident bien évidement avec la concentration des populations d'origines étrangères. Quand on a des lieux comme Mantes-la-Jolie où moins de 5% des jeunes sont d'origine européenne comme l'affirme Michèle Tribalat, il ne faut pas s'étonner de l'échec de l'intégration, en réalité l'inverse eut été étonnant. En effet l'assimilation à la française par le droit du sol présuppose que ces immigrés soient mis en contact permanent avec des français historiques (je préfère ce terme à français de souche) surtout dans leur prime jeunesse. Car si ce n'est pas la famille qui peut produire ce lien avec la nation, l'histoire personnelles des parents étant liée naturellement à celle de leur pays d'origine, et s'ils n'entrent nulle part en relation avec des gens possèdant nos us et coutumes  alors par quel miracle cette transmission pourrait-elle se faire? Si l'école républicaine intégrait jadis, c'est qu'il y avait mélange et que les minorités l'étaient réellement, lorsque ces dernières deviennent majoritaires en certains endroits, l'assimilation n'est tout simplement plus possible. Ces territoires deviennent donc des colonies de peuples étrangers en France, et vous pourrez y faire preuve d'autant de solidarité que vous voudrez, vous serez considéré comme étrangers tout en étant français dans ces lieux, même si ces territoires sont théoriquement en France. Le problème principal de l'immigration en France est donc un problème de concentration, bien avant d'être un problème économique. Et il n'est d'ailleurs pas certain qu'une amélioration de la situation de l'emploi changerait quoique ce soit à cette situation, sauf à fortement accroître la mobilité. Mais même dans ce cas il n'est pas sûre que ces populations rechercheraient le contact avec les français et donc iraient s'installer là où elles seraient largement minoritaires.

 

  Car dans le passé les immigrés étaient forcé de vivre avec les populations françaises, essentiellement pour des raisons pratiques,  ce n'est plus le cas aujourd'hui d'autant que la technologie permet de garder des liens culturelles avec le pays d'origine, le progrès technique nuit probablement à l'intégration en en ce sens. Il suffit par exemple de voir le nombre de chaînes africaines ou arabes proposées par un opérateur comme Free qui fait face à une forte demande de la part des gens originaires de ces pays pour comprendre les effets néfastes de ces médias sur l'intégration. Et de toute façon l'être humain est ainsi fait qu'il recherche généralement des lieux et des populations qui  lui sont familières. Il en va de même d'ailleurs pour les français historiques qui fuient les lieux trop peuplés d'étrangers. J'ai envie de dire que l'être humain est naturellement communautariste, briser ces liens demande une certaine violence. Et l'on ne se fait violence que si l'on est obligé de le faire, comme l'enfant qui n'a pas envie de quitter son foyer et sa mère la coupure est difficile. Il en va de même pour la coupure avec les pays et les coutumes d'origine, qu'elle prétention avons nous de croire que tout les êtres de cette terre veulent à tout prix être français. L'échec de l'intégration provient aussi en partie de notre orgueil, celui qui consiste à croire qu'il suffit d'offrir notre nationalité pour en faire des français simplement parce qu'au font nous pensons qu'être français c'est bien mieux qu'être marocain, algérien ou tunisien. La vérité c'est que bon nombre de ces jeunes d'origine immigrés ont gardé plus d'attache avec ces pays qu'avec le notre et que l'amour de la patrie ne s'achète pas.  En ce sens vue la situation dans certaines régions et quartiers, il est effectivement temps d'arrêter d'accueillir du monde, sans quoi le pays ne pourra à terme qu'exploser, ici c'est bien le FN qui a raison quoiqu'en pense nos bon samaritains de l'immigration sans fin et quelque soit le degrés de médiocrité des arguments du FN.  Mais il faudra tôt ou tard résoudre la question de la concentration on peut pour cela imaginer plusieurs moyens je n'entrerai pas dans le détail ici je l'avais fait cet été dans ce texte.

 

L'immigration une lutte entre démagogue

 

    On conclura ici que l'absence de débat pendant des années sur cette question a laissé le champ libre à tout les discours les plus extrémistes. D'un coté une extrême droite qui exagère largement le poids des immigrés dans le pays, de l'autre une gauche qui transforme en fasciste toute personne se posant légitimement des questions quant à l'avenir de certains territoires face à ce qu'il faut bien appeler un excès de concentration migratoire. Heureusement pour nous la démographie va calmer le jeu dans les années avenir, en effet la baisse de la natalité chez les immigrés est une tendance lourde et inéluctable qui additionné avec un léger rebond de la natalité des français historiques permettra de limiter ces excès de concentration étrangère à quelques endroits bien délimités, on pense bien sûr par exemple  à la Seine-Saint-Denis. Car si les jeunes d'origine immigrés font tant de bruit à l'heure actuelle c'est qu'il sont nombreux en proportion des jeunes de15-25, ces derniers sont née entre 1985 et  1995 période où les immigrés avaient encore une natalité trés forte alors que la natalité française moyenne était tombée à 1.6. Par la suite la natalité est remontée dans le pays, celle des immigrés, nord africains notamment, s'est aligné progressivement sur la moyenne nationale, à l'image de la baisse de la natalité au maghreb. Par exemple l'Algérie est à 1.9 enfants par femme à l'heure actuelle, moins que la France, alors qu'elle était encore à 3.5 en 1995. Cette alignement devrait dans les années avenir calmer la situation, d'une part en mettant fin à la grande peur de l'invasion qui nourrit le FN, d'autre part en réduisant mécaniquement la possibilité du comunautarisme par le simple jeu des rapports de force démographique.

 

Cependant il est clair que seule une politique volontariste visant à briser la concentration pourra vraiment agir sur ce communautarisme dans les lieux où les étrangers sont d'ors et déjà majoritaires. Mais une telle politique ne peut être imaginée que si l'on cesse de faire de l'idéologie dans un camp comme dans l'autre. Personne en France ne souhaite une nouvelle guerre des religions ou une épuration ethnique, il serait donc temps de se comporter en adulte et de regarder les choses en face sans pour autant paniquer et laisser la peur nous guider. C'est seulement  lorsque la raison reprendra sa place sur la question migratoire et la question de l'intégration que nous pourrons enfin avancer.

 

 

 

 

 

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commentaires

F
<br /> Yann desolé de vous décevoir mais la fecondité en Algérie est remonté à 2,7 ces dix derniers années, par ailleurs on n'a pas des chiffres sur la fecondité des immigrés algériens en France<br /> pour faire une comparaison.<br /> <br /> <br /> http://www.ined.fr/fichier/t_publication/1581/publi_pdf1_486.pdf<br />
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D
<br /> <br /> De bons raisonnements dans cet article. Par contre je voudrais ajouter que l'avancée du communautarisme est aggravée par des cultures qui ont été faconnées par une religion qui pousse au repli<br /> communautaire. On supporterait bien mieux des quartiers chinois ou indiens. D'ailleurs a Paris ce sont les chinois qui ont manifesté contre la violence et les vols quotidiens et cela s'est<br /> terminé par des affrontement interethniques contre de jeunes africains du nord ou subsahariens. Si on a besoin d'immigration il faudra eviter certaines regions du monde on s'eviterait un tas de<br /> problemes. Vous dites bien que les humains ne sont pas remplacables comme des Legos.<br /> <br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> @Jardidi & Jérémy Cloutier<br /> <br /> <br /> Enfin même en Afrique noir la transition a déjà commencé même s'ils sont les plus en retard, un pays comme le Sénégal est déjà à 2.6 par exemple. Et puis en proportion les immigrés de l'Afrique<br /> noir sont quand même largement moins nombreux que les maghrebins.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Sur la fuite des français historique en réalité elle a précédé l'immigration de masse. Les français de la classe moyenne ont eu le rêve américain dans leur tête à la fin des années 60 et au début<br /> des années 70. La classe moyenne s'est d'abord éloignée des banlieue pour une simple raison de standing. Une fois la classe moyenne partie ne restait que la classe ouvrière de plus en plus isolé<br /> et en trop faible nombre pour assimiler des immigrés venant remplacer la classe moyenne dans ces quartiers. Si aujourd'hui on fuit ces quartiers à cause de leur délinquence ou du surnombe<br /> d'immigrés, cela n'a pas été la raison première. Il y a eu un enchainement historique qui a fini par produire cette dangereuse concentration d'étrangers.<br /> <br /> <br />  @el topo<br /> <br /> <br /> Je sais que c'est un argument qui revient souvent mais il me semble que les problème d'intégration ne sont pas des problèmes franco-français. Il n'y a pas eu à proprement parlé d'idéologie de 68<br /> en Angleterre ou au Canada et l'on retrouve dans ces pays les mêmes problèmes. Est-ce que plus de patriotisme faciliterait l'intégration peut-être? Mais je ne vois pas comment relancer ce genre<br /> d'esprit dans un pays à ce point individualiste à moins d'une guerre ou d'un mouvement historique que l'on ne peut pas vraiment souhaiter. Je pense qu'en fait même avec un discours autre, nous<br /> aurions eu quand même de gros problèmes. Il n'y a qu'à voir les difficultés que rencontre les américains avec leur latinos ils ne sont pourtant pas avarent en chauvinisme et en nationalisme les<br /> ricains.<br /> <br /> <br /> <br />
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E
<br /> <br /> L'on peut aussi ajouter que l'un des éléments participant à la complexité du problème a été la diffusion de certaines idées gauchistes post-68 mal digérées selon lesquelles la nation, l'éducation<br /> républicaine et toute forme de rigueur sont au mieux ringards, au pire fascistes. Comment peut-on demander aux enfants d'immigrés d'aimer la France si une partie de sa population historique,<br /> minoritaire certes mais sociologiquement influente la déteste ! Ce courant, dont on peut dire qu'il est devenu culturellement hégémonique au sens gramscien du terme (et dont les figures de proue<br /> sont la chanson "Héxagone" et le film "Dupont-Lajoie") a été relayé par de nombreux enseignants, artistes et militants, parfois jusqu'au bout du monde:<br /> <br /> <br /> http://manutara.hautetfort.com/archive/2009/09/22/les-parfait.html<br /> <br /> <br /> Et il sera difficile de reconstruire le genre d'alchimie délicate dont nous avons besoin. Il est plus facile de se réfugier dans sa caricature made in FN.<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> @Yann<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Effectivement c'est bien la concentration d'une population donnée qui pose problème: Maliens à Montreuil, Cap-Verdiens à Athis-Mons... tout cela renforce le communautarisme et le séparatisme<br /> culturel, les français "historiques" ne se sentent pas à leur place et vous s'exiler ailleurs en campagne!<br /> <br /> <br /> Sur les taux de natalité, s' il est vrai que les français d'origine maghrébine maitrisent leur fécondité ce n'est pas encore le cas des français d'afrique sub-saharienne.<br /> <br /> <br /> <br />
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