Il est intéressant souvent d'un point de vue intellectuel de trouver des arguments à ses propres adversaires, surtout si ces derniers sont particulièrement nuls. Les défenseurs de l'euro se sont tellement reposer sur leur lauriers qu'ils ont peut-être perdu l'habitude d'argumenter de façon rationnelle. En l'espèce on peut se poser une question simple, qu'elle est l'avantage pratique de l'euro et quelle sont les possibilités qui s'offrent à l'UE pour sauver sa monnaie. Monnaie dont aujourd'hui bon nombre de personnes constatent que l'éventualité de son éclatement est de plus en plus probable. Je vais donc ici essayer de donner des arguments aux défenseurs de l'euro et des solutions rationnelles qu'ils pourraient peut-être employer, si par hasard, ils se mettaient à abandonner la scolastique religieuse européïste du genre, l'Europe c'est la paix, l'euro c'est la prospérité ou encore la monnaie unique c'est plus d'emplois. En effet ces arguments souvent employés à la grande époque de la télévision sont des arguments purement émotionnels ce sont des slogans publicitaires sans aucune démonstrations pratique. Ils passent donc très mal sur internet où la culture écrite reprend petit à petit sa place et où donc les sophistes perdent en éclat face aux rationalistes empiriques.
1-L'utilité de l'euro
Je suis le premier à critiquer l'euro, et je soutiens bien volontiers les personnages politiques qui montrent toute l'incohérence qu'il y a dans le fonctionnement actuelle de cette zone monétaire. Rapidement on dira que la zone monétaire européenne est non-optimale c'est à dire que la population ne se déplace pas librement à cause des frontières culturelles et linguistiques. Qu'il n'y a pas de solidarité européenne et les dernières décisions prisent sous l'influence allemande concernant les aides aux pays en difficulté ne font que confirmer cette réalité. Ensuite il n'y a pas de peuple européen en tant que tel, donc pas d'intérêt commun d'où puisse émerger une quelconque unité politique. Enfin la disparité fiscale entraine nécessairement une fuite liée à la libre circulation des capitaux, les pays ayant les fiscalités les plus basses pompant le revenue des autres dans une guerre fiscale sans fin, où les seules gagnant sont les rentiers et les multinationales. Vous connaissez ces arguments, je l'ai emplois souvent sous différentes formes. Mais il faut aussi dire que l'euro aurait pu être autre chose que ce qu'il est devenu, je ne parle pas ici de la monnaie commune, qui est une autre forme d'organisation, c'est d'ailleurs la solution qui préconise régulièrement Jacques Sapir. Non, je parle bien de l'euro monnaie unique.
La monnaie unique dans sa genèse avait pour but de palier aux effets dévastateurs du décrochage de l'or et du dollars, cette monnaie avait pour but de faire mentir John Connolly et sa célèbre phrase "Le dollars est notre monnaie, c'est votre problème". Les américains exportent leur inflation depuis les années 70 et jouent sur l'état déséquilibre hérité des trente glorieuses faisant des USA le consommateur en dernier ressort. L'euro a eu comme principal but de mettre fin aux variations erratiques des monnaies européennes et de supplanter le dollars comme monnaie de réserve, au moins en Europe. Et il faut bien dire que depuis l'avènement de l'euro il n'y a effectivement plus de variations brutales des monnaies européennes entre elles puisqu'elles n'existent plus. Bien sûr le gros problème c'est que la monnaie unique échange avec d'autres zones monétaires, et ce faisant, elle est un ilot de stabilité dans un océan d'anarchie monétaire. Le paquebot euro a donc bien du mal à manœuvrer vue sa masse. Autre problème l'euro n'a fait que déplacer le problème, on le voit bien aujourd'hui. Le marché au lieu de spéculer sur les monnaies directement s'est mis à spéculer sur les dettes d'état, faisant éclater l'unité des taux d'emprunt et menaçant en définitive l'édifice fragile de l'euro. Pour terminer aucun mécanisme n'a été pensé pour palier au différentiel de compétitivité intra-européen de sorte qu'un pays en déficit commercial n'a aucun outil pour améliorer sa situation. Autre avantage de l'euro de part sa taille les européen peuvent pousser les pays producteurs de pétrole à vendre en euro ce qui de facto enlève un des gros avantages du dollars. Grâce à cela il n'est plus besoin pour les pays européens d'avoir des réserves de dollars puisqu'ils pourraient éventuellement acheter dans leur propre monnaie les matières premières. Car si les pays européens avaient dans les années 60-70 des réserves en dollars ce n'était pas tant à cause de leur dépendance à l'égard du marché américain qu'à cause de leur dépendance au pétrole. Évidement cet avantage était hypothétique et aujourd'hui les européens continuent d'acheter leurs matière premières avec des dollars ce denier n'ayant pas été supplanté.
2-Comment sauver la zone euro
Il s'agit ici de réfléchir à la sauvegarde de l'euro tel qu'il a été conçu et non de le transformer en monnaie commune ou en autre chose. Comment sauver cette monnaie qui a été si mal pensée? Nous devons pour y parvenir contrecarrer les principaux problèmes qu'occasionne une zone monétaire non-optimale et les déséquilibres actuels. En premier comment faire pour que les dettes des états ne soient plus soumises le jeu des marchés? Et bien il faut faire en sorte que les pays membres empruntent directement à la BCE. Ce faisant l'influence néfaste des marchés spéculatifs deviennent nul, on remarquera au passage l'étrangeté du fait que les européens n'y aient pas pensé plus tôt, mais c'est vrai qu'il fallait du carburant pour alimenter la finance mondiale. Bien évidemment on entre là en contradiction avec la peur de l'inflation les allemands redoutant l'abus d'emprunt en cas de nationalisation ou d'européanisation monétaire. Pour ce qui est du problème de la concurrence fiscale nous avons deux solutions, soit nous uniformisons la fiscalité en Europe, c'est la solution théorique simpliste qui est répété à satiété dans les salons parisiens. Soit nous contrôlons à nouveau la circulation des capitaux, en mettant fin ainsi à la fuite fiscale de bonnes taxes décourageant les fuites. On pourrait au passage trouver un moyen pour exclure les investissements productifs de ces taxes pour garder ce qui est intéressant dans libre circulation des capitaux, les transfères techniques par investissement direct des entreprises. La première solution est tout simplement politiquement infaisable, elle a en plus comme gros inconvénient de nuire à la liberté des peuples à choisir leur propre régime fiscal, c'est donc une non-solution. Seule la deuxième est donc réalisable mais elle demande au préalable de rompre avec l'idée que la liberté totale est une bonne chose en tout.
Enfin, dernier problème soulevé par l'euro, c'est l'incapacité des pays membres à se protéger lorsqu'ils ont un déficit commercial. Il y a deux dimensions à ce problème, la dimension relevant du rapport entre la zone euro et l'extérieur de la zone euro, où là on peut éventuellement solutionner la question par une dévaluation. Ainsi une dévaluation de l'euro pourrait améliorer la balance commerciale des pays déficitaire vis à vis de la Chine par exemple, sans pour autant vraiment nuire aux autres. Mais il y a aussi un problème interne à la zone euro car il n'y a aucun mécanisme qui puisse rééquilibrer balances commerciales entre membre de la zone. C'est une question qui n'est jamais vraiment aborder et que l'on cache derrière l'ogre chinois. Comme Jacques Sapir l'a dit récemment l'Allemagne fait ses excédents commerciaux essentiellement avec ses voisins. L'Allemagne est notre premier déficit commercial, devant la Chine. On comprendra bien qu'un protectionnisme européen ou une dévaluation de l'euro ne peut pas résoudre ce problème là. Si l'on veut résoudre cette question on a deux solutions soit on fait éclater l'euro, c'est la solution de NDA ou de Sapir, l'euro monnaie commune revient lui aussi à faire éclater la zone. Ou alors on autorise une politique protectionniste à l'intérieur de la zone euro. On peut faire de l'euro un bancor local dans lequel les déséquilibres commerciaux seraient proscrits. On punirait les excédents en obligeant le pays excédentaires soit à importer plus, soit à accepter des taxes ou des quotas de la part des pays déficitaires jusqu'au retour à l'équilibre.
On le voit bien les solutions pour sauver l'euro tel qu'il est, sont des solutions qu'il faudrait de toute manière pratiquer si nous sortions de la monnaie unique. En cela il s'agirait de faire de l'Europe une espèce de forteresse protégée de la mondialisation, c'est à dire très exactement ce que les européïstes ont vendu à nos concitoyens pendant le referendum sur Maastricht. Il n'ont bien sûr jamais cru à leurs mensonges parce qu'ils ont toujours cru que la libéralisation totale était formidable pour l'économie. Étrangement il faudrait mettre en pratique cette protection européenne pour sauver l'euro, les euroéïstes se retrouvent donc un peu comme les socialistes français en 83. A l'époque les socialistes ont dû choisir entre l'Europe et le plein emploi en France à travers la dévaluation et le protectionnisme. Et ils ont fait alors le mauvais choix pour de bonnes raisons, en effet les socialistes voulaient utiliser l'Europe pour faire un keynésianisme continental on sait ce qui s'est passé par la suite l'Europe s'est retournée contre eux. Aujourd'hui les européïstes doivent choisir entre le libre-échange totale, la liberté de circulation des capitaux et l'euro. S'il choisissent le libéralisme, ce qui est quasiment certains, ils auront quand même le protectionnisme car la zone euro en éclatant obligera les pays européens à se protéger à nouveau et à faire ce qu'ils n'imaginent pas faire avec l'UE actuelle. On peut donc dire que les européïstes libéraux font au contraire des socialistes en 83, de bons choix pour de mauvaises raisons et là aussi cela se retournera contre eux. Ils obligeront l'euro à éclater par leur dogmatisme fanatique et produiront à terme un retour brutal des politiques qu'ils craignent le plus.