Dominique Strauss Khan vient à nouveau de faire parler de lui, mais pas forcément en sa faveur. Notre candidat potentiellement le mieux placé à gauche vient en effet de se faire arrêter aux USA pour agressionsexuelle. Je tiens à préciser avant toute chose que l'on ne sait pas encore grand-chose des accusations. Même si l'on déteste cet homme et ses idées, ce qui est mon cas, il est présumé innocent jusqu'à preuve du contraire. Même s'il est vrai qu'aux USA c'est l'inverse un accusé doit démontrer qu'il est innocent. C'est une précaution d'autant plus importante à prendre que l'on sait que les USA sont aussi connus pour leurs absurdités judiciaires en matière de mœurs. Les féministes enragées américaines ayant transformé le rapport homme femme en lutte sanguinaire, produisant une société où les sexes se séparent comme en Arabie Saoudite, mais pour des raisons de sécurité judiciaire. Il se pourrait simplement que notre DSK soit victime d'un de ces excès typiquement nord-américains et d'une accusation à but purement pécuniaire. Cependant cette affaire, si elle est fondée et même si elle ne l'est pas, pourrait quand même remettre en cause la candidature de DSK ce qui pourrait bouleverser la situation électorale en France. Car l'élection n'est pas pour dans très longtemps et ce genre d'affaires pourrait bien durer plus que le laps de temps qui nous sépare de 2012. Ce qui ipso facto met fin à la candidature de DSK.
Et si DSK n'était pas candidat?
On pourrait donc se poser la question de savoir ce qui se passerait électoralement si DSK n'était pas candidat. Si l'on se fit aux divers sondages d'opinion qui ont été réalisés sur les candidatures potentielles, on pourrait conclure à une catastrophe pour le PS. En effet d'après la plupart des sondages DSK était le candidat socialiste avec le plus fort potentiel électoral, sa non-candidature pourrait donc provoquer une catastrophe pour les socialistes aux prochaines élections. D'autant qu'avec sa disparition il pourrait très bien y avoir quelques nouvelles personnalités du parti tentées par une candidature. Auquel cas la disparition électorale de DSK pourrait produire une véritable guerre des candidats au PS. D'autant que les divergences à l'intérieur du PS augmentent, ce parti étant partagé depuis longtemps entre l'idée qu'il se fait de lui-même, à savoir, être un parti social et sa base électorale liée à ses choix économiques favorables aux classes moyennes supérieures. Lorsque l'on voit les propositions du think tank proche de DSK, Terra nova, et ses propositions toutes plus libérales les unes que les autres et les réactions de rejet que cela suscite, on se dit, que le PS n'est pas si stable que cela et pourrait très bien éclater. Un éclatement qui pourrait être produit par les pressions croissantes exercées par les multiples courants se partageant l'électorat centriste et libéral allant du Modem à Europe Ecologie, en passant par Borloo. À cela s'ajoute la pression exercée par Mélenchon et de l'autre côté Marine Le Pen qui désormais est largement majoritaire chez les ouvriers et les couches populaires. D'ailleurs, même les classes moyennes aisées commencent à ressentir les effets dévastateurs de l'euro et du libre-échange. Il n'est pas dit qu'elles de finiront pas dans le giron de la seule alternative économique qui puissent paraître crédible celle du FN. Mais le PS ne veut pas choisir entre son socialisme et son internationalisme libéral. Il essaie de mélanger la carpe et le lapin.
Le PS a de moins en moins la possibilité de jouer sur tous les tableaux comme il l'a fait depuis le tournant de la rigueur dans les années 80. Il a voulu se maintenir chez les couches populaires avec des discours sociaux, mais des pratiques libérales libertaires qui plaisaient aux classes aisées. Cette dichotomie ne fonctionne plus, ou, en tout cas, de moins en moins. Le PS va devoir enfin trancher et choisir son camp. C'est le sens des propositions de la fondation Terra Nova qui voulait que le PS abandonne la classe ouvrière française pour se focaliser sur sa réélection et son « marché » électoral propre le bobo du centre des grandes villes en quelque sorte. La candidature de DSK aurait pu valider cette évolution définitive et comme je l'avais écrit dans un autre texte, le plan idéal de cette transformation assumée aurait été un match DSK/ LE PEN au second tour de la présidentielle avec une victoire écrasante de DSK. Ce dernier aurait pu produire la purge libérale dont le pays a tellement besoin d'après les libéraux et cela avec une validation démocratique apparemment totale puisque résultant d'une victoire écrasante au second tour, le FN jouant le rôle de grand repoussoir des idées nationales et protectionnistes. Manque de chance, ce beau scénario vient de tomber à l'eau, encore une farce de la ruse de l'histoire.
La fin de la candidature DSK serait une chance pour le PS
Mais on pourrait aussi faire un raisonnement tout à fait différent de celui-ci et envisager que peut-être le libéralisme affiché de DSK aurait été plus un handicap qu'autre chose pour des élections présidentielles. Il aurait peut-être eu beaucoup de difficultés à s'imposer au premier tour, surtout avec l'orgie de candidats centristes et libéraux Borloo, Bayrou, Villepin, Hulot... Il y avait embouteillage au centre. Un candidat moins marqué libéral idéologiquement pourrait donc en fait être une vraie chance pour le parti socialiste, enfin sauf s'il s'agit de mettre François Hollande à la place. Et soyons fou, c'est peut-être le moment pour les quelques socialistes ayant encore un minimum le sens de l'intérêt général, de proposer des politiques radicalement différentes de celle du camp dominant Strauskhanien, aujourd'hui vaincu par une affaire de mœurs. Il paraît qu'il y a des gens qui défendent l'idée protectionniste au PS. Il serait peut-être temps qu'ils se montrent plus féroces. D'autant que la seule force réelle de la candidature DSK était sa marque de « sérieux », notre coureur de jupon étant également président du FMI. C'était la seule façon d'imposer un candidat encore plus libéral que Sarkozy à la tête de l'état français, en vendant à la population l'idée que DSK était le meilleur économiste de France, à l'image d'un autre fossoyeur de l'économie française jadis premier ministre. Imposer un candidat libéral qui n'aurait pas cette aura serait suicidaire sur le plan électoral pour le PS, son électorat se réduisant à rien face à la concurrence au centre. On peut donc espérer que le futur candidat du PS n'ait pas l'intention de prendre conseil chez Terra nova à moins d'une envie de suicide collectif chez les socialistes.