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8 octobre 2019 2 08 /10 /octobre /2019 16:49

 

Si l'affaire ne fait pas forcément grand bruit dans les médias. Surtout comparativement aux multiples affaires de divertissement sociales du terrorisme islamiste aux nombreuses divagations d'Éric Zemmour, elle est pourtant nettement plus importante et exemplaire. Il s'agit bien sûr de la question de la crise énorme qui sévit en chine sur la viande de porc. Il s'agit là d'un problème important parce que la structure libérale de notre économie et l'absence de frontières commerciales vont permettre aux crises de s'exporter chez nous. En ce sens, la crise du porc chinois est emblématique de l'absurdité de la globalisation commerciale. Une globalisation qu'on a eue de cesse depuis quarante années de nous vendre comme une immense opportunité.

 

 

Tout d'abord, rappelons une évidence, plus il y a d'échanges, plus il y a de risques de transmission de maladies. Cette évidence fait même craindre à l'OMS des épidémies de virus ou de bactéries d'ampleurs jamais vues dans les décennies qui viennent. On ajoutera d'ailleurs au passage que l'abus des antibiotiques produit lui aussi une montée en flèche des résistances aux bactéries que ce soit chez les humains ou chez les animaux d'élevage. Petite anecdote du même acabit, les cafards et les blattes sont en route pour une victoire contre l'industrie des pesticides et de l'humanité. En effet, on a appris cet été que de plus en plus de ces petites bestioles résistent à la totalité des pesticides connus. On imagine les ravages si une telle évolution touchait des ravageurs de cultures comme les doryphores.

 

Dans le cadre de l'élevage l'usage décomplexé des antibiotiques sous la pression du marché libre et de la dérégulation économique y entraînent même un usage extrême. L'on peut être sûr que si des super maladies apparaissent elles le feront d'abord dans le secteur de l'industrie agroalimentaire. Et la vitesse à laquelle se déplacent les populations et les marchandises aujourd'hui rend extrêmement difficile un éventuel contrôle de la circulation en cas de crise sérieuse à ce sujet. La crise porcine chinoise a ainsi des origines africaines, chose qui aurait été impossible il y a seulement 50 ans. De fait, la mondialisation n'a pas renforcé l'humanité, mais l'a globalement fortement affaibli d'une part en éliminant le partitionnement naturellement des populations qui était un frein naturel aux épidémies. Mais aussi en favorisant par les multiples échanges les mutations possibles et l'acclimatation de maladies et d'espèce ravageuses lorsqu'elles sont implantées par inadvertance dans des milieux qui leur sont étrangers. Les exemples en la matière pullulent. Il est d'ailleurs incroyable de lire des prétendus écologistes d'une part critiquer à raison l'implantation d'espèce invasive en dehors de leurs milieux naturels. Tout en ne faisant pas le même raisonnement sur le commerce, la démographie et les hommes. Car oui ce qui est mauvais sur le plan naturel l'est aussi pour les cultures et les sociétés, nous en avons un exemple avec l'importation du radicalisme islamique à travers l'importation de populations musulmanes.

 

La crise de la pomme de terre irlandaise au 19e siècle

 

Mais la crise la plus palpable que produit cet effondrement de la production porcine en Chine c'est bien évidemment son effet à travers les prix du marché. Ne nous y trompons pas, il s'agit là d'une prémisse des multiples problèmes qui vont apparaître dans les décennies qui viennent. D'une part à cause du libre-échange, ensuite parce que le modèle de développement économique actuel va produire des pressions de plus en plus fortes sur les ressources de la planète. De telle sorte qu'un jour ou l'autre la France va se retrouver face à une question lancinante et fondamentale. Faut-il nourrir les nôtres avant les autres ? L'illusion de richesse produite par le libre-échange qu'on pourrait qualifier de grand gaspillage planétaire a atteint ses limites. En promulguant le même modèle de développement pour la planète entière et en spécialisant des régions gigantesques dans telle ou telle production, il a mécaniquement créé d'énormes déséquilibres entre les sociétés humaines et leur environnement proche.

 

Cette uniformisation des concepts, de la façon de voir le monde, et de la manière de vivre entre en contradiction avec l'efficacité des systèmes naturels comme je l'avais expliqué dans un vieux texte de 2014. Les sociétés humaines réellement efficaces sont celles dont le système économique est encastré dans leur géographie et leurs contraintes naturelles. On mange du pain en France parce que le blé pousse très bien sur les plaines de la Beauce. On mange du riz au Japon parce qu'il y a beaucoup de rizières et que le climat y est propice. Les sociétés humaines et leur culture sont le produit de ces contraintes multimillénaires. Le libre-échange a cassé cet équilibre en permettant à n'importe qui de consommer n'importe quoi n'importe où. Créant des aberrations géantes comme les villes sans avenir du désert de Dubaï totalement énergivore et non viable sans un gaspillage énergétique monstrueux. Ou en faisant des petits Pays-Bas un énorme exportateur de fruit et légume en épuisant ses sols avec une agriculture totalement folle et dépendante du gaz local qui s'épuise. De la même manière, les Chinois et les Indiens mangeaient peu de viande parce que leur densité de population largement supérieure à celle de l'Europe de l'Ouest rendait cette consommation en masse impossible. Sans le savoir, les Indiens ne sont pas végétariens uniquement par croyance. Leur croyance les a poussés à se comporter de façon compatible avec leur environnement immédiat. C'est l'avènement de l'agriculture intensive et de l'usage de produit pétrolier qui a rendu momentanément possible ces changements dangereux. Rien n'interdit bien évidemment que des progrès puissent faire coïncider ce changement de pratique de consommation avec leur environnement. Mais à l'heure actuelle, c'est loin d'être encore le cas.

 

De fait, ces énormes pays importent de plus en plus de nourriture et font donc monter les prix de porcs dans le cas qui nous intéresse présentement. Cette affaire nous questionne donc sur l'intérêt pour nos pays à exporter nos denrées. J'ai souvent parlé sur ce blog des effets délétères du libre-échange dans nos capacités de production. L'importation massive de produits asiatiques, allemands ou d'Europe de l'Est a détruit une bonne partie des capacités de production française. Mettant ainsi la France sous la menace pure et simple d'une perte totale de capacité d'autonomie. C'est d'ailleurs vrai aussi sur le plan agricole tant les dégâts de l'euro sont catastrophiques pour nos producteurs. Mais les exportations sont également problématiques. En effet, exporter revient à caler les prix de production nationaux sur les prix mondiaux. Si demain les producteurs locaux ont plus intérêt à exporter qu'à vendre localement qu’adviendrait-il du remplissage des besoins locaux ? Comme on l'a vu dans le cas des médicaments où la France subit désormais des pénuries systématiques, il n'est pas à exclure que la France à l'avenir ait des pénuries alimentaires ou que l'inflation des prix mondiaux sous la pression chinoise entraîne une incapacité pour de plus en plus de français de se nourrir. Et cette question n'est pas nouvelle.

 

Au 19e siècle le libre-échange a entraîné la tristement célèbre crise irlandaise. Une crise où la Grande-Bretagne a préféré les dogmes du marché libre à la régulation des prix et à la nourriture des Irlandais entraînant une famine invraisemblable qui fit un million de morts et un million et demi d'expatriés vers l'Amérique . L'on a fait le procès du communisme et du nazisme il faudra un jour faire celui du libéralisme. Car si le communisme avait comme maladie les fréquentes inadéquations entre la production et l'offre le capitalisme dérégulé a des tares tout aussi graves qui peuvent produire la mort en quantité industrielle. Les états régulés d'après-guerre ont fait oublier les crimes du libéralisme qui s'est fait tout petit pendant trente ans, mais il est aujourd'hui de retour dans toute sa violence et ses conséquences.

 

Interdépendance et chaos structurel

 

Cette crise porcine va donc faire grimper le prix du porc en France alors que la France ne connaît aucun problème de production. Elle a surtout un problème de distribution avec une trop grande concentration des centrales d'achat produit de ce qu'il faut bien appeler le cartel de la grande distribution. Système qui favorise beaucoup trop les intermédiaires au détriment des producteurs et des consommateurs. Mais voilà un problème particulier résultant de la spécialisation débile de nations entières. Verra-t-on en 2025 ou 2030 une France crier famine pendant que les entreprises d'exportation se feront des valises de platine pour nourrir la Chine ? Croit-on sérieusement qu'une société qui tourne ainsi puisse être durablement stable et saine ? Le système de production d'une nation ne doit-il pas plutôt d'abord remplir les besoins locaux avant toute chose?

 

Autre problème, ces interactions de plus en plus complexes produites par le libre-échange et la libre circulation des capitaux entrainent une incompréhension de plus en plus grande de l'économie. Ainsi la récente crise des liquidités est advenue sans une réelle anticipation des autorités. Comme le rappelle l'économiste pourtant très libéral Bruno Bertez : « Le vrai problème selon nous, ce n’est pas le coté spectaculaire des masses en jeu, nous sommes habitués à tout cela et nous savons que les sommes que brassent le monétaire, le funding, les changes, les dérivés sont astronomiques. Non ce qui est absolument effrayant c’est de constater que personne n’a une explication crédible à avancer. » Un aveu pour un libéral que le grand mécano des marchés libres avait accouché d'un monde irrationnel et imprédictible.

 

Et pourtant c'est quelque chose de très connu en science de l'automatique par exemple. Une science qui consiste à modéliser des systèmes complexes et à les réguler en fonction de ces modèles. De fait pour qu'un système soit gouvernable il faut déjà être capable de modéliser le système en question. Plus vous avez d'entrées et de paramètres et plus la modélisation est difficile. Le pire étant probablement le climat bien que certains prétendent le comprendre parfaitement grâce à leurs prédictions apocalyptiques. Rappelons qu'un simple système à double pendule est chaotique par exemple. On voit ici que les apprentis sorciers de la finance qui croient maîtriser un machin aussi complexe que leur globalisation sont passablement prétentieux. Ensuite, il faut des entrées de commande dans le système pour le commander. Sur un système électrique, la régulation est faite souvent par la tension électrique ou la fréquence d'un signal. Dans le système économique, il n'y a guère que l'état et les banques centrales à pouvoir intervenir. Vous remarquerez que l'état a été éjecté de l'équation, ne reste plus que les banques centrales.

 

De fait, tout ce qui concourt à complexifier les interactions économiques tend à rendre le système de moins en moins gouvernable et de plus en plus chaotique. La crise porcine tout comme la pénurie des médicaments ne sont pas de simples aléas, ils sont le produit de ces dérégulations, de cette volonté de rendre notre système économique ingouvernable et donc chaotique. Certains bien évidemment y gagnent, mais pour la majorité le coût dépasse désormais largement les gains mêmes si une grande part de la population ne s'en est toujours pas rendu compte. Si nous voulons à nouveau être maitres de notre destin commun, si nous voulons rendre un sens au mot démocratie. Il faut donc rendre à nouveau intelligible les interactions économiques, et donc rendre gouvernables notre société. Il est plus que temps de minimiser les interactions avec l'extérieur. De minimiser les importations, mais aussi les exportations. Et ainsi de rendre à nouveau notre système de production compatible avec son cadre naturel et géographique. Ce sera mieux pour la planète, mais aussi beaucoup mieux pour la sécurité des Français à long terme ainsi que pour la stabilité sociale dans son ensemble. Pour paraphraser Albert Camus mettre de la complexité dans le système économique, c'est ajouter au malheur du monde. C'est en simplifiant le système économique grâce aux frontières commerciales, financières et démographiques, que l'on pourra à nouveau rendre notre monde intelligible, et donc gouvernable.

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11 septembre 2019 3 11 /09 /septembre /2019 21:35

 

Quel drôle de monde tout de même que celui où un footballeur inutile et surpayé se met à donner des leçons de réflexions, et où tout le monde semble prendre sa parole pour argent comptant. Le spectacle et la société du spectacle ont atteint des sommets dans l'absurde . Voici donc monsieur Lilian Thuram ancien footballeur de son état qui déclenche une lutte dans le camp du bien, à savoir dans le camp qui juge le bien pour les autres, et ce depuis des décennies. Les propos de monsieur Thuram sont absurdes, c'est une évidence. Il caractérise un esprit particulièrement raciste en réalité puisqu'il résume la culture à une couleur de peau. Monsieur Thuram parlant de culture blanche et de culture noire, ce qui est une marque d’imbécillité évidente. Quel est donc le rapport culturel entre un chrétien noir d'Haïti et celle d'un sénégalais musulman en dehors de sa couleur de peau ? Les Français sont-ils identiques aux Russes ou aux Allemands sous prétexte qu'ils sont blancs ? Un Japonais sera probablement content d'apprendre qu'il fait partie de la culture jaune comme les Chinois ou les Mongoles. Il est quand même curieux de voir à quel niveau de simplisme et de stupidité l'idéologie de l'antiracisme permanent a pu tomber pour produire de telles inepties réductrices.

 

Il faut dire que les médias n'aident pas. L'on pourrait même assurément affirmer qu'ils sont à la source du problème puisque ces discours simplistes permettent de faire du buzz à peu de frais et de nourrir la bête de l'audimat qui maintient les revenus publicitaires. Le phénomène de l'antiracisme tout comme celui de l'écologisme délirant ou du féminisme paranoïaque sont tous des produits de grande consommation médiatique qui font tourner la machine commerciale. Et plus les sujets sont absurdes, plus ils font de l'audience et attirent la démagogie . Avec en queue de peloton les politiques qui se verront contraints de prendre des mesures tout aussi absurdes que le sujet pour calmer la hargne médiatique . On ne saurait mieux ici résumer le fonctionnement actuel de nos sociétés tourné autour de l'immédiateté médiatique. Avec des conséquences graves puisque l'on finit par avaliser petit à petit la vision délirante de ces partisans du séparatisme permanent. On légitime depuis quarante ans la parole de dingues largement minoritaires qui ne représentent qu'eux-mêmes, quand ils ne sont pas carrément financés par des pays étrangers. On pense ici par exemple à l'entrisme islamiste qui passe par le financement étranger de pays souvent eux même peu soucieux de leurs propres minorités. Les lobbys noirs en France sont en partie financés et encouragés par les USA qui s'en servent de moyen d'expansion idéologique et culturel. On pourrait tout autant d'ailleurs se poser des questions sur le Crif qui a beaucoup fait pour communautariser les débats en France . Il faudra un jour se poser sérieusement la question de l'interdiction de toutes ces associations communautaires dont le seul but est de se créer une raison d'être et un marché de captifs communautaires, quand ils ne sont pas là simplement pour nuire à l'intérêt de la nation française et des Français.

 

Le communautarisme est une importation culturelle

 

Tous ces débats impensables il y a quarante ans en France sont avant tout le produit d'une colonisation culturelle. L'imaginaire d'une partie importante de la population française est aujourd'hui empoisonné par l'imaginaire culturel américain. Le communautarisme est le fruit pourri de cette colonisation de l'imaginaire. Les références permanentes à la communauté sont un contre sens à l'organisation sociale française. Car en France il n'y a qu'une seule communauté, la communauté française. Chaque citoyen est responsable de ses actes en tant que tels, ses droits et ses devoirs répondent uniquement à sa propre personne et à son propre comportement. À partir du moment où vous réduisez un individu à son sexe,sa religion, sa couleur de peau, sa communauté imaginaire vous entrez dans la spirale sans fin des guerres communautaires et vous créez une nouvelle société de caste où les droits des individus dépendent à nouveau de leur origine de naissance. On appelle ça l’essentialisation des individus et l'on sait historiquement où l'essentialisation peut mener. Et même si les communautaristes font une adulation de telle ou telle culture, couleur, sexe, il faut rappeler ce que René Girad avait bien montré dans ses œuvres. Le bouc émissaire est un Janus à deux visages. L'un est haineux et fait porter au bouc émissaire toute la responsabilité de ses misères et de ses problèmes. Mais l'autre visage moins connu du bouc émissaire est une adulation sans faille qui bien souvent précède l'arrivée du visage de haine. L'autre est alors glorifié de façon absurde possédant toute les qualités qui font défaut à la majorité. En ce sens, la xénophilie délirante est en soi extrêmement dangereuse. Non seulement parce qu'elle fabrique une injustice en donnant des droits particuliers à tel ou tel individu parce qu'il a une couleur de peau ou une particularité culturelle. Mais aussi parce qu'elle est en fait le prélude au second visage du bouc émissaire. Le second visage se nourrissant probablement de la rancœur et de la colère que portait en lui le premier. L'on ne corrige pas des injustices en en créant d'autres surtout quand ces injustices sont souvent de purs fantasmes. J'ai toujours trouvé incroyablement stupide l'idée de combattre le racisme par des politiques multiculturelles et communautaristes puisqu’en définitive le communautarisme n'est rien d'autre qu'un racisme organisé. Une séparation organisée des groupes humains sur le territoire au nom d'identités fantasmées.

 

Le racisme, tout comme l'esclavage, n'a pas de couleur

 

Les communautaristes s'appuient depuis longtemps sur une forme d'illogisme fondamentale qui consiste à tordre le coup à la rigueur intellectuel. On en a une nouvelle preuve dans ce texte pathétique provenant du site des Inrocks . Ainsi madame Rokhaya Diallo nous dit promptement « "Racisme anti-Blancs." D'un point de vue sociologique, l'expression apparaît comme une fiction, une aberration. » . Quelle affirmation grotesque! Il est évident quand dans un pays encore largement majoritairement blanc le niveau de racisme en entreprise ou dans le logement est extrêmement bas pour les autochtones. C'est une lapalissade que de le dire. C'est d'autant plus vrai que les populations blanches ont en moyenne un niveau de vie et d'étude supérieure puisque par définition la plupart des immigrés viennent de régions plus pauvres et moins avancées. On ne change pas de statut social instantanément surtout dans un pays qui produit malheureusement beaucoup de chômage avec des politiques économiques stupides. Mais est-ce que cela veut dire pour autant que les blancs ne sont pas victimes de racismes ? Y a-t-il eu seulement quelques études sérieuses sur le sujet ? Et quid des entreprises ethniques qui se multiplient ? Trouve-t-on beaucoup de français dans les restaurants vietnamiens ou les commerces tenus par les minorités ethniques ? Quelque chose me dit que si étude il y avait, on aurait de grosses surprises sur la proportion de racisme dans l'embauche chez ces minorités.

 

Mais passons cette question sociologique. La question du racisme n'est pas une question de sociologie uniquement. Quand une personne en agresse une autre pour sa couleur de peau c'est du racisme que cette personne soit noire, blanche, arabe ou autre. Vouloir comme le fait madame Rokhaya Diallo coloriser le droit d'être ou non une victime relève pour le coup véritablement du racisme puisqu'elle essentialise les blancs en disant qu'il ne saurait y avoir de racisme contre les blancs soi-disant pour des questions sociologiques. Et le plus drôle c'est qu'au moment même où cette dame dit cela l'on voit l'Afrique du Sud s'enfoncer dans une avalanche d'actes racistes contre les minorités étrangères du pays et une association noire la LDNA qui a fait un appel au meurtre des blancs et des Asiatiques. On appelle ça une démonstration par l'absurde littéralement.

 

Le problème de madame Diallo comme celui de la plupart des personnes se revendiquant communautariste sans complexe c'est qu'ils cachent leurs vraies intentions. Ils essaient d'obtenir des droits de naissances particuliers et totalement contraires aux principes de la nation française. Et ils ne comprennent pas qu'en essayant d'importer un modèle de société raciste en France, car le communautarisme je le répète c'est le racisme organisé, ils ne font qu'attiser la colère d'un peuple farouchement attaché justement à l'idée d'égalité. Et quand je lis « Et ainsi, cela permet de relativiser d'une certaine manière le racisme systémique français. » Je me demande vraiment si cette dame connaît la France ou si elle colle sur la France des études sociologiques faites aux USA . Un enfant noir en France a exactement les mêmes droits qu'un blanc ni plus ni moins. Il a accès aux soins et à l'école gratuite. Il a en plus droit à d’innombrables aides de toutes sortes qui ne sont effectivement pas données en fonction de la couleur de peau, mais du statut sociale ce que regrette probablement madame Diallo. Je trouve effarant de se prétendre intellectuel et d'affirmer comme elle qu'il y aurait une espèce de racisme d'état alors que la France est une des nations les plus généreuses qui soient. Ce que risquent ces apprentis sorciers qui croient être aux USA alors qu'ils vivent en France c'est de surtout mettre la population française dans une situation de ras-le-bol généralisé. Les principaux promoteurs du racisme sont en réalité aujourd'hui ces pseudo-antiracistes de pacotille. Il est temps en France d'interdire les associations communautaires purement et simplement.

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31 août 2019 6 31 /08 /août /2019 15:54

L'on commence dans les médias à parler du ralentissement extrêmement fort de l'économie allemande. Jacques Sapir vient même de faire une petite vidéo sur la question de la récession mondiale qui risque de produire d'ici la fin de l'année. L'on pourrait ici rebondir sur les propos de Jacques Sapir en soulignant le fait qu'en réalité l'UE et la zone euro ne sont en fait jamais sorties de la crise de 2008-2009. Le PIB n'a pas progressé sur les dix dernières années ce qui en soi dénote une situation absolument dramatique d'un point de vue macroéconomique même si les situations entre les différents membres de la zone euro divergent fortement . La zone euro est en fait maintenant dans une situation qui ressemble de plus en plus à une dépression permanente. La situation démographique dramatique du continent aggravant encore plus la situation de faiblesse de la demande intérieure déjà provoquée par le libre-échange et l'euro. À côté de la situation européenne, les tensions qui se multiplient sur le plan commercial entre les USA et la Chine montrent que la globalisation a atteint largement un point de déclin. Depuis la crise de 2008, l'illusion d'une globalisation porteuse de croissance et de développement semble enfin dissipée même si pour l'instant une grande partie de l'intelligentsia, particulièrement en Europe, continue de croire au globalisme marchand.

 

 

Le grand déséquilibre commercial mondial source de toutes les crises depuis 1974

 

Les USA ont été les principaux promoteurs de la globalisation économique à partir des années 70. L’apogée de ce soutien aux idées néolibérales a été le fameux consensus de Washington dans les années 80 qui visaient en apparence à enterrer les politiques keynésiennes ainsi que les états providences qui avaient pourtant largement fait leurs preuves durant tout la période d'après-guerre. Mais ce libéralisme de façade promu par les USA n'avait pas en réalité pour but de faire croître l'économie mondiale ou de produire le développement des pays sous-développés. Il faudrait être bien naïf pour croire les USA capables d'un tel altruisme. Le libre-échange et la libre circulation des capitaux avaient pour but de maintenir coûte que coûte l'hégémonie des USA sur le plan monétaire et économique. C'est avant tout la question de la domination du dollar qui a motivé les USA dans la course à la globalisation financière et économique. De la même manière que le libre-échange a permis au début à la Grande-Bretagne, alors largement en avance sur l'industrialisation, d'affirmer encore un peu plus sa domination commerciale en écrasant des pays sous ses marchandises.

 

La stratégie des USA après la guerre du Vietnam qui fit apparaître les premiers déficits commerciaux structurels aux USA mit en évidence que ce pays finirait par être rattrapé d'abord par les puissances européennes et les Japon, puis par d'autres nouvelles puissances industrielles. Ne pouvant dominer par leurs exportations alors déjà en déclin après leur omnipotence durant l'immédiat après guerre, les USA ont alors choisi à court terme de devenir le marché indispensable au reste de la planète. Ainsi à partir des années 70 les USA ont fait exploser leurs importations et ont rendu l'Europe et les Japon dans un premier temps totalement dépendants de leur marché intérieur. Alors qu'après guerre les économies des pays les plus avancés avaient des cycles économiques relativement autonomes. Le cycle américain est devenu petit à petit le centre de gouvernement des marchés européens et asiatiques. À tel point que lors de la crise de 2008 la simple division par deux du déficit commercial américain a mis l'Allemagne, l'UE en récession et a fait s'écrouler la croissance chinoise.

 

Cette domination par l'importation que l'on pourrait qualifier d'impérialisme consumériste caractérisé par un déficit commercial permanent a régi toute la vie de l'économie mondiale depuis les années 70. L'Empire consumériste américain a atteint son apogée juste avant la crise de 2008 périodes pendant laquelle le déficit de la balance commerciale américaine atteignit 800 milliards de dollars. Les libéraux qui n'ont cessé de critiquer les dettes publiques oublient assez largement que dans le système globalisé qu'ils ont construit, la demande mondiale est le produit de la dette publique ou privée. Et qu'en l’occurrence le déficit des USA, mais aussi d'autres pays du monde comme la France ou la Grande-Bretagne n'est pas un défaut du système économique mondial, mais en réalité son pilier. C'est parce que certains pays ont pu s'endetter bien au-delà du raisonnable que la croissance mondiale a pu continuer malgré la contradiction fondamentale du libre marché qui compresse toujours plus les revenus distribués. Comment en effet l'économie pourrait-elle croître sans jamais voir le revenu des consommateurs augmenter ? La déconnexion de plus en plus palpable, en occident en particulier, entre la hausse de la productivité et la hausse des salaires étant une mécanique totalement dépressionnaire. Seule l'augmentation de l'endettement a permis d'avoir une croissance depuis 40 ans dans les régions avancées.

 

L'économie mondiale depuis 1974 s'est donc organisée en partie sous la pression des USA autour de deux pôles économiques. D'un côté des pays accumulant des dettes sous toutes leurs formes . Cela concerne les pays du monde anglo-saxon principalement, mais aussi la France ou encore l'Espagne. De l'autre des pays qui se sont mis à accumuler des excédents commerciaux l'Allemagne, le Japon, la Chine ou encore la Corée du Sud. C'est ce bloc mercantiliste devenu trop gros avec l'arrivée de la Chine qui a mis fin à la stratégie des USA de domination par l'importation. Les USA pouvaient supporter les importations européennes et japonaises et donc asseoir leur domination sur ces deux régions. Mais la Chine semble être un trop gros morceau pour eux. L’impérialisme consumériste américain a donc atteint sa limite en 2008 sous la forme d'une cassure de son déficit commercial qui garantissait son rôle de consommateur en dernier ressort qui faisait la pluie et le beau temps chez les peuples dominés.

 

Précisons ici que ce système de domination d'un type totalement nouveau n'est pas une domination forte. Le Japon et les pays d'Europe de l'Ouest se sont soumis tous seuls à la domination du marché américain. L'Europe des années 70-80 aurait très bien pu s'autonomiser si elle l'avait voulu, elle avait déjà rattrapé les USA sur le plan technique. Mais on a affaire ici à un système en partie lié à l’anthropologie et à la culture locale. Les Européens et les Japonais ont une vision obsessionnelle de l'exportation, ils associent à tort l'excédent commercial comme un signe de richesse et de prospérité. Pour reprendre l'hypothèse de Keynes sur l'influence de la tradition agricole sur l'esprit d'accumulation, les peuples du vieux monde ont plutôt tendance à valoriser la production et l'accumulation parce qu'ils ont longtemps souffert de la pénurie. L'esprit mercantiliste n'est pas seulement le produit d'un calcul, d'une volonté de domination sur les autres, il est aussi le fruit d'une vision du monde hérité de l'histoire. Le paradoxe c'est que les pays qui pensaient dominer par leurs excédents sont en fait devenus prisonnier des USA qui les dominent grâce à la taille de leur marché intérieur, c'était en fait un piège grossier. Car les Américains n'ont pas ce rapport à l'économie d'où d'ailleurs leur très faible propension à épargner. Cette séparation anthropologique a encouragé en quelque sorte cette fragmentation du monde avec la dérégulation économique. Comme l'a si bien décrit Emmanuel Todd dans ses nombreux ouvrages, la mondialisation a mis en lumière les différences fondamentales qui existent entre les différentes cultures et nations. La mondialisation a en quelque sorte fait exploser les différences là où l'on prétendait qu'elle les réduirait. Et cette inégalité exacerbée qui portait en elle la mort inéluctable de cette même mondialisation.

 

La montée de la Chine et la fin de la mondialisation

 

Les très grandes disparités entre les nations provoquées par le libre-échange et la libre circulation des capitaux n'ont fait que croître ces quarante dernières années. Et la panne salariale qu'elle a provoquée chez les anciennes puissances industrielles arrive aujourd'hui à son paroxysme. Nous sommes en présence d'une panne généralisée de la demande solvable et donc d'une crise de surproduction massive. C'est à ça qu'on a affaire, et rien d'autre. L'énorme concentration des richesses vers le haut de la pyramide sociale n'a pas produit le ruissellement si cher aux illuminés du libéralisme triomphant, et l'investissement n'a cessé de baisser en même temps que la demande. Car Keynes avait bien raison, c'est bien la demande qui conditionne l'investissement et non l'inverse.

 

La situation actuelle est donc un énorme sac de nœuds, car la mondialisation a entraîné comme le voulaient les libéraux une intrication massive des économies les unes avec les autres. Et c'est cette même intrication qui rend extrêmement difficile la possibilité de relance ou d'une politique de redressement de la demande intérieure. En effet, un pays qui relance sa demande aujourd'hui dans le cadre du libre-échange se voit condamné à voir sa demande se faire absorber en grande partie par les pays du bloc mercantiliste Chine et Allemagne en tête. C'est encore plus vrai pour les esclaves de l'euro qui ne peuvent même pas dévaluer pour diminuer cet inconvénient. D’où la compétition du moins-disant social qui aggrave toujours plus la crise de la demande mondiale.

 

Comment tout cela va-t-il donc évoluer ? C'est très simple à peu près comme dans les années 30. La crise mondiale provoquée par le libre-échange et la libre circulation des capitaux va pousser de plus en plus de pays à des solutions alternatives. Mais ces solutions ne seront pour la plupart jamais compatibles avec les règles du libéralisme actuel. On aura donc progressivement une remise en cause des principes libéraux qui ont servi jusqu'ici de dogme d'organisation économique. Et il est tout à fait normal que la remise en cause du libre-échange commence aux USA car ils sont les premiers à avoir déstructuré leur économie sous les dogmes libéraux. D'autre part, la stratégie de domination par l'importation a échoué du fait que la Chine est beaucoup trop grosse pour tomber dans le piège. Pire que ça, avec le temps les USA auraient pu à terme devenir eux même dépendant du marché chinois. Trump l'a bien compris puisqu'il veut que les entreprises américaines quittent l'Empire du Milieu. Contrairement aux Européens maladivement mercantilistes, il sait très bien que l'excédent et l'exportation ne sont pas un gage de puissance ou d'indépendance, mais bien souvent le contraire surtout quand on est beaucoup plus petit.

 

Dans son coin la Chine essaie de retourner le système globaliste dans son intérêt. Elle promeut le libre-échange sans doute pour rendre de plus en plus de pays dépendants de son marché intérieur. Avec son milliard quatre cents millions d'habitants la Chine a la capacité de transformer en satellite l'Europe de l'Ouest, la Russie, l’Océanie et le Japon. La bêtise crasse des dirigeants européens me fait craindre un tel scénario où l'Europe de l'Ouest deviendrait le vassal de la Chine après avoir été celui des USA pendant 70 ans. Triste avenir pour un continent qui pourrait fort bien se débrouiller tout seul avec la Russie. Il est possible cependant que certains pays se réveillent en Europe et mettent également des politiques macroéconomiques indépendantes. Mais pour l'instant en dehors de la Grande-Bretagne fort peu de pays du continent font montre d'une capacité d'imagination d'indépendance. Il est tellement doux pour un dirigeant de faire semblant de diriger en appliquant des recettes apprises par cœur plutôt que d'avoir à imaginer des stratégies originales pour son pays. On ne soulignera jamais assez à quel point le succès du libéralisme économique comme doctrine est lié à la fainéantise intellectuelle des dirigeants.

 

Les tensions auxquels on assiste aujourd’hui ne sont donc que le résultat naturel de la mondialisation de l'économie. La poussée du protectionnisme est inéluctable tout comme le retour des nations, voire d'un certain nationalisme. Les peuples qui continueront malgré tous à appliquer les recettes libérales finiront comme simple figurant dans la nouvelle histoire du monde qui s'annonce. Nous ne sommes qu'au début d'un nouveau cycle économique qui pourrait tenir plusieurs décennies.

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6 août 2019 2 06 /08 /août /2019 17:16

On en parle souvent sur ce blog, mais l’extrémisme écologiste a pris maintenant une ampleur invraisemblable . La venue de la pucelle du *svitjod mademoiselle Thunberg qui n'a aucune compétence particulière si ce n'est le fait d'être une fille de milieu aisé monté en épingle par une bulle médiatique très artificielle montre le niveau de bassesse auquel arrivent maintenant nos institutions. L'accélération du bruit médiatique autour du changement climatique anthropocentrique permettant toutes les politiques, justifiant tout et n'importe quoi. L'on voit déjà les idées les plus farfelues comme l'arrêt des centrales nucléaires en France alors qu'on n’a pas à l'heure actuelle d'alternative. La France finira par faire comme l'Allemagne à savoir construire quelques panneaux solaires et éoliennes aussi coûteuses qu’inefficaces puis elle importera et brûlera du charbon. L'histoire de l'arrivée de cette gamine au parlement français est tout de même extraordinairement démonstrative de l’irrationalité des acteurs en question puisqu'elle a coïncidé avec la signature de l'infâme traité du CETA qui condamne l’agriculture française à l'extinction. Il est tout de même rassurant de voir que bon nombre de Français semblent s'être posé la question de la cohérence entre l'objectif écologique affiché et les politiques qui nous mène en sens inverse.

 

En effet qui peut croire qu'un traité de libre-échange consistant à maximiser les échanges et donc les transports soit favorable à la diminution de la consommation énergétique ? La globalisation maximise les gaspillages sous toutes les formes. Le libre-échange n'optimise que la valeur des marchandises et ignore parfaitement les contraintes écologiques , sociales et même macro-économiques. Encore une fois, l'idée que l'on puisse réguler l'économie et la société uniquement par le truchement de la loi de l'offre et de la demande est une absurdité. Il ne faut donc guère s'étonner si ce grand marché mondial conduit à la pollution maximale et à la destruction de la plupart des sociétés humaines. On a donc ici un cynisme apparent tout à fait spectaculaire avec d'un côté une communication faite de pleurs sur la fin du monde et la destruction de notre environnement. Et de l'autre côté, une marche inéluctable vers des politiques économiques qui détruisent ce même environnement tout en détruisant notre tissu économique. On ne saurait mieux mieux illustrer ici la fameuse phrase de Bossuet « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. » . Mais ce serait croire un instant que nos politiques s'inquiètent vraiment pour la planète, il n'en est rien pour la plupart. C'est juste de la communication, du vent de propagande dont le seul objet est de camoufler de plus en plus mal les intérêts économiques et politiques qu'ils défendent.

 

De fait comme on pouvait le présentir l'écologisme remplace petit à petit le discours libéral dans les justifications morales aux politiques économiques bourgeoises. Le coup de l'entrepreneur contraint par le méchant état et les impôts écrasant ça ne fait plus recette chez les jeunes donc on passe au discours sur l'entrepreneur écolo qui a besoin d'un coup de pousse pour sauver la planète. C'est plus cool et présentable. Mais à l'ère d'internet et de la communication ultrarapide cette nouvelle stratégie ne va-t-elle pas dissoudre le statut de l'écologie encore plus vite que ne l'a fait l'ancien discours libéral ? Parce que ce double discours consistant d'un côté à faire du bruit médiatique autour de l'écologie et des contraintes écologiques mis en parallèle avec des actions politiques contraires à l'écologie va nécessairement produire une désaffection à terme. Tout comme le discours européiste a fini par produire une désaffection vis-à-vis de l'Europe quand les gens ont compris que l'UE n'apporterait ni prospérité ni bonheur, mais que bien au contraire elle servait surtout de prétexte à des politiques de plus en plus libérales et à la justification de la destruction de notre État-providence.

 

À droite les déclinistes délirant, à gauche les écologistes de la fin du monde

 

Mais ce catastrophisme communicationnel n'est pas le seul en cour dans notre beau pays de moins en moins rationnel. De l'autre côté de l'échiquier politique aussi l'on voit de nombreux prophètes de la fin du monde. J'en lisais un récemment dans un article du Figaro. L’historien David Engels qui a vu qu'il y avait un gros filon à exploiter et que peut-être le marché francophone n'était pas encore saturé entre Éric Zemmour et Michel Onfray. Là on nous promet la fin de la civilisation occidentale, rien de moins. Il faut frapper fort après le livre « Décadence » de Michel Onfray. Bon l'auteur n'est pas très clair sur ce qu'il appelle la civilisation occidentale, mais on est habitué à ça. L'occident c'est un concept creux, pour ma part il n'y a pas de civilisation européenne, mais des civilisations européennes. Que ces peuples partagent une religion, voire une couleur de peau, ne fait pas d'eux un ensemble unique à l'image de la civilisation chinoise. Les nombreuses guerres et les horribles conflits sont là pour en témoigner, il y a toujours eu plusieurs civilisations en occident et certaines ont pris l'ascendant sur d'autres à différents moments de l'histoire et pour de multiples raisons. Et c'est ce qui a fait la richesse de l'Europe justement cette juxtaposition sur un territoire si exigu entre des peuples aux mœurs et à l’anthropologie si disparate. De la même manière, l'on pourrait voir les USA comme une nouvelle civilisation n'ayant pas grand-chose de commun avec celles qui ont façonné le continent européen. Une civilisation étrangère qui a soumis justement l'Europe à ses vues à travers une colonisation culturelle et intellectuelle de 74 ans maintenant . De ça monsieur David Engels n'en parle pas puisque pour lui l'occident est un bloc monolithique.

 

Je pourrais ici continuer la critique. La question démographique est traitée de façon ridicule de la même manière qu'un Zemour ou qu'un Onfray . L'important n'est pas la réalité, mais le récit et sa cohérence c'est exactement la même chose que pour nos amis écologistes extrémistes ou pour l'extrême gauche. La réalité et sa complexité n'ont pas d'importance. Ainsi l'on a encore cette idée que l'Europe serait presque la seule au monde à décliner démographiquement. L'islam est présenté comme un bloc homogène qui serait dynamique démographiquement contrairement à l'occident décadent. Sauf que la transition démographique touche aussi le monde musulman. Le pays musulman le plus peuplé du monde l’Indonésie a une natalité de 2 enfants par femme et elle décline vite alors que la très catholique Philippine voisine est encore à 3 enfants par femme. L'Iran fait moins d'enfants que la France et les dirigeants turcs s'inquiètent de la faible natalité des Turcs par rapport à celle des minorités kurdes notamment. Il est à parier d'ailleurs que l’agressivité de la Turquie vient de ses problèmes internes en plus de l'économie. À dire vrai à l'échelle mondiale, seule l'Afrique subsaharienne, qu'elle soit chrétienne, musulmane ou animiste, n'a pas fini la transition démographique. Ailleurs, tout le monde suit l'Europe. Alors si nous sommes décadents à cause de la démographie il faudrait élargir cette hypothèse à l'ensemble du monde.

 

La vérité c'est que l'unique responsable de cette situation est la maîtrise parfaite de la natalité grâce à la pilule et aux multiples moyens contraceptifs modernes. Aucune civilisation avant la nôtre n'avait eu à se demander comment relancer la natalité . Les états n'avaient pas à se préoccuper de ça tant que la population pouvait manger, se vêtir, et qu'il n'y avait pas trop de problèmes d'intendance, elle se reproduisait convenablement . C'est vraiment un problème nouveau. Que serait donc devenue la civilisation européenne de l'époque de la guerre de Trente Ans s'il y avait eu la pilule d'après vous ? Elle aurait eu bien du mal à récupérer de l'énorme gaspillage en vie humaine . D'ailleurs, les pays de l'Est comme la Pologne ou la Hongrie ont des taux de natalité encore plus faibles que ceux de l'Europe de l'Ouest. Preuve que l'attachement à la tradition ou à la religion n'ont pas vraiment de rapport avec la question démographique. Comme l'avait très bien écrit Pierre Chaunu dans un de ses derniers livres « Essai de prospective démographique » l'humanité est confrontée à quelque chose de totalement nouveau. Il faut créer les conditions sociales et économiques pour que les gens n'aient pas peur de fonder une famille et d'avoir des enfants. Tout ceci n'a aucun rapport avec une décadence, ou à la multiplication des homosexuels, comme le sous-entendent certain de ces néoréactionnaires. Mais il est plus simple de dire qu'il y a décadence et que tout est lié. Et puis c'est peut-être le résultat d'un complot qui sait. Tant que ça fait du bruit médiatique et que ça permet de vendre des livres. Peu importe que cela pollue le débat public en faisant passer le public à côté des vrais problèmes et de leur réalité, le but n'est pas de toute façon de les résoudre.

 

L'hyper-communication conduit à l'hyper-stupidité collective.

 

J'ai voulu rapprocher ici les discours de l’extrémisme écologiste et de celui d'une certaine droite décliniste pour montrer que nous avons affaire à un processus neutre sur le plan politique. Il est coutume aujourd'hui à droite, et chez les anti-systèmes, de voir la gauche, ou du moins une partie de la gauche, comme une machine à produire des discours irrationnels, faux et parfois même dangereux. Et c'est tout à fait vrai . Mais la gauche n'est pas la seule touchée. C'est le résultat d'un effondrement général de la qualité de la communication et du désordre produit par la rapidité de la communication qui fait fit de la retenue et de la prise de recul. C'est un phénomène ancien. L'on peut penser que si l'imprimerie permit à terme à la société de progresser, elle fut aussi responsable indirectement à court terme des guerres de religion et de bon nombre de malheurs. Il en va de même pour la télévision, internet et les médias rapides. Nous n'avons pas encore les mécanismes sociaux, les habitudes et l'organisation qui permettraient la prise de recul nécessaire à la recherche minimale de la vérité. S'en suit que toutes personnes ayant un peu de bagout, de culture et de sens de la communication, peut surfer sur l'information pour créer de toute pièce des problèmes qui n'existent pas. Ou pour en exagérer certains autres sans qu'à aucun moment un recul rationnel sur le problème en question ne puisse être pris.

 

Et les hommes politiques suivent le mouvement, le manipulent parfois quand ils ne sont pas eux-mêmes pris dans la spirale de la communication. S'il y a bien un phénomène de déclin, c'est bien ce rapport au réel dû à la communication moderne qui en est la cause bien plus qu'autre chose. Il est bien dommage que sur ces questions la simple réponse donnée par les pouvoirs publics fût d'encadrer le mensonge c'est-à-dire de faire en sorte non que la vérité puisse être véritablement défendu, mais au contraire de faire en sorte que la « vérité » gouvernementale soit autorisée à exister. La chasse aux fameuses fake news ne fut que ça, une opération de blanchiment des mensonges officiels. On attend encore qu'une solution réelle aux problèmes de la communication moderne soit trouvée. En attendant, les marchands de malheur vont pouvoir continuer à prospérer. Qui sait, ils finiront bien par la provoquer la fin du monde avec toutes leurs idioties.

 

*Ancien nom de la Suède à l'époque païenne. La glorification de gaïa de la part des écologistes ayant une proximité assez grande avec les anciens cultes animistes, je crois que la Suède devrait reprendre son ancien nom, car elle n'a plus grand-chose de chrétien avec ses multiples dérives sectaires.

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12 juillet 2019 5 12 /07 /juillet /2019 16:01

Voyage au pays de ma petite ville de Montpellier. Embourgeoisée ma ville est devenue. Bien plus aujourd'hui qu'elle ne le fut jamais auparavant. La différenciation spatiale en fonction de la classe sociale à laquelle vous appartenez y est aujourd’hui tellement voyante qu'on ne peut guère mieux illustrer les analyses de Christophe Guilluy sur la question. Prenez donc le célèbre tramway de Montpellier et voyagez donc d'un bout à l'autre de la ville vous y trouverez l'essence même de ce qui cloche dans la société libérale du monde sans frontières de la tolérance universelle. Un patchwork de population n'ayant rien à partager ni à penser en commun. Partout se voit cette fragmentation ethnoculturelle aggravée considérablement par l'immigration de masse particulièrement forte ces deux dernières décennies dans la plus grande ville de l’Hérault. Partagée entre les bobos d'importation récente souvent parisiens, les étudiants festifs qui gobent l'intégralité du discours bien pensant, les retraités déconnectés des réalités du temps présent et l'armada sans cesse grossissante de populations d'origine étrangère, la pauvre ville de Montpellier n'est plus que l'ombre de ce qu'elle fut. Un centre-ville où se côtoie une misère invraisemblable peuplée de SDF français et d'immigrés turbulents, ainsi que d'une bourgeoisie prétentieuse sûre de ses valeurs de sa supériorité morale et qui peine à camoufler son mépris de classe.

 

C'est donc dans cette ambiance extraordinaire d'une ville plus américaine que française dans l'esprit que j’eus l'occasion d’observer de près l'un ces spécimens étranges de bourgeois qui a toujours raison. Non que je n'ai jamais eu à en côtoyer bien sûr. C'est une espèce fort répandue, l'élection de Macron en fut la preuve. Mais je vis là dans le tramway justement une démonstration de l'incroyable capacité du bourgeois libéral à s'aveugler et à nier la réalité même la plus évidente et triviale. La chaleur estivale était intense, le tramway débordait de population, et je n'étonnerais guère mon lectorat en disant que bien peu de personnes dans ce transport étaient françaises d'origine. La moitié venait probablement d'Afrique subsaharienne (population qui n'existait pas à Montpellier il y a seulement 20 ans) , le reste était composé de Maghrébins avec femmes en tchadors dans leur grande majorité. Au bas mot, les Français ne devaient guère dépasser les 10 % de la population de la rame. Ce n'est pas encore représentatif de la population d'ensemble de la ville. Nous n'en sommes pas encore là, mais il y a fort à parier que l'évolution démographique, la délinquance explosive ainsi que les nouveaux transports comme les invasives trottinettes électriques, ont poussé les autochtones à éviter de plus en plus les transports en commun. Quoi qu'il en soit la scène est en place.

 

C'est dans cette atmosphère désagréable où l'on a peine à s'imaginer être encore en France que j'observais mon étrange spécimen. Ce dernier était un homme d'une cinquante d'années bien habillé bardé de valises estampillées "Irlande" montrant qu'il revenait d'un voyage d'agrément au pays du trèfle à quatre feuilles. Il était accompagné de son fils, probablement un collégien de troisième. Ils discutaient ensemble et de manière intéressante montrant leur origine sociale bien mieux que n'importe quel vêtement. Je n'écoutais pas par curiosité malsaine, mais simplement parce que le hasard avait fait que je me trouvais juste à côté d'eux. N'étant guère un aficionado du smartphone et du divertissement portable, je préfère généralement observer le monde qui m'entoure directement. Il s'agit là à mon avis d'un exercice simple que certains de nos dirigeants seraient bien inspirés de pratiquer pour éviter le gouffre entre eux et leurs concitoyens. J'appris ainsi que mon spécimen était professeur d'université et que son fils se passionnait pour les sciences. Grand bien lui fasse, me dis-je alors. Il y a trop peu de jeunes Français aujourd’hui pour s'enquérir de telles passions. Mais voilà que de bonnes discussions scientifiques la discussion déborda sur la politique.

 

Voilà que le fils mit en question son père sur les questions politiques. Il eut le malheur de dire que tout de même le RN ne dit pas que des idioties et que parfois il fallait peut-être écouter ce que disaient les opposants politiques. Le père sortit alors de ses gonds, littéralement, une réaction grotesque du même acabit qu'un gamin qui s'énerve parce qu'il n'a pas eu ce qu'il voulait. Un caprice d'enfant. Avec une phrase du type « mais voyons, tu connais une seule idée intelligente provenant de l'extrême droite toi ? ». Le débat était clos, le fils était à terre apeuré par la réaction excessive de son père. Ce dernier probablement paniqué par l'hypothèse d'avoir un fils doutant du progressisme rajouta alors cette phrase merveilleuse dans le contexte du tramway montpelliérain. « De toute manière il n'y a pas de problème d'immigration en France », « Et de toute manière ça n'a rien avoir avec le chômage. » . J'étais éberlué, vraiment. Comment affirmer avec tant de certitude et d'obstination une telle chose dans un contexte physique montrant pourtant une réalité contraire à l'affirmation ? Que l'on me comprenne bien. Le chômage n'est pas le produit unique de l'immigration . Mais il est très clair aussi que d'un point de vue statistique en pénurie d'emploi l'immigration pèse fortement sur les salaires et l'emploie. C'est encore plus vrai quand on voit l'explosion du nombre des travailleurs détachés. Mais ce qui me surprend c'est que le spécimen n'a pas le moins du monde douté de ses certitudes dans le contexte physique pourtant totalement contraire à son affirmation. Il aurait tout aussi bien pu vous dire que l'on peut respirer sous l'eau tout en se noyant dans la mer.

 

La bourgeoisie navigue entre hypocrisie et religion

 

On a affaire là à la démonstration de la force d'une idéologie. Alors évidemment il ne s'agit que d'une personne. On n’est pas dans une étude sociologique sérieuse qui demanderait des moyens et du temps. Mais j'ai trouvé cet exemple particulièrement parlant pour comprendre le phénomène que nous affrontons. Quand je parle de nous, je fais référence aux personnes encore attachées aux faits et à l’observation du monde réel. Il faut bien admettre que le diplôme et l'intelligence supposée ne préviennent en rien de l'endoctrinement ou de la propagande idéologique. Cet exemple le montre à mon sens. Et je me demande d'ailleurs si les plus éduqués ne sont pas par nature les plus à même de tomber dans l'absurdité idéologique . Ils sont en effet les plus prompts à accepter l'idée que le monde n'est pas simple et que quelque chose qui semble évident au premier abord peut se révéler faux en réalité. Il s'agit là d'une aptitude utile en science . On pensera à la physique quantique qui n'a rien d'évident, ou encore à tous ces théorèmes de physique qui semblait farfelues à leur époque parce que contraire au sens commun, mais qui se sont avérés vrais à la longue. La gravité de Newton n'avait rien d'évidente quand ce grand physicien en a montré l’existence. Le problème c'est que cette aptitude qui est parfois utile peut aussi pousser l'individu à penser que tout ce qui est évident est forcément faux. Là on tombe effectivement dans un phénomène de création de croyance à l'image du documentaire fascinant sur l'université Evergreen aux USA où l'on vit l'idéologie du progressisme tourner à la folie collective. D'ailleurs, je parlais de Newton, mais savez-vous qu'il était passionné par l'alchimie et qu'il y consacra une grande partie de sa vie à la recherche de la pierre philosophale ? Comme quoi même les plus grands esprits peuvent errer dans la folie.

 

À ce phénomène de croyance religieuse que les élites peuvent produire, il y a aussi, il faut bien le comprendre, une raison pratique. Nous vivons dans une société de plus en plus dure. Même les bourgeois les plus aveugles voient en partie cette réalité. Ils ont conscience en partie d'être responsables de cette réalité, mais ils ne peuvent l'admettre consciemment puisque leur ego leur affirme qu'ils sont moralement supérieurs. Dans le cadre de l'idéologie libérale, particulièrement dans le monde anglo-saxon protestant, le fait de réussir est même un cadeau divin, la récompense pour un être supérieur naturellement . On pensera ici au lien très fort qui a uni le capitalisme à l'idéologie religieuse protestante comme l'avait si bien montré Max Weber. On pensera à Benjamin Franklin et sa stupide phrase que les gens citent sans arrêt : « Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux. » . Il ne faut jamais avoir souffert ni de la faim ni du froid pour tenir de tels propos. Il n'y a plus de liberté quand on est mort, pourrais-je ajouter. On a donc un phénomène de croyance qui correspond totalement aux intérêts de classes des bourgeois. En quelques sortes le néoprogressisme est un nouveau protestantisme. Une idéologie qui comme son ancêtre favorise les dominants en justifiant par tous les moyens sa domination. La question que l'on doit se poser est « Est-ce qu'il est encore possible de raisonner avec de telles personnes ?» . Ou bien ferions-nous mieux d'abandonner cette idée et d'aller vers un inéluctable affrontement ? Les irréductibles combattants du libéralisme qui sont les 20 % d'en haut et dont mon spécimen fait partie ne pourront probablement jamais être raisonnés. L'affrontement est donc inéluctable avec le reste de la population. Il ne reste qu'à espérer que cet affrontement ne dépasse pas un jour le cadre des urnes. Les évolutions récentes et l'action gouvernementale contre les Gilets jaunes semblent malheureusement confirmer que ces couches sociales seront prêtes à jeter leurs propres principes moraux aux premiers dangers électoraux pour leurs intérêts. Je ne peux malheureusement que souscrire à la crainte d'Emmanuel Todd d'un coup d'État en France. L'on pouvait même déjà en un sens interpréter l'élection de Macron comme une forme allégée de coup d'État par le matraquage marketing dont il a bénéficié.

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28 juin 2019 5 28 /06 /juin /2019 17:33

 

En ces temps de chaleur où les obsédés du réchauffement climatique anthropocentrique utilisent comme à leur habitude les variations de la météo pour justifier leurs doctrines, il est approprié à mon sens de revoir plus sérieusement la question plus large de l'écologie et du système économique. C'est d'autant plus vrai que l'écologie bourgeoise, celle qui remplit les plateaux de télévision et qui a fait un bon score aux dernières élections européennes n'en finit pas de ménager toutes les contradictions possibles. C'est que la population bourgeoise, qui est largement représentée dans les mouvements écologistes surtout les plus extrémistes, se retrouve dans une contradiction fondamentale. En effet, c'est bien la population bourgeoise qui pollue le plus et qui mène la danse folle du consumérisme bien plus que les couches populaires qui s'appauvrissent de plus en plus vite avec la globalisation, l'euro, et toutes les lubies que le libéralisme économique a pu concevoir ces quarante dernières années. Et c'est cette contradiction que l'on retrouve systématiquement dans le discours de l'écologisme officiel. D'un côté, on fait d'immenses prêches sur la planète qui meurt, la pollution, l'épuisement des ressources et de l'autre l'on soutient le libre-échange, la globalisation, la financiarisation, l'immigration de masse.

 

Le cynisme va même au plus haut degré puisque des modernistes technophiles comme Steve Jobs par exemple faisait régulièrement l’apologie de l'écologie en étant lui même végétarien tout en étant le promoteur du smartphone avec sa marque Apple. Les smartphones étant probablement l'invention moderne la plus caractéristique de la production superflue qui caractérise le capitalisme depuis les années 70 et que Jacques Ellul avait si bien analysés dans son célèbre livre « Le bluff technologique ». Le système technicien produisant de plus en plus d'objets inutiles dont la seule utilité s'avèrent de provenir du marketing et de la capacité des grands marchands à capter les usages naturels de la vie courante. Steve Jobs fut le représentant de cette tendance sociale très forte en Californie d'une dichotomie entre le discours, les idées et l'action. D'un coté on fait fortune en vendant des myriades d'objets inutiles, et en gaspillant d'énormes ressources naturelles et polluantes, de l'autre on fait tout un discours sur la sauvegarde la planète. Cette contradiction peut être analysée par un discours psychologique. La conscience de l’individu pouvant entrer en révolte avec l'action qu'entreprend ce dernier. Les enfants de bourgeois furent souvent les premiers à faire des discours sur la révolte contre les inégalités. Le parti des insoumis est par exemple rempli d'enfant de cadres supérieurs et ils sont tout autant présents chez les gauchistes de base. On retrouve donc la même contradiction dans l'écologie.

 

On peut également supposer que l'écologisme officiel, qu'on opposera avec la véritable écologie qui se soucie réellement du bien commun, est surtout un nouveau cache-sexe intellectuel visant à protéger les dominants en remplacement des idéologies classiques de moins en moins à la mode. Si l'on regarde ce discours sous cet aspect, l'écologisme officiel fait donc office de nouveau libéralisme , de nouveau marxisme ou de nouveau christianisme. Il prend le pari d'une construction théologique visant à produire une nouvelle légitimité aux actions les plus inégalitaires et délirante des couches sociales supérieures. En effet ce qui caractérise l'écologisme c'est qu'il prend très souvent des décisions qui comme par hasard ne touchent que certaines couches sociales, les plus faibles de préférence. On privilégie par exemple la hausse du coût de l'énergie pour diminuer la consommation. Ce qui signifie en pratique que l'on réserve la consommation énergétique au plus riche qui ne se soucie pas de l'argent justement. À l'inverse lorsqu'il s'agit d'aider ou d'investir l'on retrouve systématiquement des propositions qui sont favorables aux couches sociales aisées. Ainsi les aides pour les panneaux solaires ou l'isolation prennent souvent la forme de crédit d'impôt , une aide particulièrement utile pour les plus aisés.

 

L'on retrouve ici un phénomène social classique, les idéologies dominantes qu'elles soient égalitaires ou pas finissent toujours par justifier l'intérêt des possédants et des plus riches. Pour la simple raison qu'ils sont dominants et qu'ils prennent toujours à un moment donné le contrôle de l'idéologie à la mode. L'écologie ne fait donc pas exception alors même que la pensée écologique devrait pourtant être en confrontation totale avec la société actuelle et notre organisation sociale et économique. Car pour se questionner sur l'écologie il faut véritablement comprendre comment notre société fonctionne, et si l'on fait cette démarche l'on comprend rapidement pourquoi il est impossible de parler d'écologie sans remettre en cause, non seulement, l'obsession pour la croissance, mais aussi toute l'architecture qui promeut le désir de consommation et organise toute l'activité humaine dans la course folle au profit sans fin et sans but.

 

La contradiction entre l'économie de marché et l'écologie

 

Au fond pour faire de l'écologie ou pour penser l'écologie, il faut simplement renoncer à penser que la vie humaine n'a pour but que l'accumulation sous quelque forme que soit cette accumulation. La civilisation du marché a troqué les pyramides anciennes et les rites religieux qui donnaient sens à la vie commune des civilisations du passé contre la consommation de masse . Et toute la problématique du monde moderne vient de ce changement fondamental, l'économie est devenue le sens de la vie depuis que le libéralisme a pris le pouvoir au 19e siècle, en occident d'abord, puis sur toute la planète aujourd'hui. Les anciennes civilisations pouvaient être absurdes, vous pouviez mourir brûlé sur un bûcher pour avoir ouvertement critiqué l'église par exemple. Ou alors, mourir pour étendre la gloire de vos dieux. Mais elles étaient relativement durables à savoir que leur fonctionnement collectif ne mettait pas en danger l'existence même du groupe à long terme en détruisant son environnement. C'était des sociétés qui consommaient peu et qui trouvaient de quoi occuper les masses sans avoir à gaspiller d'énormes quantités de matières premières et d'énergie. En ce sens écologique, nous sommes infiniment moins efficaces que les gens du moyen âge. Qui pourrait de nos jours en France vivre de son lopin de terre en faisant vivre une famille nombreuse sans électricité, sans pétrole et sans tous les gadgets qui nous entourent et qui nous facilitent la vie ?

 

Sans pour autant vouloir revenir au moyen âge, il faut bien admettre que la question de la croissance sans fin et de l'accumulation frénétique d'objets dont on pourrait très bien se passer se pose. On doit se demander quelle limite différencie la nécessité technique minimale pour une vie décente et le superflu. L'électricité pour s'éclairer est nécessaire, tout comme l'eau courante. Prendre la voiture pour acheter son pain beaucoup moins. C'est dans cette décision qui consiste à savoir différencier ce qui est utile ou ce qui est du gaspillage que se trouve potentiellement une politique écologique crédible et fonctionnelle. Mais c'est également cette décision qui est interdite par le fonctionnement d'une économie libérale de marché. Car le marché n'a comme seul régulateur théorique que la loi de l'offre et de la demande. Une loi qui est par ailleurs largement discutable en pratique. Dans ce cadre libéral, les choix des acteurs ne se font que sur l'optimisation de l'acte d'achat. Dans ce cadre, seule l'augmentation des prix permet la réduction théorique de la consommation. C'est pourquoi d'ailleurs les écologistes officiels ou écologistes de marché font de la hausse des prix l'alpha et l'oméga de toute politique visant à réduire la consommation. Ils oublient au passage que cette mécanique ne fait que transférer en fait la consommation des moins fortunés vers celle des plus fortunés. Avec la « régulation » du marché, on ne fait en quelque sorte que déshabiller Paul le chômeur pour habiller Jacques le directeur bancaire. Au final, on ne réduira jamais la consommation par cette mécanique. On créera juste toujours plus d'inégalités.

 

La logique du marché optimise le gaspillage pour créer de la valeur

 

Plus grave encore la logique marchande vise à toujours augmenter la taille du marché et à en créer de nouveau pour toujours plus de profit. Comme je l'avais expliqué il y a longtemps dans un texte intitulé le Paradoxe des Antennes, le marché ne répond pas à un besoin en donnant la solution la plus optimale à proprement parler. Il donne la solution qui va produire le plus de valeur ajoutée et de revenu au détenteur du capital et à l'entreprise. Si cette solution pollue et détruit l'environnement, cela n'a guère d'importance, tout ce qui compte c'est de créer de la valeur marchande. Il fut un temps où même les économistes libéraux connaissaient cette limite. Pour décrire cette problématique, on distinguait deux notions de valeur. La valeur marchande celle qui consiste à donner un prix à une chose en fonction de sa rareté sur le marché. Et la valeur d'usage, celle qui consiste à mesurer l'utilité à une chose ou une action. Ainsi l'on voit instinctivement qu'un diamant a une valeur marchande très élevée, mais une valeur d'usage quasi nulle. À l'inverse, l'air que vous respirez a une valeur marchande nulle, mais une valeur d'usage infinie puisque sans lui vous mourrez. C'est cette opposition entre valeur marchande et valeur d'usage qui a poussé Jean Jacques Rousseau à faire cette célèbre remarque comme quoi les arts sont lucratifs en raison inverse de leur utilité. L'on pense ici aux footballeurs professionnels qui croulent sous les millions pendant que nos agriculteurs se débattent pour survivre avec des revenus ridicules. Les sociétés se perdent donc lorsqu’elles ne cessent de se préoccuper uniquement de la valeur marchande sans se préoccuper de la valeur d'usage. Elles finissent par négliger l'essentiel pour produire du superflu. On est en plein dans la problématique de l'écologie ici.

 

On pourrait d’ailleurs tout à fait affirmer comme le disait si bien Jean-Claude Michéa que le marché crée de la valeur marchande en détruisant des productions ou des activités ayant de la valeur d'usage. En polluant l'eau, vous créez un marché de l'eau. En créant des déchets, vous obligez à créer un marché du déchet du recyclage et du stockage. En détruisant les relations sociales, vous créez pleins de marchés de niche de la garderie des enfants, à la police en passant par le marché des rencontres pour célibataires. En créant des obèses par la malbouffe, vous créez le marché de la minceur. Si l'on regarde l'économie dans ce sens l'idée de progrès à travers la société marchande devient d'ailleurs hautement discutable.

 

Il faut sortir de la logique marchande pour faire vraiment de l'écologie

 

L'idée écologique qui consiste à faire en sorte que l'homme puisse cohabiter avec son environnement à long terme est tout à fait louable. Elle confine même au bon sens puisque l'humanité ne survivrait pas à un effondrement de son environnement. Mais il faut bien comprendre que pour arriver à cela il faut aller contre la logique du marché qui ne veut qu'optimiser la valeur marchande des choses. Il faut au contraire préserver les objets et les relations qui ont une forte valeur d'usage. Il faut également entrer en contradiction avec l'intérêt individuel sans avoir à passer par la seule logique marchande. Il existe bien sûr déjà des actions de ce type comme les labels par exemple même s'ils ne sont pas pas contraignants pour l'acheteur. Mais même ces labels comme le label bio n'échappent pas à la logique courtermiste du marché. En effet quel est le sens écologique du fait d'acheter un produit bio importé de plusieurs milliers de kilomètres par exemple ? Acheter une tomate bio importée d'Argentine est-il plus écologique qu'acheter une tomate non bio locale ? La réponse est non bien sûr. Le label bio est beaucoup trop laxiste, seuls les produits locaux étant peu transportés devraient pouvoir avoir un label de ce type. Mais cela entre en contradiction avec la logique marchande du produit le moins cher.

 

La logique écologique est par essence anti-globaliste et anti-marchande. Il est donc extrêmement pathétique de voir des gens se référant à l'écologie tout en prônant un monde sans frontières organisé autour du marché pur. À cela, j'ajouterai également que la pensée écologique ne doit pas non plus oublier la raison et la science. Il faut savoir raison gardée comme on dit, et il ne faut pas tomber dans l'excès. L'abandon du nucléaire est ainsi une absurdité sans nom à l'heure actuelle. C'est d'autant plus vrai que des initiatives sur le nucléaire au thorium par exemple commencent à porter leurs fruits. Sinon plutôt que de prôner des hausses de tarifs pour l'énergie à travers les taxes et les privatisations absurdes. Pourquoi ne pas ressortir l'idée d'un rationnement quantitatif pour chaque personne comme cela s'est fait après guerre ? On sort ici de la logique marchande et l'on rentre dans une vraie politique qui vise à limiter les gaspillages en mettant toutes les personnes, quel que soit leur statut social devant leur responsabilité. À l'ère du numérique, des réseaux et des cartes à puce, il est assez simple d'imaginer une limitation quantitative du pétrole par personne et par an. Les riches seraient obligés de limiter leur gaspillage énergétique de cette façon tout autant que les pauvres.

 

Globalement si l'on ne peut revenir à l'ordre ancien le défi de l'écologie véritable sera à mon sens de repousser au maximum l'étendue de l'espace du marché. De redonner un sens et une légitimité aux limites, c'est d'ailleurs peut-être ce que souhaitait Jacques Ellul lorsqu'il disait que les hommes devaient réapprendre les vertus ascétiques.

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20 mai 2019 1 20 /05 /mai /2019 21:55

L'affaire n'a guère de fait de bruit dans les journaux alors qu'elle est symptomatique d'une situation extrêmement dangereuse à long terme pour la France . Pour la première fois, la France est devenue un pays importateur net de denrées alimentaires . Le grenier à blé historique de l'Europe de l'Ouest est donc devenu un pays qui importe sa nourriture. Et cela s'est fait sans explosion démographique contrairement à des pays comme l’Égypte par exemple qui fait face à une démographie galopante et dangereuse. Non, la population française n'a guère augmenté ces quarante dernières années, elle aurait même probablement diminué sans l'apport artificiel de l'immigration constante. Dans le même temps, notre pays exporte du bois en Chine et importe des meubles de ce même pays tel un vulgaire pays du tiers-monde. Comme nous l'avions vu il y a peu, la situation française devient véritablement préoccupante. Et cela sans que pour autant nos élites ne semblent véritablement s'en soucier.

 

C'est que le mythe de l'ordre libéral est dur à abattre dans la tête des élites . Il est même plus prégnant qu'à n'importe quel moment de notre histoire. Plus rien ne vient déranger la certitude que le saint marché fonctionne de manière optimale malgré l'énorme accumulation de faits disant le contraire. L'ouverture à la « concurrence » du secteur de l'électricité se traduisant immédiatement par des hausses de prix ne met d'ailleurs toujours pas la puce à l'oreille des décideurs français. Continuons comme ça, à long terme ça s'arrangera . Mais comme le disait Henri Guaino dernièrement à Jacques Sapir dans cet intéressant débat, cela fait quarante ans déjà qu'on dit à long terme. Cela commence à faire long pour les gens qui ont vécu la contre-révolution libérale depuis le début. Et tout semble en fait montrer que la torture n'aura jamais de fin, après tout l'industrie chinoise elle-même commence à trouver sa main-d’œuvre trop chère et délocalise certaines activités y compris en Corée du Nord. Ce qui pourrait être drôle si ce n'était aussi tragique. Cette course au moins-disant salarial n'aura tous simplement jamais de fin du moins tant qu'un humain sera encore en vie sur cette planète. Ce qui pourrait ne pas durer si l'on se fit à l'effondrement démographique par la baisse de la natalité que provoque en grande partie ce modèle de société.

 

Nous vivons donc en direct la mort lente et véritable d'une nation et d'un peuple. Incapables de subvenir à ses besoins vitaux, les peuples victimes d'une telle évolution n'ont guère d'avenir en tant que tel. L'endettement peut permettre de faire illusion encore quelques années, mais ne doutez pas de la fin inéluctable et dans les larmes du système qui maintient un semblant de niveau de vie dans les pays déficitaires comme la France. Tôt ou tard, il faudra à nouveau rééquilibrer notre commerce extérieur que ce soit par la production locale ou par l'effondrement de la demande intérieure, ce qui en tel cas se traduirait par un doublement ou un triplement du chômage réel déjà passablement élevé. Et par une baisse brutale du PIB par habitant. À n'en pas douter, la situation française en cas de rééquilibrage serait probablement équivalente à l'évolution de pays comme l'Espagne ou la Grèce. Ce serait peut-être même pire puisque pendant longtemps notre natalité a été moins mauvaise que celle de ces pays.

 

C'est dans cette situation qui est la nôtre qu'il faut repenser l'économie entièrement en dehors des cadres du libéralisme totalitaire. Il faut abandonner la croyance que le marché par la loi de l'offre et de la demande optimise toujours la répartition des richesses, et fait les meilleurs investissements. Mais il faut aussi laisser tomber complètement le dogme du libre-échange qui ne produirait que des gagnants. L'histoire montre en fait largement le contraire. Dans le cadre actuel, le libre-échange tend surtout à déformer la part de la valeur ajoutée en faveur de la rente et du capital et à construire des déséquilibres tellement énormes entre les nations qu'il met en danger tout le soubassement de l'économie mondiale. Ceux qui se réjouissent de la montée de la Chine et de l'effondrement du dollar potentiel devraient y réfléchir à deux fois. Une telle évolution entraînerait un rééquilibrage d'une brutalité inouïe dont il n'est pas certain que les gagnants de la globalisation actuelle seraient les plus à même d'en tirer profit. Lors de la dernière crise, la Chine et l’Allemagne ont été lourdement frappées par le ralentissement américain. La simple division par deux du déficit commercial américain a suffi par exemple à plonger l'Allemagne en récession. Que se passerait-il si les USA rééquilibraient d'un coup leurs échanges par la contraction de la demande intérieure d’après vous ?

 

Le protectionnisme Trumpiste

 

Alors évidemment la question du protectionnisme n'est pas nouvelle sur ce blog. J'en ai déjà longuement parlé sur de nombreux textes. Mais il me semble que revoir cette question alors que Trump vient de mettre en place un tarif de 25 % de droit de douane sur les produits chinois était une bonne occasion de remettre les pendules à l'heure. J'ai critiqué Trump sur sa politique protectionniste et je continuerai à le faire. Non parce que je suis contre, mais parce que je la trouve approximative et amateuriste, en plus d'être essentiellement politicienne. Il a quand même fallu attendre extrêmement longtemps pour que cette politique se mette en œuvre alors qu'il a fallu seulement quelques mois à Trump pour mettre en place sa politique de baisse d'impôt pour les plus riches. Cela caractérise, je crois, assez bien le sens des priorités du président américain.

 

À cela s'ajoute également l'idéologie toujours aussi libérale qui imprègne la politique de Trump qui ne se différencie guère en vérité de celle des années 80. Quoi qu'il en soit il est vrai qu'il réhabilite quelque part les politiques protectionnistes même si les siennes sont particulièrement hasardeuses. La virulence du discours protectionniste de Trump tranche en fait avec son application réel. Alors les médias font certes leurs choux gras sur les conflits récents concernant la 5G et les problèmes relationnels entre les entreprises américaines et chinoises. Mais sur le fond reste l'énorme déficit commercial américain dont les secteurs des télécommunications ou de l'informatique ne représentent en réalité qu'une infime partie. Déjà la presse parle d'une défaite chinoise alors même que ce pays contrôle toute la chaîne de production des téléphones.

 

La question que l'on doit se poser ici est de savoir si reconstruire une industrie de production d'objets complexes réels comme les smartphones est plus simple qu'un assemblage de ligne de code pour réaliser des logiciels comme les moteurs de recherche de Google. La réponse paraît assez évidente pour quelqu'un qui a le sens pratique. C'est bien la production réelle qui constitue l'essentiel de la difficulté industrielle. Or à force de délocaliser l'occident et leur chef de file, les USA ont perdu l'essentiel de ce qui fait la production industrielle. Il n'est même pas sûr qu'il y est aujourd'hui les savoir-faire pratiques pour recréer aux USA une industrie du semi-conducteur, base pourtant indispensable de la civilisation numérique.

 

Trump et son logiciel mental libéral seront bien incapables de reconstruire une industrie américaine. Car pour cela il faut non seulement rompre avec le libre-échange, mais aussi rompre avec l'idée que tout s'arrangera tout seul par la simple volonté du marché autorégulé. Sans planification et politique publique appropriées il y a malheureusement fort à parier que la réindustrialisation ne se fera pas ou du moins pas aussi efficacement ni aussi rapidement qu'elle pourrait l'être. Il faut développer une stratégie industrielle, former les jeunes à autre chose qu'au baratinage marketing des grandes universités US. Il faut orienter les étudiants vers les sciences et l'industrie. Tout ce que le marché en occident dévalorise depuis des décennies à travers la répartition des revenus et l'idéologie de la société du tertiaire, idéologie qui a fait aussi énormément de dégâts en France au passage. Et réindustrialiser un pays ce n'est pas juste gonfler du muscle dans les discours. Il faut bien comprendre au préalable les interdépendances fabriquées par quarante ans de laissez-faire. Pour se libérer d'une corde avec des nœuds, mieux vaut comprendre la façon dont sont entremêlés les nœuds plutôt que de tirer comme un fou sur la corde au risque de se blesser au passage.

 

 

Une bonne politique protectionniste ne consiste pas à sauter sur la table et à taxer tous les produits importés sans réfléchir. Mais bien à se projeter dans l'avenir tout en faisant bien attention à ne point sous-estimer les difficultés d'une réindustrialisation. Le protectionnisme doit être progressif. Il doit réorienter les investissements en convainquant les producteurs de la rentabilité à long terme de la relocalisation des activités productives. Il faut également repenser la question du financement de l'économie. Comment ignorer le fait par exemple que le capitalisme moderne s'apparente plus aujourd’hui à un casino géant plus qu'à un système d'investissement productif ? Pour réindustrialiser, nous devrons également repenser le capital et la façon dont il est rémunéré. Impossible d'avoir des rendements fous à 15 % quand l'économie réelle ne croît que de 2 ou 3 % par an. Il faut rendre le capital moins fluide et plafonner le rendement potentiel pour les actionnaires afin de rendre attractif à nouveau l'investissement productif à faible rendement. C'est un problème rarement soulevé, mais qui est pourtant essentiel. Dans ses conditions de fonctionnement actuel, le capital n’investit pas dans les activités à faible rendement même si celles-ci sont essentielles à l'activité économique. Alors à moins de faire directement intervenir l'action publique directement, l'on serait bien inspiré de faire en sorte que le capital s'emploie même dans les activités à faible rendement. Évidemment une telle politique présuppose en plus du contrôle de la circulation des marchandises, un contrôle de la circulation des capitaux. L'épargne et le capital doivent impérativement redevenir uniquement nationaux.

 

Une politique pour l'autosuffisance raisonnable

 

Comme je l'avais déjà expliqué autrefois, l'autosuffisance n'est pas un gros mot. Ce n'est même pas une notion réactionnaire, c'est au contraire un objectif noble et extrêmement écologique. Pour les aficionados de l'ouverture, je rappellerais simplement cette évidence. La vie sur terre existe en autarcie, nous vivons déjà dans un espace clos. Certes, il est relativement grand à l'échelle humaine, mais minuscule à l'échelle de l'espace qui nous entoure. La seule chose qui constitue une entrée constante vis-à-vis de l'extérieur est l'énergie formidable que nous fournit gratuitement le soleil grâce au processus de fusion nucléaire de l'hydrogène. Il est donc totalement stupide de sauter comme un cabri sur une chaise en entendant les mots autosuffisances ou autarcie. La plupart des systèmes écologiques existent d'ailleurs en quasi autarcie. La vie optimisant les espèces suivant des lieux d'espace de vie souvent très restreints. La vie met des millions d'années grâce au processus d'évolution et de sélection à mettre point des interactions souvent extrêmement complexes entre les êtres vivant pour utiliser chaque ressource disponible dans un espace donné le plus efficacement possible. Loin d'être primitive ou grotesque, l'autarcie constitue en fait l'art le plus élevé de la vie. C'est la chose la plus difficile à atteindre. Demandez donc aux ingénieurs de l'ESA ou de la Nasa si c'est simple de faire fonctionner un vaisseau en vase clos pour atteindre Mars par exemple avec seulement trois ou quatre astronautes à bord.

 

Qu'est-ce qu’une autosuffisance raisonnable, me direz-vous ? L'on pourrait tergiverser longuement sur sa définition . Il ne s'agit pas de l'autarcie en tant que telle . Il y a ici un lien entre l'indépendance nationale sur le plan politique et l'indépendance économique relative à mettre en place. L'on peut très bien s'en tenir à la version de Maurice Allais qui préconisait un taux limite de 20 % en volume aux importations pour toute activité de production. En clair, faire en sorte que les importations ne dépassent pas la limite quantitative de 20 % de la production nationale. Cela laisse une ouverture importante à la concurrence étrangère tout en empêchant une dépendance trop grande aux marchés mondiaux. On maintient les savoir-faire minimums dans toutes les activités de production pour ne jamais les perdre totalement. Je rajouterai ici une limite en exportation également parce que la dépendance est à double sens. La notion d'autosuffisance nationale ne consiste pas à limiter uniquement les importations, mais aussi de ne pas trop dépendre pour l'écoulement de sa production des évolutions des marchés mondiaux. L'on voit bien la relation malsaine entre la Chine, l'Allemagne et les USA . La trop grande interdépendance loin de pacifier les relations les envenime considérablement.

 

La question de l'autosuffisance nationale peut paraître aujourd'hui curieuse et anachronique. Elle va pourtant se poser de plus en plus dans les décennies qui viennent. L'épuisement des matières premières , la multiplication des conflits commerciaux sur fond de déclin d'un occident de plus en plus visible vont remettre sur le tapis cette simple évidence qu'il n'est en réalité pas bon pour une nation d'être trop dépendante de l'extérieur. Loin d'être un sujet ringard, c'est au contraire une question d'avant-garde, car les nations qui sauront le mieux répondre à leurs propres besoins seront celles qui traverseront le mieux l'effondrement inéluctable du modèle globalisé actuel. Et il est bien malheureux de constater que sur cette question comme sur bien d'autres les nations européennes sont très mal engagées.

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27 mars 2019 3 27 /03 /mars /2019 23:16

Les anciens lecteurs de ce blog le savent probablement, je n'ai jamais eu une grande attirance pour l'écologie. Non que les questions écologiques ne soient pas intéressantes ou même importantes. Nul ne saurait véritablement rester insensible à la question de la survie même de la vie terrestre et de l'humanité . Jaques Ellul qui fut l'un des premiers penseurs de l'écologie reste d'ailleurs l'un de mes auteurs préférés. Dans son célèbre « Grand bluff technologique », il avait bien montré toute l'absurdité du technicisme moderne qui tend à produire de plus en plus de choses inutiles tout en créant le besoin par le marketing. Mettant ainsi en place une course à la consommation sans fin dont le seul but est un accroissement absurde du taux de profit et la justification de sa propre existence. Tout cela est vrai et la question de l'écologie est tout à fait pertinente à l'heure où nous parlons. Mais j'ai aussi apprécié du même auteur « Les nouveaux possédés » un livre qui annonçait le retour d'une société primitive guidé par des croyances absurdes et de nouvelles religions. À l'époque où Ellul a écrit ce livre, il parlait plutôt des mouvements sectaires, du marxisme, du phénomène de chanteurs idolâtrés et des diverses formes de retour des pensées magiques comme l'astrologie et ses multiples dérivées absurdes. Mais ce qu'annonçait Jacques Ellul dans son livre c'était bel et bien un retour du religieux sous une forme inédite.

 

 

Féminisme, écologisme, véganisme, communautarisme, européisme, néolibéralisme et autres fétiches modernes.

 

Comme vous l'aurez compris ici ce qui me gêne dans l'écologisme actuel, ce n'est pas la question écologique, mais l'usage qui est fait de ce questionnement par certains groupes. Car on assiste petit à petit à une expulsion de la raison et de la réalité du domaine public. Plus personne ne semble s'intéresser au monde réel dans notre société. Si vous pensez que j'exagère comment pouvons-nous analyser autrement que par une fuite hors de la réalité le comportement des élites françaises et européennes actuelles ? Le gouvernement français a-t-il seulement fait le bilan par exemple de la monnaie unique et de l'euro ? Les dernières données montrées pourtant par des instituts pro-européens allemands ont pourtant prouvé l'aspect extraordinairement néfaste de l'euro sur l'économie française. Nombreux sont les auteurs, y comprit issus du sérail, qui critiquent ouvertement la monnaie unique. Je ne parlerais pas de Jacques Sapir qu'on ne présente plus, mais de Jospeh Stigliz ou encore d'Ashoka Mody ancien assistant-directeur au FMI qui a écrit un livre à succès sur le sujet dont le titre annonce la couleur « EuroTragedy ».

 

Et pourtant nos dirigeants s'accrochent contre toute forme de raison ou de réalisme minimal . Macron préfère faire la guerre à sa population, remettre en cause l'état de droit, les libertés civiles et provoquer une guerre civile plutôt que de remettre en cause l'euro et la construction européenne. En temps normal avec des dirigeants normaux pour résoudre la crise des gilets jaunes, le gouvernement aurait annoncé la hausse du SMIC de 20 % et il aurait dévalué ensuite le franc de 30 % pour compenser. Et les problèmes auraient été résolus, les inégalités se seraient réduites au prix d'un peu d'inflation, mais d'une croissance plus forte et de création d'emploi. Mais là rien, on fait la politique du pire au nom des « valeurs européennes ». Valeurs dont on ne sait plus très bien ce qu'elles sont puisque l'UE est la première à violer tous ses principes en caricaturant la novlangue chère à Orwell. Je pourrais parler des folies entourant l'histoire de l'influence russe sur les élections américaines dont les enquêtes récentes ont démontré toute l'absurdité. On peut donner de nombreux exemples de croyances irrationnelles qui servent désormais de politiques publiques .

 

S'il y a derrière probablement des intérêts économiques comment ne pas y voir aussi une forme de croyance religieuse ? De nouvelles croyances religieuses particulièrement fortes chez les dominants dont les croyances collectives anciennes ont été particulièrement abîmées ces dernières années. De la même manière attention à vous si vous doutez du réchauffement climatique anthropocentrique ou du bien fait de la chasse au manspread ridicule des féministes. Depuis plusieurs décennies, l'occident semble ainsi frappé d'une maladie incurable qui le rend fou. De multiples idées absurdes sorties d'on ne sait où s'imposant subitement comme des priorités publiques absolument vitales. Et tout cela pendant que les questions essentielles du monde réel sont purement et simplement ignorées. Comment alors être surpris par la surprise provoquée par le mouvement des gilets jaunes chez les prétendues élites ?

 

On pourrait définir cette maladie comme étant une forme de fétichisation des idées. C'est un processus général qui est produit par l'évolution d'une société où les individus sont de plus en plus esseulés et où les liens d'autrefois ont disparu . Parce qu'il est seul, l'individu cherche à rentrer dans des groupes, mais comme les groupes traditionnels ont disparu les nouvelles formes de socialisation passent par de nouveaux identifiants arbitraires se fixant sur tout et n'importe quoi. Ces identifiants, ces marqueurs qui font de vous un membre de ce groupe ne peuvent en aucun cas être remis en cause, car ils deviennent identitaires à savoir qu'ils fournissent un moyen commode pour les membres du groupe de s'identifier entre eux par rapport aux autres. Les religions modernes n'ont rien inventé, elles suivent le chemin des anciens mouvements collectifs avec la même force, mais aussi les mêmes errements et dangers. Ces nouvelles religions créent leur propre langage commun leur propre référence et ce jusqu'à en devenir presque incompréhensible aux non-membre. Il suffit pour s'en convaincre d'écouter une féministe afrocentristre luttant contre les idéologies racisées ... Ces nouveaux groupes pratiquent l’intolérance et la chasse à l'hérésie et aux païens qu'il faut impérativement convertir ou éradiquer. L'on compare souvent la situation actuelle de l'Europe et des USA à la chute de l'Empire romain. Il y a du vrai dans cette comparaison. Mais l'on pourrait tout aussi bien la comparer à la poussée des hérésies chrétiennes produite par la bible de Gutenberg et l'accès à la lecture des textes sacrés par le plus grand nombre. Internet jouant ici un peu le rôle de l'imprimerie. On attend la prochaine guerre de Trente Ans .

 

Ces nouvelles religions entrent donc dans le débat public tout étant passablement contraires à la raison et aux principes scientifiques. Et cela ne choque personne. Les modernes gobent sans réagir les idées les plus absurdes jusqu'à la caricature. Les débats sont tronqués quand ils existent et la virulence des partisans de telles ou telles idéologies devient de plus en plus palpable. Le débat devient en réalité impossible pour la bonne et simple raison que les débatteurs ne cherchent pas la vérité ou un quelconque rapport au réel. Le but des débatteurs est simplement de convertir les infidèles exactement comme les intégristes des religions traditionnelles. Ils cherchent à élargir la taille de leur groupe y compris en faisant la chasse à d'autres. Le féminisme obsédé par l'inégalité salariale va jusqu'à remettre en cause la sélection des scientifiques pour y imposer des critères égalitaristes absurdes basés sur la proportion de femmes plutôt que sur les compétences . Mais ce féminisme triomphant se voit de plus en plus contesté par l'autre idéologie religieuse montant l'islamisme qui cherche à retourner les principes féministes contre lui en présentant le voile comme une liberté féministe. Ne nous y trompons pas. La cause de femmes n'a rien avoir avec ces débats. Les féministes modernes se fichent des femmes au moins autant que les islamistes. Il s'agit simplement de groupes qui cherchent à étendre leur influence pour acquérir puissance et revenu. Et peu importe si demain l'on remet la terre plate au programme scolaire ou que les futures chercheuses sélectionnées par quota ne sachent même pas faire de la physique élémentaire. L'important c'est la défense de l'idéologie et du groupe qui en tire profit.

 

Car si au départ les nouvelles religions ont pour objet la création d'un langage commun pour permettre une resocialisation de l’individu esseulé. Mécanisme qui en soi n'est pas une mauvaise chose même s'il s'agit d'admettre ici l'échec total de la société individualiste. Rapidement ces groupes se structurent et les membres les plus puissants en tirent force, revenu et pouvoir. S'en suit un processus qui transforme alors véritablement l'idéologie en groupe religieux à la manière des marxistes d'autrefois ou des néolibéraux, qui continuent eux à nous empoisonner la vie. À cela s'ajoute notre système capitaliste et marketing qui adore mettre les gens dans des cases pour faire des ventes en gros. Ce n'est pas l’idéologie islamique qui a créé par exemple le hallal, mais bien l’industrie capitaliste avide de marchés nouveaux à conquérir. Il y a souvent collusion entre les intérêts capitalistes et le communautarisme . Il suffit de voir la multiplication des enseignes communautaires dans nos villes sans parler de la fragmentation du marché en de multiples sous-ensembles des produits bios aux produits végans . Chaque groupe religieux veut sa part, et qu'elle soit la plus grosse et la plus visible possible. La nourriture est d'ailleurs un lieu identitaire particulièrement recherché par les religions, car elle permet de séparer physiquement les consommateurs et de rassembler le groupe.

 

Les nouvelles religions au secours de la grande bourgeoisie.

 

Au-delà de la simple course au profit commercial les idéologies et religions modernes sont aussi des outils puissants qui permettent à certains groupes de protéger ou de favoriser leurs intérêts au détriment de la cause nationale et de l'intérêt général. L'affaire des gilets jaunes a été révélatrice en la matière. Les bourgeois ont ainsi beaucoup gausser la comparaison faite par les GJ entre les taxes sur l'essence, le diesel d'un coté et la non-taxation du kérosène de l'autre. C'est à l'évidence une injustice, mais pourtant les bourgeois grands défenseurs de l'environnement n'ont guère réagi favorablement à cette évidence. Alors certes l'on peut parler la question des engagements internationaux qui interdisent l'action en la matière, mais en aucun cas contredire le fait qu'il y a là une évidente injustice. Je pourrais ici aussi mettre exergue le fait que les politiques écologistes se font systématiquement contre les intérêts des moins bien lotis quand il s'agit de taxe. Et que les aides quand il y en a prennent systématiquement la forme de crédit d'impôt qui bien sûr n'ont d'intérêt que pour ceux qui en payent le plus à savoir les classes aisés. Quelle serait donc la réaction des bourgeois de l'écologie si demain par exemple nous nous amusions à proposer de mettre des quotas de consommation limite sur les produits pétroliers pour toute la population française ? Cela dans le but de diminuer la consommation de façon rationnelle et égalitaire . Il est évident qu'une telle mesure serait rejetée par les mêmes bourgeois qui font pourtant de l'écologie une soi-disant priorité. On a ici la preuve que l'écologie n'a guère d'importance pour les écologistes, tout comme les droits des femmes disparaissent dès qu'ils entrent en conflit avec les intérêts des classes sociales qui en font la promotion. On cherche toujours des féministes pour combattre la dégradation des conditions de la femme chez les gros pays pétroliers. On cherche aussi des partisans LGBT pour combattre la lapidation des homosexuels dans certains pays. Mais non, mieux vaut parler du mariage gay .

 

C'est que les dominants de notre société ont un gros problème. Les vieilles croyances qu'ils avaient su construire patiemment de l'européisme au libéralisme triomphant des années 80 commencent à avoir du plomb dans l'aile. À force d'aller contre la réalité, celle-ci finit par user les cordes des idéologies mêmes les plus solides. On a beau dire comme des perroquets que la concurrence fait toujours baisser les prix les gens voient bien que non. On peut présenter la globalisation comme un truc formidable, les gens voient la dégradation de leurs conditions de vie et la poussée du chômage. On a beau dire que l'immigration c'est génial, les gens voient dans leur vie réelle la criminalité exploser, et la société se fragmenter ethniquement. Les dominants ont besoin d'idéologies neuves de remplacement et c'est à cela que sert l'écologisme actuel, rien d'autre. Et si vous attendez de gens si mal intentionnés qu'ils règlent réellement les problèmes de l'épuisement des ressources ou de la pollution, c'est que vous n'avez pas tout à fait compris à qui vous avez affaire.

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29 octobre 2014 3 29 /10 /octobre /2014 16:27

aa-China-cartoon-of-chinese-flag-being-wallpapered-over-US-.jpgLa valse des actualités pousse bien souvent les contemporains à ignorer les lames de fond qui font mouvoir l'histoire. Le manque de recul historique pousse d'ailleurs bien souvent les dirigeants à prendre des décisions en contradiction avec l'intérêt réel de leurs nations pour ceux qui s'en soucient du moins. Je ne parle donc pas des dirigeants français. Le fait est que la mondialisation économique a accouché d'une accélération de l'histoire. Une accélération que les différents protagonistes n'ont pas vue venir et qui prend de vitesse absolument tous les acteurs du jeu économique mondial actuel. C'est cette absence de conscience qui en partie explique les étrangetés récentes de l'affaire ukrainienne et les réactions étonnées des puissances émergentes, et déjà bien émergées que sont la Russie et la Chine. C'est Vladimir Poutine dans son discours qui affirme ainsi : « Je pense que nos amis américains sont tout simplement en train de scier la branche sur laquelle ils sont assis. » Il parle ainsi du dollar et des effets des politiques d'ingérence sur le système de domination monétaire américain. Les ingérences mettant en danger l'ouverture économique du monde et le rôle du dollar comme monnaie d'échange international. Étonnamment, le discours de Poutine au Club International de Discussion Valdaï est le discours d'un libéral désabusé. Vous allez me dire: « Poutine est un libéral ? ». Oui tout porte à croire qu'effectivement la vision économique de Poutine est en grande partie libérale puisqu'il fait du commerce le centre de la prospérité d'une nation et du libre-échange le facteur premier de son accélération.

 

Il est donc assez drôle de voir les Occidentaux brûler verbalement un homme qui finalement est assez proche d'eux sur le plan de l'alignement de la doctrine économique. Mais voilà, Poutine est le dirigeant d'une puissance montante qui met en danger par sa seule existence la domination des USA et de ses satellites. L'on pourrait faire la même remarque sur la Chine même si cette dernière n'est pas vraiment une puissance libérale sur le plan économique. Poutine accuse en fait les USA et ses sbires de ne pas avoir un comportement libéral en interférant dans les affaires du commerce et en faussant le libre exercice de la concurrence en faisant intervenir la politique dans l'économie. Je cite : « Nous voyons ce qui se passe quand la politique commence imprudemment à s’ingérer dans l’économie et que la logique des décisions rationnelles cède la place à la logique de confrontation, qui ne fait que nuire aux propres positions et intérêts économiques des pays en question, y compris les intérêts des entreprises nationales. » Serait-ce une réponse du berger à la bergère ? L'occident libéral pris à son propre piège. Lui qui accuse le vilain dictateur de l'Est de faire des pressions politiques dans la sphère économique le voila accusé à son tour du même vice. Mais je crois que le texte de Poutine est surtout celui d'un homme déçu. La vérité crue à mon sens c'est que le libéralisme n'est qu'une doctrine d'usage géopolitique. C'est vrai pour l'occident, mais aussi pour les puissances montantes. L'on est pour le libéralisme que tant qu'il favorise tel ou tel intérêt. Et l'on vire sa cuti dès que le vent tourne. La Chine qui aime nous vendre des tee-shirts pour nous copier nos Airbus ne vient-elle pas de mettre en place unetaxation des importations de charbon, frappant ainsi de plein fouet l'économie australienne ? Le problème c'est qu'au lieu d’accepter l'existence des nations et de leurs intérêts nous continuons à nous mentir par des discours trompeurs sur le doux commerce.

 

Le libre-échange et le suprématisme occidental

 

2034612 origLe libre-échange est une arme idéologique pour nation avantagée. Friedrich List accusait déjà Smith et son école libérale de faire de le jeu des intérêts de la puissance britannique. L'histoire lui a donné raison. La Grande-Bretagne a longtemps été le pays le plus protectionniste du monde jusqu'à l'abrogation des célèbres Corn Laws en 1846. Or le décollage du pays était en fait bien entamé avant cette date. Contrairement aux assertions libérales, l'histoire réelle montre que les pays décollent sous protectionnisme. Les USA ont eu des droits de douane de 50 % en moyenne de la fin de la guerre de Sécession jusqu'en 1945. Cela correspond au décollage industriel des USA et de leur économie. Je renvoie le lecteur aux nombreux livres sur le sujet et bien évidemment aux classiques de l'économiste et historien suisse Paul Bairoch « les Mythes et paradoxes de l'histoire économique ». En fait, le libre-échange est utilisé par certaines classes sociales contre d'autres suivant les penchants économiques du moment. La phase libre-échangiste de la Grande-Bretagne de la deuxième partie du 19e siècle correspond à la domination de la bourgeoisie issue de l'industrie manufacturière à un moment où les avantages acquis sous forme de productivité du travail par l'usage du charbon et de la vapeur étaient énormes. De fait, le libre-échange était alors à l'avantage de l'industrie britannique qui utilisa l'idéologie libérale à fin d'étendre sa puissance politique et économique sur le reste du monde. Si le message libéral officiel consistait à dire « Ouvrez votre commerce, et vous pourrez importer nos marchandises supérieures. Ainsi nous prospérerons ensemble », la volonté réelle était plutôt de casser l'apparition de concurrents potentiels. La Grande-Bretagne allait jusqu'à offrir des quantités de drap à ses futures victimes pour détruire les fabricants locaux, et imposer le made in Great Britain. Les Anglais utilisaient aussi la canonnière pour ouvrir les frontières, les Indiens et les Chinois en savent quelque chose. Leurs cousins américains usaient d'ailleurs des mêmes méthodes, l'histoire du commandant Matthew Calbraith Perry au Japon est assez représentative du doux commerce à coup de canon version américaine.

 

Les intérêts des industries manufacturières britanniques ont supplanté ceux de l'agriculture et ont accouché d'une longue période de libre-échange pour l'économie britannique. Fort heureusement certaines nations ne sont pas tombées dans le piège, et elles ont développé, de leur côté, leurs propres industries, qui finir par rattraper, puis par dépasser, celle de la Grande-Bretagne. Le libre-échange se retourna alors contre la nation qui l'avait initialement promulgué. L'on subit aujourd'hui en Europe et aux USA une évolution similaire à ceci près que tout se passe beaucoup plus vite sous l'effet du progrès technique et éducatif de la planète. Les USA sont devenus libre-échangistes à partir de 1945 pour des raisons pratiques. Pour lutter contre l'Union soviétique et pour permettre aux entreprises capitalistes américaines de se développer en Europe les USA ont accepté d'ouvrir leur propre commerce aux puissances étrangères en abaissant leurs barrières douanières. Comme dans le cas de la Grande-Bretagne au 19e l'avantage colossal créé par le progrès technique et en plus le fordisme permit aux USA de dominer culturellement et industriellement le vieux continent. Mais ce dernier n'était pas dupe et mit en place une politique relativement protectionniste. L'un des actes fondateurs de l'Europe était d'ailleurs la création d'un tarif extérieur commun. Mais l'un des facteurs nouveaux par rapport à l'époque britannique est le déplacé géographique des facteurs de production. En effet aujourd’hui on déplace les usines et les savoir-faire. C'est quelque chose de radicalement nouveau par rapport au 19e siècle et à l'époque de la théorisation du libre-échange intégral. Comme l'avait signalé Emmanuel Todd dans « L'illusion économique », les délocalisations ont commencé bien avant l'avènement de l'OMC dès la fin de la Seconde Guerre mondiale au sein même de l'OCDE. En effet, les pays européens et le Japon ont eux-mêmes bénéficié des délocalisations des industries américaines sur leur propre sol.

 

Le rattrapage extrêmement rapide du Japon et de l'Europe ne faisait que préfigurer le rattrapage de la Chine et du reste du monde sur l'occident. La seule différence est que l'Europe de l'Ouest et le Japon étaient à l'échelle des USA, la Chine et l'Inde sont beaucoup plus grosses démographiquement parlant. Le libre-échange aux USA a eu les effets extrêmement déformants sur l'économie US. La financiarisation résultant de celle-ci ayant concentré les richesses en haut de la pyramide sociale faisant des USA une nation encore plus inégalitaire que la Grande-Bretagne de l'époque victorienne. Mais ce n'est plus la bourgeoisie issue de l'industrie manufacturière qui bénéficie du libre-échange, cette dernière ayant été réduite à la portion congrue sous l'effet du libre-échange, mais la bourgeoisie financière pure et dure. Le libre-échange est toujours utilisé par une classe sociale pour son profit, mais la nature de cette classe sociale diffère suivant l'époque et le contexte. Quoi qu'il en soit il ne faut pas s'illusionner sur les apparences. Si le libre-échange est sans cesse présenté comme un jeu de gagnant gagnant, il est en fait une stratégie de domination de certaines classes sociales à l'intérieur même des sociétés qui le prône. Le libre-échange permet par exemple à la Chine d'avoir une croissance sans inflation et sans hausse de salaire puisqu'elle n'a pas besoin d'un marché intérieur pour vendre ses marchandises. Permettant l'explosion des inégalités à l'intérieur de la Chine. À l'inverse le libre-échange permet aux élites d'occidents de se passer des ouvriers et salariés locaux pour produire ce qu'elles consomment, et donc de croître là encore sans inflation et sans partage de la valeur ajoutée. La mondialisation libérale n'est qu'une internationale des rentiers.

 

Le problème c'est que ce mode de croissance ne peut avoir qu'un temps. Passé une certaine limite, le modèle de croissance déséquilibrée produisant des déficits commerciaux chez les uns, et des excédents chez les autres, il finit par induire des craquements et des crises de plus en plus violents. C'est la période que nous vivons aujourd'hui. L'Europe et les USA ne peuvent plus avoir de croissance en endettant toujours plus les états, les particuliers et les entreprises. La concentration des richesses fait que toute injection monétaire ne fait plus que croître la bourse et les diverses bulles spéculatives sans se transmettre à la consommation. De l’autre côté, les nouveaux pays industrialisés n'ont plus de débouché puisque leur marché extérieur s'épuise du fait de la désindustrialisation et que leurs marchés intérieurs sont encore trop étroits pour se substituer aux exportations. Qui plus est, un tel changement induit une déconcentration des richesses par inflation salariale et donc une réduction des inégalités qui se heurtera à la bourgeoisie industrielle de ces pays. C'est dans ce cadre-là qu'il faut analyser la situation actuelle et expliquer l'agressivité de plus en plus grande des élites occidentales face aux nouvelles puissances du monde extérieur.

 

 

L'Inde et la Chine sont le nouveau centre du monde

 

L'Europe et les USA sont malades. Ils n'ont plus la domination économique technique et industrielle qu'ils avaient. Et c'est leur propre politique libre-échangiste qui les a mis dans cette situation aussi vite. Sans le libre-échange le changement aurait été tout de même inéluctable à cause de la démographie, mais il aurait été plus lent et plus harmonieux. La Chine n'aurait pas eu de tels déséquilibres commerciaux et les USA ne seraient pas devenus une ploutocratie financiarisée. Les Occidentaux étaient persuadés que leur domination durerait toujours. Ils n’acceptent toujours pas leur déclin. Ils affichent au contraire la sûreté de leur propre puissance en s'enfermant dans un suprématisme qui n'a rien à envier au racisme du 19e siècle. Le suprématisme le plus voyant étant celui qui consiste à croire que nous nous spécialiserons dans la haute technologie pendant que la Chine et le reste de la planète produiront les objets. Cette idée est fondamentalement raciste. La Chine ou l'Inde produisent aujourd'hui nettement plus de jeunes scientifiques et ingénieur que l'Europe ou les USA. Leur retard n'est que momentané, il ne durera pas. Il suffit pour s'en convaincre de regarder le Japon ou la Corée du Sud.

 

La Chine va faire sa propre station spatiale et envoie des missions sur la Lune. L'Inde vient d'envoyer une mission automatisée sur Mars. De telles prouesses ne sont réalisables que si l'on a les compétences et les savoir-faire techniques de pays avancés. S'ils font de telles choses aujourd'hui que feront-ils dans 50 ans ? Au lieu d'être agressif, l'occident devrait accepter cette réalité. Le monde va retrouver ses équilibres d'avant l'industrialisation. Le centre du monde sera à nouveau l'Asie, c'est inéluctable à cause de la démographie. Le libre-échange nous est maintenant fortement défavorable, et il le sera de plus en plus. Quand l'essentielle des inventions viendront d'Asie que restera-t-il comme avantage comparatif à l'occident ? La prostitution ? Nous devons nous protéger et apprendre à nos jeunes à s'intéresser à ces nouvelles puissances. À parler leurs langues pour pouvoir les copier quand elles feront la course en tête. Il n'y a aucune honte à cela. Nos ancêtres l'on fait avant que l'occident domine le monde momentanément. La fin éventuelle de la domination du dollar pourrait d'ailleurs plonger les USA et ses satellites dans une crise invraisemblablement tant la déconnexion entre l'économie physique et l'économie financière est à ce point énorme. Le déclin est une obligation pour l'occident. Il nous reste cependant la possibilité de rester des pays avancé et relativement prospère. Mais pour cela il faudrait renoncer à vouloir dominer la planète et accepter notre faiblesse par rapport aux autres. Chose que le suprématisme empêche de faire. Tant que nous nous considérerons comme supérieurs aux autres par notre culture et notre façon de voir nous nous heurterons à des impossibilités. En nous voyant comme nous sommes, c'est à dire faible, et désindustrialisé, nous pouvons mieux accepter la nécessité du protectionnisme et de la régulation commerciale.

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15 avril 2014 2 15 /04 /avril /2014 16:39

Europe geographique grandeS'il m'arrive souvent de parler de ce qui ne va pas et de construire des textes passablement pessimistes, c'est essentiellement parce que la situation l'exige. Et à bien y réfléchir, il vaut mieux penser au pire pour mieux l'éviter, même si bien évidemment ce blog n'est qu'une minuscule goûte d'eau dans l'océan . Il semble d'ailleurs comme le note Laurent Pinsolle sur son blog que le réveil commence à toucher l'intelligentsia eurobéate puisque même des économistes dits « sérieux » commencent à parler ouvertement de sortir de l'euro. Je note d'ailleurs l'évolution salutaire d'Oncle Bernard alias Bernard Maris dont le positionnement pro-européen m'avait toujours étonné surtout lorsque l'on a lu ses très bons livres comme l'Antimanuel d'économie. J'attachais son positionnement officiel à sa condition personnelle et professionnelle autant qu'à son milieu plus qu'à une adhésion réelle. L'homme qui décrivait les économistes modernes comme des adeptes d'une nouvelle scolastique religieuse ne pouvait pas vraiment être totalement coupé des réalités économiques et du caractère délirant de la construction monétaire européenne. Ce changement me fait donc diablement plaisir et devrait réjouir quiconque n'est pas trop sectaire. L'erreur est humaine et les contraintes sociales peuvent parfois pousser des esprits brillants à s’asseoir sur leurs convictions. Tout juste peut-on parler de manque de courage personnel. Mais il est plus facile de se dire courageux derrière un ordinateur que devant l'adversité. Je ne jugerai donc pas de ces revirements ni ne ferai de procès. Plus nous serons nombreux à déclarer morte l'UE et l'euro et plus vite notre peuple pourra passer à autre chose.

 

 

Le retour de l'histoire européenne

 

Et c'est justement de cet autre chose que j'aimerai ici à nouveau discuter. Parce que la fin de l'UE ce n'est pas la fin de l'histoire, mais son renouveau. À nouveau parce que la discussion en elle même n'est pas nouvelle. Nous en avions même parlé sur le blog de notre illustre et regretté Malakine qui a malheureusement disparu totalement du circuit des blogs et dont je n'ai absolument aucune nouvelle. Pour ceux qui n'ont pas connu ce blog, il est toujours possible de consulter les articles du blog. L'autre chose dont je parle est bien sûr la construction d'une autre Europe. Mais il ne s'agit pas d'une autre Europe construite à partir de l'actuelle décadente. De celle-ci il n'y a plus rien à attendre, qu'elle meure le plus vite possible. Je parle ici de l'hypothèse d'une Europe polycentrique dont nous parlait jadis Malakine et qui peut s'esquisser sur une carte comme celle que je donne maintenant. Alors tout d'abord il faut expliquer pourquoi construire autre chose sur les décombres de l’ancienne UE. Peut-être pour donner un sens à l'action collective, un projet positif pour montrer que la fin de l'UE ce n'est pas la fin du monde. Et que l'erreur de la construction européenne construite sous domination américaine ne doit pas nous décourager de vouloir construire des associations positive entre nations. Du moment que l'on se sert bien évidemment de l'exemple de l'UE actuelle pour ne pas réitérer les mêmes erreurs. Il y a également des raisons de dynamique économique. Avoir un marché plus large n'est pas forcément une mauvaise chose surtout en face de mastodonte comme la Chine. Un marché large permet d'imposer des règles et des normes plus facilement que pour un petit marché qui peut subir les normes des autres faute d'une taille suffisante pour imposer les siennes. Je vous rassure, nul besoin d'un marché de 500 millions d'habitants pour cela. Le Japon et ses 127 millions d'âmes arrivent assez bien imposer ses propres normes dans les domaines de pointes comme l'informatique ou la microélectronique. Une simple alliance de l'Italie et de la France fait par exemple à mon sens un marché assez large pour cela.

 

Le furtur de l'Europe

L'europe potentielle d'après l'UE

 

Mais nous devons aussi prendre en compte l'histoire et notre héritage historique tous comme nos contraintes que l'évolution récente nous donne. Je me suis donc amusé à découper l'Europe en plusieurs zones potentielles pour de nouvelles unions qui me semblent plus cohérentes sur le plan économique et historique que l'actuelle Union européenne. Des unions qui permettraient une dynamique positive tout en respectant les liens historiques et les affinités. Il s'agit ici surtout de construire des ensembles logiques qui auraient une grande autonomie sur le plan commerciale avec des unions douanières et des monnaies commune et non unique. J'insiste sur la différence. La monnaie commune étant une monnaie de réserve, d'investissement entre pays, et non une monnaie qui remplace celle des états nations. C'est ce qu'aurait dû être l'euro en définitive. L'Europe est ainsi découpée en trois grands ensembles plus des zones floues dans lesquelles il est difficile de savoir quelle serait potentiellement l'évolution. Tout au nord, nous aurions la renaissance de la ligue hanséatique ensemble scandinave avec un très haut niveau de productivité et une proximité culturelle forte. Il se pourrait que la Grande-Bretagne y adhère, mais cela dépendra de l'évolution des liens transatlantiques. Ensuite une union germanique qui correspond en fait à la réalité de l'influence allemande. Les pays bas sont par exemple devenus le port de l'Allemagne. Une réalité qui se traduit dans l'énorme excédent commercial des pays bas qui représente 7,6 % du PIB un record mondial devant l'Allemagne. Même chose pour l'Autriche qui connaît un excédent à 3,4 % du PIB et dont les liens culturels et linguistiques avec l'Allemagne sont évidents. On pourrait y ajouter la Suisse, mais la neutralité historique du pays pourrait s'opposer à un principe d'union. Reste le cas belge. Ce pays ayant une coupure nette entre l'évolution économique de la Flandre et de la Wallonie. Tout porte à croire qu'une scission pourrait un jour apparaître tant les dissensions s'accroissent. Enfin il y a la zone qui nous intéresse et nommée l'union latine ou union méditerranéenne. Vieux mots qui furent employés même par Sarkozy, mais dont les significations changent suivant ce que l'on met derrière. J'y reviens dans la dernière partie de ce texte.

 

Pour le reste de l'Europe il y a un flou qui dépend des évolution d'état puissant et externe à l'UE actuelle. Par exemple le destin britannique est intimement lié à l'avenir des USA. Il est possible que si l'empire américain s'effondre avec son dollar, les Anglais se mettent à vouloir rejoindre une des unions précédemment citées. Il est possible également que l'on assiste à l'explosion du Royaume-Uni avec l'indépendance de l'Écosse qui pourrait précéder celle du pays de Galle. Il faut également noter que la surdépendance de la Grande-Bretagne vis-à-vis de la fiancée internationale pourrait se révéler fatale lorsque le monde aura muté et que l'empire de la finance anglo-saxonne aura cessé d'être avec l'effondrement du dollar. Ce n'est pas qu'une conjecture, l'empire US c'est le dollar. Il leur permet grâce à son pouvoir d'achat universel de matière première d'engranger des déficits extérieurs permanents et donc de faire vivre leur économie sous perfusion monétaire permanente. En 2007 on a vu l'effet sur l'économie US de la simple division par deux de leurs déficits extérieurs. Imaginez maintenant leur balance commerciale revenant à l'équilibre. Lorsque le monde aura retrouvé le sens des nations, chacune d'entre elles contrôlera à nouveau ses frontières des marchandises et des capitaux. L'on peut dès lors imaginer l'impact sur une nation comme la Grande-Bretagne. La City à elle seule pèse plus de 10 % du PIB. La fin de la circulation des capitaux à l'échelle internationale signifierait simplement la disparition de la City et de ses activités de piratage du capital planétaire. On comprend mieux l'attachement de ce pays à la liberté de circulation des capitaux lorsque l'on connait cette réalité.

 

Pour ce qui est de l'Europe de l'Est, il y a la question russe. Vous remarquerez que je n'inclus pas la Grèce dans la sphère de l'union latine et méditerranéenne. C’est essentiellement parce que je pense que la Russie va voir son influence grandir dans ce pays. Les liens religieux et historiques ayant une grande importance à mes yeux, il me semble, que le destin de la Grèce sera plutôt avec celui de l'Europe centrale et de la Russie. Même chose pour la Pologne, on pourrait cependant imaginer une union d'Europe de l'Est avec la Pologne en son centre. Plus à l'Est, la Russie reprendra son rôle historique, c'est d'ailleurs déjà en train d'advenir.

 

L'objectif de ces unions n'est pas de construire des états unis, ni même de petites confédérations. Il s'agit simplement de zone de coopérations étendue qui aurait plusieurs critères simples visant à créer localement ce que Keynes voulait créer avec son célèbre Bancor.

 

Chaque zone aurait ainsi :

 

-Une monnaie de réserve commune servant à l'investissement productif des nations membres

 

-Un tarif extérieur commun et des des quotas restrictifs qui viseraient l'autosuffisance de la zone ainsi commerciale créée.

 

-Une politique de contrainte des équilibres commerciaux interne. Chaque pays devant équilibrer sa balance des paiements.

 

-Une politique globale visant le plein emploi, le chômage de masse étant considéré comme l'ennemi public numéro 1. Dans ce cadre un pays déficitaire pourrait prendre des mesures pour restreindre les importations. Un pays excédentaire serait encouragé à relancer sa demande intérieure par des injections monétaires sous forme de grands travaux ou de hausse salariale. Il n'y a rien à imposer comme solution, seulement il faut que la règle de l'équilibre et l'objectif de plein emploi soient appliqués.

 

-La circulation des capitaux sera soumise dans ce cadre à un contrôle étatique important. L'épargne locale doit servir à l'investissement local. Les pays ayant des besoins importants d'investissement et devant faire appel à des producteurs étrangers pourront emprunter à la banque d'investissement de l'union. Elle est faite pour cela. Nul besoin de marché financier pour financer l'investissement réel. Ils ont d'ailleurs passablement démontré leur incapacité chronique à financer l'économie réelle ces dernières années.

 

Ces quelques règles communes laissent bien évidemment toute liberté aux états membres quant à leur application pratique. La règle la plus importante étant l'équilibre des balances des paiements. C'est la seule règle qui peut permettre un développement harmonieux à long terme. Le tarif extérieur commun lui vise à créer une solidarité économique locale entre les membres de l'union.

 

Pour une union latine et méditerranéenne

 

L'union latine est à mon sens un espace de proximité culturel et humain assez naturel pour la France. L'Italie, l'Espagne, la France, et le Portugal partagent ensemble des comportements économiques assez proche et leur histoire monétaire fait qu'ils peuvent s'entendre sur le plan économique assez facilement. L'intégration du Maghreb tient par contre de la stratégie à long terme visant plusieurs buts. Le premier est de refaire du monde méditerranéen un monde dynamique. Depuis l'avènement du commerce transatlantique, la méditerranée fut assez largement délaissée par les Européens. La stagnation du monde musulman n'a pas vraiment arrangé les choses et les empires coloniaux n'ont pas non plus vraiment relancé la dynamique économique de la zone. Alors que le monde bascule petit à petit vers l'Asie et que le destin du commerce transatlantique est de décliner en même temps que l'empire américain. Pourquoi ne pas faire de la méditerranée à nouveau cette mer des échanges qu'elle a si longtemps été ? Bien évidemment pour y arriver il faut que le sud de la méditerranée rattrape en partie le nord. Nous pourrions imaginer ainsi dans le cadre de l'union latine un équivalent au plan Marshall pour les Maghrébins. Le plan Marshall ce n'était pas seulement une aide financière. Il y avait une logique keynésienne derrière. C’était aussi un moyen pour les USA d'écouler leurs surplus de machines-outils vers le vieux monde. Nous pourrions faire de même ici en créant une banque de développement méditerranéenne qui prêterait en monnaie commune de l'argent aux états du Maghreb qui construirait ainsi une industrie en achetant des biens d'équipement avancés en Italie et en France. Cette région du monde pourrait facilement obtenir des taux de croissance à l'Asiatique pendant quelques années pour peu qu'elle consomme ce qu'elle produise. Il faut simplement lancer la pompe à croissance en lien investissement locale, gain de productivité local à la consommation locale. Nous devons faire pour l'Afrique du Nord cet effort qui nous sera mutuellement profitable. Les villes du sud profiteraient largement de ce développement sans parler des régions Italiennes comme la Sicile.

 

 

L'autre but évidemment de l'accrochage du Maghreb à l'Europe Latine est migratoire. Si nous ne voulons plus que l'immigration augmente, il faut impérativement que ces pays se développent. Et là encore, la réalité humaine fait que l'Italie, l'Espagne, et la France partagent la même source d'immigration l'Afrique du Nord. Cet intérêt commun rajoute donc des arguments à la pertinence de la construction d'un ensemble latin et méditerranéen. Encore une fois, l'objectif de cette union n'est pas de créer une nation, mais simplement un espace de développement collaboratif dans lequel les nations agissent positivement les unes avec les autres. Et comme nous l'a appris l'UE, ce sont les règles communes qui font la nature des relations entre les peuples de ce genre d'union. En voulant uniformiser le continent et en niant les réalités humaines locales, l'UE a créé les conditions d'une guerre commerciale en Europe. Loin d'unir les peuples, l'UE les a séparés. Les règles communes doivent donc prendre en compte le fait que les peuples ont des aspirations et des modes de fonctionnement différents. Les constructions d'union doivent donc plutôt rapprocher les peuples qui ont des affinités, des comportements et des intérêts communs. Les règles et les mécanismes de ces unions doivent rester simples et respecter l'indépendance de chaque peuple. Elles doivent être construites sur le respect de l'indépendance de chaque nation. L'union latine si bien ficelée pourrait être un vrai projet pour nos nations dans les années qui viennent. C'est une solution élégante à plusieurs de nos problèmes. C'est également une réponse à ceux qui pensent que les souverainistes et les patriotes sont contre toute forme d'organisation internationale. Il n'en est rien. Des projets scientifiques, industriels et culturels internationaux doivent au contraire être encouragés. Avec une telle union latine, nous aurions un marché de 250 millions d'habitants avec à la fois des ressources en matière première et des capacités de production de haute technologie. Ainsi qu'un espace potentiel de développement humain important. Cette union aurait en plus pour elle la profondeur historique puisqu'elle apparaît comme une lointaine descendante de l'Empire romain d'occident. On pourrait parler de la proximité linguistique des langues latines ou encore du fait que le français est extrêmement parlé au magret de quoi faciliter l'échange humain et commercial. Ainsi l'Europe post-UE pourraient enfin retrouver le chemin de son histoire celui qu'elle a perdu après la Seconde Guerre mondiale. Se redécouvrant multiple, l'Europe retrouverait enfin le chemin de sa prospérité en acceptant des divergences entre les peuples latins et germaniques. Entre ceux du nord, ceux du sud et ceux de l'Est. Ce n'est qu'en acceptant ces réalités que le continent pourra à nouveau aller de l'avant et pourra affronter ses problèmes démographiques, économiques et énergétiques à long terme.  

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