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29 décembre 2023 5 29 /12 /décembre /2023 15:02

 

Le temps fait inéluctablement son œuvre, soustrayant à la vie les plus grands comme les plus faibles. Et si la vie nourrit dès la naissance des inégalités qui parsèmeront la vie de chacun grand ou petit, laid ou beau, intelligent ou idiot, la mort en un sens réconcilie les êtres humains par son implacable égalitarisme. Nous finirons tous par mourir. Bien évidemment certains beaucoup trop tôt. On peut penser à Philippe Seguin, John Maynard Keynes, Pierre Desproges, Michel Berger et tant d'autres qui semblent être partis sans avoir eu le temps de finir leurs œuvres respectives. D'autres à l'inverse se sont notablement attardés malgré leur méfait et leurs inconséquences. C'est à cette seconde catégorie que je classerais méchamment Jacques Delors. Car je n'entends clairement pas participer aux louanges d'un homme qui a sciemment participé à l'assassinat de son pays. Quelques voix sur le net se font entendre y compris à gauche pour faire un véritable bilan de l'action de monsieur Delors lorsqu'il était aux affaires. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ce n'était pas glorieux. Avec Giscard, je pense honnêtement qu'il l'un des vrais penseurs de la déconstruction française. On peut également y ajouter Mitterrand, Barre et Rocard.

 

On peut bien évidemment penser qu'il s'est juste trompé, mais je ne crois guère à la naïveté de ces hommes qui contrairement aux imbéciles qui nous gouvernent aujourd'hui savaient souvent très bien ce qu'ils faisaient. Un document de quelques lignes sur les propos de Jacques Delors se félicitant de la désindexation des salaires sur l'inflation disant que la droite en avait rêvé, mais que c'est lui qui l'avait fait, montre tout le cynisme qui anime ces perfides personnages qui nous dirigent. Delors, tout comme Mitterrand n'a jamais été un homme de gauche, il a fait semblant pour faire avancer sa carrière politique. Il ne faut jamais juger les hommes à leurs propos, mais bien à leurs actes, et ceux de Delors n'étaient pas moins à droite que ceux d'un Giscard ou d'une Thatcher. Je l'ai déjà dit à de nombreuses reprises, mais le tournant de la rigueur sous les « socialistes » fut un moment politique très étrange qui jette en réalité un sérieux doute sur ce qui animait réellement l'élite de la pseudogauche française.

 

Le tournant de la rigueur et l'acte unique européen

 

En effet, rappelons que lorsque les socialistes arrivent au pouvoir la France n'est pas un pays de misère et pauvre. C'est une grande puissance avec de vrais savoir-faire industriels et une recherche très dynamique. Le Giscardisme a commencé à abîmer le pays en signant des traités de libre-échange et en laissant gonfler le chômage tout en favorisant l'immigration de masse, mais le pays va globalement encore très bien en 1981. Le grand problème du patronat français, c'était la hausse des salaires qui suivaient l'inflation. D'où les multiples assauts contre le salariat à l'époque. Le libre-échange et l'immigration de masse n'avaient pas d'autre but que de mettre sous pression le salariat. Il n'y avait pas de manque de main-d’œuvre à l'époque. Je rappelle qu'au contraire les baby-boomers arrivaient nombreux sur le marché du travail dans la décennie 70 – 80. L'argument qui consistait alors à dire qu'il n'y avait pas assez de salariés pour répondre à la demande en particulier dans le BTP était plus que fallacieux. C'est pourtant qui justifiera l’immigration de masse et le regroupement familial. En réalité la hausse du chômage à l'époque était liée à la collusion entre l'entré dans le modèle néolibéral sous Giscard-Barre, et la hausse de la population active. Au lieu de profiter de la hausse de sa population, la France a préféré faire monter le chômage pour casser les salaires. On ne le dira jamais assez, le chômage n'est pas un accident, c'est un choix économique. C'était vrai en 1974 tout comme aujourd'hui. C'est la fameuse thèse du NAIRU, le taux de chômage qui n'accélère pas l'inflation qui guide l'entièreté des politiques publiques en Europe depuis cette époque charnière. Rien n'a vraiment changé depuis.

 

Quoi qu'il en soit, les socialistes alliés aux communistes arrivent au pouvoir en 1981. Les néolibéraux qui ont totalement infiltré intellectuellement le parti socialiste entre Delors, Attali et Rocard et les nouveaux philosophes passés du maoïsme au néolibéralisme comme Bernard Henri Levy ou André Glucksmann ont un gros problème, c'est leurs alliés communistes. Sans ces derniers la gauche n'aurait pas pu gagner, mais le PCF de George Marchais n'était pas le pseudoparti de gauche qu'il est aujourd'hui. Il n'aurait clairement pas suivi les socialistes dans une dérive libérale sans un prétexte ou une escroquerie. Ce fut à mon sens le vrai objectif des socialistes une fois au pouvoir. Promouvoir des politiques incohérentes sur le plan macroéconomique pour justifier a posteriori un tournant libéral. L'échec des plans de relance sans un contrôle préalable des capitaux, en libre-échange et en restant dans le système monétaire européen était hautement prévisible. Je veux bien que l'on essaye de faire croire à de la naïveté ou à de la stupidité chez certains hauts fonctionnaires, mais là ce fut trop gros pour être vrai. Grâce à son plan raté, la gauche patronale va pouvoir jouer sur du velours, marcher sur les communistes et se débarrasser de la gauche interventionniste qu'incarnait par exemple Jean Pierre Chevènement. Le courant Delors-Rocard va prendre le pouvoir pour le plus grand malheur de la France et de l'Europe.

 

Heureusement, certains aujourd'hui osent rappeler les méfaits de Delors de son vivant. C'est à lui qu'on doit la désindexation des salaires sur l'inflation. David Cayal résume assez bien sur son blog l'influence néfaste qu'il a eue en matière économique. Et parlons un peu de son Acte unique européen. C'est cet accord qui va mettre la concurrence et le mélange de néolibéralisme américain et d'ordolibéralisme allemand au cœur des institutions européennes. L'ouverture totale à la circulation des capitaux au sein de l'UE va permettre de mettre en concurrence les systèmes sociaux. Ce faisant, ce sont les pays avec les fiscalités les plus faibles et donc les systèmes sociaux les moins généreux qui vont imposer petit à petit leur modèle. Et c'était bien le but, créer un cadre qui empêche la régulation de l'économie, et la lutte contre les inégalités. La concurrence au sein de l'UE n'est pas une concurrence entre les entreprises. Le plus souvent, on a des cartels ou des monopoles privés. La concurrence se fait uniquement sur le dumping salarial et social. Ce sont surtout les travailleurs qui sont en concurrence loin des grands discours néolibéraux. Parce que le but est d’extraire un maximum de profit, et la vraie concurrence n'est pas forcément très bonne pour ça. La combinaison de monopoles privés plus une féroce concurrence salariale sont le meilleur moyen de faire exploser les rendements pour l'actionnaire et les rentes. C'est ça le vrai modèle de l'UE. Et aussi à cette époque que l'immobilier va être dérégulé produisant rapidement la première bulle immobilière française depuis la Seconde Guerre mondiale. Une bulle qui éclatera à la fin des années 90 et qui sera suivie de celle que nous connaissons encore aujourd'hui même si elle semble enfin éclater à son tour. Cette dérégulation du marché immobilier, a grande participé à la fragmentation spatiale des couches sociales, qui se sont séparées, à cause justement du prix du logement. On voit ici ce que des choix a priori anodins au départ finissent par comme dégâts économiques et sociologiques à long terme.

 

L'Acte unique européen a cassé toutes les barrières à l'intérieur de la CEE, que ce soit sur les marchandises, les personnes ou les capitaux. La CEE invente le premier marché sans état nation, l'hyperglobalisation en quelque sorte, et le tout grâce à des représentants de « gauche » comme Jacques Delors. De plus dans une structure économique qui depuis l'entrée de la Grande-Bretagne, de l'Irlande ou encore de l'Espagne et du Portugal est de moins en moins homogène. Car l'acte unique européen qui rentre en vigueur en 1987 est précédé de l'entrée de l'Espagne et du Portugal, pays qui rentrent dans la CEE en 86. Des pays déjà nettement plus pauvres que la moyenne de la CEE de l'époque. C'est déjà à l'époque l'explosion du dumping économique, et ce bien avant l'entrée plus tard des pays de l'Est qui vont finir le travail de déconstruction économique de la régulation européenne d'après-guerre. L'agriculture française se fait démolir alors par la production espagnole, c'est à méditer puisque désormais l'UE ouverte à tous les vents vient de condamner nos derniers restes d'agriculteurs à la mort par le libre-échange avec la Nouvelle-Zélande.

 

Vous comprendrez après tout ceci à quel point je déteste Jacques Delors. Il est bien le représentant d'une classe politique de traîtres et d'hypocrite qui aura fait énormément de mal à la population française. Et nous ne sommes d'ailleurs pas près de réparer les dégâts puisque c'est toujours cette idéologie absurde qui dirige notre pays et ce continent moribond. Mais je crois que ce qui est le plus agaçant c'est d'assister toujours au bal des hypocrites de gauche . Des gens se pensent, ou qui prétendent, être de gauche, et qui font une ovation funéraire à un homme qui aura durablement instauré le néolibéralisme en France et en Europe. Plus que jamais la gauche française n'est pas de gauche et il serait temps que les Français s'en aperçoivent après 40 ans de trahisons permanentes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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commentaires

P
Selon Aquilino Morelle c'est Mitterand qui va chercher Delors et le pousser à prendre sa carte au PS ; à l'époque Delors évoluait dans les cercles Democrate-Chrétiens (leur influence néfaste sur l'UE n'est plus à démontrer) et gaulliens mais tendances libérales...bref pour Morelle, Mitterand avait besoin d'un allié européiste au PS pour relancer le projet européen sous forme actuelle.
Répondre
Y
Cela ne change pas grand chose à l'affaire globalement. La tendance libérale était déjà là chez des conseillés de Mitterand comme Attali. Cette époque a vraiment été une catastrophe pour notre pays.