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29 juin 2023 4 29 /06 /juin /2023 15:42

 

Alors que l'été arrive et que la crise énergétique est toujours bien là avec des prix toujours beaucoup trop élevés en France, il semble bien que nous nous dirigions aussi vers une baisse importante des prix de l'immobilier. C'est tout du moins ce qu'affirment les spécialistes du secteur, on peut par exemple lire cet article de La Tribune qui en parle avec une chute de 5% en moyenne en France. Alors évidemment ce journal qui s'adresse à une certaine catégorie de la population présente cela comme une catastrophe. Cependant, il faut bien expliquer aussi que l'immobilier en France a atteint des niveaux totalement aberrants ces vingt dernières années. Il suffit de regarder la courbe de Friggit pour s'en convaincre. Cet indicateur met en rapport les prix du logement par rapport aux revenus disponibles et c'est édifiant. C'est la marque claire d'une bulle qui aura durée 20 ans et peut-être plus. On ne sait pas encore vraiment si cette baisse sera durable. Et pour les loyers c'est exactement la même chose, on sait très bien que même les classes moyennes plutôt aisées n'arrivent plus à se loger à Paris par exemple ce qui est absurde.

 

 

Il est donc à mon sens plutôt étrange de trouver la fin de la bulle comme un drame si ce n'est bien évidemment si vous êtes vous-même quelqu'un vivait de la spéculation immobilière. En effet, cette baisse des prix n'est pas un drame si vous vivez dans votre logement. Que son prix baisse ou augmente ne change strictement rien à votre vie en réalité. L'impression d'enrichissement ou d'appauvrissement en fonction du marché de l'immobilier n'a de sens que pour ceux qui vendent et qui achètent particulièrement pour ceux qui en font un commerce. Certains objecteront que cela va nuire à la croissance et casser l'industrie du BTP, et c'est vrai en partie. Cependant, comment qualifier une industrie du BTP qui a continué à croître ces vingt dernières années alors que toutes les autres industries ont périclité ? Pendant longtemps, on prenait l'immobilier comme un indicateur de la santé économique du pays et pendant les trente glorieuses cela avait du sens. En effet à l'époque nous consommions alors ce que nous produisions, la France avait une économie relativement fermée et pas de déficits commerciaux extérieurs. De fait, la bonne santé du marché de la construction signifiait une bonne santé de la demande et donc une croissance économique réelle.

 

Avec la bulle immobilière de moins en moins de personnes peuvent le devenir.

 

Mais voilà, depuis plusieurs décennies, nous avons désindustrialisé, délocalisé et détruit l'essentiel de notre appareil productif. Le libre-échange, le franc fort, l'acte unique européen, puis Maastricht et l'euro ont détruit notre économie physique. À partir de la mise en place de l'euro, la France va petit à petit construire une économie fantasmagorique avec dans son cœur la bulle immobilière qui va créer une croissance artificielle basée sur une demande soutenue par la hausse des prix immobiliers. C'est exactement comme avec les subprimes aux USA sauf que contrairement à eux, grâce à l'euro, et aux taux d'intérêt faibles, la bulle ne dégonflera pas entre 2008 et 2010. Un fait d'ailleurs étrange qui a été noté par certains économistes, dans nos pays l'immobilier est un meilleur placement que les investissements boursiers. Non seulement ils sont moins risqués, mais cerise sur le gâteau, ils rapportent plus. C'est absurde, sachant l'immobilier ne produit rien et ne crée rien contrairement à l'industrie ou à l'agriculture.

 

La speculation immobilière rapporte plus que la spectulation financière à long terme dans nos pays.

 

C'est évidemment le résultat d'une anomalie macroéconomique. Le marché immobilier à cause de son rôle devenu crucial dans les pays désindustrialisés comme la France, les USA ou la Grande-Bretagne a été soutenu par tous les moyens. En Europe, les taux d'intérêt très bas pendant un long moment ont maintenu cette hausse artificielle. Rappelons également que la transition démographique et le vieillissement ont aussi favorisé ces hausses sans parler des changements de mœurs comme l'explosion du célibat. Il fallait plus de logements qu'avant pour le même nombre d'habitants. Mais tout ceci est condamné. En premiers lieux parce que notre population va finir par baisser à cause de la démographie. Et surtout parce que les taux ne pourront pas revenir rapidement à des niveaux bas, les banques centrales biberonnées à l'idéologie néolibérale vont maintenir les taux hauts pour soi-disant lutter contre l'inflation même si ça n'a aucun rapport comme nous allons le voir tout de suite.

 

 

L'inflation et les bénéfices

 

En effet, l'inflation qui se maintient a forcé les grandes banques centrales à des réactions plus ou moins rationnelles. Malheureusement, elles réagissent toujours avec les idées reçues de leur milieu et l'idéologie qui les anime même si nous savons d'expérience que les outils économétriques ne sont pas toujours ce qu'ils paraissent être. La phase d'inflation actuelle n'est pas celle des années 70, qui n'était pas l'inflation qui existait après guerre en France. Rappelons que pendant les trente glorieuses, loin d'être le fléau tant décrié, l'inflation a accompagné au contraire le développement du pays. On constate d'ailleurs empiriquement que les pays qui ont une croissance réelle ont aussi bien souvent une inflation plus ou moins élevée. De sorte que si une inflation excessive peut parfois être mauvaise, l'absence d'inflation est, elle, généralement, un très mauvais signe économique. Car la déflation est le vrai grand danger des nations et des systèmes économiques modernes, mais nos dirigeants l'ont complètement oublié. Sauf au Japon probablement où la déflation, qui ronge le pays depuis longtemps, est combattue avec obstination.

Mais en bonnes protectrices de la rente, les banques centrales ont donc décidé des politiques de lutte contre l'inflation par la hausse des taux d'intérêt. Ces politiques sur les taux étaient déjà moqués par Keynes et quelques autres économistes hétérodoxes dans les années 30. Les effets macroéconomiques sont peu contrôlés en réalité. La seule chose que cela fait est de casser les emprunts et donc la demande. L'espoir des banques centrales est donc de réduire la demande pour faire baisser l'inflation. Seulement, voilà, une étude récente montre que l'inflation actuelle n'est pas du tout le fruit d'une demande trop élevée. Au contraire, la zone euro et les USA se dirigent vers une récession à grande vitesse. Une évolution que la hausse des taux ne va faire qu'accélérer en réalité. D’après cette étude de l'OCDE, ce sont bien les marges et les bénéfices des entreprises qui ont nourri l'inflation, cela n'a rien aucun rapport avec une demande trop élevée ou une surchauffe de l'économie. Encore une fois, il est étrange de voir que nos sociétés qui disent être régies par la raison se contentent en réalité de régurgiter des idées reçues anachroniques pour gérer des situations de crises. Ce fut particulièrement visible pendant la crise du COVID, mais c'est exactement la même chose en matière économique.

 

 

Les banques centrales loin d'analyser la réalité de terrain se sont contentées d'agir sans réfléchir. Il y a de l'inflation, vite augmentons les taux d'intérêts, même si cela ne sert à rien, que l'inflation ne vient pas de la demande, et que cela va provoquer un effet boomerang assez violent en réalité. Car bien évidemment nous en revenons ici à la première partie du texte consacré à la bulle immobilière. Ce qui a permis la survie de la bulle immobilière en France et dans une grande partie de la zone euro fut la faiblesse des taux d'intérêt qui ont été vraiment très bas pendant longtemps. En réalité au lieu de repenser le modèle économique en 2008, on a voulu relancer la machine sans changer son programme. Et cela a partiellement marché, la bulle à regonfler, cela a maintenu une demande artificielle et la croissance a continué malgré l'indicateur du déficit commercial qui montrait que la France avait un problème par exemple. La hausse des taux condamne le modèle de croissance qui a prévalu en Europe et aux USA depuis 2008 sans qu'aucune alternative n'ait été réellement pensée. On parle de réindustrialisation en ce moment, Macron n'a que ça à la bouche. Mais pour l'instant on ne voit rien de probant dans les statistiques. On fait de grosses annonces, mais les faillites d'entreprises se multiplient. Même aux USA les indicateurs de la production manufacturière sont mauvais ce qui infirme le côté réindustrialisation. Beaucoup de communication à peu d'action réelle. Du reste pour la France et la zone euro je ne vois guère comment nous pourrions réindustrialiser avec des prix de l’électricité toujours à des niveaux absurdes. L'industrie est grosse consommatrice d'énergie.

 

Ce qu'il y a de certain c'est que la forte de baisse de l'immobilier dans un pays comme la France ne peut que provoquer une forte baisse de la croissance et donc une forte poussée du chômage. Je fais cependant confiance aux statisticiens officiels pour camoufler tout cela sous un tas d'indicateurs bidon et frelatés. Quant à l'inflation, je pense qu'elle va effectivement finir par ralentir, ne serait-ce que par les effets de la récession. En réalité dans les années qui viennent, je ne serais guère étonné que nous nous retrouvions en déflation cette fois. Entre la baisse de la population active, les politiques économiques absurdes et la fin de la bulle immobilière sans parler de l'écrasement sous le poids de la dette, voilà une situation des plus probables. Peut-être ici faudra-t-il y voir le vrai génie de Bruno Lemaire, il avait prévu la déflation à venir et c'est pour ça au fond qu'il a créé des OAT indexées sur l'inflation. Bruno Lemaire est un génie incompris en fait.

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