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3 juillet 2023 1 03 /07 /juillet /2023 16:08

 

 

Il fallait bien parler de la situation française après ces événements dramatiques de ces derniers jours en France . Les événements ne sont finalement pas si surprenants pour qui se tenait au fait de la réalité du pays depuis des années. La France ayant une élite volontairement déconnectée des réalités de terrain que ce soit en économie ou dans le domaine social, elle est en réalité la seule à être vraiment surprise par ces mouvements de violence. De la part d'une tranche de la population qui pratique régulièrement ce type d'action dans tout le pays, cela n’était finalement pas si imprévisible. Ayant moi-même habité dans les cités je sais combien le racisme et la violence antifrançaise sont courants. L'on peut trouver de multiples explications sociales, économiques et historiques à cette situation, mais il faut quand même accepter cette réalité d'un affrontement ethnique sur notre territoire. Il y a une séparation entre différentes parties de la population, les immigrés eux-mêmes n'étant pas vraiment un groupe homogène.

 

On m'objectera que tout est parti du racisme supposé d'un policier qui aurait fait un usage excessif de son arme à feu. Je répondrai simplement que le meurtre de ce gamin n'est pas en réalité le fond du problème. L'excès de violence policière est effectivement un problème que l'on rencontre un peu trop fréquemment depuis qu'Emmanuel Macron est au pouvoir. On se souvient tous de l'emploi souvent excessif contre les gilets jaunes ou sur les manifestants contre le projet de réforme des retraites. Macron a clairement utilisé la police nationale comme les troupes de la garde Prétorienne de l'Empereur romain. Et l'image des forces de l'ordre dans la population en avait clairement souffert. Seulement si l'on peut comprendre la colère des parents ou des manifestations de soutien, cela n'a strictement aucun rapport avec le fait d'incendier des écoles ou de piller des magasins. À moins d'avoir une cervelle de colibris, il est assez évident qu'une frange agressive de la population des banlieues a utilisé ce prétexte pour réaliser ses fantasmes de vol et de violence contre le reste de la population française. On est en fait assez proche de ce que Marx décrivait du lumpenprolétariat . Ce sont des outils aux mains de la bourgeoisie qui les utilisent à loisir pour casser les mouvements sociaux ou pour accaparer le débat public. Éloignant ainsi des feux des projecteurs les problèmes essentiels du pays comme les politiques macroéconomiques absurdes promu par Macron sous la direction de l'Union européenne.

 

Cependant, par définition, le lumpenprolétariat n'est pas entièrement contrôlable. Là, il a vraisemblablement échappé à ses maîtres pour dévaster excessivement le pays. L'extrême gauche qui utilise les immigrés et ce lumpenprolétariat a bien essayé d'être de leur côté pour faire de la récupération, mais cela ne fonctionne guère. Il semble même que la population française commence à comprendre ce qu'est la gauche française actuelle qui n'a plus rien en réalité ni de Française ni de gauche. Sous l'influence des think tanks comme la Fondation Terra Nova qui prônait de remplacer l'ouvrier français par la figure de l’immigrée éternelle victime, la gauche française est en fait devenue une excroissance des démocrates américains. C'est à dire des réactionnaires économiques déguisés en progressistes qui pensent la société comme un amalgame de communautés autonomes sans cohérence nationale. Avec en prime des discours anti-laïcité, voir ouvertement communautariste. À part quelques figures éparses comme Ruffin ou Roussel, la gauche française semble être apparue pour ce qu'elle est, un ramassis d'opportunistes dangereux pour le pays au moins autant que Macron et son parti.

 

Une immigration de masse jamais digérée

 

Le cœur du problème de ces émeutes est bien l'immigration même si tous les médias font mine de n'y voir que des problèmes sociaux, politiques ou économiques. Une immigration délirante camouflée depuis longtemps par un droit du sol aussi anachronique que dangereux dans un contexte mondial d'énorme déséquilibre démographique entre les nations. Beaucoup de gens accusent la gauche ou le socialisme d'avoir créé la situation, mais c'est oublier un peu vite que c'est surtout le patronat qui réclame toujours plus de salariés pour faire pression sur les salaires ou pour nourrir la demande en particulier dans le BTP. C'est d'ailleurs sous Giscard que l'immigration de masse a vraiment décollé.avec le regroupement familial. Quelque temps avant son décès, Giscard s'en était défendu en disant que c'était le Conseil d'État qui avait refusé la remise en cause du regroupement familial. Sauf qu'on sait très bien qu'en pratique le Conseil d'État peut se faire contourner. Quand les dirigeants français veulent quelque chose, il arrive souvent à passer outre les règles officielles. Il suffit de voir le nombre de fois où Macron a violé la constitution sans que cela n'émeuve pas grand monde. Dans les années 70, le patronat veut des immigrés, investir dans l'automatisation comme au Japon c'est trop coûteux. Donc le patronat va pousser les politiques vers cette acceptation. Il suffit de voir ce vieil interview de Francis Bouygues, le leader du BTP français pour voir d'où est venu ce choix.

 

À partir de là l'immigration passe d'une immigration de travail à une immigration de peuplement. On crée littéralement des colonies sur le territoire français en espérant que l'école et le système social français pourront absorber cette énorme masse comme elle semblait le faire pour les Espagnoles ou les Italiens. On connaît la suite, ce fut un immense échec camouflé derrière quelques réussites individuelles. Mitterrand et la gauche française ont ensuite utilisé les immigrés en leur faveur pour se maintenir au pouvoir. La nation a été conspuée et le travailleur français ringardisé, compliquant encore plus les possibilités d'assimilation. On pourrait dire simplement pour décrire ce phénomène comme le résultat de l’irresponsabilité naturelle du capital vis-à-vis du bien commun. Le capital qui tend à externaliser toujours plus les coûts pour ne garder que les bénéfices a utilisé l'immigration de la même manière. Il en garde les gains produits par une main-d’œuvre moins chère, mais n'en paie pas le coût en termes d'infrastructure, d'éducation ou de sécurité. De la même manière que les grands bourgeois avaient organisé les grands mouvements de colonisation des Amériques en premier, puis de l’Afrique et de l’Asie. Les grands bourgeois et le capital ont donc organisé aujourd'hui la colonisation de l'Europe qui doit l'accepter et se taire. Il s'agit au fond des mêmes mécanismes, quand la seule motivation politique est purement l’intérêt économique, cela peut déboucher sur des catastrophes collectives. Sauf que cette fois c'est les Européens eux-mêmes qui en sont victimes.

 

En un sens ces pillages intempestifs rappellent un peu les pillages de l'époque des Barbaresques. Les Barbaresques étaient la dénomination du Maghreb de l'époque précoloniale qui a pratiqué de la fin du 15e siècle jusqu'à la colonisation des pillages systématiques des cotes et des navires européens. L'un des objectifs était bien sûr l'enrichissement immédiat, mais cela servait aussi à alimenter les marchés aux esclaves musulmans parce que le nombre de chrétiens était en diminution sur leurs terres. En effet, il était impossible de rendre esclave un musulman, c'est probablement ce qui a permis d'ailleurs l’expansion de l'islam. De l'autre côté, la puissance montante qu'était l'Empire ottoman voulait nuire aux flottes et au commerce des Européens pour garder le contrôle maritime de la méditerranée. La colonisation de l'Afrique du Nord avait comme premier but de mettre fin à ces pillages d'ailleurs. Même si on le dit rarement dans les grands médias qui préfèrent parler des horribles crimes de la France en Algérie, c'est mieux pour nourrir la haine du pays par les nouveaux venus. Il est donc assez étrange de retrouver ces phénomènes de pillage dans la France du 21e siècle, mais c'est un retour aux sources de nos relations avec l'Afrique du Nord en quelque sorte.

 

Un problème anthropologique, économique et éducatif

 

Plus sérieusement, la question de l'intégration des populations immigrées est plus que jamais d'actualité. Mais il y est bien évident qu'avant de parler d'assimilation ou simplement d'intégration il faudrait déjà stopper le flux constant arrivant dans notre pays. En réalité s'il y a des différences anthropologiques, culturelles, éducatives et religieuses importantes entre les immigrés d'Afrique et ceux qui venaient d'Europe, il y a aussi une différence structurelle de flux. Les vagues d'immigration précédentes en France étaient limitées dans le temps. Ce n'est pas du tout le cas de celle du Maghreb par exemple qui continue aujourd'hui alors qu'elle a commencé à la fin des années 60. Ce flux continu participe probablement en partie à la non-assimilation des immigrés qui continuent à avoir des liens importants avec leur pays d’origine. Et je ne parlerai même pas du problème du regroupement familial qui avec les mariages arrangés produit un effet boule de neige permettant à ces groupes de population de vivre socialement en vase clos. Avant de vouloir résoudre le problème, il faudrait donc déjà arrêter complètement ces flux de population.

 

L'autre facteur prépondérant dans l'échec de l'assimilation de ces populations est anthropologique. Même si Emmanuel Todd a toujours cru que la France pourrait assimiler ses immigrés, il reconnaissait lui-même que la structure familiale française et maghrébine était littéralement aux antipodes du genre humain. En gros, il n'y a pas de structure familiale sur terre plus éloignée l'une de l'autre que celles-ci. La France a en son cœur la structure familiale nucléaire égalitaire très simple, assez libérale et très exogame (Papa, maman, les enfants) avec un statut élevé des femmes, alors que la famille maghrébine est très complexe de type communautaire à forte endogamie et fortement patriarcal. Au Maghreb même encore aujourd'hui on pratique le mariage entre cousins. Et l'autorité ne dépend pas uniquement du père, mais du groupe des hommes, le père, les frères, les cousins, etc.. L'autorité sur les enfants en France est le fruit unique des parents directs alors qu'au Maghreb elle sera plus collective et diffuse. De cette différence née des disparités en termes de fonctionnement de l'autorité sociale.

 

On peut vite imaginer qu'une population à la structure familiale très divergente de sa société d'accueil aura du mal à s'inscrire dans un environnement qui a été pensé en réalité pour une structure familiale très différente. On a là à mon sens la vraie origine de l'échec de l'immigration que ce soit en France ou ailleurs en Europe. On ne mélange pas les populations impunément. Ce n'est pas la nature de ces systèmes familiaux qui est en cause, mais bien le fait de les déplacer dans des sociétés complètement différentes. L'une des preuves du problème anthropologique peut se trouver dans la différence d'assimilation et d'intégration entre les filles et les garçons issues de l'immigration. En effet, si bon nombre de pseudohumanistes à gauche accusent systématiquement le racisme français dans l'échec de l'intégration, comment expliquer la meilleure assimilation des jeunes femmes maghrébine que ce soit en matière d'emploi ou de scolarité ? Le spécialiste de l'éducation, Jean-Louis Auduc, est l'un des rares intellectuels à souligner cet aspect de l'inégalité de l'échec entre les filles et les garçons. Il existe déjà un écart entre les garçons et les filles français historiques. Mais cet écart devient dramatique lorsque l'on s'intéresse aux enfants issus de l'immigration. Comme vous pouvez le voir sur le tableau suivant, le taux de réussite au BAC des jeunes filles maghrébines est le même que celui des Françaises moyennes. Alors que pour les garçons il est nettement en dessous de la moyenne des garçons français.

Cet écart va bien évidemment conduire à un écart en matière de réussite sociale et économique. Pour imputer l'entièreté de l'échec de l'intégration au racisme présupposé de la société française, il fallut que les filles échouent de la même manière au moins. Or ce n'est pas du tout le cas. L'explication est donc plutôt à chercher dans la forte différence qu'il y a entre la façon dont les garçons sont éduqués dans les familles maghrébines et les filles, par rapport au reste de la société. Peut-être la plus forte autorité sur les filles y est-elle plus compatible avec la structure sociale française. Quoiqu'il en soit, on voit bien ici le caractère caduc de l'explication « racisme ». Ensuite, cette disparité entraîne aussi une réaction masculiniste des jeunes d'origine immigrée qui sont frustrés par leur situation par rapport à celles de leurs sœurs et cousines. On peut voir ici l'origine probable de la « haine » des femmes qu'on peut souvent voir chez ces populations. Si on peut donner cette explication au mouvement masculiniste pour toute la population masculine en France, les femmes faisant de plus en plus d'étude et étant moins au chômage que les hommes. L'écart est beaucoup plus grand chez les populations d'origine maghrébine. Cumulant la nature patriarcale de leur anthropologie d'origine à cet échec économique et éducatif relatif, il n'est guère étonnant de voir dans les mouvements excessivement antiféministes nombre de jeunes hommes de cette origine.

 

L'autre facteur à prendre en compte est bien évidemment d'ordre économique. Il est bien évident qu'une société qui fabrique peu d'emplois souvent mal payés aura plus de mal à assimiler ses immigrés. C'est d'autant plus vrai qu'il n'y a plus les grandes industries qui employaient énormément de monde et qui pouvaient ainsi brasser les populations et faciliter l'assimilation par contact social prolongé. Cependant, n'oublions pas que des pays, en bien meilleure santé que nous sur le plan économique, ont aussi de graves problèmes d'émeute et d'intégration, à l'image de la Suède ou des Pays-Bas. Mais il est certain que sans une situation positive en matière économique il y aura peu de chance de réussir l'assimilation de ces populations. En tout cas comme nous l'avons rapidement vu, ce problème est multifactoriel. Mais il est quand même temps de demander son avis à la population sur les questions migratoires, car c'est le français moyen qui paye pour les délires de l'intelligentsia parisienne et pour le grand capital. La Suède et le Danemark ont remis en question leurs politiques migratoires récemment même si cela reste pour l'instant du domaine de la communication et que ces deux pays ont eu la riche idée de ne pas rentrer dans l'euro, gardant ainsi une autonomie décisionnelle. Il serait bon que ces émeutes gravissimes servent à quelque chose pour une fois avec une vraie prise de conscience. Il faut arrêter les frais en matière migratoire et voir ce que l'on peut faire en pratique pour résoudre le problème d'assimilation. On ne peut plus continuer comme ça ou nous irons réellement vers une guerre ouverte à terme.

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commentaires

D
Macron perd du credit dans le parti de l'ordre, une de ses grandes forces. Mais son eventuel remplacant pourrait encore embrouiller les petits vieux en leur faisant croire que l'on peut encore se permettre une forte immigration et que l'on va la gerer simplement avec de la police.<br /> Du côté de la classe politique suivie par la mediacratie, il se passe la même chose que lors des derniers embrasements. Les pistes sont brouillées en évoquant des causes autres que l'immigration. Ceux qui accusent l'immigration comme partie du probleme sont ringardisés. <br /> Les masses connaissent deja la verité depuis des decennies à en croire les sondages. Il faut convaincre ceux qui comptent, les milliardaires et les retraités ! Sur ce sujet comme sur les sujets economiques c'est un probleme bloqué par le manque de démocratie.
Répondre
D
@yann Je me souviens de ces propos de Todd. Il était un peu desemparé par le probleme.<br /> Si cette proposition est trop choquante pour etre acceptée on peut imaginer un vote qui compte double pour les parents d'enfants mineurs. <br /> Ca donnerait plus de poids au vote des jeunes. On peut defendre cette idée car cela compense l'absence de droit de vote des enfants. Les politiques ont souvent un impact à long terme, on le voit avec les politiques d'immigration notamment, et donc il paraitra legitime que les parents de jeunes enfants soient concernés par l'avenir lointain du pays .
Y
Le manque de démocratie si on veut. En fait notre démocratie est un peu devenue une gérontocratie. Les personnes âgées ayant un poids démographique énorme, elles imposent leur point de vue durant les élections. C'est ce qui faisait dire à Todd qu'il fallait peut-être penser à mettre un age limite pour le droit de vote.