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18 septembre 2023 1 18 /09 /septembre /2023 16:39

 

Depuis plusieurs décennies, la France soufre d'une véritable cabale contre sa propre existence. Ce vieux pays est extrêmement mal armé pour lutter contre cette haine antinationale, car cette violence vient d'en haut, de ses strates sociales les plus élevées. Or la France contrairement à bon nombre de pays n'est pas une nation ethnique ou unifiée par des pressions extérieures comme cela peut être le cas de pays comme le Japon ou la Suisse. La France est une nation qui a été construite petit à petit par la monarchie française. On ne va pas faire de cours d'histoire ici, je ne suis d'ailleurs pas historien et ce serait bien prétentieux de le faire. Mais il est indéniable que la France est une des rares nations sur terre à avoir été réellement construite par une petite élite. D'ailleurs, le pays a été longtemps considéré comme un empire, tant il y avait de variété culturelle et linguistique sur ses terres. On ajoutera d'ailleurs à ça le fait que pendant longtemps la France a été, et de très loin, le pays le plus peuplé d'Europe.

 

De fait, cette forte variété linguistique et culturelle a été longtemps combattue avec succès pour asseoir l'unité du pays face aux menaces extérieures. Avant de devenir la nation culturellement unifiée que nous connaissons aujourd’hui, le pays a largement pratiqué l'assimilation forcée des minorités culturelles de son territoire. Le mouvement jacobin n'a été en quelque sorte que le prolongement d'une volonté centralisatrice que la monarchie a pratiqué depuis des siècles. Et ce n'est pas sous la monarchie que la volonté d'assimilation a été la plus grande, mais sous la troisième république. Les hussards noirs n'avaient pas uniquement pour vocation d'instruire la population, mais aussi de faire taire les derniers restes de la diversité culturelle et langagière du pays. Il est assez drôle d'ailleurs de voir l'extrême tolérance actuelle de la gauche vis-à-vis de l'islam et des traditions culturelles importées par l'immigration quand on sait que c'est la gauche qui a été la plus violente contre les cultures et les langues régionales par le passé.

 

Quoiqu'il en soit la France telle que nous la connaissons aujourd’hui est le produit d'une volonté politique historique. Or, depuis quelques décennies, l'on constate clairement la disparition de cette volonté. On peut même affirmer que depuis le président Valéry Giscard d'Estaing qu'il y a désormais au pouvoir une véritable volonté de détricoter la nation française. Comme nous allons le voir, cette volonté prend deux formes, d'où le titre de ce modeste texte. À titre personnel, je pense que le désamour pour la nation est à associer à l'époque de la Première Guerre mondiale. Non seulement parce que la guerre a été violente, mais aussi parce que contrairement à d'autres nations , en France, les élites ont été extrêmement touchées par la mort sur les tranchées. Elles ont véritablement payé le prix du sang si je puis dire. Rappelons au passage que la France a été après la Serbie le pays qui a eu le plus de morts en proportion de sa population lors de ce conflit. Et nombre de polytechniciens et de jeunes issues de la haute bourgeoisie ont connu une fin abrupte lors de ce conflit. La haine de la guerre qui a été associée trop hâtivement à la nation prend donc probablement racine dans cette difficile période de notre histoire. Il a fallu du temps pour que la maladie de l'âme nationale ne prenne le pouvoir, et la Seconde Guerre mondiale a probablement retardé l'échéance, mais depuis les années 70 on peut dire que c'est acté. La France n'est plus dirigée que par une caste anti-France, mais cette anti-France comme je l'ai dit prend deux visages. Car il y a deux façons d'être anti-français même si au final les motivations profondes et les origines sociales sont les mêmes dans les deux cas.

 

L'anti-France de droite

 

La première façon d'être anti-France est dans le discours sur le retard permanent de notre pays, sur sa petitesse et sur l'adulation délirante d'autres systèmes nationaux forcément meilleurs et fantastiques. Cette haine de soi de droite est extrêmement courante en France, elle peut d'ailleurs aussi être pratiquée par la gauche de temps en temps. La droite libérale vous dira que la France est un pays communiste où tout est étatisé alors même que les libéraux détiennent le pouvoir depuis 40 ans, ne faisant guère de lien entre la situation actuelle et les politiques macroéconomiques menées. Elle vouera aux gémonies la France trop étatiste, les Français trop fainéants , et adorera tour à tour l'Allemagne , les USA, la Chine ou n'importe quel pays tant qu'il n'est pas la France. La taille est aussi un argument régulièrement proféré dans ce camp. C'est que la droite bourgeoise est un peu orpheline de l'époque où notre pays était encore grand sur le plan démographique. Et il est indéniable aujourd'hui que notre pays n'est plus une grande puissance ni même un grand pays à l'échelle du monde. Mais est-ce que cela interdit pourtant autant d'avoir une politique, une économie ou une langue qui nous est propre ? Combien de pays dans le monde bien plus petits encore que notre nation subsiste-t-il encore aujourd’hui ? Combien d'ailleurs de petites nations prospèrent, même alors que leur taille devrait les condamner, si l'on suit cette logique de complexé de la taille ?

 

Cette question de la taille est en fait un faux problème, il s'agit d'un argument servant avant tout à nourrir le discours de la haine de soi de droite. Il légitime la déconstruction nationale que ces couches sociales aisées souhaitent en réalité. Alors si j'ai dit qu'effectivement le discours de la haine de soi est né probablement avec la guerre de 1914, il existe aussi une autre raison plus simple. Le peuple de France est dominé en son centre par les valeurs de la famille nucléaire égalitaire cher à Emmanuel Todd. Des valeurs qui sont la liberté et l'égalité. Et si la liberté plaît énormément à la bourgeoisie qui s'en est servi pour abattre l'ancienne couche sociale aristocratique, l'égalité par contre la gêne énormément. Il s'agit là probablement de l'autre source de la haine nationale. La pauvre bourgeoisie française n'a pas la chance d'avoir une population obéissante et soumise comme peut l'être celle d'Allemagne ou du Japon. On l'a revu récemment avec les gilets jaunes, les Français peuvent très bien dire « merde » à leur dirigeant même les plus diplômés et savant quand ils les jugent incompétents, ce qu'ils sont en toute objectivité. La globalisation et l'Europe pour la droite antifrançaise sont donc des outils visant à dresser, voire à démolir ce peuple égalitaire et emmerdant, qui les empêche de jouir tranquillement de leurs privilèges.

 

Il est d'ailleurs important de rappeler ce rôle de l'amour pour l'égalité des Français à l'heure où la droite pseudopatriote essaie de surfer sur la montée électorale de mouvements similaires en Italie ou en Allemagne. En effet, les identitaires, le mouvement de Zemmour ou le Rassemblement National sont des mouvements de droite qui s'affichent souvent comme nationaux. Ils ont tous en partage la volonté affichée de mettre fin à l'immigration de masse par exemple. Et un esprit un peu naïf pourrait y voir justement un recul de l'anti-France ou une réaction contre ce phénomène, mais pas du tout en fait. En réalité, ces mouvements sont une adaptation de la droite bourgeoise anti-française à l'effondrement de sa domination doctrinale classique ultralibérale. Melonie en Italie qui vient d'abdiquer sur l'immigration montre toute l'hypocrisie qu'il y a à défendre l'arrêt de l'immigration tout en restant dans le libéralisme décomplexé de l'UE et des traités européens. Mais la couche sociale qui domine ces partis, si elle peut par moment regretter les effets de l'immigration ou de la globalisation, n'entrera jamais en contradiction avec elle. Parce que ce n'est absolument pas dans son intérêt économique. Pour résumer ça en une formule, la droite pseudonationale aime moins la régulation économique que les immigrés. Elle craint la fin de la globalisation et de l'UE qui signifierait devoir négocier avec les salariés français pour produire et réindustrialiser le pays. La grève géante dans le secteur automobile américain montre qu'en cas de déglobalisation il y aurait un nouveau partage de la valeur ajoutée . Un nouveau partage qui sera nécessairement défavorable aux couches sociales dominantes actuelles. Les discours zemmouriens ou identitaires sont en réalité un traquenard pour maintenir le statu quo économique. On accuse souvent la gauche, à juste titre, d'utiliser l'immigration comme un moyen électoral grossier, mais c'est exactement la même chose à droite.

 

L'anti-France de gauche

 

L'anti-France de gauche est plus visible et assumée que l'anti-France de droite. C'est pour cela que je vais en parler plus rapidement. L'origine de l'anti-France de gauche est plutôt à chercher dans la vision extrêmement égalitariste des Français. Si vous pensez que tous les hommes sont égaux alors les nations n'ont aucun sens et les frontières encore moins. On peut imaginer assez facilement que le discours postnational pousse facilement sur ce genre de terreaux anthropologique, comme on l'a vu lorsqu'on a parlé de l'Argentine récemment. Un pays qui a la même structure anthropologique que le bassin parisien. Il faut cependant bien distinguer ici la base électorale de l'élite qui profite de l'esprit de la gauche. Si la base électorale a sans doute un anti-nationisme réel produit par un égalitarisme excessif mal compris et niant l'existence des peuples et des nations. Un égalitarisme un peu con et pas très pragmatique si l'on peut dire. Celui de l'élite par contre est très souvent cynique. Quand on pense à un homme comme Mélenchon dont le cynisme est même la base de toute la carrière électorale, c'est vraiment visible. On a là un homme qui a été élève de Mitterrand, qui a voté « oui » à Maastricht ouvrant ainsi toutes les portes à la dérégulation économique du pays produisant misère et pauvreté et qui se prétend pourtant de « gauche ». Un homme qui parlait encore de laïcité en 2017 et qui maintenant nous fait un discours pratiquement pro-islamique. C'est à y perdre son latin si l'on n’admet pas tout simplement qu'il joue un rôle.

 

On ne peut pas comprendre les évolutions de la gauche française devenue antinationale, si l'on n’admet pas au préalable le fait que le discours n'est qu'une façade pour d'autres intérêts. Quand la gauche milite contre l'église et la religion catholique au 19e siècle jusqu'à la mise en place de la loi sur la séparation de l'église et de l'état en 1905, le catholicisme était un frein au commerce et au capitalisme. En réalité, tout ce qui concourt à gêner le capital doit être démoli pour le patronat. La laïcité a donc trouvé facilement des alliés au sein de la bourgeoisie parce qu'elle réduisait le poids de l'église et facilitait les intérêts du capital et de l'industrie. Il ne s'agit pas ici de critiquer la laïcité qui a été bénéfique, mais de comprendre pourquoi la gauche officielle a pu passer d'une position laïque à une position anti-laïque pour l'islam. De fait si l'on admet que les dominants de la gauche ne sont en fait de gauche que par intérêt tout prend sens. Il s'agit des mêmes couches sociales que la droite anti-France, ils sont juste sur un autre segment du marché électoral si je puis dire. Hier la laïcité a permis l'extension du capital en éliminant le frein catholique. Aujourd'hui, le capital a besoin d'immigré pour remplir ses entreprises et ses usines, mais comme les immigrés sont surtout musulmans et qu'ils n'aiment pas la laïcité, il faut donc s'en débarrasser au moins pour eux. On voit d’ailleurs poindre à gauche des discours sur la nécessité d'un double standard sur le droit. On aurait un droit spécifique pour les musulmans. Il s'agit là bien sûr de favoriser les intérêts du patronat même si ce sera présenté comme de « gauche » et progressiste alors qu'il s'agirait en pratique d'une régression absolue de plusieurs siècles en arrière.

 

Si l'on se place d'un point de vue électoral, on comprend vite l'anti-nationisme de gauche. La gauche française, qui a abandonné les ouvriers et les pauvres avec le tournant de la rigueur en 1983 pour suivre son rêve postnational européen, n'avait plus les moyens de plaire à son électoral traditionnel. Les ouvriers qui vivaient les effets directs de l'immigration se sont enfermés dans le piège de la fausse droite nationale du FN. La gauche a alors changé de discours et essayé de plaire à un électorat plus citadin et étudiant. Ce fut le culte des minorités qu'elles soient immigrées ou sexuelles. Plus grave, depuis le discours de la fondation Terra Nova en 2014, on voit clairement une orientation de plus en plus anti-française voulant littéralement remplacer la population locale par des immigrés. Cette dérive est véritablement un mouvement dangereux et l'on pourrait même déclarer que la gauche française devient un danger pour le peuple français tant cette dernière à intérêt électoralement à sa disparition.

 

Comme nous l'avons rapidement vu, il ne faut pas se focaliser trop fortement sur les postures. La séparation droite-gauche est en réalité extrêmement artificielle sur bien des plans. On a surtout affaire à une couche sociale dominante qui lutte pour maintenir son emprise sur une population exsangue de ses choix économiques depuis 40 ans. Le théâtre électoral sert essentiellement à empêcher de vraies alternatives d’apparaître. Si le macronisme a pour un temps affiché l'unité réelle des intérêts de la bourgeoisie française en montrant qu'en réalité la gauche et la droite pratiquaient la même politique, il a aussi fragilisé la position des dominants. En effet, l’essuie-glace UMP-PS permettait de mieux camoufler la réalité du pouvoir. Il est possible qu'à travers la pseudodroite nationale et la NUPES la bourgeoisie essaie d'imposer un nouveau système de camouflage. L'important étant surtout une absence de débat autour de l'UE et de l'euro, ces partis ne représentent absolument aucun danger pour les couches sociales supérieures. En particulier le RN qui a complètement abandonné l'hypothèse d'une sortie de l'UE et de l'euro. Après les choix économiques absurdes et la dégradation extrêmement rapide du niveau de vie de la population pourraient pousser fortement le pays vers l'implosion. L'absence de véritable alternative électorale par la domination des médias et des principaux partis politiques pourrait pousser la population à des réactions extrêmes.

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commentaires

D
La gauche peut défendre la laïcité en 1900 et défendre l'Islam en 2020 sans contradiction, tout simplement parce que le mot ne désigne pas la même chose. En 1905, elle représentait le bassin parisien, alors qu'aujourd'hui, la gauche représente l'espace protestant, en gros, les régions de Toulouse, Bordeaux et partiellement Lyon. La haine franche de la gauche pour la France vient de la mentalité profonde, dans ces régions, l'inégalité et l'autorité, donc le rejet fondamental de l'égalité et de la liberté. Ce furent des régions contre révolutionnaires. La droite est forte dans les régions qui ont porté la révolution française, la gauche l'est dans les régions fortement protestantes de la moitié sud dans le passé et les centristes dans les régions contre révolutionnaires restées toujours catholiques.<br /> L'"amour" de l'"Arabe" et du Noir de la part de la gauche vient de l'inégalité. Incapable de les considérer comme des égaux, elle va les considérer comme des inégaux mais supérieurs. Cela s'arrête dès que l'"immigration" commence à être assez importante dans ces régions, beaucoup d'électeurs passent aux Identitaires, toujours l'inégalité mais vers le sens inférieur.
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Y
C'est vrai mais elle s'appelle toujours la gauche. Il est important de mettre ses contradictions intellectuelles en avant pour mieux la combattre. Il est bien évident que le substrat électoral de la gauche actuelle n'a plus rien avoir avec celle de 1905.