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27 octobre 2023 5 27 /10 /octobre /2023 15:18

 

Si sur ce blog depuis 2009, j'ai fréquemment parlé de la nuisance que représente la construction européenne. Il faut bien admettre que cette structure malgré ses nombreuses tares arrive à survivre depuis quelques décennies. En réalité, je ne pensais pas que les élites européennes et particulièrement françaises seraient capables de maintenir une telle souffrance économique à leur population pour maintenir l'euro par exemple. J'avais probablement sous-estimé leur suffisance et sous-estimé leur manque d'empathie vis-à-vis de leur propre population. L'euro survit maintenant depuis plus de 20 ans et même s'il conduit l'UE a un déclin économique de plus en plus visible, il n'est toujours pas remis en question par la majorité des Européens ni même des Français. Il faut dire que beaucoup d'efforts sont entrepris par les médias et les hommes politiques pour brouiller les pistes en la matière et le niveau global de compréhension des questions économiques est très faible en France même si la population se méfie à juste titre des économistes mainstream.

 

Comme je l'ai dit souvent, je ne pense pas de toute manière que la fin de l'UE se produira par un processus électoral. Cela nécessiterait un niveau de compréhension avancé des questions économiques ainsi qu'un débat clair sur la question. Choses que le système médiatique et politique actuel ne permet plus du tout, et c'était déjà extrêmement difficile il y a vingt ans. On se dirige donc plutôt vers une implosion liée à des dysfonctionnements de plus en plus violent de la structure économique et politique européenne. Le continent n'a malheureusement pas les talents politiques et le sens des responsabilités qu'avait l'URSS en fin de course et qui a permis la déconstruction du machin soviétique de façon à peu près responsable, même si la rupture fut douloureuse pour la Russie des années Eltsine. Ce sont donc des chocs violents externes qui vont fracasser l'UE et les dissensions internes qui en découleront.

 

Les actions nationales individualistes se multiplient

 

D'ores et déjà dans de nombreux domaines on voit petit à petit la façade d'unité européenne se fracasser, y compris dans les secteurs qui avaient jusque là plutôt réussi. Ainsi dans le domaine spatial qui avait constitué l'une des grandes réussites de l'Europe, même si Ariane n'a rien à avoir avec l'UE, l'unité s'effondre. Chaque pays commence à faire sa petite tambouille spatiale dans son coin. L'Allemagne et l'Italie lancent leur propre programme et sabotent de plus en plus ouvertement la coopération européenne que constituait Ariane Espace. Cela devient d'autant plus voyant que ces sabotages à répétition et les multiples retards qu'ils ont provoqués ont cassé le leadership européen en la matière. L'Europe se faisant distancer par tout le monde et devant maintenant se résigner à faire appel à des lanceurs étrangers pour ses propres programmes spatiaux. En Europe, il n'y a plus guère que la France à vouloir encore faire d'Ariane le fer de lance des programmes spatiaux européens. La France qui se fait piller allègrement ses savoir-faire en la matière par les autres acteurs européens ferait bien de se réveiller. Nous devrions lancer d'urgence un programme de lanceur spatial national et innovant. Nous avons tous les moyens humains pour y parvenir, il manque juste la volonté politique de se passer de nos si encombrants partenaires européens.

 

Nous pourrions également parler longuement des atermoiements systématiques dans le secteur de l’armement. Quand les états européens veulent de l'armement soit ils achètent américain, plus pour faire plaisir à l'oncle Sam que pour l'efficacité de leur matériel. Pour éviter de trop nous moquer de l'armement américain, nous éviterons de parler à l'avenir du F35 aussi grotesque que pathétique. Ou alors les Européens se lancent dans des programmes nationaux ou binationaux souvent avec des pays en dehors de l'UE comme le Japon par exemple. Il n'y a pas de programme militaire européen basé sur l'actuelle Union européenne. Pour quelque chose d'aussi important que l'armement, un secteur où le partenariat à l'échelle de l'UE pourrait avoir un sens en diminuant les coûts de production unitaires par sa masse. Et bien, il ne se passe rien. Les initiatives sont toujours nationales et même de plus en plus nationales. Dans ce domaine tout se passe comme si l'Europe des nations, celle du général de Gaulle s'était imposée de facto sans même que les acteurs du système ne s'en rendent compte. Dans le domaine militaire comme dans beaucoup d'autres, l'UE n'existe tout simplement pas.

 

Mais les dissensions les plus spectaculaires de ces derniers temps sont bien évidemment sur la question énergétique. L'Allemagne, encore elle, a réussi à imposer aux autres membres des politiques énergétiques totalement folles qui ont mis le continent à la merci de chocs externes violents. L'accumulation d'erreurs dans ce domaine est flagrante comme l'abandon progressif du nucléaire imposé par Berlin au reste de l'UE. Le marché européen de l'énergie a également eu pour but de favoriser clairement les intérêts germaniques contre l'avantage comparatif que constituait aux yeux de Berlin le parc nucléaire français. En favorisant son industrie éolienne contre tout bon sens, l'Allemagne, à courte vue , s'est en fait rendue totalement dépendante du gaz russe. Une dépendance qu'elle a payée cher pendant le conflit, mais le marché européen de l'énergie a été un moyen d'atténuer ce coût en le faisant payer aux partenaires qui n'avaient pas fait la même erreur comme la France. En ce sens, ce faux marché totalement artificiel qui a collé l’ensemble des systèmes de production énergétique totalement incompatible entre eux est une démonstration par l'absurde de l'échec structurel de l'UE.

 

Il n'y a pas d'intérêt commun aux nations européennes. Il est donc tout à fait normal que l'UE se transforme en champ de bataille à chaque décision importante. On apprend d'ailleurs que le gouvernement allemand va directement soutenir son industrie en faisant fi des règles européennes en la matière. Une nouvelle preuve que l'UE n'est qu'un outil aux yeux de la première puissance du continent. Un outil lui permettant d'écraser ses voisins, rien d'autre. L'UE est donc un champ de bataille totalement improductif qui ralentit les prises de décisions, quand il ne les rend simplement pas impossibles. La paralysie progressive du continent et sa très faible croissance depuis des décennies sont en grande partie le fruit de ces paralysies. Le plus petit dénominateur commun entre chaque peuple européen se traduisant généralement par l'inaction. Les puissances externes à l'UE l'ont bien compris et ne prennent plus les Européens au sérieux. Quant à la puissance tutélaire américaine, elle en profite pour asseoir sa domination de plus en plus prégnante sur le continent. L'UE et l'euro ayant fortement affaibli le continent, ce dernier devient de plus en plus le jouet de puissances étrangères. Et je ne vais pas vous expliquer ce qui arrive généralement aux peuples qui deviennent les jouets de puissances étrangères. Cela finit généralement très mal pour eux.

 

La panique des bureaucrates européistes

 

Face à cette poussée des individualismes nationaux, les bureaucrates, attachés à l'idée européenne et surtout à ses prébendes, réagissent en paniquant. Beaucoup de gens ont souligné la prise de poids de madame Von der Leyen durant les multiples crises que nous avons vécu ces dernières années. Elle a en effet largement outrepassé les cadres politiques que les différents traités lui octroient. La présidence de la Commission européenne n'est élue par personne, et ne peut en aucun cas par exemple parler au nom de l'Europe sur les questions de politiques étrangères qui restent la prérogative des états membres. Elle ne s'est pourtant pas gênée pour le faire surtout depuis la guerre en Ukraine. Nous ne parlerons pas ici de ses étranges liens avec l'industrie pharmaceutique mettant fortement en doute les vraies raisons de ses actions pendant la crise du covid. Ce qui est clair c'est que sous sa présidence l'UE a semblé vouloir damner le pion aux états membre et mettre en avant un tournant fédéraliste à l'UE. Cela pourrait sembler vouloir contredire l'évolution dont j'ai parlé juste avant.

 

On voit même à l'heure actuelle une proposition visant très ouvertement à faire de l'UE un état fédéral éliminant les dernières capacités des états membres à faire des politiques autonomes. C'est ce que l'on apprend dans cet article d'Euracitv avec une proposition de faire des référendums européens. Je pense que cette fuite en avant fédérale est avant tout une contre-réaction au phénomène que j'ai décrit juste avant. Ils veulent écraser les états avant que l'UE n'implose en réalité. Loin d'être révélateur d'une force, il s'agit plus d'un acte désespéré. Il n'y a plus que les ploutocrates français pour défendre réellement la fuite en avant européenne pour le plus grand malheur du peuple français d'ailleurs. Du reste même s'ils réussissaient à accroître la chape de plomb de l'UE par la création d'un état fédéral, le problème de fond resterait. L'UE et l'euro entraînent la concentration des richesses dans certaines régions et sont catastrophiques pour la majorité des états membres. Un accroissement de l'unification européenne ne pourrait en réalité qu’accroître les tensions au point d’entraîner probablement des conflits voire des guerres civiles. Sans parler de l'affaiblissement encore plus rapide qui pousserait d'autres puissances à s'aventurer dans nos problèmes. Il est à mon sens aujourd'hui important de faire comprendre que l'UE n'est pas une solution, pas plus que notre avenir. C’est bien au contraire la source de beaucoup de souffrance et la mise sous tutelle des pays européens sous la puissance américaine. Le saut fédéral ne serait qu'un saut vers l'abîme et la fin du continent.

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