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22 janvier 2024 1 22 /01 /janvier /2024 15:59

 

 

Comme je l'ai dit dans mon précédent texte, je feuillette en ce moment même le dernier livre d'Emmanuel Todd qui est sorti à la mi-janvier. Je pense en faire une critique bientôt même si j'ai déjà souvent parlé sur ce blog des œuvres d'Emmanuel Todd. Après tout, c'est grâce à lui si ce blog existe, tout comme il m'avait permis de connaître le blog Horizon vers 2008-09 dont l'auteur qui a disparu de la scène depuis était un grand fan. Emmanuel Todd, qu'on soit d'accord ou non avec ses interprétations, a l'immense qualité d'appuyer ses questionnements et ses théories sur des faits. Chose beaucoup trop rare dans le débat français qui consiste surtout à faire de la métaphysique et de la philosophie sans faire véritablement de science. Dans son dernier livre, Emmanuel Todd construit une explication de l'évolution occidentale qui se base sur une interprétation nihiliste des comportements. Je ne vais pas m'attarder sur le point de vue de Todd sur cette question, mais pour résumer nous serions au stade terminal de l'effondrement de la croyance religieuse.

 

Si vous êtes des lecteurs habitués de cet auteur, vous savez qu'il s'était déjà appuyé sur la question de l'évolution de la croyance religieuse précédemment. On se souvient de son livre « Qui est Charlie ? » où il utilisait le concept de catholicisme zombi pour décrire, à mon avis un peu trop rapidement, les réactions à l'immonde attentat de Charlie Hebdo en 2015. Ce livre lui a valu des inimitiés et des énervements. Je n'étais moi-même pas totalement convaincu par son analyse à l'époque. Cependant, la question de l'effondrement de la croyance religieuse a toujours été l'une de ses marottes si je puis dire. Donc d'après lui nous arrivons aujourd'hui au stade terminal d'un phénomène qui a décollé avec l'arrivée du protestantisme et la hausse de l'alphabétisation dans la population, à savoir l'effondrement de la croyance religieuse. Après le stade zombi, qui fut caractérisé par un maintient des traditions culturelles, et des automatismes de la religion, sans pour autant que la croyance ne persiste réellement, vient donc ensuite le stade zéro, celui du vide total. Une période que nous vivrions aujourd'hui en occident et qui expliquerait une absence totale de morale sur tous les sujets, un nihilisme absolu.

 

L'explication est séduisante et tend à expliquer certains étranges comportements, ou propos. Emmanuel Todd qui est de gauche a tendance à prendre en exemple des comportements qu'il juge nihilistes lorsqu'il parle de la droite et de l'extrême droite. Il cite plusieurs fois dans son livre l'extrémisme anglais consistant à signer un accord d’expulsion des immigrés vers le Rwanda par exemple. On peut lui accorder le fait que cette idée en soi est absurde. Mais si cela caractérise en partie le nihilisme qu'il dénote, par la disparition des valeurs traditionnelles chrétiennes qui interdiraient normalement de tels raisonnements. Que dire de son propre camp dont il parle bien peu finalement ? Son ami et coauteur Hervé Le Bras, avec qui il a écrit plusieurs livres, vient à nouveau par exemple de faire l’apologie de l'immigration de masse dans une émission de télévision. Mais la volonté de remplacement des Français par une population immigrée, et celle de réduire la natalité des populations de souche accompagnée de l'immigration de travail. Comme l'a affirmé à nouveau la représentante d'EELV madame Sandrine Rousseau par exemple, n'est-ce pas aussi du nihilisme ? Je critique ici Emmanuel Todd sur sa tendance à ne voir le nihilisme que de l’œil d'un homme de gauche un peu hémiplégique ayant tendance à ne pas voir celui de son propre camp. Que dire de la GPA et des multiples usages purement utilitaristes de l'humain que prône fortement une certaine gauche derrière un paravent humanitaire qui camoufle de plus en plus mal les vraies motivations égocentriques de la bourgeoisie ? Cela aussi c'est du nihilisme si l'on se place du point de vue des valeurs chrétiennes, mais Todd en parle beaucoup moins, il est vrai.

 

L'occident orphelin du christianisme, mais pas de la religion.

 

Quoiqu'il en soit, on peut effectivement voir dans le nihilisme une explication facile à ces comportements amoraux qui se multiplient dans un peu tous les aspects de la vie. N'oublions pas non plus la période du COVID où les innombrables absurdités prescrites par les gouvernements et les conseils dits « scientifiques » multipliaient les âneries quand on n’était pas carrément dans la corruption de haut niveau avec l'industrie pharmaceutique. Rappelons quand même les mesures extrêmes prises pour une maladie dont on savait déjà qu'elle n'était guère dangereuse. Nous séparâmes pourtant les familles à cette occasion et nous avons même laissé certains vieux mourir seuls pour soi-disant les protéger du COVID. L'on pourrait effectivement voir cette période comme un nihilisme démonstratif, en tout cas comme une preuve de la disparition totale des valeurs chrétiennes.Todd d'ailleurs s'appuie aussi sur l'exemple du comportement de l'industrie pharmaceutique américaine et de la catastrophe des opioïdes pour montrer l'évolution amorale de la société américaine privée de sa conscience protestante. Ce nihilisme semble effectivement tout emporter, même la science. Rappelons-le, dire la vérité est quand même quelque chose d'extrêmement important pour la méthode scientifique. Des scientifiques qui se mettent à mentir sur leurs données pour y faire avancer quelques intérêts sont hautement dommageables pour la science. Or les valeurs chrétiennes sont porteuses justement d'une aversion au mensonge. On pourrait donc ici se demander si quelque part la disparition du christianisme en tant que matrice idéologique de l'occident n'a pas cassé quelque chose d'essentiel au fonctionnement de sa science et de son organisation économique et sociale.

 

Cependant, le nihilisme n'explique pas tout un tas de mouvements et des passions modernes. Ne voir dans le mouvement wokiste qu'un mouvement nihiliste est à mon sens un peu court. Car si le nihilisme peut expliquer la disparition de la morale publique traditionnelle, la disparition du sens de l'intérêt général et même la disparition de l'empathie qui est pourtant si importante pour la vie sociale. Le nihilisme ne peut expliquer les passions nouvelles qu'on voit poindre de temps en temps dans les discours publics. Il peut donner des pulsions de mort, mais pas des pulsions créatrices et mobilisatrices aussi absurdes soient-elles. C'est en ce sens que je pense que Todd se trompe un peu. Le christianisme est bien mort, même si certaines de ses valeurs persistent en étant déformées par moment. L'on peut aussi voir poindre simplement de nouvelles religions. C'est donc plutôt vers l'explication d'un Jacques Ellul que j'irai chercher les réponses aux étranges comportements de nos élites et notre population perdue.

 

Jacques Ellul est connu pour son œuvre majeure avec son célèbre livre « Le bluff technologique ». Il est souvent adulé par les écologistes qui bien souvent n'ont lu qu'une version résumée de son plus célèbre ouvrage. Il critiquait la fétichisation de la technique et la montée du fameux système technicien. Une espèce de machine échappant à la volonté humaine prise dans un engrenage de contraintes visant à produire toujours plus pour consommer toujours plus et permettre l'augmentation permanente du taux de profit. Il est l'un des rares penseurs à avoir vu que le développement technologique à partir de la fin des années 60 devenait de plus en plus superflu. Mais si ce livre reste d'une étonnante actualité, de plus en plus d'ailleurs. L'autre aspect des analyses de Jacques Ellul fut d'avoir vu, avant tout le monde, la défaite finale de l'athéisme. Dans son livre « Les nouveaux possédés » dont j'ai déjà parlé, il ne décrit pas un monde d'athées nihilistes comme le fait Emmanuel Todd, mais plutôt un monde de gens perdus dans d'innombrables croyances païennes. Si l'on pouvait faire une comparaison, on pourrait comparer ça à la période préchrétienne de l'empire romaine, où d’innombrables cultes se côtoyaient, ou à la période chrétienne précèdent le concile de Nicée.

 

Une période où le christianisme était fragmenté en une myriade de sectes plus ou moins compatibles entre elles des nestoriens à l'arianisme en passant par le donatisme. L'on pourrait dès lors décrire notre monde post-chrétien non comme un monde nihiliste, si ce n'est de façon très passagère, mais comme un monde à la recherche de nouvelles religions en proie à une multitude de cultes s’affrontant. Dès lors, nous pouvons expliquer mieux qu'avec le nihilisme les différentes passions qui entourent les comportements des élites et de la population. En l'absence de croyance collective, les populations cherchent naturellement un liant entre elles. Ce besoin de partager une croyance commune pour créer du lien est à la base en grande partie de la force des religions. Cela crée un langage commun, une communion. Le phénomène est bien connu pour ceux qui s'intéressent aux mouvements sectaires qui ont jalonné l'effondrement des croyances plus classiques. Mais ce phénomène, comme pouvait le décrire Jacques Ellul dans son livre des années 70, peut toucher en réalité toute idée, personne ou organisation. Il dénotait lui-même que les stars musicales de l'époque étaient déjà décrites comme des idoles modernes. Le terme utilisé décrivait parfaitement bien le phénomène. Ce qui intéressait les gens au fond n'était pas la personne, ou les idées, mais bien le fait de retrouver à travers telle idole ou telle idéologie un liant social.

 

Ce phénomène explique à la fois ce que décrit bien Todd, c'est-à-dire la disparition des valeurs chrétiennes résiduelles qui continuaient il y a peu à structurer nos sociétés, tout en expliquant les débats absurdement passionnés qui peuvent, ici où là, être alimentés par les foules. Ce que le nihilisme et sa pulsion de mort ne sauraient expliquer. Par exemple, les écologistes extrémistes qui s'attaquent à nos agriculteurs, qui collent leurs mains sur du bitume et font d'autres choses encore plus extravagantes n'ont pas une pulsion de mort, ils sont animés par des croyances. Des croyances qui peuvent avoir des conséquences mortifères, mais des croyances quand même. Elles ne sont juste plus du tout chrétiennes. On pourrait en dire autant des transhumanistes, de l'idéologie woke, des débats délirants autour des orientations sexuelles, etc.. Nous voici donc perdus dans ce monde de païens dont les derniers oripeaux chrétiens ont disparu et sans concile de Nicée visible à l'horizon. Le principal problème de cette foison de croyances, c'est qu'elle favorise les conflits et les incompréhensions. Et elle rend également très difficile le discours rationnel. Comment en effet construire un débat scientifique si les idées elles-mêmes deviennent des croyances intouchables sur tel ou tel sujet ? On le voit sur l'Europe ou l'écologie qui sont devenues des totems indomptables par la raison. Cette explication de notre temps me semble donc plus à propos que le nihilisme toddien. Nous ne sommes donc pas nihilistes, mais à nouveau polythéistes, à chacun sa croyance en quelque sorte.

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commentaires

L
Bonjour.<br /> <br /> L’époque est bel et bien nihiliste. Je vous invite à visionner une des émissions que j’avais consacré à ce thème : "Chronique des Barbaries du vendredi 24 septembre 2021 : Le Nihilisme et ses conséquences potentiellement catastrophiques" https://1p6r.org/1p6r/la-barbarie-qui-vient/chronique-des-barbaries-20210923/<br /> <br /> Crise de civilisation, tournant historique majeur, voilà en quelques têtes de chapitres le paysage présent. C’est d’ailleurs la raison de la création du "Cercle Du Renouvellement Spirituel", car aucune civilisation n’a jamais rebondi ou émergé sans s’adosser à une spiritualité (https://cercledurenouvellementspirituel.org/).<br /> <br /> Dieu est mort, et cela ne date pas d’hier. Ce à quoi nous assistons est juste la fin de sa décomposition.<br /> <br /> Cordialement.<br /> <br /> Luc Laforets<br /> www.1P6R.org
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L
Moi aussi j'ai acheté le dernier Todd sans avoir commencé à le lire. Il faut dire que, face à écœurement que provoque en moi la marche des événements, je suis plutôt porté en ce moment à m'intéresser aux grandes ères géologiques et zoologiques du passé terrestre lointain (comme j'aimerais être brontosaure dans une atmosphère saturée de gaz carbonique !). J'ai regardé par contre pas mal de vidéos où il s'expliquait sur son dernier bébé avec la confusion un peu brouillonne qui caractérise ses performances orales.<br /> <br /> Le côté hémiplégique du personnage sur lequel vous mettez le doigt ne date pas d'hier. Un livre tel que "le destin des immigrés" dans sa partie prospective sonnerait singulièrement creux aujourd'hui et passerait pour une bluette savante de bonne convenance à l'usage d'un public exclusivement bobo. <br /> <br /> Le moins que l'on puisse dire aujourd'hui en effet est que les vertus démiurgiques du "creuset rébublicain" ont fait long feu. Il y a un monde fou dans ce pays qui a fait son trou dans le fromage de la république sans trop se préoccuper de savoir s'il restera quoi que ce soit à manger demain pour les tribus particulières. <br /> C'est ainsi que le fameux creuset fait plutôt penser à une fosse commune dont la devise serait "au bonheur des asticots" et force est de constater que les fameuses "idées de l'extrême droite" ne sont pour pas grand chose dans le constat. <br /> Raison pour laquelle j'ai toujours observé une admiration critique à l'égard de Todd comme à celui des bizarreries désormais célèbres de sa philosophie politique, sur lesquels lui-même s'est plu à ironiser. <br /> <br /> Je suis donc tout autant dubitatif que vous sur le diagnostic du nihilisme qui frapperait l'occident selon Todd, simplement par le fait que la nature humaine ayant horreur du vide, il ne peut y avoir de nihilisme sans tentative réflexe simultanée de remplir l'espace ainsi dégagé par autre chose.<br /> <br /> Ce qui est clair c'est que nous assistons à la fin peut-être pas de l'occident mais de sa prééminence dans le monde et que cette débâcle est largement due à un processus auto-destructeur.<br /> Vous citez Jacques Ellul dont le "bluff technologique" m'avait aussi marqué il y a vingt cinq ans mais un Michel Maffessoli n'a pas tort non plus lorsqu'il discerne dans le processus la fin irrémédiable d'un monde "moderne" centré autour de trois axes de valeurs que sont l'individualisme (et l'indidualisme méthodologique son cancer ajouterai-je), le rationalisme et la croyance quasi métaphysique en l'idée de "progrès". <br /> <br /> https://m.youtube.com/watch?v=UbxA3pqBj_c&pp=ygUQbWljaGVsIG1hZmZlc29saQ%3D%3D<br /> <br /> Un monde sorti également de la matrice chrétienne à laquelle il est resté étroitement lié (en se comportant souvent comme un fils indigne) puisqu'il ne faut pas oublier que Saint Thomas D'aquin distinguait la raison de la foi quatre siècle avant Descartes, cela même s'il soumettait la première à la seconde en bon aristotélicien. <br /> Il semble bien qu'aujourd'hui la foi ait abandonné toute raison au point de s'annihiler elle-même et que cette dérive mortifère soit principalement passée par la branche protestante de la chrétienté, ce qui nous amène au cœur de ce que Todd identifie comme un nihilisme terminal. <br /> <br /> Même s'il est d'origine juive (ou surtout s'il l'est), il y a du chrétien zombie chez Todd, dont on sent bien que son constat sans appel s'accompagne de dépit puisqu'il signifie ni plus ni moins la déconfiture de toute les valeurs chères à l'homme de gauche occidental positiviste sans parler de son prolongement politique naturel qu'est la démocratie représentative et ses principes, ô combien galvaudés de liberté et d'égalité, (la fraternité étant déjà absconse à l'origine). <br /> D'où son inclinaison naturelle et logique à distinguer dans le brouillard du nihilisme la figure tutélaire de l'esprit de la droite extrême, son grand Satan à lui. <br /> <br /> Je pense aussi avec Maffessoli -et Todd à fortiori- que l'occident est cuit, parce qu'il s'agit d'un processus mondial au sein duquel le reste du monde ne peut regarder notre état actuel que comme l'aboutissement de l'histoire de nos propres valeurs, cela qu'elle que soit leurs grandeur passées, et il n'en tirera que ce qui lui paraîtra utile.<br /> Par souci de dignité nous ne pourront que sauver ce qu'il y aura à sauver mais l'opération ne regardera que nous, dans un monde qui nous a déjà tourné le dos (ce que j'aimerais dire à une Ariane Bilheran qui trouve le moyen dans le contexte actuel de se crêper le chignon avec ses anciens amis anti-totalitaires sur la pureté intentionnelle de Nietzsche !). <br /> <br /> Plus que du nihilisme, je vois d'ailleurs dans ce qu'il faut bien nommer l'effondrement actuel la fin de l'idée de transcendance propre aux trois grands monothéismes -quoique moins absolue dans le cas du judaïsme. <br /> Et là encore il s'agit d'une péripétie inscrite dans un phénomène mondial, qui voit la fin de l'individu hanté par ses abstractions céder la place au grand retour d'une multitude de "nous" collectifs  célébrant la vie et rien que la vie  - pour le meilleur et pour le pire car susceptibles autant de s'opposer aux manoeuvres totalitaires qu'à en être le jouet. <br /> <br /> Même l' Islam est affecté par ce bouleversement, qui voit son flanc politique bousculé par la résurgence des nationalisme arabes particuliers depuis les guerres d'Irak et de Syrie. Si conflits de civilisations il reste en ce monde, alors il s'agit de civilisations à la ramasse devant la voiture balai. <br /> <br /> Plus que de paganisme, notion qui comporte une nuance péjorative aujourd'hui, je vois donc aussi une résurgence de l'immanence dans la foultitude de simulacres pétris de religiosité qui explosent autour de nous. Jacques Ellul (comme Barthes avant lui mais qui débusquait l'idéologie en général derrière les signes) ne se trompait donc pas sur la véritable nature de nos "idoles" de la pop music. <br /> <br /> Je constate simplement qu'elles ont tendance à nous ressembler de plus en plus et épouser nos tourments contre la volonté des nouveaux clergés et en échappant à leurs églises à la faveur d'internet. Comme ce fermier de Virginie qui a battu tous les records de diffusion musicale sur le Web depuis qu'il existe en enregistrant un titre avec des bouts de ficelle dans sa cour de ferme, titre qui a soulevé la ferveur autant des républicains blancs que des démocrates noirs.<br /> <br /> https://m.youtube.com/watch?v=ZiZeA45heag&pp=ygUOb2xpdmVyIGFudGhvbnk%3D<br /> <br /> https://lesakerfrancophone.fr/le-choc-oliver-anthony<br /> <br /> Comme pour le Woody Guthrie de la grande époque du new-deal dont on enregistrait les chansons avec un simple magnétophone au milieu des chantiers (Woody était de gauche, cela fera plaisir à Todd).<br /> <br /> https://m.youtube.com/watch?v=ZiZeA45heag&pp=ygUOb2xpdmVyIGFudGhvbnk%3D<br /> <br /> Je ne crois enfin pas à ce qui constitue l'une des tartes à la crème de la dissidence-résistance auto-proclamée (de Berton à Soral) , j'ai nommé le retour général de la foi chrétienne en général et catholique en particulier pour ce qui nous concerne, sur le leitmotiv "on efface tout et on recommence avec la même chose".<br /> Les grandes religions ont été à mon sens une réponse éprouvée à deux des interrogations majeures de l'humanité que sont la violence et la mort, terrain que la rationalité n'a jamais été en mesure de contester aux religions (je vous renvoie à René Girard), et raison pour laquelle beaucoup pensent qu'une nouvelle et vaste expérience funeste nous y ramènera. <br /> <br /> Je crois au contraire que l'éventualité de celle-ci nous éloignera définitivement des monothéismes d'hier (sauf pour les quelques déjà convaincus) dans leur vocation transcendentale. Nous n'adoreront plus les églises (toutes les églises) que pour ce qu'elles sont. Des lieux où les hommes partageront le bonheur d'être entre soi avec leurs souvenirs communs afin de regarder l'avenir avec confiance.<br /> Il me semble d'ailleurs que le prétendu renouveau spirituel en Russie est de cette nature là.<br /> <br /> Mais je vais faire comme vous et peaufiner mon jugement en lisant le livre...
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Y
Disons que le nihilisme s'il existe est un moment éphémère. Très rares sont les gens parfaitement athées, c'est très difficile à vivre en réalité. Et la tendance naturelle de l'humain est de retomber dans des formes de croyances sous une forme ou sous une autre. L'avantage des religions traditionnelles est qu'elle canalisait ce phénomène et laissait donc libre la pensée en dehors des domaines de prédilection du christianisme. Le paradoxe à mon sens c'est la science qui avait en fait besoin de la religion pour bien fonctionner. Il est difficile de faire de la science avec des individus qui se mettent à fétichiser chaque position ou théorie nouvelle. <br /> <br /> « Même l' Islam est affecté par ce bouleversement »<br /> <br /> C'est une évidence. D'ailleurs, je suis d'accord avec Todd sur cette question, le monde islamique connaît les mêmes perturbations que l'occident, mais avec beaucoup de retard. Les mouvements extrémistes ne sont que la traduction d'un recul en réalité de la croyance réelle. Il suffit de voir la situation de l'Iran pour s'en convaincre, il ne reste plus que la brutalité au régime pour maintenir les illusions. La population a déjà abandonné en réalité la croyance réelle. On voit même une mode avec le retour du zoroastrisme en Iran, une espèce de revival anachronique de la vieille religion perse. D'ailleurs en France je pense que le « dynamisme » de l'islam tient surtout à un rejet de la France et de la société française plus qu'à un véritable dynamisme religieux. Dire que le racisme anti-français est le fondement du salafisme en France est probablement très subversif, mais c'est une hypothèse à mon sens très probable. <br /> <br /> « Les grandes religions ont été à mon sens une réponse éprouvée à deux des interrogations majeures de l'humanité que sont la violence et la mort, terrain que la rationalité n'a jamais été en mesure de contester aux religions (je vous renvoie à René Girard), et raisons pour laquelle beaucoup pensent qu'une nouvelle et vaste expérience funeste nous y ramènera. »<br /> <br /> Vous pensez à l'avènement d'un nouveau courant religieux adapté à notre modernité et qui remplacerait les anciennes à long terme ? <br /> <br /> « Il me semble d'ailleurs que le prétendu renouveau spirituel en Russie est de cette nature là. »<br /> Le renouveau spirituel en Russie me paraît aussi douteux. D'ailleurs, Todd n'y croit pas non plus, ne serait-ce qu'à cause de la très faible natalité du pays. Après comme on en avait parlé dans un autre texte, la religiosité et la natalité n'ont pas forcément un lien automatique. Il y a surtout eu un retour du christianisme par rejet du communisme de l'époque, je pense. Un peu comme les Irlandais sont devenus très catholiques par rejet des Anglais protestants. Il y a eu un retour de la religion en apparence, mais ça n'a probablement pas de fond.
L
(Bug ? ) <br /> Le lien vers le titre célèbre de Woody Guthrie "All you fascists bound to lose" enregistré en 1944, est celui-ci :<br /> <br /> https://m.youtube.com/watch?v=VwcKwGS7OSQ
P
Ah...vous allez dans le sens des auteurs post-modernes qui annonçaient la fin des grands récits pour l'avènement de la post-modernité avec ses micro récits ,son rejet de la raison , ses tribalismes voire son solipsisme pour les cas psy.<br /> <br /> Il n y a pas si longtemps Todd se définissait comme un optimiste radical , c'est étonnant qu'il passe de cette posture à la dénonciation du nihilisme en si peu de temps...<br /> Habituellement les optimistes ne craignent pas l'avènement du nihilisme ,ils pensent que les périodes de turbulence sont juste des crises passagères ,qu'on passera ensuite à autre chose , à une autre ère avec ses propres systèmes de représentations et de valeurs.<br /> A titre personnel ,je n'ai pas fait une croix sur la modernité , car effectivement nous avons besoin de nous projeter dans un monde ou les règles sont dictées par le commun ,surtout en France , pays ou l'unitarisme fait loi , quelque soit le régime.<br /> On le voit dans le débat actuel ,nos inquiétudes sont nourries par des sujets comme la démographie , le séparatisme ,la souveraineté ,l'école (surtout publique) ,l'hopital , ou en ce moment l'agonie des agriculteurs qui nous nourrissent collectivement.<br /> La question est de savoir si nos élites sont capables d'identifier la source de tous ces maux et là...<br /> <br /> ps : quand même Todd n''épargne pas la gauche ,son avant-avant dernier bouquin sur le patriarcat l'a conduit à être blacklisté de certains médias !C'est peut être pour ça d'ailleurs qu'il se replie sur des émissions people de TV5monde où j'ai été surpris de le voir (L'invité).
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Y
Fichtre j'espère que vous vous trompez. Il n'est pas si âgé même s'il est vrai que la maladie peut frapper. Je pensais juste qu'il faisait un peu sa diva en annonçant que c'était son dernier livre.
P
Dans ses derniers passages médias ,Todd insiste beaucoup sur le fait que c"est son dernier livre ... <br /> Cet apres midi j'ai regardé son face à face avec Baverez sur le Figaro et il conclut l'émission en disant à ce dernier qu'il aura plus de chance que lui pour assister à leur prédictions respectives; sur la survie de l'Occident...j'espere sincèrement que son pessimisme ne vient pas d'un souci personnel.
Y
Non, il n'épargne pas la gauche en général, mais sur les sujets d'immigration par exemple, il reste bien dans ce camp et évite globalement de se fâcher sur ça. Après c'est son droit et son orientation politique. <br /> <br /> Pour ce qui est l'optimisme, effectivement, il semble l'être un peu moins. C'est probablement le résultat de son âge et pas seulement de l'analyse des données brutes. Moi qui suis un pessimiste radical, cela ne me gêne pas de le voir me rejoindre. <br /> <br /> « La question est de savoir si nos élites sont capables d'identifier la source de tous ces maux et là »<br /> <br /> Je dirai qu'elles veuillent identifier la source. Parce que je ne crois pas qu'elles soient toutes tellement stupides qu'elles en soient totalement incapables. Pour le gouvernement Macron, c'est probablement impossible, mais le reste de la classe politique française se caractérise surtout par la volonté de ne pas voir, et de ne pas entendre. Il sont assis sur leurs certitudes de supériorité de leur modèle choisi à partir des années 70. Plus que tout je pense que l'orgueil joue un grand rôle dans toute cette affaire et je crains le pire à l'avenir avec de très fortes montées en tension.