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11 mars 2024 1 11 /03 /mars /2024 15:50

 

Nous avons précédemment surtout parlé du RN. Il me semble tout de même approprié de parler rapidement de son ersatz Eric Zemmour. À dire vrai depuis le début, j'ai bien du mal à comprendre l'intérêt de ce mouvement au sein du système politique français. Eric Zemmour n'apporte absolument rien au débat et en réalité ne donne pas vraiment de véritable alternative à la France. Certains ont imaginé qu'il était en quelque sorte un machin fabriqué par les médias pour nuire au RN. Il est certain que son espace médiatique a été très large dès le début, ce qui peut effectivement donner cette impression. Mais l'on peut tout aussi bien expliquer ça par les réseaux de relations que possède le personnage. Son apparition est probablement due à une collusion d'intérêt. Et peut-être est-il sincère dans sa démarche. J'ai quelques doutes sur la question, vu le milieu dont il vient, mais passons. Personnellement, je ne me lancerai pas dans une recherche de stratégie médiatique et de coup tordu pour le contrer. Je n'utiliserai que des arguments rationnels et fondés, comme j'essaie de le faire le plus possible sur ce blog dans la limite de mes maigres capacités.

 

Alors, commençons tout de même rapidement par répondre au discours qu'il a tenu sur ses opposants souverainistes qui lui reproche à juste titre d'être incohérent en voulant rester dans l'UE. Des opposants qu'il décrit comme Frexiteur. Son propos est rapide, mais son argument ne visait probablement pas à convaincre ses opposants à mon avis, mais plutôt ceux de ses partisans qui commencent un peu à douter. Voici le court passage en question. Il fait quelque chose que j’exècre au plus haut point, il fait de la volonté de sortie de l'UE le résultat d'une colère ou d'un mouvement produit par l'émotion. Il joue les hommes compréhensifs, à l'égard de pauvres pommés qui cherchent à sortir de l'UE. Je grossis le trait volontairement, il n'a pas été aussi outrageux ouvertement, mais c'est très clairement ce qui ressort de son court propos. Nous lui répondrons simplement que c'est bien la raison qui nous pousse à vouloir sortir de l'UE et non la colère ou je ne sais quelle émotion qui nous dominerait. On voit ici à mon humble avis toute la limite du zemmourisme coincé dans son propre piège électoral à vouloir ménager la chèvre et le chou.

 

L’incohérence zemmourienne 

 

Zemmour a voulu construire une alternative au RN, mais pas l'alternative que l'on pouvait attendre ou espérer, celle d'une rupture avec la construction européenne mère d'une grande partie de nos malheurs, en particulier l'euro. Au contraire, Zemmour a fait une stratégie de droitisation par rapport au RN. Depuis quelques années, ce parti a produit une impression de donner du lest d'un point de vue économique, et de se s'orienter moins à droite sur le plan économique. Entendez, par là, moins libéral et plus interventionniste. En un sens, le RN était un peu obligé de le faire étant donné son électorat populaire. Zemmour en a sans doute conclu qu'une image plus à droite lui permettrait de piquer des voix dans les couches sociales de l'ancien Front National, celles des bourgeois de droite en quelque sorte. Le retour à l'obsession sur l'immigration et l'islam, le tout enrobé d'un discours libéral digne des années 80 a été en quelque sorte le programme de Zemmour depuis qu'il est apparu comme homme politique et plus comme le pamphlétaire médiatique qu'il était jusqu'alors.

 

On pourrait d'ailleurs ici souligner que le Zemmour de 2024 aurait quelques problèmes à s'entendre par exemple avec le Zemmour de 2005 ou 2010 qui était alors beaucoup plus critique sur la construction européenne autant que je sache, et pour le peu dont je me souviens. Cette évolution en soi est très étrange. Alors on pourrait ici y voir une stratégie pour prendre du poids électoral, mais c'est une stratégie très discutable. En effet si le RN en devenant « raisonnable » sur le plan européen on peut à la limite le comprendre puisqu'il a un électorat en grande partie captif. Changer de cap peut donc élargir sans doute son marché électoral même si cela conduira nécessairement ce parti à l'échec s'il arrive un jour au pouvoir. Mais Zemmour est un nouveau en politique. Il lui fallait donc créer une véritable identité qui lui soit propre et différente du RN. Je me base ici sur une réflexion purement électorale. Mais au lieu de s'appuyer sur une certaine cohérence en appelant à la sortie de l'UE, il a préféré faire du Le Pen version 1988 à coup de « dehors les Arabes ». Heureusement, il y a peu de chance qu'il dénie l'existence des chambres à gaz contrairement à son modèle programmatique.

 

Même si l'on se place du point de vue strictement électoral, on ne voit pas vraiment où son parti veut en venir. L'offre proeuropéenne et anti-immigration existe déjà, c'est celle du RN ou à la limite la droite plus classique. Ce parti fait donc doublon avec une offre politique qui n'a d'autre intérêt que la personne de Zemmour et la pancarte commerciale blonde qui l'accompagne. Le RN et Zemmour c'est deux fois la même chose, et la même impasse d'ailleurs. À dire vrai, je ne vois plus ceci que comme une espèce de lutte d'ego entre des personnalités qui visent le pouvoir simplement pour avoir le pouvoir. Ils ne cherchent pas réellement à résoudre les problèmes du pays. Le manque de sérieux des programmes est d'ailleurs là pour en attester. La France est vraiment le pays d'Iznogoud où tout le monde veut être président à la place du président sans vraiment savoir pourquoi.

 

En un sens, Zemmour est devenu peut-être sans le vouloir, et par la force des choses de son positionnement et de ses alliés, le candidat des « identitaires ». C'est d'ailleurs assez drôle quand on y pense de voir des identitaires soutenir un type qui n'est pas français sur le plan biologique, la France n'est pas à un paradoxe près. D'ailleurs, le courant identitaire m’a toujours paru suspect, comme une importation idéologique étrangère à la France et à son histoire. Leur obsession pour la race est vraiment quelque chose d'étranger à l'histoire de notre pays. J'y vois ici les effets de l'américanisation du pays plus qu'un produit de la réaction française à une immigration effectivement excessive et produisant de nombreux problèmes.

 

Pour en revenir aux contradictions, parlons un peu des propositions de Zemmour. Vous pouvez retrouver des résumés de leurs propositions politiques sur leur site. Sur l'Europe par exemple, monsieur Zemmour affirme « Reprendre le contrôle de nos frontières », et il continue en précisant qu'il faudrait modifier les traités européens si nécessaire. Cela confirme en premier lieu qu'il a bien conscience que ces politiques sont contraires au droit européen. Ouf, il n'est pas totalement inculte. Mais par ailleurs, il se fiche un peu de son électorat. D'une part, modifier les traités nécessite la majorité de l’approbation des membres dans certains cas, et même l'unanimité dans beaucoup d'autres. Qui peut affirmer ici qu'il est possible de mettre tous les membres de l'UE d'accord sur le fait par exemple de réduire l'immigration ? Est-ce que vous croyez sincèrement que l'Allemagne par exemple dont le patronat veut toujours plus d'immigrés va arrêter ces politiques d'un seul coup parce que monsieur Zemmour l'exige ? Ensuite, le laissez-faire n'est pas là par hasard. Le libéralisme est structurel à l'UE parce que lorsqu'il y a trop de monde avec des intérêts divergents, le laissez-faire et l'ouverture sont la solution la plus simple à mettre en œuvre. Les concepteurs de l'UE, qui étaient des gens anti-démocrates, mais intelligents, savaient très bien ce qu'ils faisaient en créant leur grand machin. Une structure qui allait mécaniquement affaiblir les états et créer un grand marché dérégulé par la force des choses et des contradictions entre les intérêts nationaux. Ce qu'ils n'avaient pas prévu c'est que loin d'apporter la prospérité, la disparition des états nations apporte la misère, l'impuissance générale, et le déclin très rapide du continent européen.

 

 

Autre exemple. Zemmour propose de protéger nos entreprises de la concurrence déloyale. Mais c'est totalement incompatible avec tout l'ADN de l'UE qui ne veut ni taxe interne ni déformation du commerce par intervention des états. Pour l'UE avoir des salaires très bas n'est pas une concurrence déloyale, les Français n'ont qu'à être moins payés, c'est tout. Là encore, il faudrait fortement modifier les traités et c'est impossible. Et que dire de l'euro dont monsieur Zemmour ne parle pas. La zone euro une zone monétaire non optimale. Cela signifie que c'est une zone où le capital est libre, les marchandises aussi, mais pas vraiment les personnes. C'est aussi une zone où en réalité il n'y a pas de solidarité. Les flux monétaires d'aide sont en réalité très faibles par rapport aux PIB européens. Les zones riches n'aident pas vraiment les zones pauvres qui coulent indéfiniment contrairement aux régions à l'intérieur des nations qui bénéficient de transfert très important entre elles. Or la France fait l'essentiel de son déficit commercial avec le reste de la zone euro. Après le fort déficit avec les Pays-Bas doit cacher des importations d'autres pays et zones. Il s'agit probablement d'importations chinoises et asiatiques camouflées par le fait que la France importe à travers les ports néerlandais et belges. Mais on voit bien que l'euro est un véritable boulet pour notre économie. Et un problème monétaire de cette envergure nécessiterait pour être compensé des quotas et des droits de douane totalement incompatibles encore une fois avec les traités européens.

 

On le voit rapidement sur ces sujets. Tout changement réel en France ne peut être réalisé qu'accompagné d'un retour à la souveraineté nationale. La sortie de l'UE et de l'euro n'est pas une condition suffisante pour résoudre nos problèmes, mais c'est une condition nécessaire. Il faudra aussi rompre avec l'idéologie néolibérale. Et sur ce plan Zemmour, et son parti, sont très mal placés pour le faire, tout englués qu'ils sont dans l'idéologie thatchérienne des années 70-80. J'ajouterai ici une petite réaction à un argument grossier souvent utilisé par les partisans de Zemmour, celui de la dette publique. Nous serions incapables de sortir de l'UE et de l'euro à cause de la dette publique. C'est un argument qui n'a pas de sens. Tout d'abord, la dette publique française était beaucoup plus forte en 1945 et ça n'a pas empêché la France de se redresser toute seule alors que le pays était dans un état catastrophique. Ensuite, cette dette est le produit justement de la construction européenne qui nous est défavorable. En désindustrialisant le pays, on a détruit la source de la richesse et des gains de productivité. Tout ce qui concourt à ramener l'industrie en France permettra justement de réduire la dette à terme. C'est surtout le déficit extérieur et la dette extérieure qui posent problème et cela ne peut pas être comblé sans dévaluation et politique protectionniste.

 

Du reste, rappelons que dans le pire des cas on peut monétiser ou répudier une dette. Si monsieur Zemmour est aussi passionné d'histoire qu'il le prétend comment peut-il ignorer le nombre de fois où la royauté française s'est assise sur les dettes contractées au nom de l'intérêt national ? Ce ne serait pas la première fois très franchement. Et une petite inflation à 4% pendant quelques années accompagnées d'une dévaluation et d'une indexation des salaires sur l'inflation réglerait mécaniquement bon nombre de nos problèmes. Et cela ne nécessite pas de politique très complexe à mettre en œuvre. Évidemment cela ne plairait probablement pas à l'électorat, rentier et bourgeois qui vote Zemmour. Un électorat dont le patriotisme ne dépasse sûrement pas les intérêts du portefeuille.

 

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commentaires

D
La déroute de Marine Le Pen au 2e tour en 2017 n'a pas été perdue pour tout le monde.<br /> Il est impossible aujourd'hui de gagner des élections face au bloc MAZ de Todd. Et défendre un frexit, c'est se couper de ce bloc. MLP et Zemmour ont donc visiblement adopté la tactique du "y penser toujours, n'en parler jamais", et j'ai du mal à le leur reprocher.<br /> Apres tout, PS, UMP et macronistes n'ont que le mot République à la bouche, tout en planifiant sa liquidation en sous main. Que les ennemis de l'UE adoptent les memes méthodes en attendant des temps meilleurs me semble de bonne guerre et de bon sens!
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Y
Donc ils arrivent au pouvoir, et, que se passe-t-il? N'ayant jamais annoncé une sortie de l'UE ou de l'euro vont-ils d'un seul coup tourner casaque ? Non, ils vont juste se retrouver coincés à devoir faire les mêmes politiques que leur prédécesseur et à la finir extrêmement impopulaire avec en plus un désespoir général puisqu'ils auront démontré qu'il n'y a plus aucune échappatoire à la population. Sortir de l'euro et de l'UE cela se prépare et ça ne peut pas se faire en cachette ou en catimini. La stratégie de Meloni en Italie ou de Syriza en Grèce, on a vu ce que cela donne une fois au pouvoir. Encore une fois l'important ce n'est pas de mettre un souverainiste au pouvoir, mais de rendre la rupture avec l'eurolibéralisme évidente pour tout le monde. De sorte qu'à terme même les plus réticents voudront rompre avec le machin européen. Et je vais vous dire une chose, l'UE est notre meilleure alliée pour y parvenir.
L
En philosophie cela s'appelle un pari pascalien (faire comme si existait ce qui n'existe pas en langage cartésien). En géopolitique appliquée (Grèce, Pays-Bas, Autriche, Italie etc.) cela donne du Bob Dylan ; "don't think twice it's all right" (n'y pense plus tout est bien). Quant à se demander si le block MAZ est soluble dans les élections, j'ai plutôt l'impression que c'est l'inverse qui est à l'ordre du jour. À long terme nous serons ainsi tous morts, nous et la France, bonne guerre ou pas.
T
Soutenant le Z, je me devais de réagir.<br /> <br /> Tu en parles incidemment, mais je veux m'y arrêter : je crois qu'il y a tout lieu de penser qu'Eric Zemmour est sincère dans son engagement. Dans sa démarche, il y a bien entendu une quête de reconnaissance sociale, mais rien ne permet de supposer qu'il ne soit pas sincère dans sa démarche. Il clame haut et fort qu'il veut arrêter l'immigration et sauver par là la France, et je ne vois pas ce qui permettrait de le démentir.<br /> <br /> Je ne me reconnais pas dans le terme d'obsession", mais je considère que l'immigration et le défaut d'intégration des populations d'origine immigrée (sans même parler d'assimilation) est le problème principal de notre pays, ce pour quoi je me suis engagé derrière Eric Zemmour. Ce qui ne veut évidemment pas dire que l'on peut me réduire à l'identitarisme et encore moins au racisme, et tu soulignes à juste titre qu'Eric Zemmour est d'ailleurs lui-même issu de l'immigration : nous ne refusons pas toute immigration, nous refusons l'immigration de masse non-assimilée.<br /> <br /> Ce pénible préalable derrière nous, attaquons-nous à tes deux questions : <br /> <br /> "Qui peut affirmer ici qu'il est possible de mettre tous les membres de l'UE d'accord sur le fait par exemple de réduire l'immigration ?"<br /> <br /> Eric Zemmour en a longuement parlé dans sa campagne présidentielle, et il a tout à fait conscience que les textes européens nous empêchent à ce jour de mener la politique migratoire qu'il souhaiterait mettre en place. Et il a proposé une voie, dont personne ne nie qu'elle est compliquée, pour faire face à cet obstacle. En gros, il veut passer par le référendum. <br /> <br /> Mais en revanche, et c'est très important, Eric Zemmour insiste sur le fait qu'on aurait grand tort de réduire les obstacles à cette politique à la seule Europe (entendue au sens large UE-CEDH) : le principal obstacle n'est pas là mais tient plutôt à la magistrature rouge qui tient le monde judiciaire jusqu'aux plus hautes juridictions (et notamment le Conseil Constitutionnel).<br /> <br /> "Est-ce que vous croyez sincèrement que l'Allemagne par exemple dont le patronat veut toujours plus d'immigrés va arrêter ces politiques d'un seul coup parce que monsieur Zemmour l'exige ?"<br /> <br /> Eric Zemmour n'entend pas remettre en cause la politique migratoire allemande, qui regarde ce pays en premier lieu.<br /> <br /> Mais pour répondre à ta question, s'il n'y a aucun doute sur le fait que le patronat allemand (et européen en général) verrait d'un très mauvais œil l'instauration de politiques migratoires restrictives, à partir du moment où la France se montrerait ferme sur ses positions, il n'y a aucune raison que les patronats étrangers et plus généralement les pays étrangers sacrifient quoi que ce soit pour les beaux yeux du lumpen-prolétariat importé d'Afrique dont en fait ils n'ont rien à foutre.<br /> <br /> Sur la dette, je vérifie et vois qu'effectivement, la dette publique s'élevait à 160% du PIB en 1945, équivalent à plus de 10 ans de recettes fiscales... Certes, les chiffres sont bien moins élevés à ce jour, mais ce n'est pas comparable, pour plusieurs raisons : <br /> <br /> 1) Vu le trend absolument catastrophique des finances publiques + renchérissement du taux d'intérêt, les 160% sont l'affaire de quelques années... <br /> <br /> 2) La France sortait d'une guerre terrible, et son PIB était donc particulièrement faible. Nous n'avons pas du tout les mêmes perspectives de croissance à date. <br /> <br /> 3) Les prélèvements obligatoires de l'époque étaient beaucoup plus faibles parce que la part de la redistribution/protection sociale était beaucoup plus faire. Si aujourd'hui les prélèvements obligatoires sont à 45% du PIB (et donc pour une dette à 120% du PIB, 3 ans de prélèvements obligatoires), mais il faudrait a minima ne garder que le budget régalien. A mon avis, on ne doit pas être loin des 10 ans de recette fiscale.<br /> <br /> Ensuite, si l'UE a une part de responsabilité dans la sous-performance économique française, je crains qu'elle n'explique pas tout et qu'elle constitue un bouc émissaire commode.<br /> <br /> On peut effectivement monétiser, de ce que je comprends, la BCE le fait déjà. Mais c'est risqué et limité (et je reviens à mes premiers amours sur ce blogue, à l'époque où je m'écharpais avec AJ Holbecq qui expliquait qu'on pouvait monétiser 100% de la dette publique sans aucun dommage). <br /> <br /> Sur l'euro, comme sur l'Europe, je pense qu'Eric Zemmour en parle le moins possible parce qu'il ne veut effectivement pas effrayer non pas son seul électorat, mais la France entière. Je ne suis pas dans sa tête, mais s'il avait réussi en 2022, il aurait essayé de mettre en place sa politique migratoire en s'appuyant sur un référendum, et serait parti à la bagarre contre l'UE mais aussi les juges français pour ce faire. Et s'il fallait aller au Frexit, il l'aurait fait parce que c'était la raison de son engagement et qu'il voulait aller au bout. <br /> <br /> Ensuite, une fois le problème migratoire réglé, il aurait essayé de reformer l'économie et le social (avant, il n'aurait touché que la galerie + mis fin aux abus les plus criants). Et là, de même, il aurait été prêt à quitter l'euro (par ex au cours d'un second mandat où il aurait un plus travaillé sa légitimité sur ce sujet).<br /> <br /> Enfin, dernier point : dans l'électorat d'Eric Zemmour, les classes supérieures sont effectivement surreprésentées (et on se souvient des gorges chaudes de son score dans le 16ème arrondissement). Mais il faut raison garder : Eric Zemmour a fait un score très décevant par rapport à ses espérances, mais le gros du bataillon de ses 2 millions et demi d'électeurs appartient, comme le pays, aux classes moyennes et aux classes populaires. <br /> <br /> (Voir Intentions de vote par critère sociologique) https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_sondages_sur_l%27%C3%A9lection_pr%C3%A9sidentielle_fran%C3%A7aise_de_2022
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Y
« Sur l'euro, comme sur l'Europe, je pense qu'Eric Zemmour en parle le moins possible parce qu'il ne veut effectivement pas effrayer non pas son seul électorat, mais la France entière. »<br /> <br /> Je pense au contraire qu'il faut parler du sujet. Je ne pense pas que ce soit en éludant les problèmes, qu'on va faire progresser le pays. Comme je l'ai déjà dit, je pense qu'aujourd'hui le but d'un homme politique qui veut réellement agir pour le pays doit être d'aborder les sujets difficiles même si cela veut dire ne pas gagner des élections. Vous savez, l'idéologie néolibérale n'a jamais gagné une élection en France. Pourtant c'est bien cette idéologie qui a envahi tout le pays depuis 40 ans avec toutes les conséquences qu'on connaît. Je pense que les souverainistes plutôt que d’essayer à tout prix de parvenir au pouvoir jusqu'à la compromission feraient mieux de faire ce que faisaient les communistes en leur temps, former les têtes. Expliquer en permanence, nourrir les débats, arroser les contradictions des gens au pouvoir, etc. On ne gagnera pas avec un candidat 100% souverainiste et c'est d'ailleurs ce que vont probablement encore démontrer les prochaines élections européennes. Il faut changer le cadre de raisonnement général de la population et la faire sortir de la pensée unique euroglobaliste. <br /> <br /> Sur la dette je veux surtout dire que la dette publique a toujours été un faux problème. Le vrai drame c'est notre désindustrialisation et nos déficits commerciaux. Or ce sujet-là, les médias en parlent très peu, c'est pourtant le vrai danger pour le pays. Et c'est directement imputable au libre-échange bien sûr, mais aussi à l'euro. La corrélation entre la dégradation de notre balance commerciale et la mise en place de l'euro est énorme. Pourtant, il n'y a aucun débat public sur le sujet. C'est stupéfiant en un sens. <br /> <br /> Sur l'immigration je pense que vous avez un positionnement excessif. Dans le sens où cela prend trop de place par rapport aux autres sujets. C'est votre choix, mais je pense que c'est une erreur. Sur le poids de la magistrature, c'est un faux débat. En réalité, nos dirigeants ont toujours soigneusement camouflé leur choix en prétendant qu'il y avait des pressions externes. Giscard a prétendu que le regroupement familial lui a été imposé par le Conseil d'État, mais la vérité c'est qu'il aurait pu passer outre. Nos dirigeants ne se gênent pas pour le faire dans d'autres domaines. Depuis 40 ans il y a eu une volonté migratoire européenne, mais aussi nationale, et elle est toujours là d'ailleurs. Par contre si un dirigeant voulait y mettre fin là il se retrouverait aujourd'hui en porte-à-faux avec le droit européen et Schengen.