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22 avril 2011 5 22 /04 /avril /2011 19:50

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Tel est en substance les propositions de monsieur Oliver Blanchard qui estime que la meilleure façon d'améliorer la situation en Grèce et dans les PIGS est de baisser les salaires, c'est ce qu'il affirme dans ce texte. Ce n'est pas sans nous rappeler les propos de ce pauvre Jean Claude Trichet, qui il y a quelques mois, nous disait qu'augmenter les salaires serait la dernière bêtise à faire. C'est certain, grâce à ce genre de mesure la situation se redressera, une bonne purge, une saignée, un bon lavement, et la maladie disparaitra. Olivier Blanchard fait partie de cette organisation, le FMI, totalement discrédité ces vingt dernières années et dont les remèdes ont, à chaque fois, bien aggravé les situations des pays qui ont eu la mauvaise idée de les mettre en pratique. De l'Argentine, au Chili, en passant par la Russie ou les pays d'Asie du Sud Est en 1997, à chaque fois le FMI et ses "spécialistes" furent pris en défaut. Le prix Nobel d'économie pas vraiment révolutionnaire Joseph Stiglitz s'étonnait lui aussi de l'incroyable capacité de cette organisation à répéter inlassablement les mêmes erreurs sans jamais remettre ses dogmes en question. Comme dans le cas de la construction Européenne les superstructures bureaucratiques de type transnational, produisent des politiques dogmatiques incapables de changer de braqué une fois des erreurs commises. Elles sont à l'image de la pauvre bureaucratie de l'URSS incapable de s'adapter au réel.

 

Il est assez drôle d'ailleurs de voir des instances libérales par nature, et capitaliste produire exactement les mêmes blocages que leurs collègues communistes. On remarquera aussi que comme dans les instances de l'union européenne les Français fournissent le plus gros bataillon d'imbécile dogmatique et illuminé. À la BCE c'est Jean-Claude Trichet  au FMI c'est Blanchard, DSK , Lamy et hier Michel Camdessus, une belle brochette d'ultralibéraux à faire pâlir de jalousie la pauvre Margarette Thatcher. Soyons fiers, la France produit la plus grosse quantité de bureaucrates attachés à la haine des états et de la régulation étatiques, tout en étant payés aux frais des contribuables. En France, on a pas de pétrole, mais on a beaucoup d'économistes libéraux et c'est bien plus grave. Des types capables avec un cynisme incroyable d'organiser l'appauvrissement de peuples entier tout en se donnant l'image de types responsables et parfaitement rationnels alors qu'en fait ils sont juste fous alliés.

 

La baisse des salaires est-elle une solution? 

 

    Maintenant, analysons la proposition de monsieur Blanchard et voyons sur quoi elle s'appuie.  Le raisonnement est simple comme le calcul comptable d'un épicier, c'est à peu près le niveau des économistes du FMI et encore c'est probablement insultant pour nos amis épiciers. Les PIGS ont des déficits commerciaux et il faut régler le niveau de la balance des paiements de ces pays pour qu'ils n'aient plus besoin d'emprunter chaque année et qu'ils puissent même rembourser leurs emprunts. Jusque-là nous serons d'accord. Mais pour parvenir à régler cette question du déficit commercial, il y a deux solutions apparemment logiques à appliquer. La première est de réduire les importations, la deuxième est d'augmenter les exportations. On peut également combiner une hausse des exportations et une baisse parallèle des importations.  Jusque-là, je crois que l'ont pourrait mettre d'accord tout le monde, enfin sauf peut-être Paul Jorion qui nous trouverait certainement une solution que nul autre que lui ne pourrait comprendre.

 

  Maintenant c'est pour l'application de ces solutions et sur les méthodes à employer que nous allons nous disputer avec les libéraux. Ces deniers depuis trente ans qu'ils dominent en apparence la "science" économique, ont toujours délimité le champ des possibles pour les nations. Ils ont cadenassé les possibilités et les outils que les états sont théoriquement capables d'employés. La plupart des libéraux n'acceptent que trois solutions à la problématique des déséquilibres commerciaux, la baisse des salaires, la dévaluation et la hausse de la productivité. Comme en réalité, la hausse de la productivité n'est pas vraiment un outil pratique, un état ne peut pas décréter comme cela "Que la productivité augmente" pour que cela se concrétise en pratique, il n'y en fait que deux solutions praticables. En plus, il faut rappeler que la baisse des salaires ou la dévaluation agissent comme des mécanismes d'augmentation de la productivité d'un point de vue comptable vis-à-vis de l'étranger. Cependant dans le cas des PIGS et particulièrement de la Grèce, il vous sera évident de voir que la possibilité de dévaluation est interdite par l'appartenance actuelle de ces pays à la zone euro. Donc Olivier Blanchard dans son cadre d'analyse libéral ne pouvait qu'arriver à la conclusion qu'il fallait une baisse des salaires. Au sens des théories libérales, c'est la seule solution possible.

 

  Les libéraux ne se posent pas de question sur l'effet de la contraction de la demande, car pour eux l'offre et la demande sont toujours à l'équilibre, les blocages proviennent toujours de mécanismes extérieurs aux marchés. Des excès liés aux politiques menées par les états et à tout ce qui peut entraver le bon fonctionnement d'un marché toujours autorégulé. On les voit prôner la dérégulation sous tous les sens avec des mots comme réforme qui aujourd'hui est devenue un synonyme de dérèglementation. C'est comme cela qu'il faut comprendre cette phrase de monsieur Blanchard:"qu'ils réforment les secteurs protégés qui ont une faible productivité". Je me demande si monsieur Blanchard s'est déjà posé la question de connaître sa propre productivité avant de tenir de tels propos. Quand Olivier Blanchard propose de baisser les salaires, il se fiche de l'impact sur la demande et la croissance. Parce que pour lui cette question n'a pas lieu d'être, c'est tout le problème des libéraux que Keynes avait déjà longuement souligné à son époque. Déjà dans les années 30 le monde était plein d'Olivier Blanchard, prônant l'ascétisme et la contraction économique. Ce qui provoquait famines pénuries et misère pendant que les usines n'arrivaient pas à vendre leurs produits faute de clients en nombre suffisant. Mais il est vrai qu'à l'époque les clients étaient souvent sur place comme les producteurs. Ce qui n'est plus le cas de l'économie mondiale actuelle et cela rajoute énormément à notre malheur. Le client est en occident le producteur en Asie. Croire que l'on pourra rééquilibrer un tel système avec des purges salariales est simplement grotesque.

 

  Je reprendrai cependant l'argument que Keynes faisait en son temps sur ce type de proposition. Nous ne contrôlons pas les salaires distribués, en dehors de ceux de la fonction publique. Pour pouvoir baisser les salaires de façon uniforme à l'échelle de la société il faudrait une discipline de groupe que seul un état fasciste pourrait produire et encore. C'est étrange de voir des libéraux prôner des politiques que seuls des états non démocratiques puissent produire. Quoique, en fait, ce n'est guère étonnant pour qui a conscience l'opposition naturelle entre le libéralisme politique d'où provient l'idée démocratique et le libéralisme économique. J'en avais parlé dans ce texte. On comprend mieux pourquoi le FMI adore la Chine et pourquoi certains idéologues du néolibéralisme fricotaient avec la dictature chilienne. En fait, la baisse des salaires dans nos sociétés produirait rapidement des conflits sociaux et des blocages, les groupes les mieux organiser subiraient mois de baisse que les autres et les inégalités engendrées ne pourraient produire que des conflits de masse. De plus, la baisse des salaires serait anticipée par les producteurs qui réduiraient en conséquence leurs investissements ce qui nuirait à la sacro-sainte productivité et aggraverait la crise économique.

 

  On en conclut donc que la baisse des salaires n'est jamais une solution. À l'inverse l'inflation et la dévaluation oui, mais cela n'est possible que si la Grèce sort de l'euro. Il est probable que Blanchard ne daigne pas taper sur les copains qui ont participé la construction de ce machin monétaire donc il n'en parle pas. Maintenant si l'on sort du dogme libéral d'un seul coup le nombre de possibilités augmente fortement même dans le cadre de l'euro. La Grèce pourrait unilatéralement rompre avec le libre-échange cher à Olivier Blanchard. En taxant les importations, elle pourrait améliorer sa balance des paiements sans sortir de l'euro. Elle pourrait même viser d'autres états européens qui s'amusent à accumuler des tas d'excédents pour ensuite se laver les mains des conséquences sur leurs victimes qu'ils traitent comme étant irresponsable. Mais ce genre de solution va bien au-delà de ce qui est admissible pour la doxa libérale qui dirige le FMI. En effet, accepter le protectionnisme ce serait accepter que finalement les marchés se trompent et ne permettent pas une bonne régulation du commerce mondial. Et qu’en définitive la loi de l'offre et de la demande a ses limites, surtout lorsqu’'on la pratique avec des sociétés aussi disparates que celles qui peuplent notre planète.

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commentaires

I
<br /> <br /> C'est difficile de ne pas être défaitiste quand on voit la déconnexion totale des dirigeants couplé ca avec un libéralisme devenu fou et des événements mondiaux pas trés réjouissants....mais<br /> j'essaye d'être plus optimiste ;)<br /> <br /> <br /> A bientôt et merci pour cet excellent blog.<br /> <br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> @Galuel<br /> <br /> <br /> Non même dans ce cas il me semble. On reste dans un système où les salaires sont distribué de façon décentralisé suivant les accords dans les entreprises.Et puis je parle ici dans le cadre du<br /> système actuel.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> @La Gaule<br /> <br /> <br /> En fait c'est chez Bernard Maris que j'ai lu en premier ce type d'hypothèse. Dans son antimanuel d'économie l'Oncle Bernard nous disait que la plupart des économistes au 19ème était jaloux de la<br /> précision des physiciens. Ils ont imiter les outils mathématiques de ces derniers ,mais pas la démarche scientifique qui consiste à valider une théorie par des mesures pratiques. En fait le<br /> problème c'est qu'il y a trop de floue et d'abscence de connaissance réelle pour valider la plupart des théorie économiques.  Cette "science" se résume donc souvent en guerre scolastique<br /> sans intérêt pratique. Le problème c'est que contrairement à ce que préconisait Keynes les économiste ne sont pas restaient modeste et on gagné trop d'influence en regard de leurs capacités<br /> objectives.<br /> <br /> <br /> @RST<br /> <br /> <br /> Il se trouve que sur ce point je ne suis pas en accord avec le grand philosophe   de ma bonne ville de Montpellier.  Le libéralisme politique est sortie du piège de la somme des<br /> intérêts individuels que ce soit chez Rousseau ou Montesquieu. Les libéraux politiques avaient bien concience des limites de l'aggrégation des volontés individuelles. Quand à l'idée d'un monde<br /> fondé uniquement sur les intérêts égoistes on voit bien qu'il y a avait déjà une rupture chez les libéraux puisque Hobbes et Rousseau avaient des vus diamétralement opposées. L'un pensait que<br /> l'homme était naturellement mauvais l'autre l'inverse. La réalité est probablement plus mitigée. . Je pense que si c'est<br /> le libéralisme du type Smith et compagnie qui s'est imposé c'est tout simplement lié à l'histoire et à la domination anglosaxonne conitinue depuis la défaite française de Waterloo. Le libéralisme<br /> anglosaxon s'est imposé simplement par effet de domination culturel. Si l'histoire avait été différente le libéralisme n'aurait peut-être pas tourné comme il l'a fait sous influence française il<br /> aurait été plus égalitaire et moins individualiste.<br /> <br /> <br /> @Olaf<br /> <br /> <br /> Je ne sais pas il faut poser la question à Jorion, mais c'est vrai qu'il censure son blog...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> @ interlibre<br /> <br /> <br /> Il ne faut pas être aussi défaitiste. Il faudra bien que çà change parce que de toute manière leurs solutions ne fonctionnent jamais.<br /> <br /> <br /> <br />
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I
<br /> <br /> Le libéralisme économique est la religion du 21eme siécle. Comme les religions la remise en question n'est pas acceptable. Ils iront jusqu'au bout et se trouveront toujours des excuses et des<br /> arguments pour justifier le pire.<br /> <br /> <br /> <br />
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O
<br /> <br /> Complément, je sais, je suis une peau de vache, mais bon je ne vais pas me crever les yeux pour ne pas voir les manoeuvres.<br /> <br /> <br /> <br />
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O
<br /> <br /> Parfois, je me demande si Jorion ne fait pas des appels du pied à Sarko en mettant en avant si souvent les propositions du président. C'est un peu légitime de sa part de chercher ainsi un<br /> emploi...<br /> <br /> <br /> <br />
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