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3 décembre 2010 5 03 /12 /décembre /2010 22:22

      La question de la place de l'économie dans la gestion de nos société est un point tout à fait central dans l'histoire récente de l'occident. Depuis la guerre les européens ont tous été aspiré par ce nouveau modus vivendis  de la vie politique qui aurait pourtant étonné nos ancêtres. De plus en plus la politique est économie, l'économie a tout entière absorbé la politique au point qu'il semble impossible aujourd'hui de parler de politique sans parler d'économie. Il n'en fut pas toujours ainsi et c'est bien l'idéologie libérale et le capitalisme qui ont conjointement conduit l'occident à faire de l'économie le centre de toute les aspirations humaines, ce que j'appelle l'économisme. Il y avait aussi derrière cela l'optique que Keynes avait lui même souligné en son temps "il vaut mieux qu'un homme torture son porte monnaie plutôt que son voisin". En centrant la vie des gens sur l'économie l'on éloignait les passions humaines de ce qui produisait les conflits, les guerres, et les horreurs du passé, l'idéologie et la politique. L'économie est devenu le nouveau champ de bataille des hommes malades de pouvoir,  ils peuvent ainsi s'adonner à leurs passions mortifères sur le marché plutôt qu'en massacrant leurs semblables. L'économie est donc en quelque sorte un exutoire à la violence social plus efficace que les champs de batailles et les religions classiques.  A cela s'ajoute en pratique l'accroissement du progrès technique et les gains de productivités qui en découlaient  poussant à l'élargissement sans fin du marché à fin de maintenir la paix sociale par le plein emploi même si la nature des emplois furent progressivement transformées.

 

L'économisme religion structurante de l'homme moderne?

 

      Ainsi défini on peut rapproché la fonction de l'idéologie de l'économisme comme étant celle d'une religion, elle donne  une structure, un sens à tout le reste, à la vie de chacun.  Toute action dans cette nouvelle société doit impérativement se construire en fonction de cette nouvelle référence à laquelle nul ne peut échapper. L'esprit de l'occident moderne est complètement bloqué dans cette optique et ne raisonne qu'en terme d'intérêt économique puisque tout autre dimension sort de son cadre d'analyse. Ainsi l'homme n'agit-il que par intérêt économique et rien d'autre, on ne peut imaginer un individu motivé par des passions autres que le gout du lucre. La moral, l'honneur, l'amour, l'amitié, la curiosité, la nation n'entrent pas dans ce cadre et ne sauraient être de vrais motivations puisque celles-ci se réduisent à la l'impulsion de l'avoir et à l'utilité économique. Cette question va bien au delà du capitalisme car les deux grandes idéologies qui ont en partie structuré notre histoire depuis le 19ème siècle le libéralisme et le communisme, sont elles aussi enfermées dans le cadre de l'économisme. La réduction de la réalité social à une simple question économique ne s'est pas fait en un jour, ni même en une génération. Ce qui semble s'être considérablement accéléré depuis trente ans était déjà latent depuis la révolution industrielle au moins dans les pays anglo-saxon. Mais les anciens rites, les anciennes traditions, les vielles croyances, les vielles habitudes ont longtemps résisté, elles ont survécu tant bien que mal pendant des générations, mais elles s'étiolaient inexorablement avec le temps.

 

      Tout semble s'être accéléré avec la fin de la domination européenne et l'avènement de la tout puissante Amérique rêve incarné de la modernité. Cette société post-idéologique tout entière tournée vers l'esprit de croissance et de progrès qu'elle a malheureusement confondu avec l'économisme. Abandonnant l'ancien occident plein de religion et d'idéologie l'Amérique a créé un nouveau monde, un monde dans lequel on ne se pose pas d'autre question qu'économique, et où "le temps c'est de l'argent" comme disait le célèbre Benjamin Franklin devient un concept central. Pas question ici d'expliquer l'origine de cette perversion de l'esprit qui conduisit les protestants à créer le capitalisme moderne Max Weber l'ayant amplement explique dans son "Éthique protestant et l'esprit du capitalisme". Mais il est clair cependant que l'économisme est le fruit de cette évolution mentale née en Amérique et exporté par la domination de celle-ci sur le vieux continent.  Même les vielles sociétés catholiques ont succombé, et la maladie semble maintenant se répandre hors d'occident, même si les autres régions du monde ont encore d'autres vues que celle de l'économisme.

 

L'échec de l'économisme   

 

      Si l'économisme a réussi à pacifier en apparence nos sociétés en expulsant la violence dans le champs économique, la rendant ainsi moins palpable et moins directe, il ne l'a pas éliminé totalement. De la même manière la violence sous la forme économique est peut-être, par certains aspects, moins voyante, mais elle n'en est pas moins meurtrière. Dire comme Keynes qu'il vaut mieux torturer son porte feuille que son voisin, c'est oublier un peu vite que l'on peut torturer son voisin grâce à son portefeuille, ce que font très bien les rentiers, les banques, les multinationales et les actionnaires, la situation actuelle le démontre clairement. La violence est d'ailleurs plus sournoise de nos jours qu'à l'époque des massacres et des ambitions idéologiques, aujourd'hui on détruit des vies sans même en avoir conscience, et en prime en ayant l'ambition d'une certaine morale. Le petit capitaliste qui gagne son argent avec ses intérêts cumulés n'a pas conscience réellement qu'il vole le pain d'autrui, à l'image de la guerre moderne, l'économisme fait de la violence à distance, loin des yeux éliminant ainsi toute forme d'empathie possible. La politique que certains libéraux critiquent par ses aspects corrompus et populistes, est en réalité mille fois plus civilisée et moins violente que le marché. En démolissant le pouvoir politique  pour nous adonner entièrement au culte de Mammon nous avons en fait largement régresser sur le plan de la civilisation.

 

    L'autre gros soucis c'est que la prétendu efficacité capitaliste et la prétendu efficacité économique de l'économisme commencent à apparaitre pour ce qu'elle est, complètement fausse.  Et si en fait l'efficacité économique était dû à des mécanismes complètement différents de ceux prétendument moteur qui font le lit de l'économisme et du capitalisme?  Et si en définitive nos sociétés ne s'étaient pas développées grâce à ce cadre de l'économisme, mais malgré lui? Et si en fait c'était toutes ces habitudes résistantes, ces traditions d'érudition, de curiosité, d'entre-aide, de famille qui avait fait la richesse de l'occident et non l'économisme auquel nous avons aujourd'hui tout sacrifié? Cela expliquerait l'épuisement massif des sociétés occidentales actuelles. En  n'ayant plus de moteur libidinale en dehors de l'argent , l'économie de nos sociétés ne sont plus ni créative, ni efficaces, même sur le plan purement économique. En devenant tout, l'économie est devenue rien, le vide, le néant, peuplé d'individus motivés par le seule profit il n'y a plus ni art, ni science, ni famille, ni création, ni nation. Nous souffrons d'une inversion dramatique entre  en la fin et les moyens. En prenant l'économie comme unique but et non comme un moyen d'atteindre un but, nous avons perdu ce qui faisait l'essence de notre civilisation. L'aberration la plus totale venant de la façon dont nous parlons de la croissance, naguère la croissance avait pour but d'enrichir la population, d'améliorer les conditions de vie, aujourd'hui on les dégrade, on appauvrit le peuple pour nourrir la croissance.  Autrefois on éduquait pour former des citoyens aptes à s'impliquer dans la vie politique du pays, aujourd'hui on transmet des techniques pour faire des travailleurs aptes à répondre aux besoins économiques. Nous vivions dans une civilisation qui mesurait les arts et la littérature à la qualité, aujourd'hui on  mesure celles-ci à la quantité de vente.

 

En route vers une troisième civilisation occidentale?

 

  Heureusement l'occident n'est pas seul, il a des civilisations concurrentes aptes à le remplacer maintenant que sa décadence est avérée. Ces autres civilisations vont petit à petit remplacer celle de l'ouest qui perdra de plus en plus de son éclat puisqu'elle a épuisé tout ce qui faisait sa substance. Mais c'est une chance, une chance de remettre en cause en occident même ces mécanismes de dépérissement. Les contraintes qui vont s'appliquer à nous du fait de notre dépérissement vont petit à petit permettre une remise en cause interne des mécanismes qui ont construit l'occident moderne. En premier lieu l'économisme qui a structuré et structure encore nos vies sera bien difficile à maintenir avec l'appauvrissement général lié à la perte de domination économique. L'on pourrait ajouter à cela les contraintes énergétiques qui vont mener notre civilisation vers de très grandes difficultés ne serait-ce que pour nourrir la population. Il va falloir créer un modèle de société moderne techniquement mais sans pétrole et avec une capacité de durabilité qu'elle n'a jamais eu à faire à cause de l'abondance momentanée crée par la mondialisation.  Dans un cadre d'appauvrissement général, ou même de stagnation de la croissance, l'organisation actuelle de nos sociétés ne peut qu'exploser rien que par les effets des intérêts économiques par exemple. Le fait que le futur n'est plus vue comme une amélioration mais comme une régression devrait remettre en cause également la question de la motivation purement économique, l'homme devra se trouver d'autres passions que l'enrichissement pour vider ses pulsions néfastes. Il va falloir réapprendre à canaliser les pulsions sans le recours à l'artifice consumériste, il va falloir se reciviliser en quelque sorte.

 

 Tout ceci pourrait bien obliger l'occident à se réinventer totalement, et à fonder un troisième occident en quelque sorte et si l'on considère le premier comme étant l'occident chrétien et idéologique du moyen-âge à la révolution industrielle, et le second que l'on pourrait dater du début de l'ère industrielle. Ce troisième occident aurait la lourde tâche de réconcilier les deux premiers, de prendre peut-être le meilleur des deux premiers pour fournir une civilisation plus durable que celle qui altère à l'heure actuelle les conditions de la propre continuité. Avoir la paix et l'efficacité de l'occident économiste et la passion, la vivacité  de l'occident idéologique en même temps voila la tâche immense qui s'ouvrira au 21ème siècle.

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30 novembre 2010 2 30 /11 /novembre /2010 20:53

  euro-sur-fond-drapeau-europeen.jpgIl est intéressant souvent d'un point de vue intellectuel de trouver des arguments à ses propres adversaires, surtout si ces derniers sont particulièrement nuls. Les défenseurs de l'euro se sont tellement reposer sur leur lauriers qu'ils ont peut-être perdu l'habitude d'argumenter de façon rationnelle. En l'espèce on peut se poser une question simple, qu'elle est l'avantage pratique de l'euro et quelle sont les possibilités qui s'offrent à l'UE pour sauver sa monnaie. Monnaie dont aujourd'hui bon nombre de personnes constatent que l'éventualité de son éclatement est de plus en plus probable. Je vais donc ici essayer de donner des arguments aux défenseurs de l'euro et des solutions rationnelles qu'ils pourraient peut-être employer, si par hasard, ils se mettaient à abandonner la scolastique religieuse européïste du genre, l'Europe c'est la paix, l'euro c'est la prospérité ou encore la monnaie unique c'est plus d'emplois. En effet ces arguments souvent employés à la grande époque de la télévision sont des arguments purement émotionnels ce sont des slogans publicitaires sans aucune démonstrations pratique. Ils passent donc très mal sur internet où la culture écrite reprend petit à petit sa place et où donc les sophistes perdent en éclat face aux rationalistes empiriques.

 

1-L'utilité de l'euro

 

      Je suis le premier à critiquer l'euro, et je soutiens bien volontiers les personnages politiques qui montrent toute l'incohérence qu'il y a dans le fonctionnement actuelle de cette zone monétaire.   Rapidement on dira que la zone monétaire européenne est non-optimale c'est à dire que la population ne se déplace pas librement à cause des frontières culturelles et linguistiques. Qu'il n'y a pas de solidarité européenne et les dernières décisions prisent sous l'influence allemande concernant les aides aux pays en difficulté ne font que confirmer cette réalité. Ensuite il n'y a pas de peuple européen en tant que tel,  donc pas d'intérêt commun d'où puisse émerger une quelconque unité politique. Enfin la disparité fiscale entraine nécessairement une fuite liée à la libre circulation des capitaux, les pays ayant les fiscalités les plus basses pompant le revenue des autres dans une guerre fiscale sans fin, où les seules gagnant sont les rentiers et les multinationales. Vous connaissez ces arguments, je l'ai emplois souvent sous différentes formes. Mais il faut aussi dire que l'euro aurait pu être autre chose que ce qu'il est devenu, je ne parle pas ici de la monnaie commune, qui est une autre forme d'organisation, c'est d'ailleurs la solution qui préconise régulièrement Jacques Sapir. Non, je parle bien de l'euro monnaie unique.

 

      La monnaie unique dans sa genèse avait pour but de palier aux effets dévastateurs du décrochage de l'or et du dollars, cette monnaie avait pour but de faire mentir John Connolly et sa célèbre phrase "Le dollars est notre monnaie, c'est votre problème".  Les américains exportent leur inflation depuis les années 70 et jouent sur l'état déséquilibre hérité des trente glorieuses faisant des USA le consommateur en dernier ressort. L'euro a eu comme principal but de mettre fin aux variations erratiques des monnaies européennes et de supplanter le dollars comme monnaie de réserve, au moins en Europe.  Et il faut bien dire que depuis l'avènement de l'euro il n'y a effectivement plus de variations brutales des monnaies européennes entre elles puisqu'elles n'existent plus. Bien sûr le gros problème c'est que la monnaie unique échange avec d'autres zones monétaires, et ce faisant, elle est un ilot de stabilité dans un océan d'anarchie monétaire. Le paquebot euro a donc bien du mal à manœuvrer vue sa masse. Autre problème l'euro n'a fait que déplacer le problème, on le voit bien aujourd'hui. Le marché au lieu de spéculer sur les monnaies directement s'est mis à spéculer sur les dettes d'état, faisant éclater l'unité des taux d'emprunt et menaçant en définitive l'édifice fragile de l'euro. Pour terminer aucun mécanisme n'a été pensé pour palier au différentiel de compétitivité intra-européen de sorte qu'un pays en déficit commercial n'a aucun outil pour améliorer sa situation. Autre avantage de l'euro de part sa taille les européen peuvent pousser les pays producteurs de pétrole à vendre en euro ce qui de facto enlève un des gros avantages du dollars. Grâce à cela il n'est plus besoin pour les pays européens d'avoir des réserves de dollars puisqu'ils pourraient éventuellement acheter dans leur propre monnaie les matières premières. Car si les pays européens avaient dans les années 60-70 des réserves en dollars ce n'était pas tant à cause de leur dépendance à l'égard du marché américain qu'à cause de leur dépendance au pétrole. Évidement cet avantage était hypothétique et aujourd'hui les européens continuent d'acheter leurs matière premières avec des dollars ce denier n'ayant pas été supplanté.

 

2-Comment sauver la zone euro 

 

      Il s'agit ici de réfléchir à la sauvegarde de l'euro tel qu'il a été conçu et non de le transformer en monnaie commune ou en autre chose. Comment sauver cette monnaie qui a été si mal pensée?   Nous devons pour y parvenir contrecarrer les principaux problèmes qu'occasionne une zone monétaire non-optimale et les déséquilibres actuels. En premier comment faire pour que les dettes des états ne soient plus soumises le jeu des marchés? Et bien il faut faire en sorte que les  pays membres empruntent directement à la BCE. Ce faisant l'influence néfaste des marchés spéculatifs deviennent nul, on remarquera au passage l'étrangeté du fait que les européens n'y aient pas pensé plus tôt, mais c'est vrai qu'il fallait du carburant pour alimenter la finance mondiale. Bien évidemment on entre là en contradiction avec la peur de l'inflation les allemands redoutant l'abus d'emprunt en cas de nationalisation ou d'européanisation monétaire. Pour ce qui est du problème de la concurrence fiscale nous avons deux solutions, soit nous uniformisons la fiscalité en Europe, c'est la solution théorique simpliste qui est répété à satiété dans les salons parisiens. Soit nous contrôlons à nouveau la circulation des capitaux, en mettant fin ainsi à la fuite fiscale de bonnes taxes décourageant les fuites. On pourrait au passage trouver un moyen pour exclure les investissements productifs de ces taxes pour garder ce qui est intéressant dans libre circulation des capitaux, les transfères techniques par investissement direct des entreprises. La première solution est tout simplement politiquement infaisable, elle a en plus comme gros inconvénient de nuire à la liberté des peuples à choisir leur propre régime fiscal, c'est donc une non-solution. Seule la deuxième est donc réalisable mais elle demande au préalable de rompre avec l'idée que la liberté totale est  une bonne chose en tout.  

 

      Enfin, dernier problème soulevé par l'euro, c'est l'incapacité des pays membres à se protéger lorsqu'ils ont un déficit commercial.  Il y a deux dimensions à ce problème, la dimension relevant du rapport entre la zone euro et l'extérieur de la zone euro, où là on peut éventuellement solutionner la question par une dévaluation. Ainsi une dévaluation de l'euro pourrait améliorer la balance commerciale des pays déficitaire vis à vis de la Chine par exemple, sans pour autant vraiment nuire aux autres. Mais il y a aussi un problème interne à la zone euro car il n'y a aucun mécanisme qui puisse rééquilibrer balances commerciales entre membre de la zone.  C'est une question qui n'est jamais vraiment aborder et que l'on cache derrière l'ogre chinois. Comme Jacques Sapir l'a dit récemment l'Allemagne fait ses excédents commerciaux essentiellement avec ses voisins. L'Allemagne est notre premier déficit commercial, devant la Chine. On comprendra bien qu'un protectionnisme européen ou une dévaluation de l'euro ne peut pas résoudre ce problème là. Si l'on veut résoudre cette question on a deux solutions soit on fait éclater l'euro, c'est la solution de NDA ou de Sapir, l'euro monnaie commune revient lui aussi à faire éclater la zone. Ou alors on autorise une politique protectionniste à l'intérieur de la zone euro. On peut faire de l'euro un bancor local dans lequel les déséquilibres commerciaux seraient proscrits.  On punirait les excédents en obligeant le pays excédentaires soit à importer plus, soit à accepter des taxes ou des quotas de la part des pays déficitaires jusqu'au retour à l'équilibre.

 

  On le voit bien les solutions pour sauver l'euro tel qu'il est, sont des solutions qu'il faudrait de toute manière pratiquer si nous sortions de la monnaie unique. En cela il s'agirait de faire de l'Europe une espèce de forteresse protégée de la mondialisation, c'est à dire très exactement ce que les européïstes ont vendu à nos concitoyens pendant  le referendum sur Maastricht. Il n'ont bien sûr jamais cru à leurs mensonges parce qu'ils ont toujours cru que la libéralisation totale était formidable pour l'économie.  Étrangement il faudrait mettre en pratique cette protection européenne pour sauver l'euro, les euroéïstes se retrouvent donc un peu comme les socialistes français en 83. A l'époque les socialistes ont dû choisir entre l'Europe et le plein emploi en France à travers la dévaluation et le protectionnisme. Et ils ont fait alors le mauvais choix pour de bonnes raisons, en effet les socialistes voulaient utiliser l'Europe pour faire un keynésianisme continental on sait ce qui s'est passé par la suite l'Europe s'est retournée contre eux. Aujourd'hui les européïstes doivent choisir entre le libre-échange totale, la liberté de circulation des capitaux et l'euro. S'il choisissent le libéralisme, ce qui est quasiment certains, ils auront quand même le protectionnisme car la zone euro en éclatant obligera les pays européens à se protéger à nouveau et à faire ce qu'ils n'imaginent pas faire avec l'UE actuelle. On peut donc dire que les européïstes libéraux font au contraire des socialistes en 83, de bons choix pour de mauvaises raisons et là aussi cela se retournera contre eux. Ils obligeront l'euro à éclater par leur dogmatisme fanatique et produiront à terme un retour brutal des politiques qu'ils craignent le plus.

 

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25 novembre 2010 4 25 /11 /novembre /2010 16:26

  Un nouveau texte de Jacques Sapir est apparu sur le site mémoires des luttes, je me suis permis de le reproduire ici puisqu'il parle de la continuation de la crise et de la certitude de l'éclatement de la zone euro entre 2011 et 2012. La divergence des taux d'intérêts est produite  par la nature même des évolutions économiques des différents états membres car les démographies, les taux d'inflations, et les taux de productivités évoluent de façon autonome pour chaque pays. L'Europe n'ayant prévue aucun mécanisme pour rééquilibrer les balances, l'unité monétaire produit un réajustement par la pression salariale et la diminutions des demandes intérieures de chaque pays. A ce stade bien sûr, la solution que préconise certains, à savoir la transformation de la monnaie unique en monnaie commune reste encore possible, cependant cette possibilité pourrait ne plus exister d'ici deux ans comme semble le croire J.Sapir. Passé une certaine limite la zone euro éclatera, c'est d'ailleurs aussi l'avis d'Ambrose EVANS PRITCHARD  dont un article virulent provenant du DAILY TELEGRAPH vient d'être traduit par le chef de l'UPR François ASSELINEAU. Ce célèbre journaliste accuse carrément l'UE d'être proto-Fasciste, rien que çà. Les choix économiques et politiques que prennent les élites face à la débandade européenne nous mène effectivement vers un régime de plus en plus autoritaire. Nous avons d'ailleurs vue récemment que même le candidat potentiel à l'élection présidentielle française DSK, s'est mis à tenir des propos absolument terrifiant quand à ses conséquences pratiques sur la démocratie française, s'ils étaient appliqués. De toute façon si l'on se fit à l'analyse présente de Jacques Sapir, il y a peu de chance que le délire technocratique de certains européïstes ait une chance d'aboutir, car  l'UE et l'euro éclateront bien avant.

 

 


 

Vers une crise terminale 

par Jacques Sapir

 

 

  Après l’annonce du plan d’aide à l’Irlande, la situation continue à se dégrader dans la zone euro. Cette dégradation annonce la crise terminale de cette zone, qui devrait survenir d’ici à l’hiver 2011/2012, et peut-être avant. Fondamentalement, ce plan n’a pas rassuré les marchés. D’ores et déjà, les inquiétudes montent sur le Portugal, mais aussi sur l’Espagne, qualifiée « d’éléphant malade » par certains analystes. Pour le Portugal, les spreads (écart des taux d’intérêt sur la dette par rapport aux titres publics allemands) se sont relativement synchronisés avec ceux de l’Irlande. On peut le constater dans le graphique de l’agence France-Trésor datant du 5 novembre 2010.

 

GraphSapir1.jpg

Sur le marché secondaire des titres publics, la baisse de leur valeur de revente faciale est un indicateur du taux d’intérêt auquel on est prêt à les détenir. De ce point de vue, la baisse de valeur des titres publics irlandais s’est  accompagnée de celle des titres portugais et espagnols. On a atteint les taux suivants le 22 novembre en fin de journée :


Irlande : 8,34% (et 8,64% le 23 novembre en fin de journée)
Portugal : 6,90%
Espagne : 4,81%


Ceci montre que les marchés ne croient plus aux déclarations des principaux responsables qui vont répétant que les problèmes de l’Irlande et du Portugal sont très différents. Ce qui est certes vrai techniquement, mais oublie la  vision stratégique du problème. En fait, ces pays souffrent des mêmes maux, et en particulier du taux de change de l’euro. Les structures économiques différentes des pays de la zone ne peuvent s’accommoder d’un taux de change  unique, en particulier si ce dernier est fortement surévalué.


  L’Espagne, qui fait face à une crise sans précédent, et où le taux de chômage est passé de 11 à 20% en 30 mois, devra d’ici la fin de l’année 2010 refinancer 150 milliards de titres publics arrivant à maturité, et cela sans compter l’augmentation rapide de son déficit. Si elle devait faire face à une nouvelle montée des taux et devait demander à  bénéficier du mécanisme d’aide mis en place pour la Grèce, cela ferait éclater ce mécanisme et confronterait les dirigeants allemands à l’issue qu’ils redoutent le plus : voir la zone Euro se transformer en une zone de compensation des déficits.

 

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Tout cela est pris en compte par les opérateurs des marchés, et en particulier par les fonds spéculatifs qui profitent des lacunes de la réglementation européenne pour jouer à fond la carte de la spéculation. En fait, les autorités politiques de la zone euro ont commis plusieurs erreurs graves :


1.- Le plan européen visant à consolider les mécanismes de stabilisation, adopté au printemps 2010, n’est pas crédible. Il s’inspire du SDRM (Sovereign Debt Restructuring Mechanism) qui fut proposé puis abandonné par le FMI en 2001. Ce plan implique que les prêteurs privés pourraient perdre une partie des actifs qu’ils ont imprudemment achetés. or aujourd’hui les marchés n’entendent plus perdre un seul centime. Le plan pourrait être crédible s’ils se donnait des moyens de pression sur les marchés, en limitant drastiquement les fenêtres de spéculation. Mais, au contraire, c’est la liberté des États qu’il entend limiter. Ceci est insuffisant pour rassurer les opérateurs et ne freine pas leur liberté de spéculer, ce dont ils ne se privent pas.


2.- Ce plan est par ailleurs déjà remis en cause par une nouvelle aggravation de la situation de la Grèce. Les effets du plan de stabilisation se font sentir sur le PIB avec une nouvelle récession qui, mécaniquement, accroît les déficits et surtout leur poids par rapport au PIB (par baisse du dénominateur. Il est très peu probable que la Grèce puisse retourner devant les marchés financiers en 2013 si une partie de la dette n’est pas effacée. Les autorités grecques envisagent en fait un défaut partiel.

 

3.- Ce plan soulève des problèmes politiques croissants en Irlande et au Portugal. Le gouvernement de Dublin ne tient plus - littéralement - qu’à un fil. Sa majorité au Parlement est réduite à 2 députés et, avant même le vote sur le budget 2011, elle sera ramenée à un seul, pour cause d’élection partielle. Des élections législatives anticipées auront lieu en janvier. Au Portugal, une grève générale massive a eu lieu le 24 novembre. Même en Grèce, le taux record d’abstentions enregistré aux élections locales (seulement 37% de votants pour la région d’Athènes) laisse présager de nouveaux troubles pour 2011 et 2012, quand de nouvelles étapes du plan de rigueur devront être abordées.

 

4.- L’accord passé entre l’Allemagne et la France manque considérablement de stabilité pour pouvoir espérer refonder des mécanismes politiques de gestion de la zone euro. En effet, si un accord a pu être trouvé sur un mécanisme de stabilisation, il dépend très largement de la réaction des marchés. Que ces derniers ne considèrent pas ce mécanisme comme crédible et c’est tout le fragile édifice franco-allemand qui s’effondre car, sur le fond, les positions de ces deux pays sont antagoniques. La France ne peut accepter longtemps que l’Allemagne réalise près de 75% de son excédent commercial au détriment de ses voisins immédiats. L’excédent commercial allemand par rapport à la France (27 milliards d’euros) est ainsi supérieur à celui enregistré par rapport aux Etats-Unis (19 milliards).


5.- Techniquement, la Commission européenne a commis une grave erreur en n’interdisant pas les ventes à découvert sur les marchés financiers. Elle reste fondamentalement attachée à l’idéologie de la concurrence et des marchés dits « efficients », idéologie qui est à la base même de la crise que nous vivons. La crise terminale de l’euro est donc d’ores et déjà engagée, et elle devrait connaître son point culminant dans le courant de 2011, et au plus tard à l’hiver 2011-2012. Il y a peu de chances qu’elle puisse être évitée. Au mieux, prendra-t-on des mesures pour prolonger l’agonie et reportera-t-on sur 2013 ou 2014 les échéances.


Cette crise ne provient pas des problèmes rencontrés par la Grèce, l’Irlande et demain le Portugal et peut-être l’Espagne. Elle provient en fait de la volonté de faire fonctionner avec une monnaie unique des économies hétérogènes, marquées notamment par des taux d’inflation structurels extrêmement différents. Ou bien par un taux d’inflation tel que toute tentative pour le faire baisser entraîne une chute du PIB.


Ce problème, en son temps, avait provoqué la crise du Système monétaire européen (SME), aggravée par la spéculation. Or dans la zone euro on retrouve les mêmes problèmes, et la circulation des capitaux n’est toujours pas contrôlée, donnant ainsi une prime à la spéculation qui peut se déchaîner par des opérations de vente à découvert. L’euro ne peut fonctionner comme monnaie unique que si une volonté forte et légitime s’exprime au niveau politique, et si existent des flux de transferts importants (entre 6% et 10% du PIB de la zone). C’est ce que l’on voit dans les grands pays fédéraux où la monnaie est unique, avec des économies régionales hétérogènes, pour harmoniser des économies qui sont en réalité très hétérogènes.


Aucune de ces solutions n’est aujourd’hui envisageable. L’Allemagne a exprimé à de nombreuses reprises son opposition à une « zone de transferts budgétaires », et les avantages que les pays retirent de leur appartenance à la zone euro sont eux aussi très hétérogènes. Faute d’une unité politique, qui ne peut être acquise aujourd’hui qu’à minima, et dans la mesure où les règles régissant les marchés financiers sont restées laxistes- ceci sous la double influence de l’idéologie des marchés dits « efficients » et des intérêts privés directs et indirects de certains des décideurs - l’avenir de la zone euro est désormais très compromis.


La crise va donc s’étendre peu à peu, avec des épisodes provisoires de répit. Elle va toucher de nouveaux pays, et même la France sera atteinte quand les agences de notation lui retireront sa note AAA au printemps prochain, tandis que ceux qui ont déjà été frappés par la crise connaîtront des rechutes douloureuses. L’accumulation des plans d’ajustement budgétaire va plonger la zone dans une atonie économique. Puis une nouvelle récession viendra tarir les rentrées budgétaires sur lesquelles on compte pour équilibrer les budgets. D’autres plans d’ajustement seront alors nécessaires et la zone euro glissera de la récession à la dépression. Dans ces conditions, le coût du maintien de l’euro et dans la zone euro va rapidement excéder ses avantages, supposés ou réels.


Si la zone euro apparaît aujourd’hui comme condamnée dans sa forme actuelle, il importe de maintenir le principe d’une certaine coordination monétaire entre les pays de l’Union européenne, voire entre les pays du noyau historique de l’Union. Ceci pourrait prendre la forme d’une monnaie commune venant se superposer aux monnaies nationales retrouvées, et dans un cadre institutionnel marqué par une stricte réglementation des marchés financiers, un contrôle des mouvements de capitaux, ainsi que par des taux de change fixes, mais ajustables de manière régulière.


Ceci impliquerait aussi des institutions permettant de re-nationaliser les dettes publiques, dont une partie pourrait être financée par monétisation par les banques centrales. Mais un tel système ne se décrète pas en quelques jours, voire en quelques semaines. Si l’on ne veut pas que l’éclatement inéluctable de la zone euro tourne au sauve-qui-peut généralisé, c’est dès aujourd’hui qu’il nous faut anticiper cette situation. Nous avons entre trois et six mois pour agir. Après, il sera trop tard.

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24 novembre 2010 3 24 /11 /novembre /2010 20:30

    Nos amis du LEAP ont beau avoir des tendances apocalyptiques ils ont souvent de bonnes références en matière d'information économique. Dans dernière prophétie le LEAP nous donne une carte provenant de l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, et il se trouve que cette carte est très intéressante tant elle résume la problématique mondiale actuelle de façon trés résumé. En effet on y voit apparaitre les pays ayant des déficits commerciaux et ceux en excédent. En un seul coup d'oeil nous voyons bien que la question des déficits commerciaux ne concerne pas que les USA, d'autre pays, y compris certains membre du BRIC sont touchés par les déficits de leur commerce extérieur. On voit bien sur la carte l'est de l'Eurasie fortement excédentaire et le reste du monde en déficit. Les pays en bleu foncé ont des excédents supérieur à 4% de leur PIB ce qui est tout à fait considérable. On parle souvent de l'Allemagne et de la Chine parce que ces deux pays sont gros et peuplés, mais ils ne sont pas les seuls à pratiquer le mercantilisme. La Russie a visiblement choisi son camp, même si son cas est à rapprocher de celui de l'Arabie Saoudite gros producteur de matières premières et d'énergie.  Mais le fait d'avoir des matières premières ne garantie pas l'excédent puisque le Canada et l'Australie sont aussi largement déficitaire que les USA. Ce sont donc bien les politiques menées qui conduisent à l'excédent ou au déficit plus que les dons naturelles dont jouissent un pays. J'ai d'ailleurs été surpris par le déficit canadien d'autant que ce pays a un énorme excédent avec son voisin géant du sud, on peut supposer que la situation canadienne est très dégradé avec l'Asie.  Qu'un pays avec autant d'avantages naturel que le Canada soit en déficit commercial montre le coté absurde du système économique mondial actuel, car ce pays sous-peuplé et bourré de richesses naturelle devraient au contraire facilement être excédentaire.

 

bcommonde.jpg

 

      Cette carte permet donc de tordre le cou à plusieurs croyances d'une seule traite. Ainsi ceux qui accusent le dollars d'être la source de tout nos maux peuvent aller se rhabiller, si tel était le cas seul les USA auraient des déficits commerciaux or il n'en est rien, par exemple la Turquie et l'Afrique du sud dépassent largement l'Oncle Sam en la matière. D'autre part nous voyons bien ici que les Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine) qui furent présentés par les médias comme une espèce d'alliance entre puissances montantes pour contrer l'occident lui aussi vu comme un bloc, n'existe pas vraiment. En fait la Chine fait aussi mal à l'Inde ou au Brésil qu'à la France ou aux USA. La vision que l'on colle généralement  à ces pays est d'autant plus fausse qu'elle provient essentiellement d'une image du passé, un peu ce que fut jadis le camp des non-alignés, ou encore une espèce de revanche du tiers-monde. Les pays en voie de développement ont en réalité chacun leur rythme économique et souffrent tout autant que nous, si ce n'est plus, de la chienlit du libre-échange planétaire. Il y a là une bonne chance pour les puissances européennes de trouver des alliés en cas de litiges ou de négociations, il faut cesser de voir le monde en bloc et recommencer à le voir en nation. L'Inde par exemple est une nation à forte croissance mais dont le modèle est beaucoup moins extraverti que celui des chinois, l'Inde a même un déficit commercial à cause de l'empire du milieu.  Elle porte donc en elle une vision peut-être plus égalitaire au niveau commercial que celle de la Chine.

 

    Quoiqu'il en soit le fait est que la problématique des déséquilibres mondiaux surpasse largement la question monétaire du dollars. Deuxième apprentissage de la carte, la situation française est à relativiser fortement en matière commerciale, nous sommes certes en déficit mais à l'échelle du monde nous faisons partie des pays les plus proche de l'équilibre, donc en réalité ceux qui sont les plus exemplaires sur le plan commercial. En effet il faudra expliquer une bonne fois pour tout que tout les pays du monde ne peuvent pas avoir d'excédents tous en même temps, puisque les excédents des uns sont les déficits des autres. La seule solution pour trouver un équilibre mondial est donc que tout  les pays du monde aient une balance à l'équilibre, du moins à peu prés.  Bien sûr un tel équilibre ne peut se trouver que par l'intervention de la puissance publique dans l'organisation du commerce, les marchés seuls ayant très visiblement échoués à réguler le commerce mondial. Sous l'influence de l'OMC le commerce mondiale régulé par la marché a  totalement cafouillé.   L'OMC malheureusement a un nom qui est bien mal adapté puisque sa politique à en réalité consisté uniquement à désorganiser le commerce, on devrait d'ailleurs la renommer DMC (désorganisation mondiale du commerce) ce qui serait plus proche de son action réelle.

 

Pourquoi faut-il punir les pays excédentaires? 

 

    Cependant lorsque l'on en vient aux solutions et pour peu que l'on ait accepté la réalité des déséquilibres mondiaux comme ce fut apparemment le cas de nos dirigeants au G20, les réactions immédiates et finalement très chrétienne dans l'esprit, sont de se mettre à accuser les pays déficitaires.  Et oui, vous consommez trop et il faut vous saigner, il faut réduire votre train de vie (enfin celui de vos concitoyens), vous devez faire pénitence. Le lien avec l'économie traditionnelle est évidente et malheureusement l'évidence héritée des âges anciens et de nos vie de tout les jours ne sont pas vraiment bonnes conseillèrent dès qu'il s'agit de gérer une nation ou un peuple avec des modes de productions modernes à haute productivité. Et la nature même de l'interdépendance commerciale rend le raisonnement gaspilleur/travailleur, fourmis/cigale complètement caduc. La  fourmis chinoise ou allemande ne peut pas survivre sans sa cigale américaine et l'inverse non plus. De sorte que la mort de l'un ou l'autre fini inéluctablement par la mort de tous, c'est d'ailleurs bien ce que voulaient les néolibéraux non? Nous rendre interdépendant pour éviter les guerre soit disant, c'est d'ailleurs la  plus grosse erreur de Montesquieu,  le doux commerce.

 

  Bien sûr théoriquement un pays ayant des excédents peut toujours relancer ses salaires et donc sa demande intérieure pour palier aux exportations. Mais d'une part, cela va à l'encontre des intérêts à court terme des castes dominantes de ces pays, on voit bien que la Chine n'a pas  vraiment envie d'une classe moyenne. L'Allemagne quant à elle a choisi l'exportation comme seul moteur à cause de son déficit démographique, mais également parce que son élite s'est prise, elle aussi, au jeu du plaisir de l'inégalité sociale que seul un modèle extraverti permet. Plus besoin du consommateur allemand puisque l'on peut exporter, donc plus besoin de négocier avec ces salauds de pauvres et de syndiqués. Ensuite puisque ces pays sont spécialisés dans l'exportation, ils produisent beaucoup de choses qui seraient en surproduction si d'un seul coup ils se retrouvaient seuls sur leurs propres marchés. Il y aurait une inadéquation entre ce qu'ils produiraient et ce qu'ils consommeraient s'ils étaient leurs seuls clients.   Ainsi la Chine produiraient elle trop de gadgets destinés aux pays riches, alors que le chinois moyens aurait d'abord besoin de produits de bases si son salaire augmentait. Trop d'écran plasma et pas assez de chaussure, si vous voyez ce que je veux dire. C'est le principe même de la spécialisation que de créer ces problèmes de distorsion entre la production locale et la consommation locale. Mais la situation est probablement beaucoup plus grave encore en Allemagne qu'en Chine sur ce plan.

 

    Donc au final il n'y a pas vraiment de gagnant juste une ribambelle de pays coincés, n'arrivant plus à exercer leur souveraineté, ce qui produit des conflits et non la paix.  Si je dis qu'il est dangereux de passer par la case punition des pays déficitaires, c'est que cette solution n'apporterait qu'une seule conséquence, celle de la déflation salariale et de la déflation des prix. En effet chaque pays voulant relancer sa croissance par son commerce extérieur serait tenté de contracter sa demande intérieure et d'exporter chez le voisin ses problèmes. Ce n'est donc pas une solution aux problèmes des déséquilibres mondiaux, la course à la contraction de la demande produisant une déflation planétaire. La solution la plus rationnelle serait de faire en sorte que les pays excédentaires se mettent à importer plus, à augmenter leurs propres salaires et ainsi à stimuler leurs importations pour  rééquilibrer l'économie mondiale. Le problème bien entendu, c'est que les pays excédentaires trouvent leurs positions plutôt favorables à leur propres intérêts, du moins  à court terme. La Chine à travers ses excédents obtient un pouvoir sur l'extérieur qu'elle n'aurait pas si elle se contentait d'équilibrer sa balance des paiements. Ensuite comme je l'ai expliqué avant, ces pays ne veulent pas une économie égalitaire, ils veulent la croissance économique sans la hausse des salaires et sans inflation qui seules permettraient l'absorption de la production. C'est pour cette raison qu'il est absurde d'attendre d'un pays en excédent qu'il mette fin à cette situation volontairement. On est donc bien obligé de mettre en place des punitions visant les pays pratiquant ce type de politique.

 

    Le protectionnisme rentre donc dans ce cadre comme un mécanisme, non pas nationaliste, ou mercantiliste, mais bien dans un but de régulation d'une pratique agressive. Le protectionnisme et les politiques de punition des pays excédentaires viseraient à découpler les nations et à réduire cette contrainte qui a fait que chaque peuple sur cette planète est obligé de se plier à des règles extérieures de plus en plus excessives.  L'interdépendance n'est pas un but à souhaiter, elle produit le conflit et la haine, en Europe même, l'on voit ressurgir des propos et des attitudes que l'on croyait disparues depuis la guerre. Les tensions entre les nations "unies" par le commerce ne cessent de  grandir, et certains états pourraient être finalement convaincu qu'une solution plus brutale pour dominer les autres serait un moyen de se sortir de la contrainte mondiale. Les conflits en Corée par exemple, pourraient très bien dégénérer en cas d'une forte dégradation économique produite par une déflation planétaire. Déflation qui semble pourtant de plus en plus certaine puisque ce sont bien les pays excédentaires qui sont en train de gagner la course des cœurs et des idées. Les USA s'ils se rangent aux cotés des pays excédentaires (voir le dernier texte de Krugman), sous l'influence du parti républicain notamment, et se lancent, après l'UE, dans une course à la contraction de la demande intérieure. Ils  produiront un effondrement des exportations allemandes et chinoises ce qui ne sera pas sans impact géopolitique. En effet que fera une Chine sans débouchés économiques avec un peuple qui commencera à douter de ses élites et un budget militaire hyperinflationniste? Et l'Amérique, une fois le poison de la déflation gouté, alors que la relance d'Obama sans protectionnisme n'a pas marché, vers où se tournera le peuple américain totalement désenchanté et désespéré? L'heure est grave, plus grave encore que ce que l'on peut imaginer. Il est bien malheureux de voir tout ces adorateurs de pays excédentaires se réjouir des plans irlandais, britanniques et demain portugais, français américains etc.. Car leurs fausses solutions auront tôt fait de précipiter la planète vers un désastre sans précédent. L'actuelle reprise dans les pays excédentaires n'est du qu'à l'irresponsabilité monétaire américaine, que les américains deviennent "raisonnables" comme les européens et la mondialisation s'effondrera dans le fracas de la guerre.

 

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20 novembre 2010 6 20 /11 /novembre /2010 21:49

  Le C919 est un nouvel avion qui devrait bientôt concurrencer les fabricants occidentaux, et il se trouve que cet appareil est fabriqué par la Chine. Vous savez, le pays a qui l'on était censé vendre des Airbus pour que nous puissions acheter ses teeshirts. Enfin c'est ce que l'on racontait aux pauvres occidentaux qui avaient le malheur de se poser des questions sur l'intelligence qu'il y a à tout importer de l'empire du milieu. Nos élites si intelligentes, semblent pourtant dépassées par la vitesse du rattrapage chinoise. Ces derniers envoient des hommes dans l'espace et feront bientôt des missions sur Mars, les chinois risquent d'ailleurs d'être les premiers à envoyer un homme sur la planète rouge. Nos penseurs de salon, pourtant, ne semble pas prés à remettre en cause leurs préjugés, et derrière la Chine, l'Inde évolue elle aussi très vite. Elle produit des satellites de pointe et innove déjà dans le domaine spatial. 

 

    Cet avion chinois va pouvoir bénéficier du protectionnisme naturel des élites chinoises, qui elles ont bien compris que le développement est surtout une affaire de maitrise technologique et non de concurrence. L'avion chinois sera surement inférieur aux productions occidentales, mais sera tout de même acheté par les compagnies aériennes chinoises qui ne joueront pas le jeu de la concurrence libre et non faussée comme ces crétins d'Européens.   A la manière américaine la Chine va faire semblant de jouer le jeu mais les dés seront pipés, comme dans le domaine militaire de l'oncle Sam. La Chine sera libérale le jour ou elle dominera la technologie et où elle pourra fournir à moindre prix le même matériel que les industriels de l'aéronautique occidentale. Et ce jour là nos marchés seront inondés d'avions chinois plus performant et moins cher, on pourra fermer définitivement ce reste d'activités aéronautiques en France. Étrangement la Chine a beau user du même stratagème indéfiniment, les élites entrepreneuriales européennes et américaines ne semblent pas comprendre à quelle sauce elles sont mangées. Elles continuent à croire à l'eldorado chinois alors même que des entreprises comme Alstom et ses trains se sont déjà fait avoir. C'est un vrai mystère que de voir tant de stupidité à la tête des grandes entreprises alors que n'importe qui peut comprendre la fourberie actuelle de la Chine.

 

Esprit patriotique contre esprit individualiste

 

  En fait cette non prise de conscience vient, comme la plupart de nos problèmes, d'une incapacité à penser collectif. Les entreprises occidentales se voient toutes comme des concurrentes, enfermées dans leur cadre individualiste, elles ne se pensent que comme des structures sans référence nationale, sans territoire de base.  Il n'y a guère que les politiques pour faire encore référence à la nationalité des entreprises, se réjouir des succès de Renault parce c'est une entreprises françaises, c'est oublier que celle-ci se fiche éperdument du destin de son pays d'origine. Renault est aujourd'hui une multinationale apatride qui va produire en Turquie pour vendre en Norvège sans se soucier du développement et de l'emploi français.  De la même manière les journalistes mainstream se sont réjouis récemment des fameux contrat d'Airbus pour la Chine oubliant que Airbus produit de moins en moins en Europe et que les transfères technologique que ces accords contiennent sont justement ce qui produit l'élévation concurrentielle constante du géant chinois.

 

En Chine par contre les entreprises ont un fort patriotisme, un attachement important à leur mère patrie. La chine est dans une phase de développement que l'occident a quitté il y a longtemps, celle du capitalisme d'état.  Ce dernière ne peut exister que dans une nation avec un esprit national fort qui coïncide avec l'ascension du niveau scolaire comme nous l'a appris Emmanuel Todd dans ses œuvres. A cela s'ajoute la cohésion des familles souches chinoises qui dominent la côte de l'empire du milieu et qui sont à l'origine du développement du tissu industriel chinois. Ces familles souches sont identiques à leurs cousines coréennes, japonaises ou allemandes, elles donnent une grande force de cohésion national. Les entreprises chinoises qui agissent de façon collectives ne se font pas concurrence entre elles, elles s'associent pour faire front face aux étrangers. Ces derniers dispersés et appliquant des stratégies de courts termes sont toujours battus malgré leur avance technique qui étaient pourtant énorme. L'état Chinois préfèrent perdre à court terme pour gagner à long terme et cette état d'esprit se retrouve dans les entreprises chinoises. En attirant les entreprises occidentales sur son sol la Chine a pu copier une grande quantité de technologies et de savoir faire. Dès qu'une entreprise occidentale produit quelque chose en Chine cette dernière fait des copies à l'image du Japon des années 60 que les occidentaux ont oublié.

 

Ne plus défendre les entreprises nationales, mais le territoire

 

  De par sa vitesse de développement et son poids démographique, la Chine dominera rapidement l'économie mondiale cela ne fait plus guère de doute. Mais d'autres nations se joindront à elle, du Brésil à la Russie, en passant par l'Inde. Les grandes multinationales de demain ne seront plus occidentales, mais est-ce si grave? Après tout qu'est ce cela peut faire que le producteur de voiture soit français, chinois, ou allemand? La question de la nationalité du producteur est aujourd'hui une question caduque puisque nos propres entreprises ont trahi leur territoire nationale en allant s'installer en Asie. Nous voyons bien que ce n'est pas parce qu'Airbus est européen qu'il produit en Europe. L'une des grosses erreurs des dirigeants politiques européens et français particulièrement, est de continuer à faire des politiques économiques datant de l'époque où nous avions, comme la Chine actuelle,  un capitalisme d'état. Ce dernier est pourtant mort et enterré, l'esprit qui permettait son existence ayant disparu, et en France, pays particulièrement individualiste, il ne reviendra probablement pas. On continu pourtant à favoriser les fabriquant français alors que ces derniers ne jouent jamais pour l'intérêt national. Il en va de même dans un pays comme les USA d'ailleurs. Mais ce qui compte en définitive ce n'est pas le développement de champions nationaux comme certains le disent, non, ce qui compte c'est de produire en France ce que l'on consomme en France. C'est le lien consommation production qui permet les politiques contra-cycliques de plein emploi et la souveraineté économique que cela procure. Un pays comme les USA qui a de nombreux champions nationaux d'échelle mondiale est-il pour autant souverain? Non, ce n'est pas le ait d'avoir de grandes entreprises qui pèse à travers la planète qui fait de vous un état autonome, mais bien votre capacité à produire ce que vous consommez quitte à ce que les producteurs aient une nationalité d'origine exotique. 

 

    Incapable comme nous sommes de produire des entreprises nationalistes, ils nous faut donc nous concentrer uniquement sur le développement de la production nationale, même produite par des entreprises étrangères. Mieux vaut une usine Toyota à Valencienne qu'une usine Renault à Ankara pour vendre sur le marché français. La fin du patriotisme économique des entreprises est une réalité qui doit être admise et les politiques doivent se recentrer sur l'essentiel, le développement du territoire national. Il est donc toujours aussi stupide de signer ces grands accords qui ne produisent aucun emplois en France et qui ne font que nourrir la démolition de notre tissu industriel. Dans ce cadre d'ailleurs on voit bien que l'argument qui veut que le protectionnisme commercial mettra fin à la concurrence est une absurdité. Rien n'empêchera une entreprise japonaise ou coréenne  de produire en France pour vendre en France. Une politique de droit de douane ne nuira donc pas à la concurrence, l'état abandonnant l'idée de créer des champions nationaux pourraient faire jouer la concurrence international tout en favorisant la production locale, cela n'est pas antinomique.  Puisque les grandes entreprises jadis françaises se disent elles mêmes multinationales, cessons donc de ne pas les traiter comme telles.

 

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18 novembre 2010 4 18 /11 /novembre /2010 19:07

    frederic-lordon-le-cadre-de-la-finance-internationale-doit-.jpgL'économiste Frédéric Lordon est normalement connu de la plupart des lecteurs de ce blog, enfin je présume sinon allez sur  son blog ou sur le blog de mon collègue RST qui parle souvent des œuvres de Lordon. C'est un économiste marxiste grandement influencé par l'œuvre du philosophe Spinoza, on remarque tout de suite chez lui le talent littéraire qui donne à ses écris une esthétique sublime, que l'ont peut d'ailleurs apprécier même si l'on ne partage pas forcement le fond. Quoiqu'il en soit je parle peu de Lordon en général parce que je n'ai pas une vison globale qui correspond forcement à la sienne, me sentant plus proche d'un Jacques Sapir, de Jean Luc Gréau ou de Maurice Allais aujourd'hui disparu. Pour Lordon comme pour la plupart des économistes marxistes, la crise est en générale intimement liée à la question financière qui revient sans arrêt sur la table. La question du commerce et du libre-échange est en générale laissée de coté, ou évitée car elle est profondément gênante pour un marxiste peu enclin à discuter du bien fondé des existences nationales. Les marxistes ayant ceci  de commun avec les libéraux d'avoir un certain attachement à un monde sans frontière. De fait la question du libre-échange est évitée par la plupart des économistes marxistes, parce qu'aller contre c'est légitimer la nation et les frontières. Alors que pour un marxiste la question des classes doit être au dessus de la question nationale, celle-ci n'étant qu'une pure abstraction visant à empêcher l'union des travailleurs à l'échelle internationale. Je caricature ici, mais le fait est qu'un marxiste pur est effectivement allergique à la nation.

 

      Mais Lordon contrairement à ses pairs a défendu et défend de plus en plus, la remise en cause du libre-échange. Admettant surement à contre-cœur que ce dernier n'est pas vraiment un gage de progrès social pour toute l'humanité. Il a d'ailleurs justement précisé dans ses multiples réflexions que le libre-échange actuel n'était pas vraiment du libre-échange tel que le présentent les libéraux. Utilisant le terme de concurrence distordue, il a clairement montré dans ce texte que la réalité du monde est celle de l'inégalité dans les règles du commerce, certaines nations pratiquant une libération totale du commerce quand d'autre les enfreignent. On pourrait parler  des taux de changes par exemple qui distordent comme dit Lordon la concurrence, ou encore la simple disparité salariale à productivité égale, qui elle même est une forme de protectionnisme. Lordon a donc montré le caractère hypocrite du fait d'appeler le commerce mondial actuel, libre-échange. Étant un scientifique rationnel Lordon en a très logiquement conclu que seul un protectionnisme régulateur, c'est à dire visant l'équilibre commercial permettrait de sortir de la course au néant dans laquelle se vautre l'économie mondiale actuelle. Il a donc rejoins, malgré sa substance idéologique de départ, les économistes et intellectuels prônant le protectionnisme commercial, le clan des maudits et des damnés des médias si l'on peut dire.

 

Lordon restait pourtant un marxiste dans les grandes lignes de ses analyses, ce n'est pas une critique en soit, l'analyse marxistes pouvant tout à fait être utile pour éclairer le présent. Encore faut-il savoir quand utiliser les notions marxistes ou non. Pour Lordon comme pour d'autres économistes de gauche, la finance reste le grand coupable de la crise, elle est aussi à l'origine de l'ouverture aux échanges puisque Lordon critique désormais ce dernier. A titre personnel je suis plutôt d'accord avec Todd sur l'origine de la crise, cela tient plus de l'idéologie au niveau des élites occidentales que de l'influence de la finance. L'évolution culturelle et la montée en puissance de l'individualisme sont les fermants qui vont créer et surtout permettre la domination de l'idéologie du marché tout puissant. C'est une division intellectuelle que l'on retrouve depuis longtemps sur la question de la place de l'économie dans la mécanique sociale est-ce l'évolution social qui fait l'économie ou l'inverse?Est-ce que l'économie n'est que l'image d'un mouvement de fond de la société ou sa genèse? C'est d'ailleurs là, la vrai différence entre Keynes et Marx, pour Marx comme pour les économistes libéraux l'économie est centrale elle explique tout sur tout. C'est la clef qui va vous donner le sens de l'histoire, pour Keynes au contraire, et ce fut là son véritable blasphème que Hayek et compagnie n'ont jamais pu digérer, l'économie est quelque chose de secondaire. L'économie pour Keynes c'est la cinquième roue du carrosse, il comparait les économistes à des dentistes humbles et modestes. Il est d'ailleurs dommage que les prétendus économistes keynésiens aient oublié que pour Keynes l'économie et la comptabilité était secondaire. L'essentiel étant l'homme, les sciences, la culture, l'éducation, l'amitié, l'amour, la nation et que le calcul comptable devait toujours se plier à ces priorités et non l'inverse.  Donc l'idée que la finance est à l'origine de la crise, est profondément éconocentrique, typiquement marxiste ou même libérale. On me trouvera donc plutôt du coté de Todd le démographe et anthropologue sur l'origine de la crise que du coté des marxistes. 

 

Mais il n'y avait pas que sur l'origine de la crise que les différences chez les alternatifs pouvaient se faire sentir. Depuis que la crise a commencé beaucoup d'eau a coulé sous les ponts et d'autres idées ont commencer à poindre notamment sur la question de l'endettement public. Jusque là les deux courants principaux qui s'affrontaient sur cette question était le courant libérale et le courant marxiste, ce dernier étant souvent adopté d'ailleurs par les keynésiens. Pour les premiers la dette publique est essentiellement le fruit de la gabegie de l' état, de l'excès d'interventionnisme public et d'une obésité consubstantielle à l'intervention étatique.  Pour réduire la dette il faut, dans leur cadre d'analyse, réduire l'intervention publique, et laisser faire le marché à la place. C'est bien sûr cette analyse qui domine actuellement les politiques européennes à l'image des politiques suicidaires adoptés par nos amis britanniques . A l'inverse pour les marxistes et les courants de gauche majoritaire ces sont les baisses d'impôts, encouragées par les néolibéraux, mais non couvertes par la réduction des dépenses, qui sont à l'origine des déficits publiques. A cela s'ajoute bien sûr les effets de la crise et la question de la privatisation des déficits bancaires pendant la crise. Si l'on souscrira volontiers à l'image d'arnaque qui ressort de la façon dont les politiques ont géré les dettes bancaires, et en cela les marxistes ont raison, il y a eu privatisation des profits et collectivisation des pertes. En revanche l'on peut critiquer l'idée que les dettes seraient le fruit des baisses d'impôts systématiques promues par les politiques néolibérales. Et c'est une troisième analyse qui nous donne l'explication du pourquoi du comment des dettes publiques.

 

  La vidéo suivante montre le point de vue de Lordon d'il y a quelque mois sur la question de la dette publique. Il disait bien que cette endettement était en grande partie le fruit des baisses d'impôts non accompagnées des baisses de dépenses concomitantes. Sa solution étant la répudiation de la dette publique, la mise en faillite de l'état et le non remboursement à l'image de l'argentine il y a quelques années. 

 

 

L'évolution de Lordon sur la dette publique

 

La troisième voie c'est notre collègue A.J Holbecq, qui, à la suite de Maurice Allais nous la donne, c'est celle de "La dette publique une affaire rentable" . Dans cette voie c'est la structure même de notre économie monétaire qui est responsable du gonflement de l'endettement publique comme privé. Comme l'économie a naturellement besoin d'une augmentation constante de la masse monétaire en circulation, le fait d'avoir privatisé l'émission monétaire dans les années 70 à mécaniquement fait grimper la dette. Car chaque nouvel euro ou dollars produit va demander un intérêt à sa production de ce fait d'un point de vue collectif la dette ne pourra plus que croitre indéfiniment chaque années sous peine de voir le château de carte s'effondrer. Lorsque l'on voit la dette sous cet angle, la solution de Lordon visant à remettre en quelque sorte le compteur à zéro n'est qu'une solution de court terme puisque mécaniquement la dette ne fera ensuite que croitre à nouveau, à moins d'une croissance nulle. D'autre part, et même s'il y a un peu de vrai à cela, l'augmentation de la dette par l'effet des politiques des baisses d'impôts  non couvertes,  devient relativement négligeable au regard de la bulle systémique de la monnaie-dette. La solution marxiste devient alors une pseudo-solution, une solution de court terme, certes, déjà plus adaptée et plus réaliste que les non-solutions libérales du suicides collectifs, mais pas une solution définitive.

 

Cependant la position de Lordon que décrit la vidéo précédente date d'il y a quelques mois et il s'avère que Lordon a évolué sur le sujet, c'est en tout cas ce que font apparaitre les deux derniers textes sortis sur sont blog et que je ne peux que vous conseiller de lire. (partie 1, partie 2).  En effet Lordon a souligné dans son deuxième texte la nécessité de nationaliser l'émission de crédit. Ce qui veut dire que l'état n'aura plus besoin des marchés pour emprunter puisqu'il pourra à nouveau emprunter envers la banque central à taux nul ou faible, éliminant ainsi la spirale de la dette produite par le mécanisme d'accroissement privé de la masse monétaire. C'est un gros changement intellectuel, plus besoin de la finance ou de la nationalisation des banques en fait, la solution est nettement plus simple et claire. Comme je l'avais écris il y a quelques mois il n'y a aucune justification intellectuelle au fait que l'état emprunte sur les marché pour financer des investissements sur son territoire. En réalité l'emprunt à l'extérieur n'a de sens que pour des achats extérieurs en monnaie non nationale, il est absurde que l'état s'endette vis à vis de l'Asie ou de l'Allemagne pour investir sur son propre sol. Quand à l'effet inflationniste, on le cherche encore puisqu'il ne s'agit pas d'une émission monétaire brute sans contre partie mais juste d'un emprunt non soumis aux dictat du marché ce dernier devra tout de même être remboursé mais sans intérêts. Rappelons d'ailleurs que la loi Pompidou-Giscard n'a pas empêché l'inflation des années 70 c'est même plutôt l'inverse qui s'est produit. La décentralisation de l'émission monétaire laissée aux banques privés ayant découplé l'évolution de la masse monétaire des besoins de l'économie dans son ensemble. Crack, bulles et inflations en tout genres s'étant multipliés depuis que tout puissant marché gère les affaires monétaires.

 

Je suis donc plutôt content de voir Lordon se rapprocher de cette position en émettant à juste titre des réserves notamment sur le danger qu'il y aurait à laisser les politiques seuls gérer la question de la monnaie. On peut effectivement craindre que par opportunisme électoral ces derniers soit trop tentés par l'abus de planche à billet. Cependant là on pourrait s'interroger sur un système politique qui promeut à sa direction des gens qui ne cherchent qu'à se faire réélire et non à défendre le bien commun. Mais c'est un autre débat, le politique doit il être contraint par l'économie et des règles qui  lui échappe, ou vaut-il mieux mettre un système politique qui sélectionne des individus cherchant l'intérêt général, mais étant libre une fois au pouvoir? C'est la divergence que j'avais noté sur les libéraux politiques comme Rousseau ou Montesquieu et les libéraux économiques comme Adam Smith.  Ici en bon marxiste et donc en bon éconocentrique, Lordon choisirait  une solution économique au problème, alors que personnellement je pense que c'est notre organisation politique qu'il faut revoir. Si des politiques ne sont pas suffisamment responsables pour bien gérer la monnaie alors en quoi peuvent-ils être responsables pour les question militaires, sociales, éducatives etc... Si l'on ne peut pas faire confiance aux politiques pour gérer la monnaie, alors on ne peut pas leur faire confiance pour quoi que ce soit. Et on retombe sur les solutions libérales que pourtant Lordon critique, les libéraux économiques ont contraint  le politique justement parce qu'ils ne lui font pas confiance et préfèrent des règles "naturelles" extra-humaines, du moins le pensent-ils, pour tout régler. Cependant si l'on se fit à l'expérience historique  et même s'il y a des exceptions, les politiques dans le cadre démocratique ont plutôt bien fait leur bouleau jusqu'à ce qu'ont leur enlève leur pouvoir monétaire. Les trente glorieuses et les planifications étatiques n'étaient pas si inflationnistes que cela, la preuve la France vit encore grâce à leurs effets.

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12 novembre 2010 5 12 /11 /novembre /2010 17:22

      Je prends le risque de radoter, mais vue la stupidité de nos dirigeants et leur incapacité chronique à comprendre d'où viennent les problèmes on est bien obligé de répéter. La crise économique que nous connaissons depuis 2007 n'est pas un accident ou le fruit de la météo. Elle n'est pas non plus le fruit de malversations en tant que telles, ou le fruit d'une corruption qu'il suffirait de régler pour sortir la tête de l'eau. La crise est une crise de surproduction à l'échelle mondiale et de sous-rémunération du travail. C'est un problème fondamental de solvabilité des consommateurs. Les cris répétés qui visent le protectionnisme comme étant la source du malheur du monde sont donc complètement à coté de la plaque et montre le degrés d'irréalisme auquel sont confrontés les dirigeants de la planète. Car même si les dirigeants reconnaissent des problèmes comme les déséquilibres structurelles de l'économie mondiales, la divergence des intérêts nationaux ne peuvent en aucun cas permettre de résoudre dans la paix, et la fraternité, ces problèmes. On est pas dans une série américaine où tout fini bien et où on trouve un compromis entre tout les partis présents. Le monde réel c'est le rapport de force, la violence et rien d'autre, et le libre-échange à fait exploser le niveau de violence en rendant chaque peuple dépendant des autres. C'est ce qui explique les échecs répétés de ces réunions débiles type G20 ,que l'on devrait plutôt baptiser Grien vue les résultats mirobolants qu'ils obtiennent à chaque fois, et tout çà aux frais des contribuables. Notez que cette fois ci la réunion fut accueillie par des anti-mondialistes coréens nettement plus rationnels, à n'en pas douter, que les chefs d'états invités.  

 

      Les chinois veulent que les USA réduisent leurs déficits mais surtout qu'ils ne taxent pas leurs produits. Les américains veulent mettre fin à ces mêmes déficits mais sans avoir à contracter leur consommation intérieure et donc leur PIB. Même chose en Europe avec le géant allemand qui trône au milieu donnant des leçons à tout le monde sans jamais remettre en cause ses propres principes.  Bref vouloir trouver, de façon centralisée, une solution permettant de prendre en compte tout les intérêts des participants en même temps relève de la vidange des écuries d'Augias, c'est impossible, humainement parlant.  Alors on fait des accords à minima n'exigeant rien, ni contrainte, ni action collective. A l'image de l'UE incapable de prendre la moindre décision concrète sur quoi que ce soit, le résultat est le statut quo, le laissez-faire tant dénoncé par certains. Mais comment pourrait-il en être autrement? Et c'est là que nous voyons toute l'absurdité de la mondialisation, en rendant interdépendante les nations de façon excessive, elle a condamné toute politique nationale à l'impuissance. Et comme dans le cas de l'UE il n'y a pas  d'intérêts communs, ni même de solidarités communes aucune action collective n'est envisageable. On baigne donc dans l'impuissance généralisée et ce ne sont pas les grands discours qui y changeront quelque chose.

 

La quadrature du cercle de la mondialisation

 

    La question des paradis fiscaux par exemple est emblématique des incohérences mondiales. D'un coté on voit des pays condamner sans équivoque ces états pirates, mais de l'autre on ne prend comme simple mesure qu'une volonté d'harmoniser les fiscalités. Or il est impossible, et d'ailleurs anti-démocratique, de vouloir harmoniser les fiscalités, chaque peuple à le droit de faire la fiscalité et qu'il veut, ce n'est pas à la France d'imposer un niveau d'impôt minimal à la Suisse par exemple. Donc vouloir combattre les fameux paradis fiscaux par des opérations de polices internationales, c'est à coup sûr, faire atteinte aux droits des peuples à disposer d'eux mêmes. Et de toute façon les capitaux iront toujours là où la fiscalité est avantageuse, donc à moins de faire une fiscalité unique sur toute la planète on ne peut pas résoudre le problème. On trouvera surement quelques gugus à gauche pour faire ce type de propositions, mais la réalité c'est que vouloir harmoniser la fiscalité que ce soit en Europe ou pire à l'échelle mondiale revient  ne rien faire de concret, si ce n'est amuser la galerie et détourner l'opinion de vrais solutions. 

 

      Le monde est au prise avec un problème qui a trop de variables et d'interactions pour être résolu de façon rationnelle. Il est physiquement impossible de trouver une harmonie mondiale parce que les interactions entre les nations rendent chaotique au sens mathématique le système monde. Comme je l'avais expliqué sur la question monétaire, lorsque l'on multiplie les interactions, les liens entre différents systèmes nationaux, on introduit du chaos. Bien loin d'apporter la prospérité, la mondialisation rend impossible le progrès réel et forme des effets de plus en plus imprévisibles qui s'étendent sur toute la planète. Un pays qui dévaluera sa monnaie  parce qu'il a un déficit avec un certain pays, produira comme effet secondaire des problèmes avec un pays tiers, et ce faisant, poussera ce dernier à lui même dévaluer et ainsi de suite. Le régime des changes flottants est chroniquement instable et ce n'est que la présence d'un acheteur en dernier ressort les USA qui permettait à toute cette absurdité de fonctionner. Il ne faut pas oublier non plus les multiples interactions provoquées par les acteurs privés qui, grâce à la libéralisation financière, ont pu compliquer encore plus la gestion des monnaies.  Chaque pays dépendant du voisin n'a plus guère de possibilités d'action concrète. L'interdépendance nationale conduit donc à l'inaction politique et au chaos généralisé.

 

La frontière met de l'ordre, sa suppression met le chaos

 

    Régis Debray a récemment fait une éloge de la frontière, il a même dit "La première frontière c’est la peau" et c'est essentiel. Les propos de Regis Debray étaient très intéressants en cela qu'il ramenait sur le tapis la nécessité des frontières pour l'être humain et pour son bon fonctionnement individuel. Mais dans le domaine économique on peut dire que la frontière c'est l'ordre, c'est ce qui met de l'ordre dans le chaos. Ce qui permet l'action collective et ce qui permet de rendre possible l'intelligibilité du monde. Sans les frontières le monde devient flou, incontrôlable, il n'y a plus alors de pilote dans l'avion. C'est ce qui donne ces réunions grotesques où l'on multiplie les grandiloquences mais d'où rien ne sort de concret.  Revenons à notre problème de paradis fiscale,  si insoluble dans le cadre de la libre-circulation des capitaux, il devient pourtant étonnamment simple si l'on met des frontières à ces mêmes capitaux. Les frontières rendent possible la simultanéité de différentes fiscalités à travers la planète, chaque nation formant un champ fiscal relativement clôt, la souveraineté peut alors tout entière s'exercer. La fiscalité des uns ne nuisant plus à celle des autres. C'est la libéralisation des capitaux qui produit le problème des paradis fiscaux et non la diversité fiscale qui a en réalité toujours existé.   Même chose pour la pauvre Amérique, en mettant des frontières aux marchandises, la hausse de sa demande intérieure nourrit, soit par la dette publique, soit par la hausse salariale, retrouvera son efficacité et relancera avant tout les industries américaines. Fini la croissance qui part en Asie à travers les importations. A l'inverse le retour des frontières ferait en sorte que l'Allemagne ou la Chine n'aurait plus à attendre que les USA ou d'autres relancent leur demande pour voir leur croissance repartir. Ils leur suffiraient de relancer leur propre demande, ces pays ne réalisent pas combien leurs exportations nuisent gravement à leur indépendance. Qu'une nation comme l'Allemagne ait des exportations représentant 50% du PIB c'est extrêmement dangereux que se passerait-il si la demande extérieure s'effondrait?  Ou si les clients préféraient le Made in China? Ce que l'on présente comme un avantage face aux déficits américains n'est rien d'autre qu'une autre forme d'aliénation de sa propre souveraineté, c 'est mettre le futur bien être allemand entre les mains de la demande de puissances étrangères.

 

En réalité les frontières sont en fait une solution élégante à tout nos problèmes, bien loin de mener à la guerre elles apportent la paix sauf peut-être si elles sont mal tracées, comme le dit si bien Régis Debray. Mais dans le domaine économique les frontières sont plus simple à réaliser que dans le cadre des rapports géostratégiques. Il reste que ces solutions élégantes sont également celles qui sont les plus critiquées. Et l'on pouvait entendre quelques crétins nous dire à quel point le protectionnisme potentiel américain est une horreur, alors même que c'est la situation des salariés américains qui est une horreur. Mais cela fait bien longtemps que le sort des employés n'est plus une priorité des "économistes". Ce faisant nos dirigeants continuent à  chérir les causes de tous nos problèmes, on ne s'étonnera donc pas que la crise continue. Chaque nation essayant tant bien que mal d'exporter les conséquences de la baisse de la demande mondiale chez sa voisine. Je me vois donc contraint d'inverser le discours habituel, et contrairement à ce qu'affirmait le pauvre Dominique De Villepin dans son discours de juin dernier en vérité  "Le protectionnisme c'est la paix" "le Libre-échange c'est la guerre" et non l'inverse.

 

 

 

 

 

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10 novembre 2010 3 10 /11 /novembre /2010 10:06

        jocker.jpgLes élites occidentales continuent à promouvoir le pillage de leurs propres territoires, sous couvert d'échange mutuellement avantageux. Nos élites utilisent de plus en plus ouvertement les pays en voie de développement pour accroitre leurs revenus et leur profits à leur propre compte et au détriment du reste de la population nationale. C'est du moins l'apparence qui ressort de l'observation empirique des évènements.   A cela s'ajoute les arguments  pseudo-marxistes sur le partage de la richesse avec les pays pauvres, comme si l'appauvrissement de l'occident était nécessaire à l'enrichissement du reste de l'humanité, c'est en réalité l'exact contraire. Les exportations chinoises permettent aux élites de ce pays de se passer de la création d'une classe moyenne, cette dernière pouvant remettre en cause le pouvoir des autocrates communistes. Sans les exportations liées aux marchés occidentaux, la Chine serait immédiatement en situation de surproduction, elle l'est déjà d'ailleurs. Seule une augmentation massive de la consommation chinoise et donc des salaires lui permettrait d'absorber sa production. A l'inverse, le protectionnisme  en occident, obligerait à une relocalisation de la production vers leur marché de vente, ce qui ramènerait le producteur-travailleur européen, ou américain, au centre de l'échiquier et défavoriser le capital. Les  déclarations ridicules du G20 visant à pousser la Chine à rééquilibrer ses échanges de façon positive tiennent peu compte de la réalité  et des ambitions de ce pays, sans contrainte la Chine ne fera rien.  On peut donc en conclure que les pseudo-marxistes amoureux, et adeptes, du partage mondiale de la richesse sont ouvertement les alliés des ultra-libéraux et du grand capital, pour employer un terme qu'ils comprennent.

 

    En ce sens, et on ne le répètera jamais assez, être pour le libre-échange c'est intrinsèquement être contre l'amélioration du niveau de vie de la majeure partie de l'humanité, pays en voie de développement compris.  En cela on comprendra bien tout le cynisme des déclarations des hommes politiques occidentaux lorsqu'ils disent vouloir combattre la crise en évitant la "tentation" protectionniste. C'est ce que vient de rappeler au passage Angela Merkel dans cette dépêche AFP en qualifiant le protectionnisme de "pire danger pour l'économie mondiale". On voit ici le cynisme puisque l'Allemagne, ou plutôt, les multinationales allemandes bénéficient du libre-échange à court terme, mais à la vérité le peuple allemand ne bénéficie pas vraiment lui de ces excédents commerciaux et c'est le moins que l'on puisse dire. Ce dernier subit des coupes salariales, la réduction du niveau de vie, et l'extinction démographique du peuple allemand est probablement l'un des lourds tributs à payer pour avoir des excédents. En bref l'Allemagne construit son excédent par la torture de son propre peuple, taxer les produits allemands et remettre en cause cette logique serait donc tout à fait profitable à l'allemand de base. Et d'ailleurs Angela Merkel n'en finit pas de jouer les schizophrènes puisqu'elle ne cesse de condamner les pays déficitaires de leur commerce extérieur, tout en se félicitant ses excédents dont on sait pourtant le peu de gloire de leur origine, bien loin de la qualité made in germany on a plus affaire à du assembled in germany, ou du made by germany. Chercher la cohérence des propos de la chancelière allemande reviendrait à se demander si l'homme qui se prend pour Napoléon dans un asile est plus rationnel que celui qui se prend pour Néron.

 

Le fou d'Amérique

 

      Mais en ces temps de fous, il n'y a pas que l'Allemagne ou la pauvre France et son clown présidentiel qui sont touchés. Aux USA Barack Obama qui avec la Fed va injecter encore  600 milliards de dollars dans l'économie, n'a toujours pas compris la raison des échecs répétés des relances. Entre ceux qui ne veulent pas de relances et son prêt à faire crever la population avec des taux de chômage à 20% ou 30%, les membres libertariens des républicains ou ceux de la Tea Party, et les démocrates pseudo-keynésiens qui relance sans réfléchir l'Amérique semble plus que jamais perdue au milieu d'un brouillard conceptuel. On s'inquiète partout de la résurgence du protectionnisme aux USA car certains états américains commencent à agir contre le laissez-faire en la matière. L'état de l'Ohio vient par exemple d'interdire dans les contrats publics le recours à l'offshore, car bon nombre d'entreprises informatiques sous-traitent en Inde les emplois et cet état américain vient donc d'interdire très justement cette pratique. Pourtant Obama n'a rien trouvé de mieux que de critiquer l'état de l'Ohio et de rassurer l'Inde comme quoi l'Amérique continuerait à délocaliser et à sous-traiter ses emplois en Inde. Officiellement parce que c'est mutuellement profitable. C'est à se demander si Obama comprend quelque chose à se qu'il fait et quels intérêts il défend. Comme en Allemagne nous voyons ici un phénomène de schizophrénie collective, d'un coté le président est obligé de redresser la situation, il utilise l'arme monétaire la plus puissante et dangereuse qui soit pour y parvenir.  Et de l'autre il fait le contraire en alimentant une politique de libre-échange qui fait évacuer à l'étranger les bienfaits de la relance.  Obama s'il était cohérent devrait soit soutenir l'Ohio quitte à se fâcher avec l'Inde mais ce n'est pas son problème, il doit défendre les USA avant tout. Soit faire le jeu du mondialisme et suivre l'UE dans sa non intervention en laisser le chômage grimper indéfiniment. Le problème c'est qu'il ne veux pas choisir entre les deux, ce qui donne une politique incohérente et franchement dangereuse à long terme.

 

  Et on comprend mieux ici le phénomène de rejet du pouvoir central et le succès des défenseurs de l'autonomie des états américains face à Washington. Quand un état ne défend plus son territoire et joue pour l'intérêt de puissances étrangères on peut se demander s'il n'y a pas trahison. Pour ma part je penserai juste au résultat d'une faiblesse, une faiblesse psychologique qui conduit les hommes politiques modernes à ne jamais trancher, à ne jamais choisir de peur d'être isolé de telle ou telle opinion. C'est l'un des thèmes centraux des analyses de l'excellent Philippe Grasset et on ne peut qu'admettre la validité de sa thèse.  Les hommes politiques occidentaux, coupés de leur propre peuple par leur milieu social, ont du mal à appréhender la réalité du pays qu'il gère. Mais plus grave, leur absence de croyance, leur absence d'idéologie structurante les poussent systématiquement à avoir des positions faibles et malléables. Ils sont donc gouvernés par leurs peurs et ils ont très peur d'être isolé de leur milieu social, d'où cette obéissance aux aspects les plus stupides  de la pensé unique. Même s'ils n'y croient plus, ils font semblant pour éviter d'être seul et isolé. On voit ainsi naître ces politiques sans queues ni têtes qui accusent un jour la mondialisation, les pays excédentaires, puis le lendemain nous voyons les mêmes faire, et dire, l'exacte contraire, et les élites françaises sont exemplaires dans ce sens. 

 

La France est en plus malade de l'universalisme

 

      Les dirigeants français sont touchés pareillement que leurs collègues américains ou allemands par cette peur et  ces contradictions. Mais il y a quelque chose de plus grave encore dans le cas français, c'est l'adulation de la puissance. En effet la bourgeoisie française a ceci de particulier qu'elle est probablement sur terre l'élite qui, historiquement, a le plus détesté son propre pays. Et si l'élite française déteste son propre pays c'est parce qu'il est devenu trop petit pour ses ambitions universalistes. L'élite françaises se voit influente, ou ne se voit pas, la France, pour elle, est grande ou elle n'existe pas. C'est ce qui explique à mon sens cette étrange capacité de notre gauche à aduler les régimes puissants étrangers lorsqu'ils sont de gauche (officiellement) comme l'URSS des années 60 ou la Chine actuelle, et ce,  quelque soit leur éloignement des principes de la républiques française pourtant fondée historiquement par la gauche de notre pays. Mais c'est aussi ce qui explique l'anti-france de droite, qui s'exprime soit par le déclinisme congénital, soit par une adulation de tout ce qui est contraire à la France comme le régime néolibérale anglosaxon, voir de la langue française elle même. Ainsi cette droite qui se présente comme patriotique ne cesse-t-elle de détruire le socle de son propre pays et de vomir ses propres traditions. Et elle finit cette droite par mettre au pouvoir un président qui aurait préféré être américain. La décadence qu'elle voit en la France n'est en fait que le fruit de sa frustration. Frustration de ne pas avoir d'empire, de ne pas être grand, et de ne pouvoir comme à la belle époque guider le monde. Comme la France n'est plus à la taille de leurs égos universalistes nos élites se rêvent d'être étrangères et de transformer la France en un bout d'Amérique aujourd'hui, d'Allemagne en 1940, ou de Chine demain. L'universalisme se transforme en poison qui détruit petit à petit la nation française entrainant les élites à démolir leur héritage historique.

 

    Cette situation particulière, cumulée à la disparition des idéologies, donne en France des élites plus schizophrènes encore qu'ailleurs et des politiques encore plus folles. Ainsi se retrouve-t-on avec un président qui fait des discours gaullistes et des politiques Thatchériennes. Une gauche qui parle d'égalité mais qui n'aime pas la régulation du commerce, qui pourtant compense les inégalités entre pays. Mais malheureusement pour nos chefs, il reste encore en France un peuple . Et malgré tout les efforts pour l'exterminer ou le remplacer il est toujours là, et il commence a en avoir marre des rêves de grandeurs des fous de Neuilly. Le peuple il n'est pas très exigent, il veut à manger, à boire, un toit et un travail pour pouvoir nourrir sa famille, rien d'autre. Le peuple français il ne veut pas imposer les droits de l'homme à la Chine, ou libérer les femmes du monde musulman, ou sauver la planète de la pollution américaine, à vrai dire le peuple tout çà il s'en fout complètement. Même la francophonie il s'en fiche. Il veut simplement que lui et sa descendance aient un avenir, est-ce trop demander? Ils demande à être maitre chez lui et à faire la politique qu'il veut sur son territoire. A partir de là il n'est pas bien difficile de voir que la taille de la France importe peu. Si l'on renonce aux rêves de grandeurs on peut remettre les pieds sur terre et parler concret. Protection, indépendance,  souveraineté et démocratie, coulent de source et ne sont plus tabous, encore faut-il se rappeler d'où vient le pouvoir que croient détenir nos élites pour l'éternité. A force de rêve de grandeurs de puissance, d'Europe, de mondialisation, d'Asie, ils finiront dans de petites boîtes.

 

 

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4 novembre 2010 4 04 /11 /novembre /2010 17:12

ourobor1On s'y attendait et c'est fait, la banque centrale américaine recommence à user du Quantitative Easing, c'est à dire du rachat des bonds du trésors émis par l'état américains par la banque centrale US. La mécanique consiste à acheter de la dette par l'émission de monnaie ex-nihilo, on pourrait appeler cela simplement monétisation de la dette publique et de la dette extérieure. On voit déjà bon nombre de critiques s'élever contre cette pratique, ainsi le chouchou du web économique Paul Jorion, affirme-t-il que les USA abusent de leur droit monétaire international. Appelant la Chine a montrer que le roi est nu, c'est à dire que le dollars ne vaut strictement rien et que les grandes nations feraient bien de se débarrasser de leurs avoirs en dollars. Jouant la traditionnelle critique sur le rôle néfaste des USA et de leur vilaine habitude de faire payer aux autres leurs propres excès. Je dois bien avouer que pendant longtemps se fut ma position, sous l'influence notable d'Emmanuel Todd et de son excellent "Après l'Empire". Mais j'ai finalement acquis une position plus équilibré en regardant comment l'économie réelle fonctionne.

 

 

    L'idée que les USA exportent leur inflation au travers leur dévaluation et leur émission monétaire est passablement injuste à bien y regarder. Voilà une nation dont l'industrie s'est évaporée, dont les déficits commerciaux qui en résultent ne cesse de gonfler et dont on a appris récemment que les infrastructures étaient dignes du tiers-monde. Et pourtant nous entendons sans cesse que les USA profitent et ont profité injustement du monde et se sont enrichi, étrange non?Et si les vrais profiteurs n'étaient pas ceux qu'on croit, et si finalement le roi nu ce n'était pas les USA qui essaient de s'en sortir comme ils peuvent, mais ces nations qui font leur prospérité en démolissant celles des autres. Et si finalement les rois c'était le Japon, l'Allemagne, la Corée ou la Chine, ces gentils pays excédentaires qui attendent bien tranquillement que les USA, ou d'autres, relancent leur croissance par je ne sais qu'elle miracle d'endettement, pour en absorber les effets, avant ensuite de donner des leçons de morales à la planète entière. La vérité c'est que sans la boulimie tant décrier des USA la croissance du monde serait bien faible , la course au néant ce sont les pays excédentaires qui la font pas ceux qui ont des déficits. On confond bourreaux et victimes. 

 

      Bien sûr je ne dédouane pas pour autant les actions américaines, le budget militaire excessif, la stupidité des baisses d'impôts pour les riches, les manques d'investissements dans ce qui compte réellement comme l'éducation etc.. L'Amérique a fait beaucoup d'erreurs, mais étrangement je ne vois pas la monétisation de sa dette extérieure comme une mauvaise action, au contraire même. Voilà qui met les pays excédentaires devant la stupidité de leur propre logique, accumuler des excédents ne sert à rien puisque au final vous conduisez vos clients soit à la faillite, soit à répudiation de dette. Le fait que les USA , au contraire de la Grèce, aient choisi la répudiation de dette prouve un plus grand bon sens en Amérique qu'en Europe. Il est au contraire bien malheureux que les Européens ne pensent pas à répudier ou à monétiser leur propre dette d'autant que dans leur cas il s'agit surtout de dettes intérieures et non extérieurs comme dans le cas des USA. En effet ces derniers peuvent manger leur dette extérieure parce qu'elle est exprimé en dollars, ce n'est pas possible en France ou en Grande-Bretagne. Les dettes extérieures contractées dans des monnaies étrangères ne peuvent pas être effacés par la monétisation. Seule l'Amérique a ce pouvoir exorbitant. Cependant monétiser, dans notre, cas la dette intérieure est par contre tout à fait possible, enfin si nous retrouvions notre liberté monétaire au préalable bien sûr.   

 

Excédents et parasites.

 

      Accuser les USA d'effacer leur dette par émission monétaire est donc passablement malhonnête, j'ai d'ailleurs une grande méfiance vis à vis des gens qui présentent la Chine comme un quasi modèle à imiter. La prospérité chinoise n'est en aucun cas un modèle exportatble, c'est un parasite économique qui use des stratégies les plus basses pour arriver à ses fins.Si tout les pays faisaient comme elle, il ne resterait pas grande chose comme consommateurs sur terre. Le modèle chinois n'existe que parce qu'il y a en face des pays déficitaires. Que l'occident et les USA en particulier, aient été de parfaits crétins en libéralisant les échanges c'est certain, mais de là à faire l'apologie d'une nation esclavagiste et ultra-inégalitaire, il y un pas que je ne franchirai jamais.   Même chose, mais dans une moindre mesure pour l'Allemagne, cette nation devenue la star de l'Europe pour ses excédents alors même qu'ils sont le fruit du moins disant salarial et de la contraction démographique du pays. Il est étrange de voir des gens de gauche, en théorie, comme monsieur Jorion faire l'apologie de nations exploitatrices de la misère leurs propres peuples. Enfin, j'imagine que la gauche français en mal de pays phare puisque la France révolutionnaire, l'URSS ou les USA multiculturelle ne sont  plus là, il lui  fallait bien combler le vide avec le géant chinois. La réalité d'aujourd'hui c'est que tout les pays du monde font partie du même mécanisme mondial déséquilibré. Il n'y a pas une mauvaise Amérique et une bonne Chine, une mauvaise France et une bonne Allemagne, il y a un système qui n'équilibre pas les balances des paiements de chaque pays. Provoquant ainsi des dettes extérieures et des croissances en stop and go. La croissance est là tant que les clients peuvent s'endetter, dès que la bulle éclate la demande s'effondre et les exportations des pays excédentaires avec. Les pays endettés ne pouvant pas payer font défauts, dans le cas des USA l'ardoise est régulièrement remise à des niveaux raisonnables grâce au QE.

 

    Alors la question bien sûr, c'est est-ce que la monnaie américaines peut plonger? C'est possible, c'est même certain diront les apôtres de l'or qui n'attendent que çà pour faire des profits.  Mais est-ce que cette chute serait si dommageable aux USA? Tout dépend le rythme et surtout tout dépend de la capacité de la Chine à continuer son vampirisme monétaire. Car n'oublions pas que la Chine a une monnaie collée à celle des USA, une baisse de 20% du dollars et le Yuan suit. Jusqu'à présent cela n'a pas gêner la Chine qui préférait voir ses importations énergétiques et de matières premières augmenter avec la dévaluation plutôt que de perdre le marché américains par une réévaluation face au dollars. Mais grâce à sa nouvelle victime, l'Europe, le parasite chinois pourrait bien changer de corps maintenant que la première bête est mourante. D'autant que la bête Européen est encore plus idiote que la première.  La stratégie chinoise est simple, nous vous donnons un niveau de vie supérieur momentanément à ce que vous auriez si vous produisiez vous même ce que vous consommez, et en échange nous détruisons vos capacités de productions à long terme. C'est ce qui explique la société dite de service, qui n'était qu'une absolue hérésie intellectuelle si l'on y réfléchit bien, aient pu durer si longtemps sans accrocs apparents.  L'Amérique paye durement aujourd'hui sa hausse artificielle de niveau de vie des années 80-90. La Chine pourrait ne plus avoir besoin d'elle à l'avenir, maintenant qu'elle a ce qu'elle voulait les savoir-faire industriels. Cependant les USA ont encore la possibilité de faire évaporer leur dette extérieure et ils ont bien raison de le faire puisqu'il ne leur reste que cela.

 

    Maintenant plutôt que d'effacer les dettes extérieures avec la planche à billet, l'Amérique ferait finalement mieux de se préparer à l'après dollars.  Si Obama voulait vraiment être un nouveau Roosvelt, il ferait mieux d'investir dans l'industrie et dans l'achat de capacités de production pour l'avenir. Investir massivement dans les alternatives au pétrole tant qu'il est temps, plutôt que de continuer à gaspiller l'énergie du pays dans des guerres de contrôle face à une Chine qui pour l'instant à le vent en poupe. Il est finalement dommage que cette monétisation ne serve que l'improductive finance internationale et c'est bien là la critique qu'il faut faire de cette méthode économique. Que la Chine perde ses devises accumulés à coups d'excédents commerciaux et de délocalisations ne me fera franchement pas tirer une larme de pleur mais plutôt de rire.  Pauvres chinois, mais il leur restera quand même les magnifiques usines que nous leur avons construit et les innombrables avancés techniques qu'ils nous ont insidieusement volés grâce au stratégie de sou-traitance, ce n'est pas rien n'est-ce pas?

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3 novembre 2010 3 03 /11 /novembre /2010 12:11

    Et bien voilà les intérêts de la dette publique sont maintenant le premier poste budgétaire du pays, on dit merci monsieur Sarkozy. L'élève de Baladur a réussi à dépasser son maitre qui lui même avait laissé au pays une sacrée ardoise pour sauver le "franc fort". Et oui pour faire l'euro il en a fallut des sacrifices et pour le maintenir il faudra en faire de plus en plus. On apprend ainsi sur le site d'alternatives économiques que le budget de l'état a comme première dépense ses engagements financiers pour 46,9 milliards d'euros, contre 45.6 pour l'éducation nationale. A ce rythme les intérêts de la dette publique ponctionneront bientôt, à eux seuls, la totalité de l'impôt sur le revenu. Un esclavage new-age est en train de se mettre en place où les citoyens français payeront de plus en plus des impôts, non pour le bien commun et l'intérêt publique, mais uniquement pour engraisser des rentiers. Grâce à la fameuse loi Pompidou-Giscard nous avons réinventé l'ancien régime, et ce en toute légalité et sans coup d'état officiel. Et ce n'est qu'un début puisque d'après alternatives économiques :

 

"La progression la plus marquante parmi les dépenses de l'Etat concerne ses engagements financiers (le paiement des intérêts et le remboursement de la dette): ils progresseraient de 6,3% en 2011, pour devenir le premier poste de dépenses, devant l'enseignement hors pensions. Et ce n'est qu'un début: la hausse devrait atteindre 28,5% d'ici à 2013, selon la programmation pluriannuelle du gouvernement. Autant dire que c'est après 2011 qu'il deviendra vraiment difficile de faire baisser le déficit."

 

budgetpublique2010

 

    On remarque donc que les intérêts de la dette et le poids de cette dette sont belle est bien les coupables des déficits chroniques que connait notre état, et c,e depuis des années. La France ne dépense pas trop pour ses fonctionnaires ou ses vieux, elle n'est pas une nations irresponsable et gaspilleuse, elle dépense trop pour sa dette et pour ses rentiers, souvent étrangers d'ailleurs.  Diable si cet argent était employé pour la recherche scientifique ou l'investissement productif mais quelle croissance et quel dynamisme aurions nous. Quel boulet que cette dette que nul ne peut rembourser puisqu'en réalité pour y arriver il faudrait massivement diminuer la masse monétaire en circulation et donc faire s'effondrer l'économie. Comment ne pas comprendre que c'est la nature même du système monétaire privatisé qui conduit inéluctablement au surendettement des états. La dette pousse toute seule puisque la nouvelle monnaie nécessaire à la croissance ne s'obtient que par emprunt avec intérêt. Le refus de l'émission de masse monétaire publique et donc gratuite parce qu'émise sans intérêt, conduit inéluctablement à concentrer de plus en plus le capital dans quelques mains et appauvri le reste de la société. Quand à la crainte de l'inflation elle est infondée puisque la masse monétaire Européenne grossi plus vite depuis que ce sont les banques privée qui s'occupe de la croissance de l'émission monétaire le graphique ci-dessous le montre d'ailleurs:

 

Euro_Money_Supply.jpg

 

De la même manière comme je l'avais montré dans un autre texte, l'inflation en France a explosé après la privatisation de l'émission monétaire et non avant. Le cause à effet n'est pas du tout ce que les économistes officiels en disent. La machine a bulle et à inflation c'est bien cette mécanique  qui en est responsable, celle qui fait sortir du domaine publique ce qu'il y a de plus publique justement, la monnaie. La frappe de la monnaie a toujours était le véritable pouvoir des princes, et le centre névralgique de la constitution du pouvoir réel. Quand l'état abandonne sa prérogative à des acteurs privés, il ne faut pas s'étonner de l'affaiblissement des pouvoirs publiques et du retour des féodalités économiques. Car la neutralité naturelle de la monnaie, grand fantasme libéral, est une escroquerie. Non la monnaie n'est pas neutre et son évolution quantitative peut créer le bien être ou le malheur s'il n'est pas bien ajusté aux besoins du pays. Trop rare et c'est la déflation, trop important et c'est l'hyperinflation ou les bulles.

 

  Le graphique ci-dessous  est celui de l'inflation française depuis 1956, où l'on voit bien que la forte inflation fut postérieure à la privatisation de la monnaie en 1973. Si l'explosion de la masse monétaire en circulation s'est transformée dans un premier temps en inflation c'est que à l'époque la France importait peu de chose  de l'étranger. Il a fallut attendre notre plongée totale dans le bain glacial du libre-échange et de l'importation chinoise massive, pour que l'inflation des prix se transforme en inflation des bulles immobilières et financières. Une fois que les salariés ne pouvaient plus voir leurs revenues augmenter et que le pays se mit à importer une grande partie de sa consommation, la masse monétaire gonflante ne pouvait plus que se traduire par la spéculation, d'où les multiples crises immobilières et financières que nous avons traversé depuis.

graph1955

 

  En réalité en laissant aux acteurs privés le soin d'apporter les nouvelles liquidités nécessaires, nous avons aggravé l'instabilité naturelle de l'économie de marché. Non seulement nous avons mis en place un système qui transforme le pays petit à petit en un nouvel état féodal, puisque l'état est obligé d'emprunter sur les marchés les fonds publiques nécessaires aux investissement publiques, le rendant ainsi  dépendant des bons vouloir des ces derniers. Les agences de notation donnant désormais des ordres aux états pour assainir leurs finances publiques sans jamais s'attaquer, bien sûr ,à la cause réelle du problème. Mais en plus nous avons créé un système qui émet de la monnaie sans aucun rapport avec l'ensemble de l'évolution économique réelle. L'évolution de la masse monétaire n'est plus le fruit d'un besoin collectif émanent d'un calcul macroéconomique, mais le fruit de l'addition d'une multitude de choix d'acteurs individuels n'ayant aucune conscience de l'évolution globale du système. Et comme à chaque fois cette façon de faire très libérale "la somme des intérêts individuels est égale à l'intérêt collectif", se fracasse sur le réel, à savoir que non la sommes des intérêts individuels diffère en fait de l'intérêt collectif.  Cracks, bulles, inflation, déflation, chômage de masse, sont le prix exorbitant à payer pour satisfaire à ce dogme débile de l'apologie de l'individualisme auto-régulateur grâce à la mécanique du marché.  Étrangement je suis certain que bien peu d'économistes libéraux ou d'hommes politiques de premier rang se risqueraient à prendre l'avion si le système aérien s'organisait autour de l'autorégulation du trafique aérien.  Comme quoi on admet bien la réalité dans certains domaines, à partir du moment où son petit confort égoïste, voir sa vie, peuvent-être directement mis en danger. Faudra-t-il donc attendre que la guillotine se remette à couper des têtes pour que nos élites ouvrent les yeux?

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