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15 mai 2023 1 15 /05 /mai /2023 17:13

 

Notre grand leader charismatique et magnifique vient donc de nous faire entrer dans l'ère de la réindustrialisation. Pour faire oublier sa lamentable « réforme » des retraites, Macron n'a rien trouvé de mieux que de faire une communication sur la réindustrialisation avec l'usine de batterie de Dunkerque. Et le mot communication est très important dans tout ça, car avec les hurluberlus qui nous dirigent depuis 50 ans, c'est bien la communication qui compte et non le résultat. On le voit régulièrement dans tout un tas de domaines où la communication dans les médias forme la seule colonne vertébrale de l'action politique en France . Et il y a fort à parier que ce sera la même chose pour la réindustrialisation malheureusement. Il est déjà extrêmement curieux qu'un homme qui a passé toute sa carrière à vendre des bijoux industriels français à des puissances étrangères devienne subitement un défenseur acharné de la souveraineté industrielle du pays. Rappelons ensuite que pour Macron lorsqu'il parle de souveraineté celle-ci est européenne dans sa tête pas française, il l'a même dit et répété plusieurs fois. On ne saurait donc lui faire confiance aveuglément lorsqu'il parle de réindustrialiser le pays.

 

 

Et surtout sa politique industrielle n'a strictement aucune cohérence ni aucun sens des priorités pour l'instant. Car avant de parler de réindustrialiser le pays, il faudrait déjà commencer par arrêter l’hémorragie provoquée par les absurdités plus ou moins récentes de l'économie française les faisant fermer à tour de bras. Par exemple, l'industrie automobile française est passée entre 2005 et 2022 de 3,5 millions de véhicules produits par an à seulement 1,3. Il s'agit là d'un désastre parce que ce n'est pas uniquement l'automobile qui est touchée, mais aussi toutes les petites entreprises industrielles qui vivaient en partie des commandes de l'industrie automobile. Il s'agit là d'un cas typique de destruction du biotope industriel. Or comme je l'ai déjà souvent dit sur le blog, l'euro a été le vrai moteur de cette destruction, on voit clairement l'effet de l'euro sur la dégradation de notre capacité de production. La France qui produisait des véhicules moyens et non du haut de gamme a été plombée par le fait de partager la même monnaie que l'Allemagne et de ne plus pouvoir dévaluer. Rajoutons au passage les effets des lois Hartz en Allemagne qui arrivent entre 2003-2005 et qui vont faire baisser les salaires en Allemagne de façon importante. Ce choc de monnaie surévaluée plus une déflation salariale en Allemagne vont être fatals à l'industrie française particulièrement à l'industrie automobile.

 

Macron a surtout creusé les déficit commerciaux du pays.

 

Évidemment dernièrement la question du prix de l'énergie s'est rajoutée au désastre de l'eurolibéralisme puisque la France qui avait un petit avantage comparatif grâce au prix de l'électricité l'a perdu. Grâce à l'absurdité du marché européen de l'énergie, les Français se retrouvent avec le prix électrique le plus élevé d'Europe. Et évidemment, l'industrie qui est fortement consommatrice d'électricité se retrouve en difficulté, on se souvient tous de la mise en chômage technique du célèbre fabricant de verre Duralex en fin d'année dernière. Si le prix de l'électricité est un désastre pour la population, pour l'industrie et beaucoup d'activités de services, ce fut une calamité qui a fortement participé à l'inflation générale et à la destruction d'activité de production. Mais que fait le gouvernement pour résoudre ce problème de fond ? Absolument rien à part distribuer des chèques payés par l'endettement des Français. Un endettement de plus en plus lourd et qui pourrait pousser le pays à la cessation de paiement dans les années qui viennent. Il y avait pourtant une réponse simple à donner en sortant du marché européen de l'énergie pour commencer. Puis en refaisant d'EDF le fournisseur d'électricité en reconnaissant que l'ouverture du marché de l'électricité à la concurrence était une bêtise. Il s'agit là de la meilleure aide à court terme que l'on pourrait faire à nos industriels. Leur fournir de l'électricité à un prix raisonnable et plus bas qu'en Allemagne et ailleurs en Europe grâce au nucléaire. Et cela ne coûterait pas grand-chose au contribuable en plus. Mais ne comptons pas sur Macron pour chercher la meilleure solution pour le pays. Ce n'est pas son but qui n'est que de faire du marketing et rien d'autre. Et surtout il ne veut en aucun cas rompre avec les dogmes européens pourtant largement catastrophiques pour le pays.

 

Une politique industrielle doit être cohérente et profonde.

 

L'effet Macron sur l'industrie est strictement invisible

 

On ne fait pas de politique industrielle uniquement en signant des chèques, et parfois de très gros chèques. L'information reste à confirmer, mais la fameuse usine de batterie qui devrait ouvrir à Dunkerque n'est pas venue s'installer en France parce que c'est bien d'y faire des batteries. L'état et les collectivités auraient déboursé entre 1 et 1.5 milliards d'euros d'aide directe! Ce qui reviendrait à injecter entre 300 000 et 500 000 euros par emploi créé. Est-ce que ce type de dépense est rationnelle ? D'autant que la France ne développe pas par ailleurs toute l'infrastructure technique visant à produire l'entièreté de cette production de batterie. Ce sera simplement une usine d'assemblage de composants pour la plupart importés. Qui sait, cela pourrait même aggraver notre déficit commercial en faisant le bilan final. D'autant que même nos importations passent par des ports marchands situés à l'étranger. Le minimum avant de parler de réindustrialisation serait quand même déjà de rapatrier sur notre sol les activités portuaires nécessaire au pays. Ce ne sont pas les villes portuaires qui manquent pourtant. À l'heure actuelle le premier port français est Anvers... Quant aux usines étrangères subventionnées, on en a déjà eu en France et l'expérience fut plutôt négative. Généralement, les entreprises ferment une fois les subventions touchées pour aller dans les endroits réellement compétitifs pour elles. Mais le plan communication de Macron aura fonctionné, il est le président de la réindustrialisation même si tous les chiffres disent le contraire. La France n'ayant même pas retrouvé son niveau de production d'avant la crise COVID. Pour donner un ordre de grandeur, la France a un niveau de production industrielle qui est aujourd'hui inférieur de 10% à celui de l'an 2000...

 

Il ne faut pas aller plus loin l'explication pour notre balance commerciale super-déficitaire. Nous sortons de vingt ans de stagnation industrielle puis d'un recul net à partir de 2007-2008. Et cela ne risque pas de changer si nous ne nous attaquons pas aux sources de la désindustrialisation. Et les raisons ne sont pas microéconomiques comme a pu le dire, monsieur Loïk Le Floch-Prigent dernièrement. Certes, les réglementations peuvent être contraignantes et l'administration française pourrait certainement s'améliorer sur ce plan. Mais le vrai problème est simplement la rentabilité. Ce n'est simplement pas rentable de produire en France si par ailleurs vous laissez les frontières ouvertes. Il faut réduire les coûts de production en France et renchérir dans le même temps le coût des importations. Sans un effort minimal en ce sens, il n'y a simplement aucune chance pour que le pays se réindustrialise. Et je le répète même si les gens ont envie de créer de l'industrie et des activités de productions même dans l'agriculture, l'ouverture des frontières commerciales plus l'euro rendent ces aventures simplement impossibles. Ce n'est pas par hasard si l'industrie est partie progressivement depuis 1974, c'est la conséquence des politiques macroéconomiques de dérégulation commerciale et financière. Les Français ne sont pas devenus subitement anti-industrie au milieu des années 70. Les hommes politiques ont décidé à l'époque qu'il fallait ouvrir les frontières pour casser les salaires et l'inflation comme le disait la doxa néolibérale. Tout ce que nous subissons aujourd’hui est la conséquence logique de ces choix.

 

Je vois aujourd'hui dans le débat public une absence totale sur la question des politiques macroéconomiques. C'est le signe que l'idéologie libérale a totalement envahi les esprits puisque toutes les solutions imaginées tournent toujours autour de solution microéconomique comme le discours de monsieur Loïk Le Floch-Prigent dans son interview. Mais c'est avant tout du point de vue macroéconomique qu'il faut agir. La France doit retrouver sa monnaie et dévaluer par rapport à l'Allemagne et a ses satellites. Il nous faut renchérir le coût des importations. Par ailleurs, nous devons mettre en place un nouveau tarif extérieur national puisque l'Europe est engoncée dans le libre-échange doctrinal. On pourrait par exemple mettre en place immédiatement un tarif de 5% sur tous les produits importés puis faire grimper progressivement le tarif sur plusieurs années à 30%. Le but étant d'envoyer un message clair aux industriels, importer des produits coûtera de plus en plus cher et produire sur place pourrait être avantageux à terme. L'objectif étant de limiter l'effet inflationniste de la hausse de la taxation des importations en laissant le temps aux producteurs de relocaliser les activités. On le voit, il s'agit d'une politique qui s'inscrit dans le temps, on ne peut pas transformer une économie instantanément par la magie de la communication et du carnet de chèques. On doit également imaginer des protections plus immédiates sur les secteurs où nous avons encore des capacités de production, mais où celles-ci déclinent en mettant de forts droits de douane ou en mettant des quotas. L'avantage des quotas étant qu'ils sont insensibles aux variations monétaires. C'est d'ailleurs ce type de protectionnisme que préférait notre ancien prix Nobel d'économie Maurice Allais.

 

Une fois qu'on aura admis qu'un protectionnisme est nécessaire, on pourra parler de subvention et de politique industrielle à proprement parler. Mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs. C'est là d'ailleurs qu'il faut remettre une vraie politique de stratégie industrielle. Comme je l'ai dit, il ne faut pas simplement fabriquer les batteries, mais être capable de produire tous les composants qui rentrent dans leurs fabrications. La France fortement désindustrialisée devrait peut-être commencer par des industries moins tape-à-l’œil, mais plus accessibles comme le textile et l'industrie de la sidérurgie. Il n'y a pas que dans l'industrie de point qu'on croule sous les déficits commerciaux. Il faudra de toute manière plusieurs décennies pour réindustrialiser, c'est le boulot d'une génération. Et il faut bien comprendre que nous ne serons plus jamais le top au niveau technique, scientifique et industriel. Le centre du monde est désormais l'Asie. Mais nous devons avons avant tout chercher à pourvoir à nos propres besoins dans les limites du raisonnable de façon à maintenir un certain niveau de vie. Faisons une réindustrialisation modeste et rationnelle et non une course à l’hybris pour laquelle nous perdrons inévitablement. Et surtout arrêtons de parler et de faire de la com pour les médias et agissons réellement.

 

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1 mai 2023 1 01 /05 /mai /2023 16:01

 

S'il y a bien une question que nos hommes politiques ne se posent jamais tant ils sont devenus automates ou robots suivant la définition qu'on en donne, c'est bien celle du sens de leur action. Appliquant des « réformes » dont ils ne connaissent généralement ni les tenants ni les aboutissants, ils ne cherchent même plus à donner du sens à leur action. La crise actuelle provoquée par le Macronisme n'est qu'une conséquence à long terme de cette transformation progressive de l’action publique en un étalage de solutions préconçues essentiellement libérales et jamais réfléchie en fonction des circonstances ou de la réalité de terrain. Au-delà même des questions économiques, il faudrait pourtant sérieusement réfléchir à cette simple question que j'ai mise en titre de ce modeste texte « Dans quelle société voulons-nous vivre ? ». C'est cette question qui devrait précéder toute forme de réforme ou d'action. Car l'action sans le sens ne mène qu'à une voie sans issue. Ce comportement politique digne des chiens de Pavlov conduit inéluctablement notre civilisation et notre nation au désastre.

 

J'en veux pour preuve un simple exemple la Corée du Sud. Voilà une nation au firmament de l'industrie mondiale, un exemple de la réussite dans la globalisation . J'objecterais ici le fait que ce pays a construit sa réussite sous une massive action nationale et protectionniste. La Corée du Sud fut un énième exemple de la réussite d'une économie de marché sous la direction d'un état fort et interventionniste. Mais mon propos n'est pas de parler vraiment de cette réussite, mais plutôt de sa situation sociale et démographique. Alors que ce pays semble tout réussir, voilà que sa natalité tombe au niveau du plus faible de la planète. Une situation qui risque de condamner véritablement ce peuple à l’extinction si la situation ne se redresse pas rapidement. Et dans le même temps, l'on apprend que la Corée du Sud est le pays riche avec le plus fort taux de suicide. N'est-ce pas paradoxal de voir une société objectivement malheureuse alors même que d’après les statistiques économiques elles devraient baigner dans le bonheur matérialiste? Il est évident que les théologies matérialistes, qu'elles soient libérales ou marxistes, ne peuvent en aucun cas expliquer cette situation. On pourrait y voir le fait d'un collectivisme effectivement excessif avec une pression sociale trop forte qui empêche les individus de vraiment choisir leurs vies. Tournés entièrement vers la réussite dès leur plus jeune âge, les jeunes Coréens étouffent peut-être. Mais dès lors on peut se demander s'ils ont bien choisi collectivement la société dans laquelle ils vivent. S'ils détestent à ce point leurs sociétés ne faudrait-il pas la changer de fond en comble ?

 

Et c'est bien là le problème. Nous n'avons pas choisi les politiques et les sociétés dans lesquelles nous vivons contrairement aux discours prétentieux en occident sur la démocratie. Il y a plusieurs facteurs qui guident nos sociétés, mais le désir réel des populations n'a jamais réellement pesé sur ces choix malgré les émeutes, les grèves et parfois les révoltes. Tout au plus a-t-on parfois daigné distribuer du revenu ou faire quelques concessions, mais jamais au grand jamais le sens même de la direction prise par nos sociétés n'a été remis en question. Le facteur principal qui guide nos sociétés est probablement la nécessité compétitive. La compétition entre les nations est un jeu multifactoriel se plaçant à différents niveaux économiques, géopolitiques, scientifiques, techniques, culturels, etc.. La peur du déclassement vient du fait que dans le jeu de la compétition planétaire les plus faibles finissent par se voir imposer les règles et les intérêts du plus fort. Il s'agit là d'un fait historique. L'obsession pour l'efficacité économique, pour la croissance et la technologie n'est pas essentiellement le fruit d'une volonté de progrès pour le plus grand nombre. On le voit bien aujourd'hui en occident où le progrès technique n'est plus synonyme d'un progrès systématique pour le plus grand nombre depuis maintenant près d'un demi-siècle. C'est avant tout la compétition entre puissances qui motive ce mouvement de progrès technique.

 

En Europe l'industrialisation a résulté de l'avantage comparatif de puissance que cette industrialisation produisait sur le plan économique et militaire. La France elle-même qui n'était en réalité guère enthousiaste pour l'industrialisation a fait ce choix un peu par dépit finalement. Le mouvement du romantisme ou les réactions anti-modernes sont en ce sens des preuves de cette réticence à accepter ce monde glacé de la société totalement rationalisée et organisée autour de la machine et de la recherche de la productivité à tout prix. Nous n'avions pas le choix, car c'était ça ou la colonisation par le monde germanique ou anglo-saxon. Le mouvement actuel qui entraîne le monde est toujours motivé par cette même raison. La Chine cherche à devenir très puissante pour échapper à la domination anglo-saxonne, et ce même si cette transformation au final détruit petit à petit la société chinoise et son fondement culturel,démographique et historique. On pourra bientôt dire la même chose pour l'Inde d'ailleurs. Tout se passe comme si la machinerie infernale de la modernité technique emportait toute notion de sens de la mesure, comme si nous étions collectivement prisonniers d'un mécanisme inéluctable qui a fait sortir l'homme de la marche de sa propre histoire. Nos décisions macroéconomiques et politiques ne sont plus le produit de choix raisonnés fondés sur des désirs collectifs, mais le résultat d'une pression constante de la peur de ne plus être dans le coup ou dans le sens de l'histoire tel que nous nous l'imaginons. En c'est en quelque sorte l'hybris qui nous domine, or l'hybris était le péché majeur pour les Grecques de l'antiquité.

 

Arrêtons de subir la technique et les modes techniques du moment.

 

De nombreux auteurs ont déjà longuement fait la critique de la modernité technicienne. Les plus célèbres étant Yvan Illich ou encore Jacques Ellul que je cite souvent. Tout ceci n'a rien de vraiment nouveau. Mais si ces auteurs ont souvent bien décrit les paradoxes de la modernité, il est clair que cette réalité n'a pas encore vraiment eu d'impact chez les penseurs modernes, y compris chez ceux qui s'y réfèrent pourtant souvent comme les mouvements écologistes par exemple. C'est que ces mouvements outrent le fait que leurs motivations réelles sont souvent bien éloignées de la motivation officiellement affichée, ils ne pensent pas souvent à la contrainte dont j'ai parlé précédemment. Si l'hybris est en soi condamnable, il est indéniablement vrai aussi que l'affaiblissement d'une société par des choix non directement productiviste est réel. On le voit très bien aujourd'hui avec la situation européenne dont les choix économiques suicidaires mettent son destin entre les mains d'autres puissances. Cet affaiblissement est donc en soi un problème dans une organisation mondiale qui est toujours mue par les rapports de force. La course actuelle aux IA ,qui est en grande partie le résultat d'un fantasme, mais nous y reviendront dans un autre texte, découle aussi de cette course à l’abîme du toujours plus .

 

Mais est-ce que l'articulation entre une société qui remettrait la technique à sa juste place est véritablement incompatible avec l'autonomie nationale ? Nos choix techniques par le passé motivé par l'imitation des autres puissances en avance techniquement comme les USA étaient-ils véritablement obligatoires ? Quand la France de De Gaulle se lance dans le tout voiture dans les années 50-60, l'histoire semble être écrite d'avance. Les USA étant la société qui écrit l'histoire, il nous fallait suivre le mouvement. Pour alimenter l'industrie automobile, l'état va créer et alimenter les infrastructures qui allaient avec notamment les routes et les autoroutes. Ce fut en apparence une obligation, c'était apparemment le sens de l'histoire. Pourtant à l'époque n'importe qui aurait pu souligner qu'organiser notre société autour de l'automobile, alors que nous n'avions pas de ressources naturelles en quantité suffisante pour alimenter ce mode de déplacement, revenait à nous mettre dans une situation de dépendance vis-à-vis de l'étranger extrêmement dangereuse à long terme pour l'avenir du pays. N'aurions-nous pas pu organiser notre société autour des transports en commun en gardant en même temps une proximité entre les lieux de travail et les lieux d'habitations ? Qu'avons-nous gagné à faire une société entièrement organisée autour d'un mode de transport purement individualiste qui épuise des matières premières rares à trop grande vitesse ? Vous allez me dire que cela a créé de la croissance certes, mais il s'agit là d'une hypothèse comptable. Le pays aurait tout aussi bien pu être très dynamique en choisissant une autre voie. Une voie qui ne nous aurait pas contraints à importer tant de pétrole et d'hydrocarbures.

 

Alors que notre société connaît une nouvelle crise aujourd'hui liée à sa trop grande dépendance vis-à-vis de l'étranger en matière de production et de matières premières, je tenais donc à rappeler ceci, rien n'est inéluctable. Ce qui importe au fond ce n'est pas notre capacité à produire des richesses le plus que possible. C'est de mettre en rapport nos désirs de citoyens avec l'action collective. Les désenchantements de la politique viennent à mon avis de cette déconnexion entre la capacité à choisir collectivement nos politiques et les désirs réels d'une masse importante de notre population, et cela n'est pas vrai que pour la France. Or, pour faire à nouveau des choix collectifs qui correspondent aux désirs de la population, la France doit au préalable redevenir souveraine. Mais il faut bien comprendre que cette souveraineté ne s'obtiendra pas automatiquement par un concours de productivisme ou de technologisme. Elle pourrait aussi s'incarner par certains renoncements. L'on présente par exemple régulièrement l'automobile électrique comme le substitut de la voiture thermique classique. Mais est-ce que c'est vraiment le cas ? Les voitures électriques posent d'autres problèmes en termes de matières premières, et on le sait, la Chine est la maîtresse en matière de terres rares, matériaux pourtant fondamentaux pour la production des batteries. On ne parlera pas non plus des contraintes en termes d'infrastructures ou de la nécessité d'augmenter fortement notre production d'électricité. Il y a pourtant une autre voie qu'on n'ose imaginer, celle de l'abandon progressif des véhicules individuels que l'on remplacerait par un investissement massif dans les transports en commun. Nous avions pourtant déjà connu ça à l'époque des chemins de fer. Est-ce une catastrophe ou une régression ? Peu importe si cela nous permet d'être à nouveau souverains sur notre capacité à nous mouvoir. Cela entraînerait également un changement massif sur le plan de l'organisation urbaine, mais c'est une voie qui n'est à mon sens pas à exclure.

 

Et pour revenir à la grande question que j'ai posée en titre dans quelle société les Français ont-ils envient de vivre ? Veut-on réellement ressembler aux USA à leurs millions de drogués et de prisonniers ? À leurs malheureux incapables de payer des soins parce qu'ils ont eu le malheur d'avoir un cancer et que les prix du système de santé sont devenus totalement délirants. Le français a-t-il envie de vivre comme un chinois ou un coréen à passer sa vie à trimer sans arrêt pour produire toujours plus des objets qu'il n'aurait même pas vraiment le temps d'utiliser ? Plus qu'aucun autre pays en Europe, nous savons qu'il faut travailler pour vivre et non l'inverse. Le mal-être français tient à cette conviction que chaque jour nos dominants nourris aux idéologies issues du monde protestant essaient de nous imposer un mode de vie dont nous ne voulons pas au fond. Il ne s'agit pas ici de faire l'éloge de la paresse comme certains idiots à gauche, mais plutôt de faire l'économie de notre temps. De relier le lien entre l'action individuelle et collective. Le temps ce n'est pas de l'argent, le temps c'est de la vie. La vie humaine est trop courte pour être passée uniquement à produire et consommer. Il faut cultiver les amitiés, les amours, et les pensées. Et pour cela il faut du temps. C'est de cela que les pauvres coréens manquent et c'est de ça que nous manquerons de plus en plus si nous nous enfermons avec obstination à vouloir être toujours le plus riche possible et le plus rentable possible.

 

Et pour rendre à nouveau possible une société apaisée où les gens ne consacreraient plus tout leur temps à produire et consommer, il nous faut des frontières. Car une société équilibrée ne pourra jamais concurrencer une société dévorée par l'hybris de la rentabilité à court terme. Nous ne gagnerons jamais contre la Chine, l'Inde ou les USA . Il nous faut protéger nos frontières non seulement pour rendre possible à nouveau le travail de production en France, mais aussi pour rendre à nouveau la société technicienne décente. En France nous ne désirons pas être les plus efficaces ou les plus productifs, nous ne voulons simplement pas abandonner nos civilités, notre sens de la vie sociale pour un mirage d'enrichissement à court terme. Je crois que c'est avant tout cela au fond que cherchent aujourd'hui les Français, concilier à nouveau la vie moderne et technique avec leur art de vivre traditionnel. Et cette recherche d'une nouvelle harmonie se heurte violemment à l'hybris de nos dirigeants et aux contraintes du globalisme et de l'UE.

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20 avril 2023 4 20 /04 /avril /2023 16:21

 

«  Il y a une hiérarchie sociale qui s’effondre, des villes qui disparaissent, et une réoccupation plus modeste du territoire, note Julio Bendezu-Sarmiento. Le changement le plus important est celui des mentalités, visible dans le traitement des morts : les sépultures disparaissent, en lien avec l'émergence d'un « proto-zoroastrisme » (ndlr : un monothéisme interdisant l'inhumation des défunts, qui sont exposés à l'air libre et abandonnés aux charognards). Il a dû se passer quelque chose de radical, les gens ne croyaient plus en leurs dieux ni en leur élite. »

 

Ce texte en préambule vient d'un article de National Geographique et concerne une très ancienne civilisation, celle de l'Oxus. Une civilisation dite Indo-Européenne qui a prospéré à l'âge du bronze entre -2300 et -1700 situé dans le Turkménistan actuel. Elle s'est éteinte pour des raisons encore relativement indéterminée. Cependant comme vous pouvez le voir dans cette citation les chercheurs ont quand même de nombreux indices qui montrent l'effondrement pratique de cette civilisation et surtout ce passage que j'ai mis en gras « les gens ne croyaient plus en leurs dieux ni en leur élite ». À n'en pas douter s'il y a bien une analogie à faire entre cette civilisation oubliée, elle n'avait pas de système d'écriture, et la nôtre c'est bien sur cette question. Comment ne pas voir dans les difficultés actuelles de l'occident et de la France en particulier cette réalité d'une coupure nette entre les dominants et les dominés qui semble ne plus rien partager.

 

Alors pour la civilisation de l'Oxus il y a plein d'hypothèses, celle de l'invasion par des hordes à cheval n'étant pas la moins certaine. On parle également d'un changement climatique, des changements qui contrairement aux discours fréquents sur la question n'ont jamais attendu les effets des activités humaines pour apparaître. D'autres civilisations plus célèbres comme celle des Mayas ont aussi fait les frais de changements climatiques brutaux. Les Mayas qui étaient passés maîtres dans le stockage de l'eau par différentes techniques assez stupéfiantes parfois. Vivant loin des fleuves, les Mayas étaient obligés de faire des bassines souterraines, mais malgré ces techniques ils se sont quand même effondrés, même si on est pas encore certains qu'il s'agisse bien des effets de sécheresses locales ou d'affaires politiques et religieuses. Alors sommes-nous nous aussi en train de nous effondrer ? C'est la question qu'il faut sérieusement se poser quand on regarde l'état de nos sociétés en général .

 

Globalisation et effondrement

 

Vous me direz en bon rationaliste que rien n'indique en pratique cet effondrement. Il n'y a pas de famine, enfin pour l'instant, les gens continuent à consommer. Les usines tournent et alimentent l'immense machine à consommer de la planète même si on commence quand même à voir des pénuries dans bien des secteurs. La civilisation est devenue globale et elle ponctionne des ressources et des hommes partout sur la planète pour combler les problèmes localisés. Telle région du monde connaît un problème de natalité, ce n’est pas grave, on va faire venir des immigrés pour faire tourner le pays. Vous n'aviez pas de pétrole et de gaz ? Ce n'est pas grave, vous importez de l'autre côté de la planète. Vous manquez d'eau et d'engrais pour vos cultures, même solution. La globalisation économique, si elle a engendré d'énormes problèmes économiques sociaux dans les anciens pays industrialisés, a quand même comme avantage de limiter les problèmes locaux graves qui peuvent apparaître ici ou là. Du moins jusqu'à maintenant. La pauvreté elle-même semble reculer à l'échelle du monde même si la Chine représente à elle seule l'immense part du recul de la pauvreté mondiale. Un libéral bon teint vous dira alors que non il n'y a pas d'effondrement. Et que la globalisation a créé la première civilisation éternelle de l'histoire, parce qu'elle s'appuie sur toutes les ressources matérielles et humaines dont dispose la planète.

 

Mais certaines statistiques viennent un peu contredire cette réussite apparente du globalisme libéral. Tout d'abord les tensions géopolitiques majeures produites par la globalisation elle-même. On en a longuement parlé sur ce blog. Le déclin de l'occident est entièrement le fruit de la globalisation. Dans les années 70, les Occidentaux ont simplement délocalisé l'industrie dans les pays à bas salaire pour favoriser les hauts revenus, les couches sociales aisées et pour casser les salaires en bas de la structure sociale. Ce fut un choix délibéré même si les origines de ce choix sont à discuter. Le problème c'est que si dans un premier temps la globalisation était largement dominée par les acteurs occidentaux le fait même de délocaliser les activités a favorisé l'émergence d'acteurs concurrents en premier lieu avec la Chine. Comme cette dernière n'a cessé de monter en gamme, les avantages occidentaux sur la domination technologique se sont amoindris avec le temps provoquant la situation actuelle. L'occident est nu, il n'a plus que la finance pour asseoir sa domination même si les USA essaient tant bien que mal de sauver ce qu'ils peuvent des quelques activités technologiques dans lesquels ils ont encore des avantages. Mais l'on sent bien que c'est la fin et que la zone occidentale perdra bientôt totalement le contrôle de la globalisation puis de la finance. Une évolution qui risque de mener les USA et leurs vassaux dans une misère épouvantable.

 

On le voit donc, la civilisation globalisée si elle permet grâce à des transferts importants de maintenir un « progrès » relatif à l'échelle du globe, elle a aussi fait le malheur de certaines régions. Mais cette question géopolitique de déséquilibre produit par la globalisation, qui pourrait déboucher sur des conflits graves, s'ajoute d'autres problèmes. Le problème le plus inquiétant est l'effondrement démographique des pays les plus industrialisés. L'on pourrait objecter ici que l'évolution de la natalité est totalement indépendante de la globalisation. Et il est vrai que bien des facteurs peuvent expliquer ces évolutions qui ne sont pas du ressort des questions économiques. Cependant à n'en pas douter, les questions économiques justement rentrent aussi en jeu lorsque l'on parle de natalité. Faire des enfants nécessite dans le monde moderne une assise économique. Avec l'évolution des techniques de maîtrise de la fécondité, la natalité n'est plus un phénomène indépendant des questions pécuniaires. On est passé d'un monde où l'on faisait des enfants par hasard à un monde où l'on fait des enfants parce qu'on les veut. Ce choc anthropologique que l'occident a pris dans les années 60-70 le monde entier en est atteint aujourd'hui particulièrement l'Asie et les pays les plus industrialisés. Et comme on l'a vue récemment même, le continent africain est touché par une rapide chute des naissances.

 

Si la baisse de la natalité est nécessaire dans un monde où la mortalité infantile est devenue extrêmement basse, le fait que les natalités tombent à des niveaux parfois très en dessous du seuil de reproduction montre qu'il y a un vrai problème. Est-ce culturel ou économique ? Comment expliquer que des pays aussi économiquement avantagés comme la Corée du Sud se retrouvent avec des taux de natalité à 0,8 enfant par femme ? En occident certains accuseront les nouvelles religions millénaristes nourries à l'écologisme irrationnel de certains groupes. Et il est vrai que nos sociétés font beaucoup d'effort pour justifier les baisses de natalité. Cependant dans le cas de la France je pense clairement que la situation économique est largement dominante sur cette question. Quoiqu'il en soit si la civilisation globale va certainement trouver des solutions de court terme en déplaçant massivement des populations par l'immigration, on imagine déjà les immenses problèmes que cela va causer. Imaginer une Corée du Sud peuplé de 50% d'Africains ou d'indonésien. Je ne suis pas certains que cela se passe aussi tranquillement que l'imaginent les fonctionnaires de l'ONU travaillant sur ces questions. Ensuite, ce grand déplacement organisé qui va probablement se mettre en place dans les années qui viennent ne résoudra pas le problème de fond qui est la stabilisation à long terme de la natalité mondiale en dessous du seuil de reproduction. Et ce problème est caractéristique des effondrements de civilisation. La baisse de la population précède souvent les effondrements brutaux historiquement parlant à ceci près que c'est la première fois dans l'histoire que l'on pourrait connaître un effondrement quasi simultané sur l'ensemble de la planète.

 

Autre facteur, celui de l'épuisement des ressources naturelles. La prise de conscience surtout en Europe est aujourd'hui actée. Le pic pétrolier n'est pas un fantasme, c'est une réalité que nous devrons affronter. Le pic de production ne concernera pas seulement le pétrole et les hydrocarbures, d'autres matériaux finiront par manquer. C'est d'autant plus vrai que les nouveaux fantasmes technologiques comme la voiture électrique, les panneaux solaires ou les éoliennes consomment énormément de matières premières, y compris beaucoup de terres rares. Là encore rien n'indique que la globalisation apporte des solutions à ce problème. On pourrait même se demander si le fait de rendre trop interdépendants les peuples et les nations n'a pas tout simplement annihilé les capacités des différentes sociétés à trouver des solutions locales à leurs problèmes.

 

La globalisation déresponsabilise les peuples et les nations

 

On a présenté depuis quatre décennies la globalisation comme une machinerie qui produit de l'innovation, de la créativité. Mais à y regarder de plus près n'est-ce pas surtout une immense machine à uniformiser la planète. Une uniformisation qui touche tous les domaines de la culture, à la science en passant par les modes de consommation. Les grandes villes de la planète sont toutes de plus en plus similaires en utilisant les mêmes techniques de BTP pour construire les bâtiments modernes. Alors qu'au début du 20e siècle il suffisait de regarder les bâtiments d'un centre-ville pour savoir dans quel pays l'on se trouvait ce serait autrement plus difficile avec les constructions modernes. Il en va de même pour la langue, ou les productions culturelles de plus en plus homogènes et singeant plus ou moins maladroitement ce que produisent les USA. Même les tiques sociales des couches sociales supérieures semblent s'uniformiser. On a longtemps décrit ce phénomène comme une américanisation du monde, mais en réalité il s'agit d'une uniformisation plus générale.

 

Il ne s'agit pas ici de critiquer l’imitation ou la recherche de modèle externe. Ce type de phénomène a toujours existé, et il est bien que les idées ou la culture puissent se partager partout et en tout lieu. Mais plutôt de souligner le fait que les populations et les nations cherchent de moins en moins des solutions locales, des productions locales, mais cèdent à la facilité d'importer plutôt ce qui se fait ailleurs. Et ce faisant elles appauvrissent en réalité la créativité humaine. Tout se passe comme si la globalisation libérale avait en quelque sorte déresponsabilisé les nations et leurs peuples en les faisant céder à la facilité de l'importation des idées, des marchandises et des hommes. Il ne faut pas à mon avis chercher beaucoup plus loin l'effondrement qui nous guette. Et en Europe nous sommes très bien placés pour le savoir puisque l'UE est en quelque sorte l'expérience de la globalisation néolibérale la plus avancée. Le marché européen de l'énergie fut en ce sens assez exemplaire. Alors que les pays européens arrivaient à fournir leur énergie à des tarifs assez raisonnables lorsqu'ils avaient chacun leur propre système de production organisé en fonction de leurs propres contraintes. La machinerie de l'UE a voulu y introduire un système de marché globalisé impliquant tous les acteurs. Le résultat nous l'avons vu cette année, loin d'avoir amélioré le service et amoindri les prix, cela a fait exploser les coûts et multiplier les intermédiaires inutiles. De la même manière comment ne pas voir dans l'abandon du nucléaire en France les effets toxiques de l'illusion globalisée. Le marché à l'échelle européenne allait comme par magie résoudre tous les problèmes sur ce secteur à la place de l'état. On a ici à mon sens une parfaite représentation de la déresponsabilisation produite par le marché globalisé même s'il est ici limité à l'Union européenne.

 

Alors évidemment et heureusement toutes les nations du monde ne sont pas encore aussi globalisées que celles de l'Europe de l'Ouest. Il semble même que la globalisation perd de son attrait à mesure que ses conséquences à long terme se font sentir en occident. Mais notre exemple montre vers quoi mène une structure qui rend les sociétés trop interdépendantes. À cela s'ajoute la problématique de la rupture d'approvisionnement. En rendant trop dépendantes nos nations, nous avons rendu les possibilités de production alternative impossibles. Sur les semi-conducteurs ou les médicaments, c'est fabuleusement démonstratif. Nous faisons face à des pénuries régulières faute de production alternative aux importations. Et ne parlons pas du domaine agricole où les prix en Chine pourraient menacer de famine des peuples entiers en Afrique ou ailleurs. On le voit si la globalisation par sa capacité à mobiliser des acteurs partout sur la planète est relativement résiliente à court terme. Sa nature même conduit à nuire aux productions et à la créativité locales et cela va inéluctablement à plus long terme détruire la prospérité mondiale et provoquer de graves crises.

 

En surspécialisant des nations entières, la globalisation les a rendus extrêmement fragiles. Au moindre choc externe, on risque une catastrophe par effet domino. Mais le plus grave problème à mes yeux est la déresponsabilisation des dirigeants politiques qui cherchent toujours dans le marché globalisé des solutions. Le domaine démographique est assez parlant, nous n'avons pas formé assez de médecins donc on en vole aux autres. Nous ne faisons pas assez d'enfants, donc importons de la main-d’œuvre. Mais si tout le monde se comporte de la même manière, plus personne ne fournira les médecins en nombre et plus assez d'enfants ne naîtront pour renouveler l'humanité. C'est cette logique de court terme, qui fait de l'investissement dans la formation des jeunes ou la natalité est vue comme des dépenses inutiles parce qu'on peut en importer, qui va tuer notre civilisation. Emmanuel Todd dans son livre « Après l'Empire » pensait que cette logique de pillage était propre aux USA parce que ce pays était le produit d'une importation massive de paysans européens qui avait vu dans ce nouveau continent une corne d'abondance apparemment sans limite. Il faut croire que cette culture de pillage s'est exportée un peu partout avec la globalisation. Sans quoi la France ou l'Allemagne n'auraient pas si rapidement cédé à ce même type de logique. Il faut espérer que nous sortions un jour de cette logique infernale.

 

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10 avril 2023 1 10 /04 /avril /2023 16:38

 

Si l'actualité de la crise des retraites a révélé l'incroyable violence de l'état macronien et sa capacité à agir contre l’intérêt général et uniquement pour l'intérêt de quelques petits groupes sociaux. Cette crise a aussi comme fond une inquiétude en partie légitime liée au déclin démographique et au vieillissement. Il est indéniablement vrai que notre système de retraite fut pensé à la base pour une démographie raisonnable c'est-à-dire pour un niveau de natalité qui permet au moins le renouvellement des générations. Mais depuis les années 70, nous sommes en dessous de ce seuil. On a camouflé ce phénomène par l'immigration, ce qui a produit d'autres effets et d'autres problèmes. Mais cela n'a pas résolu le problème de fond. Car au final les descendants des immigrés finissent par s'adapter aux conditions de vie locales et donc par faire aussi peu d'enfants que les locaux.

 

Mais deux nouvelles dans le domaine démographique viennent de faire trembler un peu plus l'édifice de la modernité.D'une part, on apprend que le niveau de natalité en Italie baisse encore, ce qui fait que ce pays a aujourd'hui un nombre de naissances équivalent à celle de l'année 1861 quand l'Italie n'avait que 26 millions d'habitants alors qu'elle en a presque 60 aujourd'hui. Avec seulement 393000 naissances, l'Italie voit son niveau de fécondité tomber à 1,2 enfant par femme. On n’est pas encore au niveau de la Corée du Sud et ses 0,8 enfant par femme, mais on s'en rapproche. Et dans le même temps, on apprend une immense surprise sur l'hebdomadaire néolibéral The Economist, en effet il semblerait que la transition démographique en Afrique avance plus rapidement que prévu. Alors que le continent subsaharien semblait imperméable à la transition démographique, ce qui était faux en réalité, elle était juste plus lente qu'en Asie ou en Amérique du Sud, voilà qu'elle rattrape son retard si je puis dire. Le tableau ci-dessous est édifiant avec une baisse de presque 2 enfants par femme en moyenne en seulement quinze ans. À titre de comparaison en Europe, il avait fallu plus d'un siècle pour faire ça. Mais il est vrai que chez nous la baisse de la natalité a été parallèle au progrès en matière de baisse de la mortalité infantile, ce qui fait que la transition démographique a été beaucoup moins brutale qu'en Afrique.

 

 

Certains articles comme celui-ci concernant la politique de réduction des naissances au Nigéria montre la prise de conscience des autorités africaines quant à la nécessité de la maîtrise de la démographique pour permettre le développement économique. Il s'agit là d'une bonne nouvelle, car comme vous le savez bien, je l'ai déjà dit, en démographie il y a deux excès à éviter. L'excès de naissances par rapport au taux de mortalité qui entraîne une trop forte croissance démographique et une incapacité à investir suffisamment dans la jeunesse pour développer le pays. Et à l'inverse une trop faible natalité qui entraîne un déclin durable et une désorganisation de la société à terme ce que commence à connaître l'Italie ou le Japon. Le curseur peut être difficile à placer, mais disons que pour un développement harmonieux d'un pays suivant les conditions géographiques, le niveau de vie, les ressources naturelles et la densité de population, la fourchette raisonnable se situe en 1,8 et 3 enfants par femme. Au-dessus de 3 enfants par femme avec un niveau de mortalité infantile normal la croissance de la population devient trop rapide et en dessous de 1,8 c'est la décroissance de la population qui l'est.

 

 

En effet dans le premier cas une très forte croissance naturelle entraîne mécaniquement une réduction par tête de l'investissement. Imaginez simplement le coût en matière d’éducation si la France avait d'un seul coup la pyramide des âges du Bénin. Au bas mot, il faudrait doubler le budget de l'éducation pour maintenir l'investissement par tête. Et il faut bien comprendre qu'une pyramide des âges très élargie à sa base cela veut dire peu d'adultes pour s'occuper d'énormément de gamins. Donc beaucoup de main-d’œuvre dans l'éducation et pas assez pour faire fonctionner le reste de l'économie. Comme le disait Paul Bairoch en paraphrasant Mao Zedong, certes chaque enfant qui est née c'est deux bras de plus pour travailler, mais c'est aussi une bouche à nourrir, éduquer et vêtir qui ne produit rien jusqu'à ses vingt ans et même nettement plus dans les économies avancées où il faut un plus haut niveau de formation.

 

La transition démographique est donc une bonne nouvelle pour l'Afrique qui va connaître dans les trente ans qui viennent d'abord un ralentissement des naissances qui va permettre une augmentation du capital par tête investi. Puis une hausse rapide du niveau scolaire et ensuite une forte hausse de la population active en proportion de la population totale, comme on a pu la connaître nous-mêmes dans les années 50-60. Cela devrait faciliter la croissance économique et la sortie de la misère pour une bonne partie de la population. Après attention, la démographie est essentielle dans le sens où s'il n'y a pas de transition, le développement est pratiquement impossible de façon endogène. Mais même avec la transition, un pays peut très bien rater le virage. Il y a de nombreux exemples. En Amérique latine où la transition est déjà bien entamée, on constate que la région est loin d'être sortie de la pauvreté. L'absence d'état stratège et de protectionnisme ayant empêché le développement économique de cette région. L'industrie est restée balbutiante alors que ce continent a tout pour réussir. Donc cette transition ouvre des opportunités, mais encore faut-il qu'elles soient réellement exploitées et cela dépendra essentiellement des politiques macroéconomiques que les différents pays d'Afrique prendront. Parions que comme en Europe on aura à la fin de gros écarts de réussite en fonction de ces décisions.

 

À l'inverse dans le vieux monde, les jeunes déclinent et la population active va décroître, elle décroît déjà au Japon d'ailleurs. L'obsession pour l'augmentation de l'âge de la retraite vient de là. Cependant là encore il faut bien faire attention, car le diable est dans les détails. La France n'est pas l'Italie l'Allemagne ou le Japon. Si la baisse récente de la natalité est inquiétante, elle reste encore aujourd'hui largement supérieure à la natalité de ces pays à 1,8 enfant par femme contre 1,2 à 1,4 depuis plus longtemps. Les problèmes ne sont donc pas du tout au même niveau. C'est d'autant plus vrai que la France qui avait su maintenir sa natalité à un niveau plus raisonnable que ses voisins a fortement été punie par l'euro. Il s'agit d'un effet dont on parle peu, mais le fait d'être le seul grand pays de la zone euro à avoir une natalité raisonnable à 2 enfants par femme a été un énorme désavantage compétitif. En effet, pour maintenir un chômage stable dans une population qui croît, vous devez augmenter la masse monétaire en circulation. Mais comme nos génies politiques ont voulu créer l'euro, nous avons été contraints de suivre les besoins de la majorité de cette zone monétaire. Le chômage structurel français est en grande partie le fruit pourri de cette nécessité d'adaptation. C'est une très mauvaise idée de faire une seule monnaie pour des pays dont les paramètres démographiques sont très différents. A des besoins démographiques différents doivent correspondre des politiques monétaires différentes, d'où l’imbécillité de la monnaie unique.

 

Car si le déclin démographique pour une nation seule est un désastre, il n'en est pas de même dans le cadre d'une économie globalisée. En effet, les pays déclinants peuvent plus facilement accumuler des excédents commerciaux parce que la demande intérieure décroît. Les coûts diminuent également dans un premier temps, on peut réduire les dépenses dans l'éducation et les investissements pour former et embaucher les jeunes. Juste avant d'être envahis par les EHPAD, les pays en déclin démographique peuvent afficher de gros excédents commerciaux grâce à ce simple mécanisme. En un sens, les gros excédents allemands ou le retour à l'excédent commercial de l'Italie ne sont pas vraiment un bon signe économique pour le long terme. Ces pays compensent leur effondrement intérieur en piquant la demande des autres pays. On peut d'ailleurs se demander quelle catastrophe planétaire va produire le déclin de la population chinoise. Imaginez les dégâts qu'a faits l’Allemagne par ses excédants commerciaux à l'échelle de la Chine. Donc si le déclin démographique est rationnellement une catastrophe économique, les pays qui en sont victime à l'heure actuelle ont réussi à en faire une force de nuisance et de puissance en particulier dans le cas allemand. Évidemment cette situation n'est pas éternelle, ne serait-ce que parce que les pays déficitaires réagiront par du protectionnisme à terme, soit parce qu'ils feront probablement faillite. Les pays en déclin démographique prenant intégralement dans la figure les effets cumulés de leur propre déclin de la demande camouflé pendant des années derrière des excédents commerciaux. Il n'y a rien de raisonnable ou de durable dans ce type de stratégie.

 

Vers la fin des grandes migrations

 

Ce que nous venons de voir pour les pays en déclin démographique peut réellement nous inquiéter. Mais vous me direz heureusement qu’il y a l'immigration. Sauf que ce n'est pas si simple et que les populations ne sont pas interchangeables. Et il faut être clair dans un pays comme l'Italie, maintenir le même niveau de population par l'immigration revient à réaliser réellement un grand remplacement. Si vous pensez que la culture et l’identité d'un peuple n'ont pas d'importance et que seul le PIB compte, allez-y, sinon abstenez-vous de faire quelque chose d'aussi irréversible à long terme. Ensuite comme on l'a vu même l'Afrique fait sa transition et certains pays d'Asie sont déjà en fort manque de main-d’œuvre. Ils vont donc eux aussi faire appel à l'immigration. Mais comme la réserve de population jeune va s'étioler rapidement à l'échelle de la planète, on en viendra rapidement à manquer simplement d'immigrés.

 

D'un côté, les pays avancés seront de plus en plus en manque de travailleur. De l'autre côté les pays aillant encore une dynamique démographique vont voir leurs conditions de de vie s’améliorer, justement à cause de la transition démographique. Et ils auront de plus en plus de réserve à accepter que leurs travailleurs partent faire tourner les économies des autres pays à la place de la leur. On l'a vu récemment sur la question médicale de plus en plus de pays d'Afrique critiquent à juste titre le pillage de leurs médecins dont ils ont cruellement besoin. Ce n'est pas la faute du Bénin ou du Sénégal si la France n'a pas été foutue de prévoir la formation d'un nombre raisonnable de médecins pour pallier à ses besoins, c'est la faute de nos imbéciles de dirigeants. Ils n'ont donc pas à laisser leurs jeunes médecins partir pour la France et l'occident en général. Vous voyez donc la tendance générale qui va se produire dans les décennies qui viennent . Contrairement à certains fantasmes, l'Europe ne va pas se faire coloniser par l'Afrique. Le migrant va devenir de plus en plus rare à mesure que la lourde machine de la transition démographique va faire son œuvre.

 

Dans ces conditions, la seule porte de sortie est la relance de la natalité. Et cela se travaille, c'est une politique d'ensemble et un changement probable de civilisation qu'il va nous falloir faire. À long terme nous n'aurons de toute façon pas le choix, une civilisation qui ne fait plus d'enfant n'a simplement plus d'avenir. La Corée du Sud peut être ingénieuse, bâtir d'immenses tours, faire de la très haute technologie, elle finira vaincue par la Corée du Nord simplement parce que le nord continue à faire des enfants alors qu'elle n'en fait plus. Emmanuel Todd comme à son habitude a fait une remarque habile dans son dernier interview sur Marianne :

 

« La Corée, chouchou des majorettes intellectuelles du succès économique, le pays de Samsung et d'une globalisation économique assumée, est à 0,8. … Le plus efficace économiquement est le plus suicidaire. »

 

Qu'est-ce donc qu'une civilisation qui passe son temps à valoriser le superflu et qui néglige ses devoirs essentiels ? Cela s'apparente effectivement à de la décadence, à une incapacité à se projeter dans l'avenir et à prévoir le lendemain comme si seuls le présent et l'accumulation de choses comptaient. C'est à mettre en parallèle avec les efforts énormes que font les USA dans les IA, la robotique ou les fusées spatiales alors même que le pays connaît une baisse de l'espérance de vie et où l'on croise de plus en plus de misère dans les rues. Pour rebondir sur ce que disait Todd dans son interview sur la France, notre pays réussit encore un petit peu à résister à la « rationalité » néolibérale. Une rationalité relative puisqu'elle ne consiste pas à savoir si la société qu'elle crée est viable, mais simplement si elle va optimiser le taux de profit pour les actionnaires. La France a peut-être la clef culturelle qui nous permettra de sortir de cette illusion marchande qui réduit la civilisation à la quantité de gadgets qu'elle consomme et qu'elle produit. Car ce qui compte vraiment pour une civilisation c'est de durer, et la nôtre n'est actuellement pas faite pour ça.

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6 avril 2023 4 06 /04 /avril /2023 14:18

 

Nous avions déjà parlé de cette question, mais elle ressurgit dans l'actualité . En effet, comme vous le savez l'un des problèmes majeurs auquel est confronté l'humanité, c'est l'épuisement des ressources naturelles nécessaires au fonctionnement des nos économies modernes. La question est d'autant plus fondamentale que la Chine s'est approprié la majeure partie des ressources mondiales en terres rares. Cependant, ces terres rares ne sont pas si rares que cela. C'est surtout que l'occident, engoncé dans ses certitudes néolibérales, a laissé faire le marché. Mais comme la Chine n'est pas une société libérale, son état a largement travaillé à lui fabriquer des monopoles dans tout un tas de domaines dans une optique qui n'était pas purement commerciale, mais surtout géopolitique. On redécouvre avec la Chine que l'économie est avant tout imbriquée dans une politique nationale étatique exactement comme à l'époque de Colbert. Et que les nations qui ont ingurgité stupidement les dogmatismes libéraux se retrouvent maintenant bien dépourvues face à un concurrent qui a des monopoles sur une partie croissante des technologies essentielles ainsi que sur la production de bon nombre de matières premières.

 

Ainsi l'on vient d'apprendre que la Chine qui détient un véritable monopole sur les aimants à néodyme va limiter les transferts de technologie dans ce domaine en dehors de son territoire. Maintenant qu'elle commence à avoir une avance technologique et scientifique dans beaucoup de secteurs, elle se ferme et elle compte utiliser ces avantages pour lui permettre de maintenir indéfiniment ses monopoles. Et qui connaît un peu l'histoire du monde et de la Chine en particulier ne sera guère surpris. La Chine fit longtemps fortune grâce aux routes de la soie. Or s'il y avait des routes de la soie, c'est parce que la soie n'était produite qu'en Chine. Évidemment cet avantage n'était pas le produit d'une géographie, les vers à soie peuvent vivre à peu près partout dans le monde. C'est simplement parce que la Chine avait imposé des lois interdisant la sortie des vers à soie de son territoire. C'était même puni d'une peine de mort, car l'état chinois savait très bien quel lucratif commerce il tirait de son avantage commercial.

 

 

La Chine nous refait donc le coup, mais avec les technologies avancées maintenant. En particulier sur les aimants à néodyme. Ces aimants ont la particularité d'être très puissants, ils sont utilisés dans de nombreuses applications techniques en particularité pour les moteurs électriques. Donc sans aimants à néodyme il n'y a pas de voitures électriques, et bien la Chine c'est entre 90 et 95% de la production mondiale d'aimant à néodyme. Vous comprenez le problème ? L'occident qui a eu une vision totalement libérale sans stratégie politique pendant 50 ans se retrouve maintenant piégé par sa propre bêtise. Il a littéralement réalisé la prédiction de Lénine « Nous pendrons les capitalistes avec la corde qu'ils nous vendront ». La recherche du plus bas coût de production sans aucune considération pour les salariés occidentaux ou pour les problèmes d'insuffisance de la demande qu'induise la contraction des salaires s'ajoute donc aussi l'absence totale de la prise en compte des effets géopolitiques. Ce n’était pourtant pas difficile à prévoir, je me souviens moi-même que lorsque j'étais étudiant au début des années 2000 nous en parlions souvent avec mes collègues de maîtrise et de DEA. J'étais dans le secteur de la microélectronique et de l'automatique et nous voyions déjà à l'époque vers quoi le libre-échange délirant avec les pays asiatiques et la Chine en particulier nous conduisait. Surtout dans nos secteurs.

 

Il est assez surprenant que nos dirigeants aient à ce point été aveugles à cette réalité fondamentale des rapports entre les puissances. Ils ont vraiment cru à l'idiotie de la thèse de la fin de l'histoire de Fukuyama. Nous voici donc coincés avec une superpuissance économique et scientifique qui compte bien garder indéfiniment ses avantages. Il va donc nous falloir tout seul, comme des grands, apprendre à faire des aimants à néodyme sans quoi la fameuse transition énergétique va être très courte. C'est un argument supplémentaire pour valoriser très fortement les sciences et les math à l'école, cela devient urgent. Il faudra aussi apprendre le chinois à nos chérubins, des fois que la fermeture de l'empire du Milieu ne soit pas aussi efficace que l'escompte l'état chinois.

 

Les océans sont l'avenir à court terme

 

 

Mais si l'on évacue cette question des savoir-faire techniques et scientifiques, il reste tout de même la question des ressources à poser. Comme je l'ai dit, les terres rares ne le sont pas vraiment. Le problème est surtout qu'on a laissé la Chine seule sur le secteur. Mais on en trouve un peu partout en plus ou moins grande quantité . La preuve je rappelle pour ceux qui l'auraient oublié que la France va faire une mine de lithium dans l'Allier en Auvergne. C'est extrêmement important parce que la possibilité d'exploiter des matières premières sur notre sol permet d'imaginer une industrie de transformation pouvant en découler. Tout du moins si notre état cesse ses stupidités libérales et favorise enfin les productions locales au lieu des importations par des droits de douane, des dévaluations et des quotas.

 

Cependant le sol français étant ce qu'il est, nous ne pouvons guère espérer trouver toutes ressources sous notre sol national. C'est là qu'entrent en jeu les océans comme nous en avions déjà parlé dans un autre texte. Une étude du CNRS qui date de 2022 montre que les ressources océaniques sont absolument monstrueuses. On pouvait s'en douter, les océans représentent quand même 70% de la surface de la planète, on pouvait se douter que l'essentiel des ressources de la planète se trouve là-bas. Mais le papier du CNRS montre que la seule région Clarion-Clipperton qui représente 15% des océans possède trois fois la quantité de terre rare déjà trouvée à la surface. Et on ne parle là que des nodules métalliques qu'on peut ramasser sur le fond des océans, il ne s'agit ni de faire des mines, ni des sources hydrothermales. Les sources hydrothermales quant à elles pourraient fournir un flux continu de matériaux inépuisables à l'échelle humaine puisque ces matériaux viennent en fait du fond de la terre et qu'ils sont remontés à la surface par la tectonique des plaques. On a là une source réellement durable pour les activités humaines. D'après le papier du CNRS, les sources hydrothermales fournissent 20% de fer, 11% de zinc, 5% de cuivre, de l'or, de l'argent du cobalt et environ 1% de terre rares.

 

Or comme vous le savez déjà, la France possède le second domaine maritime de la planète. Il nous faudrait le mettre en valeur par l'exploitation raisonnée de nos ressources. Nous avons probablement de quoi subvenir largement à nos besoins si nous voulions être totalement autosuffisants en matière première . Encore faudrait-il en avoir la volonté étatique et là ce n'est pas gagné puisque comme vous le savez la France a stupidement signé un texte interdisant l'exploitation des océans. Vous noterez au passage que l'ouverture de nouvelles sources de matières premières n’interdit pas dans le même temps de faire un vaste effort en matière de recyclage. Nous devons encourager simultanément la minimisation de la consommation de matières premières rares et surtout favoriser la conception et la vente de produit 100% recyclable et réutilisable. Ce n'est absolument pas contradictoire avec le fait de rechercher de nouvelles sources de matières premières pour garantir notre indépendance nationale et peut-être la survie de l'espèce humaine à long terme.

 

Je l'ai déjà dit, mais l'interdiction pure et simple de l’exploitation des océans est au moins aussi stupide que la fermeture des réacteurs nucléaires de quatrième génération ou le remplacement de notre parc nucléaire par des énergies intermittentes dont le matériel est essentiellement fabriqué en Chine. On est au même niveau de stupidité issu d'un raisonnement dogmatique sans aucune considération pour l'intérêt des Français ou simplement pour la réalité du monde réel. À plus long terme, on se posera probablement la question de l'exploitation de l'espace puisque la quantité de matière première qui flotte dans notre système solaire rien qu'avec les astéroïdes est simplement titanesque et mettrait à l’abri notre espèce pour des millions d'années. Mais il s'agit là d'une perspective à beaucoup plus long terme qui devra être précédée d'un vaste effort scientifique et technique visant à faire chuter drastiquement le coût économique et énergétique d'envoi dans l'espace. On pourrait imaginer par exemple la construction d'ascenseurs spatiaux qui diviseraient par plus de milles les coûts de transport, mais cela reste encore au niveau de de la recherche fondamentale dont nous ne verrons probablement pas la fin de notre vivant malheureusement.

 

À court terme il nous faut donc nous concentrer sur l'exploitation des océans et chasser les écolos dingos de ces questions. Ils ont déjà été suffisamment nuisibles sur les questions énergétiques. Il est temps également de se poser la question de savoir s'il ne faut pas purement et simplement chasser ces idéologues et leurs ONG de toute prise de décision politique. D'autant que certaines de ces ONG sont clairement des instruments d'influences d'autres nations, en particulier celle des USA. Car il est évident que les USA n'ont aucun intérêt à voir une nation comme la France devenir autonome dans le domaine des matières premières . Cela pourrait permettre à l'Europe d'échapper à leur contrôle. Les USA n'ont pas fait autant d'efforts à chasser la Russie de ses liens avec l'Allemagne pour qu'elle soit remplacée par la France . On peut donc se demander dans quelle mesure les ONG sont utilisées pour empêcher toute forme d'exploitation des ressources dont pourrait disposer, non seulement la France, mais toutes les nations européennes. Nous devons cesser d'être naïfs et de croire qu'il y aurait uniquement des visées altruistes et vraiment écologiques derrière les actions de toutes les ONG. Le simple fait que ces ONG aient réussi à faire presque interdire la seule énergie réellement décarbonée en Europe, à savoir le nucléaire, pour favoriser le gaz, devrait vous mettre la puce à l'oreille. La course à l'exploitation des océans est de toute manière lancée que les Européens s'y lancent ou non. Mais il serait quand même dommageable que nous rations encore une occasion de récupérer un peu de notre souveraineté économique.

 

 

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3 avril 2023 1 03 /04 /avril /2023 17:20
Le monde en l'an 800

 

Il semble que l'histoire s'accélère depuis le début de cette guerre en Ukraine. Le comportement des pays arabes producteurs de pétrole semble annoncer la fin de la prééminence du dollar dans le rôle de monnaie internationale. L'Arabie Saoudite notamment qui est un allié historique des USA vient de suivre la Russie dans une politique de réduction de la production pétrolière. L'objectif étant de faire monter bien évidemment les cours du pétrole ce qui ne va guère arranger la situation économique déjà très difficile en Europe et aux USA. Cela montre ici la perte d'influence de l'Empire américain sur des nations qui pourtant doivent en partie leur existence à l'Oncle Sam. Si ces pays larguent Washington, c'est bien qu'ils sentent la fin proche pour les Américains et leurs vassaux européens. Il y a tout de même une autre raison de fond à ce soutien pour une hausse du pétrole. Le pic pétrolier qui a été annoncé il y a longtemps est aujourd'hui plus ou moins atteint.

 

Or pour continuer à exploiter de nouveaux gisements, les compagnies pétrolières et les nations productrices vont devoir encore accroître leurs investissements. La fin de l'ère du pétrole ne signifiera pas la fin du pétrole en tant que tel, mais un coût tellement élevé que cette matière première ne pourra plus être employée comme carburant, car non rentable. On le voit s'il y a une raison géopolitique au comportement des pays producteurs de pétrole, il y a aussi une raison simplement technique. Nous allons vers un monde de pétrole cher, quelle que soit la situation géopolitique à venir comme rappel cet article de L'Echo.

 

Pour en revenir à notre sujet, nous voyons bien que les BRICS tendent à remplacer petit à petit l'ordre international mis en place par les USA au lendemain de la Seconde Guerre mondiale à l'époque de leur apogée. Mais tout comme l'ascension des USA était inscrite dès le 19e siècle celle des BRICS et de la Chine l'est tout autant. Car ce sont des variables de fonds qui inscrivent les longs processus historiques. Même Napoléon Bonaparte avait vu le danger à long terme que représentaient les USA et même la future montée de la Chine. Napoléon III a même fait sa tristement célèbre campagne du Mexique pour essayer de créer artificiellement un concurrent aux USA . Mais la grande force des USA de l'époque était inattaquable. Il avait un niveau d'instruction très élevé, un état qui devint protectionniste et donc qui put s'industrialiser rapidement, et enfin et surtout une dynamique démographique spectaculaire. L'Amérique de 1800 c'est sept enfants par femme quand la France de l'époque était déjà à moins de trois et que la plupart des pays européens étaient à peine au-dessus de trois. Contrairement aux idées reçues si l'immigration a joué un rôle important dans la dynamique démographique des USA c'est surtout la forte natalité locale qui a permis l’expansion rapide de ce pays.

 

 

Et c'est d'ailleurs pour la même raison qu'ils commencent à décliner . Car la natalité aux USA n'est plus maintenant que de 1,6 enfant par femme. Elle est passée en dessous de 2 depuis longtemps chez les WASP, dans les années 70. C'est essentiellement l'immigration sud-américaine qui a camouflé la réalité du pays depuis les années 80. Un peu comme l'immigration slave a empêché l'Allemagne de montrer son déclin démographique avancé. Alors vous me direz l'immigration permet de réduire le problème. C'est en partie vrai même si l'immigration massive telle qu'on la pratique aujourd'hui pose de nombreux problèmes. On le sait d'expérience en France. En plus à terme si vous faites une immigration de comblement en permanence, les autochtones finiront effectivement par être minoritaires sur leurs terres n'en déplaise aux immigrationnistes. En plus, l'immigration n'engendre pas une dynamique véritable. On le sait, les immigrés finissent par s'aligner sur les taux de fécondité locaux au bout d'une génération. Donc à moins de créer une chaîne de Ponzi démographique vous ne résoudrez jamais le problème par l'immigration. Enfin l'immigration comble les trous globalement, elle n’entraîne pas de croissance réelle de la population, à moins de vraiment en faire venir à un niveau dangereux pour la stabilité du pays. Les pays qui se sont amusés à faire ça récemment ont globalement mis un coup de frein à l'image de la Suède et du Danemark. On verra si le Canada va continuer longtemps sa folle politique migratoire actuelle.

 

Le déclin démographie et l'hubris

 

Donc nous le voyons à moins d'imaginer un retour à une natalité forte, le déclin démographique des USA et de l'Europe est inéluctable. Alors que l'Europe de l'Ouest représentait 20% de la population mondiale en 1900, elle n'en représentera plus que 5% en 2100. S'ajoute à cela la perte du grand avantage qu'avait l'occident sur le reste du monde ces cent cinquante dernières années, celle de la science et de la technique moderne. L'occident a partagé son savoir. Il a formé et éduqué les autres peuples du monde qui se sont approprié à leur tour les méthodes scientifiques. Cela a commencé par le Japon de l'ère meiji qui a superbement acquis les savoir de l'occident avec ses étudiants expatriés un peu partout en Europe et aux USA. Puis ce fut le tour du reste de l'Asie et de la Chine. Maintenant l'Inde et le reste du monde entre aussi dans la danse. La montée du niveau scolaire mondial a été spectaculaire, l'Europe et les Usa ne sont même plus en tête en matière de niveau scolaire. La plupart des pays qui ont les meilleurs niveaux sont désormais en Asie, le Japon, la Corée ou Singapour trustant le haut du panier.

 

 

On le voit, il n'y a plus de fondement véritable à la domination de l'occident, juste un résidu d'un passé très déséquilibré qui est aujourd'hui bien lointain. Dans ces conditions, il est absolument absurde de vouloir continuer à faire semblant d'être encore ce que l'on est plus. Les Français en particulier devraient arriver à comprendre cela. La France fut un géant pendant des siècles . À cause de sa démographie, la France n'avait pour ainsi dire aucun adversaire à sa taille en Europe jusqu'au 19e. Elle se battit toujours contre des coalitions, car les autres pays n'avaient pas du tout son niveau de population. Au moment de la révolution, il y avait plus de français que d'Italiens, d'Espagnoles et d'anglais réunis. Puis vint au 17e siècle le malthusianisme pratique des familles françaises. La natalité baissa dans le pays alors qu'elle se maintenait ailleurs en Europe . Rapidement les autres pays d'Europe rattrapèrent notre densité de population et même la dépassèrent. Et en 1870 la Prusse toute seule mis à terre la France, jadis puissance indomptable d'Europe . En 1914 la France ne comptait que 40 millions d'habitants pratiquement autant qu'en 1800 alors que l'Allemagne avait maintenant 70 millions d'habitants. Il n'y a pas à chercher plus loin l'évolution du rapport de force historique entre ces deux nations. En tant que français nous devrions donc savoir ce que c'est que d'accepter un déclin, nous déclinons relativement au reste du monde depuis deux cents ans.

 

Cependant, la France n'a pas accepté son déclin. Elle a au contraire cherché à le compenser en se lançant dans des politiques contre-productives. Le Second Empire colonial français en fut le plus brillant exemple. Puisque la France n'a plus de dynamique démographique, créons un empire multiethnique fait de peuples moins avancés que nous transformerons en français. Ce délire du 19e siècle avait en partie comme motivation ce lent déclin de la puissance française couplée à une élite incapable de faire avec. Et nous l'avons payé très cher. Comme l'a montré l'économiste suisse Paul Bairoch l'impérialisme français s'il a été nuisible aux colonies en créant des nations artificielles et en soumettant des peuples qui n'avaient rien demandé aux desiderata des élites françaises. Cet impérialisme a aussi été très coûteux pour la France. C'est que l'argent investi dans les colonies ne l'était pas sur le territoire national et à une période où le développement technique et éducatif commençait à prendre le pas sur le contrôle des ressources, ce fut très dommageable à l'économie française. On le voit donc, à trop vouloir lutter contre l'inéluctable au lieu de s'y adapter, nous avons accéléré notre déclin et provoqué notre chute. Il en va de même aujourd'hui pour l'ensemble de ce que l'on nomme l'occident c'est-à-dire pour l'essentiel les USA et leurs satellites européens.

 

Si l'on y réfléchit bien c'est pour compenser le déclin démographique relatif que l'UE a été créée. Les élites françaises ont voulu faire une grande France sauf qu'ils ont malheureusement créé une grande Allemagne. Là encore au lieu d'accepter un déclin relatif en devenant un petit pays qui s'occupe seulement de ses affaires à l'image de la Suisse ou de l'Islande, nous avons créé une impasse pour continuer à faire semblant d'être encore grands. Et on le voit, L'UE loin d'avoir permis à l'Europe et à la France de garder une place géopolitique importante a au contraire accéléré notre déclassement à une vitesse folle. En cette année 2023 l'Europe de l'Ouest ne pèse plus rien politiquement parlant, car totalement désindustrialisée et dépendante de l'extérieur pour tout. Pour renforcer le continent, il a eu mieux valu faire des efforts pour rééquilibrer nos démographies et pour maintenir un minimum d'industries locales au lieu des grands délires sur la globalisation et le libéralisme décomplexé consubstantiels à la construction européenne.

 

Et pour les USA c'est exactement la même chose. L'empire américain sait bien qu'il a des faiblesses que le cœur de sa faiblesse est démographique en plus d'être éducatif. La seule Russie pourtant deux fois moins peuplée produit plus d'ingénieurs chaque année que les USA. Les centres de recherche américains fonctionnent maintenant essentiellement grâce à des étrangers, car les jeunes Américains déjà trop peu nombreux se détournent des sciences. Mais au lieu de contrer cette réalité en revoyant les politiques familiales par exemple ou en restructurant leur système éducatif très inégalitaire et beaucoup trop coûteux pour la majorité de la population, les USA se lancent dans des politiques de coercition contre l'industrie technologique chinoise. Une politique qui va bien au contraire accélérer leur déclin en poussant les Chinois à accroître leurs efforts de recherche et d'autonomie en matière technologique et industrielle. De simples barrières douanières pour favoriser les implantations d'entreprises étrangères sur leur sol auraient été suffisantes et non agressives. Là au contraire en imposant à d'autres nations de mettre des mesures contre les producteurs chinois de semi-conducteurs en particulier les USA vont se mettre à dos tout le monde. Étant donné les rapports de force démographique, la Chine produit plus de doctorant et d'ingénieurs que l'UE et les USA réunis, on connaît déjà le vainqueur. Loin de ralentir leur déclin, les USA vont l'accélérer. Et alors qu'ils auraient pu rester une puissance d’importance en acceptant de devenir la seconde puis la troisième économie du monde derrière la Chine à court terme puis l'Inde à long terme ils risquent maintenant un déclassement définitif. Car ils ne pourront pas bénéficier des innovations chinoises qui vont se multiplier dans les décennies qui viennent pour cause d'agressivité trop grande.

 

Le monde de demain

 

Les BRICS dépassent déjà l'occident

La seule voie raisonnable pour nos nations en déclin est donc celle de l'acceptation et de la résignation. À partir du moment où l'on accepte cela, on peut s'adapter intelligemment au monde qui vient et qui sera centré sur la Chine et l'Inde, puis peut-être l'Afrique. Accepter sa faiblesse c'est aussi admettre le besoin de protection. En 1945 quand l'Europe a été ruinée elle fit alors du protectionnisme. Elle a reconstruit son industrie à l’abri de protections douanières, sinon nous serions devenus totalement dépendants de l'industrie américaine. Car l'industrie américaine était non seulement en avance, mais aussi intacte après guerre. Heureusement que nos grands-parents n'ont alors pas fait ce choix. Il en va de même aujourd'hui. Il n'y a rien de déshonorant à être petit. Certes, nous avons un grand passé, mais c'est le cas de plein de peuples aujourd'hui. Que dire de la pauvre Grèce qui illumina l'humanité pendant des siècles? Des Mongoles qui mirent à terre la moitié de l'humanité d'alors, ou des Turcs héritiers du gigantesque Empire ottoman? Ces pays sont toujours là et ils font avec leur passé. Nous devons faire de même. Pendant longtemps les puissances d'Europe ne pesaient pas grand-chose à l'échelle du monde. L'empire carolingien qui pesait tant en Europe en l'an 800 n'était qu'un gnome attardé comparé à la Chine des Tang ou au califat Abbasid de la même époque. Est-ce que cela gênait Charlemagne ? Pas vraiment.

 

Nous devrons nous adapter aux évolutions en apprenant à nos jeunes les langues des puissances montantes à commencer par le mandarin . Il nous faudra copier les innovations chinoises, vietnamiennes, brésiliennes, indonésiennes ou indiennes qui viendront bouleverser régulièrement les marchés. Il nous faudra être à l’affût de ce qui viendra d'ailleurs comme nos ancêtres le firent d'ailleurs quand l'Europe n'était qu'une région de seconde zone. Quand on est petit, il faut être malin et pragmatique. On ne pourra plus jouer les gros bras imbéciles en pensant que tout se passera bien. J'ose espérer que la crise ukrainienne actuelle nous fera comprendre cette nécessité en tout cas en Europe, je suis moins optimiste pour les USA dont le logiciel mental est mal préparé à jouer les seconds rôles. Être petit ne signifie pas ne pas pouvoir rester soi-même, c'est une affaire de volonté. Nous devons accepter notre nouvelle place tout en défendant notre indépendance et notre autonomie. Mais cette question ne dépend en aucune manière de notre taille, seulement de notre volonté nationale de continuer à être français, quels que soient les changements du monde.

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30 mars 2023 4 30 /03 /mars /2023 15:41

 

Nous vivons vraiment une époque curieuse. Et l'Union européenne est vraiment une curieuse organisation. Elle prend systématiquement les plus mauvaises mesures pour le continent. L'on pourrait y voir le résultat de la corruption générale du système en particulier par l'influence des USA qui ont toujours étrangement soutenu cette organisation. Et il est vrai que loin d'avoir libéré les Européens de l’influence américaine l'UE l'a au contraire accru de façon considérable. La situation en Ukraine, la non-réponse au protectionnisme américain et la forte obsession pour l'inaction macroéconomique pourraient faire clairement penser que Bruxelles prend ses ordres uniquement à Washington. Mais ce serait un peu oublier la période présidentielle américaine précédente où au contraire notre club de grabataires économiques était vent debout contre Trump.

 

Alors je l'ai moi-même dit, l'UE semble être l'équivalent économique de l'OTAN. Et il est vrai qu'en ce moment c'est exactement le sentiment que cela donne. Les mesures contre la Russie ont surtout fait des dégâts en Europe et en Allemagne en particulier. Les USA rigolent bien en voyant les effets de ces mesures. Ils ont même eu ce culot de faire des mesures protectionnistes de subvention qui auront un effet surtout sur les entreprises européenne encouragées à s'installer chez eux. Et bien évidemment nous ne parlerons même pas de l'affaire de l'explosion de Nord Stream qui n'aura comme par hasard jamais d'enquête sérieuse parce qu'il ne faut surtout pas trouver le coupable . Nous en saurons probablement beaucoup plus le jour où l'Empire américain aura cessé d'exister. Donc effectivement l'UE semble être une organisation visant à maintenir la discipline des vassaux de l'Empire américain et rien d'autre.

 

Mais comme je l'ai dit, l'UE a tout de même sa propre dynamique, on l'a vu avec Trump. Tant que le suzerain va dans le sens des croyances des hurluberlus qui gèrent l'UE tout va bien, en cas contraire c'est la guerre. On notera d'ailleurs que les aspects économiques semblent en fait secondaires. Biden vient de violer ouvertement les principes libéraux du non-interventionnisme économique avec ses 400 milliards de subventions pour les entreprises américaines et pourtant cela n'a guère motivé l'UE pour réagir. Par contre on peut parier sur une réaction immédiate si par exemple Biden interdisait le mariage gay. La haine contre Trump n'a jamais vraiment porté sur ces orientations économiques, mais bien plutôt sur son orientation conservatrice sur le plan des mœurs. On pourrait d'ailleurs se demander si au fond la vraie haine contre la Russie de Poutine ne vient pas uniquement de ça. Une divergence de vues sur ce qui doit ou non être la norme de la vie en société.

 

La zone euro en déficit depuis les mesures anti COVID

 

Il s'agit là tout de même de quelque chose de très curieux. Comme Emmanuel Todd l'avait lui-même tristement remarqué, il est très inquiétant de voir des sujets aussi secondaires que le mariage gay ou les transsexuels devenir à ce point des fondamentaux de la relation entre les nations. Les nations peuvent négocier lorsqu'il s'agit de choses concrètes, géopolitique, frontières, accords commerciaux, etc. Lorsque l'on entre dans le domaine des mœurs, on sort complètement de l'esprit qui a géré les affaires humaines en occident puis dans le reste du monde depuis le traité de la paix de Westphalie. On revient en réalité à la période précédente en Europe où la religion et les affaires de mœurs pouvaient être considérées comme un casus belli sérieux. Non qu'il n'y ait plus eu de guerre religieuse après la fin de la guerre de Trente Ans. Mais pour les grandes puissances d'alors ce n'était plus une priorité ni même un sujet de discussion. L'Europe avait payé un prix bien trop lourd aux délires mystico-religieux des conflits entre protestants et catholiques.

 

Or nous le voyons aujourd'hui, cet esprit de Westphalie a disparu en occident et particulièrement en Europe qui l'avait pourtant vu naître. Depuis la fameuse guerre de Yougoslavie et du Kosovo en particulier les bons sentiments apparents et les croyances redeviennent des justifications à la guerre. Il n'y a rien de plus dangereux que ça, mais peu importe le passé, nous nous croyons plus malins et moraux aujourd'hui. Cependant lorsqu'il s'agit de croyance la paix n'est plus possible, car il est impossible de trouver un terrain d'entente sur des questions qui sont par définition des croyances sans fondement rationnel.

 

L'UE contre le nucléaire et la voiture thermique

 

Et cette question du retour des croyances et même de nouvelles formes de religions dans les affaires publiques ne prend pas seulement le chemin de la géopolitique. En effet nous pourrions dire aujourd'hui qu'il y a plusieurs types de croyances indiscutables qui gouvernent aujourd'hui l'Europe de Maastricht. On pourrait définir en quelque sorte la religion qui gouverne l'Europe comme un nouveau paganisme formé de plusieurs divinités . La divinité la plus importante c'est celle de l'Union européenne elle-même, fondé sur l'idée qu'ensemble nous sommes plus fort. Peu importe que les faits disent leur contraire, il s'agit d'une croyance par définition insensible au discours rationnel. La seconde divinité est Gaïa, notre mère la terre n'est-ce pas ? Il est assez facile de voir le côté religieux de l'écologie actuelle. Et je ne parlerai même pas du véganisme extrémiste, des animalistes, ou encore des mouvements plus ou moins sérieux sur des méthodes agricoles alternatives. Elle a même ses apôtres comme la sainte Gréta Thunberg. Pour sauver Gaïa tout est bon, même jeter à la poubelle des millions de travailleurs et faire exploser l'inflation en conduisant des millions de gens à la famine. Tout ce qui concerne Gaïa est indiscutable et ses représentants sont ornés d'une auréole d’infaillibilité. En fin, la dernière divinité pourrait être un équivalent moderne de Dionysos, la liberté sexuelle absolue, l'hubris et l'incapacité à accepter l'état de nature. Il s'agit là bien sûr des délires woke concernant les transsexuels, les mariages gay et toutes ces formes de courses contre les contraintes que la nature nous a imposées. Vous n'êtes plus un homme ou une femme, vous devez être ce que vous voulez. Symbole même de l'hubris qui caractérisait le culte de Dionysos ainsi que l'obsession pour les questions concernant la sexualité.

 

Si l'on admet que l'UE n'est pas un ensemble politique conduit par des motivations rationnelles, mais par des dogmes religieux, son comportement devient tout de suite plus cohérent et plus compréhensible, même si complètement irrationnel par nature. L'Europe a pris des mesures contre la Russie certes pour la punir de l'attaque en Ukraine, mais surtout parce que Poutine c'est le mal . C'est un païen qui refuse la bonne parole de la modernité wokiste, qui ne veut pas du mariage gay et qui n'aime pas les transsexuels. Quand Trump était au pouvoir, il fallait le combattre pour les mêmes raisons et aussi au nom de Gaïa parce qu'il osait remettre en doute le réchauffement climatique d'origine anthropocentrique. Et pour le Brexit, même chose, la Grande-Bretagne a fauté en mettant en question les dogmes sur la nécessité de l'unicité de l'Europe face à un monde plein d'ennemis et de païens. Après comme toutes religions, cette version moderne du paganisme a aussi ses contradictions. L'un des piliers de l'UE qui est la libre circulation des personnes et une forte appétence pour l'immigration pose problème. En effet, l’essentiel des migrants est musulman en Europe . Or ils n'adhèrent guère aux delirium sociétaux européens. Ce n’est pas grave, on va simplement les ignorer, après tout la religion c'est l’opium du peuple, ce qui compte vraiment c'est l'intérêt des rentiers et des bourgeois. C'est ainsi que l'UE wokiste peut se retrouver à financer des associations extrémistes d'obédience musulmane alors même qu'elles sont le contraire de ce que prônent par ailleurs les « valeurs » de l'UE. N'y voyait pas de contradiction, les voies de dieu sont impénétrables.

 

On en vient au dernier point, les questions industrielles et techniques. Alors qu'il est évident aujourd'hui pour l'ensemble de l'humanité que le nucléaire est la seule énergie de masse capable de compenser en partie l'épuisement des énergies fossiles, l'UE se lance en guerre contre celle-ci. Elle vient d'envoyer paître l'alliance de pays que la France avait assemblé pour défendre le nucléaire comme énergie décarbonée, ce qu'elle est pourtant objectivement. En effet, l'UE a décidé grâce à son infinie sagesse que le nucléaire n'était pas une énergie renouvelable. On rappellera au passage que les énergies renouvelables n'ont pas de sens scientifique. Et qu'il est impossible intellectuellement d'accepter que les panneaux solaires et des éoliennes soient considérés comme renouvelables alors que leur durée de vie est courte et qu'ils sont en grande partie non recyclables. Sans parler du fait qu'ils consomment d'énormes quantités de matière première, dont beaucoup de matériaux rares, bien plus que les centrales nucléaires pour produire la même quantité d'énergie. Donc pour réduire les émissions de CO2 l'UE va faire des panneaux solaires et des éoliennes chinoises et comme ces énergies sont intermittentes elles seront complétées par du gaz que nous n'avons pas et du charbon. Tout ceci est absurde.

 

Et le plus drôle c'est que dans le même temps l'Union européenne vient de décider de faire interdire les véhicules thermiques pour 2035 . Montrant ainsi que l'Allemagne ne dirige pas totalement ce club de cinglé. Ils prennent cette décision alors que le continent n'a ni les capacités de production pour ces véhicules. C'est la Chine qui produit l'essentiel des batteries et des véhicules électriques sur terre. Ni les moyens de les faire tourner. Rappelons que rien qu'en France qui est une exception énergétique en Europe grâce à son parc nucléaire, il faudrait au minimum doubler notre production d'électricité pour pouvoir faire rouler tout le parc de voiture à l'électrique. Ce n'est pas le maigre plan de Macron visant à construire six EPR qui pourra combler le trou. Il ne pourra d'ailleurs même pas compenser les fermetures des centrales déjà en activité. Comme vous le voyez, il est impossible de parler de rationalité dans les décisions prises par l'UE. On ne peut même pas parler de corruption extérieure. Les USA ne sont pas intervenus dans ces décisions énergétiques absurdes. On a affaire à des croyances, une accumulation de petites idées reçues devenue un énorme flot de connerie. Je deviens vulgaire, car il s'agit là de quelque chose d'extrêmement grave. Il en va véritablement de l'avenir de nos peuples. Et une fois n'est pas coutume, je fais appel à la sagesse des Français et à leurs cervelles. Nous devons quitter cet asile de fou qu'est devenue la construction européenne, c'est une question de vie ou de mort maintenant.

 

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20 mars 2023 1 20 /03 /mars /2023 16:10

 

Au moment où j'écris ce texte, nous ne savons toujours pas si le gouvernement est victime d'une motion de censure vis-à-vis de son énième 49-3 visant à imposer sa « réforme » des retraites qui consiste surtout en pratique à baisser les pensions des futurs retraités. En effet étant donné la réalité économique française d'un chômage de masse que le gouvernement camoufle, surtout pour les plus âgés. La hausse du temps de cotisation revient simplement à diminuer le nombre d'annuités qu'auront les futurs retraités et donc à baisser leurs retraites. Cela les Français l'ont bien compris parce que contrairement à ce que pensent les dominants, la majeure partie de la population n'est pas idiote. On remarquera d'ailleurs la piètre habileté de ce gouvernement qui a mal préparé le terrain par des campagnes de communication sur le plein emploi et le manque de main-d’œuvre. C'est-à-dire qu'ils savaient très bien qu'ils ne pouvaient pas augmenter directement la durée de cotisation sans avoir préalablement construit un mythe autour du plein emploi. Macron s'est donc évertué à d'abord éjecter massivement les chômeurs des catégories officiellement comptés comme chômeur avant de proposer de repousser l'âge de la retraite.

 

Quoiqu'il en soit, il semble que la population ne soit pas dupe. L'on voit aussi dans cette question de l'âge de la retraite une accumulation de colère d'un peuple qui sent instinctivement qu'on le mène à l’abattoir. Mais il faut bien prendre garde à ne pas tomber dans le piège de la personnalisation. Car Macron n'est pas le problème, il n'est que l'un des nombreux maillons de la chaîne néolibérale qui a démoli ce pays depuis les années 70 . Sans vouloir jouer les oiseaux de mauvais augure même si le gouvernement Macron tombe, rien ne risque de changer. Car le mal est profond. En premier lieu, aucun des grands partis, à l'heure actuelle, susceptibles de profiter de la chute du macronisme n'est réellement structuré pour une rupture avec les politiques de ces quarante dernières années. Ils arrêteront peut-être cette mesure sur les retraites, mais quid du chômage ou du déficit commercial ? Pour agir réellement et réindustrialiser le pays, il faut d'abord une rupture avec la mécanique qui a conduit la France à mettre en place ces politiques. Or ce cadre-là n'est jamais attaqué même par les opposants les plus bruyants à l'image de Mélenchon.

 

Sortir du néolibéralisme et de l'UE

 

Il faut bien comprendre que les néolibéraux et les politiques qui ont mis en place cette doctrine ne l'ont pas fait bêtement en faisant gagner politiquement leur camp. Le néolibéralisme est avant tout une structure de contrainte que les hommes politiques d'alors ont mise en place discrètement, mais avec férocité. Il s'agissait à partir des années 70 de mettre un cadre qui impose les politiques néolibérales. C'est la fameuse phrase de Margaret Thatcher « There is no alternative ». Car les néolibéraux s'ils pensaient que leurs politiques étaient meilleures pour l'humanité, car oui certains le pensaient, ils savaient tout de même pertinemment que cela bloquerait au niveau politique. Car il faut pouvoir se faire élire quand il y a des votes. Dans certains pays comme le Chili ce fut plus simple, on a renversé le gouvernement élu et mis un dictateur appliquant les recettes néolibérales sans opposition. Mais il était impossible de faire ça en Europe ou aux USA. Il a donc fallu mettre en place un système général qui ne donne pas le choix à la population.

 

Cette contrainte principale est évidemment en premier lieu la dette. Si les années 70 sont si importantes, c'est parce que c'est à cette époque qu'on passe d'un régime d'endettement public passant par les banques centrales à un système passant par les marchés financiers. Il est important de comprendre que c'est la première arme qui a permis l'imposition du néolibéralisme. Les effets ont mis du temps à se faire sentir parce qu'au départ la situation économique était très bonne avec des comptes publics au vert. Mais plus le temps a passé et plus cette contrainte s'est avérée fondamentale dans le dispositif de coercition sur les politiques publiques. On le voit encore aujourd'hui, Macron s'appuie sur la peur des réactions des marchés financiers pour imposer sa réforme stupide. On notera toutefois qu'il s'en inquiétait moins lors de la crise du Covid, quand il a fait exploser la dette publique pour compenser l'absurde mesure du confinement généralisé. Et n'oublions pas les intérêts qui s'accumulent au fil du temps . Comme le disait Keynes, la force des taux d'intérêt composés est extrêmement puissante . Et un état qui emprunte sur les marchés à 3% au lieu de 0 à sa banque centrale met les pieds dans un engrenage sans fin de dette irremboursable à la fin. Le mettant totalement à la merci des milliardaires et des multinationales.

 

Ceux qui font miroiter la peur du marché ignorent bien souvent que notre économie n'a pas toujours fonctionné avec des marchés financiers. Après guerre, et jusque dans les années 70, la bourse de Paris était absolument sans intérêt pour le fonctionnement du pays. L'état empruntait à la banque de France pour faire du financement public et ça marchait très bien. Il faut bien comprendre que l'argent se fabrique, on peut en faire autant qu'on veut . Évidemment il faut que l'augmentation de la masse monétaire soit proportionnée aux besoins de l'activité sinon vous faites de l'inflation, mais c'est la seule véritable limite. Laisser à des acteurs privés sur les marchés le soin de dire si une politique publique est valable ou non est en soi étrange et même profondément antidémocratique. C'est d'ailleurs le cœur du malaise en occident à mon humble avis. Nous vivons dans une société schizophrène qui d'un côté promeut officiellement l'égalité des citoyens, le droit de vote et les élections. Alors que de l'autre côté en pratique ce sont les puissances d'argent qui décident des politiques officielles. Comme si elles étaient porteuses naturellement de l'intérêt général et d'une sagesse dont serait dépourvu l'ensemble des citoyens. Et le néolibéralisme c'est avant tout ça, une prise de décision qui échappe aux citoyens. Et le rôle de l'emprunt sur les marchés financier au lieu de la banque centrale est le pilier de cet édifice autoritaire.

 

Évidemment, au-delà de la question des marchés financiers pour financer les investissements publics, il y a le libre-échange et la libre circulation des capitaux. Le libre-échange est la mécanique qui va permettre d'imposer un abaissement des conditions salariales aux Français. Cette réalité commence quand même à être bien comprise par la population. Et la remise en cause du libre-échange par leurs anciens principaux promoteurs à la savoir, les USA, va petit à petit permettre de remettre au goût du jour l'idée de protectionnisme dans les politiques publiques. L'absence de réaction européenne face au protectionnisme américain semble également participer à l'ébranlement dans les certitudes sur l'utilité réelle de cette construction politique absurde. En effet, si l'UE ne protège pas les Européens dans de telles circonstances d'attaques directes des USA à quoi sert-elle ? Même chez les plus délirants européistes, la question va finir par se poser.

 

La question de la liberté de circulation des capitaux est par contre beaucoup moins soulevée. Généralement, les critiques du système se contentent de pleurer sur les méchants paradis fiscaux qui privent les états de nombreuses ressources fiscales. Ce qui est vrai bien évidemment. Mais c'est oublier un peu vite qu'il y a toujours eu des pays avec des fiscalités différentes. Cela n'a rien de nouveau. La Suisse avait déjà une plus basse fiscalité que la France dans les années 60, mais ça ne gênait personne. Et pour cause on ne pouvait pas sortir de grosses quantités de capitaux du pays comme aujourd'hui. La liberté de circulation des capitaux n'a jamais eu qu'un seul but, imposer les baisses fiscales par la contrainte de la concurrence fiscale. Dans un régime économique dans lequel les capitaux peuvent s'installer librement où ils veulent, il était bien évident que les états se lanceraient dans une compétition d'amoindrissement des fiscalités pour attirer les capitaux chez eux. Là encore on le voit, les politiques publiques dans le cadre néolibéral sont ipso facto construites par la contrainte de la dérégulation. Comme disait Thatcher « There is no alternative » .

 

Donc comme vous pouvez le voir dans cette rapide analyse, Macron n'est pas Le problème. Il n'est que le sous-produit d'un régime politique qui a inscrit une politique économique impossible à changer dans le cadre fabriqué dans les années 70-80 . C'est d'abord ce cadre avec lequel il faut rompre sans quoi vous êtes indéfiniment condamné à refaire des politiques néolibérales visant à abaisser le coût du travail, les impôts pour les plus riches, etc.. Évidemment cela veut dire également qu'il faut rompre avec l'UE et l'euro qui sont en pratique des contraintes néolibérales plus fortes encore puisque là l'état n'a même plus la possibilité de dévaluer . Vous comprenez pourquoi le possible effondrement du gouvernement ne m'émeut guère. Ce n'est pas que j'ai de la sympathie pour Macron, bien au contraire. C'est que j'y vois surtout un piège pour la population qui risque de se tromper en pensant que le simple changement d'homme politique ou même de régime peut résoudre nos problèmes. Seule une conscience politique forte qui prend corps à travers un mouvement politique réel pourrait changer la donne. À l'heure actuelle trop peu de gens et de politiques veulent réellement une rupture de fond sur l'Europe et le néolibéralisme. On peut même douter que les Français le veuillent vraiment.

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15 mars 2023 3 15 /03 /mars /2023 20:36

 

Une nouvelle panique semble toucher le système bancaire occidental, avec la faillite de la Silicon Valley Bank cette fois. Et immédiatement, on repense à la faillite de Leman Brothers sauf que cette dernière était une banque nettement plus importante à l'époque. Mais le fond du problème qui était l'insolvabilité du système bancaire américain et occidental en général est toujours là même si les acteurs et les sources de problèmes potentiels ont changé. À l'époque ce sont les subprimes qui ont causé les faillites en cascade, la baisse des prix de l'immobilier entraînant la fin de l'enrichissement fictif d'une bonne partie des Américains qui achetaient des biens immobiliers à crédit en espérant des reventes rapides à des prix intéressant en surfant sur la bulle immobilière. Malheureusement, la baisse des prix et la remontée des taux seront fatales à ce système et entraîneront la crise que l'on connaît de 2008-2010 . L’interconnexion délirante entre les différents pays du monde exportant la crise américaine à l'ensemble de la planète. L'effondrement de la demande intérieure américaine qui vit une baisse de moitié de son déficit commercial extérieur plongera les gros exportateurs comme l'Allemagne et la Chine dans une crise.

 

À l'époque pour sauver le système, la plupart des dirigeants occidentaux ont fait des injections massives de liquidité. Il ne s'agit pas ici de critiquer cette action, il fallait sauver les banques, car en cas contraire nous nous serions retrouvés dans un mécanisme massif de bank run. Les gens n'ayant plus confiance dans leur banque retirent leurs avoirs; or comme les banques prêtent toujours beaucoup plus que ce qu'elles n'ont en réserve, elles n'auraient tout simplement pas pu répondre à la demande des clients. Accélérant ainsi le processus de fuite en dehors du système bancaire. Les entreprises et les particuliers se seraient rapidement retrouvés sans moyen de paiement sous aucune forme. Autant vous dire qu'à moins d'avoir un sac d'or enterré sous votre jardin, et encore faut-il pouvoir changer l'or en monnaie, on se serait très vite tous retrouvé sans moyen pour manger, ou payer nos loyers et nos diverses obligations. Les crises de bank run sont extrêmement dangereuses pour une société. On l'a malheureusement vu récemment en Argentine ou chez ces pauvres libanais. Il est donc tout à fait normal que les états interviennent rapidement dans ces situations. La crise de 1929 aura au moins servi à ça comme leçon.

 

Cependant si l'on se souvient bien de la dernière fois, les dettes des banques ont tout simplement été transférées dans le domaine public par la dette. Pour la France de Nicolas Sarkozy, cette sauvegarde des banques s'est traduite par un doublement de la dette publique. L'on vous ressort régulièrement l'argument de la dette insoutenable pour justifier les « réformes » néolibérales qui consistent généralement à démolir les services publics. Sauf que les politiques oublient généralement de dire d'où vient cette fameuse dette. Et là c'est quelque chose qui pourrait pourtant largement justifier une colère noire de la population, si celle-ci avait réellement conscience de l'arnaque géante dans laquelle elle est enfermée depuis des décennies. Car s'il fallait bien sauver les banques, celles-ci auraient au moins dû être nationalisées et restructurées. Certains pays comme l'Islande durement touchés par la crise de 2008 ont laissé couler leurs banques irresponsables comme Icesave. On remarquera que c'est après un référendum que l'Islande décidera de ne pas couvrir les pertes de la banque privée, ce qui fait rager l'establishment anglais et néerlandais. Mais sauver cette banque par l'endettement public revenait à faire prendre les responsabilités d'une entité privée à l'ensemble de la population islandaise qui n'y était pour rien dans les imbécillités spéculatives de la banque en question.

 

Dans le reste de l'Europe et en France en particulier il n'y a eu aucun débat sur la question. Tout s'est passé comme s'il était naturel qu'un système économique qui prétend sans cesse valoriser la responsabilité individuelle pour les salariés et les citoyens puisse se comporter d'une façon quasiment communiste quand il s'agissait de sauver les intérêts des puissances d'argent. Et évidement la cerise sur le gâteau fut qu'il n'y a eu aucune espèce de réforme de sur le fond, ni aucune réaction de grande ampleur . On a demandé au contribuable de payer sans poser de question et sans aucune conséquence pour les principaux responsables économiques de cette situation. Il s'agit là probablement d'un des plus grands scandales de l'histoire économique. Un scandale assez révélateur du système de prédation qu'est l'économie néolibérale. On a eu un bel exemple de privatisation des profits et de socialisation des pertes.

 

La finance occidentale malade de la dérégulation

 

Évidemment comme rien de fondamental n'a changé depuis en dehors de l'endettement des états qui atteint maintenant des proportions gargantuesques, il était évident que nous risquions à nouveau de nous retrouver dans ce type de crise. C'est peut-être le cas à l'heure actuelle puisque les valeurs bancaires commencent à chuter, y compris à Paris. L'action de BNPparibas vient d'être gelée après une chute de plus de 8%. Le vénérable Credit Suisse est dans une situation catastrophique tout comme la Société Générale. Alors pour l'instant rien ne dit que nous allons dans la même direction qu'en 2008, mais la situation économique est tellement plus mauvaise qu'à l'époque entre l'inflation, la crise ukrainienne et les conséquences économiques des mesures absurdes contre le COVID, qu'on peut sérieusement être inquiet. Et surtout on se demande comment les états et les banques centrales déjà largement dans le rouge vont pouvoir cette fois sauver des banques dont les avoirs dépassent parfois le PIB de leur propre pays d'origine.

 

Mais quelle est l'origine de ces crises financières à répétition ? Le premier facteur est la très mauvaise situation des anciens pays industrialisés. On en a parlé régulièrement sur ce blog sans avoir à y revenir. La désindustrialisation a entraîné de grands déséquilibres extérieurs et la croissance n'est plus fabriquée que par des bulles de dette publique et privée qui stimulent la consommation. À l'exception de l'Allemagne et de quelques autres pays qui compensent leurs déficits extérieurs avec les nouveaux pays industrialisés comme la Chine par des excédents avec d'autres anciens pays industrialisés, le reste de l'occident est enfermé dans une spirale de déficits commerciaux. Les USA, la Grande-Bretagne et la France formant le trio de tête des pays surendettés déficients commercialement. Évidemment ce sont ces dettes qui permettent aussi aux nouveaux pays industrialisés de croître dans une espèce de jeu malsain d'interdépendance déséquilibrée entre consommation occidentale et exportations asiatiques. On sent qu'une telle organisation économique ne peut que s'effondrer un jour avec fracas.

 

Mais si le fond de l'économie est mauvais, l’instabilité financière n'est pas due qu'à ça. Elle est littéralement consubstantielle à la dérégulation que les politiciens occidentaux et particulièrement anglo-saxons ont imposée depuis les années 70. Car les crises ont été nombreuses depuis les années 70 avec des gravités sans cesse croissantes. Le premier facteur est l'apparition de banques universelles qui font tous les métiers . En particulier le mélange de banques commerciales et de banques financières qui avait pourtant été abandonné au lendemain de la crise de 1929. En effet, Roosevelt en 1933 fit signer le célèbre accord du Glass-Steagall Act visant à séparer ces deux activités pour éviter que les errements des banques commerciales ne puissent empoisonner les dépôts des épargnants ne cherchant pas des taux d'intérêt élevés et donc risqués. Malheureusement sous Clinton, il fut abandonné. En Europe dès l'acte unique européen nous vîmes la réapparition de la banque universelle avec tous les risques que cela signifie en cas de crise. Encore une fois, les leçons du passé ont été oubliées.

 

Mais le facteur supplémentaire par rapport aux crises des années 30 est l'interdépendance absurde qui a été créée par la création de banques universelle et aussi multinationale. Cette fois non seulement on a mélangé tous les métiers de la finance, mais en plus on a dérégulé la circulation des capitaux à travers la planète, créant ipso facto les conditions maximums pour voir l'apparition et l'extension rapide des crises à travers toute la planète. L'explosion d'une petite banque d'affaires dans une région des USA peut ainsi entraîner l'ensemble de la finance mondiale vers l'effondrement par un jeu de domino absurde produit par l'accumulation de dettes et d'avoir planqués un peu partout sur la planète en particulier dans les paradis fiscaux. Comme dans le cas du commerce l'extrême interdépendance produit plus de mal que de bien et fait courir des risques démesurés à l'économie nationale . C'était d'autant plus vrai que la France n'a jamais eu besoin de la finance internationale. Ce fut un choix totalement idéologique fait dans les années 70-80. À une époque où l'épargne du pays était abondante et où nous avions une balance commerciale à l'équilibre.

 

Alors est-ce que cette crise est la CRISE ? Celle qui produirait l'effondrement des économies occidentales surendetté provoquant soit une hyperinflation, soit un défaut sur les dettes? Phénomène qui aurait comme effet l'effondrement du dollar et de l'euro. C'est difficile à dire, il y a énormément de facteurs et personne en réalité ne contrôle plus rien. Et s'il y a bien une leçon à apprendre de tout ceci, c'est que le premier effet du libéralisme, c'est bien la promotion du chaos et de l'instabilité. En supprimant les frontières dans tous les secteurs, vous favorisez mécaniquement l'ingouvernabilité. C'est un énième exemple de ce dont je parlais dans mon texte “L'économie chaotique et la crise porcine” . Je prenais comme base la science de l'automatique que je connais bien pour expliquer le rôle de l'interdépendance excessive dans la gouvernabilité ou non d'un système. Et le globalisme, loin de produire du contrôle comme le rêvent les hurluberlus du laissez-faire, conduit bien au chaos total. Il va nous falloir maintenant brûler des cierges et voir comment les choses évoluent, cela vaut bien un discours de Bruno Le Maire sur les questions économiques.

 

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9 mars 2023 4 09 /03 /mars /2023 14:52

 

Si l'UE est un échec patent montrant l'impossibilité de construire une nation artificiellement . L'objectif d'origine de la construction européenne d'une partie de nos élites n'était pas pour autant totalement absurde. En effet, depuis le milieu des années 70 à travers l'abandon du système du Gold Exchange Standard qui garantissait que le dollar en tant que monnaie d'échange international pouvait être convertible librement en or, les USA ont exercé une pression économique croissante sur nos pays. En effet, comme l'avait si bien dit John Connally avec cette formule simple, mais réaliste :« Le dollar c'est notre monnaie, mais votre problème ». Sous-entendant par là que les USA à partir de l'abandon de l'étalon or pouvaient librement imprimer de la monnaie et en faire payer le coût inflationniste par les autres puissances obligées d'avoir des dollars en réserve pour l'achat de biens et de matières premières à l'international. Et cette réalité nous continuons à la vivre aujourd'hui . Si Biden peut se permettre de mettre 400 milliards de subventions pour attirer les entreprises européennes chez eux en faisant du pillage c'est bien parce qu'ils n'ont en apparence aucune limite budgétaire liée à leurs équilibres extérieurs. Et les USA abusent largement, peut-être trop nous le verront un de ces jours, de leur avantage monétaire. Ils peuvent acheter le monde entier en imprimant des dollars dont la valeur n'a plus aucun rapport avec la réalité économique des USA qui sont totalement désindustrialisés. Cette désindustrialisation est d'ailleurs un effet secondaire du rôle de monnaie de réserve. À quoi bon produire quelque chose quand vous pouvez tout importer gratuitement ? On le voit dans le grand mécano absurde de la globalisation, les USA se sont spécialisés dans la relance de la demande planétaire par l'injection monétaire. Qu'ils viennent à rééquilibrer leur balance des paiements et c'est la déflation planétaire et la récession qui frappe l'humanité ! Enfin, tant que nous acceptons ces règles du jeu absurdes.

 

Le rôle de monnaie de réserve du dollar est le principal problème de l'économie mondiale avec la dérégulation financière et commerciale qui est allée de pair avec l'abandon du système de Bretton Woods à partir de 1973. Dans les années 70, les Européens ont réagi à l'attaque américaine par la création du SME (Système monétaire européen) . Ce système était un panier monétaire dans lequel les monnaies européennes devaient limiter leurs fluctuations. Car avec l'abandon du système régulé de Bretton Woods est arrivée aussi la dérégulation financière. Un système qui a permis aux USA de pomper l'épargne de l'Europe et du Japon a l'époque pour financer les énormes dépenses militaires du pays. Rappelons que la guerre du Vietnam a duré jusqu'en 1975 et le coût pour les USA fut pharaonique près de 700 milliards en dollar constant. Le résultat pour les USA fut dès la fin des années 60 la hausse du déficit extérieur. C'est à cause de cette situation que Richard Nixon mit fin à la convertibilité du dollar en or et qu'il dérégula la finance. En gros il voulait que le Japon et l'Europe financent la guerre américaine. L'origine de l'inflation des années 70 c'est ça, bien plus que les chocs pétroliers.

 

Le SME fut donc la réponse malheureuse au phénomène du dollar comme monnaie impériale. Comme ce dernier baissait à cause des déficits commerciaux, les autres pays qui exportaient aux USA faisaient aussi baisser les leurs. C'est par cette mécanique de lien consommateur-producteur que les USA purent piéger les Européens et les Japonais. Je me souviens d'un vieux documentaire des années 90 où l'on voyait Donald Rumsfeld parler de ce problème. Un journaliste lui demandait s'il n'était pas dangereux pour les USA d'importer de dépendre autant du Japon. C'était l'époque du Japon triomphant. Et Rumsfeld lui répondit simplement « Qui dépend de qui en réalité? . Si les USA n'importent plus de voitures japonaises, leur industrie s'effondre ». On le voit, les élites américaines ont bien compris que leur Empire c'est avant tout un empire de consommation. Et qu'ils tiennent les autres par leur dépendance aux exportations. Que nous en venions à nous passer de leur marché et c'est la fin de l'empire ! Mais à aucun moment les Européens ou les Japonais ne se sont dits et si l'on mettait fin à la libre circulation des capitaux par exemple. Méthode simple pour mettre fin à la spéculation monétaire. Certains pays d'Asie firent pourtant ça avec succès lors de la crise asiatique de 1998. L'économiste Joseph Stiglitz avait d'ailleurs à l'époque bien souligné dans son livre « La grande désillusion » à quel point les pays qui avaient remis le contrôle des changes en place s'en étaient mieux sortis que ceux qui avaient lutter contre la spéculation financière à coup d'injection monétaire des banques centrales. Mais en 1972-73, l'ère était au retour de l'idéologie libérale qui avait pourtant fait tant de dégâts dans les années 1920-30. Les leçons du passé avaient été oubliées, et Roosevelt mangeait les pissenlits par la racine. Les dirigeants européens d'alors ne pouvaient plus imaginer un monde sans le commerce avec les USA et avec un contrôle de la circulation des capitaux. Ils imaginèrent donc une autre solution, ce fut ce fameux SME qui deviendra plus tard l'euro.

 

L'euro est une réponse idiote à la spéculation monétaire

 

Le SME était un système qui mettait les monnaies dans un tunnel de valeur dont les monnaies nationales n'étaient pas censées sortir. Ainsi les valeurs ne devaient pas fluctuer de plus de 2,2 % de la valeur de base. Il y avait un encadrement qui rendait les banques centrales solidaires entre elles. Mais ce système a eu beaucoup de problèmes qui préfiguraient déjà la catastrophe que serait l'euro. Et les marchés ne s'y trompaient pas . Au début des années 90, il y eut des attaques spéculatives contre la lire italienne et la livre sterling pourtant membre du SME. À l'époque la Bundesbank et la banque de France dépensèrent des sommes colossales pour maintenir les valeurs monétaires et sauver ce système absurde. On notera que c'est à cette époque que le tristement célèbre George Soros fit fortune en spéculant contre les monnaies européennes. Un simple retour au contrôle des changes et de la circulation des capitaux aurait mis fin à ces absurdités, mais comme toujours la déraison libérale a continué. Comme quoi l'affaire du stupide marché européen de l'électricité n'est que la continuation d'un même dogmatisme absurde. Enfin pas si absurde puisque la libre circulation des capitaux a permis l'évasion fiscale légale et la destruction progressive des systèmes sociaux nationaux européens comme en rêvaient les néolibéraux.

 

Vous connaissez la suite. Le vote de Maastricht entérina malheureusement la transformation du SME en zone euro aggravant encore du même coup les contraintes sur les pays membres. Dans le cadre du système mis en place par les USA et leurs satellites à partir de 1973, la variation des taux de change était pourtant désormais le seul mécanisme d'adaptation aux variations des balances des paiements. En bloquant ce dernier mécanisme d'ajustement, ce sont bien les autres intrants macroéconomiques qui vont devenir des variables d'ajustement. La croissance du PIB, et le taux d'emplois deviendront de facto les variables d'ajustement du marché commercial européen. La crise grecque fut un bel exemple en la matière . Pour réajuster la balance commerciale du pays, on a tué son économie et fait exploser la pauvreté alors qu'il aurait simplement fallu que la Grèce dévalue en sortant de l'euro. On notera qu'à chaque fois les bourgeois des pays en crise choisissent la pire des solutions parce qu'ils ont une peur massive de l'inflation et du retour de la hausse des salaires. À travers les péripéties du SME et de la monnaie unique, on a un grand exemple pratique de lutte des classes systématique puisque l'intérêt des rentes financières ou autres passent toujours avant celui des travailleurs et même des intérêts nationaux à proprement parler.

 

Et si on transformait l'euro en monnaie commune

 

Alors nous allons pour une fois spéculer un peu. Comme vous le savez, je suis clairement en faveur d'une sortie pure et simple de l'UE et de la zone euro. Cependant est-ce que cela veut dire pour autant qu'on ne pourrait pas théoriquement changer l'euro pour en faire quelque chose d'intelligent et intéressant pour les peuples d'Europe ? Après tout le problème du dollar et de la spéculation financière resteront même si nous sortons de l'euro. À part si la France rompt vraiment avec l'idéologie libérale et remet en question aussi la libre circulation des capitaux, mais c'est un autre débat. Supposons donc que les Européens aient envie de résoudre leurs problèmes et cherchent réellement à sortir de la tutelle mortifère américaine. Comment faire pour rendre l'euro supportable par toutes les économies ? Et comment faire même pour rendre cette monnaie enfin utile à la population du continent en lieu et place d'une machine à démolir nos économies ? Et bien c'est assez simple, on en fait une simple monnaie de réserve et de change internationale.

 

On transformerait la monnaie unique, en monnaie commune. Chaque pays reprendrait donc son indépendance monétaire. Permettant ainsi aux pays peu compétitifs comme la France de dévaluer. Réduisant ainsi en partie leurs déficits commerciaux et rééquilibrant les balances commerciales entre les pays européens. Et dans le même temps, l'usage de l'euro pour les matières premières importe à la place du dollar en accord avec les pays producteurs. La valeur de l'euro serait fondée sur un panier monétaire composé des différents pays membres de la zone. Nous ne serions plus ainsi les jouets des USA sans pour autant astreindre nos économies à une monnaie totalement inadaptée aux besoins de chaque pays membre de la zone euro. C'est un peu ce que cherchent d'ailleurs à faire les Chinois et les membres des BRICS . Fonder une monnaie internationale ne dépendant, ni de matières premières comme l'or, ni d'une nation en particulier, comme le souhaitait Keynes pendant les négociations de Bretton Woods en 44 . Le fameux Bancor de Keynes n'était rien d'autre que ça, un panier monétaire.

 

Si l'euro avait été conçu de cette manière dès le départ, non seulement nous aurions évité l'eurostagnation économique et les crises à répétition, mais d'autres régions du monde auraient même pu l'adopter comme monnaie de réserve sans pour autant appartenir à l'UE. En étant sans intérêt national, cette monnaie aurait créé une vraie confiance et une certaine stabilité. À terme l'euro aurait même pu se transformer petit à petit en monnaie internationale mondiale à la place du dollar en élargissant le panier monétaire avec de nouveaux membres. Malheureusement, les Européens n'ont pas été à la hauteur de l'histoire. Ce sont probablement les BRICS, Chine en tête, qui mettront fin au privilège exorbitant du dollar. Nous nous contenterons probablement à terme de prendre le train en marche.

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