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11 décembre 2023 1 11 /12 /décembre /2023 16:03

 

 

Nous avons déjà parlé des deux immenses puissances des BRICS que sont la Chine et l'Inde. Je pense qu'il serait d'analyser les cinq grands qui sont à l'origine de cette nouvelle organisation qui prend de plus en plus de place sur l'échiquier mondial. Nous aborderons donc rapidement aujourd'hui le R des BRICS avec la Russie. La Russie qui est étrangement devenue progressivement le pays du mal en occident et ceux qui ont un peu de mémoire contrairement à nos médias se rappelleront que la dégradation des relations entre ce que l'on nomme abusivement l'occident et la Russie ne date pas d'hier. Au lendemain de la chute de l'URSS quand les USA ont cru que la Russie allait totalement se désagréger, ils ont tout à fait accepté un réchauffement des relations. Washington pensait probablement élargir son domaine de domination à toute l'Europe de l'Est à la Russie brisée. Les spin doctors néolibéraux américains qui ont prescrit leurs faux remèdes de cheval à l'économie russe sous Eltsine ont effectivement presque réussi à achever la bête. Malheureusement pour eux ce pays avait encore quelques élites moins dociles et surtout moins naïves quant au comportement américain. C'est dans ce contexte à la fin des années 90 que Poutine arrive au pouvoir dans un pays en grande partie ruiné.

 

La dégradation ne va pas se faire tout de suite, car Poutine loin d'être un anti-Occidental était même plutôt favorable à un rapprochement avec l'UE et les USA. On l'oublie trop souvent, Poutine fut l'un des premiers chefs d'État à soutenir les USA lors de l'attentat du 11 septembre 2001. Et la Russie a rendu possible la guerre en Afghanistan juste après, même si elle a condamné comme Paris et Berlin la stupide guerre en Irak de 2003. La dégradation des relations s'est faite progressivement à partir de cette époque. Si les médias ont joué un rôle important sur cette dégradation, parlant sans arrêt d'une Russie despotique et arriérée, je pense que c'est surtout le redressement du pays qui est en cause. Car la Russie malgré les nombreux problèmes qu'elle a connus n'a pas implosé comme le prévoyaient les officines néoconservatrices américaines. Et c'est de cette résilience qu'est venue la dégradation des relations. Car contrairement aux autres nations européennes, la Russie a un poids et une taille suffisante pour ne pas se soumettre aux intérêts américains. Et c'est bien là le problème, les USA ne veulent pas de partenaires, ils veulent des sous-fifres et des vassaux, comme les membres de l'UE ou la Grande-Bretagne. D'où la dégradation progressive des relations. Avec la guerre en Ukraine rendue obligatoire pour la Russie avec la menace d'une Ukraine rentrant dans l'OTAN puis dans l'UE, la situation s'est en quelque sorte clarifiée. Nous nous retrouvons dans une espèce de guerre froide bis sauf que le camp qui risque de gagner cette fois-ci n'est probablement plus le même. Mais paradoxalement la Russie par son indépendance pourrait à long terme sauver le continent européen en devenant un modèle alternatif lorsque l'empire américain aura cessé d'exercer son emprise sur cette partie du monde. Et n'en doutait pas, cela arrivera, et probablement plus vite qu'on ne le croit.

 

Situation démographique de la Russie.

 

Nous allons donc comme pour l'Inde regarder les chiffres de la situation de la Russie actuelle que ce soit sur le plan démographique ou économique. Comme d'habitude, j'invoque les statistiques de l'excellent site ourworldindata, d'autant que contrairement à l'excellent Jacques Sapir je ne parle pas le russe. Donc aller sur les sites russophones pour avoir les renseignements au plus près des sources dans ce cas m'est impossible, vous m'en excuserez. Commençons par les statistiques préférées d'Emmanuel Todd, celles de l’espérance de vie et de la mortalité infantile. Sur l'espérance de vie si l'on voit une forte augmentation après la Seconde Guerre mondiale qui montre une amélioration des conditions de vie en Russie. Le pays décroche de l'occident à partir du milieu des années 60. Ce décrochage est en mettre en parallèle avec les réussites et les échecs du communisme en URSS très bien analysé par les historiens et les économistes en particulier par Paul Bairoch. On l'a un peu oublié, mais à ses débuts l'URSS fonctionnait très bien avec des taux de croissance économique supérieurs à ceux de l'occident. C'est d'ailleurs ce qui a nourri en grande partie la peur du rouge. L'URSS semblait avoir construit un modèle alternatif réellement viable au capitalisme américain dominant à l'Ouest même si les pays européens eux étaient plutôt des économies mixtes.

 

 

Cette réussite concernait en fait essentiellement les industries lourdes qui ont apparemment été très compatibles avec une organisation centralisée de la vie économique. Les problèmes apparaissent dans les productions plus complexes et moins centralisées. L'URSS va peiner dans les industries comme l'automobile puis dans les semi-conducteurs. C'est probablement à mettre sur le dos de la complexification massive des chaînes de production qui rend ce type de production hautement complexe pour un système centralisé surtout à une époque où l'informatique était encore balbutiante. L’espérance de vie semble étonnamment suivre cette évolution avec une hausse jusqu'au début des années 60 puis un fort ralentissement jusqu'à la baisse dans les années 70. Baisse qui donnera l'indice à Emmanuel Todd sur l'effondrement prochain de l'URSS. Cependant, si cette baisse était un indice d'une dégradation lente du système soviétique, la très forte baisse dans les années 90, elle, va traduire l'effondrement de l'organisation économique. Mais cet effondrement ne durera pas, heureusement pour le pays. L’espérance de vie recommence à grimper avant même l'arrivée de Poutine au pouvoir en 1999. Traduisant probablement une amélioration de la situation économique, ne serait-ce que parce qu'un plancher avait été atteint. Et n'oublions pas que la Russie a pu compter aussi sur ses immenses ressources naturelles pour rebondir.

 

 

Depuis la fin des années 90 et même si la Russie est en retard à cause en grande partie de son histoire soviétique, le pays connaît une nette amélioration de l’espérance de vie. La baisse de 2021 est évidemment liée à la crise du COVID, qui, dans ce pays comme ailleurs, a déséquilibré un peu l'évolution naturelle. Mais jusque là on voit clairement une amélioration et un rattrapage des pays les plus avancés. On peut hurler contre Poutine, les faits disent que d'un point de vue démographique sa présidence a été une amélioration des conditions de vie de la population. Si l'on regarde maintenant la mortalité infantile, on retrouve un peu la même chose. La Russie est en fait devant les USA sur ce plan avec une mortalité plus faible que ces derniers et assez proche de la France. Une France qui, elle, connaît par contre une inquiétante hausse de la mortalité infantile. Cela n’apparaît pas bien ici, mais nous sommes maintenant au-dessus de la moyenne de la mortalité infantile européenne depuis 2015 pour être exactes. Aux USA aussi la mortalité infantile augmente d'ailleurs alors qu'ils sont déjà assez mauvais sur ce plan et en voie d'être dépassé par la Chine.

 

Tout aussi intéressant pour mesurer l'amélioration de la situation en Russie depuis vingt ans, regardons les causes de la mortalité. L'époque de la fin de l'URSS fut une période mouvementée avec une forte hausse de la mortalité liée à la criminalité et à la violence. Ce n'est guère étonnant dans une société qui perd ses repères et qui devient instable sur le plan économique. On peut voir cela dans les statistiques sur les causes de la mortalité. Ainsi en comparant les chiffres des causes de la mortalité entre 1993 et 2019 on s’aperçoit d’une très forte baisse des morts ayant pour cause des blessures volontaires. En 1993, cela représentait tout de même 4.8% des causes de décès. En 2019, la Russie est tombée à 1,4%. Il s'agit là d'un indicateur assez important qui montre une nette amélioration de la sécurité des individus et de la baisse de la violence de la société. À titre de comparaison aux USA, le taux est à 2,1%, et les désordres psychologiques représentent près de 15%des décès. Et tenez-vous bien en France, on est à 4,6% des décès qui ont pour origine les blessures volontaires, et 11% pour les désordres psychiatriques. Quoiqu'il en soit, on voit sur ces données que la Russie n'était pas du tout un pays en recule, ou un pays en voie d'effondrement. Contrairement à ce que pouvaient croire les idéologues qui pensaient qu'elles s'effondreraient avec quelques mesures de rétorsion économique.

 

 

Passons maintenant au vrai problème russe, la fécondité. Cette donnée-là est plus connue et elle est souvent utilisée pour dire que la Russie est un pays qui va s'effondrer. La natalité russe qui a été longtemps la grande force de l'Empire est effectivement devenue son talon d'Achille. Cependant, il faut être un peu honnête en la matière, c'est devenu la faiblesse de tous les pays ayant fait la transition démographique. Je ne vais pas revenir sur le sujet, j'en ai déjà longuement parlé. La Russie comme tous les pays ayant fait sa transition a une natalité qui est tombée trop bas. Pour relativiser cette situation, j'ai mis un comparatif avec la France, les USA, l'Europe en moyenne, la Chine et le Japon. La France arrive en tête en 2021 avec un misérable taux de 1,79 enfant par femme. Nous sommes un peu le borgne au milieu des aveugles. Le taux de renouvellement des générations c'est 2,05 à minima pour donner un ordre de grandeur. Avec un taux à 1,49 la Russie se situe en réalité pile dans la moyenne européenne. Quant aux USA avec leur 1,66 ils ne vont guère mieux, et ne parlons pas de l'Asie, cela se passe de commentaire. Bref, la natalité russe va mal, mais tout le monde va mal en fait. Le fait réellement aggravant pour la Russie c'est qu'elle a déjà un gros problème de faiblesse de densité de population. C'est un pays qui est déjà beaucoup trop grand pour sa population et le problème risque d'empirer si la natalité ne se redresse pas. Pour ce qui est de l'âge moyen, la crise des années 90 a tristement rajeuni le pays, l’espérance de vie ayant chuté. À l'heure actuelle l'âge moyen russe est inférieur à ceux de l'Europe et équivalent à celui des USA avec 38 ans environ .

 

 

Le pays va donc faire face à un vieillissement dans les années à venir même si à l'heure actuelle il peut compter sur une population légèrement plus jeune que le reste de l'Europe. Mais il est par contre important de souligner l'avantage de la Russie sur l'éducation. Il s'agit d'un pays avec un très bon niveau de formation en particulier dans les sciences. Il s'agit là indéniablement d'un lègue de l'URSS, qui, si elle avait beaucoup de défauts, avait quand même comme immense qualité de bien former les jeunes avec un bon système éducatif. La Russie forme deux fois plus d'ingénieurs que les USA. 450 000 ingénieurs par an sont formés en Russie contre seulement 250000 aux USA, un pays pourtant plus de deux fois plus peuplés. Elle est sans doute en grande partie là la résilience de l'économie russe, mais nous en reparlerons dans la seconde partie consacrée à la situation économique.

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4 décembre 2023 1 04 /12 /décembre /2023 16:23

 

 

La démographie mondiale est donc chancelante. Parler encore de risque de surpopulation ou de démographie galopante est pour le moins faux, pour ne pas dire irresponsable. Car une fois que la décroissance démographique s'enclenche, elle risque de ne plus trouver de limites. Pour l'instant, l'expérience montre qu'on ne refranchit plus la limite des deux enfants par femme une fois qu'on est tombé en dessous. Il faut espérer que les nations reviennent un jour à l'équilibre, mais pour l'instant on n'a pas d'exemple d'un véritable redressement. Le délire malthusien sur la nécessité de la réduction de la population mondiale est un anachronisme. Cela pouvait à la limite être théoriquement acceptable en 1960, mais cela n'a plus aucun sens aujourd’hui. Il est d'ailleurs très probable que l'humanité n’atteigne même jamais les 9 milliards d'habitants et encore moins les 10 milliards avant de rapidement décroître. Et le redressement n'est pas à l'heure actuelle imaginable. La France qui est en proie au déclin démographique depuis deux siècles n'en est, par exemple, toujours pas sortie. C'est d'autant plus vrai que nos élites ont volontairement saboté les politiques familiales qui avaient permis une amélioration après guerre. Le denier coup a été donné par François Hollande avec sa réforme des allocations familiales. Une étude récente a montré que cette politique avait clairement cassé la dynamique démographique française. Rappelons que l'actuel président de la République est co-responsable de cette situation puisqu'il était ministre de l'Économie de François Hollande, et qu'il n'a toujours rien fait pour revenir sur ces réformes.

 

Quoiqu'il en soit nous, devons essayer de voir quelles sont les origines de cette baisse de la natalité. Après tout on ne peut pas résoudre un problème si l'on n'en connaît pas la cause. Mettons-nous tout de même d'accord au préalable, il est bien évident que la natalité allait baisser avec la baisse de la mortalité infantile. Et heureusement d'ailleurs, personne ne souhaite, je pense, une planète à 50 milliards d'êtres humains ou plus. Si les gens avaient autant d'enfants avant c'est qu'il y avait malheureusement peu d'enfants qui parvenaient à l'âge adulte. Pour vous donner une idée, un enfant sur quatre mourrait avant un an au moyen-âge, et à peine plus d'un enfant sur deux atteignait l'âge de dix ans. Et l'on ne parlera même pas de la mortalité des femmes en couche. Avoir beaucoup d'enfants dès le jeune âge était donc la seule méthode permettant d'avoir une descendance atteignant l'âge adulte. Aujourd’hui, il est bien évident que la très faible mortalité infantile rend la nécessité d'avoir autant d'enfants bien plus faibles. Cependant, cela n'explique pas pourquoi la natalité descend en dessous voir très en dessous des deux enfants par femme dans de plus en plus de pays. Particulièrement dans des pays où théoriquement tout va bien. Que ce soit sur le plan économique ou politique à l'image de la Corée du Sud ou de la Suisse.

 

Les diverses hypothèses

 

On pourrait arguer ici l'effondrement religieux comme source du problème. La modernité a tué Dieu et la religion, elle a cassé la transcendance et donc les gens sont devenus individualistes et n'ont plus d'enfants. C'est un argument qu'on retrouve très souvent, mais qui en réalité n'explique rien. Comme c'est souvent le cas avec les explications morales. Tout d'abord comme je l'ai dit précédemment, un simple coup d’œil aux statistiques par pays montre que l'effondrement de la religion ou de la transcendance ne marche pas. Il sera difficile de décrire par exemple l'Iran comme un pays totalement voué à la modernité libérale ou athée. Et pourtant la fécondité locale est au même niveau que celui de la France laïque. Même chose avec un pays comme la Pologne ou la Russie. Ces nations restent très attachées à la tradition, en particulier la Russie qui rejette assez largement le modèle « occidental ». Pourtant la natalité est très faible dans ces deux pays, ils conjuguent églises pleines et berceaux vides. Et pour rajouter un peu plus de certitude sur la question, parlons d'un pays que j'aime bien, le Bhoutan. Un tout petit pays perdu dans l'Himalaya. Aux frontières de l'Inde, et de la Chine et pas très loin du Népal. C'est un pays emblématique du rejet de la modernité, ils ont même rejeté la notion de PIB pour lui préférer la notion de BNB (bonheur national brut).

Cette nation est très traditionaliste, à tel point que la télévision était interdite jusqu'en 1999. La religion est omniprésente essentiellement du bouddhisme vajrayāna . Et bien le Bhoutan, ce rêve traditionaliste et conservateur, est tombé à 1,4 enfant par femme en 2021. Vous voyez ici que l'explication passant par l'idée que la population a cessé de croire dans la religion, ou la perte des traditions qui serait à l'origine du problème est invalide. On pourrait multiplier les exemples, mais l'explication est probablement ailleurs que dans la pratique religieuse ou la question de la tradition. Alors bien évidemment les démographes ont déjà réfléchi à ces questions. Mais je ne crois pas qu'on ait réellement de réponse absolue. Le premier facteur qui peut venir à l'esprit est bien évidemment la concentration urbaine. Les populations ont tendance à vivre de plus en plus dans les villes. Or le coût de la vie étant plus élevé et le prix du mètre carré plus contraignant, les gens auraient tendance à faire de plus petites familles. Et l'on constate qu'effectivement la tendance est à une plus faible fécondité en ville qu'à la campagne. Même dans des pays avancés comme le Japon, la différence entre les grandes villes et la campagne est une réalité.

 

 

Cependant s'il est possible que cela explique en partie la baisse de la fécondité. On pourrait tout autant dire que la baisse de la fécondité part des villes et s'étend ensuite dans les campagnes. En Inde par exemple on voit clairement la baisse de la fécondité partir des grandes villes puis s'étendre dans les campagnes. À tel point qu'on peut dire que les villes constituent une vue de l'avenir de la natalité générale d'un pays. Et si dans des pays comme le Japon la fécondité est plus faible à Tokyo qu'ailleurs, en France, la baisse de la natalité a été plus faible dans les métropoles que dans les campagnes récemment, si l'on se fit à cette étude de l'INSEE. D'ailleurs en parlant de notre cher pays, la baisse de la fécondité nationale a précédé en grande partie l'urbanisation et la concentration des populations dans les grandes villes. Une concentration qui a accompagné la modernisation du pays. Comme quoi si ce facteur doit jouer, il est difficile à interpréter et il dépend probablement fortement des conditions économiques locales. La paupérisation des villes moyennes et de la France périphérique explique probablement en partie pourquoi la natalité a plus baissé dans ces lieux que dans les métropoles. Un phénomène qui n'existe peut-être pas sous cette forme au Japon.

 

Comme nous avons parlé brièvement de la question de l'urbanisation, passons à la question économique. On a longtemps associé à tort baisse de la natalité et processus d'enrichissement. À gauche en particulier on a vu longtemps cette idée qu'un pays pauvre faisait nécessairement des enfants alors qu'un riche en faisait peu. On va être clair, cela n'a simplement aucun rapport direct. On a aujourd'hui des pays pauvres à faible fécondité. Et des pays riches avec des natalités encore assez fortes, comme les pays du Golfe. Cependant, comme je l'ai déjà dit dans mon texte sur le lien entre la démographie et l'économie, la transition démographique facilite le développement économique. Pendant une période importante, les actifs deviennent beaucoup plus nombreux que les inactifs. Cela permet donc de faire une forte croissance économique pendant 40 ans environ, avant d'être rattrapé par le vieillissement induit par la baisse de la fécondité à long terme. Certains pays en profitent pour se développer, d'autres non. Mais c'est dans ce sens qu'il faut comprendre le lien entre la richesse et la démographie.

 

Les modes de vie modernes ont-ils un impact sur la fécondité ? Comme je l'ai dit précédemment, certains pays restés traditionnels ont une fécondité très basse donc cela veut dire que ce facteur n'est pas déterminant contrairement à ce que l'on pourrait croire au premier abord. Il est cependant vrai que le rapport des populations à la famille peut jouer. On prendra deux exemples extrêmes pour s'en convaincre la France et le Japon. En France la famille traditionnelle a implosé depuis les années 70. Aujourd'hui, la majorité des naissances ont lieu hors mariage. Au Japon, c'est tout simplement inimaginable et cela concerne seulement 2,4% des familles. Cette différence peut être expliquée par la différence de structure familiale. Selon la conception toddienne, le Japon est un pays de famille souche, la France, un pays de famille nucléaire égalitaire. La France a donc un rapport moins rigide à l'organisation familiale et accepte mieux la recomposition. Le statut des femmes étant plus élevé en France à cause de cette différence anthropologique, la France s'adapte mieux aux changements liés à l'arrivée des femmes sur le marché de l'emploi. Au Japon, un peu comme en Allemagne qui a les mêmes structures familiales, la femme qui travaille est en quelque sorte un homme sociologiquement. Et une femme qui a des enfants doit absolument se concentrer sur sa famille et abandonner son travail. Ce choix cornélien joue contre la natalité dans ces pays et rend l'adaptation au changement du statut des femmes plus difficile.

 

Cependant dans le cadre français il est indéniable que les questions économiques jouent aussi. La fécondité de la population est très largement structurée autour du revenu comme le montre ce graphique que j'avais déjà utilisé, mais qui est passablement clair sur la question. Cependant encore une fois ce qui est vrai en France ne le sera pas forcément ailleurs. Nous pouvons aussi parler de l'hypergamie féminine et de la hausse du niveau scolaire des femmes qui induit une sélectivité vis-à-vis des hommes de plus en plus importante. En effet, les femmes dans nos pays faisant maintenant plus d'études que les hommes auront statistiquement moins de choix pour leurs partenaires potentiels. L'hypergamie obligeant les femmes à choisir les hommes au statut social aussi élevé ou plus élevé qu'elle fait qu'elles auront de moins en moins de choix en réalité. De fait, la hausse de l'éducation des femmes est l'un des facteurs prépondérants pour les démographes expliquant la chute de la natalité. Non seulement parce que les femmes retardent de plus en plus l'âge du premier enfant à cause des contraintes éducatives et de la nécessité de s'insérer dans la vie active. Mais aussi à cause du facteur d'hypergamie qui rend la recherche d'un partenaire potentiel de plus en plus difficile. L'on pourrait ici arguer que l'hypergamie finira par disparaître pour des raisons pratiques, mais rien n'est certain en la matière. Certains auteurs affirment que la France connaît un déclin de l'hypergamie féminine, mais les hommes en moyenne dans les couples continuent de gagner plus que leurs femmes. Et le taux de célibat chez les hommes reste inversement proportionnel aux revenus. Peut-être que ce changement se fait, mais il est probablement assez lent.

 

La rationalisation de la reproduction

 

Si tous ces facteurs jouent probablement, le facteur essentiel à mes yeux est simplement le passage à une société humaine soumise à des aléas naturels et à ses pulsions, à une société entièrement autodomestiquée. Car l'être humain est une espèce qui s'est autodomestiquée, en quelque sorte. Nous avons convenu depuis que la civilisation est née qu'il était potentiellement plus intéressant d'abandonner certaines libertés pour vivre en groupe, car le groupe était plus efficace pour faire face aux aléas naturels et à la survie. De fait petit à petit, de nombreuses règles et habitudes ont façonné l'organisation humaine pour permettre au groupe de survivre à long terme. Cependant, il y avait des choses qui sont longtemps restées l'apanage de l'individu, de la famille et de la nature. L'éducation des enfants reste globalement le fait parental, l'école n'étant là que pour instruire (enfin cela devrait être son rôle). Et le fait de fonder un couple et une famille reste là aussi la prérogative des individus même s'il existe des pressions sociales dans certaines sociétés. Par contre, le fait d'avoir des enfants était jusqu'à la pilule et à la contraception moderne très sujet à l'influence de mère Nature si je puis dire. Même en faisant attention, on pouvait très bien avoir des enfants sans le souhaiter et quand on en avait on faisait avec si je puis dire.

 

Là est la grande rupture anthropologique de notre temps. Nous sommes passés au stade terminal de l'autodomestication et aucune civilisation avant la nôtre n'avait connu ça. La rationalisation des naissances nous a fait entrer dans un autre monde et il nous faut en réalité inventer une nouvelle façon d'organiser la société pour que ce changement ne soit pas fatal. La France avait déjà fait un effort dans ce sens après la Seconde Guerre mondiale. Notre système de politique familiale aujourd'hui à l'abandon doit probablement être repensé. Mais il préfigure l'inéluctable orientation des sociétés voulant survivre à ce changement anthropologique majeur. Les familles doivent être rassurées, elles doivent avoir confiance en l'avenir et pouvoir se projeter dans un monde stable si l'on veut que les gens aient des enfants. Le rôle de l'état et des collectivités seront essentiels à l'avenir sur ce sujet.

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1 décembre 2023 5 01 /12 /décembre /2023 14:56

 

Une triste information vient de nous parvenir, non, je ne parle pas de la mort de Henry Kissinger, qui a probablement rejoint Adolf et Thatcher en enfer, enfin si l'enfer existe bien sûr. Je parle de la fécondité sud-coréenne. En effet, ce pays qui est aujourd'hui le moins fécond sur terre vient à nouveau de connaître une chute de la natalité. Celle-ci atteint désormais le niveau dramatiquement bas de 0,7 enfant par femme. L'historien Pierre Chaunu avait dit en plaisantant dans l'un de ses derniers livres consacrés à la démographie qu'il y avait de la place entre 0 et 1 pour la basse fécondité, il ne croyait pas si bien dire. En 2003 quand il a écrit son essai, aucun pays au monde n'était encore en dessous d’un enfant par femme et maintenant nous y sommes. Alors j'ai déjà longuement écrit sur les questions démographiques sur son lien très important et trop souvent ignorer avec la dynamique économique. J'ai également fait un petit historique du déclin français essentiellement lié à notre incapacité depuis deux siècles à faire suffisamment d'enfants. Un déclin démographique qui a produit l'abaissement formidable du poids de la France en Europe et dans le monde.

 

 

Dans un texte sur l'Inde, nous avons vu aussi brièvement l'évolution démographique de ce pays et la vitesse à laquelle la population va vieillir, ce qui pour l'instant favorise le développement et la croissance. Mais nous n'avons pas encore vraiment abordé la question du pourquoi. Pourquoi la natalité atteint-elle des niveaux aussi dramatiquement bas. Les idées reçues sur le sujet sont multiples. À droite cela va parler uniquement d'un effondrement de la religion, d'une société mortifère qui ne donne plus envie de faire des enfants. On ressort les ritournelles habituelles de l'absence de transcendance, ce genre de chose. À gauche on se focalisera surtout sur les questions économiques. Mais comme nous allons le voir rapidement, la question est très loin d'être simple. Et il n'est d'ailleurs pas certain que la réponse soit universelle. En d'autres termes si la transition démographique et la sous-fécondité semblent devenir universelles, cela ne signifie pas pour autant que les solutions soient elles aussi universelles. Il est tout à fait probable que les solutions au problème de la sous-fécondité dépendent totalement des cultures et des traditions locales même si par moment elles peuvent partager un ensemble de mesures communes.

 

Anatomie du désastre démographique

 

Commençons par un bilan rapide comme je l'ai déjà dit dans mon texte sur l'économie et la démographie, la natalité mondiale est sur le point de passer en dessous du seuil de reproduction. Dans dix ans, si l'évolution actuelle reste au même rythme, l'humanité passera en dessous des 2,1 enfant par femme. Je rappelle qu'en théorie il faut un peu plus de deux enfants par femme pour renouveler les générations en supposant une très faible mortalité infantile. Comme il naît un peu plus de garçons que de filles ( 105 garçons pour 100 filles en France), il faut donc à minima 2,05 enfants par femme pour renouveler à un pour un les générations et un peu plus en prenant en compte la mortalité infantile, qui, même si elle est heureusement devenue très basse, existe encore. On peut donc dire que l'humanité a terminé sa transition démographique commencée en Europe au 19e siècle, si l'on fait exception de la France qui l'avait commencé avant pour son plus grand malheur. Puisqu'un graphique vaut mieux qu'un long discours, voici une image qui résume l'évolution depuis 1950. On voit bien ici que toutes les régions du monde connaissent une baisse marquée des naissances. Et le graphique s'arrête en 2010, comme on l'a vu l'Inde est tombée à deux enfants par femme récemment. Même l'Afrique subsaharienne connaît une surprenante accélération de la baisse de la natalité.

 

 

Tout ceci remet sérieusement en doute l'idée d'une planète Terre atteignant dix milliards d'habitants. Un scénario qui était en fait très optimiste sur le maintien des naissances avait sous-estimé la capacité de certaines régions du monde à faire moins d’un enfant par femme. La Chine elle-même avait par exemple menti sur ses statistiques démographiques. La natalité dans le pays était déjà beaucoup plus basse que ce qui avait été déclaré. Or il est assez facile pour démographes de trouver des incohérences dans ce genre de données. Tout aussi intéressant, voici un graphique sur la vitesse de la transition démographique. En réalité, la transition démographique en Europe a été relativement lente. Comme le montre le graphique suivant, il a fallu 95ans à la Grande-Bretagne pour passer de six enfants par femme à seulement 3. La Chine et l'Iran ont fait la même chose en seulement une dizaine d'années. Il s'agit de phénomènes particulièrement violents qui déstabilisent les sociétés. Pierre Chaunu dans son essai sur la démographie pensait qu'il y avait un lien entre la basse fécondité et la vitesse à laquelle celle-ci baissait. Un coup d’œil rapide aux fécondités des pays concernés invalide cette hypothèse. Certes, la Chine est aujourd'hui à 1,3 enfant par femme et sa fécondité a baissé très vite. Mais il y a des pays qui ont connu une baisse plus lente et qui sont tombés au même niveau à l'image de la Grèce. Je pense donc qu'on peut affirmer qu'il n'y a pas de lien entre la descente finale de la natalité et le rythme auquel le pays a fait sa transition. Par contre, il est évident que ce rythme a d'énormes conséquences économiques, mais c'est un autre sujet.

 

 

Comme vous pouvez le voir sur la carte mondiale ci-dessous, la baisse de la fécondité est générale et touche toutes les régions du monde (pourtant la carte est basée sur les chiffres de 2017cdéjà anciens) . Au premier coup d’œil, on voit que cela n'a aucun rapport avec la religion contrairement aux idées reçues de certains à l'extrême droite. Mais cela n'a pas plus de lien avec le niveau de développement d'un pays. On a aujourd'hui des pays qui sont encore pauvres et ont pourtant une fécondité à l'occidentale si je puis dire. Comme disait Emmanuel Todd avec un peu trop d'empressement sur la Chine « Ils seront vieux avant de devenir riche ». Nous allons chercher des explications dans la seconde partie de ce texte qui arrivera plus tard, mais il faut vraiment arrêter de dire des bêtises sur la démographie mondiale.

 

 

-Il n'est pas vrai que l'humanité se dirige vers un monde surpeuplé. La transition est déjà presque terminée et le monde va vite devenir très vieux avant de voir sa population fortement baisser. Le Japon actuel préfigure un peu ce à quoi ressemblera la majorité des pays vers 2100 et c'est très inquiétant sur le plan économique et politique. Rappelons que cela signifie également que les personnes âgées représenteront la majeure partie des électeurs, ce qui n'est pas sans conséquences dans les démocraties.

 

-La religion n'a pas de rapport avec le taux de fécondité. On a des pays encore très religieux où la fécondité est très basse. L'islam et l'islamisme ne favorisent pas les hautes fécondités. La preuve l'Iran est aujourd'hui un pays à 1,7 enfant par femme. Et sa fécondité est tombée après la montée au pouvoir des islamistes. Le catholicisme n'a pas plus de rapport avec la fécondité d'ailleurs. On trouve des pays fervents catholiques encore féconds à l'image des Philippines et d'autres à très basse fécondité à l'image de la Pologne.

 

-La fécondité en Afrique baisse. Et elle n'a jamais cessé de baisser. L'augmentation de la population est due à un retard de la baisse de la natalité par rapport à la baisse de la mortalité infantile. J’insiste sur ce point parce qu'on entend trop souvent chez certains à droite que l'Afrique ferait de plus en plus d'enfants, c'est simplement faux.

 

-Dernier point géographiquement centré, la politique de l'enfant unique en Chine n'est pas responsable de la baisse de la natalité du pays. Cela étonnera certains, mais en réalité on peut comparer la Chine avec Taïwan. Il s'agit du même peuple, même si certain hurleront en entend ça, c'est un fait historique. Seulement les deux pays ont eu des trajectoires politiques et économiques différentes. Taïwan n'a pas fait de politique de l'enfant unique et pourtant les natalités des deux pays ont baissé de manière totalement identique. Cela signifie que la politique de contrôle des naissances en Chine n'est pas responsable de la baisse de la natalité. Ce qui explique au passage aussi pourquoi son annulation n'a pas relancé la fécondité du pays. Elle n'a aucun effet dans les deux sens. Cela ne signifie pas que les politiques n'ont aucun effet sur la démographie, mais qu'elles n'ont pas automatiquement un effet. Mais nous verrons ça dans la seconde partie.

 

 

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27 novembre 2023 1 27 /11 /novembre /2023 14:50

 

 

Il fallait bien en parler puisque cette réalité aujourd'hui crève les yeux. Je précise tout de même au préalable que je ne compte guère m'abaisser à jacasser comme d'autres sur les questions des faits divers. Je l'ai déjà dit sur mon texte concernant les médias, les faits divers servent essentiellement à faire monter l'audience et à exciter les populations pour faire du chiffre et du bruit. Pour les hommes politiques, cela sert à ne pas parler sérieusement des problèmes. Aussi tragique que soit des faits divers, il faut d'abord se focaliser sur les statistiques générales et ne pas tomber bêtement dans le piège de la communication communicante dont raffolent en particulier les parties de gauche les plus extrémistes. Cependant, il arrive que des faits divers soient en réalité des symptômes réels d'un problème plus général et plus grave de la société. Les attaques et les meurtres contre les enseignants en font partie tout comme l'attaque qui a eu lieu récemment dans le village de Crépol et le meurtre odieux d'un jeune homme de 16 ans à peine est un symptôme d'une maladie plus générale qui touche fortement la population masculine maghrébine. Car il faut bien nommer les choses si l'on ne veut pas ajouter au malheur du monde. Et si l'on regarde les données objectives, on voit rapidement que le problème n'est pas l'islam ou le racisme supposé de la société française, mais d'abord et avant tout un problème d'éducation des jeunes garçons de cette origine.

 

Les statistiques sont formelles, l'échec scolaire de cette partie de la population est là pour confirmer cette triste réalité. Les jeunes garçons maghrébins échouent bien plus que les autres à s'insérer économiquement dans le pays. L'échec scolaire les touche particulièrement. Plus généralement, précisons que l'échec scolaire touche plus les jeunes garçons français que les filles, mais dans des proportions bien moindres. Il semble donc que notre société soit moins capable qu'avant d'éduquer correctement les garçons et dans le cas des jeunes maghrébins les proportions sont énormes. Lorsque l'on regarde rapidement ces statistiques, on se rend compte de la déformation que provoquent les médias et le système politique français sur la question. D'un côté la droite se focalise sur l'islam créant d'ailleurs artificiellement un lien fantasmagorique avec ce qui se passe en Israël. Et même si les quelques crétins nazis d'origine maghrébine peuvent se trouver une excuse lamentable en faisant appelle à la cause palestinienne ou à l'islam, cela ne veut pas dire qu'au fond c'est la vérité. La haine qu'ils portent en eux se traduit par un racisme vis-à-vis de la société d’accueil, mais sa motivation provient surtout de l'échec à l'intégration. Un échec qui est d'autant plus humiliant que leurs sœurs elles s'intègrent assez bien. Ce phénomène nourrit d'ailleurs aussi probablement tout le discours bassement machiste et masculiniste qui s'est développé ces dernières années et qui est passablement fort chez les populations masculines maghrébines.

 

L'échec scolaire des garçons maghrébins est plus que significatif

 

De l'autre côté de l'échiquier politique, la gauche continue à nier la réalité sur la plus grande délinquance des populations d'origine étrangère. Alors que son rôle aurait dû être de trouver l'origine du problème pour éviter que l'infection du racisme et de la violence ne s'étende, elle s’obstine à dire qu'il n’y a pas de maladie et de problème. Et que tout se résume au racisme structurel français. Inversant bien souvent les faits, elle fait des victimes les bourreaux et des bourreaux de tristes victimes du racisme consubstantiel à la société française. Cependant, la méthode est maintenant éventée. Inlassablement employée depuis les années 80, cette façon de faire du racisme la source de tous les problèmes a fini par lasser la population. Les générations, nées dans les années 80 et plus tard, ont vécu avec l'immigration contrairement aux générations du baby-boom. Ils connaissent la réalité de terrain et savent que s'il y a racisme ce n'est pas souvent du côté français qu'il se tient. Mais comme la gauche n'a pas cherché la véritable source du problème, ce qui aurait nécessité des efforts pas forcément très payants électoralement à court terme, nous nous retrouvons aujourd’hui face à un véritable problème de conflit interethnique. On pourrait même penser que l'antiracisme compulsif et fantasmatique a fini par produire un véritable racisme en retour à force de jouer les explications vaseuses et trop éloignées de la réalité de terrain.

 

La gauche post-populaire

 

Alors d'où vient cette passion de la gauche pour les immigrés ? De son supposé universalisme ? De son antiracisme naturel ? D'une passion dévorante pour les bons sauvages à la mode Jean Jacques Rousseau ? Si tout ceci a probablement joué, il faut surtout remonter dans le contexte des années 70-80 pour comprendre. À l'époque l'importante inflation a été accompagnée d'une forte hausse des salaires. Les rapports de force entre le capital et le travail devenaient trop défavorables au premier. Comme l'avait très bien anticipé Keynes à terme, les rentiers finiront dévorés par l'inflation. Cependant, les couches sociales dominantes en France et en occident ne l'entendaient pas ainsi. Il fallait donc une stratégie pour casser le salariat en occident et calmer les classes moyennes. Cette méthode fut l'idéologie néolibérale. Une sorte de libéralisme ripoliné à la mode des années 70. La liberté partout tout le temps dans tous les domaines. La gauche socialiste empreinte d'une culture assez antiautoritaire va s'amouracher de ce libéralisme surtout sur le plan des mœurs en faisant semblant de ne pas voir le volet économique. La montée du travail tertiaire n'a pas été sans influence sur cette évolution, les gains de productivité ayant réduit le poids de l'emploi agricole et industriel pendant les trente glorieuses.

 

La gauche communiste va résister un temps au rouleau compresseur du libéralisme de gauche. Ce fut la grande période de Georges Marchais qui avait bien vu que l'immigration de masse était surtout une arme du capital pour casser le salarié local. Mais il va y avoir l'élection de Mitterrand qui va accélérer le processus de remplacement de la gauche social par la gauche libéral-libertaire. Si le reste de l'échiquier politique va volontiers crier au loup avec l'élection de Mitterrand, ce fut surtout l'avènement de la gauche libérale au pouvoir. J'ai toujours soupçonné le PS de l'époque d'avoir voulu décrédibiliser les politiques alternatives avec sa politique entre 1981 et 1983. Avec le recul j'en suis certains, dès le départ Mitterrand comptait couler le modèle français pour obliger la France à réaliser son fantasme européen. Mitterrand savait très bien qu'en faisant un plan de relance sans un minimum de protectionnisme et de politique monétaire libre (la France était dans le SME, le prédécesseur de l'euro), c'était voué à l'échec. Quoiqu'il en soit ce prétexte permet la mue du parti socialiste et de la gauche en un centrisme mou, européiste, et libéral. Le discours sur l'antiracisme né vraiment à cette époque. On fait du français moyen un raciste compulsif et on décrédibilise la France, son histoire et son drapeau. Le FN accède aux médias à partir de 84 pour finir le travail et diaboliser la nation qui était le seul rempart contre l’appétit du capital.

 

 

Cette mutation est à l'origine de l'étrange gauche française actuelle. Une gauche pétrie de bons sentiments en apparence, mais qui ne fait jamais face à ses propres contradictions. D'un côté on veut revaloriser les salaires, mettre au pas les riches. De l'autre on valorise la mondialisation, l'Europe et le libre-échange. On veut officiellement protéger les salariés, mais on veut faire dans le même temps entrer sur le territoire librement toutes les populations qui le souhaitent. Comme si l'augmentation artificielle de la population n'avait aucun impact sur le marché du travail déjà très difficile ou sur la bulle immobilière. L'infantilisme incantatoire semble être devenu la véritable identité de la gauche. On ne s'intéresse plus au réel, on rêve le monde comme il doit être au lieu de s'affronter aux vicissitudes de l'existence. Parce qu'en réalité on ne cherche pas vraiment à changer les choses, on amuse la galerie, et on défend son segment de marché politique. Il en va de même pour les questions de délinquance ou d'immigration. Ce comportement n'est pas le fruit du hasard. L'électorat de gauche a muté en même temps que la gauche s'est libéralisée en oubliant les couches populaires dans leur précarité, la désindustrialisation et dans le chômage de masse. L'électorat de Mélenchon par exemple touche aussi une grosse part des diplômés et des CSP+ . C'est un électorat en fait assez proche de celui de Macron sur le plan des diplômes. En proportion de leur quantité, il y a plus de BAC+5 qui votent Mélenchon que de niveau Bac. Si Macron reçoit le vote des gagnants du globalisme et de l'Europe, Mélenchon lui reçoit probablement les diplômés déclassés. Ceux qui par leur diplôme auraient dû faire partie des gagnants, mais qui ne le sont pas parce que la globalisation est de plus en plus dure y compris chez les cadres supérieurs. Ce sont des précaires cultivés qui font semblant d'être rebelle à l'image du pathétique Usul.

 

Ces diplômés ratés, si je puis dire, ont une colère vis-à-vis du système économique, mais adhèrent en réalité dans les grandes lignes aux valeurs macronistes libérales, que ce soit sur le plan des mœurs ou de l'immigration par exemple. Ce sont des déclassés en quelque sorte et c'est généralement sur le plan politique les populations les plus dangereuses, si l'on se fit à l'histoire politique européenne. On le voit donc si la gauche reste officiellement de gauche son électorat n'a plus grand-chose à avoir avec la gauche d'après-guerre, qui était essentiellement populaire. La gauche actuelle voit dans l’immigré une figure protectrice pour ses intérêts. Il permet à la fois de justifier l'attaque contre l'ennemie qu'est la nation, il permet de remplir les fonctions économiques nécessitant de très faibles salaires. Et en plus « l'ouverture » à l'autre donne une image sympathique facile à monnayer. À mes yeux il n'y a simplement plus de gauche en France. Ce que l'on nomme la gauche aujourd'hui n'est qu'une droite libérale honteuse de la défense ouverte de ses intérêts. Ne vous y trompez pas, à chaque élection ils choisiront toujours le côté du manche, comme Mélenchon quand il a appelé à voter Macron. De la même manière s'ils doivent choisir entre la France et un autre camp, ils choisiront toujours l'autre camp même si ce camp rêve en secret de les pendre en place publique.

 

 

 

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24 novembre 2023 5 24 /11 /novembre /2023 15:34

 

Vous l'avez peut-être remarqué, mais en réalité je parle assez peu de notre pays. Cela peut sembler paradoxale pour quelqu'un qui se revendique souverainiste, et je dirai même plus indépendantiste français, étant donné l'état de soumission dans lequel se trouve notre pays. Et pourtant je viens de m’apercevoir que j'ai très peu parlé de la France depuis la reprise du blog il y a un an. C'est que pour tout vous dire la France m'attriste. Et mon esprit semble involontairement s'embrumer dès qu'il faut en parler. Mon pessimisme revient et la réalité du pays me saute des yeux sans qu'il ne voie une quelconque possibilité de redressement. Je le sais pourtant, le désespoir est aussi irrationnel que l'est l'optimisme béat, dans les deux cas il s'agit de prétendre tout connaître de la réalité du monde, et d'ignorer sa féconde capacité à produire de l'imprévisible. Mais il faut bien le dire, de l'espoir pour la France je n'en ai plus. La seule chose qui me motive encore pour en parler c'est ma raison qui me convainc en permanence de mes propres limites. Ainsi donc, je parlerais encore de ce pauvre pays en perdition en espérant que mon désespoir ne soit qu'une illusion temporaire.

 

Alors, pourquoi parler aujourd'hui de la France? Tout simplement parce que Jacques Sapir vient de le faire assez brillamment comme d’habitude dans une discussion avec Georges Kuzmanovic sur la chaîne YouTube de son parti souverainiste de gauche, République Souveraine. Je vous invite évidemment à regarder cette discussion qui était très intéressante et qui était centrée sur les perspectives à long terme par rapport à la montée en puissance des BRICS et du déclin inéluctable de l'occident. Jacques Sapir est comme toujours très rigoureux sur ses sujets de prédilection et parfois trop timoré à mes yeux sur les solutions. Je préfère clairement le radicalisme d'un Emmanuel Todd, un radicalisme capable à mes yeux de véritablement redresser la situation dramatique du pays. Car la France a besoin d'une rupture franche, le bain glacé de mollesse politique qui nous dirige depuis tant d'années nous conduisant tout droit à l'impasse. Et les ennemis de la France, qui sont en grande partie intérieurs, ne s’embarrassent pas eux, de propos ou d'analyses modérées. Ils veulent véritablement dissoudre le pays et ne s'en cachent même plus à commencer par le baratineur qui nous sert de président. Le vote sur la question de la suppression du droit de veto pour l'UE, ainsi que la volonté d'affaiblissement supplémentaire des derniers pouvoirs dont disposent les états membres montre encore une fois la grande taille du camp de la trahison nationale.

 

L'extrême gauche de Mélenchon, comme à son habitude, a trahi ses électeurs en votant massivement pour ce texte. On voit qu'en réalité si les hommes politiques font semblant de s'opposer LFI, EELV, les républicains ou Renaissance c'est exactement le même camp en réalité. Celui de l'antifrance pour le plus grand intérêt de leur classe sociale. Ils occupent différents segments marketing du marché électoral pour obstruer toute possibilité d'une naissance d'alternative. Il faut bien le dire, la bourgeoisie est extrêmement forte collectivement pour imposer sans le faire voir ses intérêts. Le problème c'est que bien évidemment ce monopole sur la politique française conduit inéluctablement le pays à l'effondrement à long terme.

 

Les deux voies pour la France :

 

1- Le destin creusois de la France européiste :

 

Jacques Sapir dans sa discussion a en quelque sorte résumé le destin français à deux options. Je suis assez d'accord avec son propos sur l'ensemble, même si comme je l'ai dit j'ai trouvé certaines de ses propositions trop timorées. Disons-le au préalable, les deux hypothèses de Sapir partent du fait que nos élites acceptent ou non le déclassement de l'occident et en tirent ou non les conséquences. La première hypothèse est la continuation de la France dans la direction actuelle. C'est-à-dire la continuation de l'enfermement dans le camp occidental et dans la construction européenne qui va avec. Pour Sapir la France est pourtant l'un des rares pays à pouvoir construire un pont avec ce qu'il appelle le sud global. Je préfère parler du monde et de l'Empire américain à titre personnel. L'idée de sud global est à mon sens trop réducteur. Aujourd'hui, il y a l'Empire américain et ses vassaux contre le reste du monde qui s'est débarrassé de sa tutelle. Parler d'occident quand il n'y a qu'un seul pays qui dirige ce n'est pas une description correcte. D'autant que comme je l'ai déjà dit dans d'autres textes l'Amérique du Sud par exemple est culturellement occidentale, alors que le Japon pas du tout. Et parler d'occident pour décrire l'empire américain revient un peu à surestimer le poids de l'Europe et à sous-estimer gravement le rôle des USA dans tout ça.

 

Quoiqu'il en soit dans cette première hypothèse, celle d'une France qui reste coincée dans l'Empire et son comité de gestion locale l'UE, la France continuera de décliner de plus en plus fortement. Je suis entièrement d'accord avec cela bien évidemment. Le simple fait de continuer la construction européenne et l'euro condamner la France au déclin de toute manière. Comme je l'ai expliqué dans mon texte sur la géographie et l'euro, notre pas n'a pas d'avantage comparatif lui permettant de briller au sein de la construction européenne. On peut dès lors imaginer un scénario pour la France qui soit similaire à celui des régions du centre de la France. Si l'UE se maintient assez longtemps ainsi que l'euro, on devrait assister à l'effondrement pur et simple du pays. Dès que l'endettement ne sera plus possible et que des mesures similaires à celles qui ont été prises en Grèce seront appliquées à la France, on pourrait assister à un effondrement non seulement économique, mais aussi démographique. Les jeunes déjà en voient d’extinction faute de naissances suffisantes, allant nourrir les usines allemandes en manque de main-d’œuvre. En quelques générations, le pays pourrait dans ces conditions trouver un nouvel équilibre en se dépeuplant à la manière d'un Portugal, les jeunes allant ailleurs pour avoir un avenir. Le rêve des élites françaises d'une France devenant un hôtel pour riches Américains ou Allemands pourrait alors advenir dans une France qui n'aurait plus qu'une vingtaine de millions d'habitants. Triste destin pour un pays qui fut glorieux.

 

Je grossis le trait à peine honnêtement. La France ne serait d'ailleurs pas la première nation à décliner de la sorte. Fut un temps où la Grèce ou le Portugal étaient de grandes puissances, et pourtant regardez-les aujourd'hui . Mais le déclin ne concernerait pas que la France. En continuant sa soumission à l'Empire américain, c'est toute l'Europe qui suivra la France par la suite. À dire vrai étant donné que le PIB de l'UE stagne depuis 20 ans et l'avènement de l'euro, il n'est guère difficile de deviner ce que pèsera cette région du monde dans 20 ou 30 ans. On peut même se demander si de simples pays comme le Vietnam à eux seuls ne pèseront pas plus que l'UE néolibérale dans à peine une génération. Être le seul à stagner, quand tout le monde croît, c'est finir dernier à la fin. On le sait très bien, nous français qui avons stagné démographiquement depuis deux cents ans. Il est malheureusement assez probable que cette hypothèse soit celle qui adviendra. Mais nous devons quand même imaginer un autre chemin, même si je n'y crois guère.

 

2- Le redressement national sans « l'Europe »

 

La seconde hypothèse de Jacques Sapir est celle d'un retour à l'action nationale. Sapir parle essentiellement de politique économique et de la nécessité du retour à un véritable commissariat au plan et à la planification. On ne peut être que d'accord avec ça. Il faut véritablement rompre avec l'idée que le marché tout seul permettra une politique efficiente. Bien évidemment cette réindustrialisation ne sera possible qu'avec une rupture avec l'euro actuel. Et c'est là que je divergerais avec Sapir. En effet, ce dernier parle de transformer l'UE et de la faire redevenir une simple structure économique visant à organiser les relations entre les nations européennes. Ce qu'elle fut en partie à l'époque de la CEE. C'est l'hypothèse d'un retour en arrière. Convenant que le saut fédéral est impossible même si les européistes délirants essaient tant bien que mal d'y parvenir, soutenu par l'Allemagne qui aimerait bien reconstruire son Reich. L'Europe actuelle est un système hybride qui n'a ni les avantages d'un état nation ni la force du nombre que théoriquement sa taille devrait lui donner. En réalité, c'est une structure dont le poids devient un inconvénient plus qu'autre chose. L'idée de Sapir est donc de revenir à une structure plus légère où l'UE ne pourrait plus agir que dans les domaines où l'action collective à l'échelle de l'UE est plus efficace, et laisserait les autres tâches aux états membres.

 

L'idée théorique peut être séduisante, mais cela revient à penser que l'on peut refaire le même vase en terre cuite une fois cassé en recollant les morceaux. Les bureaucrates européens et leur structure administrative sont à mon sens irrécupérables. Ils ne renonceront jamais à leur fantasme de fédération européenne et ils iront jusqu'au bout pour détricoter les nations membres. Il n'y a donc pas d'autre solution que la dissolution de l'UE et la sortie de l'euro purement et simplement. On pourra imaginer ensuite d'autres moyens de coordination, mais penser que l'on puisse changer ce mammouth administratif, relève de la croyance au père Noël à mes yeux. Et c'est une perte de temps inutile. Temps que nous devrions mieux mettre à profit en reconstruisant le pays après le saccage néolibéral de ces quarante dernières années. La France n'a de toute manière aucune raison de se contenter de travailler avec des pays européens. Nous avons par exemple des territoires en Amérique du Sud et une grande frontière avec le Brésil. Un pays de 215 millions d'habitants qui pourrait être un bon partenaire à long terme avec une croissance de près de 5% cette année.

 

Pour ce qui est de la stratégie géopolitique, je ne suis par contre guère gaulliste. Si nous parvenions à retrouver notre indépendance nationale, je pense que nous gagnerions à ne plus jouer les gros acteurs internationaux. Nous n'en avons plus les moyens et les élites françaises, par leur incompétence notoire depuis deux générations, ont prouvé qu'elles étaient plus une nuisance qu'autre chose en la matière. Plutôt que jouer les ponts entre les peuples du monde, je pencherai bien plus pour une neutralité du pays à la Suisse. Pour le siège à l'ONU, je pencherai pour offrir notre siège à une véritable grande puissance, l'Inde ou le Brésil serait plus convenable qu'un modeste pays comme le nôtre. Les temps ont changé et la France n'est plus qu'un petit pays d'un continent en déclin. Cela doit être accepté comme le dit d'ailleurs Sapir sans pour autant en conclure la même chose sur le plan diplomatique. En tout cas même si nous arrivons à redresser le pays en rompant avec l'européisme et l'occidentalocentrisme, il faudra tout de même accepter la réalité d'un monde dont le centre a pivoté vers le pacifique et l'Asie. Ce n'est qu'en acceptant cette réalité que nous pourrons nous y insérer convenablement.

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20 novembre 2023 1 20 /11 /novembre /2023 16:06

 

Nous avons régulièrement parlé sur ce blog des questions démographiques. Vous le savez maintenant, l'avenir de l'humanité n'est pas un avenir à la « soleil vert », c'est-à-dire un monde surpeuplé sans aucune ressource notamment alimentaire, au point de manger ses vieux sous forme de pastille, mais plutôt un monde de vieillards décrépits dans une société en voie de dépopulation rapide. Je ne suis pas le premier à écrire sur le sujet bien évidemment. C'est d'ailleurs John Manyard Keynes qui fut le premier à vraiment réfléchir sur la question du déclin démographique sur l'économie. Il fut l'un des rares penseurs à réfléchir à un déclin à long terme des populations dans un monde qui ne cessait pourtant de croître. Ce fut tout à son honneur de penser le monde d'après qui commençait à poindre en Grande-Bretagne son pays natal lorsqu'il écrivit sur le sujet, mais aussi dans la déjà vieille France voisine qui avait déjà passé sa transition démographique bien avant tout le monde. Si le mythe malthusien d'une humanité condamnée à la misère par la surpopulation avait décliné après la guerre devant le constat d'un génie humain semblant plus fort que les raisonnements bassement comptables du malthusianisme. La prévision de Keynes sur une Grande-Bretagne en déclin démographique était par contre bien vraie.

 

Soleil Vert le Film qui a accompagné les délires malthusiens du club de Rome

 

La baisse de la population mondiale n'est bien évidemment pas pour tout de suite. La natalité de la planète est d'ailleurs encore supérieure au seuil de renouvellement à 2,3 enfants par femme environ, mais cela baisse vite. Si l'évolution se maintient au rythme de ces dernières années, on devrait voir la natalité mondiale tomber en dessous du seuil de 2,1 dans les dix ans qui viennent. C'est-à-dire demain pour ainsi dire. Alors bien évidemment les spécialistes de plateau télé vont ressortir les discours sur la nécessité de l'immigration pour compenser. Mais ils n'ont pas vraiment réalisé qu'à long terme plus personne n'aura de main-d’œuvre à proposer pour compenser les populations vieillissantes des anciens pays riches. Au-delà de la question de l'assimilation de ces populations et des problèmes que cela peut générer, il y a un simple problème d’arithmétique. Vers 2050, il n'y aura simplement plus de territoires à forte natalité dans le monde et susceptibles de fournir de la main-d’œuvre. Du reste, les pays encore jeunes à cette époque seront sûrement en plein boom économique et auront encore moins envie de fournir de la main-d’œuvre à un occident décrépi. Il suffit d'observer aujourd'hui des pays comme le Vietnam qui était encore il y a peu de temps un fournisseur de main-d’œuvre immigrée, mais qui est maintenant un pays dynamique qui récupère de plus en plus de jeunes d'origine vietnamienne qui ont grandi dans d'autres nations. Rien n'interdit de penser que beaucoup d'immigrés vivant actuellement en France pourraient simplement quitter le pays pour rentrer dans leur pays d'origine avec de meilleures perspectives économiques à l'avenir. Étant donné l'état de la France et les faibles perspectives du pays, ce ne serait pas très étonnant à terme.

 

On le voit donc, la solution qui consiste à tricher avec la pyramide des âges en important de la main-d’œuvre et en jouant un peu les négriers des temps modernes n'a pas d'avenir. Chose étonnante, le discours que je tiens ici a été pour une fois tenu sur la revue de droite conservatrice Causeur. Les commentaires sous l'article furent gratinés, les lecteurs de cette revue étant convaincus que la France finira en Califat à cause du grand remplacement. La réalité est un peu différente, l'immigration de masse n'ayant probablement pas un avenir durable sur nos terres. Pour en revenir à notre sujet, il s'agit donc ici de réfléchir un petit peu à des conséquences à long terme d'une baisse de la population. Nous partons du principe donc que cette évolution est durable, c'est-à-dire qu'il n'y a donc pas de redressement de la natalité à plus ou moins long terme, et que l'immigration n'existe plus pour boucher artificiellement les trous.

 

 

Déclin démographique = déclin économique ?

 

Il existe bien évidemment un pays qui correspond à peu près déjà à ces critères, c'est bien évidemment le Japon. Dernièrement, le pays a fait l'objet d'une campagne de dénigrement en France. La presse libérale présentant le Japon comme un pauvre pays en déclin parce qu'il accepte son déclin démographique et ne fait pas d'immigration de masse. Il faut rappeler que la presse française est avant tout une presse bourgeoise qui s'adresse à des cadres supérieurs. Cette population aime l'immigration surtout pour ses petits besoins personnels comme le montre une étude récente sur l'usage des livraisons à domicile. Les CSP+ votant à gauche aimant particulièrement les services qui ne sont rentables qu'avec un usage massif de population d’immigrés sous-rémunérés. Donc le Japon c'est un peu leur Némésis. Un pays affreusement réactionnaire qui rejette l'immigration. D'où cette étrange campagne présentant un Japon dont le PIB serait dépassé par l'Allemagne et tombant à la quatrième place économique mondiale. C'est absolument ridicule. Le PIB exprimé en dollar ne permettant pas des comparaisons internationales. Le Japon pèse en réalité encore aujourd’hui beaucoup plus que l'Allemagne. Cependant, il est vrai que le déclin démographique entraîne un ralentissement mécanique de la croissance. Mais le Japon sans immigré depuis 20 ans n'a pas vraiment à rougir pour l'instant face à une Allemagne qui effectivement fait de l'immigration de masse, mais n'a pas de croissance plus forte. En réalité, malgré l'immigration très importante qu'elle a reçue depuis 20 ans l'Allemagne n'a pas eu de croissance plus forte que le Japon sur la période. On pourrait y voir un des effets de l'euro, mais indéniablement en pratique dire que le Japon va mal à cause de son manque d'immigration ne colle pas aux données.

 

 

Il y a cependant une limite à faire du Japon, un exemple pour l'avenir de l'humanité. En effet, si le Japon peut compter sur une population travailleuse, productive et sur une automatisation massive pour compenser le manque de main-d’œuvre dans la production. Le Japon compte beaucoup sur les exportations pour compenser son déclin de la demande intérieure. C'est d'ailleurs l'une des raisons de la chute récente du Yen. Le Japon pour maintenir ses exportations face à la concurrence très violente de la Chine a fait ce que faisait la France autrefois, il a dévalué. D'où une perte relative du poids du PIB exprimé en dollar. La dévaluation a deux effets, d'une part elle augmente le prix des importations ce qui rend les produits étrangers moins compétitifs sur son marché intérieur. Cela peut nourrir l'inflation à court terme dans les pays trop dépendants aux importations comme la France par exemple. Et dans le même temps, cela rend les productions japonaises moins chères à l'exportation. Le Japon a fait deux dévaluations compétitives ces vingt dernières années. La première en 2013 et la seconde l'année dernière. C'est cela qui a produit ce déclin apparent, mais qui n'est qu'un artefact comptable lié à l'erreur qui consiste à comparer des pays avec des PIB exprimés en dollar.

 

Si le progrès technique peut permettre de compenser les effets sur la production de la diminution de la population par l'automatisation massive, il ne compense pas par contre les effets sur la demande. On peut faire des robots pour produire, mais pas des robots pour consommer. (Quoique dans un monde de shadoks) Les pays comme le Japon ou l'Allemagne et donc demain la Chine dont la natalité s'est effondrée vont donc avoir tendance à court terme à compenser leur manque de demande intérieure par les exportations. Ils vont pomper la demande des autres pays et ainsi compresser la demande mondiale. C'est déjà le cas dans l'UE avec une Allemagne qui a cassé la croissance du continent grâce en grande partie à l'euro. Cependant en pratique si l'on raisonne comme Keynes, on pourrait compenser cet effet de baisse de la demande. Il suffirait en théorie de compenser la baisse de la demande provoquée par la baisse de la population par une hausse de la demande par tête. En gros si l'on augmente le niveau de rémunération par individu plus rapidement que ce que provoque la baisse de la population sur la demande globale, on compense théoriquement les effets d'une baisse quantitative de la population. Et comme la propension à consommer de la population est généralement plus forte chez les pauvres que chez les riches, une société qui tend à décroître démographiquement devrait donc lutter pour accroître plus vite le revenu des plus pauvres. On le voit ici pour compenser notre déclin démographique, il faudrait consommer plus, et être plus riche en réalité que nous ne le sommes. Malheureusement étant donné les mentalités actuelles qui tendent plutôt à vouloir accroître les inégalités, il n'est pas certain que cette solution puisse être politiquement praticable.

 

On doit donc convenir que la dépression démographique aura comme effet une réduction durable de la demande. Une baisse constante de la demande poussant mécaniquement à la déflation. Cela veut dire moins d'investissement et des consommateurs qui préfèrent attendre et épargner plutôt que de consommer tout de suite. Le pire est qu'il est probable qu'une telle évolution entraîne une aggravation de la dépression démographique. Les perspectives baissières à long terme entraînant une dégradation des conditions de vie réduisant encore plus la natalité des familles. L'humanité pourrait donc se diriger à terme vers une espèce de dépression du type 1929, mais sans aucune perspective de sortie à long terme. En effet même pendant la crise de 1929, la croissance démographique faisait naturellement contrepoids à la crise de la demande. La population augmentant naturellement, la demande augmentait de façon mécanique même si la croissance par tête était faible. Mais ce mécanisme de sauvegarde n'existe plus maintenant dans nos pays. Et il est à craindre que notre société ne finisse dans un marasme interminable. Cela rend d'autant plus importantes les politiques de relance de la natalité. Car les solutions purement économiques à ce problème seront difficiles à pratiquer et même probablement impossibles à faire dans l'univers mental dans lequel nous sommes.

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17 novembre 2023 5 17 /11 /novembre /2023 15:53

 

S'il y a un totem contre lequel il est bien difficile de lutter, c'est bien celui de la démocratie. Érigée depuis la Révolution française comme ultime régime politique indépassable, la démocratie a accompagné la modernité comme un compagnon fidèle. Il y a bien évidemment eu beaucoup de critiques sur la façon dont le pouvoir devait être partagé. Beaucoup de question sur la façon dont ces démocraties devaient fonctionner. Mais jamais depuis le 18e siècle la question démocratique n'a été réellement remise en question. Les sociétés organisées autour des familles souches chères à Emmanuel Todd ont tenté de créer leur propre modernité sans démocratie au 20e siècle, mais elles ont perdu face au rouleau compresseur occidental. L'URSS, à son tour,a tenu tête elle aussi à la démocratie occidentale sans succès. Mais en ce premier quart du 21e siècle, force est de constater que la machinerie occidentale se grippe. Le rejet du modèle occidental est de plus en plus palpable, que ce soit sur le plan politique ou économique, c'est de moins en moins la référence. C'est que le régime démocratique, tout du moins ce qui est présenté depuis deux siècles comme un régime démocratique, a accompagné aussi la montée en puissance des nations occidentales. Ce qui a attiré avant tout le monde extérieur ce n'est pas tant la démocratie que la réussite économique qui semblait aller avec. Et surtout la puissance que la modernité technicienne pouvait produire, une puissance technicienne qui semblait liée à la démocratie libérale.

 

De la même manière que l'Europe s'est mise à l'industrialisation pour ne pas être soumise au joug britannique, le reste du monde s'est modernisé en grande partie pour échapper à la domination occidentale. Ajoutons à cela qu'il s'agit aussi de l'effet direct de la montée du niveau éducatif général. Quoiqu'il en soit pendant longtemps démocratie et développement semblaient en apparence aller de pair. C'était en réalité une illusion puisque comme vous le savez des pays comme l'Allemagne ou l'Italie se sont développés avant de devenir des démocraties, et que dire du Japon de l'ère meiji qui n'était pas vraiment un exemple de démocratie en marche. Cette illusion qui associe démocratie et développement économique a tout de même fonctionné un moment y compris dans les plus hautes instances occidentales notamment françaises. La France a fait longtemps de la mise en place de la démocratie un préalable au développement en Afrique par exemple. Or il s'agissait là clairement d'une vision erronée. Avant la démocratie, il faut surtout un état stable et une démographie raisonnable pour espérer avoir un véritable développement. Bon nombre de pays d'Amérique du Sud sont démocratiques sans être vraiment sorti de la pauvreté pour donner un exemple.

 

Après 40 ans de globalisation néolibérale, l'occident a la gueule de bois. Il commence en partie à comprendre que ce n'était peut-être pas une bonne idée de détruire son appareil productif et d'installer toutes ses usines en Chine, mais le mal est fait. Désormais, l'occident « démocratique » n'est plus le seul modèle de prospérité. La Chine a réussi à faire ce que ni l'URSS ni l'Allemagne en leur temps n'avaient réussi à faire, c'est-à-dire construire une société prospère industrielle et moderne sans adhérer au régime économique et politique occidental. Pour l'instant, le système occidental n'a pas les moyens de faire tomber la Chine comme il avait pu faire tomber l'URSS. Au contraire dans le jeu d'interdépendance qu'il a créée avec la globalisation c'est bien plus l'occident et l'empire américain qui risquent de tomber. Je ne rappellerai pas ici la problématique du dollar qu'on a abordé de nombreuses fois. Même si les USA cherchent le conflit avec Pékin, ou au moins essaient de leur nuire le plus possible pour ralentir leur propre déclin, ce pays est maintenant trop puissant pour que ce type de méthode fonctionne. Le monde a donc maintenant sous les yeux deux modèles de développement. D'un côté un occident désindustrialisé aux mœurs de plus en plus étranges, et aux inégalités explosives. En dehors de la France, les inégalités en occident atteignent des sommets. Et la crise des opiacés aux USA a montré que ce pays n'avait vraiment aucun esprit de solidarité avec sa population la plus pauvre. Pour le reste du monde, la démocratie occidentale c'est de plus en plus la violence sociale, le faible niveau d'instruction, le mariage gay, et de plus en plus la pauvreté et la faiblesse. À l'inverse la Chine affiche des valeurs plus traditionnelles et une véritable prospérité depuis des décennies. Si l'on ajoute à ça le fait que comme l'a très bien vu Todd la grande majorité de la population d’Eurasie a des structures familiales complexes plus proches de celle de la Chine et de la Russie que de celles de l'occident, on comprend vite que le reste de la planète va plus s'intéresser au modèle chinois qu'au modèle occidental à l'avenir.

 

Vieille carte des systèmes familliaux dans le monde d'Emmanuel Todd

 

L'occident des ploutocraties électives

 

Comme on le voit à l'avenir, la démocratie occidentale va fortement reculer. Elle n'a plus d’attrait parce que l'élément qui permettait de la vendre, celui de la prospérité et de la prétendue supériorité de ce système n'existent tout simplement plus. Maintenant si personnellement je n'ai jamais cru à la supériorité des systèmes démocratiques sur la question du développement économique cela ne veut pas pour autant dire que ce système n'est pas désirable pour d'autres raisons. Il correspond après tout assez bien à la mentalité des pays d'Europe de l'Ouest et du monde anglo-saxon par son côté libéral sur le plan des mœurs et de la politique. Mais il faut bien comprendre que ce que nous préférons n'est pas forcément ce que d'autres cultures ou d'autres sociétés préfèrent. Nous devons réapprendre et accepter la différence entre les nations et les peuples. Un régime politique qui fonctionne en France n'est pas forcément adapté à d'autres régions du monde et à d'autres mentalités et histoires. SI les Anglo-saxons acceptent généralement bien ce différentialisme, les Français et leur égalitarisme se crispent généralement beaucoup trop sur ça. Il n'y a pas de régime politique qui soit universel contrairement à ce que pouvaient penser les révolutionnaires français de la grande époque. Contrairement aux prédictions de Francis Fukushima, nous n'allons pas vers un monde entier modelé sur le modèle « démocratique » occidental. Au contraire, on peut penser que ce modèle restera minoritaire s'il ne disparaît pas d'ailleurs progressivement de ses terres d'origine.

 

Car après la perte d'influence du modèle démocratique occidental, il faut aussi se demander si ce modèle est bien ce qu'il paraît être, ou ce qu'il prétend être depuis longtemps. Comme je l'ai souvent souligné, je ne suis pas certain que l'on puisse décrire les régimes politiques occidentaux comme démocratiques. En tout cas dans les grands pays occidentaux ce n'est pas vraiment le caractère démocratique de ces régimes qui ressort, surtout pas les temps qui courent. Partout, les dirigeants sont conspués, et détestés. Les intérêts de la masse des populations de nos pays ne sont guère défendus. On retrouve un peu partout en occident des régimes politiques qui défendent essentiellement les intérêts de classe d'une petite partie de leur population de manière plus ou moins affirmée. Et quand des régimes politiques se transforment en régime défendant uniquement les intérêts des 10 ou 15 % d'en haut peut-on encore parler de démocratie ? Je ne vais pas faire ici une défense totale des thèses fameuses d'Henri Guillemin dont les vieilles émissions ont connu une nouvelle jeunesse avec YouTube. Guillemin produisant quelques cours d'histoire à la télévision donnant une image beaucoup moins glorieuse à la Révolution française et au régime "démocratique" républicain. Mais il est clair que nos régimes politiques ne sont plus vraiment démocratiques, s'ils ne l'ont jamais été un jour. S'ils l'étaient réellement, ils défendraient les intérêts de la masse de la population, ce qui n'est absolument pas le cas. Et les quelques politiques qui essaient de défendre ces intérêts sont même systématiquement réduits aux quolibets et à la formule de « populiste ». Comme si la véritable démocratie n'était pas par nature populiste. Rappelons que l'une des mesures de Roosevelt dans les années trente fut de monter le taux d'imposition sur le revenu pour les riches à près de 90%. Ce populisme permit justement de sauver les USA en les sortant petit à petit de la crise de surproduction. Mais point de Roosevelt à l'horizon dans l'occident actuel.

 

En France la démocratie a été réduite à la plus simple expression. Les gens votent régulièrement pour de petits dictateurs défendant globalement les intérêts de ceux qui financent leurs campagnes. Le cas Macron est quand même assez emblématique de cette évolution, il est bien difficile de voir chez lui le commencement d'une politique de défense des intérêts du peuple français. Dans son cas l'oligarchie a ouvertement pris le pouvoir, il faut être aveugle pour ne pas le voir. Et le référendum qui était le seul véritable mécanisme démocratique dans notre régime politique actuel n'est plus pratiqué depuis 2005. L'année où le peuple français a dit non à l'UE technocratique si chère à nos soi-disant démocrates. Dès lors, on peut dire que si un jour la France a peut-être été un peu démocratique, elle ne l'est clairement plus du tout aujourd'hui. La même remarque peut se faire aux USA et dans le reste de l'occident. À mes yeux nous devrions donc nous définir autrement. Le terme "ploutocratie élective" me semble être beaucoup mieux approprié à la description de nos régimes politiques. Les gens votent effectivement, mais le vote n'est pas la démocratie. Surtout quand le vote se résume à choisir entre des gens présélectionnés par des médias eux-mêmes aux mains de quelques puissances d'argent. On vote donc pour un représentant de l'oligarchie et des multinationales. Un ploutocrate donc. Autrefois, le régime ploutocratique français s'assumait beaucoup mieux. Après tout, le suffrage censitaire fut pratiqué longtemps par la République française. Mais contrainte au suffrage universel, la bourgeoisie s'est adaptée par le contrôle de l'information. Et nous avons su créer une ploutocratie quasiment parfaite. Un régime politique où les gens pensent être en démocratie et libres de leurs choix alors que tout est fait pour qu'ils n'en aient réellement aucun. Mais cela aussi commence à se voir y compris à l'étranger.

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13 novembre 2023 1 13 /11 /novembre /2023 16:26

 

Nous allons parler rapidement de la situation française et des effets de l'importation du conflit israélo-palestinien en France. Il s'agit d'un sujet éminemment sensible, il faut donc en parler même si mon blog n'est pas forcément fait pour ça. Je rappelle que c'est un blog qui tourne surtout autour des questions économiques, du désastre de la construction européenne et de la souveraineté nationale. Cependant comme notre pays a fait venir énormément de population du Maghreb depuis 40 ans tout en laissant Israël favoriser ses intérêts sur notre sol par l'intermédiaire de certaines associations d'influence nous nous retrouvons embarqués dans ces histoires à l'insu de notre plein gré comme aurait pu dire Richard Virenque dans ses années guignols de l'info. Après la manifestation contre l'antisémitisme d'hier produit, il faut bien l'admettre par l'explosion des actes antisémites dans notre pays. Il est à mon sens temps de ramener un peu de bon sens dans toute cette affaire. Car nous sommes essentiellement les jouets de jeu d'influence de mouvements qui n'ont strictement aucun rapport avec la nation française en réalité. Et il s'agit là d'un des multiples effets négatifs de la perte progressive de notre souveraineté nationale ainsi que des conséquences à long terme de l'irresponsabilité migratoire et communautariste des années 70-80.

 

Les Français juifs et la déconstruction nationale

 

Si la France n'est bien évidemment pas un pays exempt historiquement d'antisémitisme, la vision générale de la France sur cet aspect révèle le plus souvent d'une haine de soi qui n'a pas lieu d'être. On ressort fréquemment Pétain pendant la guerre et la collaboration ou encore l'affaire Dreyfus. Oubliant trop souvent que la France était quand même un pays occupé, mais qui a beaucoup moins participé au massacre des juifs que la plupart des autres pays sous occupation. Et l'affaire Dreyfus qui est souvent mise en avant pour mettre en avant la nature antisémite de la France fut surtout une preuve de la résistance de notre pays à ce phénomène qui a en réalité été européen et américain. La France est le seul pays de cette époque à avoir fait d'un tel problème une cause nationale. À mon sens c'est plutôt une preuve de résistance française à l'esprit d'antisémitisme. Ailleurs, il n'y aurait simplement pas eu d'affaire, car l'antisémitisme était une normalité. De fait depuis Napoléon, la France a permis aux juifs d'être des Français comme les autres. Que l'antisémitisme ait continué à exister bien évidemment. Le meurtre est lui aussi interdit et pourtant il y en a encore malheureusement. Mais l'on observe globalement une baisse tendancielle de ce phénomène jusqu'aux années récentes et à la forte vague migratoire que nous avons reçue. Emmanuel Todd lui-même dans « Le destin des immigrés » avait noté la forte progression des mariages exogames dans les populations juives de France montrant ainsi une assimilation progressive de ces populations. Ce qui voulait dire qu'en réalité les Français sont peu antisémites.

 

Dans les médias par contre ce n'est pas la même chose. Alors que nous nous éloignons de plus en plus du drame qu'a été la Seconde Guerre mondiale. On a l'impression que la question de l'antisémitisme n'a cessé de croître surtout depuis les années 70. C'est que l'antisémitisme a été malheureusement une arme choisie, avec l'antiracisme pour accompagner la lutte contre la nation française. En effet, ce n'est pas un hasard si ces discours apparaissent subitement dans les années de la mise en place de la globalisation et de l'approfondissement de la construction européenne. La bourgeoisie de l'époque veut la fin de l'inflation galopante et la mise au pas du populo français dont les salaires augmentent trop vite à ses yeux. Cette bourgeoisie, qui a soutenu Mai 68, et voulu la fin du gaullisme, va donc favoriser naturellement les théories, et les théoriciens, qui vont dévaloriser ce qui sous-tend la solidarité avec les classes populaires à savoir la solidarité nationale. On peut dire en quelque sorte que le discours contre l'antisémitisme en France n'a pas vraiment eu pour origine une explosion de l'antisémitisme à cette époque, mais a été en quelque sorte instrumentalisé par des intellectuels, et des penseurs pour justifier une haine de la France et de son histoire. Il en a été de même avec l’antiracisme d'ailleurs, qui faisait dire à Pierre Desproges qu'il n’adhérerait à SOS racisme que le jour où ils mettraient un "s" à racisme. L'antiracisme lui a été un instrument factuel pour faire accepter l'immigration de masse. Une immigration de masse qui a été factuellement voulue par le grand patronat pour casser les salaires français.

 

Entendons-nous bien. L'instrumentalisation ne signifie pas que de tels phénomènes n'existaient pas bien évidemment. La disproportion médiatique des affaires antisémites, et leur mise en avant excessive, visaient plus à décrédibiliser toute forme de fierté nationale qu'à réellement lutter contre ces phénomènes. À partir des années 70-80 le drapeau français et la nation française c'était le pétainisme. On ne s'étonnera donc pas du fait qu'aujourd'hui la nation soit associée au RN, c'est le produit de cette période qui n'a pas fini de produire des fruits pourris. Nous entendons encore aujourd'hui claironner les pseudopenseurs de cette époque à l'image de Bernard Henri Levy qui fit toute sa carrière autour de la haine de la France et d'un antisémitisme prétendument fondamental de la nation française. On peut d'ailleurs se demander dans quelle mesure l'obsession de ces « penseurs » pour l'antisémitisme n'est pas à l'origine en partie de sa résurgence. À côté de ça il y a également l'influence de puissances étrangères à commencer par celle d'Israël qui utilise des organisations favorisant ses intérêts sur notre sol. Le CRIF aujourd'hui est plus qu'un lobby destiné à défendre les intérêts d’Israël qu'autre chose. Et ce faisant, il nourrit l'idée que tout juif est un Israélien potentiel, créant ainsi une confusion malheureuse entre une religion et une nationalité chose qui n'a aucun sens pour un français normalement. Israël est une nation avec un problème colonial, il faut bien le dire. Et les Français juifs sont simplement des Français de confession juive. C'est un truisme de le dire, mais en ces temps troublés c'est important de le rappeler.

 

Si l'antisémitisme des populations d'origine maghrébine est aujourd’hui au cœur de la montée des tensions antisémites, il est aussi important de rappeler que certains intérêts extrafrançais usent de cela pour faire monter les tensions. Israël, engagé dans une course démographique pour sa guerre avec les palestiniens, aimerait bien que les quelques six cents milles français de confession juive nourrissent sa démographie. De là à penser que ce pays souhaiterait un conflit interreligieux en France pour favoriser les départs chez elle.

 

Le communautarisme en France

 

L'autre facteur de la montée de l’antisémitisme en France c'est bien évidemment l'immigration de masse. L'antisémitisme dans le monde musulman est ancien tout comme dans le monde chrétien. Certains ont coutume de présenter l’islam comme plus tolérant en la matière historiquement, c'est assez faux en réalité. On pourrait dire un peu moins intolérants à la limite. Les minorités religieuses en terre d'islam étaient soumises à des impôts spéciaux et l'islam était très tolérant dans les terres fraîchement soumises qui n'avaient encore que peu de musulmans. Dès que l'islam devient prépondérant, les minorités commencent à être relativement fortement persécutées. D'ailleurs l'installation française en Algérie, tout aussi condamnable quelle fut, fut plutôt bien accueilli par les juifs locaux qui sortaient ainsi du cadre fortement contraignant du statut de dhimmi . En gros si le monde chrétien a été infâme pendant longtemps avec les juifs de l'Espagne de la Reconquista à l'Europe de l'Est. Le monde musulman ne les traitait guère mieux. Il y a donc un antisémitisme musulman comme il y a un antisémitisme chrétien historiquement parlant.

 

Mais dans le cadre qui nous intéresse celui des Maghrébins qui représentent une grande partie des immigrés que la France a reçu, il y a probablement aussi un lien avec les juifs de l'époque coloniale. La France ayant fait beaucoup d'effort pour franciser les populations juives d'Afrique du Nord. Les juifs servirent d'ailleurs d'intermédiaires entre le colonisateur français et les peuples autochtones colonisés. Cela a probablement renforcé l'antisémitisme qui pouvait précéder la présence française. C'est une explication comme une autre de l'obsession qu'on peut voir dans le judaïsme chez les populations d'origine maghrébine. Le juif est d'ailleurs souvent associé au français, je l'ai moi-même vu fréquemment quand j'habitais plus jeune dans une « cité ». Des tags insultants associant français, juifs, et homosexuels étaient monnaie courante.

 

Sur ce terreau antisémite sont venus ensuite se greffer deux facteurs aggravants. D'un côté, la mode du communautarisme anglo-saxon qui a été mis en avant depuis les années 80. Cette mode fut essentiellement importée par la gauche mitterrandienne qui voulait faire oublier son tournant de la rigueur et l'abandon des plus pauvres au profit de l'idéalisme européen et de la globalisation. C'est la période « Touche pas mon pote » où l'antiracisme est tourné uniquement contre le racisme des Français historiques, le reste n'existant tout simplement pas. À l'époque l’immigrée est divinisée littéralement. Il n'a aucun défaut et dans le même temps il est infantilisé. Il n'est responsable de rien. Ce paternalisme est en réalité une forme de racisme, un racisme positif en apparence, mais un racisme quand même. Le stade terminal de cette évolution c'est des partis comme les indigènes de la république. Un parti ridicule qui va jusqu'à présenter les Français comme structurellement racistes alors même que leur propre parti fait du racisme structurel. Si ces mouvements intellectuels à eux seuls ne peuvent expliquer l'antisémitisme des populations immigrées. Ils ont tout de même bien participé à la création d'un mouvement antisémite en France.

 

L'échec scolaire des garçons maghrébins est un véritable problème

 

Le second facteur est bien évidemment l'échec de l'assimilation et même de l'intégration des populations maghrébines en France. Nous en avons déjà parlé plusieurs fois, mais c'est important de le rappeler. Cet échec est lui-même lié à deux facteurs. D'un côté une immigration incontrôlée et permanente depuis les années 70 qui a créé des diasporas maghrébines en France. Les immigrations précédentes avaient un temps limite que ce soit l'immigration polonaise, italienne ou espagnole, elles furent importantes, mais limitées dans le temps. Dans le cas maghrébin l’immigration forme un flux continu dans le temps. Et le regroupement familial permet d'éviter en grande partie les mélanges avec les autochtones ce qui favorise l'endogamie. Ajoutons à cela une distance anthropologique massive avec le système familial français qui est aux antipodes de celui de l'Afrique du Nord. Ce qui ne favorise pas les mélanges harmonieux. Et cette différence anthropologique provoque également une distorsion au niveau de l'instruction publique. En effet, comme je l'avais déjà écrit dans un précédent texte, l'échec scolaire chez les jeunes garçons maghrébins est très élevé, alors que les filles de cette même origine réussissent scolairement aussi bien que les jeunes Françaises en moyenne. Il y a là à mon humble avis le principal facteur de trouble dans cette population en France. Et cet échec doit en grande partie nourrie les multiples haines qui touchent ces populations. Enfin bien évidemment le dernier facteur est économique. L'immigration maghrébine a accompagné l'autodestruction de l'économie française. Difficile d'assimiler une population dans un pays qui a décidé de délocaliser toutes ses usines et sa production à l'étranger réduisant les emplois de base à ceux des services.

 

Terminons ces multiples raisonnements en rappelant également que les immigrés de culture musulmane en France ne sont pas les Palestiniens (encore un truisme) . Et les Français d'origine maghrébine, qui associent la France à Israël, sont autant dans l'erreur et l'amalgame, que ceux qui associent tous les juifs à Israël, ou tous les immigrés maghrébins à aux palestiniens. Les gens qui associent la critique de la politique d'Israël à de l'antisémitisme font fausse route. Même s'il est vrai que l'antisémitisme peut parfois se cacher derrière ces critiques, c'est quelque chose de complètement différent. On peut tout à fait critiquer Israël et critiquer la poussée de l’antisémitisme en France. Parce que l'antisémitisme en France n'a en réalité aucun lien avec la question israélienne même si certains essaient de lier les deux phénomènes par opportunisme communautariste et politique (des deux côtés). L'antisémitisme des populations immigrées en France est essentiellement le fruit des politiques menées en France depuis 40 ans (immigration de masse et communautarisme). La poussée antisémite en France n'a aucun lien avec les pauvres palestiniens qui sont eux-mêmes les jouets du Hamas et de la politique israélienne. Pour paraphraser Jésus : « Il faut rendre à Israël ce qui est à Israël ; et à la France ce qui est à la France. »

 

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9 novembre 2023 4 09 /11 /novembre /2023 15:43

 

J'ai déjà parlé de la question de l'euro à de multiples reprises sur ce blog, mais étant donné l'importance de la question pour l'avenir de notre pays j'y reviens encore. Cette fois pour reparler brièvement du lien entre l'unification monétaire et la spécialisation géographique. Nous en avions déjà parlé dans un texte, mais j'y reviens à l'occasion de la création d'une carte assez récente qui donne la proportion d'emploi manufacturier par région d'Europe et l'image est assez saisissante par sa clarté comme vous allez pouvoir le voir. Nous allons réexaminer rapidement pourquoi l'euro est une très mauvaise monnaie et quels sont les effets d'une unification monétaire sur un territoire. La zone euro est aujourd'hui la zone du monde avec la plus faible croissance économique et son décrochage n'est pas le fruit du hasard. Quoiqu'en pensent les idéologues de l'européisme, il y a bien un lien entre l’unification du continent et son déclin qui devient aujourd'hui une évidence même pour ces défenseurs les plus acharnés. Alors évidemment on entendra comme d'habitude des discours pour une autre Europe. Des discours qui supposent que l'échec de l'UE est le produit d'une mauvaise politique de la part des dirigeants de la commission. C'est complètement erroné. Même avec la meilleure politique possible l'UE entraînerait quand même le continent au déclin. Car c'est la structure même de la construction européenne et de l'euro qui entraînent le marasme et le déclin économique.

 

Les effets des unifications monétaires

 

Les unifications monétaires ne sont pas des premières, et l'euro n'est même pas la première monnaie transnationale à avoir existé. Les élites françaises obsédées par la valeur monétaire depuis longtemps avaient déjà été à l'origine d'un projet similaire au 19e siècle, c'était la célèbre union latine. Une union qui engagea énormément de pays, dont la Russie qui participa à l'expérience. La grande différence avec l'euro actuelle c'est que la monnaie était gagée sur un métal. L'obsession de la thésaurisation de la valeur contre l'inflation étant particulièrement élevée au 19e. On n’avait pas encore compris (il semble que les Européens ne l'aient toujours pas compris) que la véritable richesse d'une nation n'est pas la valeur de sa monnaie, mais de ses capacités de productions. La volonté de maintenir une valeur de change contre vents et marées au détriment de la production nationale est l'une des pires imbécillités que le dogmatisme puisse créer. Malheureusement, c'est aussi le produit de la domination de nos sociétés par une poignée de rentiers, qui eux n'ont effectivement aucun intérêt à des réajustements fréquents de la valeur monétaire.

 

L'Union Latine un euro avant l'heure qui a fini dans les poubelles de l'histoire

 

Cependant, les unifications monétaires ont dans leur ensemble surtout accompagné les unifications nationales à l'époque moderne. Les deux plus célèbres étant l'unification allemande et l’unification italienne. En créant une seule monnaie là où il y en avait plusieurs, vous commencez un processus de spécialisation régionale qui peut aller très loin. En Italie le sud a été le grand perdant de l'unification italienne. Ne pouvant plus dévaluer pour garder une certaine compétitivité, le sud a perdu son industrie et s'est appauvri relativement pendant que le nord a concentré toutes les activités les plus productives. Les unifications monétaires accroissent les inégalités naturelles des territoires en favorisant ceux où les coûts de transport et de production sont les plus faibles. Il n'y a pas à chercher plus loin les phénomènes de concentration de population dans certaines régions et la désertification de territoires entiers. Si l'industrialisation à cet effet naturel de concentration des populations, les unifications monétaires l'ont aggravé.

 

Le cas allemand est très intéressant puisque ce pays a connu en fait deux unifications monétaires. Celle du Deutscher Zollverein au 19e siècle qui a été précédé d'une union douanière. Ce n'est qu'après avoir fait converger les niveaux de vie de la population allemande que l'unification monétaire s'est faite. Le résultat fut une relative réussite l'Allemagne de l'époque n'ayant pas coupé son pays entre régions riches et régions pauvres comme l'Italie. À l'inverse l'unification en catastrophe avec l'ancienne RDA va avoir le même effet que l'unification monétaire italienne maintenant un niveau de vie bas en Allemagne de l'Est ainsi qu'une désindustrialisation. Les transferts massifs que l'Allemagne aura faits pendant la période de réunification ne compensant pas les effets monétaires d'une unification beaucoup trop précoce et rapide. On le voit même en parlant la même langue et en partageant la même culture une monnaie unique mal faite peut avoir des conséquences à long terme dramatiques. L'AFD le parti d'extrême droite allemand fait d'ailleurs ses meilleurs scores en Allemagne de l'Est et ce n'est pas un hasard.

 

 

L'euro a créé l'hinterland industriel allemand

 

Ce mécanisme d'unification monétaire qui empêche les territoires de protéger leur production oblige les états ainsi unifiés à faire généralement des transferts. Mais même dans le cadre très généreux de l'état français, les transferts ne compensent pas les effets de l'union monétaire. On pourrait d'ailleurs se demander si une bonne politique des réaménagements du territoire ne passerait pas par des monnaies locales comme je l'avais moi-même imaginé il y a quelques années. Le franc pouvant être vu comme un euro avant l'euro pour les régions françaises. La concentration des richesses dans quelques régions posant de vrais problèmes moraux à mes yeux ainsi qu'un problème d'usage de l'espace français. Est-ce une si bonne idée de concentrer toute la population dans quelques territoires et de faire du reste un véritable désert humain ? Pour en revenir à l'euro, il est évident que ce qui est vrai pour des nations comme l'Italie ou l'Allemagne l'est également pour la zone euro. En ouvrant toutes les frontières et en unifiant l'Europe sous une seule monnaie, le même mécanisme de concentration des richesses en fonction des avantages locaux s'est produit. Mais cette fois à l'échelle du continent.

 

Le résultat est bien évidemment que l'industrie s'est concentrée là où le travail est le plus efficace. Il ne s'agit pas juste d'une question de salaire, la géographie a aussi son importance. Et notamment le transport fluvial comme nous en avions déjà parlé et comme on peut le voir sur les deux cartes ci-dessous. La première montre le pourcentage de la population travaillant dans l'industrie. La seconde montre le beau Danube bleu. On voit bien que la concentration de l'industrie se fait autour du transport fluviale et bien évidemment ces régions font partie de l'Hinterland industriel allemand. La géographie a fait que la concentration de l'industrie s'est réalisée dans ces régions avec comme point de sortie finale les ports néerlandais et belges. Évidemment la France est complètement en dehors de ce réseau naturel, n'ayant aucun avantage réel, elle a perdu toute son industrie. On comprend également par ces cartes l'empressement de l'Allemagne à vouloir étendre toujours plus l'UE vers l'Est et en particulier maintenant vers l'Ukraine. Car l'Ukraine n'est vraiment pas loin du Danube par liaison maritime dans la mer noire. Un moyen de gonfler son hinterland industriel qui a un gros problème de vieillissement à cause de la faible natalité régionale. L'Ukraine pourra donner un peu de souffle à l'industrie allemande d'autant que les salaires sont extrêmement faibles là-bas. C'est ce que doivent probablement penser les dirigeants allemands. Bien sûr, cela détruira l'agriculture polonaise et ce qui reste d'agriculture dans le reste de l'UE, mais l'Allemagne s'en fiche un peu.

 

 

Il y a cependant une grande différence entre l'unification européenne et les unifications nationales. Une différence qui probablement condamne cette malheureuse expérience. C'est la mobilité des populations. Si en théorie le marché européen est totalement libre, les populations pouvant se déplacer où elles veulent. En pratique, elles vont là où on parle leur langue. En clair, les Français restent surtout en France, les Italiens en Italie, etc. De fait, l'Allemagne et son hinterland qui accumulent tous les emplois industriels devraient aussi attirer des Français par exemple frappé par un chômage de masse et une pauvreté croissante. Mais ce n'est pas le cas , du moins ce n'est pas statistiquement significatif. Si l'UE allait jusqu'au bout de sa logique, les pays qui se sont désindustrialisés et appauvris devraient se dépeupler au profit des états riches. La France par exemple devrait perdre une bonne partie de sa population au profit de l'Allemagne ou de l'Autriche . La logique même de l'unification européenne transformant la France en une espèce de Creuse géante. Mais ce n'est pas le cas, les populations ne bougent pas. C'est très important parce que c'est là qu'est la différence avec les unifications nationales. Les peuples restent sur place et comme il faut bien les occuper on laisse la France et les autres victimes de l'euro s'endetter jusqu'à la catastrophe inéluctable. Comme il n'y a pas de transferts et de solidarité réelle et massive entre les régions riches et pauvres contrairement à ce qui se passe à l'intérieur des États-nations. On ne peut que deviner les tensions politiques de plus en plus fortes en défaveur de la construction européenne. Comme dans le cas de l'Allemagne de l'Est, le ras-le-bol général finira par advenir tôt ou tard condamnant par la même occasion la monnaie unique. Une structure politique d'unification qui est aussi ouvertement inégalitaire ne peut que provoquer à terme des conflits violents et la cause de sa propre disparition.

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6 novembre 2023 1 06 /11 /novembre /2023 15:44

 

Alors que le chômage commence à nouveau à augmenter malgré les énormes efforts de Macron depuis 2017 pour en camoufler la réalité, voilà qu'une nouvelle loi sur l'immigration va être prise par le gouvernement. Ainsi notre pitoyable première ministre nous sort une magnifique formule décrivant la régularisation des sans-papiers comme du bon sens. L'expérience montre pourtant depuis 40 ans que toute régulation des sans-papiers, qu'on devrait plutôt appeler travailleurs clandestins ou illégaux, se traduit par une nouvelle vague d'immigration comme un appel d'air. En effet, pourquoi se priver d'aller illégalement sur un territoire si c'est sans conséquence et qu'en plus vous obtenez le droit de rester sur place ensuite ? Le fait que la Première ministre annonce de but en blanc vouloir faire des régularisations et que c'est du bon sens revient à dire que respecter nos frontières et nos lois ne sert à rien. De tels propos devraient à mon sens entraîner immédiatement la démission de cette dame et la dissolution immédiate du gouvernement. Des dirigeants ne peuvent pas appeler ouvertement à violer ainsi les lois de leur propre pays, c'est invraisemblable.

 

Et pendant ce temps-là sur les ondes des radios et à la télévision une partie du patronat se lâche en disant qu'il faut impérativement régulariser, et pourquoi pas, faire venir encore plus d'immigrés dans le pays. Et cela alors même que le conflit israélien nous rappelle en ce moment même que l'immigration revient à importer sur son sol des conflits qui viennent d'ailleurs. Quoi qu'on pense du conflit israélo-palestinien, il est quand même étrange qu'un conflit si lointain prenne une telle ampleur sur notre territoire, opposant violemment des populations dont une grande partie est de présence récente sur notre sol. La multiplication des problèmes idéologiques avec l'islam qui s'étend de plus en plus remettant en cause la laïcité et provoquant des meurtres sur des enseignants, est aussi le fruit pourri de l'immigration de masse. Pourtant cette réalité est tout simplement oubliée dès qu'il faut faire du profit et faire tourner les entreprises. Tout se passe comme si la raison et l'esprit de survie collectif s’éteignaient dès que cela touche les eaux glacées du calcul égoïste. S'il y a bien une preuve de l'imprégnation massive de l'idéologie libérale dans les sociétés occidentales, c'est bien celle-ci.

 

Et le pire c'est que l'immigration d'aujourd'hui passe pour œuvre de charité. La gauche mélenchoniste et son projet de créolisation, du type troisième Reich, avec le métis à la place de l'aryen, fait semblant d'être sympathique et de « gauche ». Alors qu'en réalité il ne s'agit que d'une entreprise visant à valoriser la dégradation de la condition de vie des salariés français par la mise en concurrence avec des populations nombreuses sur des secteurs qui étaient restés protégés jusqu'ici des effets de la globalisation. Les plus incroyables étant le retour des petits métiers (dont Uber est un spécialiste ) avec comme base des sans-papiers. Combien de jeunes gauchistes aimant leur prochain au point de leur ouvrir nos frontières ne font qu'en fait profiter de ce commerce des hommes pour leurs propres petits intérêts économiques ? Mais ils sont de gauche puisqu'ils votent Mélenchon. Le projet d'immigration sans frontières n'est en fait qu'une espèce de nouveau commerce triangulaire. La différence c'est que cette fois il ne s'agit pas de coloniser l'Amérique, mais l'Europe. L’immigré permettant la croissance du PIB par sa consommation , son travail et donc l'accroissement des profits de quelques minorités. Cependant si l'on se place du point de vue purement économique, la colonisation de l’Amérique fut extraordinairement profitable aux natifs américains puisqu'ils sont aujourd'hui bien plus riches qu'en 1492. Au demeurant, vers 2100, quand les européens ne seront plus qu'une faible minorité sur leur terre soumit à quelques délires des nouveaux venus, on trouvera probablement encore quelques économistes délirants pour leur dire que c'était formidable parce que l'Europe est maintenant beaucoup plus riche.

 

Comment peut-on croire que notre pays qui n'a toujours pas assimilé des populations venues dans les années 70 serait à même de continuer sur cette lancée sans s'effondrer ou connaître une guerre interethnique dans les décennies qui viennent ? A-t-on déjà oublié les émeutes violentes d'il y a seulement quelques mois ? Peut-on sérieusement penser que les gains hypothétiques que cette croissance artificielle de la population produit surpasseront toujours les coûts invraisemblables de l'insécurité publique et de la violence intracommunautaire ? Faut-il avoir vraiment le cerveau ravagé par le calcul bassement comptable et à courte vue pour penser ainsi ? L'immigration ce n'est pas seulement des travailleurs en plus, ce sont des gens qu'il faut loger, nourrir, vêtir, et souvent instruire. Et avec eux ce sont des regroupements familiaux souvent interminables. Et ces gens ne sont pas des pions ou des êtres sans profondeur. Ce sont des gens avec des valeurs, des croyances des idées, qui sont très souvent très différentes de leur société d’accueil. Le libéralisme qui a énucléé l'homme de sa profondeur anthropologique avec son stupide Homo economicus pour simplifier ses raisonnements simplistes a fait une erreur fondamentale. Erreur que nos élites reproduisent aujourd'hui à grande échelle, mettant ainsi en danger vital nos sociétés.

 

Les êtres humains ne sont pas interchangeables, les peuples ont des identités, des cultures, des structures familiales et des modes de pensée qui ne sont pas forcément compatibles entre eux. En ignorant cette réalité pour des besoins bassement matériels à court terme l'occident court à la catastrophe. Une catastrophe qui est déjà passablement visible dans bon nombre de territoires européens. Et d'ores et déjà, on voit poindre des luttes politiques de demain entre ancien français et nouveau français aux valeurs diamétralement opposées. Le mythe de l'assimilation a vécu et la lutte maintenant devient de plus en plus le simple maintien d'un semblant d'ordre républicain. La France abdique déjà sur le terrain de la laïcité depuis de nombreuses années. Faudra-t-il un jour parler de scission du territoire ? Ce n'est plus inimaginable.

 

L'immigration est une solution archaïque qui n'a pas d'avenir

 

Mais sortons des questions sociologiques et des méfaits pratiques de l'immigration de masse. Concentrons-nous sur la seule logique comptable, puisque c'est la seule que nos dirigeants font semblant de comprendre. Admettons, l'immigration est un chemin formidable qui fait pousser les fleurs et la prospérité d'un peuple et que tout se passe bien. Quid de la baisse de la natalité mondiale ? En effet, si la France pratique l'immigration depuis le 19e siècle puisqu'elle fut malheureusement la première nation au monde à faire la transition démographique comme nous l'avons vu dans un précédent texte. Nous constatons que cette immigration n'a jamais résolu notre problème de faible natalité. Puisqu'il nous faut encore aujourd'hui faire venir des immigrés, c'est donc que l'immigration ne résout pas le problème de la natalité en permanence insuffisante. Les contraintes économiques s'exerçant sur les immigrés étant les mêmes que celle du reste de la population, ils finissent eux aussi par faire moins d'enfants au fil des générations. Tout ce que l'on fait c'est donc raboter une pyramide des âges un peu cabossée et dont le bas du tronc est trop étroit. Donc en gros un peuple qui dépérit en permanence, si l'on suit la logique actuelle, devrait en permanence faire appel à l'immigration. Ce qui veut dire à terme la disparition du peuple autochtone bien évidemment.

 

Le problème c'est que cette logique qui est aujourd’hui dans la tête de nos élites, particulièrement à la Commission européenne, part du postulat de base qu'il y aura toujours un ailleurs pouvant indéfiniment fournir des travailleurs immigrés à l’Europe. Une sorte de réserve naturelle intarissable. C'est un peu la même logique qu'avec les ressources naturelles comme le pétrole. On n'en a plus, c'est pas grave, on va en chercher ailleurs au lieu de chercher des alternatives plus stables à long terme. Dans ce cas, c'est ignorer totalement les changements démographiques majeurs qui se produisent en ce moment même. La natalité mondiale est aujourd'hui à seulement 2,3 enfants par femme. Au rythme actuel elle devrait passer à deux dans seulement dix ans. Puis elle passera en dessous de deux, c'est-à-dire en dessous du seuil de renouvellement des générations qui est de 2,05 enfants par femme pour un pays avec le niveau de mortalité infantile comme la France. Cela signifie que dans vingt ou trente ans c'est la planète entière qui manquera de bras et plus seulement les anciens pays développés. D'ores et déjà, les pays d'Asie du Sud comme la Thaïlande, qui n'ont même pas encore réussi à devenir des pays développés, vieillissent très vite. Comme disait Todd, ils deviennent vieux avant de devenir riches.

 

 

À ce compte les immigrés vers 2040 seront rares et seules quelques régions pourront les attirer, et l'UE étant donné son déclin rapide, ne risque pas d'être très attirante à cette époque. Il est donc totalement illogique de penser que l'immigration est la solution à nos problèmes démographiques. Et je parle ici en restant bien dans le cadre de la pensée comptable de nos petits télégraphistes de la libre circulation des personnes. La seule solution raisonnable à long terme c'est le redressement de la natalité locale. Le simple retour à deux enfants par femme limiterait les problèmes. Mais cela demande des efforts économiques immédiats pour les familles, ce que le capital rechigne à faire. La logique de l'immigration est une logique digne de Ponzi. Une fuite en avant sans fin qui finira par une catastrophe et qui ne résout aucun problème réel.

 

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